Jusqu'à décourager les vols ?
Au cours des deux derniers jours, Google a procédé à de multiples annonces pour ses produits. L’entreprise s’est penchée notamment sur la sécurité d’Android, avec plusieurs nouveautés importantes. Elle consacre également l’ère de Gemini, l’assistant étant prévu sur pratiquement tous les supports, y compris les montres connectées et les voitures.
L’Android Show: I/O Edition est une nouvelle formule d’évènement, avant de commencer la Google I/O proprement dite. La grande conférence annuelle aura lieu les 20 et 21 mai et devrait en grande majorité se concentrer une nouvelle fois sur l’intelligence artificielle.
Défense renforcée contre les réinitialisations forcées
Le « Show » était largement centré sur les nouveautés pratiques d’Android, notamment sa sécurité. L’objectif général est simple : décourager les éventuels voleurs avec des appareils beaucoup plus complexes à réinitialiser. La société a donc présenté une protection renforcée contre le retour forcé aux paramètres d’usine, objectif ultime après le larcin.
Il s’agit d’un renforcement de protections existantes, plusieurs mécanismes existant actuellement pour vérifier que la personne demandant la réinitialisation est bien la détentrice de l’appareil. Aujourd’hui, si l’on veut déclencher cette opération via le menu de récupération ou le service Find My, il faut soit donner le mot de passe du compte Google, soit le code PIN de l’appareil. Le mécanisme se base sur une clé stockée dans une zone sécurisée. Elle n’est effacée que lors d’un lancement réussi d’une réinitialisation.
Ces protections ne sont cependant pas inviolables. Avec le temps, des méthodes ont été découvertes, dont le contournement de l’assistant de configuration. Android 15 a déjà insisté sur ce point, en rendant impossible l’installation d’applications ou la configuration d’un nouveau compte quand un tel contournement est détecté. Sur Android 16, via une mise à jour plus tard dans l’année, ces blocages seront généralisés. En somme, tout contournement détecté bloquera le reste des fonctions de l’appareil, tout en relançant l’assistant de configuration. La capture fournie par Google est claire sur ce point.
Des protections contre les arnaqueurs sur tous les appareils (ou presque)
Google avait également du neuf pour presque tous les utilisateurs, puisque des protections supplémentaires contre les arnaqueurs vont être déployées sur les appareils équipés d’Android 11 au moins.
Parmi ces protections, le blocage automatique des installations de nouvelles applications depuis un navigateur web, une application de messagerie ou d’un autre service quand une communication avec un contact inconnu sera détectée. Ce blocage pourra être outrepassé, mais le système avertira du danger.
Blocage automatique aussi pour la modification des paramètres d’accessibilité d’une application quand on est au téléphone. Là aussi, des messages de sécurité apparaitront pour informer du danger, mais il ne semble pas possible d’outrepasser la protection. Même chose pour toute tentative de désactiver le service de protection Play Protect pendant un appel. Ces protections seront cependant réservées à Android 16.
Une autre fonction arrivera plus tard, à nouveau pour tous les appareils avec Android 11 au moins. En test au Royaume-Uni, elle consiste à prévenir l’utilisateur d’un danger s’il essaye d’ouvrir une application bancaire pendant un partage d’écran. Le danger sera expliqué et, s’il décide de ne pas raccrocher, un temps d’attente de 30 secondes sera imposé avant de poursuivre.
Google vient ainsi renforcer son arsenal contre les arnaques en tout genre. Depuis l’année dernière, la firme met un accent particulier sur ces protections, avec notamment l’utilisation de l’IA pour détecter les arnaques probables au téléphone et dans l’application Messages.
Du nouveau aussi pour la Protection Avancée
La Protection Avancée s’adresse à une partie des utilisateurs Android, quand ils estiment que leurs données sont trop sensibles pour se contenter des défenses habituelles. Les profils fréquemment cités sont les personnalités publiques et politiques, le corps diplomatique, les journalistes, les activistes, etc.
Ce mode particulier verrouille un certain nombre de mécanismes et va être renforcé avec Android 16, a priori dès son lancement. Le système va ainsi garder une trace de toutes les tentatives d’intrusion détectées et les stockera dans un journal qui sera stocké dans le cloud de Google, mais avec un chiffrement de bout en bout. L’idée est de permettre son analyse depuis un autre appareil, si le smartphone est suspecté de compromission.
Dans le même ordre d’idée, le mode bloquera automatiquement toute recharge de la batterie dans le cas d’une nouvelle connexion USB si l’appareil est déverrouillé. Il faudra donc le verrouiller de nouveau, pour que l’appareil auquel le smartphone est adossé ne puisse pas déclencher de tentatives d’intrusion.
