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Nouveau nucléaire : l’Union européenne ne veut toujours pas soutenir massivement les projets

L’émergence de nouveaux projets dans l’énergie nucléaire en Europe est freinée par le refus de la Banque européenne d’investissement (BEI) de soutenir financièrement la filière. Une posture qui pourrait toutefois évoluer à l’avenir, à la faveur du changement de sa présidence.

L’Union européenne (UE) se divise en deux camps, s’agissant de la transition énergétique : les pro-nucléaires, dont la France fait partie, qui placent l’atome au cœur de leur stratégie de décarbonation. Et les anti-nucléaires, au premier rang desquels se trouve l’Allemagne, qui considèrent que le nucléaire est dangereux et ne doit pas être développé, à l’inverse des énergies renouvelables. La scène européenne oppose souvent les deux camps, chacun étant déterminé à défendre ses principes.

L’Alliance du nucléaire gagne du terrain sur la scène européenne

Ces derniers temps, les pronucléaires gagnent du terrain. Réunis à l’initiative de la France, 16 États se sont regroupés en « Alliance du nucléaire » pour faire entendre leur voix. En juillet 2023, ils ont appelé la Commission européenne à soutenir davantage l’atome, en le plaçant sur un pied d’égalité avec les énergies renouvelables. Le 4 mars 2024, à l’occasion d’une nouvelle réunion, l’alliance a demandé que le nucléaire puisse bénéficier de l’ensemble des financements européens, sans discrimination, à savoir le soutien de la BEI, le fonds innovation, etc.

Le financement des projets nucléaires par la BEI est possible, sur le papier en tout cas. Mais en pratique, la banque européenne traîne des pieds. Selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, les investissements de la BEI sont en chute libre depuis le début des années 2000 : « la Banque européenne d’investissement a financé jusqu’à 7 milliards d’euros d’investissements sur le nucléaire. Après 2000, ça a été à peine un milliard ». Pour comparer, la BEI a accordé plus de 10 milliards d’euros dans les énergies renouvelables, rien que pour l’année 2021.

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Une lueur d’espoir pour les investissements de la BEI en faveur du nucléaire

Mais les choses pourraient se débloquer à l’avenir. En effet, début 2024, la présidence de la BEI a changé, passant de l’Allemand Werner Hoyer, opposé à l’atome, à l’Espagnole Nadia Calvino. Cette dernière semble plus encline à soutenir le nucléaire. En outre, lors du dernier sommet sur l’énergie nucléaire qui s’est tenu le 21 mars, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a apporté son soutien au nucléaire en affirmant qu’il fallait « garantir de nouveaux investissements » dans le secteur. Le vent pourrait donc être en train de tourner sur la scène européenne en faveur de l’atome. Et les projets de petits réacteurs modulaires (SMR) pourraient en être les premiers bénéficiaires.

Pour les porteurs de projets, obtenir un prêt de la part de la BEI permet d’obtenir des conditions de financement avantageuses à hauteur de 50 % maximum du coût du projet. Mais ce soutien est également un signal favorable adressé à d’autres investisseurs.

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Nucléaire : utiliser l’épargne des Français pour financer les EPR ?

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La facture d’EDF pour la construction des six nouveaux réacteurs EPR prévus d’ici à 2035 est déjà de 30 % supérieure à son budget initial. Pour financer la relance nucléaire, le gouvernement envisage d’utiliser une partie de l’épargne des Français déposée sur le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS).

 

Explosion du budget prévisionnel des nouveaux EPR

Le revirement d’Emmanuel Macron en faveur de la filière nucléaire en 2022 a marqué un tournant dans la politique énergétique de la France. Après une période de cinq ans caractérisée par un ralentissement de cette filière, le président a annoncé en grande pompe la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR2. Une bonne nouvelle pour EDF, mais celle-ci se heurte à une problématique de taille : le financement de la relance nucléaire. À 100% propriété de l’État, cette dernière, en charge de la construction de ces nouvelles petites centrales, a indiqué que son budget prévisionnel de 2021 était passé de 51,7 milliards à 67,4 milliards d’euros en mars 2024.

Des dépassements budgétaires qui s’expliquent principalement par la hausse des coûts de construction, des études d’ingénierie, ou encore les frais de maîtrise d’ouvrage. Le cas de la petite centrale de Flamanville, projet pilote de la relance nucléaire française, qui doit être raccordé au réseau national dès cet été 2024, est symptomatique des défis de la filière nucléaire : initialement prévu pour 3,3 milliards d’euros, son coût a quadruplé, atteignant désormais 13,2 milliards d’euros, pour un retard de 12 ans dans son développement.

L’épargne des Français pourrait financer un tiers du programme

L’État français ne se trouve actuellement pas en capacité de financer les nouveaux EPR. Celui-ci ayant enregistré un déficit budgétaire record en 2023 (5,5 % de son PIB), le gouvernement songe à utiliser l’épargne des Français pour aider à financer les nouveaux EPR. Il faut dire qu’avec un encours cumulé de 571,5 milliards d’euros fin février 2024 pour le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) représentent une manne financière conséquente. Éric Lombard, à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), considère cette option comme « logique », étant donné l’importance de ces investissements pour la souveraineté énergétique et la décarbonation de la France. La seule réserve émise par le directeur de la CDC est, selon ce dernier, de s’assurer que les investissements dans le nucléaire n’entravent pas d’autres priorités nationales, 59,5 % des montants gérés par la CDC étant alloués au financement des logements sociaux (le reste est géré par les banques et est essentiellement destiné aux PME).

Si d’un côté, cette stratégie pourrait accélérer la transition énergétique française, de l’autre, elle demande une transparence absolue et une gestion rigoureuse des fonds investis. « Si on finance par exemple un tiers du programme nucléaire, cela représentera quelques milliards d’euros par an… c’est quelque chose qui est tout à fait absorbable par l’épargne des Français », affirme Éric Lombard, mettant en avant la capacité d’absorption de l’épargne nationale.

 

 

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Nucléaire : nouveaux réacteurs EPR, EDF explose son budget prévisionnel

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La facture d’EDF pour la construction des six nouveaux réacteurs EPR a largement dépassé le budget prévisionnel. Le producteur d’électricité français pointe du doigt la hausse des coûts de développement et de construction du projet.

 

Le budget prévisionnel des nouveaux EPR français en hausse de 30 %

Le projet de construction des six nouveaux réacteurs EPR2, piloté par EDF, affiche désormais un budget prévisionnel qui donne le vertige : 67,4 milliards d’euros, un chiffre qui dépasse largement le budget de 51,7 milliards initialement annoncés en 2021. Cette escalade des coûts, selon les informations de nos confrères des Echos, serait essentiellement due aux études d’ingénierie – qui se sont avérées plus complexes que prévu – ainsi qu’à la hausse des coûts de construction (équipements et mise en service) des nouveaux réacteurs EPR.

Comme le rappelle en effet EDF, le budget de 2021 ne prenait pas en compte les frais liés à la maîtrise de l’ouvrage. Le gouvernement doit encore finaliser le plan de financement des nouveaux EPR, plan qui permettra de déterminer le prix du mégawattheure qui sera produit par les nouveaux réacteurs EPR. Leur mise en service est prévue d’ici à 2025.

 

Les projets internationaux d’EDF ne sont pas épargnés

Les dépassements budgétaires d’EDF ne s’arrêtent pas aux frontières françaises. Les projets d’EPR d’EDF à l’étranger, comme ceux en cours au Royaume-Uni, ont également subi des hausses considérables de leurs coûts initiaux. Par exemple, la construction de l’EPR de Hinkley Point C outre-Manche a vu son estimation grimper, passant de 25-26 milliards à 31-35 milliards de livres.  La filière nucléaire française, après 5 ans de mise à l’arrêt, peine à répondre aux nouveaux objectifs fixés par le gouvernement depuis sa relance, initiée en 2022 par Emmanuel Macron. Manque de personnel qualifié, échéances restreintes… les dépassements budgétaires mettent en lumière les défis auxquels est confronté le secteur nucléaire français.

Pour redresser la barre, EDF mise sur l’optimisation de ses processus et sur la renégociation de certains contrats clés, dans le but de limiter l’impact financier de ces dépassements. L’issue de ces négociations sera déterminante, non seulement pour la trajectoire énergétique du pays, mais aussi pour le porte-monnaie des Français.

