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Construire des immeubles en pisé, est-ce une bonne idée ?

10 avril 2024 à 09:55

Après une longue période d’oubli, le pisé revient progressivement à la mode grâce à son impact environnemental particulièrement faible. Cependant, malgré ses avantages indéniables, ce matériau ne pourra réellement s’imposer dans le milieu de la construction sans lever les obstacles liés à la standardisation.

Certains l’appellent pisé, d’autre torchis, bauge ou encore andole. Les constructions en terre ont, pendant des siècles, été la norme dans une bonne partie de l’Europe et du monde. Peu à peu tombé en désuétude, ce type de matériau pourrait revenir sur le devant de la scène, grâce à son très faible impact carbone. Du côté de Lyon, la startup Terrio fait partie de ces acteurs qui croient en l’avenir de la construction en terre. La jeune entreprise a ouvert une usine de préfabrication de blocs de pisé afin d’en réduire le coût. Jusqu’à récemment très peu utilisé, le pisé était réservé à une poignée d’artisans initiés à ses techniques spécifiques de mise en œuvre, entraînant un coût de fabrication élevé.

Le pisé, c’est quoi au juste ?

Le pisé est un matériau de construction réalisé à partir d’une terre argileuse que l’on vient damer (tasser) dans des coffrages appelés « banches », un terme encore couramment utilisé dans la construction en béton armé. Une fois le coffrage mis en place, on le remplit par épaisseur de 10 à 15 centimètres d’épaisseur avant de le compacter, puis de recommencer. Entre deux coffrages, une couche de mortier peut être mise en œuvre pour gagner en résistance et limiter les effets de l’érosion.

Un immeuble utilisant une façade en pisé à Boulogne-Billancourt / Images : Terrio.

La terre, un matériau de construction sous-estimé

Le pisé, et plus généralement les matériaux de construction à base de terre, multiplient les avantages. D’abord, ils ont un impact carbone très faible puisque le matériau en question n’a pas besoin d’être chauffé. Mieux encore, quand cela est possible, le matériau utilisé pour la construction est directement prélevé sur site. N’étant quasiment pas transformé, le matériau est entièrement recyclable. Chez Terrio, on estime le bilan des blocs de pisé préfabriqués à 80 % moins important que celui du béton traditionnel.

Outre le faible impact environnemental, la construction en terre offre un confort intérieur très intéressant. D’abord, il permet de stabiliser l’hygrométrie à l’intérieur d’un bâti, en jouant le rôle de tampon. D’autre part, ce type de construction entraîne une excellente inertie thermique, et donc un très bon déphasage. En d’autres termes, les murs en terre ont la capacité de stocker une grande quantité de chaleur. Cela permet de mieux réguler la température au fil de la journée en hiver, et d’éviter les phénomènes de surchauffe en été. Cette capacité de stockage d’énergie permet d’éviter l’effet « paroi froide », synonyme d’inconfort.

Le pisé et la Grande Muraille de Chine

Si on a tous en tête l’image de la Grande Muraille de Chine et ses (très) épais murs en pierre, certaines portions des 6 700 km de fortifications ont été réalisées en pisé, ou plutôt en hangtu, l’équivalent chinois du pisé. Marquant les portes du désert de Gobi, à l’extrémité occidentale de la Muraille, le Fort de Jiayuguan est le parfait exemple de ce type de construction.

Un matériau difficile à standardiser

Néanmoins, ces avantages nécessitent une approche différente de l’isolation d’un bâtiment et la prise en compte du confort thermique, une notion difficilement mesurable. Le pisé en tant que tel n’est pas un excellent isolant thermique. La conductivité thermique de celui-ci est de 0,8 w/m.k, contre 0,04 w/m.k pour un bon isolant thermique. Ainsi, un mur de 60 centimètres d’épaisseur de pisé permet d’obtenir une résistance thermique (R) de 0,75 m².k/w, bien loin des 5 m².k/w obtenus avec seulement 20 centimètres de laine de verre.

En outre, une mauvaise gestion de l’isolation et du doublage peut avoir pour effet d’amoindrir ce confort thermique, et donc de limiter l’intérêt du recours à la construction en terre. L’isolation thermique par l’extérieur permet tout de même de conserver un confort thermique élevé à l’intérieur du bâti. À l’inverse, l’isolation thermique par l’intérieur laisse le mur en terre « du côté froid » de l’isolant, ce qui entraîne une baisse du confort thermique. Peu importe le choix des matériaux pour le doublage d’un mur en terre, il est indispensable de sélectionner des matériaux perspirants pour éviter que l’humidité ne reste piégée dans le mur en terre, ce qui aurait pour effet de le dégrader sur le long terme. Enfin, les murs en pisé nécessitent la mise en œuvre de dispositions particulières comme de larges débords de toiture afin de protéger le mur des intempéries, et des rupteurs de remontées capillaires.

Enfin, un dernier problème se pose : l’intérêt du pisé, et plus généralement de la construction en terre, réside dans l’utilisation de matériaux à proximité directe du chantier. Or, rien qu’en France, la composition d’un sol est très variable en fonction de l’endroit où on se situe. En conséquence, il y a autant de formulation de pisé qu’il n’y a de chantiers. De par ce constat, il apparaît difficile de standardiser l’utilisation de matériaux à base de terre crue tout en conservant l’intérêt de leur proximité directe du chantier.

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Le prix de l’électricité s’effondre sur le marché de gros, mais pourquoi nous la payons toujours aussi cher ?

5 avril 2024 à 14:32

Le prix de gros de l’électricité retrouve des niveaux comparables à ceux précédents la crise de l’énergie. Pourtant, le prix payé par le consommateur n’a pas baissé, bien au contraire puisqu’une augmentation de 10 % a été appliquée sur le tarif réglementé de vente (TRV) au 1ᵉʳ février 2024. Alors pourquoi une telle décorrélation entre le prix de gros de l’électricité et le prix payé par les usagers ?

La facture d’électricité des Français est en constante augmentation depuis deux ans avec des hausses successives du tarif réglementé de vente (TRV). Entre février 2022 et février 2024, il a connu une hausse totale de près de 40 %. De quoi fortement perturber la trésorerie des ménages et des petits professionnels. Depuis quelque temps, on entend parler de la baisse des prix sur le marché de gros de l’électricité, sans que le consommateur final voie sa facture diminuer pour autant.

En effet, après avoir subi de fortes hausses en 2021 et 2022 en raison de la baisse de la production nucléaire et hydraulique et de l’envolée du prix du gaz résultant de la guerre en Ukraine, le prix de gros de l’électricité connaît enfin une courbe descendante pour retrouver des niveaux similaires à ceux d’avant la crise. Selon l’organisme Ember, en France, le prix de gros moyen était de 76,66 euros/mégawattheure (MWh) contre 132,28 euros/MWh en janvier 2023 et 211,58 euros/MWh en janvier 2022. Il était de 59,47 euros/MWh en janvier 2021.

Distinction entre marché de gros et marché de détail de l’électricité

Si le prix de gros de l’électricité diminue, pourquoi paye-t-on toujours plus cher nos factures ? Déjà, il faut distinguer le marché de gros de l’électricité sur lequel les producteurs vendent l’électricité aux fournisseurs. Les échanges se font à différentes échéances : soit à très court terme, dans le cadre des produits spots avec des livraisons le jour même ou le lendemain, soit à plus long terme, dans le cadre de produits à terme avec des livraisons dans plusieurs semaines, mois, trimestres, voire années. Le prix est alors négocié au moment de la conclusion du contrat. Quand on dit que le prix de gros de l’électricité a baissé, on parle du marché spot, à court terme.

Or, cette baisse des prix sur le marché de gros à court terme n’est pas directement répercutée sur le prix payé par le consommateur final. Et tant mieux, parce que cela voudrait dire que le tarif de l’électricité payé par l’usager serait sujet à une variation quotidienne des prix, ce qui rendrait difficile la compréhension des factures et l’exposerait à des tarifs parfois nuls, parfois extrêmement élevés. Dans le cadre du marché de détail, un contrat est signé entre le fournisseur et son client pour la livraison d’électricité. Le prix du kilowattheure (kWh) est alors fixé sur la base du TRV ou librement déterminé par le fournisseur, pour les offres de marché. Le montant du TRV est fixé par les pouvoirs publics, après avis de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Il peut être modifié deux fois par an, en février et en août.

