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Elon Musk quitte le DOGE, celui-ci reste bien actif

27 mai 2025 à 15:47
Tespasla
Elon Musk quitte le DOGE, celui-ci reste bien actif

Elon Musk quitte le Doge sur un bilan très mitigé. L’entrepreneur aura néanmoins réussi à consolider son influence au sein de l’administration des États-Unis.

Elon Musk quitte la tête du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE, nommé d’après sa cryptomonnaie favorite). La date butoir était le 28 mai : au-delà de cent trente jours comme conseiller de Donald Trump, le patron de X, SpacesX et Tesla aurait eu à se plier aux obligations de transparence et de contrôle du Congrès des États-Unis.

La panne massive qui a frappé son réseau social X, ce 24 mai, semble avoir été le dernier clou dans le cercueil de son expérience gouvernementale. À la tête des États-Unis comme dans ses différentes sociétés, cela dit, les répercussions de ses activités à la tête du DOGE n’ont pas fini de se faire sentir.

Après avoir été vanté pendant des années pour avoir inspiré le personnage d’Iron Man, dans les films de la franchise Marvel, Elon Musk hérite de « l’image du méchant dans les films d’actions », souligne le docteur en civilisation américaine Jérôme Viala-Gaudefroy auprès du Parisien. Le vide qu’il a participé à installer à tous les étages de l’administration des États-Unis, lui, crée le parfait appel d’air pour permettre à davantage de sociétés privées, dont les siennes, de récupérer de nouveaux contrats publics.

« Move fast and destroy things »

À la tête du DOGE, Musk et ses équipes auront acquis une forme de « God Mode » sur les systèmes informatiques, donc sur le fonctionnement des institutions états-uniennes : coupes brutales dans le budget de diverses agences, à commencer par l’USAID ; accès, voire croisement de multiples bases de données sensibles relatives aux citoyens comme au secteur économique ; demandes de comptes brutales aux millions de fonctionnaires de l’administration…

Pour illustrer le tout, Elon Musk s’est plu à brandir une tronçonneuse offerte par le politicien populiste Javier Milei sur la scène d’une convention. Sa promesse ? Réduire la « tyrannie de la bureaucratie », identifier les « fraudes et les abus » pour les supprimer (y compris quand ces fraudes sont fantasmées, ou juste recyclées).

The Guardian a une formule pour résumer l’ampleur du choc : move fast and destroy things (aller vite et détruire des choses). Une version « hardcore », comme aime dire Musk, du move fast and break things qui fut jusqu’à 2014 le slogan de Facebook et une devise populaire dans la Silicon Valley.

Il faut dire que jamais, dans l’histoire moderne, un homme aussi riche (le plus riche du monde) ne s’était vu octroyer le pouvoir de superviser et supprimer des agences dont la mission même est de superviser le secteur économique. Jamais non plus une telle entreprise n’avait été menée en mettant à profit la numérisation du monde administratif pour se retourner contre lui (à plusieurs reprises, Musk a explicitement déclaré sa volonté d’ « effacer » des agences et des postes de coûts, comme on efface une ligne dans un tableau Excel).

Aide humanitaire et science bousculées à l’échelle mondiale

Directement importées de son style de management historiquement violent dans ses diverses entreprises, les méthodes de Musk auront aussi joué dans les critiques, de même que ses promesses, non remplies. De 2 000 milliards de dollars d’économies promises pour les comptes de l’État fédéral, le DOGE a rapidement revu ses ambitions à la baisse, pour ne plus viser que 1 000 milliards… puis n’en réaliser, à date, que 165 milliards. Si des dizaines de milliers de départs volontaires ont été décidés, la plupart sont contesté en justice.

Bien qu’elle soit aussi imputable à la politique trumpiste qu’aux choix du multimilliardaire, les effets des actions du DOGE, associé à la personne de Musk, auront de toute manière des conséquences de long terme aux États-Unis comme à l’international.

Certains calculs estiment que la suppression de l’USAID pourrait causer jusqu’à 176 000 morts supplémentaires, dont la moitié concerneraient des enfants. Des experts lient déjà l’augmentation de nouveaux cas de SIDA à la suppression de l’agence états-unienne, alors qu’un plan pour éradiquer la maladie d’ici 2030 était en plein déploiement.

Les activités scientifiques, notamment toutes celles relatives de près ou de loin aux connaissances de la planète et de l’environnement, ont globalement si durement touchées que de nombreux scientifiques appellent le dirigeant français et européens à œuvrer pour la sauvegarde des données susceptibles de disparaître.

Aux États-Unis, le rejet des actions du DOGE s’est d’abord exprimé par la voie judiciaire. Si la Justice a semblé incapable de suivre le rythme des premières semaines, les décisions rendues à partir de février ont mis de premiers freins au programme en cours de déroulement. Début mars, les propres conseillers de Trump se sont rebellés : si le projet de changer les modalités de gouvernance est partagé, le rythme imposé par Musk et son rôle de décideur n’étaient pas acceptés.

Quant aux citoyens états-uniens, ils ont aussi exprimé leur mécontentement dans les urnes. Dans le Wisconsin, en avril, la juge démocrate Susan Crawford a remporté un siège à la Cour suprême, alors que Trump soutenait le candidat républicain et que Musk y avait investi son temps et plus de 25 millions de dollars.

Tesla se cherche un CEO, SpaceX gagnant ?

Mais sur place, comme à l’international, ce sont peut-être certaines sociétés d’Elon Musk qui ont pâti le plus directement de ses activités. Tesla a notamment été régulièrement visée par des appels au boycott, des manifestations, voire des dégradations de véhicules.

Devant la chute de ses ventes (continue en Europe sur les quatre premiers mois de 2025), le conseil d’administration du constructeur automobile a commencé à chercher un potentiel nouveau directeur exécutif au mois d’avril, d’après le Washington Post. Le professeur de marketing Scott Galloway qualifie l’impact sur le constructeur automobile de « l’une des plus grandes destructions de marque » qui ait jamais existé.

Si X a été un peu moins violemment touchée – la perception du réseau social avait déjà largement évolué depuis son rachat par Musk, en 2022 –, des campagnes ont tout de même été orchestrées, y compris en France, pour pousser des internautes à quitter la plateforme. Le réseau comme la société d’IA xAI font partie des objectifs sur lesquels Musk a déclaré vouloir se concentrer, avec Tesla, maintenant qu’il a quitté l’administration états-unienne.

Relativement épargnée par la grogne populaire, SpaceX pourrait de son côté tirer réel profit de l’implication de Musk dans l’administration états-unienne. À la tête de la NASA, Donald Trump a placé Jared Isaacman, un proche de l’homme d’affaires et le premier « touriste spatial » ayant effectué une sortie dans l’espace.

Quid du DOGE, sans Musk ? L’agence reste bien en place. Et comme la subsistance d’Elon Musk à sa tête a permis de l’illustrer au fil des mois, écrit Wired, son projet de transformer radicalement l’administration des États-Unis ainsi que celui de collecter, combiner et analyser quantité de données sensibles pour permettre à Donald Trump de mener ses politiques réactionnaires continuera.

L’influence de Musk reste aussi : le Doge compte dans ses rangs de nombreux alliés de l’entrepreneur. Parmi eux : Edward Coristine, un adolescent de 19 ans, tout juste débarqué de quelques mois à Neuralink, ou encore Steve Davis, qui a travaillé pendant vingt ans pour l’entrepreneur, chez SpaceX comme the Boring Company.

Pour opérer ses traitements de données, le Doge recourt enfin à Grok. Un positionnement idéal pour en pousser l’usage un peu partout dans l’administration.

☕️ Firefox 139 accélère sur le HTTP/3

27 mai 2025 à 14:45

La nouvelle mouture du navigateur, publiée mardi, est assez légère sur les nouveautés, après plusieurs versions particulièrement riches.

Parmi les changements notables, on remarque ainsi une amélioration « considérable » des performances de téléversement en HTTP/3, notamment sur les reprises de connexions et les connexions à hauts débit et délai. Firefox 139 sait également préserver la transparence des PNG collés dans le navigateur et lancer des traductions pleine page sur les fiches des extensions (une demande populaire selon Mozilla).

Logo de la fondation Mozilla

Firefox 139 introduit aussi la personnalisation du fond d’écran pour la page Nouvel onglet. On peut ainsi choisir une couleur dans une grille ou sélectionner une image, y compris en provenance de sa propre réserve. Cette fonction est en cours de déploiement chez les nouveaux utilisateurs, mais on peut l’activer manuellement via les Firefox Labs.

Ces derniers permettent d’ailleurs de tester une autre fonction en préparation : les aperçus de liens. En plaçant le curseur sur un lien et en appuyant sur le raccourci Alt + Maj, un panneau s’ouvre pour donner un aperçu de la page en question, agrémenté d’informations résumées par une IA fonctionnant localement et affichées sous forme classique de liste à puces. Aucune donnée n’est envoyée à des serveurs, indique Mozilla.

Enfin, Firefox 139 colmate dix failles de sécurité, dont une critique.

Le navigateur s’est pour mémoire récemment enrichi d’une barre d’adresse optimisée et de nouvelles options de recherche.

Une faille dans l’assistant Duo de GitLab remet en lumière la sécurité des LLM

27 mai 2025 à 13:50
Sombre héros
Une faille dans l’assistant Duo de GitLab remet en lumière la sécurité des LLM

En fin de semaine dernière, des chercheurs ont montré comment on pouvait détourner l’assistant Duo de GitLab pour déclencher des attaques et fuites de données. La fonction, dopée à l’IA est vulnérable aux injections de messages, mais souligne le problème plus général des assistants, faisant entrer la communauté de la sécurité dans un nouveau domaine à part entière.

Duo est un assistant IA commercialisé par GitLab pour faciliter – comme toujours – les opérations liées au développement. Il est basé sur les modèles Claude d’Anthropic et permet, dans sa version premium, de fournir des suggestions de code, de contrôler les publications, d’analyser tous les commits pour générer une liste de tâches liées, etc. Des capacités désormais courantes pour les assistants accompagnant ces plateformes, comme Copilot chez GitHub.

Le 15 mai, des chercheurs de Legit Security ont présenté les résultats de leurs travaux sur la sécurité de Duo. La conclusion est peu glorieuse : « Un commentaire caché a suffi pour que GitLab Duo fuite du code source privé et injecte du HTML non fiable dans ses réponses ». L’équipe ajoute que le problème a été corrigé par GitLab, leur permettant de détailler la technique utilisée, basée sur cinq failles du TOP 10 du OWASP 2025 pour les grands modèles de langage.

