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Nucléaire : utiliser l’épargne des Français pour financer les EPR ?

28 mars 2024 à 09:00
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La facture d’EDF pour la construction des six nouveaux réacteurs EPR prévus d’ici à 2035 est déjà de 30 % supérieure à son budget initial. Pour financer la relance nucléaire, le gouvernement envisage d’utiliser une partie de l’épargne des Français déposée sur le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS).

 

Explosion du budget prévisionnel des nouveaux EPR

Le revirement d’Emmanuel Macron en faveur de la filière nucléaire en 2022 a marqué un tournant dans la politique énergétique de la France. Après une période de cinq ans caractérisée par un ralentissement de cette filière, le président a annoncé en grande pompe la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR2. Une bonne nouvelle pour EDF, mais celle-ci se heurte à une problématique de taille : le financement de la relance nucléaire. À 100% propriété de l’État, cette dernière, en charge de la construction de ces nouvelles petites centrales, a indiqué que son budget prévisionnel de 2021 était passé de 51,7 milliards à 67,4 milliards d’euros en mars 2024.

Des dépassements budgétaires qui s’expliquent principalement par la hausse des coûts de construction, des études d’ingénierie, ou encore les frais de maîtrise d’ouvrage. Le cas de la petite centrale de Flamanville, projet pilote de la relance nucléaire française, qui doit être raccordé au réseau national dès cet été 2024, est symptomatique des défis de la filière nucléaire : initialement prévu pour 3,3 milliards d’euros, son coût a quadruplé, atteignant désormais 13,2 milliards d’euros, pour un retard de 12 ans dans son développement.

L’épargne des Français pourrait financer un tiers du programme

L’État français ne se trouve actuellement pas en capacité de financer les nouveaux EPR. Celui-ci ayant enregistré un déficit budgétaire record en 2023 (5,5 % de son PIB), le gouvernement songe à utiliser l’épargne des Français pour aider à financer les nouveaux EPR. Il faut dire qu’avec un encours cumulé de 571,5 milliards d’euros fin février 2024 pour le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) représentent une manne financière conséquente. Éric Lombard, à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), considère cette option comme « logique », étant donné l’importance de ces investissements pour la souveraineté énergétique et la décarbonation de la France. La seule réserve émise par le directeur de la CDC est, selon ce dernier, de s’assurer que les investissements dans le nucléaire n’entravent pas d’autres priorités nationales, 59,5 % des montants gérés par la CDC étant alloués au financement des logements sociaux (le reste est géré par les banques et est essentiellement destiné aux PME).

Si d’un côté, cette stratégie pourrait accélérer la transition énergétique française, de l’autre, elle demande une transparence absolue et une gestion rigoureuse des fonds investis. « Si on finance par exemple un tiers du programme nucléaire, cela représentera quelques milliards d’euros par an… c’est quelque chose qui est tout à fait absorbable par l’épargne des Français », affirme Éric Lombard, mettant en avant la capacité d’absorption de l’épargne nationale.

 

 

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Nucléaire : nouveaux réacteurs EPR, EDF explose son budget prévisionnel

27 mars 2024 à 13:53
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La facture d’EDF pour la construction des six nouveaux réacteurs EPR a largement dépassé le budget prévisionnel. Le producteur d’électricité français pointe du doigt la hausse des coûts de développement et de construction du projet.

 

Le budget prévisionnel des nouveaux EPR français en hausse de 30 %

Le projet de construction des six nouveaux réacteurs EPR2, piloté par EDF, affiche désormais un budget prévisionnel qui donne le vertige : 67,4 milliards d’euros, un chiffre qui dépasse largement le budget de 51,7 milliards initialement annoncés en 2021. Cette escalade des coûts, selon les informations de nos confrères des Echos, serait essentiellement due aux études d’ingénierie – qui se sont avérées plus complexes que prévu – ainsi qu’à la hausse des coûts de construction (équipements et mise en service) des nouveaux réacteurs EPR.

Comme le rappelle en effet EDF, le budget de 2021 ne prenait pas en compte les frais liés à la maîtrise de l’ouvrage. Le gouvernement doit encore finaliser le plan de financement des nouveaux EPR, plan qui permettra de déterminer le prix du mégawattheure qui sera produit par les nouveaux réacteurs EPR. Leur mise en service est prévue d’ici à 2025.

 

Les projets internationaux d’EDF ne sont pas épargnés

Les dépassements budgétaires d’EDF ne s’arrêtent pas aux frontières françaises. Les projets d’EPR d’EDF à l’étranger, comme ceux en cours au Royaume-Uni, ont également subi des hausses considérables de leurs coûts initiaux. Par exemple, la construction de l’EPR de Hinkley Point C outre-Manche a vu son estimation grimper, passant de 25-26 milliards à 31-35 milliards de livres.  La filière nucléaire française, après 5 ans de mise à l’arrêt, peine à répondre aux nouveaux objectifs fixés par le gouvernement depuis sa relance, initiée en 2022 par Emmanuel Macron. Manque de personnel qualifié, échéances restreintes… les dépassements budgétaires mettent en lumière les défis auxquels est confronté le secteur nucléaire français.

