Vue normale

Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
À partir d’avant-hierFlux principal

TuxRun et le noyau Linux

Il y a quelques années, je vous avais présenté TuxMake, un utilitaire pour faciliter la (cross-)compilation du noyau Linux supportant une grande variété de toolchains différentes : TuxMake et le noyau Linux.

TuxMake facilitant la compilation du noyau Linux, nous nous sommes alors attaqués à rendre l’exécution de ces noyaux plus aisée : ainsi est né TuxRun.

Exemples

TuxRun propose une interface en ligne de commande simple pour exécuter un noyau dans QEMU. TuxRun se charge de fournir un environnement suffisant pour démarrer le noyau avec QEMU.

tuxrun --device qemu-arm64 \
       --kernel https://example.com/arm64/Image

TuxRun va alors télécharger le noyau et un système de fichier compatible avec ARM64 puis lancer qemu-system-arm64 avec les bons arguments et afficher les logs du boot.

La ligne de commande de qemu générée par TuxRun est la suivante :

/usr/bin/qemu-system-aarch64 \
    -cpu max,pauth-impdef=on \
    -machine virt,virtualization=on,gic-version=3,mte=on \
    -nographic -nic none -m 4G -monitor none -no-reboot -smp 2 \
    -kernel /.../Image \
    -append "console=ttyAMA0,115200 rootwait root=/dev/vda debug verbose console_msg_format=syslog systemd.log_level=warning earlycon" \
    -drive file=/.../rootfs.ext4,if=none,format=raw,id=hd0 \
    -device virtio-blk-device,drive=hd0

Il est également possible de lancer une suite de tests directement depuis la ligne de commande :

tuxrun --device qemu-arm64 \
       --kernel https://example.com/arm64/Image \
       --tests ltp-smoke

Les résultats de la suite de test seront analysés par TuxRun et la valeur de retour de TuxRun sera 0 uniquement si la suite de tests passe intégralement. Ceci permet d’utiliser TuxRun pour valider qu’une suite de tests donnée fonctionne toujours correctement sur un nouveau noyau.

Architectures

QEMU

Grâce à QEMU, TuxRun supporte de nombreuses architectures:
- ARM: v5/v7/v7be/64/64be
- Intel/AMD: i386/x86_64
- MIPS: 32/32el/64/64el
- PPC: 32/64/64le
- RISCV: 32/64
- sh4, sparc64, …

La liste complète est disponible dans la documentation.

FVP

Il est également possible d’utiliser FVP, le simulateur de ARM pour simuler un processeur ARMv9. FVP est un simulateur bien plus précis que QEMU au prix d’un temps d’exécution bien supérieur.

FVP permettant de configurer et simuler de nombreux composants du processeur, TuxRun propose une configuration permettant de démarrer et tester Linux dans un temps raisonnable.

tuxrun --device fvp-aemva \
       --kernel https://example.com/arm64/Image \
       --tests ltp-smoke \
       --image tuxrun:fvp

ARM ne permettant pas (pour le moment) de redistribuer les binaires FVP, il faut construire localement le container tuxrun:fvp.

Système de fichiers

Par défaut, TuxRun télécharge et utilise un système de fichier compatible avec l’architecture cible. TuxRun fournit donc 20 systèmes de fichiers différents, un pour chaque architecture disponible.

Ces systèmes de fichiers sont basés sur buildroot et comportent les outils nécessaires pour faire tourner la majorité des suites de tests supportés par TuxRun. La liste complète est disponible dans la documentation.

Il est également possible d’utiliser un autre système de fichiers :

tuxrun --device qemu-arm64 \
       --kernel https://example.com/Image \
       --rootfs https://example.com/rootfs.ext4.zst

Runtimes

TuxRun télécharge et utilise un container que nous maintenons. Ce container inclut l’ensemble des binaires nécessaires ainsi que QEMU. Par défaut, TuxRun utilise toujours la dernière version du container disponible.

Il est cependant possible de spécifier une version particulière afin de reproduire plus facilement une erreur. Les nouvelles versions de QEMU introduisent quelques fois des régressions dans les suites de tests. Il est alors nécessaire d’utiliser exactement la même image pour reproduire le problème.

Reproduire un test

TuxRun est utilisé, via tuxsuite notre service de compilation et de test dans le cloud, par le projet LKFT (Linux Kernel Functional Testing) de Linaro. Lorsqu’une régression est détectée, il suffit de fournir la ligne de commande TuxRun pointant sur les artefacts utilisés pour pouvoir reproduire le problème.

Les développeurs du noyau sont alors à même de reproduire et de corriger les régressions détectées par LKFT. TuxRun simplifie ainsi énormément la reproduction du test.

Un exemple parmi tant d’autres : selftests: sigaltstack: sas…

Installation

TuxRun étant un programme Python, il est possible de l’installer depuis pypi :

python3 -m pip install tuxrun

Nous fournissons également un paquet Debian, et un rpm.

TuxMake et Tuxrun

Dans un prochain article, je vous montrerai comment combiner TuxMake et TuxRun pour automatiquement trouver le commit responsable de la régression dans le noyau.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Sortie de passbolt v4.5 : Gestion de l'expiration des mots de passe et autres améliorations

La version 4.5.0 de Passbolt, baptisée « Summer is Ending », vient de sortir. Elle introduit des fonctionnalités clés et des améliorations pour optimiser la gestion des mots de passe et de leurs cycles de vie de manière sécurisée et collaborative.

Pour mémoire, Passbolt est un gestionnaire de mots de passe Opensource, sous licence AGPL, qui se veut orienté «équipe», avec notamment des possibilités de partage de mot de passe à des personnes ou des groupes.

Nouvelles fonctionnalités

Gestion de l’expiration des mots de passe

Cette nouvelle fonctionnalité permet la gestion et le traçage des mots de passes expirés.
Un mot de passe partagé, ayant été consommé par un utilisateur, expire automatiquement quand l’accès de cet utilisateur a été révoqué. Vous pouvez en savoir plus sur l’article de blog dédié à ce sujet (en).

