[Ădito] Le temps de lâinformation
Chi va piano, va sano
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Entre la genĂšse et la « mort » dâune information, il peut sâen passer des choses. On vous propose de plonger dans les premiers instants de vie dâune information sur Next, et sur la maniĂšre dont nous apprĂ©hendons les choses. Un Ă©dito sous la forme dâune confession intime.
Dans la revue des mĂ©dias, Christian Delporte (professeur dâhistoire contemporaine et prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© pour lâhistoire des mĂ©dias) expliquait en 2016 que « lâĂ©mergence de la radio puis de la tĂ©lĂ©vision au XXe siĂšcle nâa pas bouleversĂ© les logiques dâinformation installĂ©es par la presse Ă la fin du XIXe siĂšcle. Ce qui change, câest la transformation de la temporalitĂ© : de quotidienne, elle devient instantanĂ©e ».
Les rĂ©seaux sociaux et lâomniprĂ©sence des smartphones connectĂ©s h24 Ă Internet nâont fait quâaccĂ©lĂ©rer les choses. Face Ă cette instantanĂ©itĂ©, se pose la question du temps de lâinformation. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il faut distinguer deux types dâinformations.
Lâinformation officielle : aller droit au but
Il y a tout dâabord lâannonce officielle : un communiquĂ© de presse, une dĂ©claration dâun dirigeant, etc. Suivant lâimportance de lâinformation (et lâappĂ©tence des mĂ©dias pour le sujet en fonction de leur ligne Ă©ditoriale), se lance alors plus ou moins une course contre-la-montre pour publier au plus vite, ĂȘtre parmi les premiers.
En plus dâinformer, câest aussi lâoccasion de parfois engranger un maximum de visiteurs, dâapparaitre en bonne position dans les moteurs de recherche et donc de se faire connaitre. Câest un enjeu important pour bon nombre de mĂ©dias, avec une finalitĂ© diffĂ©rente. Sur Next, on ne cherche pas Ă multiplier les pages vues pour vendre de la publicitĂ©, toutefois on cherche Ă toucher de nouveaux lecteurs pour ensuite les convaincre de nous soutenir et de sâabonner.
Il faut faire la part des choses entre le besoin de rapiditĂ© et celui dâajouter un minimum de contexte et des prĂ©cisions si nĂ©cessaire. Avoir lâinformation, câest une chose, jauger de son importance en est une autre. Ă chacun dâappliquer sa recette.
Sur Next, on donne au moins un peu dâĂ©lĂ©ments aux lecteurs et on peut Ă©videmment y revenir plus tard, avec une analyse plus poussĂ©e.
Nos sources et nos enquĂȘtes
Lâautre grande source dâinformation nâest pas officielle et les possibilitĂ©s sont alors nombreuses. Il y a des messages (anonymes) envoyĂ©s par une source, ce qui demande de plus ou moins longues vĂ©rifications avant de dĂ©cider si nous allons en parler.
Il y a des enquĂȘtes dont le journaliste est Ă lâorigine. Citons dans les exemples rĂ©cents lâenquĂȘte de Jean-Marc avec plus de 1 500 sites GenAI qui polluent le web et Google, et la mienne sur des applications pour surveiller son conjoint, sous couvert de contrĂŽle parental. Dans mon cas, câest la partie la plus intĂ©ressante du travail⊠mĂȘme sâil faut parfois accepter de faire chou blanc.
Les sources publiques 2.0 : TikTok, X, forum
Autre source prisée de certains médias et influenceurs : des publications sur des réseaux sociaux, des forums, etc.
Le phĂ©nomĂšne nâest pas nouveau, il est au moins aussi vieux que les rĂ©seaux eux-mĂȘmes, mais plusieurs exemples rĂ©cents montrent quâil ne faut pas confondre vitesse et prĂ©cipitation. Nous en avons quelques-uns en tĂȘte. Tout dâabord, des vidĂ©os TikTok sur de prĂ©tendues amendes (que personne nâa pu produire) pour avoir payĂ© au pĂ©age avec Apple Pay, qui ont Ă©tĂ© jusquâĂ faire rĂ©agir Emmanuel Macron.