Pour comprendre ce qu’ont fait les chercheurs, il faut rappeler le type d’attaque le plus courant auquel sont soumis les LLM : l’injection de messages. Le principe est simple, puisqu’il faut amener le modèle à interpréter une demande pour lui faire effectuer une tâche ayant un débouché malveillant. La source de l’attaque elle-même est donc facile à placer, car il peut s’agir d’une simple ligne de code ou même en langage naturel, que l’on trouvera dans le code d’un programme à analyser ou dans un texte quelconque, comme le contenu d’un e-mail. Et puisque les assistants IA brassent des quantités parfois énormes d’informations provenant de multiples sources, le champ est vaste.

Ce qu’ont fait les chercheurs

Puisque les sources peuvent être nombreuses, les chercheurs n’ont eu que l’embarras du choix : commits, demandes de fusion, descriptions, code source, commentaires dans le code, etc. Leur objectif a été de démontrer comment, en se servant de ces sources, ils pouvaient amener Duo à réaliser des actions malveillantes.

Une variante de l’attaque a ainsi consisté à introduire une instruction, au travers d’un simple commentaire, demandant à Duo d’inspecter le code source et de décrire son fonctionnement.

L’instruction était d’insérer dans la réponse un lien vers un site, qui se trouvait être malveillant. La description elle-même paraissait inoffensive. Le lien était écrit en caractères Unicode, invisibles pour l’œil humain, mais qui étaient quand même interprétés par Duo. L’attaque se servait du langage Markdown pour générer du texte brut, les URL générées étant par ailleurs cliquables.

Source : Legit Security

Jusqu’à l’exfiltration de données

Le code en Markdown est analysé de manière asynchrone. Traduction, le rendu des instructions est réalisé ligne par ligne, au fur et à mesure, plutôt que d’attendre que l’analyse soit allée jusqu’au bout pour effectuer tout le rendu d’une traite. C’est l’une des plus grosses faiblesses pointées par les chercheurs puisqu’elle permet d’ajouter des balises HTML comme <img> et <form>, ouvrant la voie à d’autres types d’attaques basées sur des images et des formulaires.

Ces possibilités autorisent également l’exfiltration d’informations normalement privées. Par exemple, il est possible d’intégrer une instruction dans le code ou dans une demande de fusion pour réclamer l’accès à des informations. Puisque Duo accède aux ressources du développeur qui l’utilise, l’instruction va y accéder, les convertir en code base64 et ajouter le résultat dans la balise d’une requête GET envoyée à un site contrôlé par la personne visée. Ce code va alors apparaître dans les journaux (logs) du site, permettant sa récupération.

Pour donner une idée, les chercheurs ont été capables, via ces techniques, d’exfiltrer du code source de dépôts privés, ou encore des rapports confidentiels sur la sécurité. Puisque Duo y avait accès du côté des utilisateurs visés, il pouvait transmettre ces informations.

Source : Legit Security

Les assistants IA amènent leur propre surface d’attaque

Sans surprise, les chercheurs ont signalé ces comportements à GitLab le 12 février dernier. L’entreprise a confirmé peu de temps après la vulnérabilité de son service aux injections HTML et qu’il s’agissait d’un problème de sécurité. Environ un mois plus tard, la version duo-ui!52 a été publiée, venant colmater la faille. Le problème a été réglé en empêchant désormais Duo d’effectuer le rendu de certaines balises comme <img> et <form> quand elles pointent vers des domaines externes. Les chercheurs ont confirmé dans leur compte rendu que leur chaine d’attaque ne fonctionnait plus depuis cette version.

Il s’agit cependant d’un cas très représentatif, selon les chercheurs, de la nature « à double-tranchant » des assistants de type IA, notamment du fait de leur intégration profonde dans les flux de travail. Ainsi, « ils héritent non seulement du contexte, mais aussi du risque ». Ils indiquent que la solution adoptée par GitLab est classique dans ce contexte et a été également choisie par d’autres entreprises proposant ce type d’assistant.

Mais même si les assistants rendent des services parfois puissants et corrigent leurs failles, la conclusion des chercheurs est que ces fonctions « font désormais partie de la surface d’attaque de votre application ». Selon eux, il faut partir du principe que tout système permettant à des LLM d’ingérer du contenu contrôlé par un utilisateur doit traiter les entrées liées « comme non fiables et potentiellement malveillantes ».

Une lumière plus crue sur la sécurité des LLM

Certains aspects de ce problème sont plus évidents que d’autres pour les développeurs, selon Legit Security, notamment tout ce qui touche au code proprement dit. Dans le cadre d’un outil comme Duo cependant, l’assistant accède aussi à de nombreuses données moins évidentes selon le degré d’entrainement, comme les discussions internes, les informations de sécurité ou encore les rapports d’incidents. Par exemple, un contributeur ouvre une question privée décrivant une vulnérabilité 0-day tout juste découverte. Avec le processus décrit dans le rapport, il était possible de récupérer ces informations et de les utiliser.

La puissance des outils dopés à l’IA est donc certaine, mais demande également d’aborder la sécurité sous un nouvel angle. Comme n’importe quel autre programme, ils amènent leur propre surface d’attaque, avec un danger proportionnel aux informations qu’ils doivent traiter. Les chercheurs recommandent donc, comme on s’en doute, la prudence.

La découverte de Legit Security se fait dans un contexte plus général « d’éveil » à ces risques. Comme l’indique par exemple The Hacker News, d’autres travaux explorent plus spécifiquement ces problèmes de sécurité. Par exemple, des recherches publiées le 15 mai portent sur la menace croissante des « LLM sombres » ou « non alignés ». Il s’agit de modèles conçus spécifiquement sans garde-fous et autres barrières éthiques ou modifiés par des techniques de jailbreak, ces derniers faisant sauter les verrous. Ils indiquaient avoir découvert une méthode pour se débarrasser de ces barrières sur « plusieurs modèles de pointe », leur permettant alors de répondre à n’importe quelle question. Microsoft avertissait également de ce problème début décembre 2024.

Bétharram : Bayrou.fr inaccessible, le Premier ministre invoque une cyberattaque massive

27 mai 2025 à 13:20
Mon chien a mangé mes devoirs
Bétharram : Bayrou.fr inaccessible, le Premier ministre invoque une cyberattaque massive

Depuis vendredi 23 mai, l’adresse bayrou.fr est censée héberger les éléments de preuve apportés par le Premier ministre dans le cadre de l’affaire Bétharram. Problème : le site associé s’est rapidement révélé inaccessible et l’était toujours mardi midi. François Bayrou a affirmé dans la matinée avoir été victime de plusieurs cyberattaques, ce que confirme l’hébergeur, contacté par nos soins. Les documents n’ont pas encore été remis en ligne…

Un temps utilisé par François Bayrou pour ses propres campagnes, le nom de domaine bayrou.fr a longtemps renvoyé vers le site du Mouvement démocrate (MoDem), avant de reprendre du service vendredi 23 mai. Un nouveau site d’une dizaine de pages, dont les traces sont encore visibles dans la wayback machine, a été mis en ligne, pour présenter la défense et les éléments de preuve que souhaite avancer publiquement le Premier ministre dans le cadre de l’affaire dite Bétharram.

Un petit tour et puis s’en va

But revendiqué de la manœuvre : permettre à tout un chacun de consulter et constater que François Bayrou n’a manqué ni à ses devoirs, ni à ses responsabilités, à l’époque des violences commises à Notre-Dame de Bétharram. « Comme je m’y étais engagé, les faits et documents qui prouvent le caractère fallacieux des accusations portées contre moi dans l’affaire Bétharram viennent d’être mis en ligne », a annoncé le Premier ministre vendredi 23 mai.

Trois jours plus tôt, il avait été attaqué, à l’Assemblée nationale, par la députée de La France insoumise Sarah Legrain, au sujet d’une contradiction dans sa défense. En réponse, il avait déclaré vouloir, « dans les 48 heures, (…) mettre en ligne la totalité des documents (…) qui montreront que ces accusations sont scandaleusement inexactes et qui, je l’espère, permettront à tous ceux qui sont intéressés de se faire une opinion loyale ».

Sauvegarde de la page bayrou.fr datée du 24 mai, 7h15, via Archive.today

Le site a toutefois rapidement connu quelques difficultés d’accès, relevées dès vendredi par France Info, avant de devenir totalement inaccessible. Mardi matin, le Premier ministre s’en est expliqué au micro de BFMTV, et s’est dit victime d’une cyberattaque massive. « Nous avons mis en ligne ces documents vendredi soir, et dimanche, il y a une cyberattaque massive pour faire sauter le site », avance-t-il. « On a remis en ligne et il y a encore eu une attaque plus massive », ajoute-t-il encore.

Les sites archive.org et archive.is conservent une trace du site tel qu’il se présentait dans la journée du samedi 24 mai : une dizaine de pages, agencées comme un argumentaire, avec un propos liminaire, plusieurs grandes parties consacrées aux principales accusations formulées à l’encontre de François Bayrou, suivies d’une conclusion. En bas de chaque page figurent un ensemble de liens faisant office d’annexes et pointant vers des documents censés attester la véracité des propos du Premier ministre. Si certains de ces contenus peuvent être retrouvés (des extraits d’audition vidéo ont par exemple été référencés sur une chaîne YouTube manifestement créée pour l’occasion), les pièces diffusées en PDF n’ont quant à elles pas été archivées publiquement.

L’hébergeur confirme

Les mentions légales n’ont pas été archivées, mais le Monde a remarqué que la page dédiée faisait apparaître les coordonnées de Planet Services, la société parisienne qui fait déjà office de prestataire d’hébergement pour le site du MoDem. Contacté par nos soins, ce dernier délivre une simple phrase de commentaire : « Oui, il y a bien une attaque dimanche, une autre lundi et ils ont décidé de changer d’hébergeur ».

L’analyse des informations associées au domaine bayrou.fr indiquent un changement en date du dimanche 25 mai, avec des enregistrement DNS qui franchissent l’Atlantique. Ils passent de Domainoo (bureau d’enregistrement de noms de domaine par lequel passe régulièrement le MoDem) à des adresses opérées par Cloudflare, poids lourd américain du Web, qui revendique de solides capacités en matière de gestion d’attaques de type DDoS. Mardi midi, le site bayrou.fr renvoie bien d’abord vers une passerelle Cloudflare, puis vers Azure Front Door, le CDN (Content Delivery Network) de Microsoft, qui vise lui aussi à protéger contre les attaques par déni de service.

