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L’algorithme d’offres d’emploi de Facebook est sexiste, selon la Défenseure des droits


6 novembre 2025 à 16:00
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L’algorithme d’offres d’emploi de Facebook est sexiste, selon la Défenseure des droits


Alors que la France interdit la distinction en fonction du genre dans la diffusion d’offres d’emploi, la Défenseure des droits constate le biais de genre du système de publicité d’offres d’emploi de Facebook. Meta remet en cause cette décision.

Dans une décision (.pdf) rendue le 10 octobre 2025, la Défenseure des droits « constate que le système mis en œuvre pour diffuser les offres d’emploi traite différemment les utilisateurs de la plateforme Facebook à raison de leur sexe et constitue une discrimination indirecte en lien avec le sexe ».

Ce faisant, elle recommande à Meta Irlande et Facebook France « de mettre en œuvre toute mesure de nature à garantir le caractère non discriminatoire de la dissuasion de publicités pour des offres d’emplois ».

« Nous sommes en désaccord avec cette décision et étudions nos options », a déclaré à Reuters ce 4 novembre un porte-parole du groupe.

Expérimentations sur le système publicitaire de Facebook

La décision de la Défenseure des droits fait suite à une action de la Fondation des Femmes, l’association Femmes Ingénieures et l’ONG Global Witness, qui avaient saisi l’institution et la CNIL en 2023.

Les trois entités avaient réalisé deux séries d’expériences en 2022 et 2023, pour tester le fonctionnement du système de publicité d’offres d’emploi de Facebook. En pratique, elles avaient rédigé plusieurs offres de manière neutre, pour des postes de secrétaire, pilote de ligne, auxiliaire de petite enfance, psychologue ou encore responsable d’une structure informatique.

Capture d’une publication de juin 2023 par la Fondation des femmes

L’expérimentation constatait qu’en France, une annonce pour un emploi de mécanicien ou mécanicienne avait été montrée dans 94 % des cas à des hommes, et seulement 6 % à des femmes. À l’inverse, une offre dédiée à un emploi dans la petite enfance a été montrée dans 93 % des cas à des femmes.

Quand bien même les effectifs varient selon le genre et la profession sur le terrain, le principe d’égal accès des femmes et des hommes à l’emploi est inscrit dans la Constitution française comme dans les textes européens. La non-mixité de fait qui subsiste dans certaines catégories d’emploi explique en partie la persistance des écarts de revenus entre les femmes et les hommes, les premières se trouvant généralement cantonnées aux emplois les moins bien rémunérés.

C’est précisément pour éviter la reproduction des inégalités sur le marché du travail que la loi française interdit de faire une distinction en fonction du genre dans les offres d’emploi, rappellent les associations.

Une première en Europe

Outre la France, Global Witness a réalisé l’expérience aux Pays-Bas, en Inde, en Irlande, en Afrique du Sud et au Royaume-Uni, et constaté que 91 % des personnes à qui les offres d’emplois en informatique avaient été montrées étaient des hommes. 79 % de celles à qui les offres pour le soin aux enfants étaient présentées étaient des femmes.

La décision de la Défenseure des droits n’est pas contraignante. Pour autant, « cela semble être la première fois qu’un régulateur européen décide que l’algorithme d’une plateforme de réseau social discrimine en fonction du genre, ce qui représente un véritable pas en avant dans la mise en conformité de ces acteurs avec la loi en vigueur », écrivent, dans un communiqué conjoint, Global Witness, la Fondation des Femmes et l’association Femmes Ingénieures.

Huawei pourrait renoncer à son usine alsacienne

6 novembre 2025 à 14:45
Sitôt livré, sitôt abandonné ?
Huawei pourrait renoncer à son usine alsacienne

Livrée en septembre 2025, l’usine de Huawei implantée à Brumath pourrait se retrouver à vendre avant même que les activités n’y aient été lancées.

À peine livrée par Bouygues Construction, la nouvelle usine de Huawei pourrait être abandonnée. Alors qu’elle devait produire des antennes 3G, 4G et 5G pour les opérateurs télécoms à partir de 2026, le groupe chinois envisagerait déjà de le revendre, d’après les sources de Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Monde.

Situé à Brumath, dans le Bas-Rhin, le complexe de 8 hectares était le premier site de production de ce type que Huawei ait construit hors de Chine. Pour la communauté d’agglomération de Haguenau, il s’agissait aussi d’un projet d’ampleur : 3 millions d’euros pour la cession du terrain, et la promesse de 300 à 500 emplois à terme.

Mais le projet a pris du retard, au point que la région Grand Est a renoncé au versement de la subvention de 800 000 euros votée en 2021.

Restrictions législatives et soupçons de corruption

Implantée proche du siège du Parlement européen de Strasbourg, l’usine aurait aussi pu servir à soigner l’image de Huawei auprès des députés et de différents représentants européens.

Dans les six dernières années, plusieurs textes ont réduit les possibilités de l’équipementier chinois : en 2019, la France adoptait sa loi dite « anti-Huawei », visant à « préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles ». En 2024, sa voisine allemande adoptait de son côté un texte empêchant d’utiliser « les composants Huawei et ZTE », principal concurrent chinois de Huawei, dans les « cœurs de réseaux 5G » à partir de la fin 2026.

Mais à ces textes, il faut encore ajouter les soupçons de corruption de députés européens qui vise Huawei. Une enquête est actuellement ouverte.

Livré en septembre, le site, qui compte 52 000 mètres carrés de bâtiment, pourrait être mis en vente au plus offrant. Pour l’heure, l’équipementier reste muet sur ses intentions.

Un investissement pourtant conséquent

Même si l’enjeu peut paraître anecdotique au regard de la surface financière d’un groupe comme Huawei (environ 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial en 2024), l’usine de Brunath représente un engagement financier de près de 260 millions d’euros, comme en témoigne le dernier compte de résultat de Huawei Machine Strasbourg, la filiale du groupe créée pour le projet en 2020. Fin 2024, cette dernière employait 22 personnes, et présentait toujours cette usine comme un « projet emblématique pour le Groupe Huawei car il s’agit du premier site de production de ce type construit en dehors de la Chine ».

Extrait du compte de résultats 2024 de Huawei Machine Strasbourg – capture d’écran Next

Doctolib, condamnée à 4,6 millions d’euros, affirme ne pas être « en position dominante »

6 novembre 2025 à 14:13
Doctolib, pas Doctolibre
Doctolib, condamnée à 4,6 millions d’euros, affirme ne pas être « en position dominante »

Doctolib vient d’écoper d’une amende de 4,665 millions d’euros de l’Autorité de la concurrence pour abus de position dominante. La plateforme de rendez-vous médical annonce qu’elle fera appel et tente de justifier ses actions passées.

L’Autorité de la concurrence rappelle le fonctionnement des plateformes de rendez-vous médicaux et l’enjeu autour du nombre d’utilisateurs des deux côtés de l’écran (professionnels de santé et patients) : « les patients sont attirés par les plateformes proposant un large choix de professionnels de santé et ces derniers ont tendance à favoriser les plateformes utilisées par un grand nombre de patients ».

L’Autorité enquête suite à une plainte de Cegedim

Le Covid-19 a entrainé une forte augmentation de l’utilisation de ces plateformes, notamment en 2021 quand certaines se sont vu confier par le gouvernement « la gestion des rendez-vous en ligne lors de la campagne de vaccination contre la Covid-19 ». C’était notamment le cas de Doctolib, Maiia (édité par Cegedim) et KelDoc. La téléconsultation s’est aussi fortement développée pendant les confinements.

La condamnation du jour fait suite à une plainte d’un de ses concurrents en 2019 : Cegedim Santé. Ce dernier avait pour rappel été condamné en 2024 à 800 000 euros d’amende pour avoir traité des données de santé sans autorisation. Concernant Doctolib, l’enquête a pris du retard à cause de la pandémie, mais elle a entrainée une visite et une saisie dans les locaux en 2021.

Pour l’AdlC pas de doute : Doctolib « est en position dominante »

L’Autorité de la concurrence explique que « Doctolib, compte tenu de ses parts de marché et de celles, beaucoup plus faibles, de ses concurrents, de leur évolution, des barrières à l’entrée sur le marché et de l’absence de puissance d’achat compensatrice, est en position dominante sur le marché français des services de prise de rendez-vous médicaux en ligne, au moins depuis 2017 ».

Que ce soit en nombre de clients ou en chiffre d’affaires, les parts de marché de Doctolib « sont de manière constante supérieures à 50 % entre 2017 et 2022 et dépassent certaines années 90 % ». Même position dominante pour les téléconsultations, avec des parts de marché « supérieures à 40 % » aussi bien sur le nombre de clients que de téléconsultations.

Problème pour l’Autorité, « Doctolib a délibérément mis en œuvre plusieurs pratiques anticoncurrentielles ». C’est donc un abus de position dominante, une pratique condamnable et pour laquelle Doctolib écope de 4,665 millions d’euros d’amende.

Selon des documents, Doctolib voulait « verrouiller » patients et médecins

L’Autorité de la concurrence détaille ses griefs. Tout d’abord, jusqu’en septembre 2023, Doctolib imposait dans ses contrats avec les professionnels de santé « une clause d’exclusivité, combinée à une clause dite « anti-allotement » permettant à Doctolib de suspendre ou résilier le contrat ».

Dans des documents internes, des dirigeants affichaient sans détour leur volonté « [d’] être une interface obligatoire et stratégique entre le médecin et son patient afin de les verrouiller tous les deux » pour « ne laisse[r] aucun cabinet à la concurrence », rapporte l’Autorité. La formulation a le mérite de ne laisser aucune place au doute.

