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Aujourd’hui — 27 septembre 2024Flux principal

Rapport de transparence : X livre ses chiffres de modération

27 septembre 2024 à 10:35
Un rapport en verre dépoli
Rapport de transparence : X livre ses chiffres de modération

Pour la première fois depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, X vient de publier son Transparency report, le document bisannuel qui résume et quantifie les principales actions du service en matière de modération. Dans quelle mesure ces chiffres, qui couvrent le premier semestre 2024, témoignent-ils d’une inflexion dans la façon dont X gère ces sujets ? Tour d’horizon.

Comme 18 autres grands acteurs du Web, X est tenu de publier tous les six mois un rapport de transparence qui liste ses actions relatives au respect du DSA européen, et le réseau social se plie à cette contrainte. X n’avait cependant pas publié de Transparency Report global depuis le rachat de Twitter par Elon Musk. Une lacune corrigée cette semaine, avec la mise en ligne d’un document de quinze pages (.pdf). Il commence par rappeler la doctrine de X en matière de liberté d’expression, mais son intérêt principal n’est pas là : le rapport classe les différentes catégories de signalements reçus par X, et les quantifie, en précisant le volume d’actions entreprises.

Le harcèlement représente 36 % des signalements

Hors spam (qui fait l’objet d’un décompte spécifique), X révèle ainsi avoir reçu 224 millions de signalements par des utilisateurs sur les six premiers mois de l’année. Dans le lot, près de 82 millions de signalements concernent des cas d’abus ou de harcèlements, soit environ 36 % du volume total. Les autres motifs de signalement les plus fréquents sont les contenus à caractère haineux (30 %) et les contenus violents (18 %).

Dans le même temps, X indique avoir procédé à 5,3 millions de suspensions de compte et à la suppression ou à la labellisation de 10,7 millions de messages. Sur les six mois couverts par le rapport, le réseau social estime ainsi que le taux de messages qui enfreignent sa politique de modération est de l’ordre de 0,0123 %.

Le détail des actions entreprises, reproduit ci-dessous, montre que la modération s’exerce différemment selon la nature de l’infraction supposée. Dans les cas d’un comportement haineux, elle privilégie par exemple largement la suppression ou la labellisation de post (près de 5 millions d’occurrences) à la suspension de compte (seulement 2 400 cas).

Le spam, et l’ensemble des techniques de « manipulation de la plateforme » passant par exemple par l’utilisation de bots (comptes automatisés), représente quant à lui près de 464 millions de suspensions de compte et 188 millions de messages épinglés sur les six mois couverts par le rapport.

La part de la modération humaine reste significative

X détaille ensuite ses actions de modération – suspensions de compte et suppressions de contenus – avec une ventilation par typologie d’infraction, et en précisant, à chaque fois, la part d’interventions humaines ou automatisées. Si les suppressions de posts sont le plus souvent automatisées, les actions sur les comptes utilisateur relèvent quant à elle le plus souvent d’une modération manuelle. En dépit des déclarations d’Elon Musk en 2022 et de la promesse d’un processus automatisé, cette dernière occupe toujours une place prépondérante dans les activités de X.

Le rapport de transparence ne précise toutefois pas les effectifs alloués à cette mission. Pour obtenir un ordre de grandeur, il faut se tourner vers le rapport édité par X dans le cadre des obligations liées au DSA. Dans sa dernière itération, datée d’avril 2024, on apprend ainsi que le réseau social dispose d’environ 1 700 modérateurs capables d’intervenir en anglais, en arabe, en hébreu en espagnol, en portugais et dans les principales autres langues européennes.

X donne suite aux demandes d’information dans 53 % des cas

Le rapport de transparence livre par ailleurs une indication intéressante quant à la façon dont X gère les demandes d’information adressées par les autorités gouvernementales, pays par pays. Sur les six premiers mois de l’année, X déclare avoir reçu 18 737 requêtes, urgentes ou non urgentes, dont 53 % ont entrainé une transmission d’information. Le taux d’acceptation se révèle particulièrement élevé aux États-Unis, où X a donné suite à 76 % des demandes.

« Liberté d’expression, et non liberté de diffusion »

Reste une question de taille : la modération de X a-t-elle significativement évolué depuis son passage aux mains d’Elon Musk, qui multiplie depuis des mois les sorties sur la liberté d’expression ?

« Nos politiques et principes d’application se fondent sur les droits humains, et nous avons adopté une approche globale de la liberté d’expression en investissant dans le développement d’une gamme plus large de mesures correctives, avec un accent particulier mis sur l’éducation, la réadaptation et la dissuasion », affirme le réseau social en préambule de son rapport. Avant de résumer sa doctrine : « Ces convictions sont le fondement de notre philosophie « Liberté d’expression, et non liberté de diffusion », ce qui signifie que nous limitons la portée des publications, uniquement quand c’est approprié, de façon à les rendre moins faciles à découvrir, en alternative à la suppression ».

La comparaison avec les rapports de l’ère pré-Musk est difficile, dans la mesure où Twitter et X n’utilisent pas précisément les mêmes indicateurs. Les rapports de 2021, aujourd’hui archivés sous forme de PDF, étaient par ailleurs initialement publiés dans une version interactive, permettant d’améliorer la granularité de certaines données.

Le volume d’actions de modération semble tout de même avoir significativement augmenté. Dans son rapport du premier semestre 2021, Twitter indiquait avoir pris des actions à l’encontre de 4,8 millions de comptes, dont 1,2 million de comptes suspendus, et 5,9 millions de contenus supprimés. Le spam représentait quant à lui sur la même période 5,1 millions de signalements et 130,3 millions de détections automatiques. À l’époque, Twitter indiquait avoir reçu 12 400 demandes d’information de la part d’autorités, et avoir accédé à 36 % d’entre elles, un ratio et un volume inférieurs à ceux constatés début 2024.

Rapport de transparence : X livre ses chiffres de modération

27 septembre 2024 à 10:35
Un rapport en verre dépoli
Rapport de transparence : X livre ses chiffres de modération

Pour la première fois depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, X vient de publier son Transparency report, le document bisannuel qui résume et quantifie les principales actions du service en matière de modération. Dans quelle mesure ces chiffres, qui couvrent le premier semestre 2024, témoignent-ils d’une inflexion dans la façon dont X gère ces sujets ? Tour d’horizon.

Comme 18 autres grands acteurs du Web, X est tenu de publier tous les six mois un rapport de transparence qui liste ses actions relatives au respect du DSA européen, et le réseau social se plie à cette contrainte. X n’avait cependant pas publié de Transparency Report global depuis le rachat de Twitter par Elon Musk. Une lacune corrigée cette semaine, avec la mise en ligne d’un document de quinze pages (.pdf). Il commence par rappeler la doctrine de X en matière de liberté d’expression, mais son intérêt principal n’est pas là : le rapport classe les différentes catégories de signalements reçus par X, et les quantifie, en précisant le volume d’actions entreprises.

Le harcèlement représente 36 % des signalements

Hors spam (qui fait l’objet d’un décompte spécifique), X révèle ainsi avoir reçu 224 millions de signalements par des utilisateurs sur les six premiers mois de l’année. Dans le lot, près de 82 millions de signalements concernent des cas d’abus ou de harcèlements, soit environ 36 % du volume total. Les autres motifs de signalement les plus fréquents sont les contenus à caractère haineux (30 %) et les contenus violents (18 %).

Dans le même temps, X indique avoir procédé à 5,3 millions de suspensions de compte et à la suppression ou à la labellisation de 10,7 millions de messages. Sur les six mois couverts par le rapport, le réseau social estime ainsi que le taux de messages qui enfreignent sa politique de modération est de l’ordre de 0,0123 %.

Le détail des actions entreprises, reproduit ci-dessous, montre que la modération s’exerce différemment selon la nature de l’infraction supposée. Dans les cas d’un comportement haineux, elle privilégie par exemple largement la suppression ou la labellisation de post (près de 5 millions d’occurrences) à la suspension de compte (seulement 2 400 cas).

Le spam, et l’ensemble des techniques de « manipulation de la plateforme » passant par exemple par l’utilisation de bots (comptes automatisés), représente quant à lui près de 464 millions de suspensions de compte et 188 millions de messages épinglés sur les six mois couverts par le rapport.

La part de la modération humaine reste significative

X détaille ensuite ses actions de modération – suspensions de compte et suppressions de contenus – avec une ventilation par typologie d’infraction, et en précisant, à chaque fois, la part d’interventions humaines ou automatisées. Si les suppressions de posts sont le plus souvent automatisées, les actions sur les comptes utilisateur relèvent quant à elle le plus souvent d’une modération manuelle. En dépit des déclarations d’Elon Musk en 2022 et de la promesse d’un processus automatisé, cette dernière occupe toujours une place prépondérante dans les activités de X.

Le rapport de transparence ne précise toutefois pas les effectifs alloués à cette mission. Pour obtenir un ordre de grandeur, il faut se tourner vers le rapport édité par X dans le cadre des obligations liées au DSA. Dans sa dernière itération, datée d’avril 2024, on apprend ainsi que le réseau social dispose d’environ 1 700 modérateurs capables d’intervenir en anglais, en arabe, en hébreu en espagnol, en portugais et dans les principales autres langues européennes.

X donne suite aux demandes d’information dans 53 % des cas

Le rapport de transparence livre par ailleurs une indication intéressante quant à la façon dont X gère les demandes d’information adressées par les autorités gouvernementales, pays par pays. Sur les six premiers mois de l’année, X déclare avoir reçu 18 737 requêtes, urgentes ou non urgentes, dont 53 % ont entrainé une transmission d’information. Le taux d’acceptation se révèle particulièrement élevé aux États-Unis, où X a donné suite à 76 % des demandes.

« Liberté d’expression, et non liberté de diffusion »

Reste une question de taille : la modération de X a-t-elle significativement évolué depuis son passage aux mains d’Elon Musk, qui multiplie depuis des mois les sorties sur la liberté d’expression ?

« Nos politiques et principes d’application se fondent sur les droits humains, et nous avons adopté une approche globale de la liberté d’expression en investissant dans le développement d’une gamme plus large de mesures correctives, avec un accent particulier mis sur l’éducation, la réadaptation et la dissuasion », affirme le réseau social en préambule de son rapport. Avant de résumer sa doctrine : « Ces convictions sont le fondement de notre philosophie « Liberté d’expression, et non liberté de diffusion », ce qui signifie que nous limitons la portée des publications, uniquement quand c’est approprié, de façon à les rendre moins faciles à découvrir, en alternative à la suppression ».

La comparaison avec les rapports de l’ère pré-Musk est difficile, dans la mesure où Twitter et X n’utilisent pas précisément les mêmes indicateurs. Les rapports de 2021, aujourd’hui archivés sous forme de PDF, étaient par ailleurs initialement publiés dans une version interactive, permettant d’améliorer la granularité de certaines données.

Le volume d’actions de modération semble tout de même avoir significativement augmenté. Dans son rapport du premier semestre 2021, Twitter indiquait avoir pris des actions à l’encontre de 4,8 millions de comptes, dont 1,2 million de comptes suspendus, et 5,9 millions de contenus supprimés. Le spam représentait quant à lui sur la même période 5,1 millions de signalements et 130,3 millions de détections automatiques. À l’époque, Twitter indiquait avoir reçu 12 400 demandes d’information de la part d’autorités, et avoir accédé à 36 % d’entre elles, un ratio et un volume inférieurs à ceux constatés début 2024.