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Le tarif réglementé de vente de l’électricité ne cesse d’augmenter malgré une chute des prix de gros

En février dernier, le TRV a augmenté de près de 10 % alors même que les prix spot de l’électricité connaissent une décrue. En réalité, lors de sa consultation, la CRE avait suggéré de conserver un niveau de prix stable : +0,18 % HT pour les clients résidentiels et -3,55 % HT pour les professionnels soumis au tarif bleu. Mais les pouvoirs publics ont décidé d’augmenter les taxes (l’ancienne Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) appelée dorénavant l’accise). Pendant la crise, le montant de l’accise avait en effet été diminué à hauteur de 1 euro/MWh dans le cadre du bouclier tarifaire. Il est désormais de 21 euros/MWh. L’augmentation des taxes explique donc que le prix du kWh n’a pas baissé sur nos factures. Mais peut-on imaginer une diminution lors des prochaines échéances ? Mauvaise nouvelle : le gouvernement a déjà prévenu qu’une nouvelle hausse de l’accise allait intervenir en février 2025, pour retrouver son niveau d’avant-crise (32,44 euros/MWh).

Au-delà du montant des taxes, le prix du TRV est également affecté par le prix du marché de gros à long terme. Or, les acteurs de ce marché se sont montrés très précautionneux dans la fixation des prix pour les livraisons lointaines, compte tenu de la crise de l’énergie qui a marqué les esprits. Le gestionnaire de réseau RTE avait alerté sur la situation en précisant que l’augmentation des prix à terme sur le marché français « intégraient, depuis le second trimestre 2022, une prime de risque décorrélée des fondamentaux économiques sous-tendant les marchés de l’électricité ». Pour RTE, cela traduisait « une forte aversion au risque des acteurs et une couverture contre des scénarios de risque extrêmes qui n’apparaissaient toutefois que très peu probables ». Heureusement, cette prime de risque a progressivement disparu fin 2022 avant de réapparaître brièvement au printemps et à l’été 2023 pour s’effacer à nouveau depuis la fin de l’été 2023.

Enfin, il faut rappeler que les consommateurs sont libres de choisir leur fournisseur d’énergie. Et s’il était difficile de trouver des offres intéressantes pendant la crise, la situation s’améliore depuis quelques mois. Il peut donc être utile de comparer les offres et d’examiner celles proposées par les fournisseurs alternatifs, qui proposent souvent des réductions par rapport au prix du TRV.

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Compteur Linky : comment les fraudeurs parviennent à le trafiquer ?

4 avril 2024 à 14:59

L’explosion des prix de l’électricité ces dernières années a conduit à l’émergence d’un véritable marché de la fraude. Des individus proposent ainsi d’intervenir sur votre compteur afin de faire baisser drastiquement votre facture d’énergie. Une pratique évidemment illégale et dangereuse.

La fraude n’est pas une pratique nouvelle dans le secteur de l’énergie. L’utilisation d’un aimant pour ralentir la roue des vieux compteurs électromécaniques, par exemple, était une pratique connue par le passé, qui permettait de diminuer le montant de la facture. Les compteurs électroniques qui ont pris le relais des anciens modèles électromécaniques étaient plus difficiles à trafiquer. Et le déploiement récent des compteurs communicants Linky devait rendre la fraude impossible.

En effet, les nouveaux compteurs communicants transmettent des informations à distance. On pourrait donc penser qu’une éventuelle fraude serait détectée en temps réel, permettant aux équipes d’ENEDIS de faire le nécessaire rapidement pour y mettre un terme. En réalité, ce n’est pas si simple. Il semble qu’un nouveau marché ait émergé ces derniers mois, sans doute à la faveur de l’explosion des prix de l’électricité depuis deux ans. Un journaliste de France 2 a ainsi échangé sur la messagerie en ligne Telegram avec un individu qui lui promettait une intervention pour 200 euros (avec un prix de groupe à 300 euros pour l’électricité et le gaz) qui lui permettrait de faire baisser sa facture d’énergie. Dans le reportage diffusé au journal télévisé de 13h le 2 avril, on parle d’une baisse de la facture de l’ordre de 50 à 70 %.

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Comment fonctionne la fraude au compteur Linky ?

Mais comment procèdent ces personnes pour obtenir cette chute drastique des consommations ? Pour le comprendre, il faut se rappeler que l’électricité du réseau public de distribution passe des lignes présentes sur la voie publique (aériennes ou enfouies dans le sol) vers un câble de dérivation qui dessert chaque propriété (maison ou immeuble). Ensuite, l’électricité transite vers chaque logement et traverse le compteur avant d’alimenter l’ensemble des circuits électriques de l’habitation. Lorsqu’on utilise un appareil électrique dans la maison, la consommation est enregistrée par le compteur, qui la transmet chaque demi-heure à ENEDIS, puis au fournisseur d’électricité, qui établit la facture.

Pour faire baisser cette facture, il suffit logiquement de diminuer la consommation enregistrée par le compteur. Comme il semble difficile de toucher au compteur Linky proprement dit, une autre technique est employée : celle de la dérivation électrique. Cela n’a rien d’innovant en soi. Il s’agit de brancher certains appareils électriques directement au réseau public situé avant le compteur Linky, de sorte que la consommation ne soit pas enregistrée par le compteur. Ainsi, elle n’est pas facturée. Cette dérivation est généralement reliée aux appareils les plus énergivores, afin que la baisse de la facture soit importante : ballon d’eau chaude, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle. Elle ne concerne pas l’ensemble des appareils électriques de la maison afin que le compteur enregistre tout de même une consommation, même faible. En effet, une absence totale de consommation du jour au lendemain dans une résidence principale pourrait facilement attirer l’attention d’ENEDIS.

Sur Ebay ou Leboncoin, il est facile de trouver des personnes proposant leurs services pour réaliser une fraude ou vendre des scellés.

Les dangers de la manipulation frauduleuse du compteur Linky

La mise en œuvre d’une dérivation sur le compteur est un grave problème. D’abord, l’opération en elle-même est particulièrement dangereuse puisque l’individu l’effectue alors que l’installation est sous tension. De plus, ce genre d’installation frauduleuse peut provoquer un court-circuit suivi d’un incendie sur l’installation, entraînant un risque important pour la sécurité des occupants de l’habitation et de l’immeuble le cas échéant. On peut se demander à ce titre si la dérivation frauduleuse ne contourne pas également les protections individuelles présentes sur le tableau électrique (disjoncteur de branchement, disjoncteurs différentiels) qui protègent les occupants en cas de défaillance d’un appareil.

Enfin, cette pratique caractérise un vol d’énergie qui est un délit. L’article 311-2 du Code pénal indique que « la soustraction frauduleuse d’énergie au préjudice d’autrui est assimilée au vol ». Et l’article suivant précise que « le vol est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ».

Au-delà du volet pénal, lorsque l’agent d’Enedis se rend sur place pour constater le vol, il facture un forfait « agent assermenté » de 506,33 euros prévu en cas de « manipulation frauduleuse du dispositif de comptage » par son catalogue des prestations. Par ailleurs, en cas de fraude, un redressement est facturé au titre des consommations non réglées. Enedis a prévu une procédure dédiée qui donne les détails de la rectification effectuée. Si le compteur n’a pas enregistré la consommation, le redressement s’effectue soit sur l’historique de consommation s’il existe, soit sur la base des consommations enregistrées habituellement sur les profils du même type. Concernant la période corrigée, elle peut remonter jusqu’à deux ans en arrière pour un client particulier et jusqu’à 5 ans pour les professionnels. Enedis demandera aussi réparation pour tout dégât causé sur l’installation.

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Enedis lutte contre la fraude à l’aide de l’intelligence artificielle

Pour lutter contre la fraude, Enedis examine les index transmis par Linky. Une baisse anormale et soudaine des consommations peut entraîner un contrôle de la part des agents du distributeur. Toutefois, dans la pratique, il n’est pas forcément aisé pour les agents de traiter l’ensemble des mouvements anormaux. La baisse des consommations dans un logement peut avoir plusieurs explications, dont la plupart totalement légitimes : départ en vacances pendant plusieurs semaines, changement de mode de production d’eau chaude et de chauffage, résiliation d’un bail, départ d’un occupant, etc. La multiplication des cas de baisse des consommations rend la détection de la fraude pas si évidente.

Interrogé par le journal Le Parisien, le directeur clients d’Enedis, Eric Salomon a évoqué ce phénomène de fraude en indiquant que 250 agents traitaient les alertes transmises par les compteurs Linky, afin de repérer d’éventuels cas. Il a aussi précisé avoir recours à l’intelligence artificielle (IA) pour comparer le niveau de consommation d’un logement avec d’autres habitations du même type, ce qui permet de déceler des niveaux anormalement bas de consommations.

Et Enedis a publié un communiqué de presse sur le sujet le 6 mars 2024 afin d’appeler les consommateurs « à la plus grande vigilance », indiquant que le nom et l’identité de certains de ses collaborateurs étaient parfois usurpés à des fins frauduleuses. Il semble donc que des usagers soient bernés par de faux employés d’Enedis qui leur proposeraient leurs services pour faire baisser leur facture d’énergie. Le distributeur a rappelé à cette occasion la condamnation de deux hommes à Besançon en décembre dernier, pour avoir proposé et réalisé des actes frauduleux sur des compteurs électriques. Les peines prononcées sont alors allées jusqu’à 24 mois de prison, dont 12 avec sursis probatoire de trois ans et 25 000 euros d’amende dont 15 000 euros avec sursis.

