Vue normale

Hier — 31 octobre 2024Next.ink

Élections US : pourquoi Lina Khan occupe-t-elle les discussions de dirigeants de la tech ?

31 octobre 2024 à 08:35
Khan contre les monopoles
Élections US : pourquoi Lina Khan occupe-t-elle les discussions de dirigeants de la tech ?

À quelques jours du scrutin présidentiel des États-Unis, une femme est au cœur des conversations entretenues par plusieurs figures de l’industrie de la tech : Lina Khan. À la tête de la Federal Trade Commission (FTC), elle agace les républicains autant qu’elle divise les démocrates par ses travaux contre les grands monopoles.

Fin septembre, le mandat de Lina Khan à la tête de la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis s’est terminé. Plus jeune directrice de la FTC, la juriste de 35 ans peut y rester indéfiniment tant qu’elle n’est pas remplacée, rappelle le Seattle Times.

Nommée en 2021 par Joe Biden, juste après que ce dernier a embauché Tim Wu, un autre grand critique du pouvoir des géants numériques, au National Economic Council de la Maison-Blanche, la spécialiste du droit de la concurrence occupe une vraie part des tractations entre les candidats à la présidentielle des États-Unis et leurs soutiens, notamment ceux issus de la Silicon Valley.

De fait, au fil de son mandat, Khan s’est placée en grande opposante aux pratiques anticoncurrentielles des grands noms californiens – Google, Apple, Amazon, Meta – comme de géants de l’industrie pharmaceutique, de l’alimentation ou de l’aviation.

Les géants numériques peu convaincus par le bilan de Joe Biden

On l’a dit au fil des articles, le bilan du mandat de Joe Biden place le camp démocrate dans le viseur de plusieurs dirigeants du numérique. C’est le président sortant qui a annoncé un plan de taxation de 25 % des profits non réalisés pour les multimillionnaires (les 0,01 % de la population des États-Unis dont la richesse dépasse les 100 millions de dollars). C’est aussi lui qui a pris un décret pour cadrer le développement de l’intelligence artificielle, plutôt mal pris par les géants de la Silicon Valley.

Au cœur de ce bilan se trouve aussi Lina Khan, née en 1989 au Royaume-Uni, arrivée à 11 ans aux États-Unis. Passée par l’Open Markets Institute, elle y a étudié la structure des marchés à partir de l’exemple de l’élevage industriel de volaille. En 2017, elle s’était fait connaître par son article Amazon’s Antitrust Paradox publié en 2017 dans le Yale Law Journal.

Quatre ans plus tard, sa nomination à la tête de la FTC avait été confirmée par le Sénat avec 69 votes en sa faveur, dont 21 républicains. Sous son mandat, la fusion verticale entre les biotechnologies Illumina et Grail (un fournisseur et son client) a été annulée, NVIDIA a renoncé à racheter ARM, Sanofi et Lockheed ont renoncé à des opérations… Une série d’actions qui n’a pas manqué de revers, comme dans les cas de la fusion entre Microsoft et Activision ou du rachat de Within par Meta.

Déchirement démocrate

La combativité de la directrice de la FTC ne passe pas sans heurts. Certains républicains l’accusent de gaspiller l’argent public en justice, pour des résultats aléatoires, rapporte Le Monde. Pour autant, le colistier de Donald Trump J.D. Vance a déclaré qu’elle était « l’une des rares dans l’administration Biden » à « faire du bon boulot ». Ses offensives contre certaines plateformes sociales sont vues d’un bon œil par les républicains qui considèrent ces dernières hostiles à la liberté d’expression.

Côté démocrate, c’est le déchirement : l’investisseur milliardaire Mark Cuban et le cofondateur de LinkedIn Reid Hoffman ont tous deux bruyamment pris position pour que Kamala Harris, dont ils soutiennent la candidature, se sépare de la juriste. Cela enverrait selon eux un signal de réchauffement possible des relations avec les entreprises. De même, l’investisseur Vinod Khosla a qualifié Lina Khan d’« être humain non rationnel ».

Un large groupe du même camp considère cela dit les actions de Lina Khan contre le pouvoir des entreprises comme un argument de poids. Ils alertent les équipes de la candidate que son manque de soutien à Lina Khan pourrait lui coûter des votes. Ainsi, Bernie Sanders a publiquement déclaré son soutien à la directrice de l’agence, tandis qu’Alexandria Ocasio-Cortez alertait contre le risque une « bagarre générale » si Kamala Harris se risquait à remplacer Lina Khan à la suite d’une potentielle élection à la tête des États-Unis.

Lutte contre les faux avis et « click-to-cancel »

En mars, la directrice de la FTC a elle-même détaillé dans Foreign Policy sa vision d’un marché états-unien ouvert à la concurrence. Par extension, elle critiquait la position de certains représentants de l’industrie numérique en faveur de la consolidation du secteur : « Nous devrions être extraordinairement sceptiques à l’égard de cet argument et plutôt reconnaître que le pouvoir monopolistique actuel aux États-Unis est une menace majeure pour les intérêts nationaux et le leadership mondial » du pays, écrivait-elle alors.

Dans les années 1990, 9 000 entreprises étaient cotées en bourse, rappelle Le Monde. En 2024, elles ne sont plus que 3 400. Et Lina Kahn de souligner que pour préserver l’innovation, il est nécessaire de limiter les potentiels monopoles.

De plus en plus présente dans les médias, jusque sur des plateaux d’humoristes comme Hasan Minhaj, Lina Khan fait preuve d’une grande pédagogie sur le rôle et les actions de l’institution qu’elle dirige. De fait, elle est en campagne. Pour le camp démocrate : on l’a vue dans l’Illinois, dans l’Arizona ou dans le Wisconsin aux côtés de candidats progressistes. Mais aussi pour elle-même.

Son positionnement sur des sujets très proches des consommateurs, comme la lutte contre les faux avis et témoignages en ligne, ou sa récente adoption du « click to cancel » (cliquer pour annuler, une réglementation qui oblige les fournisseurs à faciliter la désinscription d’un abonnement ou d’une souscription en ligne), pourrait l’aider. Par ailleurs, d’après un sondage publié par l’institut Lake Research Partners, 65 % des électeurs des États pivots se sont déclarés en faveur d’un gouvernement qui s’attaquerait aux monopoles. Ils se disent prêts à voter pour un ou une candidate qui soutiendrait la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles.

Pour autant, à l’heure actuelle, ni Trump ni Harris n’ont donné de détails précis sur la politique qu’ils comptent adopter en matière de concurrence.

