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Électricité : aux États-Unis, une croissance vraiment inédite ?

6 novembre 2025 à 04:46

Une demande qui explose. Portée par l’essor de l’intelligence artificielle, l’Amérique s’attend à devoir investir comme jamais dans des moyens de production électrique. Mais est-ce vraiment sans précédent ?

On entend partout que la demande d’électricité « explose » aux États-Unis. Le mot revient sans cesse, dans les journaux comme dans les conversations. Il n’y a aucun doute : cette demande va bel et bien croître, et dans de nombreux pays cela a déjà commencé. C’est plutôt une bonne nouvelle, car elle traduit le remplacement progressif des combustibles fossiles par l’électricité, l’un des piliers de la transition énergétique.

Mais beaucoup s’interrogent : les réseaux parviendront-ils à suivre cette croissance ? Cette question m’a intriguée. Cette hausse est-elle vraiment inédite ? Comment les rythmes d’aujourd’hui et de demain se comparent-ils à ceux du passé ? Parle-t-on d’une véritable explosion ou simplement d’une accélération marquée ?

Prenons un peu de hauteur en regardant les chiffres américains.

Le graphique qui suit est une projection classique, de celles que l’on croise dans presque tous les rapports d’instituts, d’analystes ou d’agences énergétiques. Celui-ci vient de McKinsey et date de cette année ; il est donc tout frais. Reste à savoir si ses prévisions sont fiables. Je doute personnellement de l’essor fulgurant de l’hydrogène, et personne ne peut prédire avec certitude la consommation des data centers en 2040. D’autres cabinets proposent des scénarios plus prudents ou plus ambitieux. Considérons néanmoins celui de McKinsey comme une hypothèse raisonnable.

On y voit la demande américaine rester stable tout au long des années 2010, repartir à la hausse ces dernières années et continuer sur cette lancée jusqu’en 2040. McKinsey mise sur une croissance moyenne de 3,5 % par an.

Par rapport aux années 2010, toute progression fait figure de rupture. Mais qu’en était-il avant ?
Le graphique suivant retrace la production d’électricité aux États-Unis depuis 1950. Attention : production et demande ne coïncident pas toujours. La demande peut dépasser la production, ou l’inverse, ce qui influe sur les prix.

Il est parfois difficile de raccorder parfaitement les données historiques et les prévisions. Et que signifiait exactement « demande » en 1950 ou 1960 ? Peu importe : ce qui frappe, c’est que la production est restée quasiment équivalente chaque année depuis 2005, soit quinze à vingt ans de stagnation. En revanche, les cinquante années précédentes montrent une croissance forte et régulière.

Croissance relative de la production d’électricité depuis 1950

Calculons maintenant les taux de croissance annuels, reportés dans le graphique suivant. Dans les années 1950 et 1960, la production progressait de plus de 5 % presque chaque année, souvent proche de 10 %. Il est vrai que la base était minuscule. J’y reviendrai.

Dans les années 1970 et 1980, les taux oscillent entre 3 % et 4 %. Dans les années 1990, ils tombent autour de 2 %. Dans les années 2000 et 2010, la croissance est quasi nulle, hormis les soubresauts de la crise de 2008 et ceux liés à la pandémie de Covid.

Pour simplifier, voici les mêmes données présentées sous forme de variation moyenne annuelle par décennie. Rappelez-vous maintenant le graphique de McKinsey : il tablait sur une croissance de 3,5 % par an jusqu’en 2040. Ce rythme serait certes élevé par rapport aux vingt dernières années, mais il n’aurait rien d’inédit dès lors qu’on prend du recul et qu’on observe les taux de croissance du milieu et de la fin du XXᵉ siècle.

La production d’électricité, en croissance absolue, depuis 1950

Les taux relatifs sont utiles, mais ils masquent le volume réel. Plus le réseau grossit, plus un même pourcentage représente d’énergie supplémentaire.

Le graphique suivant montre l’évolution, en térawattheures ajoutés chaque année depuis 1950. Même avec 8 à 10 % de croissance dans les années 1950 et 1960, la production américaine n’augmentait que de 40 TWh par an. Dans les années 1970, 1980 et 1990, on approchait les 100 TWh. Les années 2000 affichent de forts à-coups, mais aucune tendance durable, du moins jusqu’aux années 2020.

Voici, une fois encore, la variation moyenne annuelle par décennie : elle lisse les à-coups et rend la tendance limpide.

La croissance absolue a atteint son sommet dans les années 1970. Ce qui frappe surtout, c’est la régularité de l’augmentation en térawattheures tout au long de la seconde moitié du XXᵉ siècle. On retrouve exactement la même ligne droite que sur le graphique de la production totale montré plus tôt : avant le plateau des années 2000, la courbe était d’une linéarité remarquable.

Croissance à court terme de la production d’électricité

Et demain, justement ?

