Le 30 septembre, Qualcomm a remporté la bataille : un tribunal américain a confirmé sa première victoire contre Arm acquise en décembre 2024. La cour a décidé que l’entreprise n’avait pas enfreint son accord de licence. Arm, de son côté, a déjà annoncé qu’elle ferait appel de la décision.
Au cœur de la bataille, il y a la société Nuvia. Fondée par trois anciens ingénieurs de chez Apple, elle se concentre sur la conception de puces pour serveurs. En novembre 2019, elle obtient une licence auprès d’Arm pour utiliser l’architecture du même nom. Cet accord mentionne alors expressément les serveurs. Mais en mars 2021, chamboulement : Qualcomm rachète Nuvia. Les intentions sont claires, revenir dans la course aux performances, face à un Apple dont les puces Ax écrasent la concurrence.
Qualcomm développe ensuite les cœurs Oryon maison, basés sur les technologies acquises. La société monte d’un cran dans les performances, au point de relancer l’aventure des ordinateurs Windows on Arm, via les premiers Copilot+. Comme nous l’indiquions alors, les performances étaient clairement présentes. Fin septembre, Qualcomm lançait ses Snapdragon X2 Elite pour ordinateurs et Snapdragon 8 Gen 5 pour appareils mobiles. Là encore, les performances étaient mises en avant.
Arm n’a pas apprécié. La société anglaise argue que la licence fournie à Nuvia ne concernait que les serveurs et ne pouvait pas être récupérée par Qualcomm et encore moins étendue à ses puces pour smartphones et ordinateurs. Arm demandait que Qualcomm paye sa propre licence, adaptée bien sûr à sa place de leader dans le marché des SoC pour smartphones. Arm menaçait de révoquer la licence récupérée avec le rachat de Nuvia et allait jusqu’à demander la destruction de toute la propriété intellectuelle créée depuis.
Un tribunal américain vient de confirmer la victoire obtenue par Qualcomm en décembre 2024. À l’époque, un jury avait décidé que les puces de Qualcomm bénéficiaient d’une licence appropriée auprès d’Arm. Cependant, le jury n’avait réellement tranché que deux des trois chefs d’accusation contre Qualcomm. Sur la question de savoir si Nuvia avait enfreint les termes de sa licence, les huit membres n’étaient pas parvenus à un verdict unanime.
Ce premier procès a fini par être annulé. La juge Maryellen Noreika, qui présidait l’affaire, avait alors enjoint à régler leur différend hors des tribunaux. Le recours à la justice était cependant possible à nouveau et Arm n’a pas hésité longtemps, redéposant plainte. C’est dans cette nouvelle affaire, presque identique à la première, que Qualcomm vient de remporter ce qu’elle appelle une « victoire complète ».
« La décision du tribunal […] a rejeté la seule réclamation restante dans le procès intenté par Arm contre Qualcomm et Nuvia, dans lequel Arm alléguait une violation de l’accord de licence d’architecture (ALA) entre Nuvia et Arm. La Cour a statué aujourd’hui en faveur de Nuvia. La décision fait suite à la victoire de Qualcomm sur Arm lors du procès de décembre 2024, au cours duquel un jury a décidé à l’unanimité que Qualcomm n’avait pas enfreint l’ALA de Nuvia et que les cœurs de processeur innovants de Qualcomm incorporant la technologie obtenue lors de l’acquisition de Nuvia étaient correctement concédés sous licence en vertu de l’ALA de Qualcomm »
Pas de nouveau procès, mais un appel
Arm demandait en effet que soient rejetés les deux premiers verdicts de décembre 2024 ou la tenue d’un nouveau procès. La juge Maryellen Noreika, à nouveau chargée de l’affaire, n’a accepté ni l’un ni l’autre. En revanche, comme l’indique notamment Reuters, Arm a déjà déclaré qu’elle ferait appel de la décision : « Arm reste confiant dans sa position dans son différend en cours avec Qualcomm et déposera immédiatement un appel visant à annuler le jugement ».
Pour Qualcomm, « ce résultat renforce la capacité de Qualcomm à stimuler l’innovation dans l’industrie des semi-conducteurs et à relever les défis technologiques les plus importants au monde ». Dans son communiqué, la société indique qu’elle a, elle aussi, déposé plainte contre Arm, « pour rupture de contrat, interférence inappropriée dans les relations avec les clients et pour le comportement d’Arm visant à entraver l’innovation et à mieux positionner les produits d’Arm par rapport à ceux de ses partenaires de longue date ».
Au sein du combat, une pure question financière. Le succès de Qualcomm dans les puces pour appareils mobiles est incontestable. En renégociant un accord de licence, Arm souhaitait bien sûr une part du gâteau, en lui garantissant un flux généreux grâce aux prochaines générations de puces. De l’autre côté, la question de la licence de Nuvia n’était pas claire. Les technologies qu’elle avait développées ont motivé le rachat par Qualcomm, mais elles étaient censées alimenter des serveurs.
Ces deux visions continueront donc de s’affronter. En dépit des annonces de Qualcomm, sa victoire n’est donc pas encore « complète ».
Si encore les vêtements Shein étaient compostables...
Le géant chinois de la fringue à prix cassé Shein se prépare à ouvrir six boutiques physiques permanentes en France en partenariat avec le propriétaire du BHV et de plusieurs magasins affiliés Galeries Lafayette. Une première mondiale, qui suscite de vives réactions de la part du secteur de la mode, déjà en proie à d’importantes difficultés, et se heurte déjà à l’opposition du groupe Galeries Lafayette.
Devenu l’emblème de la mode comme produit de consommation jetable, ou mode ultra éphémère (ultra-fast fashion), Shein s’apprête à implanter de premiers points de vente physiques en France. Et pour ce faire, le géant chinois de l’e-commerce n’avance pas seul : il s’est trouvé un partenaire de renom, en la personne morale de la Société des grands magasins (SGM), la foncière qui possède le célèbre BHV du Marais à Paris, mais aussi sept magasins Galeries Lafayette et onze centres commerciaux en région.
C’est Frédéric Merlin, président et fondateur du groupe SGM, qui a annoncé la nouvelle mercredi, notamment dans les colonnes du Parisien. Il y révèle que Shein disposera début novembre d’un espace dédié de plus de 1 000 m² au sixième étage du magasin historique du BHV, doublé de corners de 300 à 400 m² dans cinq magasins Galeries Lafayette à Dijon, Grenoble, Reims, Limoges et Angers. « Nous y vendrons uniquement de la mode, dédiée aux femmes à 80 % », révèle Frédéric Merlin, selon qui cette collaboration constitue une « exclusivité, à long terme » entre sa société et Shein.
Shein, un géant controversé
Douze ans après l’arrivée controversée de l’irlandais Primark sur le sol français, l’implantation physique de Shein ne va pas sans faire grincer quelques dents.
L’entreprise, qui produit depuis la Chine et vend dans le monde entier des articles de mode à tout petit prix, est en effet considérée comme l’incarnation la plus emblématique de la fast fashion, ce phénomène qui consiste à inonder le marché de références sans cesse renouvelées pour accompagner ou, soi-disant, anticiper la demande des consommateurs, avec une logique de prix cassés et d’innombrables mécaniques de fidélisation.
Shein, qui a un temps cherché à s’introduire à la bourse de Londres avant de reporter ses espoirs vers Hong-Kong, en raison des réticences du régulateur chinois, a réalisé pour mémoire quelque 38 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2024. L’entreprise fait travailler des dizaines de milliers de personnes en Chine via ses sous-traitants, dans des conditions dénoncées à plusieurs reprises par l’ONG suisse Public Eye, et confirmées par une enquête de la BBC, en dépit des dénégations du groupe.
En Europe, Shein figure dans le viseur de la Commission européenne, avec plusieurs procédures ou enquêtes ouvertes au sujet de la possible non-conformité de certains produits vendus, mais aussi de soupçons de pratiques abusives, ou plutôt addictives, en matière de fidélisation, de suivi ou d’incitation marketing des internautes. L’Europe étudie par ailleurs la possibilité de taxer les millions de colis, dont les envois de Shein, qui échappent aujourd’hui aux droits de douane.
Des garanties et une opportunité à ne pas manquer pour SGM
Ces polémiques n’entachent pas l’enthousiasme affiché par la foncière SGM, qui assure avoir obtenu des garanties du géant chinois sur la traçabilité des produits vendus dans ses surfaces commerciales. « Nous avons pris beaucoup de garanties sur la traçabilité et la conformité, tous seront aux normes européennes », affirme Frédéric Merlin jeudi matin au micro de BFM.
Surtout, il défend l’idée d’une demande du consommateur, motivée par le succès de certains pop-up stores (magasins événementiels) ouverts par Shein, mais aussi et surtout par les 25 millions d’internautes français qui seraient déjà clients du Chinois.
« Je considère que c’est méprisant de dire : « on ne répond pas aux besoins de 25 millions de consommateurs en France ». C’est une opportunité extraordinaire pour nos lieux de commerce. Ce qui est nécessaire, c’est de générer du trafic et de rajeunir l’offre. », déclare-t-il encore au Parisien.
Shein, un mal nécessaire… ou une transformation inéluctable ? « Nous voulons montrer que notre modèle peut s’allier au modèle traditionnel physique du prêt-à-porter français », a affirmé jeudi Quentin Ruffat, porte-parole du groupe chinois en France depuis fin 2024. Ancien de l’agence Forward Global (ex Avisa Partners, face à qui Next se bat toujours en justice pour dénoncer une procédure-bâillon), il a notamment accompagné par le passé un autre géant chinois controversé, Huawei.
Le précédent Pimkie
« Comment réconcilier la 4ᵉ marque de mode préférée des Français – avec des millions de clients partout sur le territoire – et un écosystème de la mode française qui nous regarde avec défiance ? », s’interrogeait mi-septembre Quentin Ruffat. Sur LinkedIn, il évoquait alors quelques-unes des initiatives récentes de l’entreprise chinoise vis-à-vis du marché français, comme la réalisation et la production des articles d’Overblushhh, la marque d’une créatrice française, ou la mise en place d’un partenariat avec une ancienne star française du prêt-à-porter abordable, Pimkie.
Propriété historique de la famille Mulliez, vendue en 2023 à un nouvel actionnaire, Pimkie a en effet annoncé mi-septembre avoir intégré le programme Sheinxcelerator du groupe chinois. Ce dernier propose en substance à des marques ou des créateurs de s’appuyer sur sa force de frappe en matière de production ou de logistique, Shein gagnant ainsi des débouchés commerciaux potentiellement à plus forte valeur ajoutée que ses propres canaux de vente.
La décision de Pimkie a fait l’objet d’une condamnation officielle de la filière du prêt-à-porter française. La Fédération des Enseignes de l’Habillement, membre de l’Alliance du Commerce, a ainsi annoncé le 19 septembre dernier l’exclusion de l’enseigne Pimkie : « En choisissant de s’associer à un acteur qui ne respecte ni les standards français, ni les cadres européens, Pimkie s’est écartée des engagements collectifs portés par la filière ».
Le groupe Galeries Lafayette affirme son opposition
Un autre interlocuteur est rapidement sorti du bois pour dénoncer ce projet d’implantation de Shein en France : le groupe Galeries Lafayette, propriété de la famille Moulin et détenteur historique de la marque, dont l’utilisation est concédée sous contrat à la foncière SGM.
