Le groupe Fnac Darty et ecosystem annoncent leur « passeport digital » qui « permet de regrouper et de stocker toutes les informations sur l’historique du produit ». Il prend la forme d’un QR-Code collé sur le produit. Le groupe anticipe ainsi un règlement européen sur la mise en place d’un « passeport numérique ».
Le but de ce « Passeport digital » est de regrouper « tous les événements marquants de la production jusqu’à la fin de vie des produits ».
Lister toutes les étapes de vie du produit
Cela comprend donc les étapes de fabrication, de vente, les éventuelles réparations, le reconditionnement et la revente. L’enseigne ne précise pas le niveau de détail qui sera donné pour chaque étape. Il serait bon que les données soient les plus exhaustives possible, avec la consommation en ressources et l’empreinte écologique de sa fabrication, le montant et la liste des pièces changées en cas de réparation, etc.
Fnac Darty souhaite ainsi pallier le « manque d’information sur la première vie du produit, qui engendre un manque de confiance de l’acheteur ». Rappel important : « Vous bénéficiez d’une garantie légale de conformité pour l’achat de tout bien neuf, mais aussi d’occasion et reconditionné. Cette garantie est un droit obligatoire fixé par la loi d’une durée de deux ans », explique Bercy.
Le produit reconditionné a sa définition officielle depuis presque trois ans, mais selon une enquête de la DGCCRF « les tests prévus par la loi pour garantir au consommateur des appareils fonctionnels étaient souvent incomplets ». Preuve qu’il reste du travail à faire, au-delà du « passeport ».
Pour être le plus exhaustif possible, Fnac Darty ouvre la porte à l’ensemble des acteurs qui interviennent dans le cycle de vie des produits.
Un passeport peut être créé n’importe quand
Et pour ne pas se limiter aux nouveaux produits uniquement, un passeport pourra être créé lors de la fabrication évidemment, mais aussi au moment de la vente, après une réparation ou lors de sa collecte pour lui donner ensuite une seconde vie. Plus le passeport sera créé tard, moins il comportera d’informations sur ses précédentes vies, bien évidemment.
Et pour mettre en pratique son passeport dès maintenant, l’enseigne le propose déjà sur des produits « 2
nde vie collectors » avec une « collection de 4 000 produits issus du reconditionnement des appareils fournis par Darty au village des athlètes de Paris 2024 ».
Le passeport retrace son installation dans le village olympique, son reconditionnement dans le SAV Darty et contient aussi une fiche d’entretien et le manuel d’utilisation.
Une solution « open-source » basée sur la blockchain d’Arianee
Dans son communiqué, Fnac Darty annonce que l’ouverture du passeport au plus grand nombre est « rendue possible par l’utilisation d’une solution open-source basée sur la blockchain et développée par Arianee ». Arianee, vous en avez peut-être déjà entendu parler lorsqu’elle a souhaité faire (en 2019) de « sa blockchain dédiée à l’identification et authentification des produits de luxe un protocole décentralisé et indépendant pensé par et pour les marques » ou au début de l’année avec l’annonce de sa propre blockchain (en partenariat avec Polygon) pour ses « passeports numériques pour produits physiques ».
Capital expliquait que l’ambition de la start-up français était alors la même qu’aujourd’hui : « les entreprises peuvent distribuer des certificats d’authenticité de leurs produits, inaltérables et compatibles avec des standards ouverts puisqu’ils sont émis sur des blockchains publiques ». D’où le partenariat avec le réseau Polygon et sa « blockchain compatible avec Ethereum, créée pour décongestionner le réseau principal ».
Arianee veut créer « un passeport digital pour chaque objet »
Arianee a aussi fait parler d’elle en 2021, quand elle a levé 8 millions d’euros auprès de Bpifrance et ISAI « pour développer sa technologie et accompagner la transformation digitale de la mode et du luxe ». Le principe était exactement le même : « La plateforme Arianee permet de créer un passeport digital pour chaque objet, garantissant son authenticité, sécurisant sa revente et permettant aux marques de conserver une relation perpétuelle avec son propriétaire et un historique de ses transactions ».
Dans le communiqué de l’époque de BPI (ou « banque des entrepreneurs »), expliquait que la solution proposée par Arianee est « un standard pour l’émission de passeports numériques encryptés sur la blockchain, disponible en open source via un consortium loi 1901 ouvert à tous les développeurs qui souhaitaient créer de nouveaux usages pour les marques ». Fnac Darty s’appuie donc dessus, une première pour l’électroménager, mais pas pour Arianee.
En effet, de nombreux partenariats ont été annoncés durant derniers mois (et années), principalement avec le monde du luxe : Panerai, Mugler, Vacherin Constantin, Breitling, YSL Beauty… Mais il y a également du plus grand public avec Casino pour Le Club Leader Price et Le Petit Marseillais.
Pierre-Nicolas Hurstel, PDG d’Arianee expliquait à Capital l’année dernière que sa société était bien présente dans la mode et le luxe, mais qu’elle visait aussi « les constructeurs automobiles, l’électroménager, tous les objets durables, revendables et réparables qui méritent d’être accompagnés par un passeport numérique ». C’est désormais chose faite.
Quoi qu’il en soit, Fnac Darty ne compte pas en rester là. Vincent Gufflet (directeur services et opérations) explique que ce n’est « que le premier pas d’une grande ambition » afin de créer une plateforme ouverte.
Fnac Darty veut généraliser le passeport d’ici 2027…
Le groupe affiche des ambitions fortes avec « la généralisation du passeport digital à tous les produits électroménagers de seconde vie Fnac Darty » au premier trimestre 2025, « pour s’élargir ensuite progressivement aux produits neufs ou réparés ».
Fnac Darty et ecosystem se donnent « 24 mois maximum pour déployer cet outil et le rendre incontournable »… ce qui nous amène donc aux portes de 2027, et ce n’est pas un hasard.
… juste à temps pour le nouveau règlement européen
L’enseigne explique en effet qu’elle se prépare à « l’arrivée en Europe du passeport numérique des produits (DPP) dont l’entrée en vigueur est prévue de façon progressive à compter de 2027 ». Ce passeport produit numérique est issu du règlement sur l’éco-conception (ESPR) a été adopté par le Parlement européen fin avril 2024, rappelle la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance).
Elle précise que « ce passeport numérique donnera un accès instantané aux informations sur la durabilité des produits, telles que la composition, l’origine des matériaux, les possibilités de réparations, le traitement en fin de vie ou encore la performance environnementale ».
De son côté, Nathalie Yserd (directrice générale d’ecosystem) affirme que « d’autres fabricants, distributeurs et acteurs du réemploi ont déjà confirmé l’intérêt de rejoindre l’initiative pour co-construire cette solution. Car cette initiative est ouverte à tous les acteurs du secteur, sans distinction ».