Animation montrant le fonctionnement de la fonctionnalité d’expiration des mots de passe

Support du Russe

Suite à une contribution communautaire, passbolt est maintenant disponible en langue Russe, ce qui amène le total des langues supportées à 14. Un énorme merci à notre communauté pour ses contributions de plus en plus fréquentes.

Capture d’écran montrant la langue russe disponible dans passbolt

Intégration de Microsoft 365 et Outlook dans les paramètres SMTP

Enfin, les paramètres SMTP ont été améliorés afin de permettre un meilleur support de Microsoft 365 et de Outlook.

En savoir plus sur la version 4.5.0

Pour en savoir plus et mettre à jour vers passbolt 4.5.0, consultez les notes de version (en).

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Libre en Fête 2024 : appel à participation

L'initiative Libre en Fête de l'April revient pour la 23ème année consécutive : pour accompagner l'arrivée du printemps, des événements de découverte du logiciel libre et de la culture libre en général seront proposés partout en France autour du 20 mars 2024, dans une dynamique conviviale et festive.

Titre de l'image

Le Libre en Fête

À l’occasion du Libre en Fête, tous les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres (GULL), les espaces publics numériques (EPN), les bibliothèques et médiathèques, les clubs informatiques, les fablabs et hackerspaces, et toute autre organisation ayant à cœur la promotion du logiciel libre et de la culture libre en général sont invitées à organiser des évènements à destination du grand public. Le site du Libre en Fête donne toutes les informations nécessaires pour participer à l’initiative.

Organiser un événement

Les événements organisés dans le cadre du Libre en Fête peuvent prendre de multiples formes : conférence de découverte, atelier d’initiation - à un logiciel libre, à un service en ligne libre ou à un projet collaboratif dérivé des principes du Logiciel Libre comme Wikipédia ou OpenStreetMap -, fête d’installation, exposition de panneaux sur le logiciel libre comme l'Expolibre, diffusion de vidéos ou films sur le logiciel libre, mise à disposition de postes informatiques sous logiciel libre, de jeux vidéos libres, etc. Bien sûr, il est possible de proposer plusieurs activités au sein d’une même journée de découverte. Et si vous prévoyez un fond musical, pensez à diffuser des titres sous licence libre - vous pouvez regarder du côté de la playlist de l’émission de radio de l’April Libre à vous !.

La coopération entre différentes organisations au niveau local est vivement encouragée. Les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de Logiciels Libres (GULL) peuvent notamment être sollicités en raison de leurs connaissances et de leur expertise en matière de Logiciel Libre. D’autres structures peuvent mettre à disposition d’autres ressources telles que les locaux, le matériel informatique et multimédia, voire des compétences en communication et/ou animation. Ainsi, le Libre en Fête, c’est aussi l’occasion de nouer de nouveaux partenariats et/ou de renforcer des liens existants. Des liens utiles pour la recherche de partenaires sont disponibles sur le site de l’initiative.

N’hésitez pas à utiliser et personnaliser les visuels (logos, bannières, affiche…) disponibles sur le site du Libre en Fête pour votre communication.

Référencer son événement

Le référencement d’un événement dans le cadre du Libre en Fête se déroule au travers du site de l’Agenda du Libre, en ajoutant le mot-clé libre-en-fete-2024 (sans accent) lors de sa soumission. Votre événement apparaîtra alors automatiquement sur le site du Libre en Fête.

Proposer un événement pour le Libre en Fête 2024

Liste de discussion et contact

Une liste de diffusion a été mise en place pour que les organisations participant à l’initiative puissent échanger leurs expériences et idées. L’inscription à cette liste est libre.

Pour toute question sur le Libre en Fête, vous pouvez contacter l’équipe de coordination.

Faites circuler cette annonce, merci !

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Une balade au FOSDEM

Ces 3 et 4 février 2024 ont lieu à Bruxelles le FOSDEM, Free and Open Source Software Developers' European Meeting ou Réunion européenne des développeurs de logiciels libres et open source, une conférence ayant lieu tous les ans à l’Université Libre de Bruxelles (la bien nommée) depuis 2001.

logo FOSDEM

Lors de l’édition 2023 du FOSDEM j’avais lu ce Tweet sur le réseau social qui s’appelait encore Twitter:

 Plus de 20 [ans] que l’ULB accueille le #FOSDEM, évènements majeurs de la communauté opensource.
Mais ce n’est pas assez « tape à l'œil » pour qu’un média belge en parle un peu ;(

Ce compte était publié par le compte Bad Service Belgium qui se spécialise dans le partage d’expérience de mauvais service en Belgique.

Ça tombe bien, quand bien même LinuxFr.org n’est peut-être pas un « média belge », j’y étais en 2023, et à l’occasion de l’édition 2024 du FOSDEM je vous propose donc une présentation de ce rassemblement incontournable, illustrée de mes photos de l’année dernière.

Sommaire

De la difficulté de voir les événements liés aux logiciels libres être couverts par la Presse

Le constat de Bad Service Belgium ne s’applique pas seulement à la Belgique.

En décembre dernier Stéphane Bortzmeyer a partagé dans la rubrique liens de LinuxFr.org la conférence de Loris Guémart intitulée « Les journalistes se moquent des logiciels libres, je vous explique pourquoi ». Cette conférence avait eu lieu lors du Forum PHP organisé par l’AFUP. Ce journaliste d’Arrêt sur images avait commencé sa conférence par questionner pourquoi il n’y pas de journalistes couvrant l’évènement.

En 2022 lors du salon Open Source Experience (OSXP), en discutant avec Nÿco sur le stand LinuxFr.org, j’avais émis l’idée d’aller au FOSDEM en 2023 pour faire un reportage photo comme celui que j’avais fait pour les Journées Méditerranéennes du Logiciel Libres et de le la démopartie Alchimie en 2013.

Car un événement de plus de 20 ans d’âge réunissant plus de 8000 spécialistes à la pointe de la technologie ça mérite l’intérêt et le détour.

Mais qu’est-ce que le FOSDEM ?