☕️ Starlink revendique 4 millions d’utilisateurs

27 septembre 2024 à 08:19

Starlink, la filiale dédiée à l’accès à Internet par satellite de SpaceX, a annoncé sur X avoir franchi cette semaine le cap des quatre millions d’utilisateurs, quatre ans après le lancement de ses premières offres commerciales.

L’opérateur, qui revendique une présence dans plus de 100 pays, aurait ainsi engrangé un million de nouveaux utilisateurs depuis le 20 mai dernier, date à laquelle il célébrait le franchissement de la barre des 3 millions.

Starlink a pour mémoire débuté ses activités, en bêta, en octobre 2020. Le seuil du premier million d’utilisateurs a été annoncé en décembre 2022, tandis que les deux millions ont officiellement été franchis en septembre 2023.

S’il est prompt à souligner l’accélération de la croissance de son parc d’utilisateurs, Starlink ne précise pas la ventilation entre clients individuels, particuliers ou entreprises, et marchés indirects, à l’image des accords que passe l’opérateur avec les compagnies aériennes.

La filiale de SpaceX vient ainsi d’annoncer coup sur coup deux contrats de premier plan, avec United Airlines, puis avec Air France, qui prévoit d’exploiter la constellation Starlink pour déployer, dès 2025 et sur l’ensemble de sa flotte, un WiFi rapide et gratuit.

Starlink opère aujourd’hui une constellation de plus de 6 000 satellites, dont la fabrication, le déploiement et la gestion occuperaient quelque 3 000 personnes parmi les 13 000 employés de SpaceX. Mais quel est le poids économique réel de cette activité de fourniture d’accès à Internet, considérée par les analyses comme l’un des carburants financiers de SpaceX ? L’entreprise n’étant pas tenue de publier ses comptes, les commentateurs en sont réduits aux conjectures.

En mai dernier, le cabinet Quilty Space, spécialisé dans les études de marché relatives au spatial, estimait que Starlink pourrait engranger jusqu’à 6,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2024. L’opérateur, détenu par Elon Musk, dépasserait ainsi l’ensemble qui doit découler de la fusion engagée entre SES et Intelsat, dont le chiffre d’affaires combiné serait, selon les prévisions de Quilty Space, de l’ordre de 4,1 milliards de dollars sur l’année.

Starlink s’appuie sur un réseau de stations terrestres, dont l’une est située près de Bordeaux – crédit Next

☕️ Starlink revendique 4 millions d’utilisateurs

27 septembre 2024 à 08:19

Starlink, la filiale dédiée à l’accès à Internet par satellite de SpaceX, a annoncé sur X avoir franchi cette semaine le cap des quatre millions d’utilisateurs, quatre ans après le lancement de ses premières offres commerciales.

L’opérateur, qui revendique une présence dans plus de 100 pays, aurait ainsi engrangé un million de nouveaux utilisateurs depuis le 20 mai dernier, date à laquelle il célébrait le franchissement de la barre des 3 millions.

Starlink a pour mémoire débuté ses activités, en bêta, en octobre 2020. Le seuil du premier million d’utilisateurs a été annoncé en décembre 2022, tandis que les deux millions ont officiellement été franchis en septembre 2023.

S’il est prompt à souligner l’accélération de la croissance de son parc d’utilisateurs, Starlink ne précise pas la ventilation entre clients individuels, particuliers ou entreprises, et marchés indirects, à l’image des accords que passe l’opérateur avec les compagnies aériennes.

La filiale de SpaceX vient ainsi d’annoncer coup sur coup deux contrats de premier plan, avec United Airlines, puis avec Air France, qui prévoit d’exploiter la constellation Starlink pour déployer, dès 2025 et sur l’ensemble de sa flotte, un WiFi rapide et gratuit.

Starlink opère aujourd’hui une constellation de plus de 6 000 satellites, dont la fabrication, le déploiement et la gestion occuperaient quelque 3 000 personnes parmi les 13 000 employés de SpaceX. Mais quel est le poids économique réel de cette activité de fourniture d’accès à Internet, considérée par les analyses comme l’un des carburants financiers de SpaceX ? L’entreprise n’étant pas tenue de publier ses comptes, les commentateurs en sont réduits aux conjectures.

En mai dernier, le cabinet Quilty Space, spécialisé dans les études de marché relatives au spatial, estimait que Starlink pourrait engranger jusqu’à 6,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2024. L’opérateur, détenu par Elon Musk, dépasserait ainsi l’ensemble qui doit découler de la fusion engagée entre SES et Intelsat, dont le chiffre d’affaires combiné serait, selon les prévisions de Quilty Space, de l’ordre de 4,1 milliards de dollars sur l’année.

Starlink s’appuie sur un réseau de stations terrestres, dont l’une est située près de Bordeaux – crédit Next

À partir d’avant-hierFlux principal

Cloudflare veut monétiser l’indexation des sites par les robots d’IA

24 septembre 2024 à 10:00
Cloudflare veut monétiser l’indexation des sites par les robots d’IA

Cloudflare proposera bientôt aux éditeurs de sites Web une place de marché via laquelle ils pourront décider comment et selon quelles modalités financières les robots d’indexation des grands modèles de langage accèdent à leurs contenus.

Comment contrôler la façon dont les robots qui nourrissent les grands modèles de langage (LLM) accèdent au contenu ? L’Américain Cloudflare, connu pour ses solutions de CDN (Content Delivery Network), a dévoilé lundi sa réponse, à la fois technique et commerciale, à cette problématique qui se pose aujourd’hui à la plupart des groupes média. Outre la mise en place d’outils de blocage et de mesure, il promet la création, à court terme, d’une place de marché destinée à centraliser les échanges commerciaux entre éditeurs et opérateurs de LLM.

Reprendre le contrôle sur l’indexation

Cloudflare annonce dans un premier temps la mise en ligne d’une série d’outils dédiés à la mesure et au suivi de l’utilisation réellement faite des contenus par les robots d’indexation. Ce tableau de bord, qui permet d’identifier les robots, surveiller la fréquence de leur passage ou la quantité de pages indexées, reprend par ailleurs l’option de blocage « en un clic » proposée par Cloudflare depuis juillet dernier. Une problématique qui n’a rien de trivial, dans la mesure où les robots d’indexation des LLM ne se déclarent pas toujours nommément lors de la connexion au serveur, ce qui limite les possibilités de blocage manuel, réalisé par exemple au moyen des fichiers .htaccess ou robots.txt.

« Ces données sont accessibles à tous les sites connectés via Cloudflare et n’exigent aucune configuration. Nous espérons que ce nouveau niveau de visibilité incitera les équipes à prendre une décision quant à leur exposition aux robots d’indexation des IA », résume l’entreprise. Au-delà de la prise de décision, Cloudflare présente aussi son tableau de bord comme un outil de surveillance pour tous les éditeurs qui auraient déjà formalisé, d’une façon ou d’une autre, un accord avec les grands noms de l’IA.

Ouvrir une voie aux négociations commerciales

L’étape suivante devrait quant à elle consister en un outil d’intermédiation commerciale. « Nous pensons que tous les sites, quelle que soit leur taille, devraient être en mesure de déterminer la compensation liée à l’utilisation de leurs contenus par les modèles d’IA. L’annonce d’aujourd’hui préfigure une nouvelle fonctionnalité Cloudflare de monétisation qui donnera aux éditeurs les outils pour fixer les prix, contrôler l’accès et capter la valeur liée au passage en revue de leurs contenus ».

L’outil trouvera-t-il son marché ? Au-delà de l’adhésion des éditeurs de sites, qu’on imagine assez enclins à monétiser leurs contenus, tout l’enjeu pour Cloudflare va consister à faire venir autour de la table les grands opérateurs d’IA, lesquels ne négocient pour l’instant qu’avec des acteurs de premier plan, via des accords de gré à gré, et pas toujours de bonne grâce.

OpenAI, éditeur de ChatGPT et attaqué en justice fin 2023 par le New York Times pour infraction au droit d’auteur, a par exemple signé de grands contrats cadres aux modalités confidentielles avec le groupe NewsCorp de Rupert Murdoch ou avec Condé Nast. En France, OpenAI s’est également attiré les faveurs du groupe Le Monde en début d’année, mais mène aujourd’hui la vie dure à l’Alliance de la presse d’information générale et au Syndicat des éditeurs de presse magazine, qui tentent d’ouvrir des négociations groupées, comme l’a récemment révélé La Lettre.

À défaut d’influencer les choix stratégiques des grands éditeurs de LLM, l’outil et l’annonce de Cloudflare auront peut-être le mérite de sensibiliser les éditeurs de sites à la question du scraping de leurs contenus. En juillet dernier, l’entreprise indiquait que sur le million de sites Web les plus fréquentés de ses clients, 39 % étaient indexés par les robots d’IA, alors que seuls 2,98 % des sites faisaient l’objet de mesures de protection.

Cloudflare veut monétiser l’indexation des sites par les robots d’IA

24 septembre 2024 à 10:00
Cloudflare veut monétiser l’indexation des sites par les robots d’IA

Cloudflare proposera bientôt aux éditeurs de sites Web une place de marché via laquelle ils pourront décider comment et selon quelles modalités financières les robots d’indexation des grands modèles de langage accèdent à leurs contenus.

Comment contrôler la façon dont les robots qui nourrissent les grands modèles de langage (LLM) accèdent au contenu ? L’Américain Cloudflare, connu pour ses solutions de CDN (Content Delivery Network), a dévoilé lundi sa réponse, à la fois technique et commerciale, à cette problématique qui se pose aujourd’hui à la plupart des groupes média. Outre la mise en place d’outils de blocage et de mesure, il promet la création, à court terme, d’une place de marché destinée à centraliser les échanges commerciaux entre éditeurs et opérateurs de LLM.

Reprendre le contrôle sur l’indexation

Cloudflare annonce dans un premier temps la mise en ligne d’une série d’outils dédiés à la mesure et au suivi de l’utilisation réellement faite des contenus par les robots d’indexation. Ce tableau de bord, qui permet d’identifier les robots, surveiller la fréquence de leur passage ou la quantité de pages indexées, reprend par ailleurs l’option de blocage « en un clic » proposée par Cloudflare depuis juillet dernier. Une problématique qui n’a rien de trivial, dans la mesure où les robots d’indexation des LLM ne se déclarent pas toujours nommément lors de la connexion au serveur, ce qui limite les possibilités de blocage manuel, réalisé par exemple au moyen des fichiers .htaccess ou robots.txt.

« Ces données sont accessibles à tous les sites connectés via Cloudflare et n’exigent aucune configuration. Nous espérons que ce nouveau niveau de visibilité incitera les équipes à prendre une décision quant à leur exposition aux robots d’indexation des IA », résume l’entreprise. Au-delà de la prise de décision, Cloudflare présente aussi son tableau de bord comme un outil de surveillance pour tous les éditeurs qui auraient déjà formalisé, d’une façon ou d’une autre, un accord avec les grands noms de l’IA.

Ouvrir une voie aux négociations commerciales

L’étape suivante devrait quant à elle consister en un outil d’intermédiation commerciale. « Nous pensons que tous les sites, quelle que soit leur taille, devraient être en mesure de déterminer la compensation liée à l’utilisation de leurs contenus par les modèles d’IA. L’annonce d’aujourd’hui préfigure une nouvelle fonctionnalité Cloudflare de monétisation qui donnera aux éditeurs les outils pour fixer les prix, contrôler l’accès et capter la valeur liée au passage en revue de leurs contenus ».