Le groupe Galeries Lafayette ne se contente pas d’afficher une opposition de principe : il affirme qu’il agira pour faire capoter le projet, comme en témoigne cette déclaration transmise à la rédaction jeudi matin.
« Les Galeries Lafayette ont été informées de la volonté du groupe SGM d’installer la marque Shein au sein des cinq magasins affiliés qu’il détient en province situés à Angers, Dijon, Grenoble, Limoges et Reims.
Les Galeries Lafayette tiennent à exprimer leur profond désaccord avec cette décision au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d’ultra fast fashion qui est en contradiction avec leur offre et leurs valeurs. Elle est également contraire aux conditions contractuelles d’affiliation qui lient le groupe SGM aux Galeries Lafayette.
L’entreprise a fait part de sa position au groupe SGM et à son président, Frédéric Merlin. Les Galeries Lafayette empêcheront la mise en œuvre de cette décision. »
Dans l’attente de la loi anti fast fashion
En France, cette polémique intervient dans un contexte particulier à plus d’un titre pour le secteur du prêt-à-porter. Alors que les fermetures d’enseignes se multiplient depuis la crise du Covid, le Parlement travaille depuis près de deux ans à une proposition de « loi sur l’impact environnemental de l’industrie textile » qui vise, entre autres, à limiter le pouvoir concurrentiel des géants asiatiques du e-commerce.
Le texte, sur lequel la Commission européenne vient de rendre ses observations, indique Les Echos, envisage notamment l’interdiction générale de publicité pour les sites d’ultra fast fashion tels que Shein ou Temu. Disposer de marques ou de points de vente relais revêtirait dans ce contexte un enjeu stratégique pour le groupe.
Shein une nouvelle fois épinglée par l’OCDE
Hasard du calendrier, Shein vient d’être épinglée par le Point de contact national (PCN) français de l’OCDE, dans un rapport qui conclut que le groupe ne remplit pas les obligations listées dans une précédente enquête de 2023. L’entreprise a répondu dans un communiqué du 30 septembre :
« Depuis juin 2023, SHEIN s’est engagé de manière active et constructive dans le processus conduit par le PCN français, en partageant de nombreuses informations et en restant ouvert au dialogue tout au long des discussions menées jusqu’en septembre 2025.
Nous contestons par ailleurs les allégations selon lesquelles SHEIN serait en infraction avec diverses législations européennes, en particulier celles qui ne sont pas encore applicables. Ces affirmations sont prématurées et trompeuses, les Principes directeurs de l’OCDE n’imposant pas le respect de lois qui ne sont pas encore en vigueur. »
Alors que le support de Windows 10 se termine le 14 octobre, de multiples associations invitent les internautes à passer au logiciel libre, pour faire durer leurs équipements et gagner en autonomie.
Le 14 octobre 2025, le support technique de Windows 10 prendra fin dans le monde. Faute de correctifs de sécurité, les diverses vulnérabilités qui seront découvertes après cette date resteront grandes ouvertes. L’Europe a bien grappillé un an de sursis, mais les conditions d’accès à l’année supplémentaire de support ne rendent pas la manipulation particulièrement évidente. Surtout, elles obligent à renforcer sa dépendance à Microsoft en passant par son compte dédié chez l’entreprise.
Dans un précédent article, nous évoquions les différentes possibilités d’adaptation à cette fin de support technique, critiquée par une vingtaine d’associations menées par Halte à l’Obsolescence Programmée. Parmi elles, la seule qui permet de garder son équipement tout en se défaisant de sa dépendance à Microsoft implique de changer de systèmes d’exploitation. Autrement dit, de se tourner vers une autre couche logicielle que Windows pour faire l’interface entre les outils de la vie courante et la machine elle-même.
« C’est un écocide total »
Pour l’April, association qui milite depuis presque trente ans pour les libertés informatiques et le logiciel libre, c’est le moment idéal. « Il faut libérer nos ordinateurs », lance sa présidente Magali Garnero, et se tourner vers des systèmes d’exploitation ouverts, dont le plus connu est Linux (GNU/Linux pour nos abonnés puristes). Si le réflexe peut paraître évident à des informaticiens, cela dit, il l’est moins pour des internautes plus éloignés du fonctionnement précis de leurs machines et services numériques.
« Il faut sept ans pour rentabiliser le coût environnemental d’un ordinateur, et là, 400 millions de machines dans le monde vont être rendues obsolètes ». Consumer Reports évoque même 650 millions d’utilisateurs, et Euroconsumers 850 millions d’appareils. Selon Stat Counter, Windows 10 représente toujours plus de 40 % du parc mondial d’ordinateur sous Windows. Pour Magali Garnero, la logique prise par Microsoft de pousser ses usagers à passer sur Windows 11 est « inadmissible », dans la mesure où la plupart n’ont pas d’équipement suffisamment récent pour faire l’évolution.
Pour la présidente de l’April, le passage à Windows 11 est « une décision qui va dans l’intérêt de Microsoft, pas des utilisateurs. Cela va pousser les gens à la consommation, et puis c’est un écocide total », c’est-à-dire une atteinte grave à l’environnement. Pour proposer une alternative, l’April a lancé ce 1ᵉʳ octobre le projet Adieu Windows, pour appeler à la « bifurcation », et même y accompagner au fil de l’année à venir.
La démocratisation du libre
L’enjeu n’est pas anodin. Un certain imaginaire peut coller à la peau de l’écosystème libriste, que nous résumerons par cette expression employée à la rédaction de Next : le monde du libre serait un repère « de vieux barbus geeks ». Rien qu’en termes de genre, le domaine part de loin : en 2004, la chercheuse Hanna Wallach constatait que les femmes représentaient 28 % des équipes dans le développement de logiciels propriétaires. Dans le monde du libre et de l’open source, elles n’étaient que 2 %.
Si cette réunion d’hommes à la fibre informaticienne a bien existé, assure Magali Garnero, « l’image est devenue obsolète ». Présente au sein de l’association depuis 2007, elle souligne l’évolution de la provenance de ses membres : comme au sein de son équipe, où l’on trouve des enseignantes, des historiennes ou des juristes, l’April accueille un public qui compte de plus en plus de non-informaticiens. « Plus on fait un effort de diversité dans l’image de l’association, plus on parvient à diversifier notre base. C’est un travail constant, à opérer dans les conférences, la communication et ailleurs, mais c’est un effort plutôt agréable à mettre en œuvre. »
Co-présidente d’Antanak, une association implantée au Nord de Paris, Isabelle Carrère affirme elle aussi à Next que « depuis trente ans, le monde du libre a beaucoup changé. L’époque où il fallait faire des commandes shell [des lignes de commande pour déclencher des actions, ndlr] pour tout est révolue depuis longtemps. Aujourd’hui, les interfaces ressemblent à ce que le public connaît déjà. »
« Quand on a repéré Firefox ou LibreOffice, ça n’est pas compliqué »
« Je suis libraire, illustre Magali Garnero. Un jour on m’a prêté une clé avec une distribution Debian, j’ai booté mon ordinateur, cliqué sur les boutons « suivants », ç’a été très simple et accessible. » L’habitué de Next aura lu cette phrase sans tiquer. Déchiffrons-la tout de même, pour les nouvelles et nouveaux venus : une distribution est un ensemble cohérent de logiciels (très souvent libres), qui, une fois installés, forment un système d’exploitation (OS, operating system).
Contrairement aux OS d’entreprises privées (iOS, Windows…), le fait que ces logiciels soient libres permet à qui le souhaite de les adapter, de les modifier, de les redistribuer, donc d’en proposer toute une variété. Quant au fait de booter son ordinateur, il s’agit simplement de l’allumer en chargeant son système d’exploitation (ou celui qu’on veut y installer).
Chez Framasoft, grand allié numérique du monde associatif, on suggère d’ores et déjà de choisir « des distributions orientées « grand public », de façon à trouver facilement de la documentation et de l’aide ». L’association cite notamment Emmabuntüs, Ubuntu et Fedora pour leur documentation riche et disponible en français.
Quel que soit le choix final, « quand on met une personne devant un ordinateur, à partir du moment où celle-ci a repéré l’icône de Firefox et celle de Libre Office, on ne peut pas dire que ce soit très compliqué », déclare Isabelle Carrère. Avec Antanak, cette dernière assure des permanences numériques pour aider les personnes « éloignées du clavier », ainsi que des accompagnements et des formations au logiciel libre. Et souligne combien, au fil des années, le navigateur au renard et la suite bureautique libre se sont rapprochés de services équivalents fournis par des sociétés privées.
Une bataille au financement inégalitaire
Pour autant, admet Isabelle Carrère, les freins à l’adoption restent réels. « Les humains sont paresseux, on a du mal à changer. Je vois des jeunes de vingt ans me dire qu’ils n’ont pas l’habitude, mais si à leur âge ils ne peuvent pas faire évoluer leur pratique… »
Outre la réticence au changement, se pose aussi la question des usages les plus poussés. À de jeunes architectes, la coprésidente d’Antanak a par exemple montré FreeCAD, une version libre équivalente au logiciel de conception assistée par ordinateur AutoCAD. « Sur le coup, ils admettaient que ça fonctionnait bien. Mais au bout d’un moment de test, forcément, ils pointaient l’absence de telle ou telle fonctionnalité. »
Difficile, cela dit, de demander à l’écosystème du libre de produire des outils aussi poussés que ceux d’entreprises aux poches bien plus profondes. Dans un monde idéal, estime Isabelle Carrère, il faudrait plus d’argent pour le milieu du libre, « pour que des ingénieurs puissent développer les outils de manière plus fine ». Mais la coprésidente s’inquiète de voir Google participer au financement de la distribution Ubuntu, ou Microsoft racheter GitHub.
« Il faudrait que les pouvoirs publics protègent ces biens communs, d’autant que si l’on compare aux réseaux sociaux privés et à l’ambiguïté de leurs effets sur les échanges ou la santé mentale, le monde du libre est porteur de principes qui pourrait presque être enseignés dans les écoles. » Un logiciel est considéré comme libre, rappelons-le, si sa licence garantit la liberté de l’utiliser, de le copier, de l’étudier, de le modifier et de redistribuer les versions modifiées.
« Sans cette possibilité de télécharger une distribution, de la faire à sa main, puis de la redistribuer, Antanak n’existerait pas. » Outre ses activités d’accompagnement, l’association recourt en effet au logiciel libre pour reconditionner des ordinateurs en état de fonctionner – soit exactement le processus auquel les associations libristes appellent les détenteurs d’ordinateurs inadaptés à Windows 11 de recourir –, puis les redistribuer à des personnes dans le besoin.
En cette période de rentrée universitaire, sourit Isabelle Carrère, le public est notamment constitué « d’étudiants et d’étudiantes qui se réveillent quelquefois au dernier moment ».
Des économies et de l’autonomie
Outre les particuliers, le passage au libre peut aussi être mis en débat dans l’administration, les entreprises ou les collectivités. Outillée par des logiciels libres depuis plus de 15 ans, la gendarmerie nationale a été pionnière en la matière. Devant le chamboulement politique aux États-Unis, et pour « acquérir une réelle souveraineté numérique », selon le communiqué de la Ville de Lyon, un nombre croissant de villes se tournent aussi vers le logiciel libre.
« C’est une manière de faire travailler des personnes de leur population, de les faire monter en compétence, pour qu’elles puissent ensuite maintenir les services qu’elles utiliseront », déchiffre Magali Garnero. Auprès de Next, le directeur du bureau de l’Open Source chez RTE, Boris Dolley, formulait au mois de juillet un raisonnement équivalent sur le recours au logiciel libre dans le monde industriel.