☕️ Infostealers : Redline et META mis hors d’état de nuire

31 octobre 2024 à 07:16
Infostealers : Redline et META mis hors d’état de nuire

Les autorités des Pays-Bas, des États-Unis, de la Belgique, du Portugal, du Royaume-Uni et de l’Australie ont démantelé les serveurs de deux acteurs majeurs de la cybercriminalité, les infostealers Redline et META.

Un infostealer est un logiciel conçu pour dérober le maximum d’informations susceptibles d’être réutilisées dans d’autres activités criminelles sur un ordinateur infecté (identifiants et mots de passe, données bancaires, etc).

En 2024, les deux stealers en question ont permis de voler plus de 227 millions de mots de passe, rapporte Le Monde.

Coordonnées par Eurojust, les autorités impliquées dans cette vaste opération internationale, nommée « Magnus », indiquent avoir saisi trois serveurs aux Pays-Bas, deux noms de domaine et plusieurs chaînes Telegram utilisées par les cybercriminels pour échanger avec leur clientèle. Deux individus ont été arrêtés en Belgique.

Les autorités indiquent par ailleurs avoir récupéré des informations sur les clients de Redline et META.

À partir d’avant-hierNext.ink

Isabelle Collet : « On peut utiliser l’IA pour dépasser nos biais inconscients »

30 octobre 2024 à 14:07
Oubliées vs oublieurs
Isabelle Collet : « On peut utiliser l’IA pour dépasser nos biais inconscients »

Une semaine sur deux, entre chaque épisode du podcast Algorithmique, les abonnés de Next peuvent écouter en intégralité l’un des entretiens qui a servi à sa fabrication, ou lire sa retranscription.

Professeure à la section des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, informaticienne scientifique de formation, Isabelle Collet est l’autrice de plusieurs ouvrages dont L’informatique, a-t-elle un sexe ? Hackers, mythes et réalités (L’Harmattan, 2006) et Les Oubliées du numérique (Le Passeur, 2019).

Dans cet entretien, elle détaille les préconçus genrés qui ont sous-tendu le développement du champ de l’intelligence artificielle, elle revient sur la masculinisation qui s’est opérée dans le domaine informatique à partir des années 80 et elle partage des pistes d’action pour une plus grande diversification de l’industrie.


Il reste 98% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ Le Washington Post perd 250 000 abonnés après la décision de ne pas soutenir Kamala Harris

30 octobre 2024 à 09:41
Le Washington Post perd 250 000 abonnés après la décision de ne pas soutenir Kamala Harris

Un journal doit-il prendre position politiquement ? Aux États-Unis, depuis des décennies, différents titres le font pour différents types d’élections. Le New-York Times a par exemple décidé cette année de cesser de soutenir des candidats pour des élections locales, mais de maintenir sa tradition de soutien à un ou une candidate à la présidentielle, qu’il honore depuis 160 ans.

Dans ce contexte, le Washington Post avait préparé un article de soutien à Kamala Harris, dont la publication a été suspendue à la suite d’une décision qui aurait été prise par son propriétaire, le fondateur d’Amazon Jeff Bezos. C’est la première fois en 36 ans que le quotidien ne se positionnera donc pas pour un candidat à la présidentielle.

Dans les jours qui ont suivi, 21 éditorialistes ont co-signé un éditorial qualifiant la décision de « terrible erreur », alors que l’un des candidats « promeut des positions qui menacent directement la liberté de la presse et les valeurs de la Constitution ». Auteurs des révélations du Watergate, Bob Woodward et Carl Bernstein ont déclaré que la décision ignorait la « menace que Donald Trump fait peser sur la démocratie ».

Le directeur exécutif du journal, Sir Will Lewis, a publié le 27 octobre une déclaration selon laquelle la situation était décrite de manière inexacte : Jeff Bezos « n’a pas lu et n’a pas donné son avis sur un quelconque projet ».

Le lendemain, ce dernier a pourtant exprimé son point de vue dans les pages du Washington Post, dans lequel il a donné sa propre vision de la place des médias. Il s’y inclut dans le « nous » lorsqu’il décrit : « Notre profession est aujourd’hui celle qui inspire le moins confiance. »

Et argumente précisément que la confiance dans les médias est trop basse pour que ceux-ci soutiennent un candidat ou un autre – un argument de neutralité fréquent, dans le monde des médias, mais qui ne semble pas convaincre tout le monde : plus de 250 000 personnes auraient mis fin à leur abonnement au Washington Post dans les jours qui ont suivi le refus de soutenir un des deux candidats à la présidentielle, soit 10 % du lectorat payant du journal. Des chiffres confirmés par le Washington Post.

Avec le risque, comme le souligne la journaliste Chloé Woitier, que les principales victimes soient les membres de la rédaction.

Comme le Washington Post, le Los Angeles Times subit des pertes d’abonnements et des démissions après que son propriétaire, le milliardaire Patrick Soon-Shiong, ait décidé de suspendre tout soutien politique.

La plupart des grands patrons de la tech soignent leur positionnement pour plaire à Donald Trump, pointe Platformer. Pour son fondateur Casey Newton, c’est à la fois une manière de se préparer à toutes les possibilités et une forme de réaction au traitement que le camp démocrate a réservé aux géants numériques pendant les quatre ans de présidence de Joe Biden, et notamment aux multiples procès pour antitrust qui visent Apple, Google, Meta et Amazon.

La drôle de trajectoire politique d’Elon Musk

29 octobre 2024 à 07:58
Peut-on séparer l'homme du CEO ?
La drôle de trajectoire politique d’Elon Musk

À une semaine du scrutin pour la présidentielle des États-Unis, le rôle joué par le dirigeant de multiples entreprises numériques est toujours plus important, au point d’interroger sur les effets qu’il pourrait avoir sur ses activités économiques.

Si l’on sélectionne bien les informations, Elon Musk a enregistré plusieurs réussites de taille en octobre. Le 13 octobre, Space X réalisait un « exploit technique » en lançant sa fusée géante Starship et en parvenant à récupérer le booster Super Heavy sans accroc.

Quelques jours plus tôt, Tesla avait organisé la démonstration de son Robotaxi lors d’un événement intitulé « We, Robots » et faisant la part belle à l’esthétique futuriste… et robotisée, donc, même si les robots humanoïdes présentés au cours de l’événement étaient dirigés par des humains.

En parallèle, l’homme se positionne toujours plus ouvertement en faveur du candidat Trump pour la campagne présidentielle états-unienne. Le Washington Post vient par ailleurs de révéler que l’entrepreneur échangeait régulièrement avec le président russe Vladimir Poutine. Des pratiques qui interrogent, au regard des liens étroits que ses entreprises ont mêlés au fil du temps avec l’administration des États-Unis.