Doctolib mettait en avant des difficultés techniques ou opérationnelles pour exiger des professionnels de santé qu’ils résilient leur abonnement à un service concurrent pour passer sur la plateforme dominante sur le marché, un argument qui n’a visiblement pas fait mouche auprès de l’Autorité.

Alors que le service juridique de Doctolib alertait en interne sur l’illégalité d’une telle clause et insistait « vraiment fortement » pour la supprimer, le président de Doctolib aurait décidé de la maintenir selon l’Autorité, arguant « qu’il [fallait] stratégiquement la garder ». Selon l’enquête de l’AdlC, cela a eu des conséquences sur le marché : « certains opérateurs, tels que Solocal ou Qare, ont cessé de développer leur service ou ont même abandonné l’idée d’en développer ».

Sur les téléconsultations, « dès le lancement de Doctolib Téléconsultation en 2019, les contrats d’abonnement prévoyaient la souscription préalable obligatoire à Doctolib Patient », avec toutes les problématiques que nous venons d’évoquer sur la concurrence.

MonDocteur : du rachat à la « disparition en tant que concurrent »

Doctolib aurait aussi mis en place une pratique radicale pour « killer le produit » d’un concurent. En juillet 2018, la plateforme a racheté MonDocteur qui était présenté dans des documents internes comme « concurrent # 1 ».

Ces mêmes documents ne laisseraient aucune place au doute quant à la finalité du rachat : « la création de valeur […] n’est pas l’ajout de l’actif [MonDocteur] mais sa disparition en tant que concurrent ». Après le rachat, « Doctolib fonctionnera sans plus aucune concurrence en France » indiquerait un document rédigé à la demande de Doctolib, selon l’Autorité de la conccurence.

Débarrassée de son « concurrent #1 », Doctolib y voyait aussi un moyen de « réduire la pression sur les prix » et ainsi les augmenter de « 10 à 20 % », toujours selon le communiqué de l’Autorité. Cette dernière confirme que « Doctolib a bien procédé ultérieurement à plusieurs augmentations successives de ses tarifs ». Cette opération aurait permis à Doctolib d’engranger 10 000 nouveaux professionnels de santé et d’augmenter ses parts de marché, même avec les hausses de prix.

Ce rachat n’est pas passé par le contrôle des concentrations car il se situait « sous les seuils de notification qui déclenchent un examen ex ante de la part des autorités de concurrence ». Mais, comme le permet la jurisprudence depuis l’affaire Towercast, rien ne s’oppose à une analyse a posteriori d’un possible abus de position dominante. L’Autorité considère dans sa décision que ce rachat « constituait un abus de position dominante contraire aux articles 102 TFUE et L. 420 - 2 du Code de commerce ».

Deux amendes : 4 615 000 et 50 000 euros

Dans sa conclusion, l’Autorité de la concurrence affirme que ces pratiques ont bien eu pour effet « d’évincer les concurrents sur les marchés concernés ». Peu importe « les mérites propres de cette entreprise, qui ne sont pas contestés », ajoute-elle.

L’amende se décompose en deux parties. D’une part, « Doctolib a mis en œuvre, par les deux pratiques d’exclusivité et de ventes liées, une infraction, unique complexe et continue en élaborant une stratégie globale anticoncurrentielle visant à verrouiller le marché et à évincer ses concurrents ». La plateforme est sanctionnée de 4 615 000 euros.

D’autre part, le rachat de MonDocteur, « dans le seul et unique but de faire disparaitre son principal concurrent et de verrouiller le marché », est sanctionné de 50 000 euros. Pourquoi une somme qui semble relativement faible ? À cause d’une « incertitude juridique » avant 2023.

En effet, « la pratique mise en œuvre par Doctolib avait pour point de départ une date antérieure à l’arrêt Towercast, qui a clarifié la jurisprudence en réaffirmant la portée de l’arrêt Continental Can du 21 février 1973, appliquant les règles relatives aux abus de position dominante aux opérations de concentration ».

Au total, on arrive donc aux 4,665 millions d’euros. La sanction arrive quelques jours seulement après que le PDG de Doctolib (Stanislas Niox-Chateau) a expliqué que la plateforme était rentable « depuis quelques semaines ». L’Autorité « enjoint » – ou ordonne expressément – à Doctolib « de publier un résumé de la décision dans l’édition papier et sur le site Internet du journal « Le Quotidien du Médecin » ». Bien évidemment, cette décision peut faire l’objet d’un recours. Doctolib a d’ailleurs déjà annoncé son intention de faire appel.

Doctolib affirme n’être « en aucun cas en position dominante »

Pour la plateforme, cette décision « présente une lecture erronée de notre activité, et de notre secteur ». Elle affirme qu’elle n’est « en aucun cas en position dominante » et « n’équipe aujourd’hui que 30 % des soignants français (10 % en 2019 au moment de la plainte) »… sans préciser pour autant la part de marché de ses concurrents ni combien de professionnels de santé sont sur ce genre de plateforme.

MonDocteur est présenté comme « une petite start-up en 2018, qui équipait 2 % des soignants au moment du rachat », alors que Doctolib était à 10 % au même moment. La plateforme présente cette opération de croissance externe comme une « banalité absolue dans la vie d’une entreprise ».

Doctolib défend le bien-fondé du lien entre la téléconsultation et le reste du logiciel Doctolib : « la déconnecter aboutirait à des difficultés conséquentes pour le suivi des patients et l’activité quotidienne des soignants. C’est cette connexion qui permet l’accès au dossier patient, le partage d’ordonnance et la facturation ».

Enfin, toujours selon la plateforme, cette décision « s’appuie enfin sur l’existence passée d’une clause d’exclusivité il y a 11 ans, qui était présente seulement pour prévenir un mauvais usage de notre logiciel par les soignants ».

La décision complète de l’Autorité n’est pas encore disponible, mais elle sera intéressante à lire car elle permettra d’analyser le détail de la procédure, des échanges et des arguments des deux parties. Les deux parties auront de toute façon rendez-vous pour la procédure en appel.

Des « solutions fiables, sécurisées et sans engagement » ?

Dans son communiqué, Doctolib affirme que son « seul et unique objectif depuis le premier jour est de développer des solutions fiables, sécurisées et sans engagement ». Rappelons que la vie de Doctolib est loin d’être un fleuve tranquille ces dernières années.

En plus de la condamnation du jour par l’Autorité de la concurrence, elle a fait face à un « incident technique » en 2023 avec la perte de données médicales et, en 2020, au vol d’« informations administratives de 6 128 rendez-vous » en 2020.

Il y a également eu une procédure devant le Conseil d’État pour faire suspendre le partenariat entre l’État et Doctolib, sans succès. En cause, l’hébergement des données sur Amazon Web Services, avec toutes les questions que cela soulève sur la souveraineté. La question se pose aujourd’hui pour les données de santé chez Microsoft. Signalons enfin une longue enquête de Télérama en 2020 sur la sécurité, titrée « Sur Doctolib, le secret médical est soigné avec beaucoup trop de légèreté ».

Shein : les 200 000 colis arrivés cette nuit en France « seront tous contrôlés. Tous. »

6 novembre 2025 à 13:20
Shehin
Shein : les 200 000 colis arrivés cette nuit en France « seront tous contrôlés. Tous. »

Depuis l’affaire des « poupées sexuelles à caractère pédopornographique », la plateforme chinoise Shein est dans le viseur du gouvernement. Afin de chercher « des preuves », l’ensemble des 200 000 colis arrivés cette nuit sont contrôlés… Mais de quelles preuves a-t-on encore besoin ?

Ce matin, les ministres Serge Papin et Amélie de Montchalin étaient aux côtés « des agents des douanes à l’aéroport Charles-de-Gaulle pour une opération exceptionnelle ». « Cette nuit, 200 000 colis sont arrivés à Roissy-Charles-de-Gaulle : ils seront tous contrôlés. Tous. Nous avons, une nouvelle fois, constaté la présence de produits non conformes aux règles », explique Serge Papin sur X.

Surprise (ou pas) : « des produits non conformes et illicites »

« Les premiers constats font apparaître des produits non conformes et illicites : cosmétiques non autorisés, jouets dangereux pour les enfants, contrefaçons, appareils électroménagers défaillants », ajoute Amélie de Montchalin. Ce qui ne devrait malheureusement surprendre personne tant la sonnette d’alarme est tirée depuis des années. Dernier rappel en date, fin octobre, avec une enquête de l’UFC-Que Choisir sur plusieurs catégories de produits.

« L’aéroport Paris–Charles de Gaulle est la première frontière de la France, et l’un des principaux points d’entrée des marchandises issues du e-commerce international. Chaque année, 95 % des flux de colis en provenance de Chine y transitent avant d’être distribués sur l’ensemble du territoire », ajoute la ministre.

« Il faut qu’on puisse avoir des preuves »

« Pour que nous puissions réussir à mettre un frein à un système qui est manifestement non conforme par rapport à toutes nos normes, nos règles et notre fiscalité, il faut qu’on puisse avoir des preuves ».

Des preuves, la France en a pourtant déjà, comme le rappelle la ministre dans la suite de son discours : « les douaniers en ont tous les jours ». La différence ? « Aujourd’hui la plateforme ne pourra pas dire qu’on a juste ouvert les mauvais paquets ».

« Nous ne sommes pas impuissants, nous sommes très mobilisés », affirme-t-elle ; « on n’arrêtera pas les contrôles tant que les normes ne seront pas respectées ». Si les douaniers vérifient des colis tous les jours, il n’en reste pas moins que l’importation de produits non conformes et/ou dangereux est une réalité depuis longtemps, et pas uniquement sur Shein. Temu, Wish et AliExpress ne sont pas épargnées.