Le domaine bayrou.fr, enregistré via Domainoo par le MoDem, pointe vers les DNS de Cloudflare depuis le 25 mai

Les documents constituant cette défense seront-ils remis en ligne et si oui, où et comment ? « Si votre site Internet bugue, il y a d’autres moyens de les donner », remarque Apolline de Malherbe au micro de BFMTV. « Je vous transmettrai la totalité des documents et vous les mettrez en ligne aussi », répond François Bayrou.

☕️ Roumanie : une société française aurait contribué aux ingérences d’extrême-droite

27 mai 2025 à 10:48

Un réseau de quinze sites web, dont trois ont activement republié du contenu de médias d’extrême-droite, seraient reliés à la société française DirectWay, selon les travaux de DFRLab. 


La société est aussi liée à l’agrégateur d’information Ziar.com et anime le compte X @_Direct_News, deux outils qui ont servi à diffuser de la désinformation, et notamment à amplifier les accusations d’ingérence… de la France et de l’Union européenne dans les élections roumaines.

Alors que la Roumanie retournait aux urnes ces 4 et 18 mai, DFRLab constate que Ziar.com et DirectNews ont activement participé à amplifier la thèse de l’échec du candidat pro-européen Nicușor Dan (celui-ci a finalement remporté 53,6 % des voix au second tour).

Ziar.com a notamment promu en page d’accueil plusieurs médias d’extrême-droite, dont Realitatea Plus, ActiveNews et Gândul. Realitatea Plus a par ailleurs été condamné à une amende de 10 000 lei (environ 2 000 euros) pour diffusion illégale de matériel de campagne en faveur du candidat d’extrême-droite George Simion le jour des élections.

Sur X, le compte DirectNews a diffusé une fausse victoire de George Simion, s’aidant d’une capture de Realitatea Plus affirmant que le candidat d’extrême-droite avait obtenu 52 % des voix (il en a remporté 46,4 % au second tour).

element5digital/Unsplash

DFRLab constate que ces deux outils sont liés à un réseau de quinze sites qui diffusent des informations génériques ou liées à l’actualité roumaine à une audience francophone. Ces sites sont liés au portail d’actualité africain.info, qui lui-même semble cibler plusieurs pays africains par le biais d’agrégateurs spécifiques à chacun d’entre eux. De 2017 à 2025, le réseau aurait ciblé jusqu’à 13 pays francophones avant d’être redirigé à destination de tous les pays d’Afrique et 47 pays d’Asie.

D’après DFRLab, l’administrateur de ce réseau de sites, qui en comprend aussi deux dédiés à l’homéopathie et aux traitements par les plantes, est un ressortissant roumain installé à Lyon. La personne est aussi le patron de DirectWay.

Informatique quantique : Quandela déroule son plan pour atteindre la suprématie quantique

27 mai 2025 à 10:02
Guerlain a-t-elle commandé des machines ?
Informatique quantique : Quandela déroule son plan pour atteindre la suprématie quantique

Quandela passe à 12 qubits avec son processeur quantique Belenos et prévoit d’arriver à 24 qubits l’année prochaine avec Canopus. Dans trois ans, la start-up veut « développer un ordinateur quantique de plus de 40 qubits, dont la puissance dépassera les capacités de simulation de tout ordinateur conventionnel ».

Fin 2022, Quandela mettait en service Ascella, un processeur quantique (on parle parfois de QPU pour Quantum Processing Unit, en référence aux CPU) photonique avec six qubits, accessible via le cloud. Depuis, la start-up française s’est frayée un chemin jusque sur le site d’OVHcloud, à Croix, dans les Hauts-de-France.

L’hébergeur a, en effet, inauguré début 2024 une machine MosaiQ – une version pensée pour les datacenters – avec deux qubits photoniques. Selon les configurations, MosaiQ peut grimper jusqu’à 12 qubits, voire 24 qubits avec deux machines MosaiQ (2x 12 qubits). Ces dernières sont « basées sur l’architecture générale du QPU Ascella », explique le fabricant.

Belenos passe à 12 qubits photoniques

Quandela passe maintenant la seconde avec son processeur quantique Belenos avec 12 qubits, présenté comme « l’ordinateur quantique photonique le plus puissant au monde ». Attention, ce n’est pas la machine quantique la plus puissante au monde, c’est « uniquement » dans la catégorie de celles utilisant des photons comme qubits. Il existe plusieurs autres approches.

« Belenos offre une puissance de calcul 4 000 fois supérieure à celle de la génération précédente », affirme la jeune pousse française. Belenos est accessible via le cloud aux partenaires commerciaux et industriels. « La première version entièrement intégrée sera livrée dans un supercalculateur à la fin de l’année 2025 ». Elle sera installée à EuroHPC/GENCI (opérée au Très Grand Centre de Calcul alias TGCC) du CEA.

La précédente machine de Quandela accessible via le cloud était Ascella, lancée durant l’automne 2022, avec 6 qubits. Altair est une version intermédiaire avec 10 qubits. Belenos était prévu pour fin 2024, la machine est donc arrivée un peu en retard.

24 qubits avec Canopus dès 2026

L’année prochaine devrait arriver Canopus, avec 24 qubits et une multiplication par « 16 millions » de la puissance de calcul. Les amateurs de mathématique l’auront remarqué : 4 000²= 16 000 000, et ce n’est pas un hasard. On vous explique.

Avec un qubit, nous avons deux états : 0 et 1. Avec deux qubits, on double, soit 2² états (4 états : 00, 01, 10 et 11). Avec trois qubits, nous passons à 2³ (8 états : 000, 001, 010, 011, 100, 101, 110 et 111), etc. On arrive donc à 2⁶ pour 6 qubits (on vous épargne la liste de tous les états), soit 64 états. Avec 2¹² (12 qubits) on passe à 4 096, soit environ 4 000 de plus qu’avec 6 qubits (2⁶). Nous arrivons enfin à plus de 16 millions avec 24 qubits (2²⁴).

C’est pour cela que Quandela annonce « une augmentation de 16 millions de fois la puissance de calcul » avec 24 qubits et de 4 000 avec 12 qubits.

Des qubits logiques avec Andromeda et Draco

Attention à un changement important en 2027 (sauf retard bien évidemment) : Quandela parle de qubits logiques à partir de la génération Diadem de ses processeurs quantiques. Il s’agit pour rappel de rassembler plusieurs qubits physiques pour ne former qu’un seul qubit logique, et ainsi réduire le taux d’erreur.

L’addition peut rapidement grimper, comme le rappelle le CNRS dans un article qui a déjà quelques années (les données peuvent donc évoluer) : « on estime qu’il faudrait 1 000 – voire 10 000 – qubits physiques pour chaque qubit logique utilisable pour les calculs. Autrement dit, l’ordinateur quantique idéal devrait comporter non pas quelques milliers de qubits, mais quelques millions ! ».

Dans la feuille de route, le QPU Diadem devrait avoir 100 qubits physiques dès 2027, puis un « cluster photonique » Andromeda avec 10 qubits logiques, mais sans précision sur le nombre de qubits physiques nécessaires pour arriver à ce résultat. Viendra ensuite Draco avec 50 qubits logiques, là encore sans indication sur le nombre de qubits physiques nécessaires.

La suprématie quantique en ligne de mire

Dans les trois prochaines année, Quandela prévoit de « développer un ordinateur quantique de plus de 40 qubits, dont la puissance dépassera les capacités de simulation de tout ordinateur conventionnel ». 2⁴⁰ donne près de 1 100 milliards.

Google avait déjà annoncé en 2019 avoir atteint la suprématie quantique, mais cette affirmation avait été battue en brèche par IBM. En Europe, des chercheurs parlaient pour leur part d’avantage quantique en 2021, une différence sémantique importante.

Quoi qu’il en soit, « on est à un point de bifurcation », affirmait Philippe Chomaz, directeur scientifique à la direction de la recherche fondamentale du CEA. Maintenant, savoir « si on a passé le point de bifurcation ou pas exactement, ce n’est pas là qu’est le débat », ajoutait-il.

☕️ Demander la permission des artistes « tuerait » l’industrie de l’IA, pour Nick Clegg

27 mai 2025 à 07:14

En plein débat sur la régulation de l’intelligence artificielle au Royaume-Uni, l’ancien directeur des affaires publiques de Meta, Nick Clegg, a affirmé que rendre le consentement des artistes obligatoire avant le traitement de leurs données risquerait de « tuer » l’industrie de l’IA.

Alors qu’il faisait la promotion de son dernier livre, Nick Clegg, par ailleurs vice-Premier Ministre du Royaume-Uni de 2010 à 2015, a estimé que les artistes devraient avoir le droit de retirer leurs œuvres (opt out) de jeux d’entraînements.

En revanche, relaie le Times, il a déclaré impossible de demander leur consentement avant de constituer les bases de données en question :

« Je ne vois pas comment on peut demander à tout le monde d’abord. Je ne vois pas comment cela pourrait fonctionner. Et d’ailleurs, si vous le faisiez en Grande-Bretagne et que personne d’autre ne le faisait, vous tueriez du jour au lendemain l’industrie de l’IA dans ce pays. »

Les propos de Nick Clegg font écho à ceux d’OpenAI, qui affirmait en mars que la course à l’IA serait « terminée » si la société ne gardait pas la possibilité d’accéder à toutes les données comme elle le souhaitait.

Avalanche de copyrights par Flock

Ces déclarations se font alors que le Royaume-Uni débat depuis quelques mois de la manière de régir l’explosion de l’IA. En février, artistes et médias se mobilisaient pour éviter qu’une exception au droit d’auteur ne soit créée.

Dans le cadre de la négociation de la Data (Use and Access) Bill, Paul McCartney, Dua Lipa, Elton John et des centaines d’autres ont signé une nouvelle lettre ouverte en mai pour demander à ce que les sociétés d’IA rendent publics les travaux sous droits d’auteur utilisés pour entraîner leurs machines.

En France, un collectif de 450 artistes dont Jean-Michel Jarre, Étienne Daho et Yael Naim appelait il y a deux jours à un plan de sauvegarde de la création musicale humaine.

☕️ L’application Carte Vitale activable sans France Identité dans 46 départements

27 mai 2025 à 06:55

L’application mobile Carte Vitale permet d’obtenir une alternative à la carte physique, sans pour autant la remplacer. Elle fournit également plusieurs autres services, dont la consultation de tous les derniers paiements effectués chez les professionnels de santé, notamment les pharmacies.