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Pourquoi ce train de banlieue a des grille-pains géants sur son toit ?

3 avril 2024 à 14:35

À bord d’un train, une voiture ou tout engin utilisant un moteur électrique pour se mouvoir, le « freinage régénératif » permet de produire de l’électricité lors des décélérations. Pourtant, ce système n’est pas toujours exploité à bon escient, faute de pouvoir stocker ou exporter l’énergie générée. La preuve en images, avec ce train de banlieue contraint de gaspiller l’énergie de son système de freinage dans des résistances électriques.

Le freinage régénératif. La technique est aujourd’hui dans toutes les voitures électriques ou hybrides, et même certains trains et métros. L’idée ? Recycler l’énergie traditionnellement perdue lors d’un ralentissement ou d’un freinage, en électricité renvoyée vers la batterie de la voiture, ou dans la caténaire pour les trains. Comment ? Grâce au moteur électrique, qui peut, par nature, fonctionner dans les deux sens. Pour faire tourner les roues lorsqu’on accélère, ou pour générer de l’électricité lorsqu’on appuie sur le frein. Une fonction loin d’être gadget. Sur Instagram, @tipkhimki partage ainsi une vidéo édifiante à ce sujet. Pour comprendre, quelques explications.

Rekuperieren ist für Anfänger… pic.twitter.com/h4GqT7FGRK

— Marc Aeschlimann 🐦 (@the_aeschli) February 9, 2024

« La récupération, c’est pour les débutants » titre ce post X.

La longue histoire du freinage régénératif des trains

Notez d’abord que le freinage régénératif est utilisé sur les trains depuis très longtemps. En Suisse, le premier du genre a été mis en service dès 1898 ! Il faut dire que le relief du pays s’y prête particulièrement bien. Ainsi, pour monter de Zermatt au Gornergrat, ce train compte sur l’électricité qu’il tire d’une caténaire. Mais lorsqu’il descend, ce train produit de l’énergie qui peut être utilisée par un autre circulant sur la même ligne ou directement injectée dans le réseau.

En Espagne, c’est l’énergie cinétique produite par le freinage à l’entrée en gare qui est récupérée et transformée en une électricité qui alimente les trains au redémarrage. Et parce qu’il se produit localement plus d’électricité qu’il ne s’en consomme, il pourrait être possible de coupler le système avec des bornes de recharge pour véhicules électriques placées aux abords des gares. Ou des stations de métro.

La SNCF étudie, elle aussi, plusieurs options. Le stockage de l’électricité produite dans des batteries disposées le long des voies. Ou le stockage directement à bord des trains. De quoi aider à transformer les locomotives thermiques en locomotives hybrides puis 100 % électriques. L’injection sur le réseau est aussi envisagée. Le plus direct restant l’injection sur la ligne par la caténaire pour alimenter les trains qui, eux, accélèrent au moment où un autre freine. L’ennui, c’est que s’il n’y a pas assez de trains pour utiliser cette électricité, l’excédent est évacué sous forme de chaleur dans des résistances. Enfin, certaines caténaires ne sont tout simplement pas conçues pour recevoir le courant du freinage régénératif.

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Le freinage régénératif fait chauffer les résistances

C’est ce que montre la vidéo ci-dessus. Les résistances placées sur le toit d’une rame « Ivolga » circulant dans la banlieue de Moscou sont en pleine action. Elles dissipent l’énorme quantité d’énergie produite lors du freinage du train D’autant qu’il semblerait qu’il n’existait pour lui aucun débouché à l’énergie produite par le freinage régénératif. Pas de possibilité d’injection sur la ligne ou le réseau par la caténaire. Pas non plus de batterie embarquée. Résultat, beaucoup d’énergie perdue, à chaque freinage et décélération.

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Les super-profits des producteurs d’électricité seront-ils super-taxés en 2025 ?

Par : Ugo PETRUZZI
2 avril 2024 à 14:45

La crise énergétique a fait flamber les prix et induit des bénéfices exceptionnels chez les entreprises opérant dans l’électricité. Afin de redistribuer ces « superprofits », Bruno Le Maire envisage de reconduire leur taxation en 2025, sur la rente inframarginale des producteurs d’électricité. Sous pression financière, le ministre se résout à prolonger un dispositif qu’il n’a jamais soutenu.

5,5 %. C’est le déficit public calculé par l’Institut national de la statistique et études économiques (INSEE). Il est plus élevé que celui anticipé par le gouvernement (4,9 %). « C’est un dérapage dans l’exécution qui est important, pas tout à fait inédit, mais très rare », affirme Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes. La France est au troisième rang des pays les plus endettés de la zone euro.

Pour combler une partie de cette dette abyssale, le gouvernement envisage de reconduire, en 2025, la contribution sur les rentes inframarginales (CRIM) des producteurs d’électricité. Sur BFM vendredi, Bruno Le Maire l’assure : « il y aura dans ce budget, comme il y a eu en 2023, une récupération des rentes qui ont pu être faites par les énergéticiens tout simplement parce que les prix ont flambé. » Et de préciser : « ce n’est pas une augmentation d’impôts, c’est rétablir de la justice sur des entreprises qui ont des rentes tout simplement parce que les prix flambent », ce n’est pas lié à leurs investissements ou à la modernisation de leurs outils de production.

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Une taxation qui a moins rapporté que prévu

Décidée au niveau européen au second semestre 2022 au moment où les producteurs pouvaient vendre des mégawattheures à des prix mirobolants sur le marché de l’électricité, la Commission européenne estimait qu’elle devait rapporter 25 milliards d’euros à travers l’UE sur les années 2022 et 2023. Ils devaient se voir appliquer 33 % d’impôt sur les sociétés (IS) prélevé par chaque État membre, sur les bénéfices qui dépassent de 20 % la moyenne observée sur les 4 derniers exercices fiscaux. Or, en France, le rendement a été beaucoup moins grand que prévu.

La surprise du ministre entre les recettes prévisionnelles et réelle de cette taxe étonnent, au vu de la légèreté des mesures, soulignée par la Cour des comptes. Les producteurs, distributeurs et intermédiaires ont empoché 30 milliards d’euros de marges bénéficiaires à la faveur de la crise énergétique quand l’État n’en a récupéré seulement 2,8 milliards, loin des 12,3 milliards escomptés.

Lui qui se posait en fervent pourfendeur de la taxe des superprofits dans l’énergie, préférant les remises à la pompe et autre effort national de la part des entreprises, a dû se résoudre à l’implémenter dans le domaine de l’électricité. Ce ne sera donc pas une taxation plus large, car elle restera axée sur les rentes inframarginales de l’électricité. Pas de taxation des superdividendes des entreprises, pas de taxation sur les rachats d’action comme proposée par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, pas d’ISF vert…

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Une décision qui fait débat

Déstabilisé par la mauvaise gestion des finances publiques, Bruno Le Maire se contente d’économiser l’argent là où c’est facile : un plan d’économies a été demandé à plusieurs services publics tels que l’Ademe, le CEA, l’Andra. Lui qui ne veut pas augmenter les impôts ni élargir la taxation à d’autres produits énergétiques se résout à reconduire, à la hâte, la rente inframarginale des producteurs d’électricité. Si la réforme européenne du marché de l’électricité visait à rendre les factures des consommateurs d’électricité moins dépendantes des prix à court terme des fossiles et à améliorer le fonctionnement du marché pour assurer la sécurité d’approvisionnement, elle ouvrait la porte au plafonnement des revenus des technologies inframarginales à 180 €/MWh et non sa taxation.

Selon l’Union française de l’électricité (UFE), la CRIM « risque de freiner les investissements dans les énergies bas-carbone », alors qu’ils sont « déjà affectés par l’absence de décision quant à la programmation énergétique. » Le nouveau ministre de l’Énergie, après la hausse des taxes sur l’électricité qui a augmenté les tarifs réglementés, prend une nouvelle mesure hâtive pour corriger la trajectoire des dépenses publiques : la taxation de la rente inframarginale des producteurs d’électricité.

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Électricité : pourquoi des prix négatifs devraient être observés ces prochains jours

Par : Ugo PETRUZZI
27 mars 2024 à 16:02

La période actuelle est propice à la chute des prix de l’électricité sur les marchés, jusqu’à atteindre des valeurs négatives. En effet, le solaire et l’éolien fonctionnent à haut régime et la demande est en berne lors des multiples jours fériés. La tendance devrait se poursuivre jusqu’en mai.