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Électricité : un risque de pénurie mondiale dès 2025 selon Elon Musk

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Elon Musk, la figure emblématique derrière Tesla et SpaceX, a récemment secoué la sphère publique par une prédiction : une pénurie mondiale d’électricité dès 2025. Lors de la prestigieuse conférence Bosch Connected World, le PDG de Tesla a partagé ses craintes sur la transition énergétique, notamment concernant les effets du boom de l’intelligence artificielle (IA) et de la croissance de la demande en voiture électrique.

 

L’offre en électricité ne pourra bientôt pas suivre la demande

Elon Musk, le magnat de l’automobile électrique et de la technologie, a lancé un pavé dans la mare lors de la conférence Bosch Connected World. « Nous sommes à l’aube de la plus grande révolution technologique qui ait jamais existé », a-t-il ainsi déclaré, faisant écho à l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle et à la montée en puissance du marché des véhicules électriques.

Le PDG de Tesla, faisant partie des leaders du secteur de l’électromobilité, met en avant une contradiction frappante : les technologies qu’il promeut sont également celles qui alimentent la crainte d’un futur blackout.« La demande d’électricité augmente et, comme pour la voiture électrique, de nombreux systèmes ne pourront pas être correctement alimentés » en raison de la demande exponentielle en puces, explique-t-il.

 

Un appel pour sécuriser la transition énergétique

 

Elon Musk ne se contente pas de tirer la sonnette d’alarme ; il propose également des pistes de solutions. Ce dernier a lancé un appel aux entreprises ainsi qu’aux États à l’échelle mondiale afin que ces derniers mettent les bouchées doubles en investissant massivement dans les technologies de stockage d’énergie pour pallier la hausse de la demande. Le PDG de Tesla préconise par ailleurs d’accélérer la production d’électricité décarbonée à partir d’énergies renouvelables. « Des temps intéressants nous attendent », s’est-il enthousiasmé, préférant ainsi voir ces défis comme des opportunités plutôt que des obstacles.

Les déclarations d’Elon Musk ne sont pas à prendre pour argent comptant, celui-ci prédisant que la pénurie d’électricité « se produira l’année prochaine (2025) ». Néanmoins, ces déclarations soulignent des inquiétudes et des défis techniques de la transition énergétique qui sont bien réels. Ces derniers, comme le souligne le PDG de Tesla, nécessitent une action collective, seul moyen d’assurer une transition énergétique réelle et efficace à l’échelle mondiale.

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Hydrogène, gaz, nucléaire : comment l’Allemagne est en train de rater sa transition énergétique

La politique de transition énergétique allemande, appelée « Energiewende » vise à sortir du nucléaire et à parvenir à un taux de 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2050. Pour cela, l’Allemagne a fait des choix qui ne se sont pas tous avérés gagnants. Et si nos voisins d’outre-Rhin étaient tout simplement en train de rater leur transition énergétique ?

Porté par le charbon et le nucléaire jusqu’au début des années 2000, le mix électrique allemand a ensuite progressivement changé de visage. L’Energiewende, qui se traduit littéralement par « transition énergétique », donne un nouvel aspect à son mix électrique pour parvenir à une électricité entièrement renouvelable d’ici 2050. Pour cela, plusieurs choix ont été adoptés.

L’abandon du nucléaire, un choix porté par la population en Allemagne

D’abord, la décision a été prise d’abandonner le nucléaire. En effet, la population allemande étant culturellement anti-nucléaire depuis le début des années 1970, avant un renforcement du mouvement suite aux accidents de Tchernobyl puis de Fukushima, cela a incité les pouvoirs publics à acter la fin l’atome. La catastrophe de Fukushima a par ailleurs condamné définitivement l’énergie nucléaire outre-Rhin.

Ainsi, les trois dernières centrales encore en activité sur le territoire ont été déconnectées du réseau en avril 2023. On peut se demander si le calendrier était bon, étant donné le contexte difficile sur le plan énergétique avec la flambée des prix de l’énergie et les tensions d’approvisionnement en gaz liées à la guerre en Ukraine. En outre, rappelons que le nucléaire est une source de production d’électricité décarbonée qui aurait pu peser dans l’atteinte des objectifs du pays.

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Le gaz, un allié privilégié pour la transition énergétique allemande

Afin d’atteindre son ambition d’électricité 100 % renouvelable, nos voisins d’outre-Rhin doivent s’appuyer sur une source de production flexible, indispensable pour accompagner les énergies renouvelables dont la production est extrêmement fluctuante. Ces sources de production flexibles sont le fioul, le gaz, le charbon, l’hydroélectricité dans certains cas, et le nucléaire. L’énergie nucléaire ayant été expulsée de l’équation par choix politique et le potentiel hydroélectrique étant faible, il ne reste donc plus qu’à l’Allemagne le charbon et le gaz, qui sont des énergies fossiles.

Dans les faits, le pays exploite actuellement le charbon, le gaz et les interconnexions (imports/exports de ses pays voisins) pour compenser la variation de l’éolien et du solaire. L’Allemagne est productrice de charbon et particulièrement de lignite, une sorte de charbon à faible pouvoir calorifique. Du côté du gaz, le pays était fortement dépendant des importations en provenance de la Russie. La situation géopolitique a donc perturbé les approvisionnements en gaz, incitant les Allemands à trouver des solutions : importations de gaz naturel liquéfié (GNL) auprès d’autres pays et importations de gaz naturel depuis la Norvège. Miser sur le gaz naturel pour sa transition énergétique tout en étant extrêmement dépendant de la Russie pour ses approvisionnements était un pari risqué pour l’Allemagne qui s’est trouvée en difficulté et a dû trouver des solutions en urgence avec la guerre en Ukraine.

Sur le plan climatique, le gaz et le charbon émettent du CO2. Ceci explique que, malgré le développement des énergies renouvelables (ENR) dans le pays qui ont permis de faire baisser les émissions de CO2 de 10 % en 2023, le niveau de ces émissions reste malgré tout très élevé en Allemagne (673 millions de tonnes en 2023).

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L’hydrogène pour décarboner la production d’énergie

L’Allemagne a également fait un parti technologique incertain, en choisissant de développer de l’hydrogène dans le cadre de son Energiewende. On parle ici d’hydrogène vert, donc produit à partir de l’électrolyse de l’eau et d’électricité 100 % renouvelable. L’Allemagne mise sur cette source de production pour décarboner son industrie ainsi que le secteur de la mobilité lourde. Le pays s’est fixé comme objectif d’atteindre une capacité de production d’au moins 10 gigawatts (GW) d’ici à 2030. Pour cela, des pipelines d’hydrogène doivent être installés sur 1 800 km d’ici 2030, ce projet bénéficiant d’un soutien financier de l’État dans le cadre du programme européen des projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC).

Mais, outre les pertes d’énergie considérables engendrées par la production, le transport et la consommation de l’hydrogène, l’Allemagne ne pourra pas en produire suffisamment pour couvrir sa consommation. Il est donc prévu d’en importer à hauteur de 70 % de ses besoins. Plusieurs accords ont été signés avec des pays comme le Canada, les Émirats arabes unis, l’Australie ou encore la Norvège. En pratique, l’hydrogène vert n’est pas forcément à la hauteur des attentes de l’Allemagne. Par exemple, après avoir lancé en grande pompe le train à hydrogène, nos voisins ont finalement revu leur stratégie pour décarboner le secteur ferroviaire. En effet, le train à hydrogène s’est avéré peu rentable économiquement, incitant le pays à l’abandonner au profit des trains à batterie.

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L’Allemagne, un peu seule dans la défense des carburants de synthèse

Par ailleurs, l’Allemagne défend les carburants synthétiques au point de peser fortement dans la balance des négociations européennes pour faire accepter la poursuite des ventes de voitures thermiques neuves après 2035, à condition qu’elles roulent avec ce type de carburant. Fervents défenseurs de l’e-fuel et opposés au tout électrique pour les véhicules, les Allemands pensaient rassembler de nombreux États autour des carburants de synthèse afin de les inciter à construire des usines de production.