Elle a été lancée en mars sur Android et iOS, avec une disponibilité sur l’ensemble du territoire. Le moyen privilégié pour se connecter est France Identité, ce qui suppose de posséder la carte d’identité au format carte bancaire et de l’avoir enregistrée dans le service. Cependant, pour 23 départements, il était possible de s’en passer.

Comme l’ont signalé hier nos confrères d’iGen, l’activation sans France Identité est désormais disponible dans 46 départements. Les régions concernées sont Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Normandie, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce mécanisme sera étendu à la totalité des départements d’ici la fin de l’année.

Sur la fiche de l’application, on peut lire que l’activation nécessite quand même d’avoir un smartphone compatible, d’être affilié à un organisme de l’assurance maladie ouvert à l’appli carte Vitale et de disposer d’une pièce d’identité valide. Là encore, d’ici la fin de l’année, tous les régimes d’assurance maladie seront pris en charge par l’application.

Dans les notes de mise à jour, on peut lire un rappel sur l’équipement progressif des professionnels de santé.

Reçu hier — 26 mai 2025Next - Articles gratuits

Création ou (dés)info, la nouvelle IA vidéo Veo 3 n’en finit pas d’inquiéter

26 mai 2025 à 15:20
Cette fois, Veo3 fait vraiment des vidéos
Création ou (dés)info, la nouvelle IA vidéo Veo 3 n’en finit pas d’inquiéter

Tout juste lancée par Google, la nouvelle IA générative Veo 3 ajoute pour la première fois le son à l’image animée et parvient à produire, à partir d’un simple prompt, des vidéos dont le réalisme interpelle aussi bien les professionnels de l’information que ceux de la création.

La compilation, publiée sur Reddit le 23 mai dernier, donne en cinq minutes un bon aperçu des capacités de Veo 3. Ici, une séquence de micro-trottoir. Là, un trio à l’œuvre dans un salon qui rappelle celui de la série Mariés deux enfants. Plus loin, un stand-upper lors d’une scène ouverte, avant une séquence plus vraie que nature pendant laquelle un streamer commente une partie de Fortnite. Et pour finir, un reportage sous les projecteurs d’un salon de l’automobile.

Le tout, plus vrai que nature, et il faut se forcer à une certaine vigilance pour discerner, derrière le photoréalisme et les codes esthétiques conformes aux canons d’un JT, d’une sitcom ou d’un film hollywoodien, l’œuvre d’une IA générative.

Google Veo 3 realism just broke the Internet yesterday.

This is 100% AI

10 wild examples:

1. Street interview that never happened pic.twitter.com/qdxZVhOO3G

— Min Choi (@minchoi) May 22, 2025

Ces vidéos, qui circulent massivement sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, sont l’oeuvre de Veo 3, la dernière version en date de l’IA vidéo de Google. Dévoilée le 20 mai dernier, elle inaugure une capacité qui faisait jusqu’ici défaut aux Sora, DeepBrain et autres Runway : l’ajout d’une bande son à l’image animée, avec un traitement cohérent de l’audio et de la vidéo. Bref, cette fois, Veo 3 fait vraiment des vidéos et, pour ne rien gâcher, Google adjoint à son générateur un autre outil basé sur l’IA, une application de montage baptisée Flow.

Déferlante de vidéos fake en vue ?

Veo3 est accessible au travers du forfait AI Pro de Google, facturé 250 dollars par mois et dont l’accès est pour l’instant limité aux États-Unis. L’outil n’est donc pas encore massivement disponible pour le grand public, mais ses capacités interrogent, voire inquiètent : sous sa forme actuelle, Veo3 permet en effet de produire massivement, et à relativement peu de frais, des séquences vidéo crédibles, à défaut d’être toujours réalistes.

On se souvient, au mois de mars, de la mode des images générées selon le style Ghibli, qui prolifèrent encore sur les réseaux sociaux, alors que Hayao Miyazaki a très ouvertement exprimé son aversion pour la génération automatique. Le même phénomène est-il à prévoir, mais avec des séquences vidéo cette fois ? « Veo 3 est le rêve de tout vendeur de déchets », titre Allison Johnson chez The Verge, reprenant la formule consacrée du slop, qui désigne les médias de mauvaise qualité massivement générés par IA.

Après quelques heures de test, elle constate que des garde-fous ont été mis en place (il n’est pas possible de générer une scène violente ou de mettre en scène une personnalité connue), mais souligne qu’il est tout de même possible de générer des images « dérangeantes ».

« À partir de ma propre photo du mont Rainier, j’ai créé une vidéo d’éruption, avec de la fumée et de la lave. Ajoutez à cela un extrait d’un présentateur de journal télévisé annonçant la catastrophe et je comprends comment on pourrait facilement semer la zizanie avec cet outil », décrit-elle.

Arme de désinformation massive ?

L’actualité récente donne un écho à cette question. Lundi matin, une vidéo prise à l’arrivée de l’avion présidentiel français au Vietnam défraie la chronique sur les réseaux sociaux. On y voit le bras de Brigitte Macron, dont le corps et le visage sont hors-champ, repousser le visage d’Emmanuel Macron, dans un geste qui pourrait s’apparenter à une claque. S’agit-il d’un jeu affectueux ou d’une expression de colère ?

D’après le Parisien, la première réaction de l’Élysée a été de démentir la véracité des images en suggérant que ces dernières avaient été générées par une IA, avant d’affirmer qu’il s’agissait d’une marque de complicité entre les deux époux. Dans ce cas précis, le caractère exceptionnel du moment permet assez facilement d’attester la véracité des images, mais qu’en sera-t-il pour des vidéos mettant en scène des anonymes ou des moments de vie plus ordinaires ?

Both video and audio is AI but it feels so real. #Veo3 pic.twitter.com/yOdNyX89Hc

— László Gaál (@laszlogaal_) May 26, 2025

« Concernant l’information, il ne va pas falloir attendre longtemps pour que les agents de la désinformation s’emparent de l’outil pour déstabiliser l’opinion et affaiblir encore davantage le lien de confiance. Ne plus pouvoir distinguer le faux revient également à douter du vrai et j’ai du mal à savoir comment nous allons collectivement trouver les solutions. Imposer des marqueurs d’authenticité, utiliser des logiciels de vérification, peut-être, mais ces remèdes auront toujours un train de retard par rapport au poison de la désinformation », estime François Saltiel de France Culture dans une chronique qui assimile Veo 3 à une menace de « chaos informationnel ».

Le septième art bientôt touché de plein fouet par la vague ?

En ce joli mois de mai, les grandes conférences dédiées aux développeurs de Google ou de Microsoft rencontrent dans l’actualité un autre temps fort, culturel cette fois : le festival de Cannes, où l’IA s’est invitée de façon diffuse cette année. Elle y figure comme protagoniste du énième volet de la saga Mission Impossible, mais anime aussi les conversations et les démonstrations du village dédié aux solutions innovantes, relate France 24.

Non sans humour, c’est grâce à l’IA générative que le cinéaste danois Christian E. Christiansen a récemment synthétisé les questions existentielles d’une partie de l’industrie. Son court-métrage, baptisé The Killing of a Business, fait s’interroger tous les grands métiers du cinéma dans une succession rapide de séquences qui donne à la vidéo des allures de clips. Intonations, éclairages, intervenants qui se coupent à la parole, pirouette humoristique, amènent, ou plutôt ramènent, à l’éternel clivage entre considérations artistiques et pratiques mercantiles.

Avec une IA qui, tout de même, change la donne. « Allez tout le monde, on a 47 prises de la même scène à faire aujourd’hui », lance un réalisateur à ses équipes en studio. « Ou alors on laisse l’IA le faire en seulement trois minutes », lâche son producteur en passant à côté de lui, sans même lever les yeux de son smartphone.

Copier n’est pas créer

Dans la mesure où il permet enfin de générer des vidéos « abouties », Veo 3 remet également sur la table l’épineuse question de l’entraînement des modèles. 404 Media relate par exemple comment Veo 3 recycle à l’envi le même jeu de mot facile (basé sur la proximité phonétique entre shit zoo, soit « zoo de merde » et shih tzu, la race de chien) quand on lui demande de générer une séquence montrant un stand upper en train de dire une blague sur scène.

Pourquoi le modèle se limite-t-il à ce jeu de mot, alors même que Gemini, autre production Google, est capable de fournir des réponses aussi subtiles que variées ? « Il est impossible de dire ce que Veo 3 fait en coulisses sans l’avis de Google, mais une théorie possible est qu’il se contente d’une blague sûre et connue, plutôt que de produire le type de contenu qui a embarrassé l’entreprise dans le passé », remarque 404.

Avec ses séquences limitées à 8 secondes (et une limitation, non spécifiée publiquement, dans le volume de vidéos qu’il est possible de créer par jour), Veo n’aura dans les premiers temps qu’une portée limitée, mais ses possibilités n’ont pas fini d’intriguer. « Alors que les vidéos hyperréalistes générées par l’IA deviennent encore plus faciles à produire, le monde n’a même pas encore commencé à déterminer comment gérer la paternité, le consentement, les droits et l’avenir de l’industrie cinématographique », résume Axios. En attendant, certains s’en donnent à cœur joie.

🎥 BEHIND THE SCENES : Aliens make a historical documentary about humans long after their extinction 😅 Made in one hour with #veo3 pic.twitter.com/QqlCZgvZY8

👁LOOOP💥 (@strangelooptv) May 26, 2025

Salariat déguisé, risques psychosociaux… chez Telus, des travailleurs du clic licenciés

26 mai 2025 à 15:02
Clicenciés
Salariat déguisé, risques psychosociaux… chez Telus, des travailleurs du clic licenciés

Contestées, les pratiques sociales de Telus International offrent un aperçu de problématiques récurrentes dans l’industrie du travail des données (modération, annotation, etc).

Début avril, 2 059 personnes travaillant dans les bureaux barcelonais de Telus Digital étaient licenciées. Méconnu du public, Telus est l’un des plus gros acteurs de la modération de contenus européens pour Meta, Google ou encore TikTok, aux côtés de Appen, Teleperformance ou Sama.

Devant la coupe dans ses effectifs, l’activiste numérique Xavier Brandao exprimait son inquiétude auprès de Next, alors même que le nombre de modérateurs francophones d’un Meta, propriétaire de Facebook, Instagram, Thread et WhatsApp, était déjà très faible (540 personnes francophones en 2024). Le licenciement barcelonais aurait en effet suivi la perte du contrat qui liait Telus à Meta, alors que Mark Zuckerberg annonçait en début d’année profondément revoir les pratiques de modération de sa société.