800 millions de colis de Chine chaque année

L’année dernière, le patron de la Poste expliquait qu’Amazon, Temu et Shein représentaient 43 % des colis acheminés par ses services en Europe. La montée en puissance des plateformes chinoises était impressionnante : « Temu et Shein, qui représentent 22 % de nos colis en Europe. C’était moins de 5 % il y a cinq ans », affirmait Philippe Wahl, PDG de la Poste.

En avril, Amélie de Montchalin expliquait à l’Assemblée nationale que « 94 % de ces 800 millions d’articles [venant de Chine] sont non conformes et d’abord en termes de sécurité. Nous parlons d’articles qui incendient nos maisons, de produits cosmétiques qui rendent malade, de jouets qui sont toxiques pour nos enfants ».

La différence étant la vente, et la livraison, en France de « poupées sexuelles d’apparence enfantine » sur Shein et AliExpress. S’en sont suivi des enquêtes judiciaires françaises, européennes et une procédure de suspension contre Shein par le gouvernement français.

☕️ Microsoft reconnait un bug forçant la récupération BitLocker au redémarrage de Windows

6 novembre 2025 à 10:45

La dernière livraison de mises à jour de sécurité destinées à Windows 11, datée du 14 octobre dernier, a entraîné un problème au redémarrage chez certains utilisateurs : le renvoi systématique vers l’écran de récupération de la clé de chiffrement BitLocker.

Microsoft n’a pas communiqué publiquement sur le sujet, mais le problème a été signalé sous forme d’alerte aux administrateurs (voir par exemple l’incident WI1183025) sur le portail de gestion des comptes Microsoft 365, comme le rapporte notamment Bleeping Computer.

« Après l’installation des mises à jour Windows publiées à partir du 14 octobre 2025, certains appareils pourraient rencontrer des problèmes lors du redémarrage ou du démarrage, explique Microsoft. Les appareils concernés pourraient démarrer sur l’écran de récupération BitLocker, obligeant les utilisateurs à saisir la clé de récupération une seule fois. Une fois la clé saisie et l’appareil redémarré, il démarrera normalement sans aucune autre invite BitLocker. »

La clé de récupération n’est en principe demandée au démarrage qu’en cas de risque de sécurité ou de modification matérielle – crédit Microsoft

BitLocker est pour mémoire le composant chargé du chiffrement des partitions utilisées par le système d’exploitation. Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’il se retrouve impliqué dans des scénarios de tentatives de récupération intempestives ou de redémarrages en boucle.

Cette fois, il semblerait que le problème soit lié à la façon dont Windows gère, après application de ces récentes mises à jour, la fonctionnalité Modern Standby (niveau de veille S0, qui permet une sortie de veille quasi instantanée et le maintien des échanges réseau en tâche de fond) sur certains processeurs Intel. En attendant la publication programmée d’un correctif, Microsoft invite les administrateurs à déployer un rollback (retour à configuration antérieure).

DMA : iOS ajoute des fonctions, iOS reprend une fonction

6 novembre 2025 à 10:22
Plus de fonction, plus de problème
DMA : iOS ajoute des fonctions, iOS reprend une fonction

Alors que la bêta d’iOS 26.2 apporte bon nombre d’améliorations et active la traduction automatique des AirPods en Europe, la future version 26.4 devrait supprimer la connexion automatique des Apple Watch aux réseaux Wi-Fi. Pour l’entreprise, c’est une conséquence directe du DMA.

24 heures après l’arrivée d’iOS 26.1, Apple a diffusé la première bêta d’iOS 26.2 auprès des développeurs. Elle contient bon nombre d’améliorations, mais illustre surtout les tensions existantes entre l’entreprise et la Commission européenne.

La traduction automatique arrive

Sur le plan des nouveautés d’abord, il y a un peu de tout. Sur l’écran verrouillé par exemple, on peut maintenant faire varier l’intensité de l’effet Liquid Glass pour l’horloge. On note aussi l’arrivée des tableaux dans Freeform, l’apparition d’une option pour inscrire les sites dont on ne veut pas que l’application Mots de passe enregistre les identifiants, une révision de la méthode de calcul pour le score de sommeil, la possibilité de faire sonner une alarme quand un rappel arrive à échéance ou encore la possibilité de faire flasher l’écran en plus des LED du bloc photo en cas d’alerte.

Parallèlement, iOS 26.2 apporte une fonction importante pour les AirPods : la traduction automatique. Elle est officiellement disponible depuis iOS 26 sur les AirPods Pro 2 et 3, ainsi que les AirPods 4. En Europe cependant, en conséquence du DMA, son déploiement avait du retard. Apple n’a eu de cesse de s’en plaindre, critiquant l’Union pour ses législations qui retardent le progrès et empêchent de « faire des affaires » convenablement.

En revanche, Apple va supprimer une fonction avec l’arrivée d’iOS et watchOS 26.4, qui devraient arriver au printemps prochain : la connexion automatique aux réseaux Wi-Fi pour la montre. L’Apple Watch se connecte en effet toute seule aux réseaux Wi-Fi enregistrés dans l’iPhone, par synchronisation des informations.

Apple n’aime décidément pas le DMA

Pourquoi un tel retrait ? C’est la conséquence des demandes de la Commission européenne, a expliqué Apple à Numerama. Selon l’entreprise, la Commission exige qu’Apple partage la liste des réseaux Wi-Fi avec les entreprises qui en font la demande, afin que leurs produits puissent profiter des mêmes capacités, en l’occurrence de la connexion automatique.

Pour Apple, cette demande peut paraître légitime, mais elle entraine de sérieux problèmes de sécurité et de protection de la vie privée. Partager l’historique des réseaux Wi-Fi, y compris la connexion en cours, peut permettre à une entreprise de localiser l’utilisateur et donc d’utiliser ces informations pour personnaliser de la publicité ou même suivre ses déplacements.

Le problème n’est pas nouveau, Apple l’a dit et répété dans sa guerre de communication avec la Commission européenne. On se souvient notamment que la société à la pomme avait accusé Meta d’abuser du DMA et des demandes d’interopérabilité au point de militariser la législation pour obtenir des données très personnelles et des renseignements sur les technologies d’Apple.

Plus de fonction, plus de problème

Apple, droite dans ses bottes sur ce sujet, ne veut donc rien savoir. Plutôt que de développer une autre approche, l’entreprise a ainsi décidé de supprimer la fonction incriminée. Ce qui ne signifie pas que l’Apple Watch ne pourra plus se connecter aux réseaux Wi-Fi, mais qu’il faudra sans doute passer par une manipulation manuelle, comme le suggère iGen.

Pour nos confrères, la montre pourrait simplement provoquer l’apparition d’une alerte sur l’iPhone pour confirmer le partage du mot de passe. Cette solution est déjà employée quand un iPhone détecte qu’un appareil cherche à rejoindre le même réseau Wi-Fi. Auquel cas, il suffirait de valider la notification au lieu d’avoir une connexion automatique, entrainant un désagrément mineur.

Rappelons cependant qu’il s’agit d’un message d’intention communiqué à Numerama. Ce qui laisse plusieurs mois à la Commission européenne et à Apple pour régler la question. Mais si le DMA impose bien des règles strictes en matière d’interopérabilité pour les entreprises nommées comme contrôleurs d’accès, il est possible qu’iOS 26.4 finisse bien par supprimer la connexion automatique.

Élections : la France « fait face à un durcissement de la menace informationnelle »

6 novembre 2025 à 09:39
Citoyenneté numérique critique
Élections : la France « fait face à un durcissement de la menace informationnelle »

À l’invitation du Sénat, des responsables du ministère de l’Intérieur, de VIGINUM, de l’ARCOM, de la CNIL et de la Fondation Descartes revenaient le 5 novembre sur l’état de la menace sur le paysage informationnel français en amont des prochaines élections.

« Depuis le milieu des années 2010, aucun rendez-vous électoral ou référendaire majeur n’a été épargné par des tentatives de manipulation des élections impliquant des acteurs étrangers. » C’est par ces mots que la directrice adjointe de VIGINUM Anne-Sophie Dhiver a entamé sa prise de parole, lors de la table ronde sur les manipulations numériques en période électorale organisée ce 5 novembre par la Commission de la culture et la commission des lois du Sénat (replay).

Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur Hugues Moutouh a partagé cette évidence : les pressions sur le débat public sont fréquentes, croissantes, et toujours plus importantes lorsqu’approche un rendez-vous démocratique.

C’est notamment pour comprendre le degré de préparation des électeurs en amont des élections municipales de 2026 et de la présidentielle de 2027 que les sénatrices et sénateurs avaient convié ce mercredi des dirigeants de l’ARCOM, de la CNIL et de la Fondation Descartes aux côtés d’Anne-Sophie Dhiver et d’Hugues Moutouh.

Municipales : des sites générés par IA pour désinformer

De la loi de 1986 sur la transparence de la vie politique à la directive européenne sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique entrée en application ce 10 octobre 2025, en passant par le règlement européen sur les services numériques (DSA), la « loi influenceurs » ou encore celle sur la lutte contre les manipulations de l’information, le cadre juridique « semble pléthorique », relève en introduction le président de la Commission Culture Laurent Lafon.


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L’arrivée de Rust dans APT provoque des débats dans la communauté Debian

6 novembre 2025 à 08:30
L’arrivée de Rust dans APT provoque des débats dans la communauté Debian

L’un des développeurs de Debian a annoncé l’inclusion prochaine de code en Rust dans le gestionnaire APT. La décision reflète une volonté de renforcer la sécurité du composant, mais soulève de nombreuses questions et critiques.