On a également appris que le redémarrage automatique du téléphone après trois jours d’inutilisation était prévu pour la Protection Avancée. Ce changement, équivalent à celui mis en place par Apple il y a quelques mois, avait pour rappel été détecté dans une mise à jour de Google Play. L’objectif de ce redémarrage est de replonger l’appareil dans un état dit « avant premier déverrouillage », dans lequel aucune autorisation n’a encore été donnée au moindre processus. Les possibilités de piratage sont d’autant plus réduites, à moins bien sûr de trouver une faille dans le système.
Deux autres fonctions seront ajoutées. D’une part, le blocage de toute tentative de connexion à un réseau Wi-Fi considéré comme non sécurisé. Exemple classique : les réseaux ouverts dans les lieux de restauration. D’autre part, une fonction permettra l’analyse en privé d’une conversation téléphonique pour y détecter une tentative d’arnaque. Par « privé », Google entend « local », ce qui devrait limiter l’outil aux appareils récents, voire aux derniers Pixel exclusivement.
La déferlante Gemini
Qu’on se le dise, Gemini est là pour rester et va devenir incontournable. C’est en somme le message de Google pour son service d’assistant basé sur la famille de modèles d’IA générative du même nom.
Principale annonce dans ce domaine, l’extension à venir de Gemini aux montres connectées Wear OS et à Google TV. Pour l’entreprise, tout cela a du sens. Sur une montre, on pourra ainsi faire appel au service dans des situations où le téléphone n’est pas accessible. Par exemple, quand on a les mains dans la farine ou pendant une balade à vélo. Google insiste particulièrement sur l’aspect « naturel » de l’utilisation. On pourra ainsi demander à sa montre de retrouver le nom du restaurant dont un ami a parlé hier dans un e-mail.
Sur Google TV, Gemini sera utilisé pour des tâches basiques comme les recommandations de contenus et pour répondre aux questions. Dans l’exemple donné par Google, des enfants demandent à l’assistant des informations sur le système solaire, Gemini ouvrant alors YouTube pour y dénicher des vidéos éducatives.
Évidemment, le manque de puissance des montres et appareils Google TV ne laisse pas le choix : le fonctionnement de Gemini sur ces plateformes se fera intégralement en ligne. Il ne fonctionnera donc plus en cas de coupure de connexion.
Gemini va aussi s’étendre à Android Auto. Tout passager (pas de correspondance vocale dans ce cadre) pourra demander à l’assistant des fonctions classiques comme envoyer des textes ou lancer de la musique. Même chose pour le guidage GPS, que l’on pourra demander à la voix. Google insiste une nouvelle fois sur le naturel des demandes, comparé à ce qui existe déjà. Gemini pourra se souvenir de certaines demandes, comme le fait qu’un utilisateur préfère recevoir ses messages dans une langue donnée. Gemini permettra bien sûr d’exploiter les informations d’autres services Google, par exemple en demandant de signaler les restaurants disposant d’une note minimale prédéfinie le long d’un itinéraire.
Gemini pour Android Auto disposera en outre d’une fonction Live. Cette fois, Gemini sera à l’écoute en permanence, avec l’objectif de discuter de tout et n’importe quoi. Google a indiqué que la fonction était particulièrement intéressante pour les sessions de brainstorming sur tous les sujets qui pourraient intéresser les personnes dans le véhicule. Là aussi, tout le fonctionnement se fera dans le cloud, ce qui signifie que le véhicule devra avoir une connexion active. Google a toutefois indiqué travailler avec les constructeurs pour ajouter plus de puissance dans le matériel utilisé, afin qu’une partie des tâches puisse s’exécuter en local. Un fonctionnement « à la périphérie » qui améliorerait les performances et la fiabilité.
Le réseau Find My intègre le support de l’Ultra Wide Band
Enfin, quelques nouveautés sont à signaler du côté du réseau Find My, d’ailleurs renommé en Find Hub (probablement pour éviter la confusion avec l’équivalent Apple, nommé Find My Device). Pour rappel, la fonction permet de retrouver l’ensemble de ses appareils reliés au même compte Google, ou tous les gadgets de type balises associés.
Le réseau prend ainsi en charge désormais l’Ultra Wide Band (UWB), qui permet notamment une géolocalisation plus précise des appareils grâce à des émissions radio captées par les appareils alentour (s’ils disposent de l’UWB) et permettant d’évaluer avec une grande précision la distance des objets.
Problème, il faut impérativement que les appareils disposent d’une puce dédiée. Dans l’univers Android, ils ne sont pas si nombreux. Il faut posséder des smartphones Pixel ou Samsung Galaxy très récents pour en disposer.