Créé à l’initiative de Raphaël Bauduin en 2001 sous le nom de OSDEM pour Open Source Software Developers' European Meeting (le F de Free fut ajouté plus tard), le FOSDEM rassemble chaque année des milliers de développeurs de logiciels libres du monde entier, aussi bien utilisateurs, contributeurs bénévoles, ou salariés d’entreprises travaillant dans ce domaine ou ayant un intérêt dans le logiciel libre, et probablement aussi certains de leurs employeurs.

L’événement se passe sur deux jours, et accueille une grande quantité de conférences sur des sujets divers et variés en rapport avec le logiciel libre.

Une conférence au FOSDEM

FOSDEM 2023

Se faufiler parmi la foule pour prendre cette photo ne fut pas chose aisée…

L’évènement reçoit régulièrement pour ses conférences des personnes renommées comme Larry Lessig et Alan Cox en 2003 et 2005, Theo de Raadt, Jimmy Wales et Richard Stallman en 2005, Keith Packard et Miguel de Icaza en 2007, Andrew Tanenbaum et Greg Kroah-Hartman en 2008.

Vous êtes journaliste et vous ne connaissez pas ces noms ? C’est le moment de commencer à potasser le sujet. Cette liste est incomplète et s’arrête en 2008 ? Je vous invite à écrire les articles qui permettront de compléter et sourcer la page Wikipédia. 😉️

Mais au-delà de quelques personnalités qu’on peut parfois y croiser, le FOSDEM est un événement très populaire qui rassemble beaucoup, mais vraiment beaucoup de monde.

D’abondantes conférences ont lieu en simultané toute la journée, et de nombreux stands sont présents un peu partout pour des présentations plus informelles, notamment pour les associations.

C’est l’occasion d’acheter quelques goodies et de se servir en autocollants à apposer sur son laptop de hacker, mais surtout de faire des rencontres. Lors de ma visite en 2023 j’ai par exemple eu l’occasion de trinquer à la buvette avec Karol Herbst de chez Red Hat (l’auteur de RustiCL, la nouvelle implémentation d’OpenCL en Rust de Mesa).

libriste + ordinateur portable + autocollants == ❤️

FOSDEM 2023

Repartir du FOSDEM avec un ordinateur aussi bien décoré que celui du stand FreeBSD, c’est un projet de vie tout à fait honorable…

Un évènement populaire

Je me suis rendu compte à mon retour en 2023 que mes photos ne sauront entièrement retransmettre le sentiment que provoque l’impressionnante foule que rassemble le FOSDEM. Dans mon exercice photographique, je me suis surtout concentré sur des tableaux illustrant la vie au FOSDEM avec un cadrage plus personnel, ce qui rend moins évident cet aspect de masse humaine très impressionnante.

Mes photos de la conférence de clôture 2023 qui se déroule alors sans concurrence donne un certain aperçu du nombre de personnes présentes, mais humainement, je pense que le plus fort sentiment pour un visiteur sur place est nourri à midi lorsque tout le monde fait la queue aux différents food trucks.

Certains viennent en famille

FOSDEM 2023

PostgreSQL et patin-couffin…

Cette année 2024 voit l’ouverture d’un FOSDEM junior avec des ateliers pour les plus-jeunes, de 7 à 17 ans ! Contrairement aux ateliers des adultes, les ateliers pour les jeunes sont sur inscription.

Quelqu’un qui participe au FOSDEM se trouvera un hôtel à proximité et s’achetera une carte du tramway local. J’ai remarqué que le matin du deuxième jour, les suggestions Youtube sur la télé de mon hôtel avaient complètement changé en comparaison avec celles de la veille : Youtube me proposait désormais des vidéos de développement avec Rust. 😁️

Le primo-visiteur du FOSDEM aura aussi besoin d’un smartphone avec un grand écran et une bonne batterie (qu’il n’est pas forcément évident de recharger sur place). En effet, la grande taille du campus, le nombre considérable de salles, le nombre de conférences impressionnant, et la quantité de monde toute aussi superlative font qu’il vaut mieux compter sur sa poche pour avoir un plan des lieux à tout instant, ainsi que le programme complet. En fait ce n’est pas absurde pour un nouveau venu de venir avec un dossier imprimé sous le bras, plus fiable qu’une zappette au lithium.

La restauration est assurée par des restaurateurs ambulants locaux et leur camion-fricadelle, camion-frites, camion-pizza, camion-pâtes, et camion-gauffres, sans oublier le chocolat, avec les gauffres.

Les food-trucks

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Bon par contre, j’ai testé pour vous, on a beau être en Belgique où la langue française est une des langues nationales, si mon hôtel parlait français, aucun des restaurateurs ambulants n’a honoré des simples commandes (frites, pizza…) en français. Même à Bruxelles, l’anglais est obligatoire pour manger sur le lieu de l’évènement. Ah, et la moutarde n’existe pas. Vous aurez droit à une variété de sauces pour vos frites, mais la moutarde y est totalement inconnue ! 😲️

Frites et fricadelle Pizza
FOSDEM 2023 FOSDEM 2023

Un « vrai influenceur » prend en photo ce qu’il mange n’est-ce pas ? J’attends encore ma moutarde…

Une buvette tenue par les volontaires est disponible dans les locaux. Oubliez les distributeurs automatiques que vous pourriez trouver dans les couloirs, ils ne seront jamais en mesure d’encaisser le choc d’une telle population, de toute façon.

La buvette est aussi le lieu parfait pour le geek qui veut se poser avec son ordinateur portable (là encore, avec une bonne batterie) pour geeker en toute convivialité, accompagné d’une gaufre au chocolat et d’un sympathique petit rafraîchissement à bulles.

La buvette
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Avec ses milliers de participants, le FOSDEM ne tournerait pas sans son armée de bénévoles qui font un travail tout aussi précieux que discret. J’en ai compté environ 160 pour 2023.

L’organisation et ses volontaires

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

L’équipe du FOSDEM veille au bon déroulement de l’évènement.

Au-delà de ses conférences et de ses stands chamarrés, le FOSDEM est donc aussi l’occasion d’une virée en Belgique pour y manger des frites, des gaufres et boire de la bière. Si vous n’avez pas une conférence qui vous attend très tôt le lendemain matin, c’est l’occasion de vous promener en centre-ville dans la soirée.