Mais nos voisins peinent à convaincre et seuls trois pays ont signé la déclaration commune préparée par l’Allemagne : la Tchéquie, le Japon et le Maroc. Il semble donc qu’à ce jour, l’Allemagne soit assez isolée sur la défense des carburants de synthèse. Pour conclure, l’Allemagne a fait des choix radicaux pour sa transition énergétique qui s’avèrent peut-être un peu risqués compte tenu de la conjoncture, notamment du fait de l’abandon de l’atome et de l’importance laissée au gaz naturel. L’avenir nous dira si ces choix étaient les bons pour parvenir à ses objectifs.

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Réacteurs nucléaires : la cadence infernale que promet EDF

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EDF, par la voix de son PDG, annonce la construction de deux réacteurs par an dès 2030.

L’Europe se rallie au nucléaire : une aubaine pour EDF

L’Europe renoue de plus en plus avec l’énergie nucléaire. Luc Rémont, PDG d’EDF, voit dans cet élan un signal fort pour accélérer la production d’électricité nucléaire. Avec l’objectif de déployer deux réacteurs annuellement après 2030, EDF souhaite tirer parti de son expertise pour répondre efficacement à cette demande grandissante. Mais au-delà de l’ambition, le groupe français se heurte à un défi de taille : maîtriser les coûts tout en garantissant la fiabilité de ses installations.

Le nucléaire reste un terrain miné par les incertitudes financières. Luc Rémont admet qu’aucun chiffrage précis n’est encore arrêté pour les futurs réacteurs. Toutefois, il maintient que le développement du nucléaire reste économiquement viable, malgré une dette conséquente et des dépassements budgétaires sur les projets en cours.

Le chantier de Flamanville a pris du retard 

Le programme nucléaire d’EDF repose en grande partie sur la technologie EPR, conçue pour marquer le renouveau du secteur en Europe. Malgré les retards et les surcoûts, notamment illustrés par le chantier de Flamanville, Luc Rémont reste confiant. Il évoque les succès passés et la capacité d’EDF à relever de tels défis. Cependant, l’heure est à la rationalisation : pour tenir ses promesses, EDF mise sur l’optimisation et la standardisation de ses fameux réacteurs EPR2.

En visant une production accélérée, EDF ne se positionne pas seulement comme un acteur majeur en France, mais ambitionne aussi de renforcer la présence du nucléaire en Europe. La collaboration avec d’autres pays et la concurrence sur des appels d’offres internationaux témoignent de l’ambition globale du groupe.

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Bombe atomique : comment la centrale nucléaire de Civaux va aider à en fabriquer ?

EDF et le ministère des Armées viennent d’annoncer un partenariat visant à permettre la production de tritium sur le sol français grâce aux réacteurs de la centrale de Civaux. Ce gaz rare est un ingrédient indispensable de la dissuasion nucléaire.

À la suite de sa visite de la centrale nucléaire de Civaux, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a annoncé qu’une activité d’irradiation de matériaux allait démarrer dans la centrale pour le compte de l’Armée française, avec l’appui du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Étudiée depuis les années 1990, cette collaboration est le fruit d’une planification de longue date destinée à sécuriser l’approvisionnement français en tritium, un élément indispensable à la dissuasion nucléaire. Ainsi, à partir de 2025, le CEA devrait livrer à la centrale de Civaux des matériaux particuliers contenant du lithium. Ces matériaux seront assemblés puis chargés dans le cœur d’un des deux réacteurs du site pour une durée d’environ 7 mois, avant d’être retirés puis démontés. À l’issue de cette phrase d’irradiation, les matériaux seront renvoyés au CEA pour les dernières étapes de production du tritium.

La centrale de Civaux, dernière née du parc nucléaire français

Située en Haute-Vienne, la centrale de Civaux est la plus récente des centrales nucléaires françaises. Mise en service en 1997, elle est composée de deux réacteurs à eau pressurisée délivrant une puissance unitaire de 1450 MWe. Elle est capable de produire environ 20 TWh d’électricité par an. C’est, en partie, grâce à sa jeunesse que la centrale a été choisie pour cette mission d’irradiation. Elle ouvre des perspectives d’exploitation plus longues que les autres sites.

Pourquoi le tritium est-il indispensable à la force de dissuasion nucléaire française ?

Si la recette de la bombe thermonucléaire française est un secret très bien gardé, le tritium en serait un élément indispensable. Une bombe thermonucléaire repose sur un mécanisme de fission – fusion – fission. Elle est composée de deux étages : le premier étage est une bombe à fission, généralement constituée d’uranium ou de plutonium. Cette première réaction de fission engendre des conditions de température et de pression propices à la fusion nucléaire. À cet instant, dans le deuxième étage de la bombe, le tritium et le deutérium présents fusionnent pour donner de l’hélium et génèrent une très grande quantité d’énergie. Enfin, cette réaction de fusion engendre une nouvelle réaction de fission du reste du combustible radioactif présent dans la bombe.

Dans ce mécanisme complexe, le tritium a deux utilités : dans le premier étage, il permet de doper la première réaction de fission. Au second étage, il est au cœur de la réaction de fusion avec le deutérium. Il est à noter que le tritium du deuxième étage de la bombe est parfois remplacé par du deutérure de lithium. Cet élément, une fois bombardé de neutron, génère du tritium et rend alors possible la réaction de fusion. Si aucune donnée officielle n’existe sur le sujet, il semblerait que chaque tête nucléaire contient environ 4 g de tritium.

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En France, ces ogives thermonucléaires sont réparties en deux catégories. Les têtes nucléaires océaniques (TNO), d’une puissance de 100 kt (kilotonnes, une kilotonne équivalent à 1 000 tonnes de TNT), équipent les missiles M51 que l’on retrouve à bord des sous-marins lanceurs d’engins de classe Le Triomphant. Ces missiles, d’une portée de 6 000 km, peuvent embarquer jusqu’à 6 têtes nucléaires. Les têtes nucléaires aéroportées (TNA), d’une puissance de 300 kt, équipent les missiles ASMP-A, d’une portée de 500 km, qui peuvent être lancés depuis des Mirage ou des Rafale. Comparativement, les bombes thermonucléaires sont nettement plus puissantes que les bombes nucléaires. Alors que Little Boy, la bombe larguée sur Hiroshima, représentait l’équivalent de 15 000 tonnes de TNT, la première bombe thermonucléaire avait une puissance de 100 000 tonnes de TNT.

Un élément difficile à conserver

Outre le fait qu’il est très rare à l’état naturel, le tritium constitue un véritable enjeu stratégique, car il a la particularité de posséder une demi-vie de seulement 12,5 ans. En conséquence, il se désintègre et disparaît spontanément, à tel point qu’au bout de 25 ans, un stock perd 99,5 % de sa radioactivité. Jusqu’en 2009, la production française était assurée par le CEA grâce aux réacteurs nucléaires Célestin 1 et 2 du site de Marcoule. Mais depuis l’arrêt définitif de ces derniers, la France vit sur ses stocks qui sont suffisamment importants pour tenir jusqu’à l’horizon 2035-2040. Le recours à la centrale de Civaux permet de relancer la filière du Tritium tout en évitant de lourds investissements financiers.

Pour EDF, l’activité d’irradiation de matières pour des organismes tiers est une première, mais pourrait bien se développer. L’énergéticien français a, en effet, trouvé un accord avec Westinghouse pour la production de Cobalt-60, un isotope utilisé en médecine.

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Nucléaire : l’Assemblée valide la fusion de l’ANS et de l’IRSN

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Dans un vote serré, l’Assemblée nationale a donné son feu vert le 19 mars 2024 à la fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

 

 

Nucléaire : la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR2 est prévue

Le 20 mars 2024, l’Assemblée nationale a validé d’une voix, la fusion de l’ASN et de l’IRSN en une nouvelle entité, l’ASNR. Elle devrait être actée pour 2025. Objectif annoncé par le gouvernement : créer un organisme plus robuste, indépendant et agile, apte à répondre aux défis d’un secteur nucléaire en plein renouveau. Pour rappel, la France prévoit d’intensifier son recours à l’énergie nucléaire, avec l’annonce de la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR2.

Malgré la vision optimiste du gouvernement, le chemin vers la fusion a été bien difficile. En mars 2023, le premier essai du gouvernement pour faire approuver le projet par le Parlement avait échoué. Critiques et oppositions se sont fait entendre, tant de la part des syndicats des deux organismes concernés que de figures politiques et scientifiques. Les craintes ? Une perte de transparence, de l’indépendance des experts et un risque accru pour la sûreté nucléaire. Des salariés de l’IRSN ont même averti d’une possible régression dans une lettre pour les députés le 18 mars 2024. Ils craignent une publication retardée des avis techniques, une situation jugée inacceptable.