Si la publication d’offres de recrutement du côté de Sofia, en Bulgarie, où l’entreprise canadienne possède un autre centre de modération, laissent penser qu’une partie des emplois supprimés seront remplacés, le plan social espagnol n’était pas le premier. Au contraire, détaille Le Monde, Telus International fait même face à diverses accusations de mauvaise gestion de ses travailleurs.

En France, explique le quotidien, elle a été condamnée en janvier aux prud’hommes à verser 20 000 euros d’indemnités à un ex-travailleurs employé en freelance. La décision suggère que certaines pratiques adoptées par Telus vis-à-vis de ses modérateurs-autoentrepreneurs s’apparentent à du salariat déguisé.

Un géant canadien pour gérer nos données

Créé en 1990 au Canada, Telus International revendique 80 000 salariés dans le monde et propose une variété de produits numériques dans des industries comme la santé, les jeux vidéos ou l’automobile. En 2021, elle a racheté Lionbridge AI, un autre leader de l’industrie du business processing outsourcing (BPO, ou externalisation des processus métier).

Forte d’une installation sur tous les continents, ses équipes traitent une part non négligeable des données que les internautes font circuler sur les plus grandes plateformes numériques. Mais ces activités ne se font pas sans tensions.

Aux États-Unis, Telus a par exemple été critiquée pour payer des parents 50 dollars s’ils acceptaient de filmer leurs enfants habillés de divers accessoires (une manière d’entraîner des modèles d’IA). En Espagne, des syndicats avaient déjà dénoncé un projet de suspension des contrats de 680 modérateurs hispanophones, critiqué pour être une tentative déguisée de délocalisation vers l’Amérique latine.

En 2024, l’entreprise a par ailleurs été condamnée pour discrimination : les salaires des modérateurs variaient selon la langue pratiquée. Alors qu’un salarié sur cinq était en arrêt maladie en début d’années 2024, Telus International a aussi été condamnée à 41 000 euros d’amende pour mauvaise prise en compte des risques psychosociaux de ses équipes. La justice avait qualifié de « maladie professionnelle » les troubles psychologiques subis à la suite d’activités de modération.

Reconnaissance des emplois de modération

En France, en janvier, la justice a estimé qu’Alexandre Manet, un travailleur du clic qui réalisait des microfiches pour Lionbridge puis Telus depuis douze ans, avait beau le faire sous le statut d’autoentrepreneur, il était dans une situation de salariat. En effet, Telus était son seul client, il n’avait pas le choix des tâches à effectuer, qui étaient par ailleurs chronométrées…

Le Monde rapproche cette décision de celles obtenues par des livreurs travaillant pour d’autres sociétés de plateformes. Take Eat Easy et Deliveroo ont ainsi chacun été condamnés à payer des indemnités ou des amendes à la suite d’abus du statut de travailleur indépendant.

Alors que des employés du centre d’Izmir (en Turquie) ont été licenciés après avoir tenté de créer une section syndicale, ou qu’en Allemagne, un candidat aux élections professionnelles a été suspendu, les difficultés des travailleurs de Telus ressemblent à celle de beaucoup d’autres modérateurs, en Afrique et ailleurs dans le monde.

Au Parlement européen, plusieurs d’entre eux témoignaient fin 2024 de l’instabilité extrême de leur activité, et appelaient les eurodéputés à mieux réguler l’industrie du travail des données.

☕️ Trump brandit la menace d’une taxe de 25 % sur les smartphones produits ailleurs

26 mai 2025 à 11:07

Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a évoqué son projet d’imposer des droits de douane de 25 % sur l’iPhone. Pourquoi ? Parce qu’Apple a augmenté ses investissements en Inde pour y développer la production de ses téléphones. Or, la Maison-Blanche veut que des iPhone soient produits sur le sol américain.

Bloomberg s’est penché sur la question et a posé la question : ces droits de douane ne concernent-ils qu’Apple ? Non, a répondu le président américain : « Ce serait également le cas pour Samsung et tous ceux qui fabriquent ce produit, sinon ce ne serait pas juste ». Il a ajouté que ces taxes étaient prêtes et pouvaient être activées d’ici la fin juin.

iPhone 15

Comme l’indiquent nos confrères, cette brusque tension entre Donald Trump et Apple prend place quelques jours après une rencontre au sommet entre le président et Tim Cook, CEO de l’entreprise, à la Maison-Blanche. « Il a dit qu’il allait en Inde pour construire des usines. J’ai dit que c’était bien d’aller en Inde, mais qu’il ne vendrait pas ses produits ici sans droits de douane, et que c’était comme ça », a indiqué Donald Trump.

Apple n’aurait pourtant aucune intention de rapatrier une partie de sa production aux États-Unis, selon plusieurs analystes. La raison en serait simple : une facture bien trop élevée. Selon Ming-Chi Kuo notamment, il est moins néfaste financièrement d’être frappé d’une taxe de 25 % que d’ouvrir des usines aux États-Unis. L’opération pourrait couter des centaines de milliards de dollars, pointe iGen, qui cite Apple Insider.

Si les parties n’arrivent pas à s’entendre, se posera alors la question de la manière dont Apple fera face à ces droits de douane. Répercuter directement les 25 % serait une option, au prix sans doute de ventes durement touchées. On imagine mal Apple absorber le choc, mais il lui reste la possibilité d’absorber une partie des droits de douane en rognant sur ses marges confortables.

☕️ Firefox 138 : barre d’adresse optimisée et nouvelles options de recherche

26 mai 2025 à 07:57

Firefox, actuellement en version 138.0.4, voit le fonctionnement de sa barre d’adresse mis à jour avec une interface censée faciliter le choix de l’utilisateur en matière de recherche et de nouvelles options. Ceci vise à simplifier la gestion des réglages du navigateur.

La première de ces nouveautés, détaillées le 23 mai dernier, concerne la façon dont réagit la barre d’adresse quand l’internaute réalise une recherche sur le Web. L’utilisateur saisit sa requête au niveau de la barre d’adresse, qui interroge automatiquement le moteur sélectionné par défaut. L’icône de ce dernier apparait désormais de façon visible au déclenchement de la recherche, et prend la forme de ce que Mozilla qualifie de « bouton de recherche unifié ».

Il donne accès à un menu déroulant qui permet de lancer à nouveau la recherche sur une sélection de moteurs de recherche, mais aussi dans les favoris, les onglets ouverts ou l’historique du navigateur.

Le bouton de recherche unifié permet de basculer vers un autre moteur ou un autre périmètre

Plutôt que d’afficher l’URL de la page de résultats de recherche, Firefox conserve maintenant les mots clés de la requête initiale, une modification censée faciliter le lancement d’une nouvelle recherche (précisée par des mots clés supplémentaires ou opérée via un outil différent). L’URL de destination reste accessible au moyen de la mappemonde bleue inscrite du côté droit de la barre d’adresse.

La sélection peut aussi être réalisée au clavier, directement dans la barre d’adresse, en utilisant @ suivi de l’outil ou du périmètre de recherche souhaité (@wikipedia ou @historique par exemple).

Cette logique de raccourcis s’étend également à ce que Mozilla nomme les « actions rapides », accessibles via la commande @actions. Ces dernières permettent par exemple de lancer, depuis la barre d’adresse, une mise à jour du navigateur, la réalisation d’une capture d’écrans, ou l’affichage du code source de la page. Bien que certaines de ces actions soient déjà disponibles au travers de raccourcis clavier courants, Mozilla estime qu’elles transforment la barre d’adresse « en un outil de productivité pratique, idéal pour les utilisateurs qui souhaitent garder le fil ».

La commande @actions permet d’accéder à de nombreux paramètres depuis la barre d’adresse

Dans la même veine, Firefox peut maintenant suggérer un onglet si la requête en cours correspond au titre d’une page déjà ouverte.

☕️ Alan remplace la mutuelle historique de Bercy

26 mai 2025 à 07:25

L’assureur Alan a remporté un appel d’offres du ministère de l’Économie et des Finances. Après l’Élysée, les services du premier ministre et le ministère de la Transition écologique, il remporte un appel d’offre sur la partie « santé » de Bercy, rapporte Acteurs publics, ce qui lui permet de couvrir 130 000 agents en exercice.

Ce faisant, il remplace l’historique MGEFI (groupe Matmut), et prend la place de grand gagnant de la réforme de la protection sociale des fonctionnaires. 


Le choix d’Alan, fondé en 2016 par Jean-Charles Samuelian-Werve et Charles Gorintin, irrite. Auprès d’acteurs publics, une source syndicale regrette que « tout le passé mutualiste et social qui a été construit pendant des décennies s’arrête net ». Alan promet une gestion totalement en ligne, quand l’acteur initial avait établi un « réseau de proximité, d’actions de prévention et d’assemblées générales pour favoriser les échanges ».

Alors que la CGT-finances s’inquiétait de la taille démesurée du marché (134 000 actifs, 120 000 retraités, et leur plus de 100 000 ayant-droits cumulés) pour une start-up ayant dégagé 500 millions d’euros de revenus en 2024, le directeur général du groupe Matmut a annoncé « étudier les voies de recours possibles ».

La MGEFI dispose d’un délai de onze jours pour faire appel et tenter de renverser le résultat de l’appel d’offre.

☕️ Le noyau Linux 6.15 débarque avec une longue liste de nouveautés

26 mai 2025 à 07:08

Nouvelle version pour le noyau Linux, avec une liste particulièrement importante d’améliorations sur le plan matériel. C’est notamment vrai pour la prise en charge des processeurs Intel et AMD en général, entre optimisations pour des fonctions existantes (codes CRC pour les puces supportant AVX-512) et support de technologies sur les dernières générations.

C’est le cas pour l’architecture Zen 5 d’AMD qui continue de recevoir de l’attention. Les évènements de performances prennent ainsi en charge le filtrage de la latence de charge et des calculs AES-CTR plus rapides. Le support de l’architecture RISC-V continue de grandir avec la prise en charge de BFloat16 et de plusieurs autres instructions.

On note également des améliorations significatives sur le code lié à Intel TDX, le support du SoC Versal NET d’AMD, une meilleure prise en charge de divers autres SoC (Arm Morello, Apple T2, MNT Reform 2…), divers progrès dans le pilote AMD P-State, les premières briques pour le support d’Intel APX, ou encore le support des Raptor Lake S d’Intel dans le pilote EDAC.