Avant de nous projeter dans les années 2030, demandons-nous si la hausse prévue pour 2025 et 2026 a vraiment de quoi nous effrayer. On entend déjà que les réseaux saturent. C’est vrai, mais le problème ne vient pas seulement du volume total : les data centers créent des pointes ultra-localisées, les lignes de transport arrivent à saturation, tandis que les contraintes sur le réseau se multiplient.

Face à l’histoire, cette accélération immédiate est-elle hors norme ? Pas du tout.

Sur le graphique ci-dessous, j’ai reporté les variations annuelles en pourcentage et ajouté les prévisions pour 2025 et 2026. Elles proviennent de l’Energy Information Administration (EIA) et datent de ce mois-ci ; elles sont donc récentes.

La production devrait progresser de 2,5 % en 2025 et de 2,7 % en 2026. Le creux du Covid et le rebond qui a suivi faussent la moyenne de la décennie 2020, mais ces deux chiffres collent parfaitement aux hausses observées en 2022 et 2024. Rien de révolutionnaire, donc.

La demande d’électricité va-t-elle vraiment « s’envoler » à la fin des années 2020 et dans les années 2030 ?

Pour finir, revenons sur les prévisions de McKinsey. Elles tablaient sur 3,5 % de croissance annuelle de 2025 à 2040.

Reportons ce 3,5 % sur le graphique ci-dessous pour la décennie 2030. Pour les années 2020, c’est plus compliqué : la première moitié a été calme, et même les 2,5 % et 2,7 % prévus par l’EIA pour 2025-2026 restent sous la barre des 3 %. Même si les quatre dernières années s’emballent, la moyenne décennale ne dépassera probablement pas 3 %.

Le passage d’une croissance nulle au début des années 2000 à une vraie reprise dans les années 2020-2030 marque bel et bien une rupture. Mais, en rythme relatif, rien d’inédit quand on regarde plus loin dans le temps. Et si ces prévisions se confirment, à quoi ressemblera la croissance en volume absolu ? Voici un graphique pour en donner la mesure. Il est volontairement simplifié — la réalité historique est moins linéaire —, mais je projette une montée progressive jusqu’à 3,5 % en 2030, puis 3,5 % par la suite.

Certes, il y a déjà eu des années où la demande a augmenté de 150 TWh d’un coup. Mais c’était presque toujours un « rattrapage » après une chute brutale observée l’année précédente ; jamais on n’a connu une telle addition, année après année, sans relâche.

En volume brut, les États-Unis (et d’autres pays dans leur sillage) s’apprêtent donc à vivre une période absolument inédite. Pour injecter 150 à 250 TWh supplémentaires chaque année, il faudra construire à tour de bras — et vite.

Article publié le 20 octobre 2025 sur Substack sous le titre : La croissance de la demande d’électricité aux États-Unis est-elle vraiment sans précédent ?

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COP30 : le défi incertain de Lula pour préserver l’Amazonie écorchée et agonisante

Malgré les efforts du président brésilien, qui a promis d’éradiquer la déforestation illégale d’ici à 2030, la destruction de la forêt tropicale, essentielle à la vie sur Terre, repart à la hausse.

© TARSO SARRAF/AFP

Luiz Inacio Lula da Silva, le président brésilien (à droite), et Helder Barbalho, le gouverneur de l’Etat du Para (au centre), arrosent un kapokier, arbre typique de l’Amazonie, replanté dans le parc de Cidade, le 14 février 2025, à Belem, où se tiendra la COP30, du 10 au 21 novembre 2025.

Droits de douane : devant la Cour suprême, les contradictions de l’administration Trump

Les juges, devant lesquels la légalité des tarifs imposés par le président américain était contestée, se sont montrés critiques envers l’avocat général, qui défendait les prérogatives de l’exécutif.

© TASOS KATOPODIS/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Lors d’une manifestation anti-Trump, devant la Cour suprême, à Washington, le 5 novembre 2025.

Le procès de Lafarge déraille au bout de deux jours à cause d’une erreur de procédure

Le procès du cimentier pour « financement du terrorisme » a été renvoyé au 18 novembre du fait d’une irrégularité dans l’ordonnance de renvoi. Une bévue parmi tant d’autres soulevées à l’audience, mercredi, par les avocats de la défense.

© DIMITAR DILKOFF/AFP

Bruno Pescheux, ancien directeur de l’usine de Lafarge en Syrie, à l’ouverture du procès du groupe cimentier français, au tribunal judiciaire de Paris, le 4 novembre 2025.

Accident d’un avion-cargo UPS dans le Kentucky : le bilan s’élève à douze morts

L’appareil, qui comptait trois membres d’équipage, a perdu un moteur au moment du décollage, selon les enquêteurs. Il s’est écrasé sur des bâtiments. Un enfant figure parmi les victimes et plusieurs personnes sont portées disparues.

© AFP PHOTO/SATELLITE IMAGE 2025 VANTOR TECHNOLOGIES

Image satellite du lieu où un avion d’UPS s’est écrasé le 4 novembre 2025, pulvérisant des bâtiments, à Louisville (Kentucky). Le 5 novembre 2025.