Pour lui, l’approche a de nombreux intérêts en termes d’autonomie, que celle-ci soit perçue au sens géopolitique ou purement technique. « Si on voulait réinternaliser les compétences qui doivent maîtriser le logiciel dont on est tributaire, on pourrait complètement le faire », une logique difficile à mettre en place lorsqu’on recourt aux systèmes fermés d’un fournisseur privé.
« Quand Microsoft est dominant dans votre infrastructure et que, d’un coup, il augmente de 20 % le coût de ses licences, vous vous retrouvez à devoir compenser cette augmentation en faisant des économies quelque part » illustrait de son côté Nicolas Vivant, directeur de la stratégie et de la culture numérique à Échirolles, lors des Journées du logiciel libre 2025. Recourir à des solutions privées empêche, de ce point de vue, la planification et la maîtrise des coûts.
Pilotant le passage de la ville d’Échirolles au libre, il citait notamment l’usage d’un logiciel de messagerie privé « à 30 000 euros par an » comme démonstration de certaines des économies réalisables. En passant à un logiciel libre, « d’un coup, il n’y a plus les 30 000 euros par an ». En écho aux réticences visibles chez les particuliers, il évoquait néanmoins des enjeux de sensibilisation (notamment au sujet de la maintenance) et de visibilisation des intérêts du libre auprès des collectivités. Un enjeu régulièrement souligné par les spécialistes : en 2024, le co-président du Conseil National du Logiciel Libre Stéphane Fermigier regrettait le peu d’attention accordé par les politiques au logiciel libre, alors même que celui-ci représentait « 10 % du marché des logiciels et services informatiques en France ».
Pour les particuliers, l’April a de son côté prolongé d’office l’opération Adieu Windows, qui devait aider pendant « environ deux mois », selon Magali Garnero, celles et ceux qui le souhaitaient à passer au libre. La décision de Microsoft de proposer une solution d’allongement du support de Windows 10 jusqu’en octobre 2026 pour l’Europe a poussé l’association à étendre son projet d’autant. Son Agenda du libre recense par ailleurs des événements sur le sujet, partout en France, ainsi qu’en Belgique. Autre option, parmi d’autres : se tourner vers la cartographie d’Aide Linux pour repérer des interlocuteurs près de chez vous.
« Notre but, c’est de toucher le grand public pour lui dire que les services de Microsoft ou Google, ce n’est pas une fatalité », conclut Magali Garnero. « Vous pouvez installer autre chose, ou même le faire en dual boot, en gardant Windows d’un côté et une distribution libre de l’autre. » Une fois que les internautes se sentent à l’aise avec leur nouveau système, « on efface complètement Windows ».
C’est via un communiqué de presse des plus succincts que l’annonce a été faite : « Tehtris, éditeur européen et pionnier de l’automatisation de la cybersécurité, annonce aujourd’hui une évolution de sa gouvernance »… et pas un petit changement.
Éléna Poincet, cofondatrice et ancienne présidente-directrice générale, quitte ses fonctions sur le champ. « Le conseil d’administration et les actionnaires la remercient pour son rôle décisif dans la création et le développement » de l’entreprise, précise quand même le communiqué.
Elle est remplacée par deux personnes, un changement de gouvernance qui n’est pas sans rappeler celui d’Orange après le départ de Stéphane Richard en 2022. Richard Vacher Detournière (administrateur indépendant depuis près de trois ans) devient ainsi président exécutif (le « P » de l’ancien poste de PDG). De son côté, Jean-Philippe Lion est directeur général (le « DG » dans PDG) en charge de superviser l’ensemble des opérations.
Dans une interview dans Welcome to the Jungle, Éléna Poincet revenait sur son parcours, notamment d’agent des renseignements français. Elle était en effet « militaire dans les troupes d’élite pendant 12 ans, puis agente pour la DGSE durant 14 ans ». « J’ai décidé d’arrêter en 2009 lorsque j’ai rencontré Laurent Oudot en mission, avec qui j’ai ensuite fondé Tehtris. Il était aussi à la DGSE. Ça a été un coup de foudre professionnel et sentimental », explique-t-elle.
Si la mention d’Éléna Poincet a purement et simplement disparu de la page du Comex de l’entreprise, Laurent Oudot (l’autre cofondateur) est toujours présent au poste de Chief Technology Officer (CTO, directeur technique). La page a été mise à jour un peu rapidement puisqu’on peut toujours lire que le directeur financier « travaille en étroite collaboration avec les Co-fondateurs », mais il n’y en a plus qu’un dans l’entreprise.
Il y a toujours six personnes au Comex, mais comme Élena Poincet est remplacée par deux personnes, cela signifie qu’il y a un autre départ. Et effectivement, Megs Suratkal (Chief Customer Experience Officer) n’est plus présent.
Avant/après du Comex de Tehtris :
Il y a quelques jours, La Tribune expliquait que Tehtris était « dans le creux de la vague » et que l’entreprise était « contrainte de licencier pour se donner du temps ». De 260 employés, elle est passée à environ 150 salariés en 2025 et « a été contrainte par ses actionnaires de déclencher un plan de sauvegarde de l’emploi ».
Dans un nouvel article, nos confrères précisent que « Tehtris vient de faire homologuer un plan de suppression de 43 postes, soit environ 25 % de l’effectif ». L’ex-PDG est de son côté « poussée vers la sortie ». Entre 2020 et 2022, l’entreprise avait pour rappel levé 64 millions d’euros auprès de plusieurs acteurs.
D’après Les Echos, « ce sont justement les actionnaires, notamment Tikehau Ace Capital et Jolt Capital Partners qui ont sifflé la fin de la partie ». Selon nos confrères, le nouveau président Richard Vacher Detournière n’est pas tendre avec l’ex-PDG : « L’entreprise a connu un fort développement, négligeant peut-être de construire des bases solides ». La nouvelle direction de l’entreprise promet « un mode de management différent ».
Dans un billet de blog, Eben Upton, le papa des Rasbperry Pi, explique que la mémoire utilisée par les micro-ordinateurs « coûte environ 120 % de plus qu’il y a un an ». Selon lui, le responsable n’est pas à chercher loin : l’envolée des prix est due à l’« insatiable demande » en High Bandwidth Memory (HBM) pour les puces dédiées à l’IA, entraînant des pénuries sur d’autres segments de mémoire.
La fondation explique avoir commencé 2025 avec « des stocks substantiels » de mémoire permettant de maintenir les prix publics, mais l’heure est à la hausse afin « de répercuter une partie de ce coût ». Les hausses varient de 5 dollars sur les Raspberry Pi 3B+, ainsi que Compute Module 4 et 5 avec 4 Go, à 10 dollars pour les versions 8 Go. Pour le Compute Module 4, cela a pour effet d’annuler purement et simplement la baisse de prix de mai.
10 dollars aussi de plus pour le Raspberry Pi 500 qui passe ainsi à 100 dollars. La fondation précise « maintenir le prix du kit Raspberry Pi 500 à 120 $, en échange d’une marge fortement réduite ». Rien concernant le Raspberry Pi 500 + qui vient d’être annoncé, la pénurie était donc déjà prise en compte.
TrueNAS 25.10 alias Goldeye passe une étape majeure. Quelques semaines après la bêta, la release candidate est en ligne, tandis que la version finale est attendue pour la fin du mois. Les nouveautés sont nombreuses, de l’installation du système à la gestion des fichiers en passant par le réseau.
La précédente version de TrueNAS, la 25.04 alias « Fangtooth » était synonyme de réunification pour les versions Core et Scale, afin de former TrueNAS Community Edition (CE). Nous avons déjà expliqué les tenants et aboutissants de ce rapprochement dans cette actualité. Ce système d’exploitation permet pour rappel de transformer un ordinateur en NAS.
L’équipe vient de publier la première release candidate de la 25.10 (25.10-RC1), c’est donc la dernière ligne droite. Elle apporte « un mélange de nouvelles fonctionnalités et de correctifs aux problèmes repérés » dans la version 25.10-BETA publiée en aout.
OpenZFS se met à jour, zfs rewrite et Terabit Ethernet
L’une des principales nouveautés mises en avant est la possibilité « d’importer et d’exporter des images dans le système de virtualisation ». Les formats supportés sont VMDK, VDI, et QCOW2. Il suffit de copier une image dans un dossier de TrueNAS pour que le système de virtualisation le récupère automatiquement et le transforme au format brut ZVOL.
Autre changement important, le passage à OpenZFS 2.3.4. iXsystems, qui développe TrueNAS, prévient que, malgré le petit changement de numéro par rapport à la version 2.3.3 de la bêta, OpenZFS 2.3.4 « introduit un large éventail d’améliorations ». Une vidéo a été publiée à ce sujet sur la chaine TrueNAS Tech Talk.
L’équipe explique aussi poursuivre le déploiement de zfs rewrite, une fonction qui permet « un rééquilibrage des données lors de l’ajout ou de l’extension de disques, éliminant ainsi le besoin de scripts pour copier les fichiers. Étant donné que zfs rewrite fonctionne entièrement dans ZFS, il garantit l’intégrité des données en évitant d’avoir à verrouiller les fichiers pendant le processus de copie, et fonctionne même avec des fichiers ouverts en cours de modification ».
Le nouveau service NVMe over Fabrics (NVMe-oF) a reçu plusieurs correctifs afin d’améliorer la stabilité du système. Pour le moment, NVMe/TCP et NVMe/RDMA ne sont pas disponibles pour les utilisateurs de VMware.
Dans un billet de blog publié cet été, l’équipe présentait les changements sous le capot de TrueNAS 25.10. Un des points mis en avant était la prise en charge de « Terabit Ethernet ». Contrairement à ce que son nom laisse penser, ce n’est pas du Tb/s, mais « simplement » un débit supérieur à 100 Gb/s. TrueNAS vise ainsi les cartes réseau à 400 Gb/s.
Plusieurs autres bugs ont été corrigés, notamment le bouton pour envoyer des informations (il fallait passer par des tickets manuels) et un bug plutôt surprenant empêchant la création d’un pool si un lecteur de carte SD vide était présent sur la machine. Ce dernier « était à l’origine de problèmes liés à la transmission de la température ».
TrueNAS Connect pour simplifier l’installation
Introduit en septembre, TrueNAS Connect permet de simplifier l’installation du système d’exploitation. C’est « une plateforme de gestion en ligne qui centralise l’administration de TrueNAS via une interface unifiée. Gérez plusieurs systèmes, surveillez l’intégrité, configurez les alertes, visualisez le matériel et effectuez des installations Web, le tout avec une simple authentification OAuth et sans matériel supplémentaire », expliquent les développeurs sur le site dédié. Une page d’aide est disponible par ici.
Vous pouvez ainsi créer une clé USB à brancher sur votre machine. « TrueNAS Connect utilise le DNS multicast (mDNS) sur votre réseau local pour découvrir automatiquement votre système TrueNAS exécutant le programme d’installation ». Vous pouvez alors terminer l’installation depuis votre navigateur, comme expliqué dans ce billet de blog. L’installation web est une fonctionnalité proposée depuis longtemps par des fabricants comme Synology et QNAP.
La version finale est attendue d’ici à la fin du mois. Pour télécharger TrueNAS, c’est par ici.