Il reste 82% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ La plainte en ligne généralisée à toute la France

28 octobre 2024 à 10:18

Depuis la mi-octobre, il est possible de porter plainte en ligne pour une série d’infractions spécifiques.

Depuis 2013, la pré-plainte permettait d’entamer les démarches de chez soi, mais nécessitait de se déplacer en commissariat pour finaliser le processus.

Onze ans plus tard, le ministère de l’Intérieur déploie une procédure entièrement dématérialisée pour les plaintes pour vol, cambriolage, dégradation de bien ou escroquerie (hors internet, car ces dernières sont gérées via le dispositif THESEE ou par Pharos), lorsque l’auteur des faits est inconnu.

Testé en Gironde depuis 2023, le service est pensé pour désengorger les commissariats : en France, 2,8 millions de plaintes sont déposées chaque année pour atteinte aux biens (sur 3,5 millions de plaintes au total), relève France Bleu. Il est aussi pensé pour faciliter les démarches des citoyens – auprès de 78 Actu, la commissaire de Plaisir parle d’un outil « aussi facile à utiliser que Doctolib ».

Pour se servir du dispositif, il suffit de se rendre sur plainte-en-ligne.masecurite.interieur.gouv.fr ou sur l’application « Ma Sécurité » développée par le ministère de l’Intérieur, de s’identifier avec France Connect, puis de réaliser sa déclaration.

☕️ Meta Ray-Ban s’associe à Be My Eyes pour améliorer son accessibilité

28 octobre 2024 à 08:50

Et si les lunettes connectées étaient avant tout un succès pour les personnes aveugles et mal-voyantes ?

C’est ce que laisse envisager le témoignage de Sadi Taylor, instagrammeuse non-voyante qui racontait récemment combien les lunettes lui ont été utiles sur les six derniers mois.

Outre les fonctionnalités classiques – écouter de la musique, prendre des appels, filmer –, l’intégration de Meta AI aux lunettes lui permet de lire tout ce qui demande de l’être dans son environnement, et lui facilite ainsi nombre d’interactions.

Sur Reddit, d’autres internautes soulignent aussi l’utilité du produit – tout en alertant, pour certains, sur le manque de fiabilité de ce produit pensé pour le grand public, comparé à d’autres créés spécifiquement pour les personnes mal et non-voyantes.

Meta a bien repéré le potentiel : l’entreprise vient d’annoncer une collaboration avec le fournisseur de services d’accessibilité Be My Eyes pour pousser les possibilités d’assistance plus loin, notamment en alliant échanges humains aux réponses fournies par IA.

Dans le cadre du bras de fer qui oppose les géants numériques à l’Union européenne, notamment à l’application de ses trois derniers grands textes, le Digital Services Act, le Digital Markets Act et l’AI Act, Meta AI n’est pas disponible au sein de l’Union européenne pour le moment. 


Arcachon « offre » ChatGPT à ses habitants

23 octobre 2024 à 13:59
À Mistral ou Anthropic de faire leurs preuves
Arcachon « offre » ChatGPT à ses habitants

Depuis la mi-octobre, Arcachon propose un accès à ChatGPT premium à ses habitants, financé par le contribuable. Next en a discuté avec Maxime Girardet, conseiller municipal de la ville.

Le maire de la ville d’Arcachon en est visiblement très fier : d’après la page dédiée du site de la ville, c’est lui, Yves Foulon, qui a « souhaité mettre à disposition un module permettant d’accéder à ChatGPT gratuitement » aux habitants de sa commune. « Une première en France », s’est-il félicité auprès d’Actu Bordeaux.

Le module ? Un accès à ChatGPT-4o premium, accessible gratuitement depuis le site de la ville. Quand l’abonnement individuel coûte 24 euros par mois pour les usagers individuels, l’offre a de quoi plaire. Et, de fait, elle semble avoir du succès : le 16 octobre, quand les équipes de la mairie ont présenté l’outil, l’auditorium du MA.AT a fait salle comble, rapporte Sud-ouest.

« Le matin, 500 personnes sont venues, mais l’auditorium ne fait que 200 places », confirme à Next le conseiller municipal Maxime Girardet. Il a donc fallu organiser une seconde réunion, l’après-midi, « où de nouveau, c’était plein ».


Il reste 86% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

L’IA au ministère de l’Économie et des finances : utile, mais peut mieux faire, d’après la Cour des Comptes

23 octobre 2024 à 07:55
La Cour des Comptes, championne de la frugalité ?
L’IA au ministère de l’Économie et des finances : utile, mais peut mieux faire, d’après la Cour des Comptes

Analysant les expérimentations menées par le ministère de l’Économie en matière d’IA depuis près de 10 ans, la Cour des Comptes appelle à un meilleur pilotage des usages et promeut l’IA frugale.

Programme Signaux Faibles pour faciliter la détection des difficultés des entreprises, programme Foncier innovant pour repérer les biens fonciers non déclarés à l’administration fiscale… Depuis 2015, le ministère de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique (MEFSIN) teste des usages de technologies d’intelligence artificielle.

À la suite du rapport de Cédric Villani, alors député, rendu début 2018, le gouvernement a par ailleurs adopté une « stratégie nationale pour l’intelligence artificielle » (SNIA), dans laquelle sont venues s’inscrire les activités du ministère. Dans un rapport publié ce 22 octobre, la Cour des Comptes revient sur son application et sur l’efficacité des trente-cinq systèmes d’IA développés (ou en cours d’étude) au fil des ans.

Elle constate que les ressources fournies aussi bien par les directions interministérielles du numérique (Dinum) et de la transformation publique (DITP) que financées par le SNIA sont méconnues. Et regrette un manque de pilotage des projets d’IA, qu’elle propose de résoudre par l’attribution du pilotage stratégique de l’IA et des données numériques à une instance ministérielle précise, et par la création d’un incubateur d’IA au sein du ministère, avec l’aide de la Dinum.

Parmi ses autres recommandations, la Cour des Comptes appelle à une meilleure mesure des gains d’efficience et de productivité des projets d’IA ; à la mesure de l’impact environnemental des systèmes utilisés tout au long de leur cycle de vie, en vue de le réduire ; et à la promotion d’une démarche de frugalité en matière de déploiement de l’IA – approche qui permettrait autant de maîtriser les coûts environnementaux et les enjeux éthiques que de réduire la dépense.

Moyens principalement mobilisés par la DGFiP

Outre quelques cas de robots conversationnels fournis pour répondre aux usagers sans interruption ou aux agents – le programme ClaudIA aide par exemple les utilisateurs de Chorus Pro à réaliser leurs démarches –, la Cour des Comptes relève que la majorité des usages concerne « la gestion fiscale et la lutte contre les fraudes ». Ainsi de Ciblage de la Fraude et Valorisation des Requêtes (CFVR), qui utilise de l’analyse prédictive pour « alimenter la programmation des contrôles fiscaux ».