Revirement du RN à l’Assemblée nationale

La décision finale a été rendue possible grâce à un revirement de dernière minute de certains députés, notamment ceux du RN (Rassemblement National), initialement réticents à l’idée de cette fusion. Mais même au sein du camp présidentiel, le projet a divisé. Sept députés d’Horizons, huit du MoDem et trois de Renaissance se sont abstenus, tandis que quatre membres du parti d’Emmanuel Macron ont voté contre la réforme. 

La création de l’ASNR est désormais sur le point de voir le jour, mais rien n’est encore fait. Les prochains mois seront cruciaux pour définir les contours précis de cette nouvelle autorité. L’enjeu est de taille : assurer la sécurité des installations nucléaires françaises tout en accompagnant une politique énergétique ambitieuse.

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Dissuasion nucléaire : l’Armée et EDF relancent la production de tritium

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Avec la polarisation du monde, la France vise à assurer sa capacité de dissuasion nucléaire. Le ministère des Armées a publié un communiqué, lundi 18 mars 2024, annonçant une collaboration entre EDF, le ministère de la Défense et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Cette collaboration vise à relancer la production de tritium, un gaz rare requis dans la fabrication d’armes de dissuasion nucléaire.

 

 

Une collaboration hautement stratégique entre EDF et l’Armée

Le tritium, bien que discret dans le paysage médiatique, est un maillon essentiel de la dissuasion nucléaire, garant de la sécurité nationale. L’annonce de la collaboration entre EDF et le ministère des Armées pour la production de tritium à la centrale de Civaux (Vienne) marque un tournant majeur dans la stratégie de dissuasion nucléaire française. Le tritium, isotope radioactif de l’hydrogène, joue en effet un rôle clé dans l’efficacité des armes nucléaires. Sa production est très complexe et réglementée, ce qui nécessite des infrastructures spécifiques et un savoir-faire technique avancé, domaine dans lequel EDF excelle.

Le ministère des Armées précise que cette opération s’inscrit dans une démarche de longue haleine, initiée dès les années 1990. « Cette collaboration était à l’étude depuis les années 1990 et fait partie d’une planification de longue date, habituelle des outils industriels de la Défense », indique le communiqué officiel. Une convention tripartite entre l’État, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et des énergies alternatives) et EDF définira les contours de cette mission, ainsi que les normes de gouvernance et de sécurité pour chacune des parties.

 

Le défi de la production de tritium

La production de tritium a longtemps été mise à l’arrêt en France. Jusqu’aux années 60, c’était le site de Marcoule (Gard) qui en avait la charge, mais celui-ci a été démantelé en 2009. Or, le cycle de vie du tritium nécessite une production régulière pour maintenir les stocks nécessaires à la dissuasion nucléaire. « Tout stock est réduit de moitié au bout de 12 ans, les trois quarts au bout de 25 ans, 99,5 % au bout d’un siècle », rappelle le ministère des Armées. « La centrale de Civaux a été choisie parce qu’il s’agit de la centrale en service la plus jeune du parc et qu’elle présente donc une capacité de poursuite de sa durée d’exploitation qui est maximale », explique Étienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire chez EDF.

 

Deux réacteurs de la centrale nucléaire seront mis à disposition pour cette nouvelle mission. Leur rôle sera d’irradier des matériaux contenant du lithium. Ces matériaux, une fois irradiés, seront ensuite transférés vers un site du CEA qui finalisera le processus de fabrication du tritium. Étienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire chez EDF, précise que cette activité annexe ne perturbera pas la mission principale de la centrale, qui reste la production d’électricité. Au vu des enjeux de sûreté et de la nécessité de modifier les paramètres de fonctionnement des réacteurs, la production de tritium ne sera pas immédiate. La centrale de Civaux doit dans un premier temps envoyer un dossier détaillant les modifications et les aménagements prévus sur ses deux réacteurs. Ce dossier sera examiné par l’Autorité de sûreté nucléaire, le gendarme du nucléaire, et l’IRSN, son expert technique, pour des premiers tests prévus d’ici à 2025.

 

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Stratégie énergétique : toujours pas de cap, Attal lance une nouvelle consultation

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Le gouvernement peine à donner une direction à la stratégie énergétique et climatique de la France. L’avis des Français sera une nouvelle fois demandé sur ces sujets. Gabriel Attal a annoncé une prochaine grande consultation suite à une réunion qui rassemblait différentes ONG environnementales, vendredi 15 mars 2024.

 

Souveraineté énergétique : le gouvernement redemande l’avis des Français

 

La France a battu des records d’exportation d’électricité en janvier 2024, mais ne dispose néanmoins toujours pas de direction sur sa stratégie énergétique et climatique. L’annonce d’une nouvelle grande consultation par le Premier ministre, Gabriel Attal, et qui sera dirigée par la Commission nationale du débat public (CNDP) a, par conséquent, suscité de vives réactions de la part des différents acteurs du secteur énergétique français. Celle-ci semble avoir été plutôt bien accueillie de la part des ONG environnementales, notamment du fait de leur habitude à se mobiliser pour ce type d’initiative.

Mais le gouvernement, dépourvu de majorité à l’Assemblée nationale, est pris entre deux feux avec une droite pro-nucléaire et une gauche pro-renouvelable, et rechigne ainsi à donner une direction énergétique à la France. Comme le souligne Yves Brechet, ancien haut-commissaire à l’énergie atomique : « Empêché, le gouvernement procrastine et s’emploie à repousser le problème. Mais on n’en finit plus de débattre… Maintenant, il faut décider ! ». Même tonalité du côté du secteur éolien : « S’ils ont la trouille de ne pas pouvoir faire voter leurs textes, qu’ils le disent ! Mais qu’ils arrêtent de nous faire perdre notre temps ». Aucune date n’a encore été annoncée quant au lancement de cette prochaine grande consultation et la présentation du projet de loi sur l’énergie ne fait toujours pas partie du calendrier parlementaire. Celui-ci doit pourtant fixer la stratégie énergétique et climatique de la France à l’horizon 2030-2035 via notamment la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la stratégie nationale bas carbone (SNBC).

 

 Gagner du temps

 

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement interroge les Français au sujet de la souveraineté énergétique de la France et ses objectifs climatiques. L’ex-Première ministre, Élisabeth Borne, avait lancé une grande consultation en 2022. Son compte-rendu de novembre 2023 n’a pour autant pas été rendu public, et celui-ci n’a abouti à aucune initiative de la part du gouvernement. C’est même tout le contraire, le gouvernement a amputé le projet de loi de ses objectifs de production par énergie ainsi que de ses objectifs de réduction des émissions de carbone. La France ne dispose donc d’aucune direction sur sa stratégie énergétique et climatique.

À noter par ailleurs que sans projet de loi sur l’énergie, la suppression de 12 réacteurs nucléaires, qui avait été annoncée en 2018 par Emmanuel Macron, et sur laquelle il est revenu en arrière en 2022 avec l’annonce d’un plan de relance du nucléaire, n’a par conséquent toujours pas été réellement actée. Le gouvernement, avec l’approche des élections européennes, semble ainsi vouloir gagner du temps. L’annonce de cette nouvelle grande consultation a de quoi laisser les acteurs du secteur des énergies renouvelables, du nucléaire, mais aussi les Français, sceptiques quant à son efficacité réelle…

 

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Nos centrales nucléaires vont-elles souffrir du changement climatique ?

Les épisodes de canicule et de sécheresse ont un impact sur le fonctionnement des centrales nucléaires. EDF prend-elle suffisamment en compte ce facteur pour planifier l’avenir de la filière ? La Cour des comptes s’est penchée sur la question.

Le changement climatique conduit à l’augmentation des épisodes de canicules et sécheresse, ce qui a un impact sur la ressource en eau. Or, les centrales nucléaires ont besoin d’eau pour fonctionner et elles sont soumises à des normes en matière de rejet d’eau chaude dans le milieu aquatique. En cas de canicule, la température de la mer et des fleuves augmente et les centrales peuvent être contraintes de limiter leur rejet d’eau. Cela peut conduire à une indisponibilité temporaire des réacteurs.