Le week-end du 23 et 24 mars, les prix de l’électricité ont oscillé autour de… zéro euro le mégawattheure (€/MWh). Ils sont même descendus à –7 €/MWh durant une heure. La chute des prix a été limitée et moindre qu’observée chez nos voisins allemands, par exemple, car le solaire et l’éolien français sous contrat pour différence (CfD) a réduit sa production. Ils ne sont pas subventionnés en cas de prix négatifs, au contraire des allemands, qui le sont pendant 6 heures consécutives avant que les subventions ne disparaissent. Bien que 15 gigawatts (GW) de nucléaire se soit effacé et 5,5 GW de solaire et éolien aient été bridés, les prix sont quand même descendus sous le seuil de 0 €/MWh.

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Prix négatifs : un phénomène récurrent à cette période

Jeudi 28 mars, du vent entre 50 et 95 km/h est prévu sur tout le territoire. La production éolienne devrait avoisiner 14 GW. Sa grande contribution devrait encore faire baisser les prix. Globalement, la fin de l’hiver est encore propice à de forts vents. À cela s’ajoute la production solaire qui va augmenter à mesure que l’été se rapproche. La combinaison d’un vent persistant et des beaux jours qui arrivent induira une plus grande part des renouvelables dans la production, dominant même certains mix européens.

Côté consommation, la demande en électricité observée en 2023 est passée, en moyenne, de 65 GW en février à 47 GW en mai. Les températures plus clémentes expliquent en partie cette baisse. Les jours fériés à venir, comme ce week-end de Pâques, soutiendront la baisse des prix à travers la baisse de la demande lors de ces jours à faible activité industrielle. Alors que nous exportons l’électricité française majoritairement lors de pics de consommation, ce surplus de production ne peut pas être exporté lors des creux de consommation. Les prix encore plus bas observés chez nos voisins européens rendent la situation toujours plus baissière.

Cette situation est observée chaque année et, à mesure que les énergies renouvelables progressent, le défi est de gérer cette surproduction à travers des moyens de stockage notamment. D’autres outils peuvent également aider, comme les panneaux solaires bifaciaux, qui produisent en début et fin de journée lors des pics de consommation. Le « gaspillage » via l’écrêtement de la production devra être limité afin de ne pas décourager les investissements dans le secteur des renouvelables.

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Le surprenant marché parallèle des boîtiers EDF Tempo artisanaux sur Leboncoin

Par : Hugo LARA
27 mars 2024 à 05:59

Depuis quelques mois, un large choix de boîtiers électroniques destinés aux abonnés de l’offre d’électricité Tempo d’EDF apparaît sur le site de petites annonces Leboncoin. Fabriqués artisanalement par des passionnés, ces appareils permettent de consulter rapidement la « couleur » du jour, afin de mieux maîtriser ce contrat complexe. Certains proposent même des délesteurs, pour couper automatiquement les appareils énergivores durant les « jours rouges ». Un marché de niche laissé libre par EDF, depuis qu’il a cessé de distribuer ses propres boîtiers.

L’option « Tempo » du tarif bleu d’EDF est actuellement l’un des contrats d’électricité les plus économiques. Cette offre complexe se décline en six tarifs, qui diffèrent selon les heures pleines en journée, les heures creuses nocturnes et la « couleur » du jour. Le prix de l’électricité est très bas durant les jours « bleus », un peu plus coûteux lors des jours « blancs », mais extrêmement cher durant les heures pleines des jours « rouges » (lire notre article pour tout savoir sur l’option Tempo). Ce contrat permet de récompenser les abonnés pour leur effort de sobriété lors des jours « rouges » qui sont généralement activés l’hiver lorsque le réseau électrique est tendu.

Chaque saison, un maximum de 22 jours « rouges » peuvent être placés en semaine, entre le 1ᵉʳ novembre et le 31 mars. L’abonné Tempo a tout intérêt d’être alerté de la survenue d’un jour « rouge », le tarif passant de moins de 0,20 €/kWh à près de 0,80 €/kWh lors des heures pleines. Au lancement de l’option Tempo en 1998, EDF distribuait à ses clients des boîtiers indiquant la couleur du jour au moyen de LED et d’un signal sonore pour les jours « rouges » (lire notre article). Aujourd’hui, la mission a été transférée aux applications smartphones et alertes mails et SMS.

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Toutefois, un certain nombre d’abonnés à l’option Tempo souhaitent toujours disposer d’un moyen physique leur permettant de connaître la couleur du jour et celle du lendemain, sans passer par son téléphone ou ordinateur. EDF ne répondant plus à cette demande depuis l’arrêt de la distribution des petits boîtiers à LED, une poignée de passionnés à pris le relais. À la rédaction de cet article, nous comptions pas moins de 7 boîtiers Tempo différents fabriqués « artisanalement », vendus entre 32 et 110 € sur le site de petites annonces Leboncoin. Parmi ceux-ci, 5 appareils sont de simples écrans indiquant les couleurs Tempo et 2 des délesteurs, qui permettent de couper automatiquement l’alimentation d’appareils très consommateurs durant les heures pleines des jours rouges.

« Disposer de l’information en un coup d’œil, sans effort »

Nous avons contacté ces bricoleurs à priori expérimentés, afin de connaître leurs motivations à concevoir et commercialiser ces boîtiers. « L’idée de ce projet m’est venue d’un constat simple au sein de mon foyer : malgré notre volonté de réduire notre consommation énergétique, nous n’avions pas toujours le réflexe de vérifier la couleur du jour. Ce boîtier est donc né de la nécessité de rendre cette information accessible et visible de tous, au quotidien, afin d’éviter les pics de consommation lors des jours rouges, où l’énergie est la plus chère », nous explique Mehdi, qui a conçu un boîtier en résine imprimé en 3D, aux allures de smartphone. « Je suis convaincu que cette solution peut aider de nombreux foyers à mieux gérer leur consommation d’énergie, en offrant une visualisation claire et instantanée des moments les plus opportuns pour utiliser leurs appareils énergivores » affirme-t-il.

Diverses annonces vendant des afficheurs Tempo sur Leboncoin.

Philippe, qui a conçu le boîtier « Montempo » dit adresser son produit « à des personnes qui sont elles-mêmes peu connectées et/ou souhaitent disposer de l’information en un coup d’œil, sans effort ». « Certaines personnes en demandent plusieurs pour les installer dans 2 pièces de la maison ! L’outil a vocation à passer le message sur la couleur du jour Tempo à venir à toute la famille » détaille cet ingénieur à la retraite.

Bernard, qui a imaginé le petit cube « Tempobox » a d’abord fabriqué un exemplaire pour ses propres besoins. « Étant abonné à l’option Tempo de chez EDF, je voulais avoir en permanence, de manière visible, les informations liées à ce contrat » argue cet informaticien, qui a également créé une application smartphone dédiée à l’option Tempo. Florian, quant à lui, dit avoir conçu son boîtier pour un proche. « À la base, je l’ai fait pour le Noël de mon père. C’est un moyen simple et visuel d’afficher l’information. Puis je me suis dit que ça pouvait intéresser d’autres personnes. »

Détail de certains des boîtiers Tempo vendus sur Leboncoin.

Plus de 200 boîtiers Tempo artisanaux vendus

La plupart de ces boîtiers utilisent une carte ESP-32. Du matériel reconnu « pour sa stabilité, sa capacité de connectivité Wi-Fi et sa facilité de programmation » nous explique Mehdi. « Elle constitue une base solide pour développer un appareil connecté, fiable et efficace. ». Ce passionné affirme utiliser « une API (une interface de programmation d’application, NDLR) dérivée de celle de RTE ». « L’API officielle de RTE nécessitant une authentification complexe, j’ai préféré opter pour une solution plus accessible, tout en garantissant la fiabilité et l’actualité des informations transmises » détaille-t-il.

Car ces appareils, qui communiquent tous via Wifi, récupèrent les informations publiées d’abord par RTE, aux alentours de 7h, puis par EDF entre 11h et 12 h. Le défi est donc d’obtenir les données de RTE, qui permettent aux utilisateurs d’être informé plus tôt de la couleur du lendemain. Tous les boîtiers artisanaux vendus sur Leboncoin n’ont ainsi pas le même horaire de mise à jour de la couleur.

Si les caractéristiques sont très différentes d’un boîtier à l’autre, certains affichant aussi le « saint » du jour, d’autres le nombre de jours restants pour chaque couleur, parviennent-ils à trouver preneur ? Parmi les créateurs qui ont accepté de nous communiquer leurs ventes, nous comptabilisons plus de 200 unités écoulées. Le plus grand succès reviendrait à l’« afficheur Tempo », l’un des premiers boîtiers Tempo artisanaux mis sur le marché. 150 exemplaires ont été vendus depuis le lancement fin 2023, selon son concepteur, un professeur de mathématiques, qui se dit avoir « été contraint de [se] déclarer en micro entrepreneur face au grand nombre de demandes ». Les boîtiers concurrents revendiqueraient chacun entre 2 et 20 ventes, d’après leurs créateurs.