Il reste 76% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

Des promoteurs du « racisme scientifique » auraient eu accès aux données de santé de milliers de Britanniques

22 octobre 2024 à 12:56
Science manipulée
Des promoteurs du « racisme scientifique » auraient eu accès aux données de santé de milliers de Britanniques

Les données de santé de centaines de milliers de Britanniques auraient été détournées par un groupe international d’extrême-droite cherchant à crédibiliser ses thèses racistes par les apparences de la science.

Des chercheurs de réseaux extrémistes promouvant l’idée que l’intelligence serait expliquée par la « race » des individus ont obtenu l’accès à des données de santé d’un demi-million de Britanniques, selon les informations de l’ONG Hope not Hate.

Les vidéos, obtenues sous couverture, montrent les membres d’un réseau de « racisme scientifique » discuter du jeu de données qu’ils ont récupéré de UK biobank. Le « racisme scientifique » consiste à utiliser l’apparence d’études et de méthodes scientifiques pour promouvoir l’idée d’une hiérarchie naturelle entre groupes d’humains en fonction de supposées races.

Fondée en 2003 par le ministère de la Santé britannique, UK Biobank gère une étude de long-terme sur les prédispositions génétiques au développement de divers types de maladies – la base de données a par exemple été utilisée pour mieux comprendre le fonctionnement du diabète ou de la maladie de Parkinson.

Elle recueille le consentement (.pdf) de ses participants à l’usage de leurs données de santé – dont des réponses à des questionnaires, des prélèvements sanguins ou urinaires, ou encore des dossiers médicaux – pour « de la recherche d’intérêt public dans le domaine médical ».

Auprès du Guardian, l’entité se déclare confiante dans ses processus de sécurisation des données qu’elle recueille. « Malheureusement, nous évoluons dans un monde où des personnes contraires à l’éthique chercheront à les détourner », déclare au quotidien le directeur de UK Biobank Rory Collins.

Fausse science financée par un entrepreneur de la tech

Le groupe de chercheurs étudié par Hope not Hate est dirigée par Emil Kirkegaard, de son vrai nom William Engman, danois d’une trentaine d’années, autoproclamé « génie universel » et connu pour fournir des arguments pseudo-scientifiques à l’extrême-droite.

En 2022, celui-ci crée la Human Diversity Foundation (HDF), une société qui utilise tous les moyens disponibles – podcasts, vidéos, magazines papier, articles de « recherche » – pour promouvoir l’idée de la supposée supériorité génétique de certains groupes de population. Une « idéologie dangereuse », explique la directrice du Centre for Culture and Evolution de l’université de Brunel, Rebecca Sear, au Guardian, car utilisée à des fins politiques concrètes, notamment « pour s’opposer à toute politique visant à réduire les inégalités » et pour « plaider en faveur de politiques d’immigration plus restrictives », notamment pour réduire celle de population « supposées avoir un « faible QI » ».

Le quotidien britannique comme Hope not Hate ont constaté que le HDF entretenait des liens avec plusieurs personnalités de l’extrême-droite allemande, dont l’activiste Erik Ahrens, qualifié d’extrémiste par les autorités d’outre-Rhin, l’influenceur Matthew Frost, qui anime une newsletter payante forte de 14 000 abonnés sur la plateforme substack, ou encore le youtubeur Edward Dutton, dont les diatribes sur la « dysgénie », la supposée dégradation du stock génétique, est suivie par plus de 100 000 abonnés.

L’un des principaux financeurs des activités du groupe est Andrew Conru, diplômé d’ingénierie mécanique à Stanford et fondateur du site de rencontres Adult FriendFinder, revendu 500 millions de dollars en 2007 à l’entreprise pornographique Penthouse. À lui seul, l’entrepreneur aurait versé 1,5 million de dollars au projet, ce qui en ferait le plus gros financeur du groupe.

Auprès du quotidien comme de Hope not Hate, un représentant de la Conru Foundation a déclaré avoir « aidé à financer le projet » à ses débuts, mais que celui « semble maintenant s’être écarté de son objectif initial, et de la motivation de son financement, qui était de promouvoir la recherche universitaire libre et non partisane ». Conru indique avoir décidé de rompre les liens avec le HDF.

Sans que les montants soient comparables, Hope not Hate relève par ailleurs la présence de l’investisseur Marc Andreessen parmi les abonnés payants (500 $ l’année) à la lettre de Matthew Frost.

Détournement des processus de contrôle de l’usage des données

Outre la dangerosité des idéologies promues grâce à ces fonds (que leurs tenants déclinent aussi en fonction du genre, de la classe sociale, du handicap, etc), se pose la question de l’usage des données de santé, sensibles au sens du RGPD, fait par le HDF.

Les usagers des données de UK Biobank n’ont en effet pas toujours eu à passer par la plateforme dédiée de l’entité, indique le Guardian : jusqu’à récemment, les chercheurs pouvaient télécharger des jeux de données sur leurs propres équipements, après avoir signé un contrat assurant qu’ils ne les partageraient pas sans autorisation.

D’après les extraits vidéos obtenus par Hope not Hate, c’est à ce type de téléchargement que le groupe mené par Kirkegaard semble avoir eu accès. UK Biobank affirme avoir enquêté de manière « approfondie »et n’avoir pas trouvé de preuve que ces données « étaient accessibles à des chercheurs non agréés ». L’entité admet cela dit la possibilité que le groupe ait mis la main sur « des données brutes, de niveau individuel ».

Auprès du chercheur de Hope not Hate sous couverture, Emil Kirkegaard aurait lui-même admis que les « ensembles de données génétiques nécessaires pour tester les différences ethniques de QI ou tout ce qui va dans ce sens, sont bien gardées. » Et de préciser : « La seule façon d’obtenir ces données est qu’un universitaire les obtienne et nous les donne sous la table. (…) Pas nécessairement des universitaires, parfois le secteur privé… même s’il prend un gros risque. »

En 2022, l’université de Cleveland a par exemple licencié le professeur Bryan Pesta pour mésusage de données issues d’une banque génomique états-unienne. Pesta avait co-signé avec Emil Kirkegaard un article dans lequel ils prétendaient établir un lien entre intelligence et ascendance.

☕️ The Family : les affaires d’Oussama Ammar vont de mal en pis

22 octobre 2024 à 09:30
The Family : les affaires d’Oussama Ammar vont de mal en pis

Ex-gourou de la tech, cofondateur de l’incubateur the Family, Oussama Ammar est accusé par ses anciens associés Nicolas Colin et Alice Zagury d’avoir détourné 4,5 millions de l’incubateur. 