Reçu hier — 1 octobre 2025Next - Articles gratuits
Toujours en campagne contre Wikipédia, Elon Musk promet une « Grokipedia » éditée par son entreprise xAI, responsable de l’IA Grok qui a déjà multiplié les fausses informations. L’offensive du milliardaire prolonge les remarques de David Sacks (membre de la « PayPal Mafia ») et du cofondateur de Wikipédia, Larry Sanger, qui critique depuis longtemps le projet auquel il avait contribué.
Elon Musk a toujours un problème avec Wikipédia. En 2024, il appelait sa communauté à cesser toutes donations à l’encyclopédie collaborative, qu’il qualifiait de « Wokepedia ». Manifestement, cet appel n’a pas eu l’effet qu’il escomptait. L’encyclopédie collaborative se porte toujours bien.
Un projet d’encyclopédie confié à xAI
Le milliardaire a annoncé sur son réseau social X que son entreprise xAI était en train de construire une encyclopédie concurrente : Grokipedia. Il promet que ce « sera une amélioration considérable par rapport à Wikipédia ». Rappelons que Grok, l’IA créée par xAI, a un lourd passif de génération de messages problématiques, depuis le début de l’année 2025.
Il a par exemple généré des avis positifs sur l’extrême droite française et fait l’éloge d’Hitler, formulé des réponses antisémites, un message « sceptique » sur le nombre de juifs tués par la Shoah ou encore des messages sur un pseudo-génocide en Afrique du Sud. À sa sortie, la version Heavy de Grok 4 a aussi généré un message dans lequel le chatbot déclarait s’appeler Hitler. Enfin, mi-aout, Grok a généré des messages inconfirmables accusant xAI de censure sur le génocide à Gaza.
Elon Musk en soutien de David Sacks et Larry Sanger
Le message d’Elon Musk sur Grokipedia s’ajoute à plusieurs remarques de personnalités de la tech proches de ses idées. Ainsi, le message qu’il cite est celui de David Sacks, membre de la « PayPal Mafia » et financeur de Palantir dès le début. Celui-ci affirme que :
« Wikipédia est irrémédiablement partiale. Une armée d’activistes de gauche gère les biographies et s’oppose à toute correction raisonnable. Pour aggraver le problème, Wikipédia apparaît souvent en tête des résultats de recherche Google et est désormais une source fiable pour l’entraînement des modèles d’IA. C’est un énorme problème ».
D’ailleurs, interrogé par un twitto sur le fait que le modèle de Grok a été entrainé avec des données de Wikipédia, Elon Musk a répondu : « nous devrions avoir corrigé ça d’ici la fin de l’année ». Tous les autres modèles du genre s’appuient sur l’encyclopédie collaborative.
David Sacks ajoutait son commentaire à la suite d’une interview de Larry Sanger par le youtubeur complotiste et ancien présentateur de Fox News, Tucker Carlson. Le cofondateur, devenu contempteur de l’encyclopédie, s’était récemment réjoui de l’ouverture d’une enquête parlementaire sur de supposés biais anti-Israël de Wikipédia. Il en a profité pour rappeler ses neuf points pour réformer Wikipédia. À un utilisateur qui lui propose de rejoindre son projet, Larry Sanger affirme cependant : « je vais rejoindre quelque chose qui va quelque part. Je ne vais pas me lancer dans quelque chose de nouveau (encore une fois !) », sans avoir dit depuis si le projet de Grokipedia lui semblait aller quelque part.
Pour Gizmodo, le projet d’Elon Musk va « devenir un désastre ». Nos confrères font remarquer que même la très à droite Conservapedia ne semble pas bien traiter le milliardaire : « Pas étonnant que Musk essaie de créer son propre Wikipédia. Même les imitateurs de droite ne lui font pas de cadeau », expliquent-ils.
C’est vraiment le monde à l’envers les amis. Devant le gros bordel mondial généralisé, c’est plus Gordon qui allume son petit projecteur souffreteux acheté d’occase avec sa pension de la GCPD, c’est Batman en personne qui vient de pointer son laser dernier cri de 17 TW depuis le toit de son manoir vers le zénith (piloté depuis un terminal sans TPM sous Windows 10 dans sa cave secrète qui a des petits problèmes de fuites mais chut ça reste entre nous c’est la taxe Zucman le keum se prépare au choc – notez là l’humide ironie, plus de ruissellement pour moins de ruissellement). Évidemment, en voyant ce poing magistral dressé dans l’obscurité de 11h09 du vendredi matin, on a dû se résoudre à sortir de nos maisons de retraite tanières, et asséner à la sinistrose qui nous grand-remplace un bon uppercut dans sa petite face d’orchidoclaste. C’est tout nous, ça, l’héroïsme et les insultes désuètes.
Avant toute réclamation non contractuelle, on est en train de revoir de fond en comble le système de Git qui va peut-être devenir un gigantesque plan à trois entre Gitlab pour l’interne, Github pour vous le public désabusé, Youtrack en sandwich qui génèrera au passage cette bonne vieille page de changelog. J’aime pas trop annoncer des trucs qu’on n’a pas encore fait d’habitude mais là ça m’évite d’actualiser à la main en ayant à faire une traduction professionnelle – ce que nous ne sommes pas, plus personne n’est dupe – et ChatGPT a été clairement défini off limit par le lectorat en colère à un endroit des commentaires dont je ne me souviens plus où, mais ça a été gravé derechef à l’ink de sang dans la constitution de Next ligne 465. Jamais de ChatGPT tu n’useras, sous peine de trépas. Oui parfaitement ces excuses enchâssées dissimulent habilement une énorme dose de fainéantise, mais on écrit ce poing sous pseudo, ce qui limite pas mal vos options de rétorsion. Hi hi hi !
C’est depuis la maison de retraite de Saint Pourçain sur Sioule que nous vous écrivons, il est loin le temps de notre jeunesse et de notre dernier poing dev, il y a 47 ans. A l’époque, nous étions jeunes et fringants, et si nous avons depuis cultivé quelque ride, la flamboyance est toujours au centre de nos vies bien avancées, en témoignent ces corrections brillantes dont vous trouverez la liste ci-après (lunettes de soleil fortement recommandées, en plus de la traditionnelle Biafine qui doit maintenant faire partie de votre kit de base on l’a assez dit, merde).
Assez tourné autour du pot de chambre, voilà la compote.
Backoffice
Modifications sous le capot pour préparer l’arrivée de la presse libre, ce beau bébé de 7 tonnes de swagg dont les 8 parents sont très fiers – quel accouchement mes aïeux !
Ajout des briefs au mode de publications programmées, pour toujours plus de sommeil après 5 h du matin.
Meilleures statistiques de suivi des lectures d’articles, c’est Ness_01 qui a beaucoup insisté et quand elle nous a dit que c’était pour notre bien ça a achevé d’emporter notre conviction.
Commentaires
Les liens en markdown vers les domaines non validés par la grande liste blanche officielle des domaines validés sont maintenant traités avec plus d’égards, les complotistes ne pourront plus crier au complot – ou ils devront trouver une circonvolution supplémentaire pour le faire.
Correction d’un bug de navigation avec les flèches qui vous faisait sauter un commentaire sur deux. Avec certains commentaires douteux c’était bien pratique, mais fallait bien viser.
Abonnement
Améliorations graphiques diverses sur les tableaux, les craies grincent toujours mais moins.
Correction d’un vilain problème inattendu qui empêchait la MAJ de la date de prochaine facture si la facture n’était pas générée.
Améliorations de la fonction Offrir un article, d’ordre fonctionnelles, ergonomiques, et syntaxiques. Notamment, quand vous offriez un article via la fonction idoine, un petit compteur invisible et sournois permettait de compter les vues et dès la deuxième, rétablissait un paywall raide comme la justice. C’était un peu trop raide, on a beau aimer la douleur (qui peut être une source de plaisir), on est monté à 10. N’en profitez pas pour autant pour mutualiser votre abo avec les 9 Samouraïs, on connait votre esprit retors on vous surveille.
A partir de maintenant, on vérifie la validité de l’abonnement avant de vous envoyer un rappel d’expiration – ce qui est 100% moins con, convenons-en. On a simplifié la signature de la méthode send() en retirant le paramètre user_id inutilisé, remplacé strftime() (déprécié) par DateTime pour la gestion des dates en français, corrigé le template newsletter en supprimant les éléments visuels problématiques (dont notre photo de groupe en tutu), et nettoyé le formatage du code avec des espaces cohérents. J’ai essayé de jouer sur l’aspect incongru de cette suite de termes abscons plutôt que de faire un jeu de mots sur « strftime », il faut avoir conscience des limites de son talent.
Site
Reformatage des images de catégories en FAT 32, parce que c’était mieux avant. Elles sont maintenant presque toutes en place, vu que Flock a presque tout fini son assiette.
Dans les articles, en appuyant sur la touche ESC en haut à gauche sur votre clavier, ça ouvrait la visionneuse d’image au lieu de la fermer – bug qui est assez répandu du reste dans la vraie vie, on aimerait bien que certains s’en inspirent et la ferment plus souvent. Et bah maintenant c’est corrigé. Je précise même si ça va sans dire, quand on parle d’un bug dans un changelog, c’est pour dire qu’il est corrigé, sinon ça ne sert à rien d’une part, et le changelog serait beaucoup trop long d’une autre vu qu’on développe d’un doigt tremblant en sirotant nos Pom’ potes.
Sur la home, le resize de la page redirigeait vers une URL chelou avec des dates en paramètres. C’était un bug quantique, introduit par Seb pour voir si on lisait tous les articles intelligents qu’il nous cuisine sur le sujet. Bah oui, on te lit mon chéri mais tu fais chier Seb, on préférait l’époque bénie où nous étions payés à la lettre. C’est corrigé a priori, si on a bien tout compris à la théorie des cordes – dans laquelle nous avons bien relevé deux trois approximations flagrantes, mais on n’est pas là pour impressionner notre monde, juste pour travailler humblement au futur radieux de l’humanité (c’est chaud quand même).
De façon plus générale, nettoyage de fonctions obsolètes et réduction des warnings dans le code un peu partout, je ne vais pas me mettre à lister les numéros de ligne en référence on va perdre les derniers lecteurs qui s’accrochent encore.
Recherche
La fonction de recherche a été complètement revue, et c’était pas du luxe les amis. Non pas qu’on soit maintenant sur une recherche 4 étoiles – à vrai dire on n’en sait rien du nombre d’étoiles de la recherche, le dernier inspecteur Michelin à être passé par là s’est complètement perdu on ne l’a plus jamais revu – on n’a même pas essayé de le rechercher, c’était devenu beaucoup trop dangereux.
Correction de la sanitization et de l’échappement de caractères HTML, amélioration de la présentation des résultats, et quand il n’y a qu’un seul résultat, et bien maintenant il apparait.
Également à souligner, meilleure concordance du pluriel, et affichage des termes de recherche plus longs amélioré. C’est assez fou quand on y pense les progrès de la recherche, alors n’hésitez pas à donner des sioux à l’ARC.