Comme nous l’avons vu récemment à travers notre interview de Sylvestre Ledru, directeur de l’ingénierie chez Mozilla, le langage Rust s’insinue partout. Ses performances et ses mécanismes de sûreté de la mémoire en font la nouvelle coqueluche de bon nombre d’entreprises pour la programmation système.

Du Rust dans APT

Dans la sphère Linux, son arrivée provoque davantage de remous, avec des débats relatifs à son utilisation dans le noyau. Dans Debian, le développeur Julian Andres Klode a publié le soir d’Halloween un message important :

« Je prévois d’introduire des dépendances Rust et du code Rust dans APT, au plus tôt en mai 2026. Cela concernera dans un premier temps le compilateur Rust, la bibliothèque standard et l’écosystème Sequoia. Notre code d’analyse des fichiers .deb, .ar et .tar, ainsi que le code de vérification des signatures HTTP, bénéficieraient particulièrement de l’utilisation de langages sécurisés en mémoire et d’une approche plus rigoureuse des tests unitaires. Si vous maintenez un port sans chaîne d’outils Rust fonctionnelle, veuillez vous assurer qu’il en dispose dans les six prochains mois, ou supprimez le port. Il est important pour l’ensemble du projet de pouvoir aller de l’avant et de s’appuyer sur des outils et des technologies modernes, sans être freiné par la tentative d’adapter des logiciels modernes à des appareils informatiques rétro »

Dans le courant de l’année prochaine, le gestionnaire de paquet APT va donc commencer à intégrer du code en Rust. Autrement dit, Debian elle-même aura une exigence stricte sur la prise en charge du langage sur toutes les architectures.

Critiques et inquiétudes

Pour les utilisateurs de la distribution, cela ne devrait rien changer. Pour les développeurs en revanche, il y aura des travaux plus ou moins importants, car il faudra prévoir une chaine de compilation Rust fonctionnelle en plus des outils traditionnels comme GCC. En clair, la complexité va monter d’un cran, notamment sur les architectures moins courantes où le langage n’est pas bien supporté.

Pourquoi ce problème ? Parce que le compilateur Rust repose sur l’infrastructure LLVM, quand l’immense majorité des compilations dans les systèmes Linux sont effectuées avec GCC. Si LLVM présente certains avantages (comme la compilation Just-in-time), il est également supporté par un plus petit nombre d’architectures, contrairement à GCC qui est plus ancien, plus éprouvé et présent pratiquement partout.

Dans les commentaires de Phoronix, on peut lire différentes inquiétudes au sujet de cette annonce. La principale est qu’en l’absence de compilateur Rust sur une partie des architectures supportées par Debian, la distribution risque de perdre son côté « universel » à sa prochaine itération majeure. Certains commentaires mettent aussi en avant la fiabilité éprouvée de GCC, qui correspond à la philosophie de Debian de ne pas bondir sur les dernières technologies, privilégiant la plus grande stabilité possible.

Citons également le poids : le compilateur Rust et sa chaine d’outils sont plus volumineux que GCC et sa compilation est plus lente, ce qui pourrait poser problème pour les systèmes embarqués et des configurations plus anciennes. D’autres encore s’inquiètent d’une dépendance accrue envers l’écosystème Rust et ses binaires précompilés, créant des interrogations sur la sécurité et l’auditabilité du code.

☕️ De l’IA dans Tinder pour analyser les données et photos des utilisateurs

6 novembre 2025 à 08:01

Match Group, géant des applications de rencontres, a expliqué aux investisseurs qu’il allait utiliser l’IA pour traiter les données de ses utilisateurs et leur proposer une nouvelle fonctionnalité. Celle-ci, nommée Chemistry, explique TechCrunch, s’appuiera sur des questions posées aux utilisateurs et sur leurs photos (avec leur permission) pour proposer des « matchs » qui se voudront plus affinés.

Chemistry est déjà testée en Nouvelle-Zélande et en Australie et doit, selon le CEO de Match Group, Spencer Rascoff, devenir le « pilier majeur de l’expérience produit de Tinder en 2026 ».

Tinder utilise déjà l’IA générative pour la modération des discussions privées : l’application demande à l’utilisateur s’il est sûr de vouloir envoyer un message étiqueté comme potentiellement offensant par le système. L’application propose aussi d’aider l’utilisateur à choisir les photos à mettre en avant.

Match Group semble vouloir relancer son application phare avec l’IA alors que le groupe a indiqué que les revenus de Tinder avaient baissé de 3 % au troisième trimestre comparé à celui de l’année dernière et qu’elle voit son nombre d’utilisateurs payants baisser de 7 %.

Les datacenters colonisent les fonds marins et l’espace

6 novembre 2025 à 07:35
Vous êtes encerclés par les datas, toute résistance est inutile
Les datacenters colonisent les fonds marins et l’espace

Microsoft puis le Chinois HiCloud immergent des datacenters dans l’eau au large des côtes. À l’opposé, HPE installe des serveurs dans la Station spatiale internationale, tandis que Google veut déployer une constellation de satellites pour des traitements liés à l’IA en profitant de l’énergie solaire. Deux approches, un même besoin : toujours plus de serveurs.

Sur notre planète Terre, la croissance galopante du numérique et, depuis quelques années, de l’intelligence artificielle générative soulève des questions sur la consommation des ressources, notamment en électricité et en eau. Comme nous l’avons expliqué dans un long dossier, il existe bien des indicateurs, mais ils sont parfois suffisamment flous pour « jouer » avec les résultats.

Depuis maintenant des années, des projets tentent des approches différentes… comprendre ailleurs que sur la terre ferme. Une première solution « évidente » et facile d’accès est de passer au niveau des mers et des océans. Ils occupent 70 % de la Terre (la planète) et proposent des avantages certains, mais aussi des contraintes.

Microsoft a immergé un datacenter pendant deux ans


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Reçu hier — 5 novembre 2025Next.ink

La Presse libre a pris son envol : derniers jours pour l’offre de lancement

5 novembre 2025 à 16:35
Alors que revoilà la sous-préfète
La Presse libre a pris son envol : derniers jours pour l’offre de lancement

Huit médias indépendants réunis au sein d’un seul portail et d’un abonnement commun : La Presse libre a officiellement ouvert ses portes le 15 octobre dernier. Alors que la campagne de lancement s’achève, retour sur le fonctionnement et les enjeux de cette offre aussi inédite que nécessaire.

La Presse libre est enfin de retour : après des mois de travaux, elle a ouvert ses portes le 15 octobre dernier. Avec une promesse simple, réclamée de longue date par bon nombre de nos lecteurs : l’accès à un bouquet de médias indépendants, au travers d’un abonnement unique à tarif préférentiel.

La Presse libre ?

Cet abonnement, affiché au prix public de 19,90 euros par mois, vous permet donc d’accéder à l’intégralité des articles de huit médias en ligne : Next bien sûr, Arrêt sur Images (actualité et analyse du monde médiatique), Médiacités (média d’investigation locale à Lille, Lyon, Nantes et Toulouse), Politis (actualité politique et sociale), Reflets (média d’investigation, à l’origine par exemple des Drahileaks ou de l’affaire Amesys), et le trio Rue89 Bordeaux, Rue89 Lyon et Rue89 Strasbourg.

L’offre, amenée à s’enrichir, constitue une réduction de 63 % par rapport au montant total des abonnements respectifs, comme l’ont calculé nos voisins de Reflets. Pas mal, non ? (c’est français).

Outre un accès intégral aux contenus diffusés par chacun des huit médias sur leur propre site, La Presse libre propose par ailleurs à ses abonnés un portail qui croise, met en valeur et éditorialise les informations des uns et des autres. On dispose ainsi d’une porte d’entrée unique dans une actualité variée, garantie sans algorithme et élevée en plein air par des journalistes qui ne rendent de comptes qu’à leurs lecteurs.

Chaque jour, une sélection d’infos à la Une

Bref, s’abonner à La Presse libre, c’est profiter d’une bouffée d’air frais face à l’asphyxie idéologique et publicitaire ambiante. Accessoirement, c’est aussi une façon de soutenir le pluralisme et la diversité de points de vue. Si nos huit médias ont réussi à converger vers un modèle économique commun – et comptent bien fédérer de nouveaux titres partageant les mêmes valeurs journalistiques – c’est qu’ils ont besoin de l’élan que peut (que va !) leur donner cette offre inédite.

Derniers jours pour l’offre de lancement

L’ouverture de La Presse libre s’accompagne d’une offre de lancement, initialement disponible en prévente, qui prévoit deux cas de figure.

Pour les abonnés à l’un des huit médias membres, elle permet de conserver l’abonnement en cours et de profiter de La Presse libre en s’acquittant d’un supplément de 9,90 euros par mois. Un lecteur de Next peut ainsi profiter du bouquet complet pour une somme totale de 17,90 euros par mois, voire moins s’il dispose d’un abonnement à l’année sur notre site.

Cette offre, exclusive à la période de lancement, est valable sans limitation de durée, du moment que l’abonnement au média de départ est toujours actif ! Cette réduction « permanente » est une façon de permettre aux lecteurs particulièrement attachés à leur média de cœur de continuer à le soutenir directement tout en accédant à l’ensemble du bouquet.

Pour ceux qui ne sont abonnés à aucun des médias membres (c’est mal), ou qui ne le seraient plus (c’est encore pire), la formule La Presse libre est accessible jusqu’au jeudi 6 novembre au tarif préférentiel de 14,90 euros par mois pendant six mois, avant de revenir au prix standard de 19,90 euros par mois.

Comment ça marche en pratique ?