Sur cette somme, au moins 1,5 million des fonds auraient été injectés dans un projet touristique : le Domaine d’Ablon, en Normandie, pour lequel l’influenceur aurait eu selon Le Monde un « coup de cœur » en 2019, au point d’y faire construire un « petit manoir » de 550 mètre carrés.

À l’époque, déjà, le domaine était en difficulté.

Oussama Ammar y avait investi par l’intermédiaire de la société par action simplifiée (SAS) Théléma, dont il détient pas loin de 57 %, aux côtés d’autres personnalités de la French Tech dont le fondateur de la start-up d’intelligence artificielle Dataiku, Florian Douetteau.

Malgré ces injections, la société Cottage Consulting qui gère le domaine d’Ablon est désormais en liquidation.

Oussama Ammar, quant à lui, a été condamné en décembre 2023 par le tribunal des îles Caïmans à verser 7,3 millions d’euros de dommage, décision confirmée en août par la grande cour des Caïmans.

C’est là qu’étaient immatriculés les fonds communs où, rappelle Le Monde, étaient réunis les fonds confiés à The Family « pour acheter des actions SpaceX ou Airbnb, jamais livrées ».

☕️ Des vidéastes et spécialistes alertent sur les conflits d’intérêts dans l’IA

21 octobre 2024 à 15:19
Des vidéastes et spécialistes alertent sur les conflits d’intérêts dans l’IA

Emmenés par les vidéastes Lê Nguyen Hoang (derrière la chaîne Youtube Science4all), Jean-Lou Fourquet (AprèsLaBiere) et Victor Fersing (La Fabrique Sociale), plus de soixante-dix chercheuses, praticiens, enseignantes et journalistes co-signent une tribune intitulée « Pourquoi il est urgent de porter de l’attention aux conflits d’intérêt des « experts en IA » ».

Publié dans Usbek & Rica, le texte alerte sur la portée médiatique offerte dans les médias et dans les instances politiques à des personnalités certes spécialistes de l’intelligence artificielle, mais aussi affiliées à des géants numériques comme Meta ou Alphabet – ainsi du directeur de la recherche en IA de Meta Yann Le Cun, invité à l’Élysée aux côtés d’Eric Schmidt, ancien PDG de Google, pour réfléchir au futur de l’IA dans l’Hexagone.

Ses auteurs soulignent par ailleurs la propension des plus grandes entreprises à orienter la recherche scientifique elle-même. Ils citent l’étude remarquée des frères Abdalla, qui démontrait en 2021 que 95 % des articles sur l’éthique de l’IA ou ses effets sociaux publiés dans les journaux scientifiques Nature et Science avaient au moins un auteur financé, à un moment de sa carrière, par l’une des Big Tech.

Et d’enjoindre la population, spécialistes, journalistes comme citoyens, d’affuter leur esprit critique vis-à-vis du domaine.

Entre Trump et Harris, le cœur de la Silicon Valley balance

21 octobre 2024 à 13:04
Vote, baby vote
Entre Trump et Harris, le cœur de la Silicon Valley balance

Historiquement démocrate, la Silicon Valley a pu sembler glisser vers le camp républicain au début de l’été. C’est sans compter l’implantation de Kamala Harris dans la région, ni les travaux de ses équipes pour convaincre les cadres de l’industrie numérique.

Conservatrice ou démocrate, la Silicon Valley ? Loin d’être un tout homogène, l’industrie états-unienne de la tech a tout de même traditionnellement penché du côté démocrate de l’échiquier politique jusqu’à la campagne actuelle, qui a vu un nombre croissant de fondateurs d’entreprises et d’investisseurs se positionner publiquement en faveur de Donald Trump.

Et puis Joe Biden a renoncé à se re-présenter. Originaire d’Oakland, en Californie, et forte d’une carrière de procureur passée à San Francisco entre 2004 et 2010, sa successeure Kamala Harris jouit d’une série d’arguments sur lesquelles le président sortant ne pouvait compter. Résultat, à la suite de sa candidature au plus haut poste des États-Unis, des soutiens affichés de son concurrent républicain ont finalement décidé… de financer aussi le camp démocrate.

Ainsi Tim Draper, fondateur de Draper Associates et investisseur, entre autres, de Twitter, Baidu, Tesla ou Theranos, a récemment indiqué avoir donné « à peu près le même montant » aux deux camps. Autre positionnement inattendu : le cofondateur du fonds Andreessen Horowitz, Ben Horowitz, qui avait très publiquement déclaré se ranger derrière Trump au début de l’été, a finalement réalisé une seconde donation en faveur de Kamala Harris.

Chez les démocrates comme les républicains, multiples financeurs de l’industrie numérique

D’après les documents soumis à la commission électorale fédérale, les plus grosses donations uniques ont été versées à des comités d’action politiques (les PAC) de soutien à Donald Trump. Cela dit, relève NBC, les entrepreneurs de la tech ont été les plus gros donateurs du Future Forward PAC (FF PAC), un super PAC de soutien à Kamala Harris.

L’industrie technologique fournissant une bonne partie des personnalités les plus riches des États-Unis (et du monde), il n’est pas très étonnant de la voir peser sur les élections. Comme nous l’expliquions dans un précédent article, les systèmes de super PAC (des PAC indépendants des partis politiques eux-mêmes) sont quelquefois décriés pour le pouvoir accru qu’ils fournissent aux plus fortunés sur la politique états-unienne. Une longue enquête du New Yorker montre ainsi que la tech est devenue l’une des plus grosses industries donatrices du cycle électoral 2024 aux États-Unis, et le monde de la crypto, responsable de près de la moitié des dons d’entreprise.

De fait, Tim Draper a expliqué que ses donations aux deux camps lui avaient permis, à sa femme et lui, « de rencontrer personnellement les deux candidats et de prendre une décision plus éclairée ». Et de préciser : « J’en conclus que les deux candidats ont de bonnes intentions et, bien qu’ils tracent des voies différentes pour l’Amérique, je suis optimiste quant au fait que l’une ou l’autre de ces voies constituera une étape positive. »

Outre la question de l’accès, ces donations permettent aussi d’observer les revirements et les hésitations, comme celle de Ben Horowitz. En juillet, alors que Joe Biden était encore le candidat officiel du camp démocrate, celui-ci s’était joint à son associé Marc Andreessen pour indiquer qu’ils verseraient tous deux des donations au camp républicain. Dans un article de blog, Horowitz avait indiqué n’agir que pour défendre les petites entreprises de la tech – et ne pas prendre part à d’autres formes de batailles politiques.

