Ă lâaube de la publication de la nouvelle programmation pluriannuelle de lâĂ©nergie, une question anime les dĂ©bats : les objectifs de dĂ©ploiement dâĂ©olien et de solaire sont-ils trop Ă©levĂ©s ? Pourtant, la vraie question Ă se poser ne serait-elle pas : les objectifs dâĂ©lectrification des usages sont-ils suffisants ?
Tandis que la production dâĂ©lectricitĂ© sâest envolĂ©e en 2024, bien aidĂ©e par la forme olympique du parc nuclĂ©aire et des centrales hydroĂ©lectriques, la consommation Ă©lectrique française, elle, reste stable depuis plusieurs annĂ©es. De ce fait, la France a produit 90 TWh de plus quâelle nâen a consommĂ©.
Dans ce contexte, nombreux sont les observateurs qui sâinquiĂštent des objectifs toujours plus grands de dĂ©ploiement des Ă©nergies renouvelables, notamment Ă travers lâĂ©olien et le solaire. Et pour cause, une production dâĂ©lectricitĂ©, certes dĂ©carbonĂ©e, dĂ©corrĂ©lĂ©e des besoins rĂ©els, pourrait avoir des effets nĂ©gatifs avec de fortes hausses de prix. Parmi ces observateurs, Vincent Berger, haut commissaire Ă lâĂ©nergie atomique, a indiquĂ© quâil fallait ralentir sur le dĂ©ploiement du renouvelable pour Ă©viter cette trop grande diffĂ©rence entre production et consommation.
Ces inquiĂ©tudes se concentrent actuellement autour de lâimminente publication de la PPE3 (Programmation pluriannuelle de lâĂ©nergie) qui doit fixer les objectifs en matiĂšre de production et de consommation dâĂ©nergie pour les dix prochaines annĂ©es. De nombreux acteurs de la vie politique dĂ©noncent une trajectoire pas en accord avec la rĂ©alitĂ© du pays. Si le texte devait faire lâobjet dâun simple dĂ©cret, et donc Ă©viter un passage par la case AssemblĂ©e Nationale, il fera finalement lâobjet dâun dĂ©bat parlementaire sans vote Ă la fin du mois dâavril.
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NĂ©anmoins, les objectifs de dĂ©ploiement en matiĂšre dâĂ©olien ou de solaire sont-ils les vĂ©ritables problĂšmes de la politique Ă©nergĂ©tique française ? Si on parle souvent du faible impact carbone du mix Ă©lectrique français, il faut rappeler que celui-ci ne compte que pour 25â% de lâĂ©nergie totale consommĂ©e en France. Le mix Ă©nergĂ©tique de la France est encore largement dominĂ© par les Ă©nergies fossiles, qui comptent pour 63â% de lâĂ©nergie finale en 2022.
LâĂ©lectrification progressive des usages constitue le meilleur espoir dâatteindre la neutralitĂ© carbone Ă lâhorizon 2050. Pour cela, le dĂ©ploiement massif des Ă©nergies renouvelables est effectivement indispensable. En revanche, il nâa de sens que sâil est accompagnĂ© dâune solide politique de transition Ă©nergĂ©tique, intĂ©grant notamment le dĂ©veloppement du rĂ©seau Ă©lectrique et du stockage dâĂ©nergie Ă grande ampleur.
Or, la consommation Ă©lectrique française, en baisse quasi constante depuis la crise du COVID, ne montre pas de signe dâĂ©lectrification des usages. La rĂ©ussite de la transition Ă©nergĂ©tique française tiendra donc Ă la mĂ©tamorphose de plusieurs secteurs particuliĂšrement Ă©metteurs de CO2. Parmi ces secteurs, on peut citer le transport, responsable de 123 millions de tonnes de CO2 par an dans lâhexagone, mais Ă©galement lâindustrie (41 Mt CO2/an) ou encore le secteur rĂ©sidentiel et en particulier le chauffage (33 Mt CO2/an).
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