Certains lecteurs de Next se souviennent de ce qu’on pourrait désormais qualifier de Presse libre v1, une offre d’abonnement groupée dont Next a été le principal artisan, entre 2016 et 2022.

La v2 lancée cette année se veut nettement plus ambitieuse. D’abord, parce qu’elle dispose d’une (petite) équipe dédiée et des moyens nécessaires à son lancement, via notamment une avance remboursable octroyée par le Fonds pour une presse libre. Ensuite, avec son portail web, éditorialisé chaque jour à la main, et ses relais à venir sur les réseaux sociaux.

Enfin, parce que d’un point de vue technique, vos identifiants La Presse libre vous ouvrent les portes virtuelles des huit médias fondateurs, sans qu’il soit nécessaire de créer un compte dédié sur chaque site. Sur Next, il vous suffit par exemple d’utiliser le bouton « Connectez-vous avec LPL » pour accéder au contenu complet de nos articles premium.

Easy peasy (lemon squeezy)

Comme certains d’entre vous ont pu le constater, admettons avec pudeur (après tout, on n’est pas dans un Poing Dév) que ce login unifié a connu quelques ratés pendant les premiers jours d’existence de la plateforme. Fort heureusement, il a depuis trouvé son régime de croisière, même s’il nous reste, côté Next, à régler quelques menus détails comme l’accès aux commentaires ou aux flux RSS pour les lecteurs venus de LPL.

Bonne lecture !

homme lisant un gigantesque journal représentant la diversité de médias disponibles via la presse libre

Vous lisez Next?

Bonne nouvelle, Next est partenaire de La Presse Libre.

Première en son genre, La Presse Libre réunit plusieurs médias indépendants autour d’un abonnement et d’une plateforme uniques qui vous ouvrent l’accès à l’intégralité des contenus des médias partenaires.

Disponible depuis le 15 octobre.

9,90 €/mois

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Surprise, Google et Epic s’associent pour réformer le fonctionnement du Play Store

5 novembre 2025 à 16:14
Deus ex machina
Surprise, Google et Epic s’associent pour réformer le fonctionnement du Play Store

Retournement de situation : Google a proposé au juge en charge de l’affaire l’opposant à Epic des transformations profondes de son Play Store. Soutenue par Epic, cette proposition doit encore être acceptée par la justice. Elle pourrait cependant avoir de vastes conséquences sur la vente de biens numériques par les boutiques mobiles.

Google et Epic ont déposé conjointement une demande (PDF) devant le tribunal fédéral de San Francisco où se déroule leur guerre juridique depuis cinq ans. Pour sortir de l’impasse, Google propose ainsi de profondes mutations de sa boutique Play Store. Epic soutient cette proposition, qui doit encore être approuvée par le juge James Donato, en charge de l’affaire.

La demande est une surprise. Le juge devait initialement recevoir les deux entreprises le 6 novembre pour faire le point et confirmer à Google que le temps imparti pour apporter les changements demandés était écoulé. Il était en effet exigé de la multinationale qu’elle procède à de lourds changements dans son Play Store, notamment en acceptant l’installation de boutiques tierces et en laissant les éditeurs tiers passer par d’autres systèmes de paiement.

Gros travaux dans le Play Store

La solution proposée conjointement par les deux sociétés ennemies consiste à assouplir le fonctionnement du Play Store dans des proportions majeures.

Les deux changements principaux sont la réduction des commissions et l’installation des boutiques tierces. Sur les commissions, Google propose de modifier les règles actuelles pour les plafonner à 20 ou 9 % en fonction du contenu. Selon quels critères ? Le taux maximal serait appliqué quand le bien numérique acheté procure un avantage certain en jeu.

La condition est surprenante et laisse penser qu’Epic a largement contribué à la rédaction de cette proposition. La conséquence serait alors que tout autre bien numérique serait frappé d’une commission de seulement 9 % : les applications payantes, les achats in-app, les abonnements, etc. En outre, et comme relevé par The Verge, ce chiffre déjà bas intègre le paiement réalisé via Google Play Billing, le système de paiement intégré au Play Store. Si l’achat est réalisé via un autre système, la commission sera encore plus basse, a priori amputée de 5 % selon le chiffre donné à nos confrères par Dan Jackson, porte-parole de Google.

Des pourcentages qui tranchent radicalement avec les frais pratiqués aujourd’hui. Sur le Play Store, la commission change selon les conditions. De manière générale, elle est de 15 % tant que les gains générés par les ventes sur le Play Store ne dépassent pas un million de dollars. Si ce plafond est dépassé, la commission passe à 30 %. Pour bénéficier de cette commission de 15 %, il faut également répondre à certains critères, sans quoi les 30 % s’appliquent. Sur les abonnements, la commission est également de 15 %.

De vastes répercussions ?

Autre grosse mesure proposée, l’intégration d’un mécanisme qui permettrait aux utilisateurs d’installer simplement une boutique tierce depuis un lien sur une page web. Il faudrait pour cela que l’éditeur de cette boutique tierce soit enregistré auprès de Google. On imagine que des contrôles de sécurité seraient appliqués à ce moment pour éviter que des fournisseurs de malwares s’invitent à la fête, mais ce point n’est pas abordé dans le document.

Comme souligné par The Verge, la proposition tient compte des précédentes victoires d’Epic contre Google. Par exemple, l’autorisation pour les éditeurs tiers de communiquer sur les prix en dehors du Play Store. Un combat de longue haleine qu’Epic et d’autres entreprises mènent contre Apple également. Google ne doit pas non plus promettre un partage des bénéfices avec des partenaires en échange d’une exclusivité ou de la pré-installation de la suite Google Play.

Ces changements profonds, s’ils devaient être acceptés, pourraient avoir un impact profond sur l’industrie en général. Google est un acteur majeur de la vente de biens numériques et applique des règles très semblables à celles d’Apple, d’ailleurs critiquée pour les mêmes raisons.

Dans le document, il est précisé que la proposition est faite pour les États-Unis, mais on peut se poser la question d’un élargissement à tous les autres marchés. Si tel était le cas, les conséquences seraient encore plus importantes. Apple notamment pourrait voir la pression s’accentuer sur ses pratiques commerciales, la firme ne lâchant rien dans ce domaine, sinon quelques concessions régulièrement jugées trop timides par la Commission européenne.

Google et Epic enthousiastes

En attendant, Google et Epic affichent un enthousiasme débordant pour les changements proposés. Sur X, Sameer Samat, directeur de la division Android Ecosystem chez Google, ne cache ainsi pas sa satisfaction :

« Excellente nouvelle ! En collaboration avec Epic Games, nous avons déposé une proposition de modifications pour Android et Google Play visant à élargir le choix et la flexibilité offerts aux développeurs, à réduire les frais et à encourager une plus grande concurrence, tout en garantissant la sécurité des utilisateurs. Si elle est approuvée, cette proposition mettra fin à nos litiges. Nous avons hâte d’en discuter plus en détail avec le juge jeudi »

Tim Sweeney, très critique depuis longtemps, semble lui aussi très heureux :

« Google a fait une proposition remarquable, soumise à l’approbation du tribunal, visant à ouvrir Android aux États-Unis dans le cadre du litige Epic contre Google et à régler nos différends. Cette proposition réaffirme la vision originelle d’Android en tant que plateforme ouverte, afin de simplifier les installations depuis les boutiques d’applications concurrentes à l’échelle mondiale, de réduire les frais de service pour les développeurs sur Google Play et de permettre les paiements tiers intégrés aux applications et sur le Web.

Il s’agit d’une solution globale, qui contraste avec le modèle d’Apple consistant à bloquer toutes les plateformes concurrentes et à faire des paiements le seul vecteur de concurrence. Les documents publics sont disponibles »

Le PDG d’Epic semble d’ailleurs affirmer qu’une acceptation du tribunal entrainerait ce changement à l’échelle mondiale.

Deutsche Telekom va construire un cloud IA industriel à 1 milliard d’euros à Munich

5 novembre 2025 à 14:55
Aller anfang ist schwer
Deutsche Telekom va construire un cloud IA industriel à 1 milliard d’euros à Munich

Deutsche Telekom a annoncé mardi la transformation imminente d’un centre de données installé à Munich en une « usine IA ». Le projet, chiffré à 1 milliard d’euros, doit voir le jour dès 2026, au service des clients industriels du pays.

Les chiffres évoqués n’ont rien à voir avec les promesses d’investissement formulées par les grands noms de l’IA et du cloud aux États-Unis, mais ils devraient tout de même contribuer à augmenter de 50 % la capacité de calcul IA disponible en Allemagne, affirme Deutsche Telekom. L’opérateur a en effet annoncé, mardi 4 novembre, la construction prochaine d’une « usine IA » dotée d’un budget d’environ 1 milliard d’euros.

0,5 exaflops et 20 Po de stockage

Pour ce faire, Deutsche Telekom ne partira pas de zéro : l’entreprise indique qu’elle va convertir un datacenter déjà existant, en partenariat avec un intégrateur spécialisé, l’Allemand Polarise, pour l’équiper de plus d’un millier de systèmes NVIDIA DGX B200 et de serveurs NVIDIA RTX Pro équipés d’environ 10 000 GPU de classe Blackwell. L’ensemble devrait être accompagné de 20 Po de stockage et délivrer une puissance de calcul de l’ordre de 0,5 exaflops.

La réutilisation d’un centre de données existant, déjà construit et disposant d’une alimentation électrique adaptée, permet à Deutsche Telekom d’avancer un calendrier particulièrement optimiste : son usine IA devrait ainsi débuter ses opérations dans le courant du premier trimestre 2026. NVIDIA est présenté non seulement comme un fournisseur, mais aussi comme un partenaire du projet, ce qui a vraisemblablement permis de sécuriser les approvisionnements nécessaires sur un marché à flux tendus.