Peu de pertes de production nucléaires liées aux contraintes climatiques

Dans son rapport annuel publié le 12 mars 2024, la Cour des comptes fait un état des lieux de l’impact du changement climatique sur le fonctionnement des centrales. D’abord, l’institution reconnait qu’EDF, exploitant du parc nucléaire en France, tient compte de ce facteur dans ses projections.

Certes, jusqu’ici, les indisponibilités du parc nucléaire liées à des tensions sur la ressource en eau sont limitées. Sur les deux dernières décennies, les pertes de production liées à ce phénomène climatique sont restées inférieures à 1 % de la production annuelle, sauf lors de la canicule de 2003 où le niveau a atteint 1,5 %. Si cela semble faible, la Cour rappelle que les indisponibilités ont atteint plus de 6 gigawatts (GW) en 2003, soit près de 10 % de la capacité nucléaire installée. Et le mouvement va s’accentuer dans les années à venir. En effet, à l’avenir, non seulement les canicules et sècheresses seront plus fréquentes, mais les besoins en électricité vont s’accentuer, notamment en été, du fait de l’électrification des usages et de l’utilisation accrue de la climatisation.

Si la réglementation en vigueur tient compte des risques climatiques dans le fonctionnement des centrales, l’institution déplore qu’aucun chiffrage précis n’existe sur les dépenses nécessaires pour adapter les installations au changement climatique. EDF doit se montrer plus innovante en la matière « non seulement sur les systèmes de refroidissement sobres en eau, mais également sur des systèmes de traitement biocide rejetant moins de réactifs chimiques dans le milieu naturel ».

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Considérer le changement climatique dès la conception des EPR2

Concernant les futurs réacteurs EPR2 (6 d’abord, puis peut-être 8 complémentaires par la suite), la question de la ressource en eau doit être sérieusement étudiée dès leur phase de conception. Par exemple, les futurs réacteurs EPR2 situés à Penly, en bord de mer, seront installés 11 mètres au-dessus du niveau de la mer, conformément au scénario le plus pessimiste du GIEC à l’horizon 2100 concernant l’élévation du niveau marin. Mais « ils n’offrent aucune marge à la hauteur des effets éventuels d’une accélération de la fonte des calottes glaciaires » souligne la publication.

Pour les 8 EPR2 additionnels en cours d’étude qui seront probablement installés au sein de centrales existantes en bord de rivière, la Cour des comptes réclame un examen minutieux de leur localisation. En effet, la perte de production pourrait être accrue du fait du rejet cumulé des eaux du parc actuel avec celles des nouveaux réacteurs.

4 recommandations pour l’avenir du nucléaire face au changement climatique

Pour conclure, la Cour des comptes considère qu’EDF et l’État doivent en faire davantage pour que les conséquences du changement climatique soient mieux intégrées à l’étude de l’avenir de la filière. Pour cela, l’institution recommande de :

  • Fiabiliser les mesures de prélèvement et de consommation d’eau des centrales nucléaires ;
  • Calculer les coûts d’adaptation des centrales nucléaires au changement climatique ;
  • Communiquer les impacts de la contrainte hydrique sur les centrales situées en bord de rivière ou d’estuaire et au besoin, adapter leurs capacités de stockage ;
  • Élaborer une approche commune d’adaptation du nouveau nucléaire au changement climatique.

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Construire une centrale nucléaire sur la Lune : le projet fou de la Chine et de la Russie

Pour permettre une implantation durable sur notre Lune, la Russie et la Chine envisagent d’y implanter une centrale nucléaire afin d’obtenir une source d’énergie régulière, qui ne peut être obtenue avec des panneaux solaires. Ils ne sont cependant pas les seuls à envisager cette possibilité. 

Ce n’est un secret pour personne : depuis 2021, la Russie et la Chine travaillent main dans la main pour créer une station scientifique internationale permanente à la surface de la Lune. Appelée International Lunar Research Station (IRLS), cette station devrait permettre de mieux comprendre notre satellite, et d’en savoir plus sur ses potentielles ressources. Mais la Lune n’étant pas éclairée par le soleil en permanence, obtenir une énergie de manière régulière et suffisante est un véritable défi qui ne peut être relevé qu’avec des panneaux solaires. C’est pourquoi, les autorités russes et chinoises envisagent d’y envoyer une centrale nucléaire entre 2033 et 2035.

Pour l’heure, aucune information supplémentaire n’a été dévoilée sur le sujet. En revanche, les travaux américains sur la question peuvent donner une petite idée de ce à quoi pourrait ressembler cette centrale nucléaire.

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Obtenir un approvisionnement régulier en électricité pour les missions lunaires

L’utilisation de l’énergie nucléaire dans la conquête spatiale n’est pas une nouveauté. Elle a déjà été utilisée pour alimenter des sondes spatiales destinées à explorer les confins de notre système solaire comme Voyager ou Pioneer, ou les rovers envoyés sur Mars comme Curiosity ou Perseverance. Pour ces missions, la Nasa a utilisé des générateurs thermoélectriques à radioisotopes capable de produire de l’électricité grâce à la désintégration radioactive d’un matériau riche en radiosiotopes, comme du plutonium 238.

La Nasa a également envoyé un réacteur à fission nucléaire dans l’espace. Appelé SNAP-10A, ce réacteur de 600W mis en orbite en 1965 avait pu fonctionner pendant 43 jours. Face à la complexité technique associée, aucun autre projet n’avait été lancé par la suite. Un peu plus tard, l’Union Soviétique s’est, elle aussi, essayée à la fission nucléaire pour son programme de surveillance RORSAT (Radar Ocean Reconnaissance Satellite). Entre 1970 et 1988, ce sont une trentaine de satellites militaires nucléaires qui ont été envoyés dans l’espace pour des missions d’une durée comprise entre deux et quatre mois.

Plus récemment, dans le cadre du programme Artemis qui vise à renvoyer des hommes sur la Lune, la Nasa a relancé ses recherches dans l’exploitation de l’énergie nucléaire avec le projet Kilopower. Celui-ci a abouti, en 2018, par le développement réussi du prototype de réacteur Krusty, d’une capacité de 1 kW et pouvant être augmentée à 10 kW. Dans ce réacteur, la chaleur, obtenue grâce à la réaction de fission du combustible nucléaire, est transférée par un fluide caloporteur contenant du sodium, et alimente 8 moteurs Stirling de 125W chacun. Forte de ce succès, la Nasa est en train de développer un réacteur opérationnel reposant sur le même principe.

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Le chargement du combustible a commencé dans le prototype de réacteur nucléaire à neutrons rapides indien

La mise en service du PFBR, prototype indien de réacteur à neutrons rapides, approche enfin avec le chargement imminent de son combustible. Si tout se passe comme prévu, ce prototype devrait donner naissance à plusieurs réacteurs surgénérateurs, et ainsi permettre le recyclage du combustible usagé de ses réacteurs existants.  

Il était temps ! 20 ans après le lancement des travaux, le PFBR (Prototype Fast Breeder Reactor), prototype de réacteur à neutrons rapides indien, va enfin recevoir son combustible nucléaire pour une mise en service espérée en décembre 2024. Ce réacteur de 500 MWe, développé par le BHAVINI, une entreprise nationalisée sous tutelle du département indien de l’énergie atomique, devait initialement entrer en service en 2010. Mais le projet subit de nombreux retards, jusqu’à en faire le plus long projet de réacteur nucléaire de l’histoire.

Une fois mis en service, ce réacteur rejoindra la très courte liste des réacteurs à neutrons rapides en fonctionnement dans le monde avec les réacteurs russes Beloyarsk-3 (560 MWe) et Beloyarsk-4 (820 MWe), et le CEFR chinois (20 MWe).

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L’Inde mise sur un programme nucléaire en trois étapes

Pourtant, la technologie des réacteurs à neutrons rapides intéresse depuis très longtemps. Et pour cause, cette technologie permet d’utiliser la quasi-totalité de la ressource uranium, de mieux recycler les combustibles usagés issus des autres réacteurs, et donc réduit la quantité de déchets ainsi que leur radiotoxicité. Néanmoins, on dénombre huit réacteurs à l’arrêt dans le monde aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France (Phénix et Superphénix) ou encore au Japon. Cette technologie présente un inconvénient majeur : elle nécessite un circuit de refroidissement au sodium liquide, un matériau inflammable au contact de l’air et réagissant violemment au contact de l’eau. De ce fait, elle est difficile à maîtriser, ce qui a conduit à un incident nucléaire important en 1995, dans la centrale japonaise de Monju.