La tech démocrate plus convaincue par Harris que par Biden

Dans un mail envoyé début octobre à ses employés, l’investisseur a indiqué début octobre s’apprêter à verser un « donation significative » au camp Harris. Le revirement illustre le succès, pour le camp démocrate, du retrait de la candidature de Joe Biden au profit de celle de Kamala Harris. Parmi les finances historiques du parti, le cofondateur de Netflix Reed Hastings avait aussi publiquement appelé au retrait du Président Biden. 



Il souligne aussi la force des réseaux de Harris dans l’industrie numérique. Si Elon Musk fait bruyamment campagne pour son concurrent, la candidate démocrate peut compter sur les plus de 800 investisseurs qui ont affirmé dès août voter et récolter des donations pour sa campagne via le site VCsForKamala.org. Parmi les signataires : le cofondateur d’Apple Steve Wozniak, l’investisseur Vinod Khosla, l’ex vice-présidente de la stratégie internationale de Twitter Katie Stanton ou encore la fondatrice de Cowboy Ventures (et première utilisatrice du terme licorne pour qualifier les start-ups valorisées plus d’un milliard de dollars) Aileen Lee.

Parmi ses plus gros donateurs, le FF PAC compte de son côté Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook et d’Asana, Reed Hastings, et Jeff Lawson, cofondateur de Twilio, et son épouse Erica Lawson. En août, le premier lui avait versé 3 millions de dollars, les trois autres 1 million chacun. Après avoir rencontré de nombreuses entreprises de la crypto, dont Coinbase et Ripple, le FF PAC s’est par ailleurs ouvert en septembre aux donations versées en crypto actifs.

Pour lutter contre la potentielle fuite de soutiens vers le camp opposé, les équipes de Kamala Harris se sont par ailleurs lancées dans une campagne de ralliement des dirigeants de la tech. Le but : les convaincre que sa politique sera différente de celle menée par Joe Biden, tant en matière de gestion des géants numériques – l’industrie la presse d’adopter une vision plus souple en matière de pratiques anticoncurrentielles – que dans le domaine des cryptos.

L’enjeu est de taille : pour l’un des entrepreneurs interrogés par le Washington Post, la génération actuelle de fondateurs de start-ups a « grandi avec un parti démocrate qui, en général, considère que les écosystèmes de la tech et du capital-risque ne méritent pas d’être célébrés ». Harris et ses émissaires – dont son beau-frère et directeur juridique d’Uber, Tony West – travaillent à inverser cette tendance et à collecter l’avis de représentants de la Silicon Valley pour construire sa politique.

Ils doivent toutefois composer avec toute une frange de démocrates très critiques de la concentration des entreprises, et qui appellent régulièrement au démantèlement de géants comme Alphabet, Amazon ou d’autres.

PAC et super PAC : comment la Silicon Valley conservatrice soutient Donald Trump

18 octobre 2024 à 08:35
I need a dollar, dollar
PAC et super PAC : comment la Silicon Valley conservatrice soutient Donald Trump

À quelques semaines du scrutin états-unien, des documents soumis à la commission électorale fédérale des États-Unis permettent de préciser les actions des acteurs de la Silicon Valley qui soutiennent Donald Trump.

La présidentielle états-unienne se rapproche et l’industrie numérique participe à la mobilisation. Des documents récemment soumis par plusieurs comités d’action politique (political action committe, PAC) de soutien à Donald Trump à la commission électorale fédérale permettent d’en savoir plus sur les montants qu’elle a versés dans la bataille.

Sans grande surprise, des fondateurs ouvertement conservateurs s’y retrouvent, mais à hauteur variée. Elon Musk a par exemple versé près de 75 millions de dollars à l’organisme entre le 1er juillet et le 30 septembre. Les deux fondateurs du fonds leader de la Silicon Valley Andreessen Horowitz (a15z), Marc Andreessen et Ben Horowitz, ont de leur côté chacun versé 2,5 millions de dollars au PAC « Right for America ».

America PAC, le comité de Musk

L’America PAC a une particularité : il s’agit d’un « Super PAC », qualificatif donné aux comités déclarés indépendants des partis politiques et des candidats. Depuis 2010, ce type d’organisation n’est pas soumise aux plafonds de dons imposés aux PAC – ce qui leur vaut de nombreuses critiques, notamment pour le pouvoir accru qu’ils donnent aux plus fortunés sur la politique états-unienne.

De fait, au total, l’America PAC a déjà dépensé près de 96 millions de dollars pour soutenir Donald Trump contre la candidate démocrate Kamala Harris, rapporte Business Insider. L’entité a notamment dépensé 10 millions de dollars en soutien à 18 candidats républicains à la Chambre des représentants. Elon Musk en est le principal donateur, au côté de l’ancien directeur de Tesla Antonio Garcias, du cofondateur de Palantir Joe Lonsdale ou de l’investisseur de Séquoia Capital, un fond très en vue dans la Silicon Valley, Shaun Maguire.

60 % des fonds dédiés à la campagne de Donald Trump ont été alloués à des opérations de terrain comme du porte à porte. Mais en politique comme dans certaines de ses activités économiques, le style de management d’Elon Musk, et notamment le licenciement rapide de cadres organisateurs, fait des étincelles, selon le Washington Post.

Carnets de chèques et d’adresses

Outre le patron de Tesla, X et SpaceX (qui a par ailleurs participé à la diffusion de la vague de désinformation anti-démocrate qui a compliqué l’apport de secours aux victimes des ouragans Hélène et Milton), d’autres figures s’engagent en faveur du candidat républicain.

La simple nomination de J.D. Vance comme colistier de Trump en était déjà un exemple. Fraîchement arrivé en politique, J.D. Vance a pu s’y lancer en 2021 grâce aux 15 millions de dollars que lui avait alloué Peter Thiel, co-fondateur de PayPal, de Palantir, investisseur, et décrit par Politico comme ayant joué le rôle de « président de l’ombre » dans la Silicon Valley lors de son mandat.

Comme ils l’avaient annoncé avant l’été, les fondateurs d’Andreessen Horowitz ont chacun soutenu Trump, en versant 2,5 millions de dollars au PAC « Right for America ». D’après Business Standard, Andreessen a versé 844 000 dollars supplémentaires – la limité légale au niveau fédéral – au parti Républicain.

Cela dit, soutien démocrate avant d’avoir évolué vers le camp républicain, Horowitz a indiqué début octobre à ses employés que sa femme et lui verseraient aussi une « donation significative » à la campagne de Kamala Harris. Il a expliqué cette décision par le fait que le couple connaissait Kamala Harris depuis plus de 10 ans, et que celle-ci « a été une grande amie au fil de cette période ». À quelques semaines du vote, Felicia et Ben Horowitz semblent vouloir établir une relation avec chacun des deux candidats.

