Le gouvernement indien impose la préinstallation d’une application sur les smartphones
Modi's eye
Le gouvernement Modi veut que les fabricants de smartphones préinstallent son app Sanchar Saathi, présentée comme une app de cybersécurité, notamment contre les fraudes. Le tollé politique pourrait faire reculer l’interdiction initiale de la désinstaller. Quoiqu’il en soit, Apple ne devrait pas se plier à cette demande, que l’entreprise estime créer des problèmes de confidentialité et de sécurité.
Le 28 novembre dernier, le ministre indien des Communications, Jyotiraditya Scindia, a ordonné aux fabricants et importateurs de smartphones destinés à l’Inde d’installer l’application ministérielle Sanchar Saathi, a révélé l’agence de presse Reuters ce 1er décembre.
Une application gouvernementale obligatoire présentée comme anti-fraude
Dans un communiqué publié le même jour, le ministère assure que cette app est pensée pour « pour lutter contre l’utilisation abusive des ressources de télécommunication à des fins de cyberfraude et garantir la cybersécurité des télécommunications ». L’application est disponible sur Google Play et l’Apple Store indien et se présente comme « visant à autonomiser les abonnés mobiles, à renforcer leur sécurité et à sensibiliser le public aux initiatives citoyennes ».

Cette décision fait pourtant penser à celle prise par la Russie, d’obliger les distributeurs de smartphones à préinstaller le magasin d’applications RuStore et l’application de chat Max.
D’autant que, dans son communiqué, le ministère indien explique que les fabricants et importateurs ne doivent pas seulement préinstaller Sanchar Saathi, ils doivent aussi veiller à ce qu’elle soit « facilement visible et accessible aux utilisateurs finaux lors de la première utilisation ou de la configuration de l’appareil et que ses fonctionnalités ne soient pas désactivées ou restreintes ».
Critiques et marche arrière du ministre
L’information a fait réagir dans le pays dirigé par Narendra Modi. « Ce serait comme vivre dans une dictature moderne », explique par exemple Apar Gupta, fondateur de l’ONG indienne Internet Freedom Foundation interrogé par The Wire.
Face aux critiques, le gouvernement semble faire quelques pas en arrière. Ainsi, The Wire rapporte que Jyotiraditya Scindia a assuré que « vous pouvez activer ou désactiver la surveillance des appels selon votre souhait. Si vous souhaitez la conserver dans votre téléphone, gardez-la. Si vous souhaitez la supprimer, faites-le ».
Dans une autre déclaration, le ministre affirme, toujours selon The Wire, « Si vous ne souhaitez pas utiliser Sanchar Saathi, vous pouvez le supprimer. Il s’agit d’une option facultative… Il s’agit de protéger les clients. Je tiens à dissiper tout malentendu… Il est de notre devoir de présenter cette application à tout le monde. C’est à l’utilisateur de décider s’il souhaite la conserver sur son appareil ou non… Elle peut être supprimée du téléphone portable comme n’importe quelle autre application ». Mais nos confrères indiens soulignent que ces déclarations sont en contradiction avec le communiqué de presse du ministère et avec les demandes envoyées aux fabricants.
Concernant les fabricants justement, Apple ne semble pas décidée à suivre la demande du gouvernement indien. C’est en tout cas ce que plusieurs sources internes ont assuré à Reuters. L’agence de presse explique que l’entreprise à la pomme va répondre à l’exécutif indien qu’elle ne suit nulle part dans le monde ce genre d’obligation, car cela soulève des problèmes liés à la confidentialité et à la sécurité pour iOS.
Rappelons qu’en Russie, Apple a suspendu ses ventes en 2022 suite à l’invasion de l’Ukraine et à l’embargo mis en place. Elle n’a donc pas à se conformer à la nouvelle loi obligeant la préinstallation de RuStore (Apple ne s’est néanmoins pas opposée à l’arrivée de ce magasin d’applications dans l’Apple Store local).




», a écrit un chercheur de Meta anonyme. Un autre employé s’inquiétait d’une éventuelle fuite de l’enterrement de ce projet : « Si les résultats sont mauvais et que nous ne les publions pas, mais qu’ils fuitent, cela ressemblera-t-il aux fabricants de tabac qui menaient des recherches, savaient que les cigarettes étaient nocives, mais gardaient cette information pour eux ? ». Et ils accusent Meta de ne pas avoir publié ces résultats : « À la place, Meta a menti au Congrès sur ce qu’elle savait », affirment-ils.