Malgré ces difficultés, l’Inde y croit quand même. Après avoir construit de nombreux réacteurs à eau pressurisée et à eau lourde pressurisée, le pays s’attaque donc à la deuxième étape de son programme nucléaire qui consiste à déployer des réacteurs à neutrons rapides qui pourront utiliser les déchets nucléaires des premiers réacteurs. Le PFBR sera alimenté avec du MOX, un combustible nucléaire constitué de 8,5 % de plutonium et 91,5 % d’uranium appauvri. Grâce à l’expérience acquise avec ce prototype, le pays espère construire 6 réacteurs commerciaux d’une puissance de 500 MWe.

La troisième étape du programme nucléaire indien consistera, à terme, à construire des réacteurs avancés à eau lourde (AHWR) qui seront capables de fonctionner avec un mélange de plutonium et de thorium, une ressource que l’Inde possède en grande quantité.

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Prix de l’électricité nucléaire : l’accord entre EDF et l’État déjà sur la sellette ?

L’accord entre EDF et le gouvernement sur le tarif du mégawattheure (MWh) d’électricité nucléaire est-il déjà caduc ? Quelques mois seulement après l’annonce de celui-ci, EDF peine à signer des contrats pour cause de tarif trop élevé par rapport à la réalité du marché. 

En novembre dernier, après des mois d’âpres négociations, Bruno Le Maire annonçait avec assurance que le tarif de l’électricité nucléaire, à la sortie de l’ARENH, avait enfin été fixé aux alentours de 70 €/MWh. Selon le ministre de l’Économie, cet accord devait permettre à l’électricien de « rentrer dans le XXIe siècle ». Seulement voilà, quelques semaines plus tard, tout se complique, car EDF n’arrive pas à signer de contrats de fourniture d’électricité. pour les années à venir.

L’ARENH, c’est quoi ?

L’ARENH, ou accès régulé au nucléaire histoire, est un dispositif mis en place en 2012 qui visait à contraindre EDF à vendre chaque année 100 TWh d’électricité nucléaire aux fournisseurs alternatifs au tarif de 42 €/MWh. Ce dispositif a souvent été critiqué notamment à cause d’un tarif trop bas, ne permettant pas à EDF d’entretenir les centrales et de renouveler ses dispositifs de production.

Lorsque le tarif de 70 €/MWh a été fixé, en novembre dernier, les tarifs d’électricité pour 2026 étaient annoncés aux alentours de 100 €/MWh. Compte tenu de ces prévisions, il semblerait qu’EDF n’ait pas considéré que le prix puisse descendre sous la barre des 70 €/MWh. Pourtant, depuis, le CAL-26 (contrat d’achat d’électricité pour une livraison future, ici en 2026) est descendu jusqu’à 57,50 €/MWh tandis que le CAL-27 (prix pour 2027) s’est négocié aux alentours de 64 €/MWh. Face à cette situation, les potentiels clients d’EDF exigent des tarifs au MWh inférieurs au prix de réserve d’EDF.

Trouver un nouvel accord ?

Face à ce constat, le gouvernement français envisage déjà de modifier les termes de l’accord sur le tarif de l’électricité nucléaire, et considère la possible mise en place d’un prix plancher. Selon ce principe, qui avait précédemment été refusé par EDF, un tarif de base serait fixé. Lorsque le MWh est vendu à un prix supérieur à ce tarif, l’État empoche la différence, tandis qu’il paie à EDF un complément en cas de prix inférieur au tarif fixé.

Il se murmure que le gouvernement se laisse jusqu’à l’été avant de prendre une décision. En attendant, il pourrait retirer de la loi sur la souveraineté énergétique le chapitre concernant la régulation des prix.

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Ce gigantesque datacenter d’Amazon sera directement alimenté par une centrale nucléaire

Les serveurs d’Amazon seront bientôt alimentés grâce au nucléaire, ou du moins une partie. Pour décarboner son mix énergétique sans freiner son expansion dans le cloud computing (informatique en nuage, en bon français), le géant américain va construire son prochain centre de données à proximité d’une centrale nucléaire de Pennsylvanie. 

Amazon web services (AWS), la division d’Amazon dédiée aux services informatiques en ligne, vient d’acheter un vaste campus de 485 hectares créé par le fournisseur d’énergie américain Talen Energy. Appelé Cumulus Data Assets, ce campus a la particularité d’être situé à deux pas de Susquehanna Steam Electric Station, une centrale nucléaire de 2,5 GW mise en service en 1983. Cette proximité n’est pas un hasard : Talen Energy a conçu ce campus avec l’objectif de rassembler les activités ayant d’importants besoins énergétiques au plus près de sources de production d’électricité décarbonée.

Amazon va donc construire sur ce campus un immense centre de données, dont la puissance finale devrait approcher les… 960 MW, soit autant qu’un réacteur nucléaire français de palier CP. À titre de comparaison, CloudHQ, le plus grand data center français, exige une puissance de « seulement » 240 MW. Pour alimenter son nouveau data center, AWS a passé un contrat avec Talen Energy pour une augmentation progressive de la puissance souscrite, afin d’accompagner le développement du data center.

Le cloud computing, c'est quoi ?

Aussi appelé informatique en nuage, le cloud computing consiste, pour une entreprise, à louer de l’espace et des services informatiques à une entreprise spécialisée comme AWS, Google Cloud ou Microsoft Azure, plutôt que d’acheter et gérer ces services soi-même. Avec le cloud computing, les données, les programmes et les ressources sont accessibles à travers internet et ne sont pas installés sur les ordinateurs de l’entreprise. Cela permet généralement, pour les entreprises, de gagner de l’argent et surtout de disposer de plus de flexibilité et d’évolutivité.

AWS veut faire rimer cloud computing et neutralité carbone

Depuis quelques années, l’utilisation du cloud computing explose. Il permet aux utilisateurs de disposer de services plus flexibles, et autorise une meilleure optimisation de la consommation d’énergie grâce à la centralisation des infrastructures informatiques.

Cette croissance frénétique engendre des consommations électriques colossales qui ne sont pas près de diminuer. Au contraire, les perspectives sont telles que plusieurs estimations annoncent une consommation mondiale comprise entre 500 et 3 000 TWh/an d’ici 2030. La fourchette est très large, mais elle donne une idée du gigantisme des consommations puisque 500 TWh/an correspond à-peu-près aux besoins électriques d’un pays comme la France. Autre point de repère : en 2013, l’Union européenne consommait 2 700 TWh/an.

Malgré une optimisation de la consommation électrique, cette croissance des besoins énergétiques s’explique par le développement de ce type de service, mais aussi d’un effet rebond engendré par le fait que, contrairement à une gestion en propre des espaces de stockage où les mégaoctets sont comptés, les clients ayant recours au cloud computing ont moins tendance à trier leurs fichiers, ce qui augmente la quantité totale des documents stockés sur les serveurs.

Face à cette situation, les entreprises de cloud computing cherchent à décarboner leur mix électrique le plus rapidement possible. AWS semble d’ailleurs être sur la bonne voie puisqu’en 2022, l’entreprise estimait son mix électrique décarboné à 90 %. Elle vise la neutralité carbone dès 2025.

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L’énorme dérapage du prix des 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR à construire en France

EDF prévoirait d’augmenter le montant prévisionnel des chantiers des six futurs réacteurs EPR. Une décision délicate dans un contexte critique à l’égard du coût du nucléaire.

Un des arguments phares des antinucléaires concerne le budget nécessaire à la construction d’une centrale nucléaire. Le sujet est d’autant plus délicat que la filière a connu des déboires avec le chantier de l’EPR de Flamanville notamment. Si la mise en service de l’EPR de Flamanville est attendue cette année, cela ne fera pas oublier son budget multiplié par 4, passant de 3,3 milliards d’euros en 2007 à 13,2 milliards aujourd’hui, ni son retard de 12 ans.

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La facture des EPR bondit de 30 %

Alors pour les 6 prochains EPR annoncés par les pouvoirs publics, le respect du budget prévu va être scruté avec attention. En 2022, le coût total de ces futurs chantiers était estimé à 51,7 milliards d’euros. Finalement, d’après une information du journal Les Échos, le montant devrait bondir à hauteur de 67,4 milliards d’euros. Cette augmentation de 30 % en trois ans, si elle était confirmée par EDF, ferait grincer quelques dents.