Les conférences

Le FOSDEM a 35 salles de conférences, en 2023 il y avait 787 conférenciers. En 2024 ce sont 946 conférenciers qui sont attendus ! Pour deux jours seulement de conférences !

Il faut donc compter qu’au plus fort de la journée, à chaque instant, se déroulent plus d’une trentaine de conférences en simultané. Une fois qu’une salle est pleine, on n’entre plus. C’est l’usine.

Quelques photos panoramiques…
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Mmh, ça en fait du monde…

Les salles de conférences vont de petites salles de cours à l’atmosphère intimiste aux grands amphis qui peuvent nous faire regretter de ne pas avoir apporté une jumelles.

Conférences sur conférences

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Le découpage en de très nombreuses conférences permettent tout de même quelques échanges de questions/réponses à la fin de celles-ci, malgré le nombre conséquent de visiteurs.

Questions/Réponses

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Suivre les conférences en ligne

Toutes les conférences du FOSDEM sont captées, diffusées, et enregistrées !

Il est donc possible d’assister aux conférences en ligne, y compris les archives des années précédentes.

En 2023, le FOSDEM avait diffusés 35 flux vidéo simultanés (une par salle j’imagine), avec 19 630 spectateurs uniques et 800 spectateurs concurrents. Ça fait plus de 300 heures de vidéo pour un seul FOSDEM !

Captation des conférences

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Des développeurs Microsoft viennent au FOSDEM pour nous parler de Rust, certains douteront-ils encore que Rust saylemal?

Les stands

Les couloirs de l’université sont le lieu des stands, et cette partie est similaire à ce qu’on peut trouver à d’autres rassemblements d’utilisateurs et développeurs de logiciel libres.

Stands en tout genre Stands en tout genre
FOSDEM 2023 FOSDEM 2023

On y trouve aussi bien des stands d’associations que d’entreprises et cela reflète bien la dynamique libre de collaboration. Prenez l’expérience OSXP et imaginez les entreprises avec la même ambiance que le village associatif, ça donne les couloirs du FOSDEM.

Stands en tout genre

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

J’y ai retrouvé le stand Debian que j’avais vu à l’OSXP quelques mois plus tôt, ainsi que celui de VLC avec sa roue de la fortune dont le succès n’était égalé que par l’incroyable salopette orange de son animatrice.

Stands en tout genre

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Au détour de ces stands lors de ma visite en 2023 j’ai eu une conversation très sympathique avec les tenanciers du stand de Chamillo, un logiciel libre d’ « e-learning ».

Stands en tout genre

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Les visiteurs

Le bain de foule du FOSDEM est aussi l’occasion d’une analyse sociologique de sa population, entre les officiels de certaines entreprises, les invités de marque, les geeks barbus dont la taille de la pilosité reflète peut-être la profondeur de leur expertise (ou pas), etc.

Rust saymal… Google c’était mieux avant !
FOSDEM 2023 FOSDEM 2023

Quelques affichages sauvages facétieux…

On peut aussi sonder certaines tendances parmi cette population. Prenons par exemple deux catégories d’utilisateurs de logiciel libre : le geek enthousiaste à la pointe de la technologie et prêt à sauter sur la première nouveauté d’où qu’elle vienne, et le prudent et circonspect par défaut, plus porté sur les aspects de souveraineté, de vie privée, etc.

On peut supposer que la communauté des utilisateurs et développeurs des logiciels libres soit plus favorable à la seconde population que d’autres communautés, par exemple on aura probablement plus de chances de trouver un partisan de l’autohébergement chez un libriste linuxien que chez un membre d’un fanclub Apple.

Mais la population « circonspecte » est-elle majoritaire dans la population libriste ? Il y a une dizaine d’années certains remarquaient l’omniprésence de Macbooks à certaines conventions de libristes, cette mode semble être passée et j’ai observé un grand retour des Thinkpads quoi que j’ai pu entendre des intentions d’achat de machines Apple silicon pour jouer avec Asahi Linux.

Un autre aspect cher à certains libristes attachés à une certaine philosphie Unix est : un outil pour une tâche. Je me suis pourtant trouvé un peu comme un OVNI à séparer les fonctions téléphone, appareil photo, et carte bancaire…

C’est pour ces deux raisons que j’ai trouvé particulièrement intéressante et inattendue l’observation sociale suivante : le constat que l’écrasante majorité des participants au FOSDEM paient leurs consommations avec leur téléphone. Cela vous surprend-il ? N’hésitez pas à partager votre analyse ou vos explications en commentaire ! 😉️

Où est la Presse ?

Comme indiqué en introduction, en 2023 la conférence de clôture était donc donné par Steve Crawford de la NASA, ce qui pouvait susciter un article facile pour la presse non-spécialisée. On pouvait traduire le début de l’annonce de cette conférence ainsi : « Le logiciel a été le fil conducteur de toutes les grandes réalisations de la NASA, de l’alunissage aux images les plus profondes de notre univers. Aujourd’hui, la NASA s’appuie sur les logiciels libres, y contribue et les publie pour faire avancer ses missions scientifiques. ». Sans forcément entrer dans des détails cryptiques, il était facile de faire quelques publications avec un joli titre accrocheur.

La conférence de clôture du FOSDEM en 2023

FOSDEM 2023

La NASA au FOSDEM en 2023 Dans les étoiles
FOSDEM 2023 FOSDEM 2023
La conférence de clôture du FOSDEM en 2023

FOSDEM 2023
FOSDEM 2023

Cette année 2024, on notera la conférence « Where have the women of tech history gone? » qu’on doit pouvoir traduire par « Où sont passées les femmes de l’histoire technologique ? », un sujet accessible à de très nombreux médias, et tout à fait dans l’air du temps pour vendre du papier.

À propos des photos

Ces photos sont un peu mes cartes postales envoyées au lectorat de LinuxFr.org, avec un service postal soumis aux aléas de mes (in)disponibilités 😜️.