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Adaptation des logements au changement climatique : l’État doit faire beaucoup mieux !

21 mars 2024 à 15:45

La rénovation énergétique est au cœur des politiques publiques en matière de logement depuis quelques années. Mais selon la Cour des comptes, qui vient de publier son rapport annuel, ce n’est pas suffisant pour permettre d’adapter les logements au changement climatique.

Pour réduire les consommations d’énergie, et donc les factures d’électricité et de gaz des ménages, l’État multiplie depuis plusieurs années les dispositifs d’aides : MaPrimeRénov’, certificats d’économies d’énergie (CEE), etc. Ces mesures de soutien financier ont pour but d’inciter les particuliers à entreprendre des travaux de rénovation énergétique chez eux. Dans son rapport annuel publié le 12 mars 2024, la Cour des comptes juge sévèrement l’État pour sa politique en faveur de la rénovation énergétique des logements. Selon l’institution, elle ne permet pas de faire face correctement au changement climatique.

La rénovation énergétique des logements est insuffisante pour lutter contre le changement climatique

Voici les deux informations clefs à retenir du rapport de la Cour des comptes à ce sujet :

  • La rénovation énergétique permet de lutter uniquement contre le réchauffement climatique et non contre le changement climatique ;
  • Les aides publiques ne sont pas de nature à répondre aux risques liés aux épisodes de canicule, aux risques d’inondation et aux phénomènes de retrait-gonflement des sols argileux qui fragilisent les fondations des bâtiments.

Le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux est la réaction de ces sols aux variations de leur teneur en eaux. Ils vont alors soit se rétracter, soit gonfler selon qu’ils manquent d’eau ou qu’ils en sont gorgés. Ces épisodes affectent les fondations des bâtiments.

Pour la Cour des comptes, les aides existantes ne répondent que partiellement aux enjeux climatiques en se limitant à la problématique du réchauffement. De ce fait, les dispositifs de soutien sont fléchés vers le changement de mode de chauffage ou l’isolation des logements. Mais cela n’est pas suffisant pour lutter contre la problématique dans son ensemble : le changement climatique. Sous ce prisme, il faut prendre en compte les canicules par exemple et inclure le confort d’été dans les aides. Inondations et retrait-gonflement des sols argileux doivent également être abordés dans le cadre de rénovations globales des bâtiments.

Pour améliorer le système en place, la Cour des comptes considère qu’il est indispensable d’avoir une approche générale du parc de logements en associant l’État aux collectivités territoriales. Alors que la réglementation liée à la construction de logements neufs considère la notion de confort d’été par exemple, le parc de logements existants se trouve délaissé à ce sujet et bénéficie uniquement de dispositifs de rénovation énergétique permettant d’améliorer le confort de vie en hiver (économies de chauffage, isolation plus performante).

4 recommandations pour améliorer la prise en compte du changement climatique dans les logements

Pour conclure, la Cour des comptes formule 4 recommandations :

  • Confirmer l’intégration des procédés de protection solaire aux périmètres des dispositifs d’aides à la rénovation énergétique des logements ;
  • Développer la recherche au sujet de la prévention des risques d’inondation et de retrait-gonflement des sols argileux ;
  • Entreprendre une politique de sensibilisation du grand public à l’égard des risques sur les logements liés aux pics de chaleur, aux inondations et aux phénomènes de retrait-gonflement des sols argileux ;
  • Chiffrer des scénarios d’adaptation du parc résidentiel au changement climatique et définir leurs modalités de mise en œuvre.

À noter que le rapport mentionne la réponse du ministère de l’Économie qui partage le constat global de la Cour des comptes, mais considère néanmoins que les travaux d’isolation par exemple permettent déjà d’améliorer le confort en hiver comme en été. Quant au ministère de la Transition écologique, il rappelle que MaPrimeRénov’ évolue en 2024 pour prendre en compte le confort d’été. Les rénovations globales sont également privilégiées selon la nouvelle version. Et il indique que la sensibilisation du grand public sur ces sujets va augmenter.

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Ce fournisseur d’électricité paye ses clients pour chaque kilowattheure non consommé

Par : Hugo LARA
14 mars 2024 à 05:45

Imaginez un fournisseur d’électricité vous proposer un tarif dérisoire, mais également vous rémunérer pour chaque kilowattheure non consommé durant les pics hivernaux. Ne cherchez pas, ce genre de fournisseur ne se trouve pas en France, mais au Québec. Pour inciter ses clients à la sobriété, l’équivalent local d’EDF a trouvé une formule particulièrement avantageuse.

En France, pour inviter les particuliers à réduire fortement leur consommation d’électricité lors des pics en hiver, il existe une offre spécifique. Il s’agit de l’option « Tempo » du tarif bleu, proposée par EDF et dont les tarifs sont fixés par l’État. Cette offre assez complexe se décompose en 6 tranches tarifaires, chacune déclinée en heures pleines et heures creuses.

Il y a d’abord les 300 jours « bleus » annuels, correspondant à des périodes de faible demande, où l’électricité est facturée à bas prix. Le reste de l’année est composé de 43 jours « blancs », où la demande en électricité est un peu plus élevée, et donc légèrement plus chère. Enfin, 22 jours « rouges » exclusivement répartis en automne et hiver complètent le calendrier. Le prix de l’électricité y est parfaitement délirant sur la plage d’heures pleines : il augmente de 450 % par rapport aux heures creuses des jours « bleus » (voir les tarifs détaillés).

Gare à ceux qui oublient la « couleur » du jour, et lancent régulièrement leur sèche-linge, radiateurs, ou un gigot au four durant les heures pleines des jours rouges : la facture pourrait être très salée en fin de mois. L’objectif de cette offre est clair : sanctionner les abonnés qui ne jouent pas le jeu de la sobriété lors des pics de consommations hivernaux, qui correspondent généralement aux vagues de froid. Car l’option Tempo a été créée pour aider le réseau à conserver son équilibre durant les périodes les plus tendues. Si la stratégie semble fonctionner, pourrait-il en être autrement ?

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Au Québec, soulager le réseau en rémunérant les volontaires

La problématique est la même de l’autre côté de l’Atlantique, chez nos cousins québécois. La province canadienne a — comme la France – fait le choix de développer le chauffage électrique, afin de profiter de son abondante et peu coûteuse production hydraulique. En conséquence, les pics de consommation peuvent être très importants lors de grands froids. Hydro-Québec, l’équivalent local d’EDF, propose lui aussi une offre dont l’objectif est similaire à l’option Tempo en France. Les conditions sont toutefois bien différentes.

En effet, au Québec, l’équivalent de Tempo s’appelle le « crédit hivernal ». Il s’agit d’une option proposée sur le tarif local de base, le « tarif D ». Qu’ils aient ou non optés pour cette option, les abonnés payent leur kilowattheure (kWh) au même prix : 0,07 à 0,10 $ (soit 0,05 à 0,07 €) toute l’année, selon la quantité d’électricité consommée. Il n’y a pas d’heures creuses, d’heures pleines ni de « couleur » du jour.

Grille tarifaire du tarif D avec option crédit hivernal proposé par Hydro-Québec.

Toutefois, les consommateurs ayant souscrit à l’option « crédit hivernal » se voient gratifiés d’une prime de 0,54 $ (0,37 €) pour chaque kilowattheure effacé durant les « évènements de pointe ». Concrètement, Hydro-Québec rétribue ses abonnés sur la différence de consommation enregistrée entre les « heures de pointe » et la consommation moyenne habituelle aux mêmes heures durant les 5 jours précédents. Un minimum de 2 kWh économisés est exigé. Du gagnant-gagnant : l’abonné voit sa facture d’électricité réduite s’il fait un effort et le réseau bénéficie de sa sobriété au moment le plus important. Contrairement à l’option Tempo française, il n’y a aucun risque de recevoir une facture ahurissante si l’on ne respecte pas la consigne.

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Le crédit hivernal plus flexible que l’option Tempo ?

Le « crédit hivernal » québécois se distingue également de Tempo par sa capacité à s’adapter aux besoins réels du réseau. En France, l’option Tempo doit obligatoirement comporter 22 jours rouges par saison, outre les 300 jours bleus et 43 jours blancs, même si l’hiver est doux et que le réseau n’est pas particulièrement sollicité. Un fonctionnement rigide qui étonne de nombreux abonnés, notamment au mois de mars, lorsque le gestionnaire du réseau électrique RTE est contraint de positionner les derniers jours rouges non utilisés malgré des températures clémentes.