De l’idée à l’annonce officielle, il ne se serait écoulé que six mois, clame l’opérateur allemand dans un communiqué, qui indique avoir développé son projet indépendamment du plan d’action de la Commission européenne pour le développement de l’IA sur le Vieux Continent.

Un cloud piloté par une stack SAP

Le projet se veut porté par des enjeux de souveraineté, à la fois nationale et économique. Cette usine IA a en effet vocation à servir les besoins des acteurs industriels du pays, estime l’opérateur. « L’ingénierie mécanique et l’industrie ont fait la force de ce pays. Mais là aussi, nous sommes confrontés à des défis. L’IA représente une formidable opportunité. Elle contribuera à améliorer nos produits et à renforcer nos atouts européens », promet Tim Höttges, PDG de Deutsche Telekom. L’opérateur indique que plusieurs « partenaires et clients » ont déjà manifesté leur intérêt pour ce futur cloud IA, parmi lesquels Siemens et Deutsche Bank.

En matière de débouchés, il évoque par exemple la création de jumeaux numériques dans l’automobile ou l’aéronautique, mais aussi le « développement de robots grâce à l’apprentissage et à la validation basés sur des simulations physiquement précises ». Ici, le destinataire est nommément cité : il s’agit de la société Agile Robots, spin-off de l’Institut de robotique et de mécatronique du German Aerospace Center, également basée à Munich.

Si la dominante de ce cloud IA se veut à la fois allemande et industrielle, Deutsche Telekom adopte en réalité une approche plutôt agnostique. De la même façon que le futur Campus IA français sera ouvert aux GAFAM, Deutsche Telekom accueillera ainsi l’américain Perplexity parmi ses clients, sans doute rejoint à terme par d’autres acteurs du monde des grands modèles de langage (LLM).

L’opérateur s’est par ailleurs assuré les services d’un autre poids lourd allemand : l’éditeur de progiciels SAP. « Deutsche Telekom fournit l’infrastructure physique, et SAP fournit la plateforme et les applications SAP Business Technology, y compris les technologies d’IA modernes », indique l’entreprise, qui capitalisera donc sur cette « Deutschland-Stack » pour aller chercher des clients allemands sensibles aux problématiques de souveraineté géographique.

Le projet, soutenu par le ministre fédéral du Numérique, Karsten Wildberger, doit faire office de figure de proue pour l’initiative « Made 4 Germany » qui, à la façon du Choose France orchestré par Emmanuel Macron, vise à jouer des synergies avec une sélection de cent entreprises de premier plan pour encourager le développement de nouvelles activités économiques sur le sol allemand.

Les deux voisins auront d’ailleurs bientôt l’occasion d’échanger leurs vues sur le sujet puisque, comme le rappelle Contexte, le cloud et la préférence européenne devraient être les deux principaux sujets de discussion du sommet franco-allemand sur la souveraineté numérique, organisé le 18 novembre prochain.

☕️ Faille critique dans le paquet NPM de React Native, la mise à jour s’impose

5 novembre 2025 à 14:35

Une importante faille critique a été découverte dans le paquet NPM React Native Community CLI, très populaire chez les développeurs (de 1,5 à 2 millions de téléchargements par semaine). Présentant un score CVSS de 9,8 sur 10, elle présente une dangerosité quasi maximale et peut être exploitée à distance sur toutes les plateformes Windows, macOS et Linux.

La vulnérabilité a été découverte par jFrog et estampillée CVE-2025-11953. « Cette vulnérabilité permet à des attaquants distants non authentifiés de déclencher facilement l’exécution arbitraire d’une commande du système d’exploitation sur la machine exécutant le serveur de développement de react-native-community/cli, ce qui représente un risque important pour les développeurs », explique l’entreprise.

En outre, et contrairement aux vulnérabilités habituelles découvertes dans les serveurs de développement, la faille CVE-2025-11953 peut être exploitée à distance. Elle réside dans le fait que le serveur de développement Metro, utilisé par React Native pour créer du code et des ressources JavaScript, se lie à des interfaces externes par défaut, au lieu de localhost. Il expose un point de terminaison « /open-url » qui devient alors vulnérable aux injections de commandes du système d’exploitation.

Concrètement, un utilisateur non authentifié peut se servir de la faille pour envoyer une requête POST spécialement conçue au serveur pour lui faire exécuter des commandes arbitraires. Dans le billet de jFrog, on peut lire que les chercheurs ont réussi à exploiter la faille sur Windows avec un contrôle total des paramètres. Sur macOS et Linux, ils sont parvenus à l’exécution de code avec un contrôle limité des paramètres. Cependant, avec des tests supplémentaires, ils estiment pouvoir parvenir au contrôle total.

Cette vulnérabilité critique est présente dans un très grand nombre de versions, de la 4.8.0 à la 20.0.0-alpha.2. Elle est corrigée depuis la version 20.0.0, publiée depuis octobre. Comme souvent dans ce genre de cas, les informations sur la faille n’ont été données qu’une fois que l’éditeur – ici Meta – a pu corriger la faille et qu’un nombre suffisant de développeurs ont récupéré la dernière version.

Seules les personnes utilisant donc une version plus ancienne que la 20.0.0 et utilisant le serveur Metro sont vulnérables. Pour jFrog cependant, cette faille « est particulièrement dangereuse en raison de sa facilité d’exploitation, de l’absence d’exigences d’authentification et de sa large surface d’attaque ».

La bataille des éditeurs de presse face à Common Crawl continue

5 novembre 2025 à 13:33
Common or paywalled ?
La bataille des éditeurs de presse face à Common Crawl continue

Alors que Common Crawl fournit des téraoctets de données d’entrainement aux entreprises d’IA générative, l’organisation est accusée de récupérer des contenus placés derrière des paywalls. La presse, en France ou ailleurs, essaye de bloquer l’aspiration de ses contenus via des procédures judiciaires, mais la plupart des paywalls laissent des trous pour jouer le jeu de l’indexation dans les moteurs de recherche.

La base de données Common Crawl est sous le feu des critiques de la presse parce qu’elle fournit aux entreprises d’IA générative comme OpenAI, Google, Anthropic, Nvidia, Meta ou Amazon énormément de contenus pour l’entrainement de leurs modèles.

La plupart des grands modèles de langage s’appuient, depuis leurs origines, sur cette base de données. Celle-ci regroupe des téraoctets de textes moissonnés sur le web. Tous les mois, une nouvelle archive est publiée par Common Crawl, gérée par une structure à but non lucratif.

Ainsi, le lot d’octobre 2025 contient 2,6 milliards de pages web, correspondant à 126 téraoctets de données compressées. Si la légalité de ce genre de moissonnage pour la recherche ou pour l’indexation ne fait pas de doute, il y en a plus pour des projets commerciaux d’IA générative, notamment car leurs systèmes peuvent régurgiter les contenus qui sont sous copyright ou sous d’autres régimes de droit d’auteurs.

Des articles sous paywall dans Common Crawl ?

Ce lundi 4 novembre, The Atlantic a publié un article à propos de la base de donnée qui accuse la structure à but non lucratif d’avoir ouvert une porte dérobée (backdoor) pour les entreprises d’IA leur permettant d’entrainer leurs modèles sur les articles de presse sous paywall, et de mentir à ce sujet aux éditeurs de presse.

Notre confrère, Alex Reisner, estime que les archives de Commons Crawl contiennent « des millions d’articles provenant d’organismes de presse du monde entier, notamment The Economist, Los Angeles Times, The Wall Street Journal, The New York Times, The New Yorker, Harper’s et The Atlantic ».

En France, l’Alliance de la presse d’information générale (APIG) et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) sont passés à la vitesse supérieure début septembre en mettant en demeure début septembre Common Crawl de retirer les sites de leurs membres de son archivage.

Retrait des articles de 81 éditeurs français

Un mois après, les deux lobbys de la presse ont obtenu le retrait des contenus de 81 éditeurs. Dans une interview au Journal du Net publiée début septembre, Léa Boccara, responsable du pôle juridique et des affaires publiques de l’Alliance, accusait aussi l’organisme à but non lucratif d’archiver des articles payants : « Nous sommes face à un crawling de masse d’articles et d’extraits d’articles, qui contourne les paywalls ». Elle rejoint ainsi les accusations lancées par The Atlantic.

On peut facilement imaginer, comme nos confrères états-uniens l’affirment, que Common Crawl ne se logue pas à chaque site d’information pour aspirer les contenus, mais qu’il contourne les paywalls. Et, en effet, de nombreux systèmes utilisés par la presse pour bloquer l’accès à leurs contenus se contentent de cacher avec du code javascript le texte des articles. Ainsi, alors qu’un navigateur ne l’affichera pas à l’utilisateur lambda d’un navigateur, un crawler peut facilement le récupérer.

Ajoutons qu’une bonne partie des éditeurs de presse savent que, derrière ce genre de « paywall », leurs contenus ne sont que vaguement protégés, ce qui permet de laisser les robots des moteurs de recherche classiques moissonner ces articles, et de mieux les valoriser dans leurs résultats.

Common Crawl réfute

Common Crawl a réagi à l’article de The Atlantic dans un billet publié le même jour. L’organisation réfute les accusations de mensonges envers les éditeurs de presse : « Cela donne une image fausse du fonctionnement de Common Crawl et des valeurs qui guident notre travail ». Elle ajoute : « Nous ne contournons pas les « paywalls », ne nous connectons à aucun site web et n’utilisons aucune méthode visant à contourner les restrictions d’accès ».