Souvenirs du FOSDEM

FOSDEM 2023

Les photos de ce reportage sont distribuées sous license libre CC By 4.0 (Creative Commons Attribution). L’album complet peut être téléchargé ici. On y trouvera quelques photos que je n’ai pas mises ici pour ne pas noyer le reportage, et quelques photos un peu redondantes mais dont le point de vue ou certains aspects peuvent susciter un certain intérêt (spécialement si certains s’y reconnaissent !).

Ceux qui souhaiteraient faire un don libre pour les photos peuvent le faire ici.

Ce reportage photographique a été réalisé avec les logiciels libres suivants :

  • Darktable (développement photo numérique) ;
  • Hugin (assemblage de photo panoramique) ;
  • Magic Lantern (extension pour micrologiciel d’appareil photo) ;
  • GpsPrune (géolocalisation de photos) ;
  • Ghostwriter (édition de texte au format Markdown).

Et si vous êtes au FOSDEM cette année, n’hésitez pas à venir raconter votre aventure ! 👋️

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Sortie de la version 2 d’æneria, l’application web pour analyser sa consommation d’énergie

J’ai le plaisir de vous annoncer (après plus d’un an de gestation) la sortie de la version 2 d'æneria !

Logo d’æneria

æneria est une application web autohébergeable qui permet de suivre sa consommation d’énergie et de l’analyser au travers de différentes visualisations et à l’aide de données météo.

æneria c’est quoi au juste ?

  • Côté énergie, le logiciel s’appuie sur les APIs fournis par Enedis et GRDF pour aller récupérer les données de consommation relevées par les compteurs Linky et Gazpar.
  • Côté météo, il s’appuie sur les données SYNOP de MétéoFrance.

Toutes ces données sont ensuite présentées au travers de différents tableaux de bord. L’idée générale étant de présenter les données de manière un peu plus originale que le triste histogramme que l’on a trop souvent l’habitude de voir.

Aperçu de l’application

Ces différentes présentations ont pour but d’aider l’utilisateur à se questionner sur sa consommation d’énergie en faisant ressortir des schémas de consommation.

Par exemple :

  • Je suis au travail la journée en semaine, d’où peut donc bien provenir cette tâche tous les jeudi après-midi ?
  • Je suis parti en vacances une semaine cet hiver, mais, je ne vois pas de tâche claire sur le graphique ? Est-ce normal ? Aurais-je oublié d’éteindre mes chauffages ?

Nouveauté de cette Version 2

æneria existe maintenant depuis plus de cinq ans (l’application s’appelait alors Pilea) :

  • la version 0 (octobre 2018) permettait de récupérer les données de consommation d’électricité en scrappant l’espace personnel Enedis et de les analyser avec les données SYNOP de MétéoFrance
  • la version 1 (septembre 2020) utilisait l’API d’Enedis pour aller chercher les données de consommation, ajoutait des tableaux de bord et apportait des améliorations d’UX

Cette version 2 arrive avec son lot de nouveautés :

  • Une refonte complète de l’interface
  • L’intégration du compteur Gazpar via l’API GRDF Adict
  • L’import en masse de données via des fichiers d’export Enedis et GRDF

Côté techno

æneria est développé avec :

  • PHP/Symfony côté serveur,
  • PostgreSQL pour la base de données
  • Vue.js, D3.js et PrimeVue côté frontend

æneria + YunoHost = ❤️

Utilisateur de YunoHost depuis (au moins) 2016, j’avais en tête, dès le début des développements, de packager l’application pour la célèbre distribution dédiée à l’autohébergement.

Le paquet d’æneria (disponible depuis 2018, d’abord sous le nom de Pilea) était cassé depuis quelques mois, à cause d’une évolution côté Enedis que je n’avais pas eu le temps de prendre en compte côté æneria.

Le paquet vient d’être mis à jour vers cette version 2 et l’application est donc de nouveau complètement fonctionnelle sur YunoHost !

Quelle(s) suite(s) pour æneria ?

Pour le moment, je ne vais plus avoir beaucoup de temps personnel pour m’occuper d’æneria, il se peut donc que mis à part quelques corrections de bugs, le projet n’avance plus beaucoup… sauf si…

Actuellement, avec mon employeur, Makina Corpus (dont vous avez peut-être déjà vu passer le nom sur linuxfr), nous réfléchissons à adapter æneria pour les collectivités locales.

Cette version de l’application serait une plateforme permettant de suivre les consommations de l’ensemble des sites d’une collectivité locale et s’adapterait à leurs besoins (comme la transmission automatique des données de consommation à la plateform OPERAT de l’ADEME).

Ce projet est actuellement à l’étude et nous souhaiterions le construire avec ses potentiels utilisateurs finaux.

Si vous êtes intéressé·e par le sujet, n’hésitez pas à nous contacter à contact@makina-corpus.com.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Parcours libriste avec Anca Luca — « Libre à vous ! » du 16 janvier 2024 — Podcasts et références

Cent quatre-vingt-seizième émission « Libre à vous ! » de l’April. Podcast et programme :
- sujet principal : Parcours libriste avec Anca Luca (XWiki, Open Food Facts) ;
- chronique de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, sur « Markdown & vous » ;
- chronique de Gee sur « Mickey dans le domaine public ».

Rendez‐vous en direct chaque mardi de 15 h 30 à 17 h sur 93,1 MHz en Île‐de‐France. L’émission est diffusée simultanément sur le site Web de la radio Cause Commune. Vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio : pour réagir à l’un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur : +33 9 72 51 55 46.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Appel à présentation pour le LibreGraphicsMeeting 2024

Depuis 2006, le LibreGraphicsMeeting réuni une fois par an divers équipes et utilisateurs avancés des logiciels de créations graphiques. Nous parlons ici de Gimp, Krita, Inkscape, Scribus pour les équipes les plus régulières mais d’autres projets viennent régulièrement contribuer au groupe ou se faire connaître, présenter des projets moins visibles, plus ciblés voire des bibliothèques d’outils. Le but de ces rencontres est multiple : permettre aux contributeurs de se retrouver une fois l’an pour définir des objectifs annuels, définir des stratégies interlogicielles afin de favoriser l’interopérabilité comme cela a pu être le cas avec la création de format comme le OpenRaster…

Les effets du LibreGraphicsMeeting ont été importants dans le workflow de la création graphique mais cela n’est pas fini car le domaine évolue beaucoup en termes de besoin mais aussi en termes d’application avec de nouvelles pratiques et de nouvelles priorités.