L’outil trouvera-t-il son marché ? Au-delà de l’adhésion des éditeurs de sites, qu’on imagine assez enclins à monétiser leurs contenus, tout l’enjeu pour Cloudflare va consister à faire venir autour de la table les grands opérateurs d’IA, lesquels ne négocient pour l’instant qu’avec des acteurs de premier plan, via des accords de gré à gré, et pas toujours de bonne grâce.

OpenAI, éditeur de ChatGPT et attaqué en justice fin 2023 par le New York Times pour infraction au droit d’auteur, a par exemple signé de grands contrats cadres aux modalités confidentielles avec le groupe NewsCorp de Rupert Murdoch ou avec Condé Nast. En France, OpenAI s’est également attiré les faveurs du groupe Le Monde en début d’année, mais mène aujourd’hui la vie dure à l’Alliance de la presse d’information générale et au Syndicat des éditeurs de presse magazine, qui tentent d’ouvrir des négociations groupées, comme l’a récemment révélé La Lettre.

À défaut d’influencer les choix stratégiques des grands éditeurs de LLM, l’outil et l’annonce de Cloudflare auront peut-être le mérite de sensibiliser les éditeurs de sites à la question du scraping de leurs contenus. En juillet dernier, l’entreprise indiquait que sur le million de sites Web les plus fréquentés de ses clients, 39 % étaient indexés par les robots d’IA, alors que seuls 2,98 % des sites faisaient l’objet de mesures de protection.

La communauté demande (encore) à Oracle de libérer la marque JavaScript

23 septembre 2024 à 13:50
TM.js
La communauté demande (encore) à Oracle de libérer la marque JavaScript

Dans une lettre ouverte, plusieurs développeurs influents demandent à Oracle de placer dans le domaine public la marque JavaScript. Faute de réponse de l’éditeur, ils menacent de déposer une demande en annulation, motivée par un abandon, auprès du bureau américain des brevets.

 « Cher Oracle, vous avez depuis longtemps abandonné la marque JavaScript, ce qui est à l’origine d’une confusion et d’une perturbation généralisées et injustifiées », attaquent les auteurs de cette lettre ouverte adressée au siège de l’éditeur américain.

Parmi les premiers cosignataires figurent Brendan Eich, créateur du langage JavaScript, Ryan Dahl, créateur de Node.js, ainsi qu’une dizaine de personnalités influentes de la communauté des développeurs. Distribuée sous la forme d’une pétition, la lettre ouverte compte aujourd’hui près de 11.500 signatures qui, toutes, réclament à Oracle le transfert de la marque JavaScript vers le domaine public.

Abandon de marque ?

Principal argument avancé : Oracle, qui a hérité de la marque JavaScript dans la corbeille liée au rachat de Sun Microsystems en 2009, n’en fait aucun usage, alors que le langage du même nom est devenu un nom générique, qui compte des millions d’adeptes dans le monde, sans aucun lien avec Oracle, ou ses produits.

« Oracle n’a jamais proposé sérieusement un produit appelé JavaScript », affirment les auteurs. Ils soulignent que l’éditeur dispose bien de quelques composants à son catalogue, comme la bibliothèque JavaScript Extension Toolkit (JET) ou l’environnement d’exécution GraalVM, mais estiment anecdotique la portée de ces derniers au regard de l’envergure des ressources JavaScript disponibles sur le marché.

« L’utilisation par Oracle de JavaScript dans GraalVM et JET ne reflète pas un usage réel de la marque. Ces liens ténus ne satisfont pas à l’exigence d’un usage constant et réel dans le commerce », attaquent les cosignataires.

Deux ans après une première lettre ouverte restée sans réponse, ils menacent cette fois Oracle d’intenter une procédure en abandon auprès de l’USPTO, le bureau américain des brevets. « Cette fois, il est temps de prendre des mesures actives pour ramener la marque JavaScript dans le domaine public auquel elle appartient ».

« Use it or lose it  » 

La non-utilisation d’une marque et son évolution en un terme générique font effectivement des motifs qui, selon l’article 1127 du code américain de la propriété intellectuelle, peuvent justifier l’abandon d’une marque déposée.

Pour les signataires de la lettre, l’ensemble de la communauté profiterait de cette libération, alors que tous les acteurs s’interdisent aujourd’hui d’utiliser le nom JavaScript dans leurs produits par peur de poursuites, à commencer par le comité de standardisation ECMA. « Le langage de programmation le plus populaire au monde ne peut même pas avoir un événement à son propre nom », regrettent-ils.

Oracle, connu pour défendre farouchement sa propriété intellectuelle en justice, n’a pour l’instant pas donné suite à la publication de cette lettre. « Contrairement aux détenteurs de marques habituels qui protègent leurs marques en percevant des droits de licence ou en appliquant des restrictions d’utilisation, Oracle a laissé le nom JavaScript être utilisé par n’importe qui. Cette inaction renforce l’argument selon lequel la marque a perdu sa signification et est devenue générique », estime Ryan Dahl.

Clara Chappaz, de la French Tech au secrétariat d’État à l’IA et au numérique

23 septembre 2024 à 08:22
Clara Chappaz, de la French Tech au secrétariat d’État à l’IA et au numérique

Directrice de la mission French Tech depuis trois ans, Clara Chappaz a été nommée samedi secrétaire d’État à l’Intelligence artificielle et au Numérique. Traditionnellement sous tutelle de Bercy, son portefeuille est désormais rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Sept mois après la nomination de Marina Ferrari, c’est désormais Clara Chappaz qui portera les enjeux liés au numérique au sein du gouvernement Barnier, avec la responsabilité d’un portefeuille remanié à deux égards. D’abord, son périmètre, qui couvre désormais « l’Intelligence artificielle et le Numérique ». Ensuite, son ministère de tutelle : alors que le numérique était traditionnellement rattaché à l’Économie, Clara Chappaz se voit placée sous la houlette de Patrick Hetzel, nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

« Après 3 années à diriger La French Tech au sein du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, je suis ravie de poursuivre mon engagement au service de l’action publique sur ces sujets majeurs que sont le numérique et l’intelligence artificielle », s’est réjouie l’intéressée dimanche sur LinkedIn, dans un post dont les commentaires, nombreux, soulignent à quel point Clara Chappaz est bien identifiée dans l’écosystème des startups et de l’entreprenariat.  

Un profil « startup nation »

À 35 ans, Clara Chappaz dirigeait en effet depuis trois ans la « mission French Tech », un établissement de 25 agents, rattaché à la Direction Générale des Entreprises et chargé d’animer l’ensemble du réseau French Tech en France et à l’international. Fille de l’entrepreneur à succès Pierre Chappaz (Kelkoo, Teads), elle a précédemment passé trois ans au sein du comité de direction de Vestiaire Collective, une plateforme en ligne dédiée à la mode de seconde main, auréolée du statut de licorne (valorisation supérieure à un milliard d’euros) en 2021.

À la différence de ses prédécesseurs, Clara Chappaz est nouvelle en politique, même si son poste à la French Tech dépendait de Bercy. Elle affiche dans le même temps un profil très « startup nation », qui rappelle plus Mounir Mahjoubi et Cédric O que Marina Ferrari ou Jean-Noël Barrot, alors même que son portefeuille change de ministère de tutelle. C’est d’ailleurs Cédric O qui l’avait choisie en 2021 pour diriger la Mission French Tech.

Quelle sera la portée de ce transfert ? Il faudra attendre les décrets fixant les attributions précises des membres du gouvernement Barnier, mais la démarche interroge, tout comme l’adjonction du terme Intelligence artificielle au maroquin du Numérique. « C’est curieux, comme si l’on pouvait penser un outil d’intelligence artificielle extrinsèque au numérique. Cet intitulé ne rend pas compte de l’importance du continuum cloud, data, IA, que toute politique publique sérieuse en la matière se doit d’embrasser », remarque Henri d’Agrain, délégué général du Cigref.

Clara Chappaz, de la French Tech au secrétariat d’État à l’IA et au numérique

23 septembre 2024 à 08:22
Clara Chappaz, de la French Tech au secrétariat d’État à l’IA et au numérique

Directrice de la mission French Tech depuis trois ans, Clara Chappaz a été nommée samedi secrétaire d’État à l’Intelligence artificielle et au Numérique. Traditionnellement sous tutelle de Bercy, son portefeuille est désormais rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Sept mois après la nomination de Marina Ferrari, c’est désormais Clara Chappaz qui portera les enjeux liés au numérique au sein du gouvernement Barnier, avec la responsabilité d’un portefeuille remanié à deux égards. D’abord, son périmètre, qui couvre désormais « l’Intelligence artificielle et le Numérique ». Ensuite, son ministère de tutelle : alors que le numérique était traditionnellement rattaché à l’Économie, Clara Chappaz se voit placée sous la houlette de Patrick Hetzel, nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

« Après 3 années à diriger La French Tech au sein du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, je suis ravie de poursuivre mon engagement au service de l’action publique sur ces sujets majeurs que sont le numérique et l’intelligence artificielle », s’est réjouie l’intéressée dimanche sur LinkedIn, dans un post dont les commentaires, nombreux, soulignent à quel point Clara Chappaz est bien identifiée dans l’écosystème des startups et de l’entreprenariat.  

Un profil « startup nation »

À 35 ans, Clara Chappaz dirigeait en effet depuis trois ans la « mission French Tech », un établissement de 25 agents, rattaché à la Direction Générale des Entreprises et chargé d’animer l’ensemble du réseau French Tech en France et à l’international. Fille de l’entrepreneur à succès Pierre Chappaz (Kelkoo, Teads), elle a précédemment passé trois ans au sein du comité de direction de Vestiaire Collective, une plateforme en ligne dédiée à la mode de seconde main, auréolée du statut de licorne (valorisation supérieure à un milliard d’euros) en 2021.

À la différence de ses prédécesseurs, Clara Chappaz est nouvelle en politique, même si son poste à la French Tech dépendait de Bercy. Elle affiche dans le même temps un profil très « startup nation », qui rappelle plus Mounir Mahjoubi et Cédric O que Marina Ferrari ou Jean-Noël Barrot, alors même que son portefeuille change de ministère de tutelle. C’est d’ailleurs Cédric O qui l’avait choisie en 2021 pour diriger la Mission French Tech.

Quelle sera la portée de ce transfert ? Il faudra attendre les décrets fixant les attributions précises des membres du gouvernement Barnier, mais la démarche interroge, tout comme l’adjonction du terme Intelligence artificielle au maroquin du Numérique. « C’est curieux, comme si l’on pouvait penser un outil d’intelligence artificielle extrinsèque au numérique. Cet intitulé ne rend pas compte de l’importance du continuum cloud, data, IA, que toute politique publique sérieuse en la matière se doit d’embrasser », remarque Henri d’Agrain, délégué général du Cigref.

Les autorités ont-elles réussi à compromettre l’anonymat sur Tor ?

20 septembre 2024 à 15:55
Faut répondre oui ou non… alors forcément ça dépend ça dépasse
Les autorités ont-elles réussi à compromettre l’anonymat sur Tor ?