Forum
En préambule, nous voudrions resituer le contexte : ce forum n’est pas n’importe quel forum. Construit en 78 de notre ère par les Romains dans ce qui s’appelait encore la Gaule, il a d’abord servi de lieu d’échanges à toute la population qui, si elle ne savait pas lire, savait très bien compter le nombre de FPS qu’elle tirait de ses Geforce 2 MX 400 sur Quake III. Tombé peu à peu dans l’oubli au fil des siècles, nous l’avons redécouvert un peu par hasard lors d’une campagne de fouilles archéologiques pour retrouver la devise enfouie de Google et perdue dans le temps – campagne qui, comme chacun sait, s’est soldée par un succès retentissant avec l’exhumation de cette phrase vieille comme le monde et pourtant si actuelle : « don’t be civil«
Il est à nouveau possible de se créer un compte sur le forum.
Le forum a été migré vers notre infra moji, afin de toujours faire plus d’économies et augmenter la brillance du service. On nous demanderait de redresser la France que ce ne serait pas du luxe, mais comme personne il nous appelle, on fait le bien à notre petit niveau d’artisan.
Ça nous a bien réveillés ce petit poing, on va continuer à vous envoyer du bois pour que vous puissiez vous chauffer cet hiver aux frais de la princesse. Au programme de la petite flambée à venir, des améliorations techniques et graphiques un peu partout, et peut-être une surprise sous le sapin – qu’il ne faut pas brûler avant Janvier, lui.
Microsoft présente ses nouvelles ambitions pour Office avec deux fonctions liées à un mode Agent. L’entreprise veut introduire la notion de « vibe working » : puisque le « vibe coding » fonctionne dans le monde du développement, il n’y a pas de raison que les tâches bureautiques n’aient pas accès aux mêmes capacités.
Le « vibe coding » est sur de nombreuses lèvres depuis plusieurs mois. Des entreprises comme Windsurf et Cursor ont désormais pignon sur rue avec des outils dédiés. Anthropic s’y est mis avec Claude Code, OpenAI avec son Codex, etc.
Mais de quoi parle-t-on ? De la possibilité de générer du code informatique à partir d’une demande à une IA. Comme toujours, plus la demande est précise, meilleurs sont censés être les résultats. Le vibe coding n’inclut pas que la génération de code : en cas de problème à l’exécution, on explique dans la conversation ce qui coince afin que l’outil trouve l’erreur et la corrige de lui-même. Reste que si ces services permettent d’explorer rapidement des concepts et brillent sur des sections ou des petits projets, il vaut mieux disposer soi-même d’un certain bagage technique pour en apprécier les réponses.
Puisque le vibe coding a le vent en poupe, Microsoft tente la même opération sur le travail bureautique avec le « vibe working », en introduisant des fonctions d’agents IA dans Office.
« C’est comme si vous confiiez le travail à un expert »
Les nouveautés annoncées par Microsoft se regroupent en deux annonces. La plus importante est le mode Agent dans Word et Excel, basé sur GPT-5.
Sur le tableur, l’entreprise est dithyrambique. Décrit comme « l’outil de modélisation de données le plus polyvalent au monde », il a un défaut : toute sa « puissance n’est accessible qu’aux utilisateurs experts ». C’est là qu’intervient le mode Agent, puisque cela revient à diriger un tel expert pour lui demander n’importe quelle opération sur les données d’un ou plusieurs tableaux, selon l’entreprise.
D’après la présentation de Microsoft, on peut demander tout et n’importe quoi à l’agent. On peut décrire un projet complet ou une suite d’opérations à effectuer sur plusieurs grands tableaux. L’agent peut générer des sorties, résoudre des problèmes, évaluer les résultats, etc. Tous les processus peuvent être répétés si besoin et l’agent peut être invité à contrôler ses résultats en bout de chaine, ou à chaque étape, selon les besoins.
Les exemples donnés ne manquent pas : créer un rapport de clôture financier mensuel pour une entreprise de magasin de vélos avec ventilation des gammes, créer un calculateur de prêt pour les paiements mensuels en fonction des paramètres saisis par l’utilisateur, suggestions en fonction d’un suivi de budgets, et ainsi de suite. Selon ce que l’on veut générer, on peut demander à l’agent de présenter les informations d’une manière précise, par exemple dans le cadre d’une réunion, avec « un formatage financier standard et les meilleures pratiques ».
Même si Microsoft dit beaucoup de bien de son agent pour Excel, le tableau des performances publié par l’entreprise est intéressant, non pas parce que l’agent arrive premier des outils IA sur le test SpreadsheetBench (avec 57,2), mais parce qu’il n’est que second derrière l’être humain, qui obtient en moyenne 71,3 % au même test. Le score invite donc à la prudence et au contrôle des résultats.
Crédits : Microsoft
Dans Word, des fonctions plus classiques
Ce mode agent est également disponible dans Word. Dans le traitement de texte, la recette est peu ou prou la même : on indique à l’agent ce que l’on souhaite et lui se charge ensuite des missions. Puisqu’il s’agit d’un agent, il peut opérer en temps réel sous le regard de l’utilisateur ou effectuer des tâches en arrière-plan, à une heure précise ou à intervalles réguliers.
La présence de l’agent dans Word s’articule différemment de l’implémentation retenue pour Excel. Ici, Word est davantage considéré comme une porte de sortie pour y entreposer des informations, par exemple après une collecte de données, dont le résultat serait affiché sous forme de rapport. Au-delà, on reste dans les capacités désormais classiques rattachées au traitement des textes par les grands modèles de langage : mise à jour d’un texte pour plus de clarté, mise en gras des éléments clés, insertion de listes en fonction de certaines conditions, formatage spécifique, passage en italique d’une famille de mots selon certains critères, etc.
Puisqu’il s’agit d’un agent, on peut là encore lui confier une mission générale et le laisser se débrouiller. On peut ainsi le programmer pour appliquer systématiquement un ou plusieurs traitements sur des documents d’un flux quelconque. Par exemple, si des documents sont diffusés dans un canal Teams ou déposés sur Google Drive à certains horaires, lui demander de les analyser pour en faire une brève synthèse, en insistant sur les éléments décrits.
Pour l’instant, le mode Agent n’est disponible que dans les versions web de Word et Excel. Microsoft compte cependant le proposer dans la version logicielle de la suite. La fonction n’est pas non plus gratuite : elle est réservée aux personnes et entreprises abonnées à une offre Microsoft 365. Il faut en outre s’inscrire au programme Frontier, qui permet de tester en avance les fonctions IA de Microsoft.
Un agent de bureau dans Copilot
L’autre nouveauté est l’Agent Office dans Copilot. Objectif général : créer des présentations PowerPoint et des documents Word via une expérience de chat. « PowerPoint est l’un des outils les plus utilisés pour créer des présentations, mais au cours des deux dernières années, l’IA a souvent été à la traîne lors de la création de diapositives. Office Agent change cela. Office Agent crée des présentations PowerPoint de bon goût et bien structurées, ainsi que des documents Word bien documentés », affirme l’entreprise.
On peut par exemple demander à Copilot de générer une présentation en cinq diapositives résumant les tendances d’un marché particulier. Évidemment, plus la demande est précise, plus les résultats doivent s’approcher de ce que l’utilisateur a en tête. Copilot va alors se charger d’analyser la demande, mènera si besoin des recherches approfondies sur le web et générera le résultat. Microsoft indique que toutes les étapes s’affichent à l’écran, dont les sources web visitées. Quant au résultat, il peut ensuite être modifié manuellement ou révisé de nouveau via Copilot.
Comme pour la fonction précédente, l’Agent Office pour Copilot s’obtient pour l’instant à travers le programme Frontier et nécessite un abonnement Microsoft 365. L’entreprise ajoute que ces fonctions ne sont « qu’un début » et que d’autres expériences de type « vibe » seront bientôt portées sur l’offre 365. Il y a cependant une différence technique de taille dans cet agent pour Copilot : il est basé sur Claude, pas sur GPT. Microsoft n’explique pas ce choix, mais il s’agit d’une conséquence concrète de l’annonce récente des modèles d’Anthropic dans les offres 365.
Ces fonctions pourraient en tout cas trouver un écho favorable dans les entreprises manipulant de nombreuses données, particulièrement avec d’autres produits Microsoft, via notamment le Graph. Toutefois, comme tout ce qui est lié aux productions par l’IA, la vérification des données s’avèrera essentielle. C’est d’autant plus vrai avec Excel, où la précision est toujours de rigueur. Le tableau de performances affiché par Microsoft n’est probablement pas là que pour montrer que son agent est meilleur que les autres.
L’affaire avait été révélée en août 2022 par Mediapart. Tournée à l’insu du premier adjoint de la mairie de Saint-Étienne, Gilles Artigues, une vidéo intime aurait été utilisée à son encontre par le maire de la ville Gaël Perdriau pour le mettre sous pression. Le procès s’est tenu du 22 au 30 septembre au tribunal correctionnel de Lyon.
À la barre, se sont succédés les différents mis en cause, Gaël Perdriau, son ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri, l’ancien adjoint à l’éducation de la ville Samy Kéfi-Jérôme, et l’ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet.
Les trois derniers sont poursuivis pour « association de malfaiteurs », soupçonnés d’avoir organisé le tournage de la vidéo à caractère sexuel qui a servi à faire pression sur Gilles Artigues pendant des années.
Reconnaissant avoir attiré Gilles Artigues dans le piège, Samy Kéfi-Jérôme a rapidement exprimé sa « honte » et ses « regrets », accusant à demi-mots Gaël Perdriau.
Accusé par la défense de Gaël Perdriau d’avoir tout « commandité », Pierre Gautierri accable de son côté l’ancien maire et présente à plusieurs reprises ses excuses à la famille Artigues.
Mireille Artigues, épouse de la victime, a de son côté témoigné de la déflagration que la vidéo et son usage sur Gilles Artigues ont exercé sur leur famille. Pendant sept ans, alors que son mari ne laisse rien filtrer, elle indique avoir eu l’impression de le voir « se noyer ». Et ce dernier d’indiquer que le maire de Saint-Étienne le « voulait faible ».
Gaël Perdriau, lui, a « clamé » son innocence.
La procureure a requis 5 ans de prison dont 3 ans ferme, 50 000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité de 5 ans contre Gaël Perdriau, 3 ans d’emprisonnement dont 1 an ferme et une amende de 40 000 euros contre Pierre Gauttieri, et 4 ans de prisons, 40 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité contre Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet.
Alors que le Règlement européen sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique va s’appliquer à partir du 10 octobre prochain, Google vient de supprimer tous les pays de l’Union européenne de son outil de transparence sur le sujet, rendant inaccessibles 7 ans d’archives.
Google a mis en place, depuis 2022, un « Centre de transparence publicitaire » qui permet notamment de consulter les publicités électorales publiées via Google Ads, Google Display et Video 360 depuis le 31 mai 2018.
Mais, comme l’a repéré la chercheuse irlandaise Liz Carolan dans sa newsletter The Briefing, l’entreprise dirigée par Sundar Pichai a très récemment supprimé l’accès des informations concernant les publicités politiques publiées dans les pays de l’Union européenne.
Comme l’explique Liz Carolan, jusqu’à la semaine dernière, « lorsque vous vous rendiez sur Google Ad Archive […], vous pouviez […] rechercher toutes les publicités politiques diffusées dans votre pays en sélectionnant la période de votre choix depuis 2018. Vous pouviez parcourir toutes les annonces dans cette catégorie ou rechercher des mots-clés, des candidats ou des parties ».