Elle affirme avoir toujours eu une approche transparente en publiant le code de son crawling et en le documentant publiquement, en identifiant l’user agent « CCBot » de son bot de crawling, en respectant les robots.txt et en se conformant « aux demandes de retrait et de suppression qui nous sont envoyées de bonne foi ».

Dans l’article de The Atlantic, le responsable de Common Crawl, Rich Skrenta, avait été plus direct, répondant que les éditeurs faisaient une erreur en s’excluant d’eux-mêmes de la « recherche 2.0 ». Il ajoutait : « Vous n’auriez pas dû publier votre contenu sur Internet si vous ne vouliez pas qu’il figure sur Internet ».

Enjeu économique avec des contrats à la clé

Reste que la presse n’engage pas ces démarches pour bloquer entièrement tout accès à leurs articles payants aux entreprises d’IA générative. En effet, comme l’explique l’Alliance de la presse d’information générale il y a là « un enjeu économique majeur » autour d’accords financiers avec ces mêmes entreprises d’IA.

Le Monde et Prisa Media ont, par exemple, dès le début de l’année 2024, signé des contrats avec OpenAI. L’Alliance s’appuie d’ailleurs sur l’exemple des accords noués avec Google sur les droits voisins concernant son moteur de recherche.

Louis Dreyfus, président du directoire du journal, expliquait encore récemment à l’INA que son groupe de presse a « vocation à signer d’autres accords avec d’autres acteurs ». Si Le Monde a aussi signé un contrat avec Perplexity, le responsable du journal explique que celle-ci n’a pas la possibilité d’entrainer de LLM avec ses articles, contrairement à OpenAI.

La Haute Autorité de santé dit oui à l’IA, mais pas n’importe comment

5 novembre 2025 à 10:34
Pas si évident
La Haute Autorité de santé dit oui à l’IA, mais pas n’importe comment

La HAS a publié le 30 octobre un guide pédagogique sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative dans l’ensemble du secteur sanitaire, social et médico-social. L’autorité ne s’oppose pas à cette utilisation, mais elle pointe très vite les deux problèmes majeurs : la sensibilité des données manipulées et la fiabilité des résultats.

Les données de santé sont une mine d’or. Selon comment elles sont exploitées, elles peuvent permettre le suivi de l’efficacité des traitements, faire apparaitre des corrélations, étudier des prévalences et autres.

Ce caractère précieux est au cœur de plusieurs décisions politiques. En France, il y a bien sûr le HDH (Health Data Hub) et ses décisions sulfureuses d’hébergement chez Microsoft, pointées constamment par le député Philippe Latombe, des rapports interministériels ou même encore récemment par la Cour des comptes. L’entrepôt de données européen EMC2 a le même problème.

Mais les objectifs sont à chaque fois les mêmes : concentrer les données, favoriser les travaux des chercheurs, servir de guichet unique et, bien sûr, permettre à terme le traitement des données par l’IA. Dans le cadre du projet EMC2 d’ailleurs, l’Agence européenne du médicament abordait explicitement cette finalité.

La Haute Autorité de santé publie donc un avis sur la question, même s’il peut sembler tardif. Dans les grandes lignes toutefois, la HAS ne réagit pas spécifiquement sur l’exploitation des données, mais vise les professionnels de santé et l’utilisation de l’IA comme aide à la décision.

Quatre lignes directrices

La HAS publie principalement quatre conseils, rassemblés sous l’appellation : AVEC, pour « Apprendre, Vérifier, Estimer et Communiquer ».

Pour l’apprentissage, la HAS recommande chaudement aux professionnels de se former sur les outils qu’ils utilisent. Les IA peuvent faire gagner du temps, mais la plupart n’ont pas été formées sur les questions de santé. Les professionnels devraient ainsi s’interroger sur les modalités d’utilisation, les règles liées à la confidentialité des données personnelles ou encore effectuer des tests pratiques avant de se lancer dans une pratique quotidienne.

Sur la vérification, la HAS conseille la prudence face aux résultats renvoyés par l’IA : « le professionnel est attentif à la pertinence de son usage, à la qualité de sa requête et au contrôle du contenu généré ». Ce qui inclut de ne pas partager d’informations confidentielles et de considérer chaque réponse comme une proposition et non une vérité. La fiabilité des réponses de l’IA ne pouvant par définition être garantie (approche probabiliste), elles peuvent contenir des erreurs : valeurs et unités des quantités chiffrées, noms des médicaments, etc. On l’a vu récemment dans nos propres tests, l’IA peut se tromper lourdement dans la méthode de calcul.

L’estimation concerne l’analyse régulière de l’adéquation entre les besoins et les résultats. Les professionnels de santé sont ainsi invités à réinterroger sa pratique : des corrections ont-elles été nécessaires ? Si oui, à quelle fréquence ? L’outil est-il simple d’utilisation ? A-t-il pu être intégré dans des flux de travail existants ? En somme, la HAS souhaite que les professionnels s’interrogent sur les gains apportés face aux contraintes.

Enfin, pour la communication, la Haute Autorité est claire : les professionnels devraient échanger avec les patients autour de l’usage de l’IA. L’autorité leur recommande également de favoriser les retours d’expérience avec d’autres utilisateurs et développer « une démarche de transparence autour des typologies de données partagées, de l’adhésion au sein de sa structure et des impacts organisationnels ».

Le danger des mauvaises pratiques

De manière générale, la HAS souhaite que chaque usage de l’IA générative soit « conscient, supervisé et raisonné ».

Cependant, même si elle peut « devenir une alliée » quand elle est « bien maitrisée », l’autorité pointe également les dangers inhérents à son utilisation. Elle met en garde contre les erreurs pouvant survenir dans les réponses envoyées, notamment quand elles se fondent sur des données non vérifiées. Surtout, elle pointe les hallucinations, soit des informations fausses mais qui peuvent paraitre convaincantes. 

Outre les dangers propres à l’IA elle-même, la HAS signale de mauvais comportements chez les professionnels eux-mêmes, dont l’utilisation d’informations confidentielles dans les requêtes, expliquant les conseils sur la communication avec les patients.

Dans l’ensemble, l’autorité évoque un potentiel prometteur sur l’ensemble de ces technologies. Elle ne parle d’ailleurs pas uniquement des interfaces questions/réponses des chatbots, mais aussi d’autres outils devenus très courants : transcriptions de conversations lors de consultations, synthèses de littérature scientifique, création de documents illustrés pour expliquer des parcours médicaux-sociaux, préremplissage de documents administratifs, traductions de textes pour des personnes non-francophones, etc. Tous peuvent faire gagner du temps (voire beaucoup), mais le risque d’erreur est le même dans tous les cas de figure dès que l’outil utilise l’IA générative.

Enfin, outre les erreurs, les professionnels ont tout intérêt à se former pour s’acclimater à des concepts centraux de l’IA générative. Par exemple, les réponses peuvent varier dans le temps, notamment en fonction de la version du modèle et des données utilisées pour l’entrainement. La qualité de la réponse peut aussi fortement varier selon le soin apporté à la question (prompt).

Pour les personnes intéressées, la HAS a donc publié deux versions de ses recommandations : une complète d’une quinzaine de pages (PDF), et une concise rassemblant les principales informations sur une seule page (PDF). Administration publique oblige, la HAS a également publié un rapport sur l’élaboration de son guide et les méthodes utilisées (PDF).

Ophélie Coelho : « L’Europe n’a aucun intérêt à reproduire le modèle technologique américain »

5 novembre 2025 à 08:23
Techno cherche chef d'orchestre
Ophélie Coelho : « L’Europe n’a aucun intérêt à reproduire le modèle technologique américain »

Spécialiste de la Géopolitique du numérique, la chercheuse Ophélie Coelho participait aux rencontres publiques organisées en amont du lancement du projet Campus IA. Next s’est entretenu avec elle.

C’est à Fouju, en Seine-et-Marne, que le mégaprojet de centre de données dédié à l’intelligence artificielle Campus IA doit s’étendre. Proche de Melun, la petite commune de 600 habitants devrait accueillir, sur une parcelle de 70 hectares, ce data center dont la puissance de calcul cumulée doit, selon ses promoteurs, équivaloir à terme à 1,4 GW (la puissance d’un réacteur nucléaire).

Porté par le fonds d’investissement des Émirats arabes unis MGX, la société française Mistral AI, l’américain Nvidia et la Banque publique d’investissement, Campus IA représente un investissement de 50 milliards d’euros.

Ophélie Coelho, par Cha Gonzalez

En amont des travaux, une série de rencontres publiques garanties par la Commission nationale du débat public s’échelonne entre le 15 octobre et le 17 novembre 2025 (voir les replays). À ces échanges, le député de Melun Arnaud Saint-Martin (La France Insoumise) ajoute une réunion publique à Crisenoy le 7 novembre 2025 au soir.

Chercheuse à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), autrice de Géopolitique du numérique, l’impérialisme à pas de géants (L’Atelier, 2023), Ophélie Coelho a fait partie des expertes sollicitées pour apporter leur éclairage à ce vaste projet industriel. Next s’est entretenu avec elle.

Les entreprises américaines suivent « une logique d’empire »

>> Quel regard portez-vous sur la consultation publique organisée autour du Campus AI ?

Je ne suis pas forcément au courant de toutes les procédures, mais j’ai toujours l’impression que ces débats sont organisés après la prise de décision. C’est une manière de relever les inquiétudes, mais la machine est déjà en route.