Des hackers iraniens s’attaquent à de multiples infrastructures critiques

17 octobre 2024 à 10:13
Des hackers iraniens s’attaquent à de multiples infrastructures critiques

Les autorités des États-Unis, du Canada et d’Australie alertent contre les attaques de force brute menées par des acteurs iraniens contre diverses infrastructures critiques.

Dans une note conjointe, les autorités états-uniennes, australiennes et canadiennes alertent contre les cyberactivités d’acteurs iraniens. Ils les soupçonnent d’être les premiers maillons d’une chaîne de cyberdélinquance, attaquant par force brute des infrastructures critiques pour ensuite revendre les accès et les informations obtenus à d’autres acteurs malveillants. 


Le Federal Bureau of Investigation (FBI), la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA), la National Security Agency (NSA), le Communications Security Establishment Canada (CSE), la police fédérale australienne et l’Australian Signals Directorate’s Australien Cyber Security Centre (ASD’s ACSC) signent ensemble ce document détaillant le modus operandi des attaquants et proposent plusieurs pistes d’atténuation du risque.

Activités iraniennes intenses contre les États-Unis

Depuis octobre 2023, rappellent les autorités des États, différentes attaques commises par des acteurs iraniens ont été repérées, notamment contre les réseaux d’entités gouvernementales, du secteur de la santé, de l’information, de l’ingénierie ou de l’énergie.

Aux États-Unis, certains acteurs ont par exemple tenté d’interférer dans la campagne pour la présidentielle 2024 en envoyant aux équipes de Joe Biden, avant qu’il renonce à se présenter, des informations volées à celles de Donald Trump. D’autres se sont attaqués aux systèmes de contrôle industriel (ICS) de plusieurs compagnies des eaux du pays (ainsi qu’en Irlande, où 180 personnes se sont retrouvées privées d’eau pendant deux jours).

Password spraying et bombardement MFA

En pratique, ces acteurs recourent à différentes techniques, dont de la pulvérisation de mots de passe (password spraying, le fait d’utiliser un même mot de passe pour tenter d’accéder à de multiples comptes), et du bombardement d’authentification multi-facteurs (MFA bombing, ou MFA fatigue attack : le fait d’initier une authentification multi-facteurs à de multiples reprises en espérant que l’utilisateur visé, lassé, accepte au moins l’une des requêtes).

Leur but initial, selon les autorités des trois États : obtenir des identifiants Microsoft 365 ou Citrix. Une fois ces accès acquis, les attaquants ont souvent mis en place l’authentification multi-facteurs sur leurs propres appareils pour sécuriser leurs accès via un compte légitime.

À partir de là, les cyberattaquants sont suspectés de réunir autant d’informations que possible sur les systèmes attaqués et/ou de viser à améliorer leurs accès. Certains ont par exemple utilisé l’authentification Kerberos avec le nom du principal du service (SPN) pour obtenir des tickets Kerberos, ce qui peut aboutir à l’exposition d’identifiants en clair. L’un des attaquants a aussi tenté d’usurper l’identité du contrôleur de domaine, qui contrôle les utilisateurs d’un réseau informatique et répond aux demandes d’authentification.

Dans plusieurs occurrences, les attaquants ont récupéré des informations relatives à l’accès à distance à l’entité visée, et à son organisation. Les autorités signataires estiment que ces informations servent soit à être revendues ailleurs, soit à sécuriser la présence des acteurs malveillants dans les réseaux concernés.

Mesures d’atténuation

Pour détecter de potentielles attaques, elles recommandent de vérifier les journaux d’authentification à la recherche d’échecs de connexion au système et de multiples tentatives d’authentification infructueuses ; de chercher l’usage d’une seule adresse IP pour de multiples comptes (hors cas prévus) ; ou encore de chercher les « voyages impossibles », c’est-à-dire les cas où un utilisateur se connecterait depuis plusieurs adresses IP à des distances géographiques trop éloignées pour qu’il soit réaliste de s’y déplacer dans le temps séparant les deux connexions (avec le risque que l’usage de VPN génère de faux positifs).

Elles fournissent aussi une variété de mesures d’atténuation spécifiquement liées aux tactiques, techniques et procédures (TTP) des activités malveillantes concernées, accessible dans leur note.

Deepfakes, chatbots non consentis : l’IA générative largement utilisée pour harceler

17 octobre 2024 à 08:11
Qui aurait pu prévoir
Deepfakes, chatbots non consentis : l’IA générative largement utilisée pour harceler

Comme s’en sont inquiétés les spécialistes dès la sortie des modèles d’IA générative grand public, les usages de ces technologies à des fins de harcèlement se multiplient.

Après les deepfakes à caractère pornographiques, les chatbots imitant des personnes réelles. Si l’IA générative ouvre des perspectives en matière de création ou de résumés de contenus, elle est aussi facilement détournée à des fins malveillantes, et notamment de harcèlement.

Dans deux enquêtes successives, Wired revient sur le nombre faramineux de robots de « nudification », c’est-à-dire qui propose de dénuder les images de personnes réelles sans leur consentement, disponibles sur Telegram, et sur l’existence de chatbots construits pour imiter des personnes réelles, vivantes ou décédées.

Dans les deux cas, le consentement des personnes concernées est rarement demandé… quand les productions ne servent pas directement à harceler.

Des millions d’utilisateurs de bots de « nudification »

Les deepfakes pornographiques sont un problème mondial, qui vise ultra-majoritairement les femmes, nous l’avons couvert à de multiples reprises. Mais celui-ci en ne se traduit pas de la même manière selon les plateformes étudiées.

En l’occurrence, Wired rapporte avoir dénombré plus de 50 bots construits à l’aide d’intelligence artificielle générative pour permettre aux internautes de dénuder des images de femmes sur Telegram, plateforme réputée être l’une des moins efficaces en termes de modérations.

À eux seuls, cette cinquantaine de robots récoltent plus de quatre millions d’ « utilisateurs mensuels » (à ceci près qu’il est difficile d’établir la mesure dans laquelle un utilisateur est consommateur des contenus de plusieurs bots).

Pour leur fournir le contenu, ces bots sont reliés à plus d’une vingtaine de canaux Telegram dédiés. Plusieurs ont été modérés une fois que Wired les a signalés à la plateforme : à la suite de l’arrestation de son patron Pavel Durov en France en août, cette dernière a commencé à modifier ses pratiques.