La hausse de la facture des EPR s’expliquerait, selon le quotidien, par l’allongement des délais d’élaboration des plans génériques du réacteur. L’augmentation des coûts de construction participe également à l’augmentation du budget, qu’EDF n’a pour l’instant pas confirmé. Toutefois, le directeur exécutif d’EDF avait reconnu, devant une commission sénatoriale le 8 février 2024, que le budget des EPR allait augmenter, sans donner d’indication chiffrée.

EDF rappelée à l’ordre par le ministre de l’Économie

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a répondu à cette annonce dans la presse. Il a rappelé à l’ordre l’énergéticien national en intimant qu’« EDF doit apprendre à tenir ses coûts et son calendrier » et de conclure « je participerai au prochain comité exécutif d’EDF, fin mars, avec un message simple : EDF doit tenir ses délais et ses coûts ». L’exécutif sait qu’il est attendu au tournant au sujet du budget des EPR et il est certain qu’il mettra la pression sur EDF pour que le budget soit respecté. Cela annonce des relations tendues entre l’exécutif et l’énergéticien.

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Suspicion de fraude dans le nucléaire : faut-il s’inquiéter pour la sûreté des installations ?

Fin janvier, lors de ses vœux exprimés à la presse, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a évoqué les contrefaçons, falsifications et suspicions de fraude dans la filière du nucléaire. De quoi s’agit-il exactement et la sécurité nucléaire est-elle touchée ?

Le nucléaire n’avait plus vraiment le vent en poupe en France depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, et il était même question de diminuer la part de l’atome dans le mix électrique français. Toutefois, on assiste depuis deux ans à un revirement de la situation. Avec son discours de Belfort prononcé en février 2022, Le Président de la République a lancé un plan de redynamisation du nucléaire. Emmanuel Macron entend miser sur l’atome, couplé au développement des énergies renouvelables, pour atteindre les objectifs climatiques de la France. La filière du nucléaire prend donc un nouvel essor, synonyme d’emploi pour le secteur. Mais l’ASN alerte sur les dérives potentielles liées à ce surcroît d’activité.

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Des fraudes détectées dès 2016 dans la forge du Creusot

Dans ses vœux prononcés fin janvier, l’organisme qui remplit la fonction de gendarme du nucléaire en France a rappelé que « dans un contexte de forte montée en charge et au vu des constats effectués ces dernières années, la lutte contre les falsifications et les contrefaçons à tous les niveaux de la chaine de sous-traitance doit rester un point majeur de vigilance ».

Ces falsifications et contrefaçons ne sont pas nouvelles. Déjà en 2016, l’ASN avait fait la découverte « d’irrégularités dans les dossiers de fabrication de pièces destinées au secteur nucléaire dans la forge du Creusot ». L’ASN qualifiait à l’époque les irrégularités détectées de « pratiques inacceptables » et avait publié en ligne le détail de ces irrégularités.

En 2023, l’ASN avait été informée de la présence de plusieurs soudeurs non qualifiés sur le chantier ITER situé dans le sud de la France. Les prestataires ont été écartés immédiatement du site et leurs soudures disqualifiées, de sorte qu’aucun impact n’est à craindre sur la sûreté. Il paraît toutefois étonnant qu’un contrôle a priori ne soit pas réalisé à l’égard des agents qui sont amenés à travailler sur un chantier nucléaire. D’ailleurs, le problème des fraudes est directement lié au recours massif à la sous-traitance depuis plusieurs années. On se souvient de l’affaire du travail dissimulé sur le chantier de l’EPR de Flamanville qui avait donné lieu à une condamnation en 2015 de l’entreprise Bouygues TP, laquelle avait fait appel à un sous-traitant ayant eu recours à du travail dissimulé.

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Un contrôle renforcé par l’ASN pour lutter contre la fraude dans l’industrie nucléaire

Avec l’augmentation de l’activité dans le secteur, l’ASN redoute une augmentation des cas de fraude et en appelle à la vigilance des exploitants, « premiers responsables de la sûreté ». Pour améliorer la détection de la fraude, l’ASN a mis en place une application dédiée aux lanceurs d’alerte, directement sur son site internet. L’autorité précise qu’en 2023, 33 signalements ont été effectués de cette façon.

Par ailleurs, depuis 2017, l’ASN a renforcé ses inspections sur les installations nucléaires, mais également chez les fournisseurs de la filière. En 2023, 53 inspections ont été réalisées auprès de fournisseurs contre 45 en 2022, ce qui montre que le gendarme du nucléaire renforce son contrôle.

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43 irrégularités détectées en 2023 dans la filière nucléaire

43 cas d’irrégularités ont été détectés en 2023 qui se divisent en deux catégories, selon l’ASN. Il s’agit d’abord des irrégularités au sein des installations nucléaires. Le plus souvent, des personnels indiquent à tort avoir effectué une action comme un contrôle ou un acte de maintenance qu’ils n’ont en réalité pas fait. Des contrôles internes voire une inspection de l’ASN permettent de détecter le défaut d’intervention de l’agent. Cette défaillance est traitée par l’ASN comme un événement significatif. Dans le jargon du nucléaire, un événement est dit significatif lorsqu’il présente une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, les patients, la population ou l’environnement. Il fait l’objet d’une procédure de déclaration dédiée auprès de l’ASN qui analyse les mesures prises par l’exploitant dans le cadre de l’événement.

La deuxième sorte d’irrégularités observées par l’ASN concerne les fournisseurs des installations nucléaires. Selon l’ASN, il est question de falsifications de certificats. Par exemple, les soudeurs ne sont pas qualifiés. Il s’agit aussi de mentions erronées dans les documents de suivi de fabrication de pièces. Par exemple, le document ne mentionne pas certaines réparations qui ont été réalisées. Cette deuxième catégorie d’irrégularités est la plus fréquemment observée sur les installations qui reçoivent beaucoup d’équipements, comme les chantiers en construction (EPR de Flamanville par exemple). L’ASN va donc renforcer ses contrôles sur les nouveaux chantiers qui sont annoncés avec la construction de nouveaux EPR.

Que fait l’ASN lorsqu’une irrégularité est décelée ? Le premier acte réalisé est de vérifier les conséquences potentielles de l’acte sur la sûreté. Dans les cas les plus graves, l’ASN peut faire un signalement auprès du Procureur de la République. 10 affaires sont en cours d’instruction à ce titre. Les cas les moins graves font l’objet d’une information auprès des exploitants et d’une analyse des éventuels impacts liés à l’irrégularité.

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La sécurité des installations nucléaires est-elle menacée ?

Mais cette situation ne porte-t-elle pas atteinte à la sécurité nucléaire ? Un soudeur qui ne disposerait pas des qualifications nécessaires et qui travaillerait sur des pièces destinées à équiper les centrales, ne met-il pas en danger la sécurité de l’installation ?

C’est ce que craint l’association anti-nucléaire Sortir du nucléaire qui a déposé plainte contre EDF en septembre 2023, reprochant à l’énergéticien de ne pas assez contrôler sa chaine de sous-traitance. Pour fonder sa demande, l’association se base sur un courrier de l’ASN rédigé le 9 juin 2023 à la suite d’une inspection d’EDF pour vérifier la surveillance exercée par le groupe à l’égard des intervenants extérieurs et de ses fournisseurs. Le courrier indique que « les derniers contrôles effectués par l’ASN sur ces thématiques mettent en évidence des faiblesses récurrentes qui peuvent avoir un impact sur la sûreté des installations ou plus généralement sur la conduite de grand projet ». L’ASN alerte donc clairement sur les risques qui pourraient survenir à l’égard de la sûreté des installations, du fait du manque de contrôle d’EDF à l’égard de ses fournisseurs.

Mais il faut avoir en tête que ces problèmes de fraude portent atteinte en premier lieu à la sécurité des travailleurs. Un employé exerçant sur une installation nucléaire, et qui serait insuffisamment formé aux problématiques de sûreté, se met en danger lui-même avant tout. Le recours à la sous-traitance, qui donne lieu à des fraudes, devrait peut-être faire l’objet d’un contrôle renforcé. Certains réclament d’ailleurs l’interdiction de la sous-traitance dans le secteur de l’industrie nucléaire.