Le règlement européen sur la publicité politique en ligne bientôt en application
Google a modifié cet accès alors que le règlement européen sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique doit s’appliquer à partir du 10 octobre 2025. La Commission explique que ce texte oblige, entre autres, à ce que « la publicité à caractère politique [doive] être clairement identifiée comme telle et inclure des informations sur les personnes qui l’ont payée, l’élection, le référendum, le processus législatif ou réglementaire auquel elle est liée et l’utilisation éventuelle de techniques de ciblage ou de diffusion de la publicité ».
Elle ajoute que, via ce règlement, « le ciblage ou la diffusion de la publicité à caractère politique en ligne n’est permis que dans des conditions strictes :
les données doivent être collectées auprès de la personne concernée ;
les données ne peuvent être utilisées que si la personne concernée a donné son consentement explicite séparément pour leur utilisation à des fins de publicité à caractère politique ;
les données à caractère personnel des mineurs ne peuvent pas être utilisées ;
les catégories particulières de données à caractère personnel, comme les données révélant l’origine raciale ou ethnique ou les opinions politiques, ne peuvent pas être utilisées à des fins de profilage ;
l’utilisation de données à caractère personnel d’une personne concernée dont l’âge est inférieur de moins d’un an à l’âge du droit de vote établi par les règles nationales est interdite. »
Une mise à jour de la politique de Google mais pas d’annonce de la suppression des archives
404 Media a repéré que Google avait publié le 5 aout dernier une mise à jour de sa politique relative au contenu politique applicable en septembre 2025. Celle-ci indique notamment que, « à compter de septembre 2025, le rapport sur la transparence des publicités politiques de l’UE ne sera plus disponible ».
Google y ajoute que « cependant, les publicités électorales de l’UE précédemment affichées dans le rapport sur la transparence des publicités politiques resteront accessibles au public dans le Centre de transparence des publicités, sous réserve des politiques de conservation. Les comptes des annonceurs qui ont déjà terminé la vérification pour diffuser des publicités électorales de l’UE seront convertis pour faire partie du programme de vérification des annonceurs de Google ».
En novembre 2024, Annette Kroeber-Riel, Vice-présidente de Google chargée des relations publiques de l’entreprise en Europe, avait publié un billet de blog annonçant que l’entreprise renoncerait à « diffuser de la publicité politique dans l’UE avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation en octobre 2025 ».
Mais, comme l’explique 404 Media, le texte n’oblige pas de supprimer de publicités antérieures à son entrée en vigueur. Comme nos confrères, on peut se demander si, au lieu de s’embêter à se poser la question de la légalité ou non de certaines anciennes publicités, Google n’a pas choisi tout simplement de supprimer tout ce qui concernait l’Europe. Comme 404 Media, Next a contacté Google pour en savoir plus, mais l’entreprise ne nous a pas encore répondu.
Reporters sans Frontières (RSF) s’est penché sur la campagne de menaces et de cyberharcèlement qu’ont subi au mois de mars les journalistes Jean-Michel Décugis, Marc Leplongeon et l’écrivaine Pauline Guéna, co-auteurs d’Une nuit en France (Grasset, 2025).
Dans leur enquête, les trois reviennent sur la mort de Thomas, tué à 16 ans après un bal tenu à Crépol, dans le sud de la France, en 2023. Et remettent en cause la thèse portée par l’extrême-droite, selon laquelle cet assassinat serait un « francocide ».
RSF constate que la vague de cyberviolences qui s’est abattue sur les trois auteurs coïncide nettement avec sa couverture sur CNews.
Alors que le sujet est très peu débattu sur Twitter le 17 mars, une première vague de messages menaçants est lancée juste après que Pascal Praud ne critique le livre comme une volonté de « réécrire Crépol ».
Toute la soirée, le traitement des diverses émissions de CNews suivront une tendance similaire. En ligne, cela se traduit par une amplification de la vague de haine, au sein de laquelle se multiplient des accusations de « réécriture de l’histoire ».
Dans 27 émissions jusqu’au 24 mars, CNews relancera la machine. En ligne, les insultes pleuvent, s’appuyant généralement sur le traitement proposé par la chaîne de Vincent Bolloré.
RSF critique le traitement opéré par la chaîne, « sur le fond comme sur la forme », pointant l’absence de « traitement rigoureux et honnête sur les faits », le « refus de présenter les différentes thèses en présence » ou le « défaut de maîtrise de l’antenne face aux propos outrageants de certains invités ».
L’organisation, qui qualifiait en 2018 le harcèlement en ligne comme l’une des « pires menaces contre la liberté de la presse », insiste aussi sur le « caractère multirécidiviste de la chaîne, déjà sanctionnée à huit reprises ». Et d’annoncer, donc, qu’elle saisit le régulateur de l’audiovisuel sur le sujet.
Générée à l’aide d’intelligence artificielle par le studio Xicoia, le personnage de Tilly Norwood fait scandale à Hollywood.
La fondatrice de Xicoia, la néerlandaise Eline Van der Velden, a en effet déclaré que plusieurs agences l’avaient contactée pour représenter cette « création numérique ». Pour l’entrepreneure, Tilly Norwood pourrait remplacer Scarlett Johansson ou Natalie Portman.
Officiellement présenté lors du festival du film de Zurich, ce personnage aux traits d’une jeune femme brune dans la vingtaine a été doté d’un compte sur Instagram qui collecte déjà plus de 38 000 abonnés.
En réaction, de multiples actrices et acteurs ont qualifié ce projet d’ « horreur » (Melissa Barrera, vue dans Scream et Scream 6), ou de « honte ».
Vue dans Matilda, Mara Wilson précise : « ils ont volé les visages de centaines de jeunes femmes pour créer cette actrice IA. Ce ne sont pas des créateurs, ce sont des voleurs d’identité ».
Le syndicat américain SAG-AFTRA a déclaré que Norwood n’était « pas une actrice, c’est un personnage généré par un programme informatique qui a été entraîné sur le travail d’énormément de comédiens professionnels ».
Les coupures ont commencé lundi en fin de journée, comme l’explique Le Monde. Depuis quelques semaines, les connexions sont ralenties, voire partiellement coupées, mais là, c’est un black-out sur le territoire, le premier depuis le retour des talibans au pouvoir (2021). « Cette mesure a été prise pour prévenir le vice », affirmait le responsable d’une province du Nord mi-septembre, lors des premières coupures. En juin, c’était l’Iran qui se coupait d’Internet pendant plusieurs jours.
Nos confrères rapportent que, pour l’ONU, cette coupure des communications a des « répercussions extrêmement graves » sur l’accès aux informations, le système bancaire, aérien… Internet est aussi une fenêtre sur le monde et permet de communiquer entre proches. L’ONU ajoute que « les femmes et les filles, déjà exclues de la vie publique, sont particulièrement touchées ».
Un responsable du gouvernement taliban a expliqué à l’AFP (repris par Le Monde), sous couvert d’anonymat, que la coupure durerait « jusqu’à nouvel ordre ». Il ajoutait que « cela se fera progressivement [dans la nuit de lundi], de 8 000 à 9 000 pylônes de télécommunications seront mis hors service […] Il n’y a aucun autre moyen ou système pour communiquer (…) : le secteur bancaire, les douanes, tout le pays sera affecté ».
Selon NetBlocks, une organisation de surveillance de la liberté sur Internet, Internet est de retour depuis mercredi après-midi, après deux jours de black-out. Le Monde précise que ce retour a suscité « des scènes de liesse parmi la population, notamment dans la capitale afghane ».
Dans un billet de blog publié mardi 30 septembre, OpenAI annonce la sortie de Sora 2, la nouvelle version de son modèle de génération de contenus audio et vidéo Sora annoncé en février 2024 et accessible depuis décembre 2024.
Le modèle est dès maintenant utilisé par le service Sora, utilisable via un compte ChatGPT. L’entreprise précise que les utilisateurs avec un compte ChatGPT Pro pourront « bientôt » accéder au modèle Sora 2 pro et qu’elle va rendre accessible Sora 2 via son API.
En même temps, l’entreprise annonce la sortie d’une application indépendante du même nom. L’application Sora, qui permet de doomscroller des vidéos générées par IA en utilisant Sora 2, n’est disponible pour l’instant que pour les utilisateurs d’iPhone sur l’Apple Store et sur invitation.
Comme nous l’expliquions récemment, avec la génération de vidéos par IA, l’application permet de créer des deepfakes de soi-même et de ses amis avec un mécanisme de vérification d’identité et d’autorisation. Les chercheurs d’OpenAI ont rapidement communiqué sur le sujet sur les réseaux sociaux et montré qu’on pouvait créer des vidéos d’une personne réelle commettant un délit. Ainsi, l’un d’eux, Gabriel Petersson a publié sur X un deepfake de Sam Altman volant des GPU dans un magasin.
La boutique tierce F-Droid dénonce la décision de Google d’imposer l’enregistrement auprès de ses services de tous les développeurs souhaitant proposer des applications sur Android. Selon elle, c’est un choix délibéré de tuer les boutiques alternatives. Pour Google, tout est question de sécurité.
Fin aout, Google annonçait une décision importante : la vérification de tous les développeurs souhaitant publier des applications Android sur les appareils équipés de Play Protect. Cette vérification se traduit par l’enregistrement obligatoire des personnes concernées auprès de Google, via un compte développeur, avec des informations comme le nom, l’adresse, l’e-mail et le téléphone. Il faudra également y déclarer les applications que l’on souhaite proposer.
Comme nous l’indiquons alors, cette obligation existait déjà pour les applications référencées par le Play Store depuis 2023. Avec cette décision, Google annonçait donc l’extension de l’obligation au sideloading, c’est-à-dire la possibilité de télécharger les fichiers APK pour les installer manuellement. Exactement ce que propose F-Droid.
Pour Google, il ne s’agissait alors que d’une étape logique de plus vers une plus grande sécurité : « Nous avons vu comment des acteurs malveillants se cachent derrière l’anonymat pour nuire aux utilisateurs […] L’ampleur de cette menace est importante : notre analyse récente a révélé plus de 50 fois plus de malwares provenant de sources sur Internet que des applications sur Google Play ». L’idée était alors simple : augmenter la transparence et la traçabilité.
Mais dans un contexte où la position dominante du Play Store est remise en cause des deux côtés de l’Atlantique, notamment à travers le procès contre Epic, la décision de Google fait grincer des dents. F-Droid dénonce la pratique.
F-Droid vent debout contre l’enregistrement obligatoire
Dans son billet publié lundi, F-Droid ne remet pas en cause la présence de multiples malwares dans les applications des boutiques tiers. Mais la boutique serait « différente ». Elle dit ainsi distribuer des applications « dont elle a validé qu’elles fonctionnent pour les intérêts de l’utilisateur, plutôt que pour ceux des distributeurs de l’application ».
F-Droid explique que lorsqu’un développeur crée une application et publie son code source sur un dépôt public, l’équipe de la boutique l’analyse pour vérifier qu’il est bien open source et ne contient pas « d’anti-fonctions non documentées », comme des publicités et trackers. C’est cette même équipe qui compile l’application et crée le paquet en vue de sa distribution. Le paquet est ensuite signé avec la clé cryptographique de F-Droid ou, dans le cas où la compilation serait reproductible, avec la clé privée du développeur.
Ce modèle, dont l’équipe semble particulièrement fière, est « mis en péril » par la décision de Google. D’abord parce que les personnes concernées vont devoir donner leurs informations à Google et payer les 25 dollars nécessaires pour valider la création du compte développeur, mais aussi parce qu’elles devront accepter les conditions d’utilisation « non négociables et en constante évolution » de la firme américaine.