2024 signe le retour du LibreGraphicsMeeting en présentiel, ce qui était l’objectif initial. Il se déroulera à Rennes du 9 au 12 mai dans les locaux d’Activdesign et sera organisé cette année par l’Association francophone des graphistes libres (AFGRAL) en remplacement du Grafik Labor avant de reprendre éventuellement sa mobilité internationale.

S’agissant d’une édition de reprise, l’objectif est de pouvoir faire un point sur les évolutions et nouveautés de ces dernières années par des conférences, et de permettre les rencontres lors d’atelier ou réunions de travail. Si vous souhaitez participer au LGM, n’hésitez pas à proposer une conférence avant le 2 février 2024, après quoi le comité de programmation se réunira.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Claire Mathieu et les algorithmes

Si on devait définir Claire Mathieu en mots-clés, ce serait, dans le désordre : algorithmes, Parcoursup, CNRS, pédagogie et éthique. Mais comme c’est très réducteur, ce portrait de celle qui a codé l’algorithme de Parcoursup évoquera, outre ces sujets, son parcours et son passage au Conseil présidentiel de la science. Et, si vous ne savez pas vraiment ce qu’est un algorithme, normalement, cette notion devrait vous être plus familière après la lecture de la dépêche, et qui sait, peut-être vous donner envie de vous y mettre.

Claire Mathieu, photo Patrick Imbert

Sommaire

Parcours

Claire Mathieu est une ancienne élève de l’École normale supérieure. En 1988, elle soutient une thèse en sciences : « Comparaison de modèles combinatoires et probabilistes : deux exemples en analyse d’algorithmes » sous la direction de Claude Puech, actuel directeur scientifique de la Fondation Inria.

En 1990, elle est Chargée de recherche au CNRS en informatique. Elle obtiendra le prix « IBM Jeune chercheur » en 1991.

À partir de 1997, elle occupe des fonctions de professeure d’informatique : à l’Université Paris-Sud (devenue Paris-Saclay en 2020), puis à l’École polytechnique (de 2002 à 2004) et à l’Université de Brown (en), USA (de 2004 à 2014). De retour en France, elle devient, en 2012, Directrice de recherche au CNRS en informatique, sera professeure associée au Département d’informatique de l’École normale supérieure de 2014 à 2018. Elle occupera la chaire annuelle d’Informatique et sciences numériques au Collège de France pour l’année 2017-2018.

En 2017 elle est chargée de mission « Parcoursup ».

En 2019, elle obtient la médaille d’argent du CNRS pour l’ensemble de son œuvre. Elle est élue la même année à l’Académie des sciences. Elle est actuellement directrice de recherche au CNRS en informatique au sein de l’Institut de recherche en informatique fondamentale (IRIF).

Qu’est-ce qu’un algorithme ?

Petit rappel de ce que sont les algorithmes, une notion devenue omniprésente. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, le 16 novembre 2017, Claire Mathieu constate d’ailleurs que :

ce mot a envahi les médias. Autrefois, lorsqu’on allait dans une administration et qu’on n’arrivait pas à obtenir ce que l’on souhaitait, la réponse était : « Ah, Madame, vous comprenez, c’est l’informatique ! » Maintenant on entend : « Ah, c’est l’algorithme. »

Au départ selon la notice étymologique du CNRTL, l’algorithme, vers 1220-30, s’appelait « augorisme » et c’était un « procédé de calcul utilisant les chiffres arabes ». Il deviendra « algorisme » puis, enfin « algorithme ». Le mot lui-même vient du surnom du mathématicien Abdallāh Muhammad ibn Mūsā : Al Ḫuwārizmī (qui est en fait son origine géographique). Et, si vous ne savez pas si on doit mettre ou pas un « y », retenez que ça n’a strictement rien à voir avec la musique ou la danse, donc, pas d’y.

Si une bonne part du lectorat de LinuxFr sait de quoi il s’agit, notamment parce que c’est leur métier d’en fabriquer, ce n’est pas forcément le cas de tout le monde, une petite explication s’impose. Un algorithme est ainsi une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat ou, pour reprendre la définition qu’en a donné Claire Mathieu dans sa leçon inaugurale : « un algorithme, c’est une méthode pour résoudre un problème de façon constructive en le décomposant en briques de base faciles à manipuler. » Elle donne l’exemple de l’apprentissage de la lecture par la méthode syllabique (découper les mots en lettres et syllabes) par rapport à la méthode globale (qui serait plus proche de l'apprentissage profond en informatique).

On peut avoir d’autres exemples simples, celui de la recette de cuisine ou encore, celui de modèles de tricot. Un algorithme reçoit des données à traiter (texte, nombres relations), les instructions peuvent être conditionnelles, passant les étapes suivies par l’algorithme vont varier, et, forcément, les résultats.

Trois sapins
Allégorie des résultats d’un algorithme avec des jeux de données différents.

Si vous voulez en savoir plus, je vous renvoie à la leçon inaugurale de Claire Mathieu au collège de France et à cet article de Jean Cardinal sur le site francophone The Conversation, vous apprendrez qu’il existe plusieurs « familles » d’algorithmes et comment cela fonctionne.

De l’importance des algorithmes

Pourquoi avoir choisi les algorithmes ?

Pourquoi avoir choisi les algorithmes ? À cette question qui lui a été posée à l’occasion de sa nomination au Conseil présidentiel de la science, en décembre 2023 par le site de l’Insmi (CNRS Mathématique), elle répond que cela date de sa formation à l’École normale supérieure de jeunes filles1.