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☕️ iOS, iPadOS et macOS 26.1 : Liquid Glass teinté et correctifs silencieux

5 novembre 2025 à 08:08

Apple a publié lundi soir les versions 26.1 pour l’ensemble de ces systèmes. Si vous avez installé la version 26 sur votre iPhone ou votre Mac et que vous n’êtes pas fan de l’interface Liquid Glass, la version 26.1 intègre désormais un réglage « teinté » qui réduit nettement la transparence, comme nous l’indiquions le 24 octobre.

iOS 26.1 propose d’autres améliorations, dont l’apparition d’un bouton à faire glisser pour arrêter l’alarme, la possibilité de faire glisser son doigt sur le titre en cours dans Musique pour passer au morceau précédent ou suivant, le retour de Slide Over sur iPad ou encore une option pour désactiver le glissement vers l’appareil photo depuis l’écran verrouillé. On note aussi l’amélioration de la qualité audio pour les appels FaceTime quand les conditions réseau sont mauvaises.

Côté macOS Tahoe, la version 26.1 donne la même option de réduction de la transparence pour Liquid Glass, ajoute le supporte d’AutoMix sur AirPlay pour Musique, ou encore le retour des coins carrés pour l’affichage des PDF dans Aperçu.

Les versions 26.1 contiennent en outre une autre amélioration, commune à toutes les plateformes : elles peuvent installer silencieusement les mises à jour de sécurité considérées comme urgentes. Ce fonctionnement, activé par défaut, permet l’application de correctifs légers pour parer à ces situations urgentes, notamment sur Safari, WebKit ou « d’autres bibliothèques système », comme le précise Apple sur la page dédiée.

On peut désactiver ce fonctionnement dans Paramètres > Confidentialité et sécurité > Améliorations de la sécurité en arrière-plan. Couper cette fonction n’est cependant pas recommandé, puisqu’elle permet par exemple de diffuser rapidement un correctif pour une ou plusieurs failles dans le navigateur. En cas de désactivation, ces correctifs seront appliqués avec la mise à jour mineure suivante du système, mais la fonction a l’avantage de le faire sans interaction et surtout sans redémarrage.

Comme l’a remarqué iGen, la fonction n’est pas totalement nouvelle et est davantage « une remise à plat des mises à jour de sécurité urgentes d’iOS 16 ». En outre, la fonction est copieusement utilisée pour de nombreuses mises à jour : prise en charge des langues, polices, services de dictée, suggestions, ainsi que des éléments beaucoup plus importants comme les certificats SSL et les firmwares pour les accessoires Apple. Il s’agit donc d’une généralisation de l’ancien mécanisme à un plus grand nombre de composants.

Nous reviendrons dans la journée sur les annonces autour des versions 26.2 et du méchant « DMA ».

☕️ TikTok : enquête ouverte en France sur la mise en avant de contenus poussant au suicide

5 novembre 2025 à 07:49

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur le fonctionnement de l’algorithme de TikTok, a-t-il annoncé dans un communiqué envoyé à l’AFP.

Cette procédure judiciaire fait suite au signalement du député Arthur Delaporte, président de la commission d’enquête parlementaire « sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs ». Annonçant la saisie de la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, il avait affirmé le 11 septembre dernier : « Le constat est sans appel : TikTok a délibérément mis en danger la santé, la vie de ses utilisateurs », ajoutant : « Il me semble qu’il y a des infractions qui sont de nature pénale, de complicité active ».

Accablant pour la plateforme chinoise, le rapport des députés proposait 43 recommandations, dont l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans ainsi qu’un couvre-feu numérique pour les 15 – 18.

TikTok

Selon l’AFP, l’enquête a été confiée à la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la préfecture de police de Paris. Elle devra se pencher sur les soupçons de « propagande en faveur de produit, objet ou méthode préconisés comme moyens de se donner la mort », de « fourniture de plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée » et d’« altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée ».

Selon la procureure, l’enquête concernera « le respect de l’obligation de notification par une plateforme des soupçons d’infractions commises par son intermédiaire », le « fonctionnement de l’algorithme par rapport à la présentation qui en est faite à son utilisateur » et « l’édition de contenus consistant notamment à la promotion du suicide ».

« Nous réfutons fermement les accusations », a réagi la plateforme dans un communiqué envoyé à l’agence de presse. Elle ajoute qu’elle a mis en place « plus de 50 fonctionnalités et paramètres prédéfinis spécialement conçus pour assurer la sécurité et le bien-être des adolescents ».

La question des pensées suicidaires concerne aussi bien les réseaux sociaux que les algorithmes des IA. Fin aout, OpenAI avait été poursuivi en justice après le suicide d’un adolescent. La société avait annoncée dans la foulée la mise en place d’un contrôle parental. Récemment, l’entreprise américaine annonçait que 0,15 % des utilisateurs ont des « conversations qui incluent des indicateurs explicites de planification ou d’intention suicidaire potentielle », soit 1,2 million de personnes tout de même.

Reçu avant avant-hierNext.ink

AWS et OpenAI signent un accord à 38 milliards de dollars sur sept ans

4 novembre 2025 à 15:32
Appetizer
AWS et OpenAI signent un accord à 38 milliards de dollars sur sept ans

Libéré de son exclusivité avec Microsoft, OpenAI n’a pas perdu de temps : l’éditeur de ChatGPT a annoncé mardi la conclusion d’un contrat d’envergure avec Amazon. Sa filiale dédiée au cloud, AWS, devrait ainsi mettre des ressources à disposition, à hauteur d’au moins 38 milliards de dollars sur sept ans. OpenAI s’assure ainsi une présence significative sur les infrastructures de deux des trois plus grands fournisseurs de cloud de la planète, et s’invite au passage sur les plate-bandes de son concurrent Anthropic.

La collaboration, qui débute immédiatement, prévoit déjà 38 milliards de dollars de dépenses sur sept ans, mais ce montant peut être amené à croître, affirment d’emblée les deux nouveaux partenaires. Amazon Web Services (AWS) et OpenAI ont en effet formalisé un accord stratégique de grande ampleur le 3 novembre, selon les termes duquel le premier mettra à la disposition du second ses infrastructures informatiques dans toutes les régions du monde.

Un nouveau client de taille et une infra à construire pour AWS

À très court terme, l’accord prévoit qu’OpenAI déploie ses modèles sur les infrastructures actuelles d’AWS, pour l’entraînement ou pour la fourniture du service ChatGPT aux clients finaux. Mais il est aussi question qu’Amazon construise des capacités fléchées vers OpenAI, avec un premier jalon (non chiffré) fixé à fin 2026, puis un programme d’expansion à partir de 2027.

« L’infrastructure qu’AWS est en train de construire pour OpenAI présente une architecture sophistiquée optimisée pour une efficacité et des performances maximales en matière de traitement de l’IA », promet Amazon, selon qui l’entreprise de Sam Altman va ainsi accéder à des « centaines de milliers de GPU NVIDIA », avec la possibilité d’associer ces derniers à des « dizaines de millions de CPU » pour sous-tendre le développement de ses produits commerciaux.

Si les deux partenaires communiquent sur l’enveloppe financière globale du contrat, aucun détail chiffré n’est donné, ni sous forme de nombre de machines, ni même sous forme de puissance électrique associée, quant à la capacité réelle des infrastructures prévues. AWS évoque simplement le recours à deux générations de puces NVIDIA (les GB200 et GB300 de classe Blackwell), et vante les mérites de l’interconnexion directe entre ces GPU et ses serveurs EC2.

En dépit de ce flou relatif, les 38 milliards de dollars annoncés ont fait gagner quelques points à l’action Amazon en bourse, alors que cette dernière caracolait déjà à des plus hauts historiques suite à la publication de ses derniers résultats financiers, le 30 octobre dernier. Avec 33 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur le trimestre, en hausse de 20 % sur un an, la division cloud AWS était déjà sans aucun doute la principale raison de cette envolée boursière.

OpenAI diversifie ses partenariats

Quelles que soient les incertitudes qui entourent la vague de l’IA, AWS peut se targuer de compter un nouveau client prestigieux. OpenAI assure de son côté une forme de diversification nouvelle dans les ressources informatiques mises à sa disposition. Une approche plus œcuménique, rendue possible par l’évolution récente du contrat stratégique qui unit l’entreprise de Sam Altman à son partenaire historique et jusqu’ici exclusif en matière de cloud, Microsoft.

Fin octobre, les deux entreprises ont en effet renégocié les termes de leur contrat pour préparer la transformation d’OpenAI en une entreprise à but lucratif (même si toujours placée sous le contrôle d’une structure à but non lucratif). Selon les nouvelles conditions, OpenAI s’engage à consommer 250 milliards de dollars de cloud chez Microsoft Azure, mais se voit dans le même temps libéré de son exclusivité.

L’éditeur de ChatGPT, qui consomme le cash à vitesse grand V et étudie, d’après la rumeur, la possibilité d’une entrée en bourse à horizon 2026 - 2027, peut donc aller démarcher de nouveaux partenaires pour sécuriser les ressources informatiques nécessaires à la croissance stratosphérique envisagée par Sam Altman. Une valse des contrats, ou plutôt des promesses d’achat, qui porterait déjà sur des montants de l’ordre de 1 000 milliards de dollars…

S’assurer une présence chez Amazon, leader du secteur du cloud public, peut, dans ce contexte particulièrement spéculatif, être vu comme un élément de réassurance, et pas uniquement face aux problèmes de concentration illustrés par les récentes pannes mondiales d’AWS et d’Azure. Ce faisant, OpenAI met en effet un pied chez l’un des principaux partenaires de son concurrent Anthropic, éditeur des modèles Claude. Et confirme ainsi son ambition de devenir le barycentre des infrastructures mondiales dédiées au calcul IA…

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