La « fuite » de donnĂ©es chez EDF, ensuite. Les premiĂšres actualitĂ©s se sont uniquement basĂ©es sur un message publiĂ© par un pirate dans un forum spĂ©cialisĂ©. Quel crĂ©dit lui accorder ? Dans notre cas, pas grand-chose sans une confirmation. Et, effectivement, il sâest avĂ©rĂ© que câĂ©tait un coup de bluff.
Dans un registre un peu diffĂ©rent, il y a eu dĂ©but fĂ©vrier Ă©galement le cas de lâAdeme et des gros forfaits. Nous nâallons pas revenir sur les dĂ©tails de cette affaire, mais certains se sont un peu vite emballĂ©s sur un projet de loi qui « se prĂ©pare ». LâAdeme nous avait alors confirmĂ© ne pas avoir ce pouvoir. LâAssemblĂ©e nationale lâindique aussi sur son site.
Plus rĂ©cemment, nous avons eu un tweet avec une capture dâĂ©cran sur la fermeture du rĂ©seau cĂąble de SFR. Dâune situation personnelle, on est rapidement passĂ© Ă une fermeture globale, actĂ©e pour certains Ă la fin de lâannĂ©e. SFR nous indique finalement que la migration « sâĂ©talera sur plusieurs annĂ©es ».
Il faut laisser le temps au temps, maisâŠ
Des exemples rĂ©cents provenant de plusieurs sources diffĂ©rentes. Sur Next, cela fait des annĂ©es quâon a dĂ©cidĂ© de ne pas cĂ©der aux sirĂšnes de la course Ă lâinformation dans ce genre de cas, et donc de se laisser le temps nĂ©cessaire pour confirmer (ou pas) ce genre de message.
Nous aurions pu parler dâEDF, de lâAdeme et de SFR quasiment en mĂȘme temps que tout le monde. Mais nous avons Ă chaque fois contactĂ© le service concernĂ© afin dâavoir un retour. Les exemples mis en avant dans cet Ă©dito sont Ă©videmment choisis et ce nâest pas toujours possible dâavoir une rĂ©ponse, mais il faut au moins essayer. Nous ne sommes bien sĂ»r pas les seuls Ă agir ainsi.
âŠle temps est aussi mon prĂ©cieuuuuuuux
Nous ne le savons que trop bien : le temps est prĂ©cieux et il faut en garder pour nos enquĂȘtes et nos dossiers. Un Ă©quilibre â une histoire de curseur dans notre jargon interne â pas toujours facile Ă trouver et en constante Ă©volution.
Sur telle faille, faut-il entrer dans tous les dĂ©tails techniques ou bien parler des consĂ©quences et des correctifs ? Sur tel rapport dâune institution, doit-on le lire en entier et vous en proposer un digest ou mettre lâaccent sur un point prĂ©cis.
Il y a lâactu « chaude » sur laquelle, sans faire la course, on part du principe quâelle mĂ©rite un relais rapide aprĂšs vĂ©rification. Il y a ensuite lâinformation qui, en plus dâune confirmation, mĂ©rite un approfondissement ou une remise en contexte, dans le but de faciliter sa comprĂ©hension par le lecteur. Enfin, il y a nos enquĂȘtes, interviews et dossiers qui peuvent parfois prendre de longs mois avant de sortir.
Sur Next, nos contenus sont pour le moment sĂ©parĂ©s en plusieurs catĂ©gories. On retrouve les briefs pour les informations factuelles rapides ou des revues de presse. Pour des contenus un peu plus fouillĂ©s ou importants, nous avons lâactu simple (avec une image). Enfin, nous avons une mise en avant pour des contenus prĂ©miums ou des articles dont on estime avoir menĂ© un travail supplĂ©mentaire dâinformation et/ou dâanalyse.
On se pose beaucoup de questions sur Next (pas toujours avec la réponse).