Photographie de Long Ma pour Unsplash
Long Ma pour Unsplash

Du neuf sur le terrain des GPU, avec l’apparition des premiers éléments pour le successeur de Nouveau, le pilote open source pour les puces NVIDIA. Le nouveau venu, baptisé Nova, est écrit en Rust et s’appuie sur le GSP (GPU System Processor) de NVIDIA. Il ne s’agit que d’une base élémentaire, non exploitable par les utilisateurs, mais sur laquelle l’équipe s’appuiera pour progresser.

Côté GPU, tout le monde ou presque reçoit des améliorations. On en note plusieurs pour les puces Intel Xe, dont le support de la Shared Virtual Memory et de la température de la VRAM via le pilote. On remarque aussi le support de la vitesse des ventilateurs pour les Radeon RX 9070, dont l’information peut être donnée désormais par le pilote. Pour l’ensemble des GPU, le noyau 6.15 introduit en outre une méthode standardisée pour faire remonter des messages en espace utilisateur quand un GPU ne répond pas, même temporairement.

Parmi les autres améliorations, signalons une suppression beaucoup plus rapide des fichiers pour exFAT, le support des noms de plus de 1 024 caractères pour le système de fichiers FUSE, la prise en charge du paramètre zero-copy pour la réception des données réseau pour le sous-système io_uring, la suppression du support des systèmes 32 bits possédant plus de 8 CPU et/ou plus de 4 Go de mémoire, ou encore le support de la Touch Bar des Mac (qui n’est plus proposée par Apple depuis des années).

Si l’anglais ne vous fait pas peur, Phoronix a fait un gros récapitulatif des nouveautés de cette version 6.15. Comme toujours, la disponibilité du noyau dépend du système utilisé.

Tracking publicitaire : Google et Meta entendent rappeler à l’Europe ce qu’elle leur doit

26 mai 2025 à 06:30
Chargez !
Tracking publicitaire : Google et Meta entendent rappeler à l’Europe ce qu’elle leur doit

Les GAFAM sont dans le collimateur de l’Europe pour de multiples raisons. Le pistage publicitaire est l’une d’elles, avec des condamnations à la clé pour Google et Meta. En l’espace d’une semaine, les deux entreprises ont pourtant publié des billets de blog, tentant de rappeler – gros chiffres et études à l’appui – tout ce que le Vieux continent doit aux publicités.

Google et Meta, toutes deux largement portées par la publicité, ont un problème avec l’Europe. Les condamnations se sont enchainées sur les dernières années, que ce soit pour des questions d’abus de position dominante ou à cause de la publicité personnalisée.

Dans ce dernier domaine, Meta s’est attiré les foudres de la Commission européenne par son approche « Payer ou consentir ». Des abonnements proposaient ainsi de supprimer toutes les publicités sur Facebook et Instagram. Mais ce n’est pas ce que la Commission avait demandé : il fallait obtenir un consentement clair des internautes avant de brasser leurs données personnelles pour personnaliser les publicités. Le choix binaire offert par Meta, qui n’apportait en outre pas de solution au problème soulevé, a donc été sanctionné en vertu du DMA.

Des milliards et des milliards

Dans une publication datée du 22 mai, Google veut donner un jour plus positif sur son activité première. La firme met en avant une étude d’Implement Consulting Group, qu’elle a elle-même commandée. Les conclusions ne sont donc guère surprenantes.

Selon ce rapport, les publicités personnalisées généreraient chaque année 100 milliards d’euros de vente additionnelles pour les entreprises installées dans l’Union. La contribution au PIB européen serait de 25 milliards d’euros et ces contenus soutiendraient plus ou moins directement 570 000 emplois.

Toujours dans ce rapport, on peut lire que les PME et jeunes entreprises bénéficieraient à hauteur de 80 milliards d’euros par an de revenus supplémentaires, ce qui contribuerait « à uniformiser les règles du jeu ». En outre, 75 % des PME auraient déclaré qu’elles auraient du mal à trouver des clients si ces publicités n’existaient pas. Le rapport insiste, en affirmant que ces contenus sont « peu coûteux et efficaces ».

Autre point majeur soulevé par le rapport, les éditeurs gagneraient deux fois plus en vendant de la publicité personnalisée que contextuelle, générant un surplus estimé à 10 milliards d’euros. Et tout le monde s’y retrouverait puisque 75 % des consommateurs européens préfèreraient le modèle actuel de contenus personnalisés. Plus loin dans le rapport, ICG précise que « 75 % des consommateurs européens préfèrent le modèle actuel de l’internet, où l’accès au contenu est financé par des publicités ciblées, à un scénario où la majorité des sites et des applications s’autofinanceraient par le biais d’abonnements ».

Un avenir scintillant

Et l’Europe aurait de quoi se réjouir, puisque d’ici 2030 l’IA générative aura complètement transformé le paysage numérique, ce qui « pourrait générer 250 milliards d’euros de ventes supplémentaires pour les entreprises de l’UE ». Une somme telle qu’elle reviendrait à soutenir 1,4 million d’emplois, boostant la contribution au PIB européen à hauteur de 60 milliards d’euros.

Mais pour qu’un tel miracle se produise, il faut que le cadre politique suive. Selon le rapport, il devrait donner la priorité à l’innovation, trouver un équilibre entre innovation et protection des consommateurs ou encore simplifier la règlementation. Sur ce point, les débats en cours sur la simplification du RGPD doivent être suivis de près par Google.

Le rapport va cependant plus loin : « Plutôt que d’introduire prématurément de nouvelles règles, l’Europe devrait procéder à des contrôles de compétitivité et rationaliser les règles relatives à la publicité numérique afin de permettre aux entreprises de l’UE de fonctionner efficacement et de continuer à innover ». On devine en creux la charge contre le DMA et l’AI Act. Cette même publicité est aussi à la base du modèle commercial de nombreux médias, qui sans elle n’existeraient plus. Ce serait aussi vrai pour « les petits sites web spécialisés que pour les grands médias européens ». 70 à 80 % des dépenses d’affichage publicitaire numérique reviendraient aux éditeurs. 

Le rapport reconnait que « des inquiétudes subsistent quant au respect de la vie privée ». Il évoque la nécessité d’un « cadre proportionné », alors que les législations existantes (RGPD, DMA, AI Act…) créent « déjà un environnement réglementaire complexe ». L’une des conclusions de l’étude est que la problématique de la vie privée devrait être abordée au travers de la législation existante, « au lieu d’ajouter des couches supplémentaires de législation qui pourraient ajouter de la fragmentation à un paysage réglementaire européen déjà compliqué ».

Une campagne qui s’intensifie

Si ces éléments de langage semblent familiers, c’est qu’ils ont déjà été employés par Google et d’autres entreprises à plusieurs reprises. En septembre de l’année dernière, Meta et Spotify avaient par exemple rassemblé nombre d’autres acteurs pour signer une lettre ouverte. Celle-ci réclamait un cadre juridique clair pour ne pas entraver l’innovation, à laquelle Meta opposait la régulation. Là aussi, il était question d’une Europe « moins compétitive et moins innovante ».

Des piqures qui semblent suffisamment avoir démangé, en parallèle du rapport Draghi, pour que la Commission braque les projecteurs sur la compétitivité ces derniers mois. Un accent d’autant plus visible avec les revirements de la Maison-Blanche.

On note également que Google intensifie son effort sur le sujet. En mars, l’entreprise avait publié les résultats d’une autre étude, qui mettait elle aussi en avant le rôle crucial joué par la publicité personnalisée. Elle avait porté sur 4 287 PME dans 13 pays de l’UE et concluait que 86 % d’entre elles attribuaient directement la croissance de leur chiffre d’affaires à la publicité personnalisée. 76 % estimaient même que ces contenus leur permettaient de rivaliser avec les grandes entreprises. Là encore, Google avait commandé l’étude.

Même son de cloche chez Meta

Une semaine avant Google, Meta y allait aussi de son étude, que l’entreprise a elle-même réalisée (avec une méthode développée avec l’université de Berkeley). En 2024, le groupe aurait ainsi été lié à 213 milliards d’euros d’activité économique dans l’Union.

Sans trop de surprise, Meta estime que « la publicité personnalisée est essentielle à la réussite des entreprises dans l’économie moderne ». Elle leur permettrait d’atteindre plus facilement des clients, d’augmenter le retour sur investissement, de stimuler la croissance et donc de favoriser l’esprit d’entreprise et de créer des emplois.

Ces constats seraient particulièrement valables en Europe où les petites et moyennes entreprises représentent 99 % des structures commerciales. Sur le Vieux continent, chaque euro dépensé dans les publicités via Meta rapporterait 3,98 euros. En outre, 80 % des consommateurs européens préfèreraient, là aussi, le modèle actuel du web, avec « des publicités moins nombreuses et plus pertinentes », par opposition à des publicités génériques et plus nombreuses. L’étude ne dit rien des publicités personnalisées et plus nombreuses.

On retrouve une fois encore les mêmes éléments de langage, avec citation du rapport Draghi et du Competitiveness Compass européen. « Il y a trente ans, l’Europe représentait environ un quart du PIB mondial. Aujourd’hui, nous avons pris du retard. Le PIB par habitant dans l’UE est inférieur de moitié à celui des États-Unis, soit environ 40 000 dollars par Européen contre 80 000 dollars par Américain. Nos entreprises se développent plus lentement, affichent des rendements plus faibles et sont à la traîne par rapport à leurs homologues en matière de recherche et de développement, même dans des secteurs qui étaient traditionnellement la force de l’Europe », affirme Meta, qui n’hésite pas à servir du « nous ».

La conclusion était prévisible : la réglementation est un facteur clé. Et puisque Meta était cheffe de file dans la lettre ouverte à la Commission européenne à l’automne dernier, son avis était connu d’avance. Selon elle, la Commission continue « malgré cela » à s’en prendre aux publicités personnalisées.

La publication de Meta, comme celles de Google, s’adressent à tout le monde et personne en particulier. Mais à l’heure où le mot « simplification » revient sur bien des lèvres, dans le sillage d’un Elon Musk équipé d’un tronçonneuse libératrice, les grandes entreprises de la publicité ont une nouvelle carte à jouer.

☕️ SteamOS 3.7.8 inaugure la prise en charge des consoles ROG Ally ou Lenovo Legion

26 mai 2025 à 06:16

Promise en début d’année, à l’occasion du CES de Las Vegas, l’ouverture de SteamOS à des machines autres que celles produites par Valve franchit un cap symbolique avec la sortie de la version 3.7.8 du système.

