On sait pas s'ils ont des idées, mais ils ont du pétrole
La rumeur selon laquelle OpenAI offrirait un abonnement ChatGPT Plus aux 11 millions d’habitants des Émirats Arabes Unis n’a pas été confirmée et relève sans doute de la fake news. L’entreprise américaine se prépare toutefois bien à nouer des liens renforcés avec Abou Dabi, dans le cadre d’un plan de conquête ouvertement assumé, OpenAI for Countries.
Voilà qui constituerait une véritable première, et ringardiserait l’initiative de la ville d’Arcachon : depuis mardi 27 mai circule, sur les réseaux sociaux et certains médias en ligne, la nouvelle selon laquelle OpenAI se prépare à offrir un abonnement ChatGPT Plus (facturé 20 dollars par mois) à tous les habitants des Émirats arabes unis, soit environ 11 millions de personnes.
Partie d’un média indien, sans aucune confirmation ni d’OpenAI, ni du gouvernement des Émirats arabes unis, la nouvelle semble partie pour ne rester qu’une rumeur. Aucun démenti officiel n’a été formulé, mais le journal Al-bayan, détenu et contrôlé par le gouvernement de Dubaï, a publié mercredi un article expliquant que cette histoire d’abonnement gratuit avait été extrapolée à partir d’une annonce, plus large, associant les Émirats et OpenAI.
Une Stargate pour OpenAI à Dubaï
Tous deux ont en effet formalisé le 22 mai dernier la mise en place d’un partenariat étendu, signé sous la houlette et quelques jours après le déplacement au Moyen-Orient de Donald Trump, qu’OpenAI remercie d’ailleurs explicitement dans son communiqué d’annonce.
Celle-ci porte sur la création d’une infrastructure dédiée à OpenAI et basée à Abou Dabi. Le projet viserait une puissance totale de 1 GW, avec une première tranche de 200 MW dont la mise en service serait attendue pour 2026.
Le projet est estampillé « Stargate EAU », en référence au méga-projet Stargate, annoncé en début d’année, qui vise à réunir quelque 500 milliards de dollars pour la création d’infrastructures, toujours dédiées à OpenAI, sur le sol américain.
Dans le cadre de cet accord, les Émirats s’engagent à investir dans le futur datacenter basé à Dubaï, mais aussi à participer financièrement au Stargate américain. Oracle, NVIDIA, Cisco et le japonais Softbank, tous partenaires d’OpenAI aux États-Unis, participent eux aussi à cette logique d’investissements croisés.
« Stargate EAU a le potentiel de fournir une infrastructure d’IA et une capacité de calcul dans un rayon de 2 000 miles, atteignant jusqu’à la moitié de la population mondiale », se réjouit OpenAI.
Au niveau géopolitique, l’initiative s’inscrit dans un partenariat commercial plus large entre les États-Unis et les EAU, signé le 15 mai dernier, qui prévoit, entre autres, que l’administration Trump soutienne la création de 5 GW d’infrastructures dédiées à l’IA hébergées par les sept émirats.
ChatGPT comme socle IA des services émiriens
Pour OpenAI, il ne s’agit toutefois pas que d’infrastructures. L’entreprise affirme ainsi que dans le cadre de ce partenariat, les Émirats arabes unis deviennent le « premier pays au monde » à rendre accessible ou favoriser (enable en anglais) ChatGPT à l’échelle nationale.
S’il n’est pas question de gratuité sur un abonnement payant, l’accord ouvre en effet une voie royale à OpenAI vers les administrations et services officiels émiriens, comme le décrit elle-même l’entreprise :
« Le nouveau partenariat aidera les Émirats arabes unis à exploiter les outils d’OpenAI dans des secteurs critiques tels que le gouvernement, l’énergie, la santé, l’éducation et les transports pour aider à accélérer l’innovation et la croissance économique tout en créant des avantages durables pour sa population. »
Négocier de gré à gré avec des États
OpenAI confirme ainsi son ambition de s’imposer comme un fournisseur d’IA de premier plan non pas à l’échelle d’un marché, ou d’un secteur, mais bien d’un pays, grâce à des partenariats public privé de grande envergure.
Présentée sous une logique partenariale, cette stratégie de conquête a été formalisée le 7 mai dernier sous la forme d’une initiative baptisée OpenAI for Countries. Avec un objectif chiffré : « poursuivre 10 projets avec des pays ou des régions individuels comme première phase de cette initiative, et de nous développer à partir de là ».
Pour OpenAI, ces accords prévoient, de façon relativement classique, des investissements conjoints dans les infrastructures, des réflexions communes sur le cadre réglementaire et la sécurité associés à l’IA et le soutien à la scène nationale des startups. L’entreprise décrit également la mise à disposition de ChatGPT « personnalisés » aux citoyens des États partenaires. « Il s’agira d’une IA de, par et pour les besoins de chaque pays particulier, localisée dans leur langue et pour leur culture et respectant les futures normes globales ». Reste à voir quels seront les éléments de personnalisation adoptés dans un pays régulièrement attaqué pour son respect insuffisant des droits de l’homme.