Pour redresser la barre, EDF mise sur l’optimisation de ses processus et sur la renégociation de certains contrats clés, dans le but de limiter l’impact financier de ces dépassements. L’issue de ces négociations sera déterminante, non seulement pour la trajectoire énergétique du pays, mais aussi pour le porte-monnaie des Français.

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Fraude, contrefaçon : danger sur la sûreté nucléaire !

31 janvier 2024 à 16:38
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La filière nucléaire est relancée, ce qui est une bonne nouvelle pour la souveraineté énergétique. D’un autre côté, la pression sur la filière nucléaire se fait de plus en plus forte. En ce sens, le président de l’ASN, le gendarme de l’atome, Bernard Doroszczuk, a tenu à souligner les risques et dangers pour la sûreté nucléaire lors de ses vœux devant la presse.

 

Les fraudes et contrefaçons : une menace croissante pour le nucléaire

 

L’année 2023 a été marquée par la détection de 43 cas de fraudes et contrefaçons dans le secteur nucléaire, un nombre qui reflète les défis auxquels la filière doit faire face. Bernard Doroszczuk, lors de la présentation de ses vœux à la presse, a mis l’accent sur cette problématique : « C’est un sujet de vigilance qui n’est pas négligeable, qui peut toucher la totalité de la filière ». Ces incidents ne sont pas isolés et ont des implications significatives sur la sûreté et la fiabilité du secteur. Parmi les exemples cités, on trouve « des résultats d’essais qui sont modifiés pour pouvoir être déclarés conformes » et la fourniture de puces électroniques non conformes, révélant des lacunes dans la conformité et la qualité des composants essentiels.

Ces fraudes ou contrefaçons ne sont néanmoins pas toujours intentionnelles. Manque de personnel qualifié, plannings serrés, la filière nucléaire fait face à une pression croissance et elle peine à tenir les objectifs qui lui ont été fixés. Une conséquence directe de la mise à l’arrêt de la filière pendant plusieurs années. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la filière nucléaire est de nouveau en plein essor. « Nous sommes dans un contexte où les projets vont considérablement augmenter. Le lancement d’un programme de six EPR2, voire plus, et le développement de projets de petits réacteurs nucléaires (SMR ou AMR) va mettre la filière nucléaire en tension », a expliqué Bernard Doroszczuk.

 

Pour une surveillance accrue de la chaîne d’approvisionnement

 

La chaîne d’approvisionnement du secteur nucléaire est complexe et s’étend sur plusieurs niveaux, rendant la surveillance et le contrôle des fraudes et des  contrefaçons d’autant plus difficiles. Bernard Doroszczuk a néanmoins déploré un « manque de rigueur dans la totalité de la chaîne de sous-traitance ». Cette observation fait suite à des inspections révélant que certaines entreprises, même au bas de la chaîne d’approvisionnement, ne savaient pas qu’elles fabriquaient des équipements pour l’industrie nucléaire. « On le sait dans le rang 1, on le sait à moitié dans le rang 2, dans le rang 3 on ne le sait plus », déplore Bernard Doroszczuk, président de l’ASN.

Pour remédier à ces failles, le gendarme de l’atome prévoit de renforcer son programme d’inspection en 2024, en accordant un volet spécifique sur les risques de falsification. « Nous voulons davantage comprendre ce qui pourrait conduire soit une personne, soit une organisation à falsifier ou à cacher quelque chose », indique le président de l’ASN, soulignant ainsi l’importance de détecter et de comprendre les motivations derrière ces actes délictueux.

 

 

La relance du nucléaire : un enjeu national et international

 

Le plan de relance nucléaire de la France, portant sur la construction de 14 EPR2 et le développement de petits réacteurs modulaires, comporte évidemment des opportunités, mais auxquelles s’ajoute un lot de défis. Bernard Doroszczuk met en garde contre la répétition des erreurs passées, en rappelant les leçons tirées du projet de l’EPR de Flamanville : « Ce qui a pêché pour l’EPR, c’est que sa construction a été lancée alors que les études détaillées de conception n’étaient pas achevées ».

Dans le contexte de cette expansion, l’ASN souligne l’importance d’une rigueur industrielle sans faille et d’une vigilance continue face aux risques de fraudes et de contrefaçons. « Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, surtout dans un domaine aussi sensible que le nucléaire », a ainsi tenu à rappeler Bernard Doroszczuk. L’ASN se questionne également sur la capacité actuelle de la filière à gérer les déchets nucléaires qui résulteront des nouveaux projets : « Le sujet du risque de saturation de l’entreposage doit être traité avant 2040 », met en garde le gendarme de l’atome. La France, en engageant son avenir énergétique dans le nucléaire, doit veiller à équilibrer son ambition avec une rigueur et une surveillance accrues, pour garantir la sécurité et l’efficacité de cette filière vitale, qui fait la fierté de la France, et sa renommée à l’international.

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