Succès pour Ariane 6, le satellite CSO-3 déposé « précisément à son point de livraison »
Philippe Baptiste sonne la charge !

C’est fait. Ariane 6 a réussi son premier lancement commercial. La mission est un succès sur toute la ligne, avec une dépose précise du satellite militaire CSO-3 à 800 km d’altitude (orbite héliosynchrone), après plusieurs réallumages (prévus) du moteur Vulcain.
Cette fois, c’était (enfin) la bonne
Après de multiples reports, dont un dernier en début de semaine, Ariane 6 a finalement décollé en fin d’après midi de Guyane. L’Europe peut pousser un ouf de soulagement : la mission est un succès sur toute la ligne.
Le décollage s’est effectué sans la moindre anicroche puis, après une heure de vol, a bien effectué le largage de la charge utile. Entre temps, le moteur Vinci a été redémarré plusieurs fois pour ajuster la trajectoire de l’étage supérieur, comme prévu.

Les premières minutes de fonctionnement sont juste idéales et parfaites
Vers 18h30, Arianespace indiquait que « le satellite CS0-03 vient d’être déposé précisément à son point de livraison afin qu’il puisse à son tour remplir brillamment sa mission en symbiose avec CSO-01 et CSO-02 ».
« On a acquis le signal de télémétrie du satellite, on a détecté sa bonne séparation. La séquence automatique a démarré, on a déployé les quatre panneaux solaires […] On peut dire que les premières minutes de fonctionnement sont juste idéales et parfaites », ajoute Paul Arberet, chef de projet senior au CNES.
Souveraineté, souveraineté et souveraineté
« Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche avec Elon Musk à ses côtés a déjà des conséquences considérables sur nos partenariats sur la recherche, sur nos partenariats commerciaux », a déclaré Philippe Baptiste dans le live accompagnent le lancement (l’intégralité du live figure dans la vidéo plus bas dans cet article) : « Dois-je mentionner les incertitudes qui pèsent aujourd’hui sur nos coopérations avec la NASA et la NOAA, quand des programmes aussi emblématiques que l’ISS sont remis en cause unilatéralement par Elon Musk ? »
L’ancien président du CNES et désormais ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche, rattaché à Élisabeth Borne, a sonné la charge contre les États-Unis et les enjeux de souveraineté :
« Si nous voulons conserver notre indépendance, assurer notre sécurité, préserver notre souveraineté, nous devons nous donner les moyens de notre autonomie stratégique. Et le spatial en est une composante incontournable. L’espace est présent partout, de nos téléphones aux champs de bataille, dans les télécommunications, la navigation et l’observation de la Terre. Ce lancement joue un rôle particulier car il permet la mise en orbite d’une nouvelle capacité spatiale militaire […] Nous ne devons pas céder à la tentation de préférer SpaceX ou un autre concurrent qui paraît plus à la mode, plus fiable ou moins cher aujourd’hui ».
Pour Philippe Baptiste, Ariane 6 est un « nouveau jalon essentiel » de notre souveraineté. Cette question n’est pas nouvelle, elle occupe même l’espace médiatique depuis quelques années (et encore ici), mais elle est devenue d’autant plus importante avec le retard d’Ariane 6 et la mise à la retraite d’Ariane 5, sans compter les déboires de Vega(-C).
« Une étape importante du retour à l’autonomie et à la souveraineté spatiale française et européenne est franchie », a de son côté déclaré Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Il ajoute que CSO permet « à nos armées, et à nos alliés, d’obtenir des images optiques et infrarouges à une définition inégalée en Europe ».
Vous pouvez revoir le lancement et les discours sur la vidéo ci-dessous :