Au Québec, les « évènements de pointe » sont un peu moins encadrés. Ils peuvent être placés n’importe quel jour de la semaine, entre 6 h et 9 h et entre 16 h et 20 h, du 1ᵉʳ décembre au 31 mars. S’il n’y a pas de quota minimal d’évènements, un plafond limite à 33 le nombre d’activations pour un maximum de 100 heures par saison.

Une offre parallèle à 3 centimes le kilowattheure

À noter qu’Hydro-Québec propose une autre offre à tarification dynamique, plus proche de l’option Tempo française, baptisée « tarif D Flex ». L’abonné bénéficie d’un kilowattheure extrêmement bon marché facturé entre 0,05 et 0,08 $ (0,03 à 0,05 €) en hiver et entre 0,07 et 0,10 $ (0,05 à 0,07 €) en été. En contrepartie, le tarif s’envole à 0,54 $/kWh (0,37 €) durant les évènements de pointe hivernaux. Le consommateur peut donc choisir entre deux méthodes pour stimuler sa sobriété énergétique.

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Ce module tout-en-un pourrait révolutionner la rénovation énergétique des logements

11 mars 2024 à 05:53

Avec 45% de la consommation d’énergie finale du pays, le secteur du bâtiment constitue un enjeu majeur de la transition énergétique. Les objectifs de neutralité carbone fixés à l’horizon 2050 ne pourront passer que par une rénovation thermique efficace des bâtiments. Du côté de Saint-Sébastien-sur-Loire, la startup Synerpod, consciente du défi à relever, a décidé de se retrousser les manches et mise sur la préfabrication et l’industrialisation de modules pour accélérer cette rénovation énergétique.

L’entreprise a conçu un module destiné à être accolé à un logement, qui comprend une pompe à chaleur, un ballon d’eau chaude sanitaire avec un ballon tampon, une VMC double flux ainsi qu’un système avancé de monitoring. Selon l’entreprise, cette solution quatre-en-un, d’une surface au sol proche d’un abri de jardin, comporte bien des avantages. Grâce au montage des caissons en usine, elle permet de raccourcir le temps d’intervention sur chantier, tout en limitant le coût grâce à la standardisation des éléments. Ce dispositif permet également d’obtenir un contrôle qualité amélioré et de faciliter les opérations de maintenance grâce à un espace dédié et optimisé.

Vue 3D de la constitution interne du Pod / Image : Synerpod

La jeune entreprise peut se targuer d’une première commande conséquente de 400 logements à rénover pour le compte de bailleurs sociaux. Un second projet, portant sur la rénovation énergétique de 32 logements à Roanne, devrait également suivre. Pour le moment, l’Enerpod est exclusivement conçu pour les maisons individuelles, mais un modèle dédié à l’habitat collectif est en cours de développement.

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Industrialiser pour rénover plus vite

La solution proposée par Synerpod met en lumière la nécessité d’un changement de paradigme dans le secteur de la construction. Pour le mouvement européen EnergieSprong, la massification de la rénovation énergétique des bâtiments devra passer par l’augmentation du rôle de l’industrialisation et de la préfabrication dans un secteur où le sur-mesure est roi. Le développement de solutions hors-site permettrait, en effet, de standardiser les équipements à plus grande échelle et donc de limiter leurs coûts. Ce type de solution est également particulièrement adapté à la réalisation de travaux en sites occupés grâce à des durées d’intervention réduites. D’un point de vue écologique, l’industrialisation des procédés autorise une optimisation des process et une meilleure gestion des matières premières.

Ce sont ces mêmes avantages que l’on retrouve avec le recours à l’ossature bois pour les constructions neuves. Grâce à sa légèreté, le bois est particulièrement propice à la préfabrication en atelier, ce qui permet des durées d’intervention sur site beaucoup plus courtes que pour une structure traditionnelle en bloc de béton creux. La préfabrication en atelier permet, là encore, une meilleure gestion des matières premières et un recyclage optimisé des chutes de chantier. Surtout, cette préfabrication permet de limiter drastiquement les transports et donc les émissions de CO2 qui y sont liées.

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Le DPE à nouveau modifié : qu’est-ce qui change ?

22 février 2024 à 15:27

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a annoncé dans le Parisien du 12 février 2024 une nouvelle réforme du DPE (diagnostic de performance énergétique) pour exclure les logements de moins de 40 m² de la catégorie des passoires énergétiques.

Selon les professionnels du secteur, les critères de calcul actuels du DPE pénalisent excessivement les petites surfaces en considérant deux causes :

  • Le poste eau chaude en fonction de la capacité du ballon et du nombre de personnes. Un ballon électrique de 100 litres est plus impactant pour une surface de 40 m², qu’un ballon de 100 litres pour 80 m².
  • Les surfaces de déperdition des murs et des cloisons, locaux non chauffés, sont proportionnellement plus importantes pour une petite surface.

La réforme permet de corriger ce biais, en introduisant un coefficient de pondération pour les petites surfaces. Cette nouvelle méthode permet de sortir une bonne proportion de logement des classes F et G, et permet leur maintien dans le parc locatif en repoussant l’obligation de travaux à l’horizon 2034 si on obtient la lettre E.

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Comment corriger son DPE ?

Dès le 15 février, un simulateur sur le site de l’ADEME permet de vérifier si la réforme modifie la lettre attribuée. Il suffit d’indiquer le numéro d’identification du DPE (13 chiffres), le résultat est disponible immédiatement et gratuitement. La réforme étant applicable à compter du 1 juillet 2024, il ne sera pas possible de télécharger une attestation de modification avant cette date.

Actuellement, seule une simulation est disponible.

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L’importance du DPE

Depuis la loi Climat de 2021, le DPE engendre des effets importants sur le marché de l’immobilier, car on passe de l’incitation à l’obligation.

  1. Le DPE influence le prix de vente d’un bien, parce que le propriétaire et l’acheteur sont sous contrainte de l’étiquette attribuée, avec la réalisation ou l’échéancier des travaux à réaliser, pour obtenir un logement économe en énergie. ⚠ Un DPE avec une étiquette F ou G n’interdit pas la vente d’un bien. L’obligation du vendeur consiste à informer l’acquéreur de l’état du logement.
  2. Le DPE conditionne la location d’un logement, à savoir la possibilité de le louer, mais il agit également sur le gel et le montant de la location. ⚠ Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, la performance énergétique est un critère de décence en location. La loi impose un seuil de consommation énergétique à ne pas dépasser, qui est opposable par le locataire, par une demande de travaux d’amélioration et une réduction du loyer. On parle d’interdiction de location si la consommation dépasse 450 kWh/m2/an. La classe G sera interdite en 2025 et la classe F en 2028.
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Le DPE souvent déclaré inutile ?

Le DPE est un outil pour inciter aux travaux d’amélioration énergétique des logements. Il fait l’objet de critiques incessantes de l’ensemble des parties et de leurs agacements en fonction des modifications fréquentes depuis sa création en 2006.

Toutefois, cette défiance ne doit pas faire oublier l’essentiel de la nécessité inexorable d’améliorer l’isolation et la performance énergétique des bâtiments, pour répondre au dérèglement climatique et à la transition énergétique. Les propriétaires doivent comprendre l’intérêt à bien préparer leur diagnostic, en fournissant un maximum d’informations au diagnostiqueur.

Le DPE est un outil à la décision et à la prise conscience, il n’est pas un document 100 % fiable en termes de résultat du diagnostic et de la consommation du logement. Seul un audit énergétique permet de donner une réponse dans ce sens.

⚠ Depuis le 1ᵉʳ avril 2023, un audit énergétique doit être réalisé en cas de vente d’un bien à usage d’habitation, d’un logement individuel et d’un immeuble collectif d’habitation en mono-propriété appartenant aux classes énergétiques F ou G. Ce document vient compléter le DPE et ne le remplace pas. C’est également le cas pour l’obtention de primes rénovation globale de France Rénov.

Le DPE est un document de valeur comparative qui, dans le cadre de la location, est parfois imparfait pour les petites surfaces et souvent perfectionnable pour les autres en s’orientant vers un audit.

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Cette pompe à chaleur veut réduire votre facture d’électricité grâce à des batteries et panneaux solaires

2 février 2024 à 15:59

Après une première apparition pour le moins remarquée au CES de Las Vegas de 2018, Lancey Energy Storage s’est, de nouveau, envolée pour le Nevada avec une nouvelle innovation dans ses bagages : une pompe à chaleur air/eau autonome en énergie, une première mondiale.

Appelée PACABAT, cette pompe à chaleur a la particularité d’embarquer des batteries de stockage d’électricité, un onduleur, ainsi qu’un double compresseur AC/DC. Grâce à cette combinaison, elle peut être alimentée via le réseau électrique en 230 V pendant les heures creuses, mais également fonctionner grâce à l’énergie du soleil produite par ses propres panneaux photovoltaïques. En cas de surplus de production d’électricité solaire, celle-ci peut être stockée dans les batteries pour être utilisée ultérieurement, et donc limiter le recours à l’électricité du réseau.