Une enquête réalisée par le média allemand Panorama lève le voile sur la façon dont les autorités ont réussi, entre 2019 et 2021 et au prix d’efforts inédits, à identifier les administrateurs et certains membres d’un site Web pédopornographique dont les accès transitaient pourtant par Tor. S’ils admettent que certaines questions restent en suspens, les responsables du projet assurent que l’anonymat est toujours garanti sur le réseau décentralisé.

« Enquêtes sur le darknet : les forces de l’ordre sapent l’anonymat de Tor », a titré mercredi le média allemand Panorama, cellule d’investigation politique du géant audiovisuel NDR. L’article, doublé de formats TV et largement relayé outre-Rhin, lève une partie du voile sur la façon dont les autorités allemandes ont réussi à identifier, puis arrêter, en décembre 2022, un certain Andreas G., accusé d’avoir administré le forum de contenus pédopornographiques Boystown. Ce dernier n’était pourtant accessible qu’au travers du réseau décentralisé Tor, conçu pour garantir l’anonymat de ses utilisateurs. Cette promesse de confidentialité a-t-elle vraiment été rompue et, si oui, comment ?

Une identification basée sur des méthodes statistiques

Daniel Moßbrucker et Robert Bongen, les auteurs de cette enquête, indiquent avoir eu accès à une partie des documents confidentiels liés à ce dossier. Ils n’en révèlent pas la teneur technique exacte, mais expliquent que les autorités se sont appuyés sur une méthode statistique d’analyses temporelles (« timing analyses ») pour parvenir à leurs fins.

Rappelons qu’en simplifiant, le fonctionnement de Tor repose sur des serveurs intermédiaires, baptisés nœuds (nodes) ou relais, par lesquels transitent, de façon dynamique et chiffrée, les échanges entre un internaute et un serveur distant. Ce sont ces rebonds, de serveur en serveur, qui garantissent l’anonymat de l’utilisateur, puisque son adresse IP n’est connue que du premier relais auquel il se connecte, en sachant que le réseau Tor se compose aujourd’hui d’environ 8 000 relais opérés par la communauté. Les différentes couches de chiffrement garantissent quant à elles la confidentialité des échanges.

D’après Panorama, les autorités allemandes auraient réussi à « surveiller », parfois « pendant des années », certains de ces relais. Les ont-elles infiltrés, ou opérés directement ? L’enquête ne le dit pas. Cet accès a cependant ouvert une voie nouvelle : la possibilité de suivre certains échanges au travers des relais surveillés, en corrélant la taille des paquets échangés sur le réseau à leur heure de transmission. C’est cette technique, dont les détails précis n’ont pas été rendus publics, qui aurait permis aux forces de police de déterminer le point d’entrée d’Andreas G. sur le réseau, en suivant certains des messages échangés par ce dernier sur le client P2P Ricochet.

Des liens avec Liberty Lane ou KAX17 ?

Contactée par les auteurs de l’enquête avant publication, l’équipe du projet Tor affirme ne pas avoir eu accès aux éventuels détails techniques obtenus par ces derniers dans le cadre de leurs investigations. Ses discussions internes montrent néanmoins que les allégations sont prises très au sérieux, en partie parce qu’elles font resurgir des soupçons, formulés en début d’année suite à la publication d’un document classé confidentiel sur Reddit.

Issu du bureau d’enquêtes du Département de la sécurité intérieure américain, il évoque une opération conjointe du FBI et de son homologue britannique, la NCA, avec le concours de forces allemandes et brésiliennes, visant à « désanonymiser » les utilisateurs de certains réseaux de pédocriminalité opérant par l’intermédiaire de Tor. Nom de code ? Liberty Lane.

Les éventuels résultats de l’opération n’ont pas été rendus publics, mais des internautes ont réussi à mettre en lumière des recoupements entre plusieurs procédures judiciaires liées à des accusations de pédocriminalité. Les documents associés révèlent que dans la plupart de ces affaires, le FBI a réussi à obtenir l’adresse IP de l’accusé grâce au concours d’une « autorité étrangère », dont l’identité et les méthodes ne sont pas précisées.

Pour Boystown comme pour Liberty Lane, les identifications supposément réalisées via Tor seraient intervenues entre 2019 et 2021. Une période qui rappellera peut-être un autre incident aux spécialistes du réseau décentralisé : la mise en lumière, fin 2021, d’une vaste tentative de corruption du réseau Tor à l’aide de relais.

Les signes avant-coureurs en avaient été découverts par Nusenu, un participant au projet Tor, qui a d’ailleurs largement documenté le phénomène, surnommé KAX17, pendant deux ans sur son blog. À l’époque, la rumeur évoquait une initiative lancée par le gouvernement allemand, sans que l’hypothèse ait jamais été publiquement confirmée. Les journalistes de Panorama ne font pas ce lien dans leur article.

Une surveillance exceptionnelle

La presse allemande illustre un autre aspect exceptionnel de l’enquête liée à Boystown, via Tor. tagesschau.de, le portail central d’informations d’ARD, révèle ainsi que fin 2020, le tribunal de Francfort a prononcé une mesure de surveillance inédite, à la demande de la police criminelle fédérale. L’opérateur Telefónica a ainsi été enjoint de surveiller, pendant trois mois, les connexions à l’échelle de ses 43 millions de clients allemands (sous la marque O2), afin de signaler aux autorités toute connexion en direction d’un serveur précis : le point d’entrée supposément utilisé par Andreas G. pour se connecter au réseau Tor. Tagesschau souligne au passage que cette technique, dite IP Catching, a été mise en œuvre sans aucune « base légale explicite ».

« Il s’agit d’une démarche bien intentionnée, mais très créative, des autorités chargées de l’enquête, dans laquelle différents motifs d’intervention du Code de procédure pénale ont été joyeusement rassemblées, ce qui, dans sa forme concrète, a au moins épuisé les limites de ce qui était légalement autorisé », commente pour Tagesschau Dominik Brodowski, un professeur en criminologie de l’université de la Sarre.

Le volet technique lié à Tor a-t-il lui aussi dépassé ces limites ? Pour être efficace dans un laps de temps raisonnable, la technique d’analyse de la taille des paquets suppose en effet que les autorités allemandes aient réussi à infiltrer un volume significatif de serveurs. À défaut, les probabilités qu’un message du suspect passe par l’un des relais surveillés s’effondrent.

De la santé du réseau Tor

L’équipe du projet a choisi de répondre publiquement à la question que pose cette enquête : l’anonymat est-il toujours garanti sur Tor ? Elle rappelle l’introduction, dès 2018, du composant Vanguards, qui vise à limiter les possibilités en matière d’analyse de trafic, et souligne que l’application de messagerie instantanée décentralisée Ricochet, une alternative moderne à TorChat et Tor Messenger, qui aurait été utilisée pour désanonymiser Andreas G., a depuis été mise à jour et intègre justement ce composant, dans sa version actuelle (Ricochet-refresh, fork du client historique).

Reste une question structurelle : le réseau est-il assez vaste, et assez distribué, pour limiter tout risque de surveillance ? Fin 2023, le projet Tor avait révélé avoir procédé à un grand ménage au sein de son architecture distribuée, ayant conduit à la suppression de milliers de relais qualifiés de suspects.

« L’équipe en charge de la santé du réseau a implémenté des processus visant à identifier les grands ensembles de relais susceptibles d’être gérés par des opérateurs uniques ou mal intentionnés », rappelle aujourd’hui le projet Tor. Qui réaffirme sa conviction selon laquelle Tor est aussi anonyme et performant qu’il ne l’a jamais été. Et en appelle pour finir à sa communauté : « Nous encourageons ceux qui le peuvent à se porter volontaires et à contribuer, en bande passante et en relais, pour développer et diversifier le réseau Tor ».

Les autorités ont-elles réussi à compromettre l’anonymat sur Tor ?

20 septembre 2024 à 15:55
Faut répondre oui ou non… alors forcément ça dépend ça dépasse
Les autorités ont-elles réussi à compromettre l’anonymat sur Tor ?

Une enquête réalisée par le média allemand Panorama lève le voile sur la façon dont les autorités ont réussi, entre 2019 et 2021 et au prix d’efforts inédits, à identifier les administrateurs et certains membres d’un site Web pédopornographique dont les accès transitaient pourtant par Tor. S’ils admettent que certaines questions restent en suspens, les responsables du projet assurent que l’anonymat est toujours garanti sur le réseau décentralisé.

« Enquêtes sur le darknet : les forces de l’ordre sapent l’anonymat de Tor », a titré mercredi le média allemand Panorama, cellule d’investigation politique du géant audiovisuel NDR. L’article, doublé de formats TV et largement relayé outre-Rhin, lève une partie du voile sur la façon dont les autorités allemandes ont réussi à identifier, puis arrêter, en décembre 2022, un certain Andreas G., accusé d’avoir administré le forum de contenus pédopornographiques Boystown. Ce dernier n’était pourtant accessible qu’au travers du réseau décentralisé Tor, conçu pour garantir l’anonymat de ses utilisateurs. Cette promesse de confidentialité a-t-elle vraiment été rompue et, si oui, comment ?

Une identification basée sur des méthodes statistiques

Daniel Moßbrucker et Robert Bongen, les auteurs de cette enquête, indiquent avoir eu accès à une partie des documents confidentiels liés à ce dossier. Ils n’en révèlent pas la teneur technique exacte, mais expliquent que les autorités se sont appuyés sur une méthode statistique d’analyses temporelles (« timing analyses ») pour parvenir à leurs fins.

Rappelons qu’en simplifiant, le fonctionnement de Tor repose sur des serveurs intermédiaires, baptisés nœuds (nodes) ou relais, par lesquels transitent, de façon dynamique et chiffrée, les échanges entre un internaute et un serveur distant. Ce sont ces rebonds, de serveur en serveur, qui garantissent l’anonymat de l’utilisateur, puisque son adresse IP n’est connue que du premier relais auquel il se connecte, en sachant que le réseau Tor se compose aujourd’hui d’environ 8 000 relais opérés par la communauté. Les différentes couches de chiffrement garantissent quant à elles la confidentialité des échanges.

D’après Panorama, les autorités allemandes auraient réussi à « surveiller », parfois « pendant des années », certains de ces relais. Les ont-elles infiltrés, ou opérés directement ? L’enquête ne le dit pas. Cet accès a cependant ouvert une voie nouvelle : la possibilité de suivre certains échanges au travers des relais surveillés, en corrélant la taille des paquets échangés sur le réseau à leur heure de transmission. C’est cette technique, dont les détails précis n’ont pas été rendus publics, qui aurait permis aux forces de police de déterminer le point d’entrée d’Andreas G. sur le réseau, en suivant certains des messages échangés par ce dernier sur le client P2P Ricochet.

Des liens avec Liberty Lane ou KAX17 ?

Contactée par les auteurs de l’enquête avant publication, l’équipe du projet Tor affirme ne pas avoir eu accès aux éventuels détails techniques obtenus par ces derniers dans le cadre de leurs investigations. Ses discussions internes montrent néanmoins que les allégations sont prises très au sérieux, en partie parce qu’elles font resurgir des soupçons, formulés en début d’année suite à la publication d’un document classé confidentiel sur Reddit.

Issu du bureau d’enquêtes du Département de la sécurité intérieure américain, il évoque une opération conjointe du FBI et de son homologue britannique, la NCA, avec le concours de forces allemandes et brésiliennes, visant à « désanonymiser » les utilisateurs de certains réseaux de pédocriminalité opérant par l’intermédiaire de Tor. Nom de code ? Liberty Lane.