Une question dans un projet de programmation « demandant un calcul par simulation de la profondeur moyenne des arbres 2-3 » l’avait «  plongée dans des abîmes de perplexité car la notion de “moyenne” dépendait de la distribution étudiée, qui n’était pas spécifiée : soit l’arbre est obtenu par une suite d’insertions aléatoires (facile à simuler), soit on considère la distribution uniforme sur tous les arbres 2-3 contenant n éléments » et « d’un cours montrant la borne inférieure n log n pour la complexité dans le pire cas pour tout algorithme de tri par comparaisons. L’idée qu’il était possible de montrer une borne inférieure sur tous les algorithmes imaginables de tri par comparaison, c’était magique. »

Dans la même interview, elle dira qu’elle aime l’aspect concret des algorithmes et « le fait que l’on puisse voir la solution en train de se construire. ».

Sur l’importance des algorithmes

Dans un entretien donné au magazine La Recherche en février 2020 elle explique que le rôle des algorithmes a toujours été important et ce, depuis le début de l’informatique. On se rappellera peut-être des regrets de Marion Créhange qui, dans un texte pour la revue Interstices déplorait le fait que les algorithmes conçus au départ pour économiser le temps et le volume d’informations à traiter par une machine étaient moins subtils.

Aujourd’hui, les algorithmes ne se concentrent plus seulement sur le fonctionnement des logiciels mais ce phénomène :

a pris une importance particulière en raison de la révolution numérique en cours, avec entre autres l’émergence d’algorithmes utilisant des réseaux de neurones profonds. […] Avec le passage au tout-numérique dans la société, l’utilisation des algorithmes partout et le succès des méthodes de l’intelligence artificielle, la proximité entre les algorithmes et les humains dans leur vie en société a changé.2

Et, évidemment, ce n’est pas sans conséquences, puisqu’à partir du moment où les algorithmes vont s’entremêler à la vie des êtres humains, des questions éthiques se font jour :

Cette omniprésence a fait apparaître de nouveaux critères, dont on ne se souciait pas auparavant, comme celui de vouloir que les algorithmes soient équitables et justes pour les humains. Jusqu’il y a deux ou trois ans, ce n’était pas vraiment une préoccupation des algorithmiciens. Cela a émergé d’un coup et pose de nouvelles questions : est-ce que ce sont les algorithmes qui décident et les humains qui suivent – ce qui n’est pas souhaitable – ou bien est-ce que les algorithmes sont au service de la société et des humains ? Que faire pour garantir que les humains gardent toujours le contrôle ?3

Claire Mathieu considère que les algorithmes peuvent contribuer au bien commun, pour peu qu’ils soient bien conçus et utilisés. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, par exemple, elle donne celui de la greffe de reins dont l’idée est d’apparier les reins des donneurs et donneuses aux malades ou encore celui du découpage électoral. Elle espère que « la perspective algorithmique fera partie de la culture des adultes de demain. »4.

Parcoursup : transcrire la loi dans le code

Parcoursup est un dispositif français concernant l’inscription dans les formations d’enseignement supérieur, notamment celles dont les capacités d’accueil sont inférieures au nombre de candidatures reçues, créé par la loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants.

Où la loi fait le code

En 2000, le juriste américain Lawrence Lessig écrit « Code is Law » pour Harvard Magazine, ce que l’on pourrait traduire par « le code est loi » ou le « code fait loi ». Il expliquait que, dans le cyberespace, c’est le code (informatique) qui fait la loi et que, dans l’exemple de l’identification, « l’architecture de certification qui se construit respecte ou non la vie privée dépend des choix de ceux qui codent. ». Il insistait sur le fait que quand l’État se retire, il laisse le champ aux intérêts privés.

Avec Parcoursup, c’est la loi qui fait le code. Laquelle loi fait partie du Code de l’éducation qu’elle a modifié, notamment dans son article D612-1.

Le principe : les lycéens, les lycéennes, les apprenti·e·s, et les étudiant·e·s en réorientation désireuses d’entrer dans l’enseignement supérieur formulent leurs vœux sur la plate-forme Parcoursup. Les capacités d’accueil des formations figurent sur le site de Parcoursup. Une commission d’examen des vœux pour chaque formation (chaque BTS, BUT, CPGE, chaque section d'école d'ingénieur, etc.) les examine et, au besoin met dans l’ordre les candidatures. Là, un algorithme va calculer l’ordre d’appel dans lequel les candidats et les candidates vont recevoir les propositions. Propositions qui évolueront à un rythme quotidien, du 30 mai au 12 juillet pour l'année 2024. Le temps de réponse accordé diminuant au cours du temps.

L’idée étant, idéalement, de faire correspondre les vœux et les capacités desdits candidats et candidates aux formations.

Quand la rédaction de la loi affaiblit les mariages stables

L’algorithme de Parcoursup fait partie de ceux qui servent d’exemple à sa leçon inaugurale au Collège de France. Elle y explique que le gouvernement voulait s’inspirer de l’algorithme des « mariages stables » de Gale et Shapley. Au départ, il n’était question que de classes péparatoires. Se sont ajoutées ensuite les formations non-sélectives avec plus de places que de candidats et candidates, puis les formations non-sélectives pour lesquelles l’offre est inférieure à la demande qui5 :

utilisent des critères géographiques (l’académie d’origine), ainsi que des critères dépendant des préférences des candidats.

Et, de facto, l’algorithme des mariages stables perd ses propriétés et la nécessité d’exprimer des choix stratégiques plutôt que des réelles préférences s’impose aux candidats et aux candidates ce qui « pénalise les candidats sincères » avec un autre effet secondaire :

malgré cela, les formations n’ont pas assez de critères pour départager les candidats et ne peuvent produire de liste ordonnée, d’où l’usage du tirage au sort. Cette extension de l’algorithme, du point de vue mathématique, était catastrophique.

Toujours, dans cette leçon inaugurale, Claire Mathieu en conclut :

C’est la loi elle-même qui dit que l’affectation peut se faire en fonction des préférences des candidats, et donc qui – indirectement – encourage la manipulation !
Ainsi, la loi a défini les contraintes. Du point de vue algorithmique, on peut dire qu’il y a eu une erreur de conception. Pour éviter ce genre d’impasse, la législation devrait peut-être être définie en concertation avec les algorithmiciens.