Ce projet, en partie financé par la BPI France, pourrait permettre à ses utilisateurs de baisser significativement leur facture d’électricité en permettant une optimisation poussée de l’énergie produite grâce aux panneaux solaires. Avec cette innovation, Lancey espère trouver sa place dans le remplacement des chaudières au gaz et au fioul, qui va devenir systématique dans les années à venir. Pour l’heure, la PACABAT en est encore au stade du prototype. Ses caractéristiques techniques définitives n’ont pas encore été communiquées. L’entreprise espère pouvoir commercialiser sa pompe à chaleur solaire et stockage d’ici 2027. Elle estime son prix de vente autour de 12 000 euros pour un modèle de 3 kW hors panneaux solaires. Une surface de panneaux de 20 m² serait par ailleurs nécessaire pour satisfaire ses besoins.

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Un radiateur classique à batterie déjà commercialisé

Ce n’est pas la première fois que Lancey Energy Storage fait tourner les têtes. En 2018, déjà, son radiateur électrique à batterie lui avait valu un prix au CES de Las Vegas. Depuis cette reconnaissance de taille, la petite startup iséroise ne cesse de croître. Elle a ainsi écoulé plus de 3 500 radiateurs entièrement fabriqués en France, dont une grande partie a été installée dans de vastes programmes de rénovation. Afin de poursuivre son développement, l’entreprise a récemment réalisé une levée de fonds grâce à un financement participatif de près d’un million d’euros.

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Test MyEM nrLink : le boîtier anti-gaspillage d’électricité qui veut concurrencer Ecojoko

Par : Hugo LARA
1 février 2024 à 15:16

Nous avons testé le petit boîtier nrLink à brancher sur le compteur Linky et son écran, qui affiche en temps réel la consommation électrique de son domicile. Moins chère que son concurrent Ecojoko, la solution facilite-t-elle vraiment les économies d’énergie ?

Grâce au compteur Linky, tout le monde peut désormais suivre sa consommation d’électricité en temps réel et consulter une grande variété de statistiques énergétiques, comme sa courbe de puissance. Un petit écosystème s’est même créé autour du compteur communicant, et particulièrement de sa petite prise « secrète » : le port « téléinformation client » (TIC).

Ce port dissimulé sous le capot du Linky permet d’y brancher un petit relais émetteur local (ERL), qui récupère et communique les données de consommation, souvent via Wifi, à une application smartphone et/ou un petit écran déporté. Plusieurs sociétés en proposent, à commencer par les fournisseurs d’électricité comme TotalEnergies (clé Atome / Conso Live), Engie (Ma Conso+) et EDF (Info Watt), qui permettent à certains de leurs clients de surveiller leur consommation en temps réel depuis un smartphone.

D’autres sociétés, comme Ecojoko et My Energy Manager (MyEM), totalement indépendantes des fournisseurs d’énergie, les commercialisent accompagnés d’un petit moniteur. Il s’agit d’un écran à placer dans n’importe quelle pièce de son domicile qui affiche la consommation d’électricité en temps réel. Nous avions testé il y a quelques mois la solution d’Ecojoko. Mais le pionnier de l’assistant d’économies d’énergie n’est plus seul sur le marché depuis la sortie du boîtier nrLink de MyEM. Cette start-up nous a envoyé un exemplaire, que nous avons testé chez nous pendant plusieurs jours.

À gauche : l’écran du nrLink (rectangulaire) comparé à l’écran d’Ecojoko (rond). À droite : installation de la clé ERL sur le port TIC du compteur Linky (en triphasé) / Images : Révolution Énergétique.

Un système très économe en énergie

L’outil est composé de deux éléments : une clé ERL à brancher sur le port TIC de son compteur Linky et un petit écran tactile de 8×10 cm à brancher sur n’importe quelle prise de son domicile. La clé ERL est alimentée par le compteur Linky et utilise le protocole Zigbee (qui présente l’avantage d’être extrêmement économe en énergie) pour communiquer les données au moniteur, qui lui est connecté en Wifi à votre box. Le moniteur intègre une petite batterie offrant 2 heures d’autonomie, afin d’éviter les pertes de données lors de son déplacement ou de brèves coupures de courant. Il s’agit d’un dispositif conçu par la société britannique Chameleon Technology, fabriqué en Chine et exclusivement distribué par MyEM en France.

Si la consommation de la clé ERL est insignifiante (le port TIC du compteur Linky ne peut de toute façon pas dépasser 0,13 W de puissance), celle du moniteur est étonnamment faible. Nous avons relevé une consommation de seulement 17 Wh sur 24 h, soit une puissance moyenne de 0,71 W. Le boîter dispose pourtant d’une belle luminosité (réglable). Son écran tactile propose différents modes d’affichage : puissance instantanée en watts et en euros par heure, consommation sur 24 h ou sur les 7 derniers jours. Sa netteté est correcte. Globalement, il remplit bien sa mission principale : indiquer clairement le niveau de consommation d’électricité au consommateur.

À noter qu’il existe également une version du nrLink dédiée aux particuliers produisant leur énergie solaire. Bien plus chère (147 ou 107 € avec la prime CEE maximale), elle se connecte aux onduleurs Enphase ou aux prises Shelly vendues avec certains kits prêts-à-brancher, afin d’enrichir les statistiques énergétiques du logement. Nous n’avons pas testé cette version.

L’écran du nrLink / Images : Révolution Énergétique, MyEM (schéma).

Une interface utilisateur à perfectionner

Sur l’écran, nous avons constaté quelques pertes de connexion entre la clé ERL et l’écran. Brèves mais régulières, ces déconnexions sont probablement dues à la distance entre le compteur situé dans une armoire en bois sur le palier et l’écran, distants de 15 m et séparés par 2 murs en béton armé. Problème : le système interprète ces pertes de signal comme une consommation nulle, à « 0 W », et fausse donc la courbe de puissance du logement. La seule solution fut de réduire la distance écran/compteur en le changeant de pièce.

Les données de consommation collectées par le nrLink sont également consultables sur un espace personnel en ligne et, depuis fin janvier 2024, sur une application smartphone. L’esthétique est très dépouillée, mais on y retrouve les informations de base comme la courbe de puissance, la consommation totale quotidienne, hebdomadaire, mensuelle et annuelle. Il est également possible de consulter diverses statistiques comme la consommation moyenne quotidienne et les « records » tels que la puissance maximale jamais atteinte et les jours où l’on a le plus et le moins consommé. Un outil permet aussi de comparer facilement les consommations d’une période à une autre.

Si l’essentiel s’y trouve, nous aurions apprécié pouvoir consulter les consommations triées selon la tranche tarifaire : heures pleines / heures creuses, heures super creuses ou Tempo. Cette fonctionnalité permettrait de savoir si son offre est toujours adaptée à ses habitudes de consommation, et donc de payer son électricité au prix idéal. Car c’est peut-être le meilleur service que le produit pourrait rendre, puisqu’il est finalement assez difficile de rentabiliser rapidement son prix d’achat simplement par la sobriété.

Divers éléments de l’interface web et smartphone / Captures : Révolution Énergétique.

Comment amortir le prix d’achat du boîtier ?

Amortissement du boîtier NR Link

Prix à l’achat sans prime CEE

99 €

Prix à l’achat avec prime CEE maximale

59 €

Quantité d’électricité à économiser sur 1 an pour amortir le prix d’achat sans prime CEE

434,21 kWh

(soit 965 cycles de lave-linge en mode éco)

Quantité d’électricité à économiser sur 1 an pour amortir le prix d’achat avec prime CEE maximale

258,77 kWh

(soit 575 cycles de lave-linge en mode éco)

Vendu 99 € hors prime CEE, qui peut réduire le tarif de 5 à 40 € selon votre profil, le boîtier nrLink impose de réaliser de colossales économies d’énergie pour être amorti. Faites par exemple une croix sur… 965 cycles de lave-linge en mode éco (0,45 kWh/cycle) si vous souhaitez le rentabiliser sur 1 an. En effet, 99 € correspond à 402 kWh d’électricité au tarif réglementé base actuel. C’est ni plus ni moins l’équivalent d’un mois complet de consommation électrique d’un foyer français moyen. Il faut toutefois remarquer que le boîtier nrLink est considérablement moins cher que son concurrent Ecojoko, qui vend son moniteur 199 € (ou 7,99 €/mois en location).