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L’élaboration à venir d’un plan d’action contre la fraude par EDF

Le gendarme du nucléaire entend donc trouver des solutions afin que l’accélération de l’activité dans l’industrie nucléaire n’aille pas de pair avec la hausse des irrégularités constatées sur la chaine d’approvisionnement.

À cette fin, l’ASN a auditionné le PDG d’EDF sur le sujet le 26 février. Luc Rémont a été interrogé au sujet des actions que son groupe entendait entreprendre pour renforcer la lutte contre la fraude, dans toute la chaine de sous-traitance et d’approvisionnement. EDF va donc devoir formaliser ses intentions par écrit, pour rassurer le gendarme du nucléaire et sécuriser la filière. En espérant que cela suffise pour contenir le nombre d’irrégularités décelées dans le secteur et éviter une forte hausse liée à l’augmentation de l’activité dans les années à venir.

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Des conséquences possibles sur la perception du nucléaire dans l’opinion publique

À la marge, ces problèmes de falsification qui affectent la chaine d’approvisionnement de la filière représentent un risque à l’égard de la perception de la filière par l’opinion publique. Pour l’instant, ce n’est pas le cas puisque d’après la dernière enquête d’opinion réalisée en 2023 par l’ASN au sujet de la perception des Français au sujet de l’efficacité du contrôle de la sûreté nucléaire, 56 % d’entre eux jugent le contrôle de la sûreté des centrales nucléaires efficace. C’est un niveau jamais atteint depuis 2014. Le taux est même de 69 % pour les riverains situés à moins de 10 km des installations nucléaires.

Par ailleurs, il faut se rappeler que tout ceci se déroule dans un contexte particulier pour les instances du nucléaire, avec la décision récente des pouvoirs publics de fusionner l’ASN, chargée du contrôle des centrales, et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui gère la recherche sur le sujet. Cette décision a en effet provoqué une forte opposition de la part des agents des deux instances. La fusion des deux organes faisait craindre une perte d’indépendance de chacun d’eux, ainsi qu’une baisse des exigences en matière de sûreté, afin d’accélérer le déploiement des nouveaux réacteurs. Finalement, le projet a été débattu et amélioré pour finalement être adopté par les Parlementaires en février 2024.

Pour conclure, si aujourd’hui, dans le contexte de la crise climatique, le nucléaire semble beaucoup mieux accepté par la population, la situation n’est pas acquise pour autant. Des incidents à répétition et des affaires de fraudes réitérées dans les années à venir pourraient ternir l’image de l’industrie nucléaire, laquelle se doit d’être irréprochable en matière de sûreté.

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La Suède est-elle sur le point d’autoriser à nouveau les mines d’uranium ?

L’heure est-elle venue pour la Suède d’autoriser à nouveau l’exploitation minière de son uranium ? Une enquête est lancée par le ministère du Climat et de l’Environnement suédois.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2022 d’une nouvelle coalition de centre droit, la Suède semble vouloir redonner une place de choix au nucléaire dans son mix électrique. Avec en ligne de mire, la volonté d’atteindre non plus le 100 % renouvelable, mais bel et bien le 100 % sans fossile d’ici 2040. Alors que la production d’électricité est appelée à doubler dans le pays dans les 20 ans à venir.

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La Suède relance sa filière nucléaire

La première étape a été, pour le gouvernement, de lancer une « modification de la législation » pour encourager les investissements dans le secteur. Puis, en fin d’année 2023, le gouvernement a précisé son plan. La Suède s’apprête à produire « massivement » de l’énergie nucléaire dans les années à venir. Alors que le pays dispose de 6 réacteurs nucléaires — qui fournissent environ le tiers de son électricité — mis en service entre 1975 et 1985, l’objectif est d’y ajouter l’équivalent de 2 supplémentaires avant 2035 et jusqu’à un équivalent de 10 réacteurs conventionnels d’ici 2045.

Pour alimenter ces nouveaux réacteurs nucléaires, la Suède envisage depuis quelques mois déjà de lever l’interdiction en vigueur depuis 2018 de l’exploration et de l’exploitation minière de l’uranium dans le pays. Il faut dire qu’une belle part des ressources connues en Europe se cache dans les sous-sols suédois. Plus d’un quart, selon le ministère du Climat et de l’Environnement. Et qu’aujourd’hui, de l’uranium est souvent extrait dans le pays avec d’autres métaux puis traité comme… un déchet.

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Des mines d’uranium comme les autres mines

L’idée du gouvernement est simple : traiter dorénavant l’uranium comme les autres métaux. Comprenez que seule une évaluation environnementale déterminerait à l’avenir les conditions dans lesquelles l’exploitation de l’uranium pourrait être autorisée. Mais avant de prendre une décision, le ministère du Climat et de l’Environnement a lancé une enquête. Son résultat sera rendu public au plus tard le 15 mai prochain. Le gouvernement aura alors le choix de présenter au parlement une proposition de loi visant à lever l’interdiction de l’exploitation minière de l’uranium en Suède.

La société d’exploitation minière Aura Energy se réjouit déjà à cette idée. Depuis longtemps, elle avait le projet d’extraire de l’uranium comme sous-produit de son exploitation de molybdène, de vanadium et de zinc du côté de Berg. En 2012, le gisement d’uranium y avait été estimé à près de 310 000 tonnes. Alors même que la Suède en brûle actuellement moins de 1 000 tonne par an.

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Bruno Le Maire appelle à une alliance de l’industrie nucléaire européenne

Pour accélérer la mise en œuvre de nouveaux projets en matière de nucléaire en Europe, le ministre de l’Économie souhaite une coopération entre les États membres au niveau de l’Union européenne. Une alliance qui serait en bonne voie avant la réunion de l’Alliance du nucléaire le 4 mars prochain.

Au sein de l’Union européenne, les États membres se répartissent en deux camps pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050. Les anti-nucléaires menés par l’Allemagne, sortie de l’atome en 2023 et qui mise sur les énergies renouvelables et le gaz naturel pour l’avenir de son mix énergétique. Et les pronucléaires emmenés par la France, forte de ses 56 réacteurs qui assurent environ 65 % de son mix électrique.

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L’Alliance du nucléaire, une coopération européenne en faveur de l’atome

Du côté des pronucléaires, un regroupement s’est mis en place à l’initiative de la France, au printemps 2023 avec la création de l’Alliance du nucléaire. Selon les termes du ministère de l’Écologie de l’époque, la vocation de cette alliance est de « réunir tous les pays d’Europe souhaitant s’appuyer sur l’énergie nucléaire, aux côtés des renouvelables, pour mener à bien leur transition énergétique ».

Plusieurs réunions ont eu lieu entre les 16 pays intéressés par cette alliance. On y compte notamment la Bulgarie, la Belgique, la Croatie ou encore l’Estonie. À noter que l’Italie dispose du statut d’observateur et que le Royaume-Uni est présent en qualité d’invité.

Dans ce contexte, le ministre français de l’Économie a récemment rencontré le ministre bulgare de l’Énergie, donnant lieu à une déclaration d’intention sur une coopération bilatérale en matière de nucléaire permettant d’échanger plus facilement notamment sur leurs programmes nucléaires, sur le processus industriel et d’approvisionnement mais aussi sur la sûreté et la maintenance des centrales. Dans ce document, les deux pays évoquent « les avantages du partage d’expertise entre la France et la Bulgarie dans le domaine de l’énergie nucléaire ».

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Des projets d’intérêt commun autour du nucléaire au sein de l’UE ?

Bruno Le Maire a déclaré à cette occasion qu’une nouvelle réunion de l’Alliance du nucléaire aura lieu le 4 mars. Le ministre souhaite y échanger autour de la mise en place de Projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) en matière de nucléaire. L’intérêt de recevoir cette qualification réside dans le fait qu’elle permet aux États membres d’accorder des aides nationales à ces projets et donc d’encourager les investissements à leur égard.

La France est d’ailleurs déjà engagée dans 7 PIIEC dans le domaine des batteries, de l’électronique, de l’hydrogène ou encore du numérique.

Cette annonce est dans la lignée de celle de la Commission européenne sur le lancement prochain d’une alliance européenne industrielle en matière de petits réacteurs nucléaires (SMR), afin de voir les premiers SMR déployés d’ici 2030.

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