Bien qu’elle soit qualifiée de mise à jour mineure, elle introduit en effet une longue liste de nouveautés, dont une prise en charge « améliorée » des machines portables équipées de processeurs AMD. Pour l’occasion, Valve a mis en ligne une image disque de SteamOS dédiée aux machines tierces, ainsi que des instructions détaillées sur la procédure d’installation ou de réinstallation du système sur des appareils autres que le Steam Deck.

Jusqu’ici, Valve tenait en façade un discours d’ouverture, mais ne faisait rien pour faciliter l’utilisation de Steam OS sur des machines d’autres constructeurs.

Capture d’écran Steam OS sur Steam Deck

La publication de SteamOS 3.7.8 est intervenue alors pendant le Computex (Taïwan) où plusieurs fabricants (MSI, Asus, Lenovo) exposent des consoles portables basées sur les dernières architectures d’AMD. Même si Valve se contente d’évoquer la ROG Ally d’Asus et la Lenovo Legion (dont la version S, lancée en mars dernier, embarque nativement SteamOS), le calendrier n’est pas un hasard : l’éditeur ambitionne en effet de faire de son environnement une alternative à Windows sur ces machines dédiées aux jeux vidéo.

Outre cette prise en charge étendue, Steam OS 3.7.8 introduit plusieurs nouveautés notables, avec une mise à jour de la base Arch Linux qui sous-tend la distribution, le passage au noyau Linux en version 6.11, une mise à jour des pilotes graphiques Mesa ou de l’environnement de bureau Plasma qui passe en 6.2.5.

Sur Steam Deck, l’OS permet par ailleurs maintenant de spécifier un pourcentage de charge maximale à ne pas dépasser quand la machine est branchée sur secteur afin d’optimiser la durée de vie de la batterie. La mise à jour corrige par ailleurs de nombreux problèmes de compatibilité remontés par les utilisateurs au niveau de la prise en charge des périphériques Bluetooth et des contrôleurs de jeu externes.

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« 184 millions d’enregistrements » : une BDD avec des mots de passe était en accès libre

23 mai 2025 à 15:18
Mouais, MOAB c’est 140x plus !
« 184 millions d’enregistrements » : une BDD avec des mots de passe était en accès libre

184 millions… près de trois fois la population française. C’est le nombre d’enregistrements (avec des identifiants et mots de passe) qui étaient librement accessibles sur Internet. L’accès à la base de données a été supprimé, mais le mystère reste entier sur sa provenance.

Hier, sur Website Planet, le chercheur en cybersécurité Jeremiah Fowler expliquait avoir découvert une base de données de 47,42 Go en accès libre. Elle n’était pas chiffrée et « contenait 184 162 718 identifiants et mots de passe uniques ». De quoi reléguer en deuxième division la récente fuite des SMS de double authentification de Steam.

Il y en a pour tous les gouts et tous les .gov

Il explique avoir analysé un échantillon et découvert « des milliers de fichiers qui comprenaient des e-mails, des noms d’utilisateur, des mots de passe et des liens vers la page de connexion ou d’autorisation des comptes ». Les comptes en question étaient aussi divers que variés : Amazon, Apple, Facebook, Instagram, Microsoft, Roblox, Spotify, Snapchat, etc.

Comme si ce n’était pas déjà pas assez, il rajoute une couche : « J’ai également vu des informations d’identification pour des comptes bancaires et financiers, des plateformes de santé et des portails gouvernementaux de nombreux pays, ce qui pourrait mettre les personnes exposées en danger ».

Selon Wired, qui s’en est entretenu avec l’expert, l’échantillon de 10 000 enregistrements contenait « 220 adresses e-mail avec des domaines en .gov, d’au moins 29 pays dont les États-Unis, l’Australie, le Canada, la Chine, l’Inde, Israël, la Nouvelle-Zélande, l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni ».

Dans ces 10 000 enregistrements, il y avait également 479 comptes Facebook, 475 Google, 240 Instagram, 227 Roblox, 209 Discord ainsi que plus de 100 à chaque fois pour Microsoft, Netflix, PayPal… Nos confrères signalent aussi la présence de comptes Amazon, Apple, Nintendo, Snapchat, Spotify, Twitter, WordPress et Yahoo. N’en jetez plus !

Jeremiah Fowler a contacté certaines des personnes dont les données étaient présentes dans la base, qui lui ont « confirmé que la base de données contenaient leurs mots de passe exacts et valides ».

184 millions d’enregistrements, ça veut dire quoi ?

Quoi qu’il en soit, cela ne signifie pas qu’il s’agisse d’une nouvelle fuite de données, ni que les données sont récentes. Il faut également bien comprendre ce que signifie 184 millions d’enregistrements : ce sont en gros 184 millions de lignes dans la base de données, pas 184 millions de personnes ni 184 millions de comptes. Il peut y avoir des doublons, des ratés, etc…

Nous sommes encore très loin des sommets en la matière. Début 2024, MOAB pour « mother of all breaches » faisait parler d’elle avec 24 milliards d’enregistrements.

World Host Group coopère « pleinement avec les autorités »

Jeremiah Fowler affirme avoir contacté l’hébergeur – World Host Group selon Wired – où se trouvait la base de données. Rapidement, elle n’était plus accessible. Le chercheur précise qu’il ne sait pas depuis combien de temps elle était en ligne ni si d’autres personnes ont pu y accéder.

À nos confrères, Seb de Lemos (CEO de World Host Group) précise que la base de données était sur un serveur hébergé par sa société, mais « non géré » par son entreprise. En clair, il est entièrement contrôlé par un de ses clients. « Il semble qu’un utilisateur malveillant se soit connecté et a téléchargé du contenu illégal sur le serveur », ajoute le dirigeant.

L’équipe juridique de World Host Group examine maintenant les informations à sa disposition et les suites à donner. L’hébergeur se dit prêt à coopérer « pleinement avec les autorités […] et, le cas échéant, à partager toutes les données pertinentes des clients avec elles ».

D’où viennent les données ? La piste de l’infostealer privilégiée

Aucune piste n’est privilégiée ou écartée concernant les origines de cette base de données. Elle pouvait évidemment être utilisée pour des activités criminelles, mais il pourrait aussi s’agir d’« informations recueillies à des fins de recherche légitimes et ensuite exposées en raison d’une erreur ».

Le chercheur en cybersécurité semble privilégier la première piste car « les enregistrements présentent de multiples signes » qui indiqueraient que les données ont été récupérées par un logiciel malveillant de type infostealer. « Il est fort possible qu’il s’agisse d’un cybercriminel […] C’est la seule chose qui a du sens, car je ne vois pas d’autre moyen d’obtenir autant d’identifiants et de mots de passe pour autant de services dans le monde ».

Rappel : soyez prudent !

Comme toujours, la prudence est maintenant de mise. C’est d’ailleurs un conseil valable même s’il n’y a pas de fuite, il faut toujours être un minimum sur ses gardes. Activez autant que possible la double authentification et pensez à bien utiliser un mot de passe différent par service.

Prenez également garde aux alertes de connexion… en étant tout de même attentif à ne pas tomber dans le piège d’un faux email qui s’avérerait être une tentative de phishing. Le meilleur conseil est généralement de ne pas agir sans réfléchir, dans la précipitation.

Inventions et prototypes : les trésors de Roland Moreno sont vendus aux enchères

23 mai 2025 à 14:20
Joyeux bordel
Inventions et prototypes : les trésors de Roland Moreno sont vendus aux enchères

Organisée samedi 24 mai, en ligne et à Paris, une vente aux enchères issue de la collection familiale de Roland Moreno permet de découvrir, ou de s’offrir, des pièces emblématiques et des trésors méconnus issus des travaux de l’inventeur français de la carte à puce.

En 1990, il avait fait paraître un livre foutraque, plein d’aphorismes, de notes et de références partant dans toutes les directions. Joliment titré Théorie du bordel ambiant, cet ouvrage aussi fantaisiste que déconcertant est considéré comme la principale porte d’entrée vers l’esprit créatif de Roland Moreno, le génial inventeur de la carte à puce, décédé en 2012.

Il en existe une autre : la collection familiale de ses inventions, prototypes et documents de travail, dont 75 lots sont vendus aux enchères, samedi 24 mai, par FauveParis, à Paris (XIe) et sur Internet via le site Drouot.

Le terminal de la marchande

Les principales vedettes de cette vente seront certainement les prototypes industriels qui ont permis à Roland Moreno de formaliser la carte à puce, objet d’un brevet déposé en 1974, et certains des usages associés, même si la paternité des révolutions associées revêt une dimension plurielle, et parfois contestée.

Deux lots de trois des premières cartes à puce jamais conçues sont ainsi mis aux enchères. Avec leurs 8,6 par 5,4 cm, ces prototypes présentent des dimensions assez proches de celles de nos actuels titres de transport ou cartes de paiement. La puce y occupe un espace cependant disproportionné, avec un circuit intégré proéminent et de larges pistes de contact.

3 prototypes historiques industriels de la carte à puce, dite “Carte Prom”, 1974 - 1980, Roland Moreno, FauveParis

Le lot 9 incarne le clou du spectacle : il s’agit du « Terminal de la marchande », le premier prototype de terminal de paiement élaboré, dans sa version industrielle, par Roland Moreno en 1974. Le catalogue de la vente rappelle le caractère exceptionnel de cette machine, estimée entre 300 000 et 500 000 euros.

« Fabriqué en collaboration avec des ingénieurs de BULL (Jean-Pierre Leroy pour la construction du terminal et ses 400 circuits intégrés et Bernard Badet pour l’alimentation électrique), quelques mois seulement après le tout premier prototype réalisé par l’inventeur dans son atelier, ce terminal a notamment servi aux démonstrations faites par Roland Moreno aux banquiers pour les convaincre de l’utilité de son invention. Dix ans ont ensuite été nécessaires pour que ce prototype en deux parties (le terminal de paiement en tant que tel et son ondulateur) d’environ 45 kg ne devienne le terminal de paiement grand public, léger et maniable, que nous connaissons aujourd’hui ».

« Le Terminal de la marchande », Roland Moreno, FauveParis

Si ces prototypes sont si recherchés, c’est que l’héritage de Roland Moreno transparait aujourd’hui encore dans de nombreux pans de notre quotidien. Outre la carte à puce, aux multiples applications, l’inventeur français a par exemple contribué à développer les procédés de transmission sans contact (NFC ou RFID) mis en œuvre dans le célèbre pass Navigo à partir de 1994.