Les éventuels résultats de l’opération n’ont pas été rendus publics, mais des internautes ont réussi à mettre en lumière des recoupements entre plusieurs procédures judiciaires liées à des accusations de pédocriminalité. Les documents associés révèlent que dans la plupart de ces affaires, le FBI a réussi à obtenir l’adresse IP de l’accusé grâce au concours d’une « autorité étrangère », dont l’identité et les méthodes ne sont pas précisées.

Pour Boystown comme pour Liberty Lane, les identifications supposément réalisées via Tor seraient intervenues entre 2019 et 2021. Une période qui rappellera peut-être un autre incident aux spécialistes du réseau décentralisé : la mise en lumière, fin 2021, d’une vaste tentative de corruption du réseau Tor à l’aide de relais.

Les signes avant-coureurs en avaient été découverts par Nusenu, un participant au projet Tor, qui a d’ailleurs largement documenté le phénomène, surnommé KAX17, pendant deux ans sur son blog. À l’époque, la rumeur évoquait une initiative lancée par le gouvernement allemand, sans que l’hypothèse ait jamais été publiquement confirmée. Les journalistes de Panorama ne font pas ce lien dans leur article.

Une surveillance exceptionnelle

La presse allemande illustre un autre aspect exceptionnel de l’enquête liée à Boystown, via Tor. tagesschau.de, le portail central d’informations d’ARD, révèle ainsi que fin 2020, le tribunal de Francfort a prononcé une mesure de surveillance inédite, à la demande de la police criminelle fédérale. L’opérateur Telefónica a ainsi été enjoint de surveiller, pendant trois mois, les connexions à l’échelle de ses 43 millions de clients allemands (sous la marque O2), afin de signaler aux autorités toute connexion en direction d’un serveur précis : le point d’entrée supposément utilisé par Andreas G. pour se connecter au réseau Tor. Tagesschau souligne au passage que cette technique, dite IP Catching, a été mise en œuvre sans aucune « base légale explicite ».

« Il s’agit d’une démarche bien intentionnée, mais très créative, des autorités chargées de l’enquête, dans laquelle différents motifs d’intervention du Code de procédure pénale ont été joyeusement rassemblées, ce qui, dans sa forme concrète, a au moins épuisé les limites de ce qui était légalement autorisé », commente pour Tagesschau Dominik Brodowski, un professeur en criminologie de l’université de la Sarre.

Le volet technique lié à Tor a-t-il lui aussi dépassé ces limites ? Pour être efficace dans un laps de temps raisonnable, la technique d’analyse de la taille des paquets suppose en effet que les autorités allemandes aient réussi à infiltrer un volume significatif de serveurs. À défaut, les probabilités qu’un message du suspect passe par l’un des relais surveillés s’effondrent.

De la santé du réseau Tor

L’équipe du projet a choisi de répondre publiquement à la question que pose cette enquête : l’anonymat est-il toujours garanti sur Tor ? Elle rappelle l’introduction, dès 2018, du composant Vanguards, qui vise à limiter les possibilités en matière d’analyse de trafic, et souligne que l’application de messagerie instantanée décentralisée Ricochet, une alternative moderne à TorChat et Tor Messenger, qui aurait été utilisée pour désanonymiser Andreas G., a depuis été mise à jour et intègre justement ce composant, dans sa version actuelle (Ricochet-refresh, fork du client historique).

Reste une question structurelle : le réseau est-il assez vaste, et assez distribué, pour limiter tout risque de surveillance ? Fin 2023, le projet Tor avait révélé avoir procédé à un grand ménage au sein de son architecture distribuée, ayant conduit à la suppression de milliers de relais qualifiés de suspects.

« L’équipe en charge de la santé du réseau a implémenté des processus visant à identifier les grands ensembles de relais susceptibles d’être gérés par des opérateurs uniques ou mal intentionnés », rappelle aujourd’hui le projet Tor. Qui réaffirme sa conviction selon laquelle Tor est aussi anonyme et performant qu’il ne l’a jamais été. Et en appelle pour finir à sa communauté : « Nous encourageons ceux qui le peuvent à se porter volontaires et à contribuer, en bande passante et en relais, pour développer et diversifier le réseau Tor ».

☕️ Nouveau tour de table pour l’assurance santé Alan, valorisée 4 milliards d’euros

20 septembre 2024 à 09:38

L’assurance santé en ligne Alan a annoncé (pdf) vendredi avoir bouclé un nouveau tour de table de 173 millions d’euros pour financer son développement.

Cette levée de fonds associe les investisseurs historiques de la néo-assurance, parmi lesquels les fonds OTPP, Temasek, Coatue, Lakesta, à un nouvel entrant : Belfius, groupe de banque-assurance détenu par l’État fédéral belge.

Outre un apport massif d’argent frais, Alan, qui revendique aujourd’hui 23.000 entreprises clientes et 650.000 utilisateurs finaux entre la France, l’Espagne et la Belgique, bénéficiera ainsi d’un partenaire de poids pour se développer sur ce dernier marché. Belfius y revendique en effet 450 agences, et 3,8 millions de clients, particuliers ou entreprises.

Alan, fondée en 2016, est une habituée des levées de fonds records : en avril 2021, l’entreprise avait atteint le statut symbolique de licorne (startup valorisée au moins 1 milliard d’euros) à l’issue d’un tour de table à 185 millions d’euros. Un an plus tard, elle avait à nouveau levé 183 millions d’euros.

L’opération annoncée vendredi porte désormais la valorisation de l’entreprise à 4 milliards d’euros, indique Alan, qui révèle par ailleurs tabler sur environ 450 millions d’euros de chiffre d’affaires pour son exercice 2024.

La banque belge Belfius avait par ailleurs participé à la levée de fonds de 600 millions d’euros réalisée par Mistral AI en juin dernier.

Depuis 2022, Alan développe également une offre de soins de santé

☕️ Nouveau tour de table pour l’assurance santé Alan, valorisée 4 milliards d’euros

20 septembre 2024 à 09:38

L’assurance santé en ligne Alan a annoncé (pdf) vendredi avoir bouclé un nouveau tour de table de 173 millions d’euros pour financer son développement.

Cette levée de fonds associe les investisseurs historiques de la néo-assurance, parmi lesquels les fonds OTPP, Temasek, Coatue, Lakesta, à un nouvel entrant : Belfius, groupe de banque-assurance détenu par l’État fédéral belge.

Outre un apport massif d’argent frais, Alan, qui revendique aujourd’hui 23.000 entreprises clientes et 650.000 utilisateurs finaux entre la France, l’Espagne et la Belgique, bénéficiera ainsi d’un partenaire de poids pour se développer sur ce dernier marché. Belfius y revendique en effet 450 agences, et 3,8 millions de clients, particuliers ou entreprises.

Alan, fondée en 2016, est une habituée des levées de fonds records : en avril 2021, l’entreprise avait atteint le statut symbolique de licorne (startup valorisée au moins 1 milliard d’euros) à l’issue d’un tour de table à 185 millions d’euros. Un an plus tard, elle avait à nouveau levé 183 millions d’euros.

L’opération annoncée vendredi porte désormais la valorisation de l’entreprise à 4 milliards d’euros, indique Alan, qui révèle par ailleurs tabler sur environ 450 millions d’euros de chiffre d’affaires pour son exercice 2024.

La banque belge Belfius avait par ailleurs participé à la levée de fonds de 600 millions d’euros réalisée par Mistral AI en juin dernier.

Depuis 2022, Alan développe également une offre de soins de santé

Microsoft, Blackrock et Abu Dhabi veulent mobiliser 100 milliards de dollars pour l’IA

19 septembre 2024 à 14:30
Microsoft, Blackrock et Abu Dhabi veulent mobiliser 100 milliards de dollars pour l’IA

Microsoft, BlackRock et MGX, fonds d’investissement adossé aux Émirats arabes unis, ont annoncé mardi le lancement d’une initiative commune, « GAIIP », destinée à financer les infrastructures informatiques et énergétiques dédiées à l’intelligence artificielle. Les trois partenaires prévoient de réunir 30 milliards de capitaux propres, pour mobiliser jusqu’à 100 milliards de dollars à destination de projets essentiellement localisés sur le sol américain.

Mardi, Microsoft et son compatriote BlackRock, premier gestionnaire d’actifs financiers au monde, ont annoncé le lancement d’une initiative conjointe avec GMX, l’un des fonds souverain des Émirats arabes. Les trois sociétés s’associent autour d’un nouveau véhicule financier dédié à l’investissement dans les centres de données, et dans l’ensemble des infrastructures nécessaires à leur fonctionnement.

Baptisé GAIIP, pour Global AI Infrastructure Investment Partnership, ce fonds, ouvert à de nouveaux partenaires, ambitionne d’atteindre rapidement une enveloppe de 30 milliards de dollars. Chacun des trois fondateurs y participe directement, dans des proportions qui n’ont pas été précisées.

30 milliards pour en mobiliser 100

Pourquoi un tel véhicule, alors que Microsoft et tous les grands acteurs du cloud ou de l’informatique investissent déjà lourdement en nom propre ? À plus forte raison quand il existe des fonds spécialisés tels que l’américain Global Infrastructure Partners (100 milliards de dollars d’encours), dont BlackRock bouclera bientôt l’acquisition ? « Les investissements nécessaires à l’infrastructure dédiée à l’IA et aux nouvelles sources d’énergie pour l’alimenter dépassent les moyens financiers d’une entreprise ou d’un gouvernement », répond Brad Smith, président de Microsoft, dans un communiqué conjoint.

Pour les trois partenaires, les 30 milliards de dollars visés par le fonds GAIIP permettront, avec le concours de la dette bancaire, des subventions et des investissements extérieurs, de mobiliser jusqu’à 100 milliards de dollars autour des sujets IA. Une manne dont la dimension stratégique et géopolitique est clairement assumée. « Ces investissements dans les infrastructures seront principalement réalisés aux États-Unis, alimentant l’innovation en matière d’IA et la croissance économique, et le reste sera investi dans les pays partenaires des États-Unis », indiquent les fondateurs.

S’ils sont fléchés sur le plan géographique, les investissements se veulent agnostiques sur le plan technologique, au service d’une « architecture ouverte et d’un large écosystème ». Si son nom n’est pas (encore ?) cité au rang des investisseurs, NVIDIA s’affiche par ailleurs, sans surprise, en soutien de la démarche.

Alors que le Chili s’inquiète des conséquences sur l’approvisionnement en eau d’un projet de centre de données porté par Google, et que la grogne monte dans certains États américains quant à la concurrence que font peser ces infrastructures sur l’alimentation électrique générale, les fondateurs du fonds GAIIP ne précisent pas leur stratégie en matière d’énergies, avançant simplement des investissements dans des projets « durables ».

Course à l’armement

Cette nouvelle initiative illustre les deux volets, financiers et géopolitiques, de la course à l’armement qui anime le marché des infrastructures informatiques. D’un côté, les investissements et les opérations de concentration se multiplient, aux États-Unis comme dans le reste du monde. Rien qu’en 2024, Microsoft a annoncé des enveloppes qui se comptent en milliards de dollars pour des projets de centres de données répartis dans une dizaine de pays à la surface du globe. Amazon, qui n’a de cesse d’étendre ses capacités aux États-Unis, vient de chiffrer à près de 10 milliards d’euros ses futurs projets au Royaume-Uni. Equinix, poids lourd de location, affiche quant à lui la bagatelle de 54 projets « majeurs » en cours de construction dans 24 pays différents.