« S’il est mis en vigueur, le décret d’enregistrement des développeurs mettra fin au projet F-Droid et d’autres sources de distribution d’applications libres/open-source telles que nous les connaissons aujourd’hui, et le monde sera privé de la sûreté et de la sécurité du catalogue de milliers d’applications auxquelles on peut faire confiance et vérifiées par tous »
Sécurité centralisée contre transparence et éducation
F-Droid s’oppose également à la vision de Google selon laquelle seule une approche centralisée via une boutique peut assurer la sécurité. L’équipe rappelle que le Play Store a hébergé à plusieurs reprises des applications vérolées, montrant que cette approche contrôlée n’offre pas de garantie.
Pour l’équipe de la boutique alternative, le fonctionnement qu’elle propose n’est pas non plus une garantie, mais il fournit une approche différente de la sécurité, basée sur la transparence et la responsabilisation : « chaque application est gratuite et open source, le code peut être audité par n’importe qui, le processus de construction et les journaux sont publics, et les builds reproductibles garantissent que ce qui est publié correspond exactement au code source ».
L’argument de la sécurité est d’autant plus critiqué que Google possède déjà un mécanisme de remédiation pour les logiciels malveillants, à savoir Play Protect. Il peut agir sur n’importe quel code exécuté sur Android, pas uniquement les applications provenant du Play Store. Pour F-Droid, tous ces risques peuvent aussi être atténués par l’éducation des utilisateurs, la transparence de l’open source et les mécanismes existants de sécurité.
Les régulateurs appelés à la rescousse
Pour l’équipe, on devrait pouvoir faire avec un appareil mobile ce que l’on fait avec un ordinateur : installer ce que l’on veut, d’où l’on veut. La vision de Google (et d’Apple) est que tout doit passer par la boutique officielle. Et si ce n’est pas le cas, il faut au moins que les développeurs montrent patte blanche pour avoir le droit de publier des applications sur Android.
F-Droid tente une comparaison : « Forcer les créateurs de logiciels à s’inscrire de manière centralisée pour publier et distribuer leurs travaux est aussi choquant qu’obliger les écrivains et les artistes à s’inscrire auprès d’une autorité centrale pour être en mesure de diffuser leurs œuvres ».
Ce que demande F-Droid ? Que les autorités de régulation et de concurrence se penchent sérieusement sur la question. « Nous exhortons les organismes de réglementation à préserver la capacité des boutiques d’applications alternatives et des projets open source à opérer librement et de protéger les développeurs qui ne peuvent ou ne veulent pas se conformer aux systèmes d’enregistrement d’exclusion et aux demandes d’informations personnelles ».
L’équipe demande à toutes les personnes se sentant concernées d’écrire à leurs représentants pour les informer du problème. Un lien est directement donné vers la page de la Commission européenne pour contacter l’équipe en charge du DMA.
Google reste droite dans ses bottes
Du côté de la firme américaine, on insiste : le changement va accentuer la sécurité. Dans un billet qu’elle vient de mettre en ligne, la société n’évoque pas les critiques de F-Droid. Elle indique simplement avoir collecté des retours depuis l’annonce initiale et vouloir répondre à quelques questions fréquentes.
Google veut bien sûr désamorcer le début de crise autour du sideloading, en réaffirmant qu’il ne disparaitra pas. Il est même décrit comme « fondamental pour Android ». La société ajoute que ses nouvelles exigences « sont conçues pour protéger les utilisateurs et les développeurs contre les acteurs malveillants, et non pour limiter le choix ». Les possibilités restent les mêmes, à condition que les développeurs s’enregistrent et prouvent leur identité.
La société ajoute que l’utilisation d’Android Studio ne sera pas affectée par le processus de vérification, « car les déploiements effectués avec adb, qu’Android Studio utilise en arrière-plan pour envoyer des builds aux appareils, ne sont pas affectés ».
En revanche, si un développeur distribue des fichiers APK à d’autres membres de son équipe à des fins de tests, il aura besoin de faire vérifier son identité dans le compte Google et d’enregistrer le paquet. Même chose pour les tests internes Google Play, pour Firebase ou toute solution tierce similaire.
Au cas où des applications ne seraient distribuées qu’à un petit nombre de personnes, l’obligation d’enregistrement pour les paquets est recommandée, mais pas absolue. Google parle cette fois encore d’un « type de compte développeur gratuit qui permettra aux enseignants, aux étudiants et aux amateurs de distribuer des applications sur un nombre limité d’appareils sans avoir à fournir une pièce d’identité officielle », mais de nouveau sans donner le moindre détail. Les personnes intéressées par ce type de compte sont invitées à le faire savoir à Google.
Des visions irréconciliables
Quoi qu’il en soit, la pression s’accroit sur Google, notamment pour la position dominante de sa boutique. Le procès contre Epic s’est soldé par une défaite majeure pour la firme, qui doit maintenant laisser les développeurs publier leurs applications où ils le souhaitent et utiliser le système de paiement qu’ils veulent. Google a fait appel à la Cour Suprême américaine pour faire bloquer le jugement, mais la juridiction avait botté en touche avec Apple sur un sujet similaire.
Pour F-Droid, Google se sert de la sécurité pour imposer plus de contrôle et de centralisation. La question peut d’ailleurs se poser : la firme de Mountain View n’y verrait-elle pas de moyen de garder la main alors qu’elle est pressée de toutes parts par la justice d’ouvrir sa boutique ?
En attendant, la bascule n’est pas pour tout de suite. Google a mis en place des pré-inscriptions courant octobre, pour les personnes souhaitant prendre les devants. Certains pays, comme Brésil, l’Indonésie, Singapour et la Thaïlande seront d’abord concernés. L’obligation d’enregistrement n’est cependant pas censée s’étendre au reste du monde avant 2027. À la manière de Microsoft avec les mises à jour pour Windows 10, l’Union européenne aura peut-être droit à un traitement différent.
La consommation énergétique des centres de données pourrait tripler d’ici 2030 dans le monde, alerte le Shift Project, pour qui le coût climatique du « phénomène IA générative » nécessite d’être considéré en « urgence ».
Quelles infrastructures numériques dans un monde décarboné ? Telle est la question que pose le think tank The Shift Project dans un long rapport (.pdf) rendu public ce 1ᵉʳ octobre, une semaine à peine après qu’une septième limite planétaire (sur neuf) a été dépassée.
En dix ans, la consommation électrique des centres de données n’a fait qu’augmenter et a même accéléré. Et le Shift Project de dresser un constat clair : sans prise en compte précise dans les scénarios de planification énergétique, la consommation de la filière risque d‘« hypothéquer la capacité de l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques ».
À l’échelle de la France, le think tank souligne que les raccordements validés aujourd’hui atteindront leur pleine capacité d’ici 10 ans, risquant de créer des tensions sur le système électrique, comme l’envisageait le directeur du bureau de l’Open Source de RTE Boris Dolley auprès de Next, ou des conflits d’usage. En l’état, le Shift Project souligne un « manque d’anticipation » des risques que peut créer la croissance de cette filière numérique.
Citant les annonces de création de centres de données réalisées lors du Sommet pour l’action sur l’IA, début 2025, le think tank estime que le secteur pourrait représenter 7,5 % de la consommation électrique française en 2035, contre 2 % actuellement. Comme annoncé dès son rapport intermédiaire, l’association estime la trajectoire actuelle de l’intelligence artificielle, quand bien même elle n’est pas la seule à peser sur la filière des centres de données, « insoutenable ».
Co-créé en 2010 par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, le Shift Project a récolté avant l’été plus de 3,3 millions d’euros de dons pour imaginer un futur durable, c’est-à-dire sans pétrole, gaz, ni charbon. Plus de 3 fois plus élevé que le million d’euros visé à l’origine, l’appel aurait ainsi établi un record européen pour ce genre de campagne.
Avec ces fonds, le think tank compte notamment animer les débats en amont de la présidentielle de 2027 en apportant des faits et des pistes d’action. C’est dans ce cadre que le présent rapport a été produit, à l’issue de 15 mois de travail d’un groupe de 15 personnes (dont des représentants de la filière).
Quel que soit le niveau depuis lequel on observe la filière des centres de données, échelle mondiale, européenne ou française, les résultats de ces travaux sonnent comme une alerte. En termes énergétiques, la consommation mondiale des centres de données, sans considérer celle liée aux cryptomonnaies, a grimpé de 165 TWh en 2014 à 420 TWh en 2024.
Le secteur produit par ailleurs 250 millions de tonnes d’équivalents CO2 (MtCO2e) par an dans le monde, un volume qui pourrait grimper de 630 à 920 MtCO2e d’ici 2030. Cette fourchette correspond à deux fois les émissions annuelles de CO2 produites par la France. « Une autre façon de le dire, c’est qu’en 2030, cette filière des centres de données pourrait contribuer 2 à 3 fois plus au dérèglement climatique qu’en 2020 », indique l’ingénieure de recherche Marlène de Bank.
Extrait du rapport « Quelles infrastructures numériques dans un monde décarboné ? », The Shift Project
En cause : le recours de nombreux pays aux énergies fossiles pour alimenter les centres de données. Pour le secteur, « la rareté énergétique est perçue comme une contrainte à contourner plutôt qu’une incitation à la modération de l’offre, renvoyant aux systèmes énergétiques la responsabilité d’une transition vers la décarbonation », indique le rapport. Sans oublier que ces sociétés passent aussi de larges contrats avec les sociétés de l’industrie fossile, précisément pour l’aide à développer leurs activités.
Aux niveaux européens et français, le Shift Project souligne un manque de planification très net, alors même que la filière des centres de données est engagée depuis ses débuts dans une dynamique de croissance. En termes énergétiques, celle-ci s’est même accélérée : sans prendre en compte les usages spécifiquement liés au minage de cryptoactifs, le think tank relève une hausse moyenne de la consommation énergétique de 7 % par an de 2014 à 2019 puis de 13 % par an dans les cinq années suivantes.
En Europe, l’association constate que les situations varient d’un pays à l’autre, mais suivent une tendance similaire : celle d’une augmentation de la consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre. Elle relève que les deux tiers de la consommation énergétique des centres de données pèse sur l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et l’Irlande, quand ces pays ne rassemblent que 40 % de la population européenne. Et cite le cas de l’Irlande, où plus de 20 % de l’énergie produite sert désormais à l’industrie de centres de données, comme illustration des problématiques à envisager.
Extrait du rapport « Quelles infrastructures numériques dans un monde décarboné ? », The Shift Project
Pour faire face, le Shift Project appelle la France à planifier sa transition énergétique en misant sur l’électrification des secteurs économiques majeurs et en maîtrisant la demande. Appliquée au secteur des centres de données, il relève que la particularité du secteur numérique « tient à la rapidité d’augmentation de ses émissions, qui croissent selon une tendance incompatible avec sa décarbonation ».
Pour remplir les objectifs de décarbonation, le numérique n’a donc pas seulement besoin de « renforcer des leviers d’optimisation déjà déployés », mais d’être placé « sur une trajectoire fondamentalement différente de celle qu’il suit actuellement ».
Pour l’imaginer, le rapport du Shift Project alloue une partie complète à la question de l’intelligence artificielle, dont les impacts environnementaux demandent à être évalués « comme les autres » usages numériques. Pour l’association, il y a même « urgence à acter du coût climatique du « phénomène IA générative » ».