Création non consentie d’imitations textuelles et vocales

En parallèle, un autre cas d’usage d’IA générative se retrouve détourné à des fins malveillantes : la création de chatbots textuels et vocaux ressemblant à des personnes réelles. Wired s’arrête en particulier sur le cas de Character.ai, qui permet de créer très simplement des chatbots de personnes imaginaires, issues de la fiction… ou de la pop culture (Next a par exemple croisé des imitations plus ou moins crédibles de Céline Dion, Nicki Minaj et Donald Trump).

En l’occurrence, Wired rapporte aussi l’existence de robots construits pour imiter des personnes moins célèbres, dont certaines décédées, sans que leurs proches n’aient consenti au procédé.

Le média relève par ailleurs la présence d’imitation de plusieurs membres de l’écosystème du jeu vidéo visés par des campagnes de cyberharcèlement à plus ou moins long cours, parmi lesquels Anita Sarkeesian, créatrice de la chaîne Feminist Frequency à la fin des années 2000 et violemment prise à partie lors du Gamergate, ou Kim Belair, créateur du studio Sweet Baby Inc., attaqué début 2024 à cause de son activité de conseil dans l’écriture de jeux vidéos.

Interviewés, ces derniers soulignent les risques que cela peut poser pour leur vie privée comme leurs activités économiques, mais aussi les difficultés de contester la création de ce type de personnage : en droit américain, il peut être difficile de prouver qu’une telle imitation cause un dommage à la personne concernée.

Canaris dans la mine des violences numériques

Ces deux cas viennent directement illustrer les alertes lancées dans un rapport de l’UNESCO quelques semaines à peine après la sortie de modèles grand public de génération d’images ou de textes.

La data scientist Rumman Chowdhury y soulignait le fait que les femmes et les minorités étaient « les « canaris dans la mine » des violences numériques », c’est-à-dire qu’elles étaient régulièrement les premières exposées à des problématiques qui, à terme, touchaient l’intégralité des internautes.

En conséquence, la scientifique exhortait l’écosystème à investir autant dans la protection des utilisateurs que dans le développement de l’intelligence artificielle.

☕️ Meta licencie des employés de WhatsApp, Instagram et Reality Labs

17 octobre 2024 à 06:38
Meta licencie des employés de WhatsApp, Instagram et Reality Labs

Meta a licencié des personnes travaillant dans plusieurs de ses équipes, dont chez WhatsApp, Instagram et Reality Labs, ce 16 octobre.

Auprès de The Verge, l’entreprise explique réorganiser une partie de ses activités pour « s’assurer que les ressources soient alignées avec [ses] objectifs stratégiques de long-terme ».

En ligne, des employés ayant travaillé chez Facebook, dans les équipes de recrutements, des opérations juridiques et du design déclarent avoir été licenciés.

Auprès de TechCrunch, Meta indique pourtant que les équipes de Threads, du recrutement et du juridique n’ont pas été touchées.

Certains employés se sont vus offrir de nouveaux rôles, voire de nouveaux contrats, ou la possibilité de prendre des indemnités de licenciement. 


En 2022, Meta a licencié 11 000 personnes, soit 13 % de ses employés, après avoir embauché de manière agressive pendant la pandémie. En 2023, l’entreprise a licencié 10 000 employés de plus et supprimé 5 000 propositions de postes encore non pourvues. 


Dans ce cas précis, l’entreprise n’a pas souhaité communiquer sur le nombre exact de personnes licenciées.

☕️ Face aux constructeurs d’IA générative, le Royaume-Uni devrait étudier l’option de l’opt-out

17 octobre 2024 à 06:06
Face aux constructeurs d’IA générative, le Royaume-Uni devrait étudier l’option de l’opt-out

Après des mois de lobbying du monde de la tech comme de l’industrie créative, le gouvernement du Royaume-Uni s’apprête à étudier la possibilité de permettre le scraping des données disponibles en ligne, sauf en cas d’ « opt-out » des éditeurs.

Si l’option correspondrait à la position d’Alphabet et de ses concurrents, qui cherchent à amasser le maximum de contenu puis entraîner leurs modèles, elle irait à l’encontre de celle des éditeurs, détaille le Financial Times.

Ces derniers estiment en effet la logique de l’opt-out injuste et complexe à mettre en place, dans la mesure où il est difficile de savoir quelles entreprises tentent de récupérer leur contenu.

Leurs dirigeants restent par ailleurs profondément opposés au projet, estimant qu’il mènera à un vol de droits d’auteur à grande échelle, rapporte le quotidien économique.

La proposition doit être étudiée dans les prochaines semaines.

Raziye Buse Çetin : « Ceux qui financent les projets d’IA les plus fous sont les mêmes qui demandent d’arrêter la recherche »

16 octobre 2024 à 15:05
Et l'humain, dans l'IA ?
Raziye Buse Çetin : « Ceux qui financent les projets d’IA les plus fous sont les mêmes qui demandent d’arrêter la recherche »

Le 25 septembre, Next a lancé Algorithmique, son podcast dédié aux enjeux de l’intelligence artificielle. Une semaine sur deux, entre chaque épisode, les abonnés pourront écouter en intégralité l’un des entretiens qui a servi à sa fabrication, ou lire sa retranscription. 


Chercheuse indépendante en intelligence artificielle, notamment collaboratrice d’AI Forensics, Raziye Buse Çetin a aussi participé à la création de la plateforme Dreaming Beyond AI, en 2021, ou encore au projet Better Images of AI, qui vise à proposer une iconographie moins anthropomorphisée de l’intelligence artificielle, pour en rendre les enjeux techniques, sociaux, économiques ou encore politiques plus évidents.

Dans cet entretien, elle détaille la notion de biais, la manière dont l’approche majoritairement occidentale de l’intelligence artificielle oriente le développement de l’industrie et la manière dont la société s’en saisit, et s’interroge sur la place de l’humain dans les évolutions en cours.


Il reste 98% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ DMA : X n’est pas un gatekeeper, selon la Commission européenne

16 octobre 2024 à 13:40
DMA : X n’est pas un gatekeeper, selon la Commission européenne

Après enquête, la commission européenne conclut que X n’est pas un contrôleur d’accès, ou gatekeeper, au sens du Digital Markets Act. 
La décision vient clore le processus d’enquête ouvert le 13 mai 2024 contre le réseau social.

La commission indique notamment avoir conclu que X n’était pas une plateforme importante permettant aux entreprises d’atteindre des utilisateurs finaux. 


La décision de la Commission permet à la plateforme d’Elon Musk d’éviter les régulations les plus lourdes du règlement.

Depuis son rachat par Elon Musk, le réseau social a perdu une large part de ses clients publicitaires, au point que son patron a poursuivi un groupe d’annonceurs en justice en août au motif qu’ils organiseraient le « boycott » de sa plateforme.

❌
❌