Une frénésie qui ne concerne d’ailleurs pas que les acteurs américains. Iliad, maison mère de l’opérateur Free, a ainsi dévoilé au printemps dernier un plan d’investissement à hauteur de 2,5 milliards d’euros sur dix ans pour ses centres de données européens. « La mobilisation de capitaux privés pour construire l’infrastructure nécessaire à l’IA ouvrira une opportunité d’investissement à long terme de plusieurs milliers de milliards de dollars », veut croire Larry Fink, CEO de BlackRock.

Quelle force de frappe pour l’Europe ?

Si le rythme des investissements s’intensifie, c’est aussi parce que le contexte est particulièrement favorable aux soutiens étatiques. Aux États-Unis, où le Chips Act, loi en faveur de la souveraineté dans la production de semi-conducteurs, vient par exemple de jouer un rôle non négligeable dans les récentes orientations stratégiques du géant Intel, au détriment du propre Chips Act européen. La France cultive elle aussi soigneusement son attractivité en la matière, et n’hésite pas à mettre la main au porte-monnaie pour fédérer des projets d’infrastructures informatiques. En mai dernier, Microsoft a ainsi annoncé 4 milliards d’euros d’investissement « au service de l’intelligence artificielle » dans l’Hexagone, qui n’auraient pas été validés sans un geste de soutien significatif.

Dans ce contexte, de quelle force de frappe se dotera l’Europe ? La position en la matière de la Commission européenne, qui vient tout juste d’installer ses nouveaux commissaires, est particulièrement attendue. À plus forte raison quand le récent rapport Draghi sur l’avenir de la compétitivité européenne pointe du doigt le retard pris par le Vieux continent en matière de cloud, faute d’investissements suffisamment « massifs et continus ».

Microsoft, Blackrock et Abu Dhabi veulent mobiliser 100 milliards de dollars pour l’IA

19 septembre 2024 à 14:30
Microsoft, Blackrock et Abu Dhabi veulent mobiliser 100 milliards de dollars pour l’IA

Microsoft, BlackRock et MGX, fonds d’investissement adossé aux Émirats arabes unis, ont annoncé mardi le lancement d’une initiative commune, « GAIIP », destinée à financer les infrastructures informatiques et énergétiques dédiées à l’intelligence artificielle. Les trois partenaires prévoient de réunir 30 milliards de capitaux propres, pour mobiliser jusqu’à 100 milliards de dollars à destination de projets essentiellement localisés sur le sol américain.

Mardi, Microsoft et son compatriote BlackRock, premier gestionnaire d’actifs financiers au monde, ont annoncé le lancement d’une initiative conjointe avec GMX, l’un des fonds souverain des Émirats arabes. Les trois sociétés s’associent autour d’un nouveau véhicule financier dédié à l’investissement dans les centres de données, et dans l’ensemble des infrastructures nécessaires à leur fonctionnement.

Baptisé GAIIP, pour Global AI Infrastructure Investment Partnership, ce fonds, ouvert à de nouveaux partenaires, ambitionne d’atteindre rapidement une enveloppe de 30 milliards de dollars. Chacun des trois fondateurs y participe directement, dans des proportions qui n’ont pas été précisées.

30 milliards pour en mobiliser 100

Pourquoi un tel véhicule, alors que Microsoft et tous les grands acteurs du cloud ou de l’informatique investissent déjà lourdement en nom propre ? À plus forte raison quand il existe des fonds spécialisés tels que l’américain Global Infrastructure Partners (100 milliards de dollars d’encours), dont BlackRock bouclera bientôt l’acquisition ? « Les investissements nécessaires à l’infrastructure dédiée à l’IA et aux nouvelles sources d’énergie pour l’alimenter dépassent les moyens financiers d’une entreprise ou d’un gouvernement », répond Brad Smith, président de Microsoft, dans un communiqué conjoint.

Pour les trois partenaires, les 30 milliards de dollars visés par le fonds GAIIP permettront, avec le concours de la dette bancaire, des subventions et des investissements extérieurs, de mobiliser jusqu’à 100 milliards de dollars autour des sujets IA. Une manne dont la dimension stratégique et géopolitique est clairement assumée. « Ces investissements dans les infrastructures seront principalement réalisés aux États-Unis, alimentant l’innovation en matière d’IA et la croissance économique, et le reste sera investi dans les pays partenaires des États-Unis », indiquent les fondateurs.

S’ils sont fléchés sur le plan géographique, les investissements se veulent agnostiques sur le plan technologique, au service d’une « architecture ouverte et d’un large écosystème ». Si son nom n’est pas (encore ?) cité au rang des investisseurs, NVIDIA s’affiche par ailleurs, sans surprise, en soutien de la démarche.

Alors que le Chili s’inquiète des conséquences sur l’approvisionnement en eau d’un projet de centre de données porté par Google, et que la grogne monte dans certains États américains quant à la concurrence que font peser ces infrastructures sur l’alimentation électrique générale, les fondateurs du fonds GAIIP ne précisent pas leur stratégie en matière d’énergies, avançant simplement des investissements dans des projets « durables ».

Course à l’armement

Cette nouvelle initiative illustre les deux volets, financiers et géopolitiques, de la course à l’armement qui anime le marché des infrastructures informatiques. D’un côté, les investissements et les opérations de concentration se multiplient, aux États-Unis comme dans le reste du monde. Rien qu’en 2024, Microsoft a annoncé des enveloppes qui se comptent en milliards de dollars pour des projets de centres de données répartis dans une dizaine de pays à la surface du globe. Amazon, qui n’a de cesse d’étendre ses capacités aux États-Unis, vient de chiffrer à près de 10 milliards d’euros ses futurs projets au Royaume-Uni. Equinix, poids lourd de location, affiche quant à lui la bagatelle de 54 projets « majeurs » en cours de construction dans 24 pays différents.

Une frénésie qui ne concerne d’ailleurs pas que les acteurs américains. Iliad, maison mère de l’opérateur Free, a ainsi dévoilé au printemps dernier un plan d’investissement à hauteur de 2,5 milliards d’euros sur dix ans pour ses centres de données européens. « La mobilisation de capitaux privés pour construire l’infrastructure nécessaire à l’IA ouvrira une opportunité d’investissement à long terme de plusieurs milliers de milliards de dollars », veut croire Larry Fink, CEO de BlackRock.

Quelle force de frappe pour l’Europe ?

Si le rythme des investissements s’intensifie, c’est aussi parce que le contexte est particulièrement favorable aux soutiens étatiques. Aux États-Unis, où le Chips Act, loi en faveur de la souveraineté dans la production de semi-conducteurs, vient par exemple de jouer un rôle non négligeable dans les récentes orientations stratégiques du géant Intel, au détriment du propre Chips Act européen. La France cultive elle aussi soigneusement son attractivité en la matière, et n’hésite pas à mettre la main au porte-monnaie pour fédérer des projets d’infrastructures informatiques. En mai dernier, Microsoft a ainsi annoncé 4 milliards d’euros d’investissement « au service de l’intelligence artificielle » dans l’Hexagone, qui n’auraient pas été validés sans un geste de soutien significatif.

Dans ce contexte, de quelle force de frappe se dotera l’Europe ? La position en la matière de la Commission européenne, qui vient tout juste d’installer ses nouveaux commissaires, est particulièrement attendue. À plus forte raison quand le récent rapport Draghi sur l’avenir de la compétitivité européenne pointe du doigt le retard pris par le Vieux continent en matière de cloud, faute d’investissements suffisamment « massifs et continus ».

Une attaque via des bipeurs explosifs fait des milliers de blessés et des morts

17 septembre 2024 à 16:35
Vous avez un nou…
Une attaque via des bipeurs explosifs fait des milliers de blessés et des morts

Une attaque, conduite grâce à l’explosion simultanée de bipeurs, a blessé plus de 2 700 personnes au Liban et en Syrie mardi, parmi lesquelles plusieurs centaines de membres du Hezbollah, selon des responsables cités par Reuters et l’agence AP.

Une attaque inédite a marqué mardi le conflit entre Israël et le Hezbollah, avec l’explosion simultanée, dans l’après-midi, de plusieurs centaines de bipeurs. D’après les premiers constats, « huit personnes ont été tuées et près de 2 750 autres blessées », a annoncé le ministre de la Santé Firass Abiad, comme le rapporte La Presse. L’attaque ciblait particulièrement des membres du Hezbollah. L’ambassadeur iranien au Liban figure également parmi les blessés, selon la télévision d’État iranienne.

La « plus importante brèche de sécurité »

Sous couvert d’anonymat, un officiel du Hezbollah évoque, auprès de Reuters, une attaque rendue possible par la « plus importante brèche de sécurité » constatée par le mouvement depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas. À ce stade, l’opération n’a pas été revendiquée par Israël. Au-delà des répercussions attendues sur le conflit israélo-palestinien, et du risque accru d’escalade à l’approche de l’anniversaire du 7 octobre, par quel vecteur l’attaque a-t-elle pu être réalisée ?

Le caractère simultané des explosions et l’échelle de l’attaque confirme une opération soigneusement préparée. Elle intervient quelques mois après que Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, a appelé ses troupes à ne plus utiliser de smartphones pour prévenir d’éventuels piratages opérés par les forces israéliennes. D’où le recours à ces bipeurs (ou pagers), des appareils radio moins sophistiqués. L’attaquant a-t-il cependant pénétré le réseau de ses pagers, comme le suppose une journaliste d’Al-Jazeera ?

Quoi qu’il en soit, plusieurs spécialistes du Moyen-Orient décrivent cette attaque comme étant « sans précédent », comme le rapporte la BBC. Reste maintenant à connaitre le modus operandi de cette opération. De nombreuses pistes sont ouvertes, avec peu de certitudes.

Attaque matérielle, logicielle, supply chain ?

Même s’il arrive de temps en temps qu’un téléphone prenne feu en raison d’une batterie défaillante, il apparait difficile de commander, à distance et sans modification matérielle, la destruction totale de l’appareil, à plus forte raison avec des dégâts suffisants pour blesser ou tuer celui qui le porte, le tout avec une synchronisation sur des centaines d’appareils.

L’hypothèse d’une modification matérielle des appareils, avant que ces derniers ne soient distribués, apparait donc vraisemblable. Selon plusieurs sources et retours chez nos confrères, « certaines personnes ont senti les bipeurs chauffer, puis les ont jetés avant qu’ils n’explosent ».

« Les bipeurs qui ont explosé étaient le dernier modèle introduit par le Hezbollah ces derniers mois », écrit d’ailleurs l’agence Reuters sur la base de sources locales. La dimension logicielle n’est toutefois pas totalement absente de l’équation, puisque l’explosion quasi-simultanée a été programmée ou déclenchée à distance.

« Il s’agit essentiellement de placer une bombe dans un appareil et de la connecter à un déclencheur logiciel », commente auprès de Forbes Patrick Wardle, un spécialiste de la cybersécurité passé par les rangs de la NSA, qui rappelle ses propres travaux en la matière. En 2014, après avoir identifié des vulnérabilités au sein des caméras de surveillance Nest / DropCam, il avait, avec son comparse Colby Moore et pour une démonstration lors de la conférence Defcon, piégé des caméras afin que celles-ci explosent avec une opération de reconnaissance faciale comme activateur.