L’algorithme de Parcoursup est public ainsi que son explication (voir dans les liens) : « La transparence des algorithmes utilisée par le gouvernement est un moteur puissant pour une société plus démocratique. »6. Il a été primitivement publié sur un dépôt Framagit.

Quinze jours au Conseil présidentiel de la science

Le Conseil présidentiel de la science est un conseil national scientifique français créé le 7 décembre 2023 par le président de la République. Composé de douze membres, sa mission de tenir le président informé des évolutions scientifiques susceptibles d’être stratégiques. Les rapports de ce conseil ne seront pas rendus publics.

Claire Mathieu y est nommée ainsi qu’une brochette d’autres scientifiques de haut niveau. Elle en démissionne le 22 décembre en désaccord avec la loi sur l’immigration. Une loi considérée par ailleurs comme ni essentielle (les lois sur l’immigration ont été modifiées 133 fois en dix ans), ni vraiment souhaitée, dangereuse pour la politique de santé publique et votée dans des conditions démocratiques douteuses. Elle s’en explique ainsi dans un courrier adressé à Emmanuel Macron :

En effet, si au lieu de vous c’était l’extrême droite qui était au pouvoir, j’aurais refusé de participer à ce conseil. Or, la loi anti-immigration est une loi d’extrême droite, une loi xénophobe, d’exclusion et de repli sur soi.

Elle ajoutera sur X :

Maintenant déjà il est difficile à nos jeunes chercheurs étrangers de régler leurs problèmes de visas. Demain ce sera pire, et ils iront donc dans un pays plus accueillant. Cela accentuera le décrochage de la France en recherche.

Elle remarque au passage sur son compte Mastodon :

C’est drôle, il y a quinze jours j'ai reçu plein de messages de félicitations pour ma nomination au Conseil présidentiel de la science, et aujourd’hui je reçois plein de messages de félicitations pour ma démission du Conseil présidentiel de la science (y compris certains des mêmes personnes).
Je cherche le proverbe approprié pour décrire la séquence.

On suggérerait bien cette citation de Rabelais tirée de Pantagruel « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Post-scriptum

Vous avez dans les « Liens » ceux qui m’ont servi à rédiger ce portrait. Je ne saurais que trop vous recommander d’aller y jeter un coup de souris, au moins la leçon inaugurale. Sur le site de Claire Mathieu, vous trouverez son CV ainsi que des liens vers certaines de ses publications et ses présentations. Les présentations sont d’un intérêt relativement mineur car elles sont, et c’est comme cela que ça doit être, des supports de sa parole et là uniquement pour agrémenter son discours, elles sont donc assez peu informatives pour qui ne connaît pas le domaine, tout au moins.

La leçon inaugurale a fait l’objet d’une publication papier, épuisée, et de versions epub et pdf. On doit pouvoir l’emprunter auprès d’une « institution partenaire ». Cela dit le texte intégral est en ligne.

Pour lire l’interview de Claire Mathieu dans la Recherche, il faut le payer, soit en achetant le numéro, soit en acceptant de voir une publicité (on peut se servir un café pendant qu’elle passe). Personnellement je n’avais pas le bouton sur mon Firefox, question de réglage ou d’extensions sans doute, il m’a fallu utiliser Chromium. À vous de voir.

Pourquoi un portrait, si on peut dire, à mi-chemin entre une biographie et une interview ? Parce qu’une biographie se doit d’être exhaustive, ce qui n’était pas trop l’idée ici. Et qu’une interview ça prend du temps à rédiger et que les personnes ne répondent finalement pas forcément. Quitte à travailler pour rien, autant travailler pour quelque chose. Il y en aura peut-être d’autres, ou peut-être pas (j’ai un autre nom en tête et dans Zotero). Mais j’espère que celui-ci fera au moins un heureux.

Pourquoi pas sa page Wikipédia ? D’abord parce que je ne l’ai pas lu, ce qui règle la question. Ensuite parce que, justement, j’ai privilégié les sources primaires pour avoir la parole de Claire Mathieu. Et enfin parce que je pense que le lectorat de LinuxFr est tout à fait capable de la trouver lui-même.

Et un grand merci à finss pour ses précisions.


  1. ENSJF, elle disparaît en 1986 suite à la fusion des deux ENS. 

  2. La Recherche, mensuel 556, février 2020. 

  3. La Recherche. 

  4. Leçon inaugurale, Collège de France. 

  5. Les citations qui suivent sont extraites de la leçon inaugurale 

  6. Claire Mathieu, Le Monde, blog binaire, La transparence à l’école de Parcoursup, 5 juin 2018. 

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Appel à participation au village du libre JRES2024 pour des associations du libre

JRES2024

JRES est, depuis 1995, une conférence biennale réunissant les membres de la communauté des technicien·nes et ingénieur·es en informatique pour l’enseignement supérieur et la recherche français. Elle est un forum d'échange et de transfert de compétences. La prochaine édition se déroulera du 10 au 13 décembre 2024 au Couvent des Jacobins, à Rennes.

Le logiciel libre est au cœur du métier de nombreux participant·es de la conférence, comme en témoignent le nombre important d’articles des éditions précédentes s’appuyant sur des solutions libres (https://archives.jres.org/). Pour cette raison, nous avons associé à l’événement, depuis plusieurs éditions, les associations promouvant le libre et son usage. Des stands et des entrées sont offerts gracieusement aux associations de promotion du logiciel libre qui acceptent de participer à l’événement.

La place du logiciel libre sera d’autant plus importante pour cette édition 2024 dont le slogan sera « Souveraineté et Sobriété ».
Vous êtes les bienvenu·es dans le « village du libre » de la conférence : un espace dédié au logiciel libre, bien identifié, convivial avec la possibilité d’y faire facilement des animations qui valoriseront votre association.

Rejoignez-nous !

Vous pouvez envoyer à Contact village du libre votre envie de participation avant mai 2024 en présentant votre association.

Pour le Comité de Programme JRES2024

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

❌
❌