« Moins connu que Steve Jobs (le fondateur d’Apple) ou Xavier Niel (celui de Free), Roland Moreno a pourtant l’étoffe – et la personnalité, d’un grand manitou de la tech. Et son héritage est immense », présente le Centre Pompidou. Son Musée national d’art moderne abrite aujourd’hui quelques-unes de ses œuvres, au sein des collections dédiées au design industriel.

Poésie de la création

Outre leurs débouchés économiques ou technologiques, les inventions de Moreno revêtent en effet une véritable portée artistique, à l’image du célèbre Pianock, étrange vision de ce qui deviendra le synthétiseur, ou de la Matapof, improbable machine à tirer à pile ou face.

Entre schémas de travail, hommages d’artistes et objets du quotidien, la vente aux enchères présente elle aussi quelques-uns de ces prototypes incongrus, comme ce « système avaleur mécanisé pour carte à puces » élaboré à fin des années 70 à l’aide de pièces de Meccano.

Prototype de système avaleur mécanisé pour carte à puces, ancêtre du distributeur automatique de
billets, circa 1978 - 1979 – Roland Moreno – FauveParis

Ou cet aérien « Prototype de machine à fabriquer des disquettes 3 - 1/2 in. pour Macintosh ».

Prototype de machine à fabriquer des disquettes 3 - 1/2 in. pour Macintosh, Roland Moreno, FauveParis

Et comme ses inventions, certains éléments de la réflexion de Moreno restent terriblement d’actualité. « S’interroger, cela ne vaut-il pas mieux que de marcher au pas ? », se demandait-il par exemple dans sa Théorie du bordel ambiant.

Après le fixe, une guerre des prix sur le mobile ? Des forfaits 20 Go dès 3,99 euros

23 mai 2025 à 12:30
Après le fixe, une guerre des prix sur le mobile ? Des forfaits 20 Go dès 3,99 euros

Free Mobile, Bouygues Telecom et RED by SFR viennent de revoir les tarifs de leurs forfaits d’entrée de gamme. On trouve plusieurs offres offrant 20 Go de données à moins de 4 euros et 40 Go pour moins de 5 euros. Si vous payez plus, il est surement temps de penser à changer !

La tendance de ces derniers temps est à la baisse sur le fixe et le mobile. Comme nous l’avons récemment vu, les prix des forfaits fibre sans fioritures sont entre 20 et 26 euros par mois, avec parfois plusieurs Gb/s en téléchargement et du Wi-Fi 7 comme c’est le cas chez Bouygues Telecom et Free.

Les fournisseurs d’accès à Internet ne s’arrêtent pas au fixe, les offres et autres promotions se multiplient aussi sur le mobile. Mardi soir, Free ouvrait le bal avec une nouvelle vente privée sur Veepee, mais sans revenir à la « grande époque » de la guerre sur le mobile avec des forfaits à moins d’un euro par mois.

Les offres peuvent paraitre légères avec 20 Go par mois, mais cela peut largement suffire à une majorité de personnes. D’ailleurs, dans son dernier bilan des usages, l’Arcep explique qu’un « client actif sur les réseaux 4G a utilisé en moyenne 17 Go par mois de données ». Et pour les autres, on trouve quelques centaines de Go à moins de 10 euros par mois.

Problème : il n’est pas toujours évident de s’y retrouver dans la jungle des fiches tarifaires. Comme sur la fibre optique, les tarifs de l’électricité ou les offres dédiées à l’électricité verte, notre approche est résolument impartiale puisque nous n’affichons aucune publicité et ne percevons aucune commission en cas de souscription via nos publications.

Cet article est exceptionnellement en accès libre, pour vous aider en ces temps d’inflation galopante, et accessoirement vous permettre de dégager plus facilement de quoi souscrire un abonnement à Next. Histoire que nous puissions toujours mieux vous informer, en toute indépendance 😉

Changer d’opérateur, c’est simple comme RIO

Changer d’opérateur se fait facilement sans changer de numéro grâce au RIO (relevé d’identité opérateur), un code unique de 15 lettres et chiffres. L’Arcep rappelle un point important : « le portage effectif du numéro entraîne la résiliation simultanée du contrat que l’abonné a conclu avec l’opérateur qu’il quitte, sans qu’il ait besoin de réaliser quelque formalité que ce soit auprès de cet opérateur ».

Enfin, l’Arcep précise qu’il est « possible de porter votre numéro jusqu’à 40 jours calendaires après la résiliation du contrat ». Pour cela, « le RIO de votre numéro qui doit rester disponible auprès du service client et via le serveur vocal d’information de votre ancien opérateur jusqu’à 40 jours après la résiliation ».

Pour résumer, vous souscrivez une nouvelle offre, donnez votre RIO au nouvel opérateur qui se charge de tout, y compris résilier l’ancien abonnement. Cela fonctionne bien puisque, chaque trimestre, ce sont entre 1,5 et 2,2 millions de lignes qui sont ainsi portés en France depuis au moins deux ans, selon l’Arcep.

Les points à vérifier, les choses à savoir

En plus du prix de votre abonnement et de la quantité de data, pensez à vérifier plusieurs points que nous détaillons systématiquement. Que se passe-t-il une fois la limite des Go de votre forfait atteinte ? Il y a généralement trois possibilités : un débit fortement réduit, une facturation hors forfait ou un blocage.

Combien coûte la carte SIM ? La majorité des opérateurs est à 10 euros, mais d’autres sont moins chers, notamment B&You à 1 euro. Par contre, cet opérateur est le seul à facturer des frais de résiliation.

Si tous les forfaits proposent des SMS, MMS et des appels illimités, tous ne sont pas égaux devant le roaming. La quantité de Go dans l’Union européenne et les DOM varie entre 10 et 14 Go. Maintenant c’est à vous de voir en fonction de vos besoins, mais aussi de la couverture mobile dans les lieux que vous fréquentez le plus.

L’Arcep propose une carte nationale sur Mon Réseau Mobile pour savoir ce qu’il en est (en théorie). Voici un exemple avec Free qui à la plus mauvaise couverte dans cette zone, alors qu’Orange est en tête. Bien évidement, la situation peut être totalement différente dans d’autres zones.

20 Go pour 4 euros chez Free

Free propose un forfait avec 20 Go de « fair use » (débit réduit au-delà) en 4G seulement (pas de 5G selon le site Veepee). Comme toujours chez Free, avec un smartphone 3G seulement, c’est « 3 Go (débit réduit au-delà) » uniquement.

Le prix : 3,99 euros par mois (jusqu’au 3 juin à 6 h, hors prolongation comme cela arrive souvent), sans engagement ni condition de durée. 10 Go par mois sont inclus en roaming depuis l’Europe et les DOM, les appels, SMS et MMS sont illimités. La carte SIM est à 10 euros.

20 Go pour 4 euros aussi chez B&You

Bouygues Telecom répond du tac au tac avec 20 Go pour 3,99 euros par mois. Là encore, il faut se contenter de la 4G (suffisante dans une grande majorité des cas), ou payer 3 euros de plus par mois. Attention à bien choisir entre « fair use » et facturation hors forfait une fois les 20 Go atteint. 14 Go sont disponibles en roaming en Europe. Enfin, la carte SIM est à 1 euro, mais il y a pour rappel des frais de résiliation de 5 euros quand vous quittez l’opérateur.

Une chose à garder en tête est que Bouygues Telecom est le spécialiste pour annoncer un « enrichissement » à ses clients, c’est-à-dire plus de Go en échange de plus d’euros sur la facture, sans possibilité de refuser cette proposition, sauf à partir. Au fil des années, l’opérateur propose donc des réductions à très bas prix, augmente les prix, repropose des réductions, etc. Cette pratique perdure.

En 2020 déjà, face aux hausses régulières et imposées sur les forfaits 20 Go à 4,99 euros par mois, nous demandions à l’opérateur si à terme l’ensemble des clients étaient concernés et comment était fait le choix de ceux qui avaient des augmentations… sans réponse.

40 Go pour 5 euros chez RED by SFR… attention au dépassement !

Chez RED by SFR, les 40 Go sont à 4,99 euros par mois, alors que l’opérateur proposait 30 Go pour le même prix auparavant ; toujours en 4G (la 5G est à 3 euros de plus par mois). Comme B&You, RED by SFR est adepte des « enrichissements » de forfaits. Rappelons enfin que SFR est en délicate position, plombé par sa dette.

Attention par contre au moindre dépassement chez RED by SFR : « Au-delà de 40 Go, rechargement de 1 Go à 2 euros possible, 4 recharges maximum puis usage internet bloqué », soit jusqu’à 8 euros pour 4 Go de plus. 13 Go en roaming dans l’Union européenne sont inclus, et enfin la carte SIM est à 10 euros.

Et chez les autres ? 20 à 30 Go pour 4 euros

Chez Sosh, rien ne bouge avec toujours 40 Go pour 5,99 euros par mois. La carte SIM est à 10 euros et le roaming permet de profiter de 10 Go depuis l’Union européenne. Là encore, il faut se contenter de la 4G.

Il n’y a pas que les quatre opérateurs avec leurs propres réseaux en France, de nombreux opérateurs virtuels proposent aussi des offres, dont certaines se placent en concurrence directe avec celles de Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR. Mais il s’agit souvent d’une façade, car les opérateurs virtuels (MVNO) sont rachetés en série par les opérateurs nationaux.

C’est le cas de Cdiscount Mobile avec 20 Go « fair use » en 4G à 3,99 euros par mois, avec la carte SIM à 1 euro et 14 Go depuis l’UE. Cdiscount Mobile a pour rappel été racheté par Bouygues Telecom, en même temps que Crédit Mutuel et CIC Mobile, NRJ Mobile, Auchan Telecom, dans le cadre de la transaction sur Euro Information Telecom.

Syma propose même 30 Go (bloqués au-delà) pour 3,99 euros par mois, avec la SIM à 10 euros et 13 Go en roaming dans l’UE. Il y a peu, Syma était à 4,99 euros par mois pour 50 Go de 4G. Finissons par Coriolis à 3,99 euros par mois pour 30 Go de « fair use » en 4G, 13 Go de roaming dans l’UE et une SIM à 10 euros. Coriolis Telecom et Syma Mobile sont la propriété d’Altice, au même titre que Prixtel, Afone et donc 50 % de Réglo Mobile au passage.

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