Un Pager de chez Gold Apollo ?

Sur la base des premières images diffusées en ligne, plusieurs spécialistes de la cybersécurité se sont attelés à essayer d’identifier l’appareil mis en cause.

Selon les premiers constats, il pourrait s’agir du Pager AR924 (archive), un bipeur construit par le fabricant taiwanais Gold Apollo. Un appareil « durci », doté d’une batterie lithium-ion remplaçable, elle-même assortie d’un circuit de type PCM (Protection Circuit Module), nettement moins sophistiqué que le BMS (Battery Management System) qui équipe la plupart des appareils connectés.

Dicen que son estos: https://t.co/W1xyxYcGew

Las specs dicen que tienen batería de litio. pic.twitter.com/Twi4r9VBSs

— Diego Gomez Deck 🇺🇦🇪🇺 (@DiegoGomezDeck) September 17, 2024

Quelques heures après cette attaque, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a publié un communiqué pour dénoncer les « rumeurs et théories du complot concernant les types de systèmes de communication en place à l’AUB, essayant de lier l’AUB à cet événement tragique ». « Notre infrastructure pour les bipeurs a été mis à jour en avril 2024. Le passage sur le nouveau système a eu lieu le 29 août 2024. L’objectif de cette mise à jour était d’améliorer les communications d’urgence, car plusieurs appareils et systèmes étaient devenus obsolètes », ajoute l’AUB.

Une attaque via des bipeurs explosifs fait des milliers de blessés et des morts

17 septembre 2024 à 16:35
Vous avez un nou…
Une attaque via des bipeurs explosifs fait des milliers de blessés et des morts

Une attaque, conduite grâce à l’explosion simultanée de bipeurs, a blessé plus de 2 700 personnes au Liban et en Syrie mardi, parmi lesquelles plusieurs centaines de membres du Hezbollah, selon des responsables cités par Reuters et l’agence AP.

Une attaque inédite a marqué mardi le conflit entre Israël et le Hezbollah, avec l’explosion simultanée, dans l’après-midi, de plusieurs centaines de bipeurs. D’après les premiers constats, « huit personnes ont été tuées et près de 2 750 autres blessées », a annoncé le ministre de la Santé Firass Abiad, comme le rapporte La Presse. L’attaque ciblait particulièrement des membres du Hezbollah. L’ambassadeur iranien au Liban figure également parmi les blessés, selon la télévision d’État iranienne.

La « plus importante brèche de sécurité »

Sous couvert d’anonymat, un officiel du Hezbollah évoque, auprès de Reuters, une attaque rendue possible par la « plus importante brèche de sécurité » constatée par le mouvement depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas. À ce stade, l’opération n’a pas été revendiquée par Israël. Au-delà des répercussions attendues sur le conflit israélo-palestinien, et du risque accru d’escalade à l’approche de l’anniversaire du 7 octobre, par quel vecteur l’attaque a-t-elle pu être réalisée ?

Le caractère simultané des explosions et l’échelle de l’attaque confirme une opération soigneusement préparée. Elle intervient quelques mois après que Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, a appelé ses troupes à ne plus utiliser de smartphones pour prévenir d’éventuels piratages opérés par les forces israéliennes. D’où le recours à ces bipeurs (ou pagers), des appareils radio moins sophistiqués. L’attaquant a-t-il cependant pénétré le réseau de ses pagers, comme le suppose une journaliste d’Al-Jazeera ?

Quoi qu’il en soit, plusieurs spécialistes du Moyen-Orient décrivent cette attaque comme étant « sans précédent », comme le rapporte la BBC. Reste maintenant à connaitre le modus operandi de cette opération. De nombreuses pistes sont ouvertes, avec peu de certitudes.

Attaque matérielle, logicielle, supply chain ?

Même s’il arrive de temps en temps qu’un téléphone prenne feu en raison d’une batterie défaillante, il apparait difficile de commander, à distance et sans modification matérielle, la destruction totale de l’appareil, à plus forte raison avec des dégâts suffisants pour blesser ou tuer celui qui le porte, le tout avec une synchronisation sur des centaines d’appareils.

L’hypothèse d’une modification matérielle des appareils, avant que ces derniers ne soient distribués, apparait donc vraisemblable. Selon plusieurs sources et retours chez nos confrères, « certaines personnes ont senti les bipeurs chauffer, puis les ont jetés avant qu’ils n’explosent ».

« Les bipeurs qui ont explosé étaient le dernier modèle introduit par le Hezbollah ces derniers mois », écrit d’ailleurs l’agence Reuters sur la base de sources locales. La dimension logicielle n’est toutefois pas totalement absente de l’équation, puisque l’explosion quasi-simultanée a été programmée ou déclenchée à distance.

« Il s’agit essentiellement de placer une bombe dans un appareil et de la connecter à un déclencheur logiciel », commente auprès de Forbes Patrick Wardle, un spécialiste de la cybersécurité passé par les rangs de la NSA, qui rappelle ses propres travaux en la matière. En 2014, après avoir identifié des vulnérabilités au sein des caméras de surveillance Nest / DropCam, il avait, avec son comparse Colby Moore et pour une démonstration lors de la conférence Defcon, piégé des caméras afin que celles-ci explosent avec une opération de reconnaissance faciale comme activateur.

Un Pager de chez Gold Apollo ?

Sur la base des premières images diffusées en ligne, plusieurs spécialistes de la cybersécurité se sont attelés à essayer d’identifier l’appareil mis en cause.

Selon les premiers constats, il pourrait s’agir du Pager AR924 (archive), un bipeur construit par le fabricant taiwanais Gold Apollo. Un appareil « durci », doté d’une batterie lithium-ion remplaçable, elle-même assortie d’un circuit de type PCM (Protection Circuit Module), nettement moins sophistiqué que le BMS (Battery Management System) qui équipe la plupart des appareils connectés.

Dicen que son estos: https://t.co/W1xyxYcGew

Las specs dicen que tienen batería de litio. pic.twitter.com/Twi4r9VBSs

— Diego Gomez Deck 🇺🇦🇪🇺 (@DiegoGomezDeck) September 17, 2024

Quelques heures après cette attaque, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a publié un communiqué pour dénoncer les « rumeurs et théories du complot concernant les types de systèmes de communication en place à l’AUB, essayant de lier l’AUB à cet événement tragique ». « Notre infrastructure pour les bipeurs a été mis à jour en avril 2024. Le passage sur le nouveau système a eu lieu le 29 août 2024. L’objectif de cette mise à jour était d’améliorer les communications d’urgence, car plusieurs appareils et systèmes étaient devenus obsolètes », ajoute l’AUB.

☕️ Stéphane Séjourné nommé commissaire européen à la « prospérité »

17 septembre 2024 à 09:44

Deux mois après sa réélection à la présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a dévoilé mardi matin l’équipe des 25 commissaires qui devrait, sauf veto du Parlement, incarner son exécutif pour les cinq prochaines années.

Suite à la démission surprise de Thierry Breton, pourtant candidat officiellement déclaré par la France dans l’été, c’est finalement Stéphane Séjourné, proposé lundi par l’Élysée, qui représentera l’Hexagone dans cette équipe. Il se voit proposer une vice-présidence, assortie d’un portefeuille dédié à la « stratégie industrielle et à la prospérité ».

Séjourné devrait ainsi chapeauter l’ensemble des politiques européennes dédiées aux problématiques de souveraineté industrielle, de réindustrialisation et de compétitivité. « Il sera également responsable du portefeuille de l’industrie, des PME et du Marché unique. Il guidera le travail pour mettre en place les conditions pour que nos entreprises prospèrent – de l’investissement et de l’innovation à la stabilité économique, au commerce et à la sécurité économique », a précisé la présidente mardi matin.

Un portefeuille aux contours légèrement revus par rapport à celui de son prédécesseur, Thierry Breton. La répartition opérée par Ursula von der Leyen cloisonne en effet plus étroitement les sujets. Ainsi, les questions de souveraineté numérique et de sécurité atterrissent dans le portefeuille de la Finlandaise Henna Virkkunen, alors que les startups, la recherche et l’innovation incombent au mandat confié à la Bulgare Ekaterina Zakharieva. La Commission européenne inaugure par ailleurs un nouveau commissariat dédié aux questions de défense et d’espace, mené par le Lituanien Andrius Kubilius.

Selon l’usage, le casting présenté mardi matin par la présidente – sur la base des candidats qui lui ont été proposés par les états-membres – doit encore obtenir l’aval du Parlement, ce qui passera par une audition des 25 impétrants sur les problématiques clés de leur nouveau portefeuille… et donc par des questions sur leur niveau d’expertise. « Nous ne leur demandons pas d’être des techniciens, mais de piloter des politiques », veut désamorcer Ursula von der Leyen.

Proche d’Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné est depuis janvier 2024 ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, aujourd’hui démissionnaire, dans le gouvernement de Gabriel Attal. Il est également président du groupe Renew au Parlement européen depuis 2021.

Intel Foundry : réorientation stratégique et annonces clés

17 septembre 2024 à 06:29
So long, german factory...
Intel Foundry : réorientation stratégique et annonces clés

Après des semaines d’incertitude, Pat Gelsinger, CEO d’Intel, a dévoilé lundi sa nouvelle feuille de route stratégique en matière de production industrielle. Au programme : la création d’une filiale dédiée aux activités de fonderie, un gigantesque contrat avec Amazon, une aide fédérale de plus de 3 milliards de dollars et une politique générale de rationalisation des investissements, particulièrement en Europe.  

Couper dans les dépenses, intensifier la politique de sous-traitance, concentrer les investissements sur les activités les plus génératrices de cash, et créer une structure susceptible d’accueillir des investisseurs tiers : voilà en substance la teneur des décisions stratégiques formulées lundi par Pat Gelsinger, patron d’Intel depuis 2021.

La prise de parole s’imposait : le géant américain des semi-conducteurs est en effet sous les feux des projecteurs depuis la publication de résultats financiers décevants au deuxième trimestre. Début août, il avait annoncé un plan social concernant jusqu’à 15 000 salariés et un objectif de réduction des dépenses de l’ordre de 10 milliards par an dès 2025, mais sans préciser la teneur exacte de la réorganisation associée. Un plan d’action était attendu pour septembre, il est là.

Intel Foundry : l’activité fonderie devient une filiale

L’activité fonderie, qui englobe l’ensemble des usines d’Intel dédiées à la fabrication de semi-conducteurs, est au cœur des annonces : elle est en effet extrêmement consommatrice de cash, aussi bien en phase d’investissement (construction de nouvelle usine par exemple) qu’en termes de gestion opérationnelle (frais de fonctionnement, mise à niveau des machines, etc.).

Sur ce volet, le géant américain annonce la création d’une filiale dédiée, Intel Foundry. Intel Foundry est le renommage d’Intel Foundry Services annoncé en 2021. Il était alors question d’ouvrir sa fonderie à des partenaires pour la fabrication de puce.

Elle pilotera donc son propre compte d’exploitation et bénéficiera d’une forme d’autonomie vis-à-vis du groupe, ce qui devrait, selon Pat Gelsinger, rassurer à la fois les clients et les fournisseurs des usines Intel.