Soulignant le flou qui entoure la notion d’IA, l’association ne cache pas que les impacts énergétiques et d’émission carbone sont très variables d’un modèle et d’un mode d’entraînement à l’autre. Elle appelle précisément à les évaluer de manière systématique et exhaustive, et propose aussi des outils concrets pour construire des systèmes soutenables (avoir une trajectoire énergétique et carbone de référence, caractériser le besoin, associer différentes solutions techniques, etc.), les éco-concevoir… voire les abandonner, s’ils s’avèrent insoutenables.
Plus largement, pour toute la filière centres de données, the Shift Project liste quatre familles d’actions visant, selon les cas, chaque partie prenante, des entreprises aux pouvoirs publics en passant par le grand public. L’une est axée sur l’optimisation, une autre consiste à œuvrer à une réorganisation collective vers la sobriété, une troisième à diffuser informations, formations et compétences. Mais avant tout, le Shift Project demande de la transparence à la filière, comme quantité d’autres acteurs avant lui. Le but : mesurer précisément ses impacts sur l’environnement, pour mieux les maîtriser.
Fondateur et CEO de Spotify depuis sa création en 2006, Daniel Ek cèdera les rênes opérationnelles de l’entreprise à un tandem chargé d’assurer une codirection générale à compter du 1ᵉʳ janvier 2026. Le changement se fait dans la continuité, puisque ces responsabilités sont confiées à deux historiques de Spotify : Gustav Söderström, déjà directeur technique, et Alex Norström, directeur commercial de l’entreprise.
S’il se met en retrait des opérations quotidiennes, Daniel Ek ne se désengage cependant pas de Spotify : il conserve un poste de président exécutif, avec un périmètre qui devrait, selon l’entreprise, se concentrer sur les réflexions financières et stratégiques à long terme, tel qu’il l’écrit lui-même dans un communiqué.
« Ces dernières années, j’ai confié une grande partie de la gestion quotidienne et de l’orientation stratégique de Spotify à Alex et Gustav, qui ont façonné l’entreprise depuis ses débuts et sont désormais plus que prêts à piloter notre prochaine étape. Ce changement harmonise simplement les titres avec notre mode de fonctionnement actuel. En tant que président exécutif, je me concentrerai sur la trajectoire de l’entreprise à long terme et maintiendrai, du fait de mon engagement, un lien étroit entre le conseil d’administration et nos co-PDG ».
S’il ne l’écrit pas formellement, la casquette de Daniel Ek devrait également comporter une part de représentation au niveau des autorités européennes, contre lesquelles le service ferraille régulièrement autour des problématiques de réglementation des services numériques et de l’intelligence artificielle.
Spotify, cotée en bourse depuis 2018, est aujourd’hui valorisée à hauteur d’environ 140 milliards de dollars. L’entreprise suédoise revendiquait près de 700 millions d’utilisateurs actifs mensuels au terme du deuxième trimestre 2025, dont 276 millions d’abonnés premium, pour un chiffre d’affaires trimestriel de l’ordre de 4,2 milliards d’euros.
Évolution du nombre d’utilisateurs mensuels actifs (en millions) de Spotify entre 2022 et 2025, et répartition entre utilisateurs gratuits financés par la pub (en vert) et abonnés premium (en bleu) – source (PDF)
OpenAI déploie aux États-Unis une fonctionnalité d’achat « en un clic » au sein de ChatGPT. Déjà compatible avec Etsy et Shopify, elle s’accompagne de la publication d’un protocole open source conçu avec Stripe et destiné aux échanges entre marchands et agents IA.
Déjà menacés sur le terrain des audiences, phagocytées par les réponses natives des grands modèles de langage, les médias en ligne auraient-ils du souci à se faire sur l’intermédiation publicitaire, qui constitue l’un des piliers de leur monétisation ? La question se pose en des termes nouveaux depuis l’annonce, lundi 29 septembre, de l’arrivée de fonctionnalités shopping intégrées directement à ChatGPT.
Ouverte à tous les utilisateurs d’un compte ChatGPT gratuit, Plus ou Pro, cette brique permet d’acheter directement sur la plateforme Etsy et chez « plus d’un million » de boutiques recourant à la solution e-commerce de Shopify, directement depuis la fenêtre de conversation avec le modèle d’OpenAI, indique l’entreprise. Son arrivée n’est pas une surprise : elle était en test depuis le printemps, sur un périmètre de produits limités.
Des achats en un clic dans ChatGPT
En pratique, comment marche cet Instant Checkout (« paiement instantané » en français) ? Quand ChatGPT est interrogé sur le choix d’un produit, le modèle est déjà capable de lister et classer les offres marchandes issues du Web. OpenAI ajoute désormais à ces sélections de produits un bouton d’achat immédiat :
« Si un produit prend en charge le paiement instantané, les utilisateurs peuvent appuyer sur « Acheter », confirmer leur commande, les informations de livraison et de paiement, et finaliser l’achat sans quitter le chat. Les abonnés ChatGPT peuvent payer avec leur carte enregistrée ou avec d’autres options. »
L’achat se déroule en quelques clics, directement dans ChatGPT, ici en version mobile – crédit OpenAI
Si la gestion de la transaction se déporte du côté d’OpenAI, l’entreprise assure qu’elle conserve une posture d’intermédiaire. Elle promet ainsi que les choix opérés par son modèle sont « organiques et non sponsorisés, classés uniquement en fonction de leur pertinence pour l’utilisateur ». Le marchand conserve quant à lui la responsabilité de la commande, du paiement, de la livraison et du service après-vente. En échange de cette vente accélérée, il doit cependant s’acquitter d’une « petite commission » sur les transactions menées à leur terme, prévient OpenAI.
« Les commerçants paient une petite commission sur les achats effectués, mais le service est gratuit pour les utilisateurs, n’affecte pas leurs prix et n’influence pas les résultats des produits de ChatGPT ».
Une première version amenée à évoluer
Comment dans ce contexte l’algorithme choisira-t-il entre des offres concurrentes ? « Lors du classement de plusieurs marchands qui vendent le même produit, ChatGPT prend en compte des facteurs tels que la disponibilité, le prix, la qualité, le fait que la vente soit directe [par opposition à une offre distribuée par l’intermédiaire d’une place de marché, NDLR] et l’activation du paiement instantané, pour optimiser l’expérience utilisateur », répond l’entreprise.
Dans sa version actuelle, Instant Checkout ne permet de gérer que l’achat d’un unique produit, mais OpenAI assure que la fonctionnalité prendra bientôt en charge un véritable panier. Surtout, l’entreprise indique qu’elle sera déployée à plus grande échelle : d’abord auprès d’autres marchands (un « formulaire de candidature vendeur » est d’ailleurs déjà disponible), puis dans d’autres zones géographiques.
Un protocole pour une norme ouverte
L’offensive d’OpenAI en matière de commerce « agentique » ne se limite pas à ChatGPT : l’entreprise de Sam Altman annonce en effet qu’elle met à disposition du secteur, en open source (sous licence Apache 2.0), la technologie qui sous-tend le fonctionnement de son Instant Checkout. Le projet, promu par l’intermédiaire d’un site dédié, est baptisé ACP, pour Agentic Commerce Protocol. La spécification actuelle est hébergée sur GitHub où elle fait l’objet d’une maintenance partagée entre OpenAI et l’opérateur spécialisé dans le paiement Stripe.
Selon OpenAI, ACP doit permettre à un marchand d’implémenter l’achat instantané sans effort en une ligne de code s’il utilise déjà Stripe, et au prix de quelques manipulations techniques s’il exploite un autre opérateur de paiement. Là aussi, une spécification est mise à disposition.
Quel impact sur le secteur du e-commerce ?
Avec l’annonce simultanée d’un lancement à grande échelle aux États-Unis et la publication de ce qu’elle espère voir devenir le standard technique du secteur, OpenAI montre que cette question des ponts entre grands modèles de langage et e-commerce est prise au sérieux. Une étude relative aux habitudes de ses utilisateurs (conduite sur un échantillon à la représentativité discutable) a récemment montré à quel point ChatGPT servait déjà à aiguiller les internautes dans leurs recherches d’informations et leurs intentions d’achat.
De la même façon que l’avènement des chatbots a déjà des conséquences visibles sur l’audience des médias en ligne, il est probable que leur utilisation à des fins d’achat en ligne, si elle se démocratise, ait un impact économique sur les éditeurs de sites, les régies publicitaires ou les moteurs de recherche qui monétisent aujourd’hui la mise en relation entre internautes et marchands.
L’éditeur avait présenté son projet en mai : Neon, un navigateur largement alimenté par l’IA. Le projet était depuis en test sous forme de bêta privée. Il est désormais disponible, en quelque sorte : les premières invitations ont été envoyées pour recevoir la version finale, et il faudra s’acquitter d’un abonnement de 19,99 dollars par mois.
Pourquoi payant ? Pour couvrir les frais liés à toutes les fonctions IA, et elles sont nombreuses. Il y a bien sûr l’interface de conversation habituelle pour faire ses demandes liées au contenu d’un ou plusieurs onglets. Mais il y a surtout Neon Do.
Do est la réponse d’Opera à l’approche agentique des tâches. C’est donc un agent à qui on confie des missions, par exemple pour l’envoyer résumer les informations d’une ou plusieurs pages et diffuser le résultat dans un canal de conversation sur une application comme Slack ou Teams.
On peut lui demander tout ce qui touche à la collecte de données et aux actions liées (comparaison, analyse, synthèse…), aux formulaires, aux onglets, etc. Selon l’une des vidéos de présentation, on peut même lui demander de résilier des abonnements.
Si les récentes annonces de Google sur l’arrivée de l’IA dans Chrome vous ont fait tiquer, Neon n’est probablement pas pour vous, car il est question là-aussi d’accéder à l’historique de navigation pour façonner le contexte des demandes. Si vous acceptez, vous pourrez par exemple poser des questions au sujet de cette vidéo vue sur YouTube il y a deux semaines.
Moins courant, Neon propose un système de cartes fonctionnant un peu à la manière d’un IFTTT pour créer des actions automatisées, sous forme d’invites. Une fois créées, elles sont répétables et peuvent se répondre entre elles. Opera les compare à des morceaux de comportements et d’actions les plus souvent utilisés. Le navigateur en propose une série prête à l’emploi, mais on peut en créer autant que de besoin ou piocher celles de la communauté dans une place de marché dédiée.
« Les cartes font la différence entre expliquer vos besoins à partir de zéro à chaque fois et vous inciter à obtenir ce que vous voulez, à l’aide d’un ensemble de cartes prédéfinies », indique Opera.
Neon intègre même une première brique de vibe coding avec l’outil Make : « Il interprète ce qui doit être construit et emploie des agents d’IA pour le faire pour vous. Les sorties peuvent inclure des sites Web, des jeux, des vidéos, des rapports ou des outils. Son travail se poursuit même lorsqu’il est hors ligne, et les résultats sont livrés avec les fichiers sources complets pour une édition et un partage ultérieurs. Tout ce que vous faites devient une URL que vous pouvez partager avec n’importe qui d’autre ».
Neon n’est pas destiné au grand public. Opera le présente comme un « navigateur premium, basé sur un abonnement, conçu pour les utilisateurs expérimentés ». On peut s’inscrire sur liste d’attente, une case permettant d’inscrire un code pour être prioritaire. On ne peut cependant pas s’inscrire sans cocher la case pour recevoir les communications commerciales d’Opera.