MyEM et Ecojoko font tous deux valoir une étude réalisée en 2012 par le CNRS, qui affirme que les consommateurs baissent généralement de 10 à 23 % leurs consommations d’électricité lorsqu’ils peuvent la consulter en temps réel. MyEM promet même jusqu’à 25 % d’économies avec son nrLink. Mais avec ou sans boîtier, réduire à de tels niveaux sa consommation est un réel exploit. Il ne suffit donc pas de brancher la clé pour faire baisser automatiquement sa facture, mais de s’en aider pour repenser en profondeur ses usages : réduire drastiquement la consommation de gros appareils, baisser durablement le chauffage s’il est électrique, décaler le plus de consommations vers les heures creuses, etc. Se contenter de couper la veille des appareils ne suffit pas.

Pertinent dans les grands logements tout-électriques

Ces moniteurs de consommation sont plus adaptés aux grands logements tout-électriques, qui ont une marge d’économies nettement plus importante qu’un studio chauffé au gaz par exemple. Au-delà des économies d’énergie, le boîtier est assez amusant utiliser, surtout pour les energy geeks que nous sommes. Scruter la puissance évoluer au fil de la journée et des appareils que nous allumons a quelque chose de captivant, même si nous n’adoptons pas immédiatement de geste pour la réduire.

Dans notre cas toutefois, la présence du boîtier nous a permis d’identifier rapidement un convecteur de 1 500 W resté allumé sans raison. Il nous a également permis de prendre conscience de l’impact des nombreux éclairages, certes à LED, que nous avions tendance à oublier d’éteindre. Difficile cependant d’estimer précisément la quantité d’électricité que nous avons économisée grâce à l’écran. Combien de temps aurions-nous laissé le convecteur allumé sans l’écran ? Aurions-nous continué d’ignorer les éclairages allumés pour rien ? Il est complexe de quantifier cela.

Test de l’assistant nrLink : nos notes et mesures

Boîtier nrLink

Consommation d’électricité sur 24 h

(puissance moyenne sur 24 h)

Relevées par RE

17 Wh

(0,71 W)

Consommation d’électricité sur 1 an

Calculé par RE

6,2 kWh

Coût d’utilisation annuel

Calculé au prix du kWh TRV base

1,41 €

Distinction des consommations selon périodes tarifaires

Non

Afficheur physique

(connectique)

Oui

(WiFi 2.4 GHz, alim : micro-USB DC5V)

Distance clé ERL – moniteur lors du test

(obstacles)

15 m

(2 murs en béton armé)

Qualité de l’interface utilisateur

(ordinateur)

⭐⭐⭐

Qualité de l’interface utilisateur

(application smartphone)

⭐⭐⭐

Qualité de l’interface utilisateur

(moniteur)

⭐⭐⭐⭐⭐

Qualité physique du moniteur

⭐⭐⭐⭐

Possibilité de recevoir des alertes paramétrables sur la conso et puissance

Partiellement

Facilité d’installation

⭐⭐⭐⭐⭐

Fiabilité des mesures

⭐⭐⭐⭐⭐

Origine des mesures

(mode d’envoi des données)

Compteur Linky

(La clé ERL branchée au Linky envoie les données à l’afficheur. L’afficheur est connecté en Wifi)

² mesurée dans un immeuble en béton armé, compteur Linky placé dans une armoire en bois, dans la cage d’escalier.

ℹ️ En toute transparence

Cet essai a été réalisé librement par un journaliste de Révolution Énergétique.

Le produit testé nous a été envoyé gratuitement par la marque, à notre initiative et sans contreparties.

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Prix de l’électricité : est-il plus élevé en France que chez nos voisins ?

29 janvier 2024 à 15:55

Depuis 2022, les tarifs de l’électricité explosent en France. Pour autant, l’hexagone est-il toujours l’un des pays d’Europe ou le kilowattheure est le plus économique ? Nous avons comparé les prix moyens de l’électricité chez nos voisins, même les plus lointains. Et le résultat n’est pas très glorieux pour la France.

La guerre en Ukraine et les déboires du parc nucléaire français a fait exploser le prix de l’électricité dans de nombreux pays d’Europe. Si le tarif du kilowattheure appliqué aux ménages s’est littéralement envolé chez certains de nos voisins immédiats comme l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, ou il dépasse le seuil des 0,40 €, la France a pu contenir la hausse. Malgré les brutales augmentations du tarif réglementé que nous connaissons depuis 2022, la France conserve un prix du kWh deux fois inférieur, autour de 0,20 €/kWh.

La carte des prix de l’électricité en Europe

Cette carte est interactive, survolez pour consulter le tarif du kWh dans chaque pays.

S’ils peuvent paraître très élevés, les tarifs visibles sur la carte ci-dessus, qui correspondent à la moyenne observée au premier semestre 2023, n’atteignent pas des records. En effet, suite à la baisse générale de la consommation d’électricité en Europe sur 2023, liée notamment à une météo relativement douce, des prix plus élevés et de nombreux appels publics à la sobriété, la demande a été durablement réduite. Associée aux politiques d’aide, la casse de la demande a mécaniquement entraîné une baisse des prix sur le marché de gros.

Classement des pays d’Europe selon le prix moyen de l’électricité

Quelle politique pour réguler le prix de l’électricité chez nos voisins ?

Chaque pays a réglementé son marché, en prenant des mesures fiscales ou de protection, ce qui engendre un prix du kWh très variable d’un pays à l’autre.

➡️ L’Allemagne a adopté des mesures importantes pour limiter l’impact du prix du kWh, déjà très élevé avant la crise, sans empêcher l’explosion des tarifs en 2022. Le gouvernement a acté un nouveau plan d’action début 2023, comprenant bouclier tarifaire, une taxe sur les « superprofits », avec un plafonnement du prix à 0,40 €/kWh jusqu’en avril 2024. Début 2024, le prix est environ de 0,381 €/kWh, soit + 17 % par rapport à juin 2021.

➡️La Belgique a incité les particuliers et professionnels à réduire leur consommation sur la base du volontariat. Plusieurs aides ont été mises en place, avec une réduction d’impôt et une baisse de la TVA à 6 % pour l’électricité. Le prix est de 0,352 €/kWh au 1ᵉʳ janvier 2024, soit +21 % par rapport à juin 2021.

➡️En Italie, les pouvoirs publics ont programmé un plan général d’économie concernant l’électricité et opté également pour une taxe sur les « superprofits ». Ils ont accompagné les ménages et leur pouvoir d’achat, en limitant le prix sur les carburants et sur les produits alimentaires. Le prix actuel est de 0,3145 €/kWh au 1ᵉʳ janvier 2024, soit +28 % par rapport à juin 2021.

➡️En Espagne, face à une inflation de 10 %, le gouvernement a demandé une dérogation exceptionnelle à l’Europe afin de plafonner le prix du gaz servant à la production d’électricité. Cette mesure est spécifique à la péninsule ibérique et inclus donc le Portugal. Elle a permis une stabilité des prix dès 2022, et a pris fin en décembre 2023. Une hausse des taxes sera appliquée dès janvier 2024. La baisse de consommation en Espagne est moins importante que sur la zone Europe, notamment en raison de la surconsommation estivale liée à la climatisation. Malgré tout, l’Espagne a connu une baisse spectaculaire du prix de l’électricité. En janvier 2024, le tarif est de 0,1745 €/kWh, soit –30 % par rapport à juin 2021.

À lire aussi Explosion des prix de l’électricité : comment l’État sape la décarbonation de la France

Comment le prix de l’électricité est régulé en France ?

La France a opté, dès 2022, pour un bouclier tarifaire compensant la hausse des tarifs, en limitant celle-ci à 4 % sur l’année. Le gouvernement a pris en charge 37 % de la hausse qu’auraient subi les ménages, en abaissant principalement l’accise (une taxe, anciennement appelée CSPE puis TICFE) de 0,0324 €/kWh à 0,001 €/kWh.

Pour assurer la sortie progressive du bouclier tarifaire, qui court jusqu’en février 2025, les français ont enregistré deux hausses en 2023. Le gouvernement a confirmé au 1ᵉʳ février 2024 une hausse proche de 10 %, prévue dans le cadre de la loi des finances, en réintroduisant l’accise à un premier palier fixé à  0,02254 €/kWh, ce qui porte le prix du kWh à 0,253 €, soit une hausse d’environ 130 €/an, sur la facture des ménages, pour une consommation annuelle de 5 500 kWh (moyenne France).

Cette taxe est essentielle pour l’Etat, afin de financer le développement des énergies renouvelables et du nouveau programme nucléaire à venir. Il est fort probable que le gouvernement actionne une hausse supplémentaire au 1ᵉʳ janvier 2025, pour ramener l’accise à sa valeur de 2021, ce qui porterait le prix du kWh aux alentours de 0,29 €. Ainsi, la France risque de se rapprocher du top 10 des pays dont le prix de l’électricité est le plus élevé en Europe.

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