« Cela nous donne surtout la flexibilité future d’évaluer des sources de financement indépendantes et d’optimiser la structure capitalistique de chaque entité afin de maximiser la croissance et la création de valeur pour les actionnaires », écrit le CEO d’Intel. Traduction ? Intel ouvre la porte de ses usines à d’éventuels investisseurs externes même si pour l’instant, la filiale reste 100 % détenue par le groupe, avec une gouvernance inchangée.

L’usine en Allemagne retardée d’au moins deux ans

Sans surprise, Intel procède dans le même temps à une rationalisation des investissements prévus dans ses usines, avec une première conséquence très directe en Europe : le gel du projet à plus de 30 milliards de dollars annoncé par Intel en Allemagne. Le fondeur avait pourtant recueilli un soutien financier significatif dans le cadre de la politique de réindustrialisation européenne. L’usine polonaise est également abandonnée pour au moins deux ans.

À la place, Intel appuiera ses activités industrielles en Europe sur son usine irlandaise, dont les capacités ont récemment été renforcées. S’il maintient le projet, déjà bien avancé, du développement de son usine malaisienne, le groupe déclare concentrer, pour le reste, ses investissements sur le sol américain. « Maintenant que nous avons achevé notre transition vers la technologie EUV, il est temps de passer d’une période d’investissement accéléré à une cadence plus normale de développement des procédés de gravure et à un plan d’investissement plus souple et plus efficace », résume le CEO.

Début septembre, le groupe avait déjà signalé l’arrêt des travaux autour de son procédé Intel 20A, pour concentrer ses efforts autour du procédé Intel 18A.

Rationaliser le portefeuille produits

Début août, Intel avait annoncé une revue stratégique de l’ensemble de ses divisions. « Nous prenons également des mesures pour renforcer et rationaliser notre portefeuille produits, au sein duquel nous avons identifié des opportunités claires pour mieux concentrer nos forces et améliorer notre efficacité », déclare aujourd’hui Pat Gelsinger.

Outre quelques réallocations internes (l’activité Integrated Photonics Solutions rejoint par exemple la division Datacenter et produits IA), Intel réaffirme à cette occasion son ambition de se concentrer sur la franchise x86 et de décliner plus largement cette dernière sur les marchés professionnels liés au traitement de données et à l’intelligence artificielle.

Pour ce faire, Intel mise sur les capacités industrielles que devrait lui conférer son procédé de fabrication Intel 18A. Attendu dans ses propres produits, au travers des processeurs Panther Lake (CPU pour ordinateur) et Clearwater Forest (CPU serveur) dès 2025, l’Intel 18A va surtout permettre la création de processeurs personnalisés pour un client de taille.

Un immense contrat avec AWS

Intel a, en effet, dévoilé lundi la signature d’un contrat « sur plusieurs années et pour plusieurs milliards de dollars » avec AWS (Amazon Web Services). Il prend la forme d’un investissement conjoint, autour de capacités de production dédiées à la fabrication de puces x86 personnalisées selon les besoins du géant du cloud.

Au programme : des puces dédiées à l’IA (NPU) en Intel A18, mais aussi un Xeon 6 produit selon le procédé Intel 3 (déjà déployé dans plusieurs usines américaines), dans le prolongement des accords commerciaux qui lient déjà les deux entreprises. « Nous prévoyons plus largement avec AWS de nouveaux designs faisant appel à Intel 18A, Intel 18AP et Intel 14A », indique le groupe.

Intel avait déjà annoncé au début de l’année un autre partenaire de choix : Microsoft pour ses puces maison Maia 100 (IA) et Cobalt 100 (CPU)

3 milliards de dollars d’aides fédérales

À cette promesse de chiffre d’affaires, Intel ajoute une autre manne, sous forme de subvention cette fois. Le groupe annonce en effet s’être vu attribuer une aide financière de 3 milliards de dollars de la part du gouvernement fédéral américain, dans le cadre du CHIPS and Science Act, le programme de soutien aux investissements dans les semi-conducteurs. « En tant que seule entreprise américaine qui conçoit et fabrique des puces logiques de pointe, nous contribuerons à sécuriser la chaîne d’approvisionnement nationale », déclare Intel dans un communiqué.

Saluées positivement par la bourse américaine, ces annonces ne signent toutefois pas la fin des opérations de restructuration interne. Intel précise ainsi avoir encore à réaliser près de la moitié de son plan social. « Nous avons encore des décisions difficiles à prendre et nous informerons les employés concernés à la mi-octobre. En outre, nous mettons en œuvre des plans de réduction ou d’abandon d’environ deux tiers de nos biens immobiliers dans le monde d’ici à la fin de l’année », indique le groupe.

Intel Foundry : réorientation stratégique et annonces clés

17 septembre 2024 à 06:29
So long, german factory...
Intel Foundry : réorientation stratégique et annonces clés

Après des semaines d’incertitude, Pat Gelsinger, CEO d’Intel, a dévoilé lundi sa nouvelle feuille de route stratégique en matière de production industrielle. Au programme : la création d’une filiale dédiée aux activités de fonderie, un gigantesque contrat avec Amazon, une aide fédérale de plus de 3 milliards de dollars et une politique générale de rationalisation des investissements, particulièrement en Europe.  

Couper dans les dépenses, intensifier la politique de sous-traitance, concentrer les investissements sur les activités les plus génératrices de cash, et créer une structure susceptible d’accueillir des investisseurs tiers : voilà en substance la teneur des décisions stratégiques formulées lundi par Pat Gelsinger, patron d’Intel depuis 2021.

La prise de parole s’imposait : le géant américain des semi-conducteurs est en effet sous les feux des projecteurs depuis la publication de résultats financiers décevants au deuxième trimestre. Début août, il avait annoncé un plan social concernant jusqu’à 15 000 salariés et un objectif de réduction des dépenses de l’ordre de 10 milliards par an dès 2025, mais sans préciser la teneur exacte de la réorganisation associée. Un plan d’action était attendu pour septembre, il est là.

Intel Foundry : l’activité fonderie devient une filiale

L’activité fonderie, qui englobe l’ensemble des usines d’Intel dédiées à la fabrication de semi-conducteurs, est au cœur des annonces : elle est en effet extrêmement consommatrice de cash, aussi bien en phase d’investissement (construction de nouvelle usine par exemple) qu’en termes de gestion opérationnelle (frais de fonctionnement, mise à niveau des machines, etc.).

Sur ce volet, le géant américain annonce la création d’une filiale dédiée, Intel Foundry. Intel Foundry est le renommage d’Intel Foundry Services annoncé en 2021. Il était alors question d’ouvrir sa fonderie à des partenaires pour la fabrication de puce.

Elle pilotera donc son propre compte d’exploitation et bénéficiera d’une forme d’autonomie vis-à-vis du groupe, ce qui devrait, selon Pat Gelsinger, rassurer à la fois les clients et les fournisseurs des usines Intel.

« Cela nous donne surtout la flexibilité future d’évaluer des sources de financement indépendantes et d’optimiser la structure capitalistique de chaque entité afin de maximiser la croissance et la création de valeur pour les actionnaires », écrit le CEO d’Intel. Traduction ? Intel ouvre la porte de ses usines à d’éventuels investisseurs externes même si pour l’instant, la filiale reste 100 % détenue par le groupe, avec une gouvernance inchangée.

L’usine en Allemagne retardée d’au moins deux ans

Sans surprise, Intel procède dans le même temps à une rationalisation des investissements prévus dans ses usines, avec une première conséquence très directe en Europe : le gel du projet à plus de 30 milliards de dollars annoncé par Intel en Allemagne. Le fondeur avait pourtant recueilli un soutien financier significatif dans le cadre de la politique de réindustrialisation européenne. L’usine polonaise est également abandonnée pour au moins deux ans.

À la place, Intel appuiera ses activités industrielles en Europe sur son usine irlandaise, dont les capacités ont récemment été renforcées. S’il maintient le projet, déjà bien avancé, du développement de son usine malaisienne, le groupe déclare concentrer, pour le reste, ses investissements sur le sol américain. « Maintenant que nous avons achevé notre transition vers la technologie EUV, il est temps de passer d’une période d’investissement accéléré à une cadence plus normale de développement des procédés de gravure et à un plan d’investissement plus souple et plus efficace », résume le CEO.

Début septembre, le groupe avait déjà signalé l’arrêt des travaux autour de son procédé Intel 20A, pour concentrer ses efforts autour du procédé Intel 18A.

Rationaliser le portefeuille produits

Début août, Intel avait annoncé une revue stratégique de l’ensemble de ses divisions. « Nous prenons également des mesures pour renforcer et rationaliser notre portefeuille produits, au sein duquel nous avons identifié des opportunités claires pour mieux concentrer nos forces et améliorer notre efficacité », déclare aujourd’hui Pat Gelsinger.

Outre quelques réallocations internes (l’activité Integrated Photonics Solutions rejoint par exemple la division Datacenter et produits IA), Intel réaffirme à cette occasion son ambition de se concentrer sur la franchise x86 et de décliner plus largement cette dernière sur les marchés professionnels liés au traitement de données et à l’intelligence artificielle.

Pour ce faire, Intel mise sur les capacités industrielles que devrait lui conférer son procédé de fabrication Intel 18A. Attendu dans ses propres produits, au travers des processeurs Panther Lake (CPU pour ordinateur) et Clearwater Forest (CPU serveur) dès 2025, l’Intel 18A va surtout permettre la création de processeurs personnalisés pour un client de taille.

Un immense contrat avec AWS

Intel a, en effet, dévoilé lundi la signature d’un contrat « sur plusieurs années et pour plusieurs milliards de dollars » avec AWS (Amazon Web Services). Il prend la forme d’un investissement conjoint, autour de capacités de production dédiées à la fabrication de puces x86 personnalisées selon les besoins du géant du cloud.

Au programme : des puces dédiées à l’IA (NPU) en Intel A18, mais aussi un Xeon 6 produit selon le procédé Intel 3 (déjà déployé dans plusieurs usines américaines), dans le prolongement des accords commerciaux qui lient déjà les deux entreprises. « Nous prévoyons plus largement avec AWS de nouveaux designs faisant appel à Intel 18A, Intel 18AP et Intel 14A », indique le groupe.

Intel avait déjà annoncé au début de l’année un autre partenaire de choix : Microsoft pour ses puces maison Maia 100 (IA) et Cobalt 100 (CPU)

3 milliards de dollars d’aides fédérales

À cette promesse de chiffre d’affaires, Intel ajoute une autre manne, sous forme de subvention cette fois. Le groupe annonce en effet s’être vu attribuer une aide financière de 3 milliards de dollars de la part du gouvernement fédéral américain, dans le cadre du CHIPS and Science Act, le programme de soutien aux investissements dans les semi-conducteurs. « En tant que seule entreprise américaine qui conçoit et fabrique des puces logiques de pointe, nous contribuerons à sécuriser la chaîne d’approvisionnement nationale », déclare Intel dans un communiqué.

Saluées positivement par la bourse américaine, ces annonces ne signent toutefois pas la fin des opérations de restructuration interne. Intel précise ainsi avoir encore à réaliser près de la moitié de son plan social. « Nous avons encore des décisions difficiles à prendre et nous informerons les employés concernés à la mi-octobre. En outre, nous mettons en œuvre des plans de réduction ou d’abandon d’environ deux tiers de nos biens immobiliers dans le monde d’ici à la fin de l’année », indique le groupe.

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