Cécile Duflot ou la tentation du retour

L’ancienne ministre de François Hollande n’est « candidate à rien » mais appelle les « progressistes » à se rassembler autour de la social-écologie en vue de l’élection présidentielle de 2027.

© ADRIENNE SURPRENANT/MYOP POUR « LE MONDE »

Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, à Paris, le 31 octobre 2025.

Tunisie : les migrants confrontés à des « violations généralisées » de leurs droits humains, dénonce Amnesty qui critique l’Europe

Des réfugiés ont notamment témoigné de viols, de tortures et d’agressions auprès de l’ONG qui dénonce le silence et la responsabilité de l’UE en raison de son accord migratoire avec Tunis.

© Zoubeir Souissi/REUTERS

Des migrants rassemblés près de tentes incendiées, après le démantèlement d’un camp par les autorités à Sfax (Tunisie), le 24 avril 2025.

Aux Philippines, le typhon Kalmaegi a fait au moins 140 morts

Selon les autorités, 127 personnes sont toujours portées disparues à la suite des inondations provoquées par les pluies diluviennes qui ont frappé le centre de l’archipel.

© Eloisa Lopez / REUTERS

Après le passage du cyclone Kalmaegi à Bacayan, sur l’île de Cebu, aux Philippines, le 5 novembre 2025.

Ronald Venetiaan, ancien président du Suriname, est mort

Cet ancien professeur de mathématiques avait été le premier président élu après des années de dictature, en 1991. Battu à la présidentielle de 1996, il avait ensuite été élu à la tête du pays d’Amérique du Sud à deux autres reprises. Il avait 89 ans.

© YURI CORTEZ / AFP

Ronald Venetiaan, alors président du Suriname, à Port of Spain, la capitale de Trinité-et-Tobago, lors du 5ᵉ sommet des Amériques, le 17 avril 2009.

Disparition de Laure Zacchello : son mari, Alexis J., jugé à Bayonne pour des violences sur une ancienne collègue

Alexis J., le principal suspect du meurtre de sa femme en 2024, comparaît ce jeudi à Bayonne pour une tout autre affaire : un geste violent porté sur une contractuelle du lycée où il enseignait, deux mois avant la disparition de Laure Zacchello.

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© Collection personnelle

Laure Zacchello se trouvait en instance de divorce avec Alexis J. quand elle a disparu, à Urrugne, le 21 juin 2024. 

Le violent typhon Kalmaegi se dirige vers le Vietnam après avoir fait 140 morts aux Philippines

Le typhon Kalmaegi, le plus meurtrier cette année aux Philippines, menace à présent le Vietnam qu’il devrait atteindre dans la nuit.

© Eloisa Lopez / REUTERS

Une vue prise par un drone montre des voitures empilées après avoir été emportées par les inondations causées par le typhon Kalmaegi dans un lotissement à Bacayan, dans la ville de Cebu, le 5 novembre 2025. 

Belém : 5 choses à savoir sur la ville brésilienne qui accueille la COP30

Les yeux du monde entier sont braqués vers Belém, ville hôte de la conférence de l’ONU sur le climat, où se tiendront à partir de lundi des débats cruciaux pour l’avenir de la planète.

© ANDERSON COELHO / AFP

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L’horoscope de Rob Brezsny pour la semaine du 6 au 12 novembre 2025

Chaque semaine, “Courrier international” vous propose l’horoscope poétique de Rob Brezsny, un des astrologues les plus atypiques de la planète. Scorpion est le signe de la semaine.

© Courrier international

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Depuis le 13 novembre 2015, la France a résisté “à la tentation de haïr en retour”

Correspondant à Paris pour la “Süddeutsche Zeitung” puis pour “Der Spiegel” depuis près de quinze ans, Leo Klimm était au Stade de France lors des attentats du 13 novembre 2015. Dix ans plus tard, “la douleur est toujours là”, écrit le journaliste allemand dans ce court texte, mais la France n’a jamais sombré “dans l’hystérie”.

© Dessin de Kichka paru dans i24News, Tel-Aviv

Les Brics+ vont-ils reprendre le flambeau de l’action climatique ?

Le vide laissé par la mise en retrait de Washington pourrait être comblé par une alliance stratégique entre la Chine et le Brésil. Les deux pays, engagés dans la lutte contre le changement climatique, resserrent depuis plusieurs mois leurs liens dans ce domaine.

© Dessin de Maarten Wolterink, Pays-Bas/Cartoon Movement

“Bienvenue sur Mars à la COP130.”

Margaret Atwood se raconte dans “Le Livre des vies”, des Mémoires drôles et fascinants

À 85 ans, l’écrivaine canadienne signe ses premiers Mémoires, qui reflètent avec malice ses multiples facettes. En librairie le jeudi 6 novembre pour sa traduction française, “Le Livre des vies. Mémoires écarlates” est encensé par la critique nord-américaine.

© PHOTO THOMAS KARLSSON/DN/TT News Agency/AFP

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