Des chercheurs européens demandent à Ursula von der Leyen de rétracter des propos sur l’AGI
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Plus de 70 chercheurs et chercheuses européens ont signé une lettre ouverte adressée à la présidente de la Commission européenne pour lui demander de revenir sur ses propos prédisant que l’IA serait capable d’égaler le raisonnement humain l’an prochain. Ils lui reprochent de ne s’appuyer que sur des déclarations de marketing prononcées par des CEO d’entreprises d’IA.
« Nous, experts en intelligence artificielle et ses conséquences sociales, sommes profondément préoccupés par votre déclaration non scientifique et inexacte selon laquelle l’IA se rapproche du raisonnement humain », expliquent plusieurs dizaines de chercheuses et chercheurs à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans une lettre ouverte [PDF].
Ils réagissent aux propos que la dirigeante a tenus en mai dernier lors de la Conférence annuelle sur le budget de l’UE 2025. En effet, Ursula von der Leyen affirmait, entre autres que, « quand le budget actuel a été négocié, nous pensions que l’IA ne se rapprocherait du raisonnement humain que vers 2050. Aujourd’hui, nous nous attendons à ce que cela se produise déjà l’année prochaine ».
Pas de sources précises de la Commission
Le chercheur Kris Shrishak, qui travaille au sein de l’ONG irlandaise Irish Council for Civil Liberties, avait questionné début juillet la Commission à propos de documents sources sur lesquelles se basait sa présidente pour affirmer une telle chose.
Les services d’Ursula von der Leyen lui ont répondu [PDF] en octobre « que la Commission ne détient aucun document qui correspondrait à la description donnée dans votre demande », tout en affirmant que cette déclaration s’appuyait « sur les connaissances professionnelles des services de la Commission et sur l’analyse documentaire de la littérature scientifique ».
Mais en référence, ils citaient trois responsables d’entreprises d’IA : Dario Amodei (CEO d’Anthropic), Jensen Huang (CEO de NVIDIA), Sam Altman (CEO d’OpenAI). Les services de la Commission ajoutaient aussi le billet de blog du chercheur franco-marocain Yoshua Bengio publié en octobre 2024.
« Affirmations marketing motivées par l’appât du gain »
Pour les chercheurs, « il s’agit là d’affirmations marketing motivées par l’appât du gain et l’idéologie plutôt que par des preuves empiriques et formelles. En bref, les déclarations de ces CEO du secteur technologique concernant la « superintelligence » et l’ « AGI » sont manifestement liées à leurs impératifs financiers et non à une science rigoureuse ».
Selon eux, une telle reprise par la présidente de la Commission saperait « la crédibilité de l’Europe en tant que source fiable et digne de confiance de connaissances scientifiques. Cela est particulièrement vrai dans le contexte actuel d’une importante bulle spéculative alimentée par un engouement injustifié pour l’IA ».
Kris Shrishak a enfoncé le clou dans un article publié sur Tech avec la chercheuse Abeba Birhane, en affirmant que « ces spéculations ne sont pas que des mots ». Ainsi, ils expliquent que « le plan « Continent IA » de la Commission intègre ces spéculations idéologiques dans ses politiques. Dans ce plan, la Commission affirme que « la prochaine génération de modèles d’IA de pointe devrait permettre une avancée considérable en matière de capacités, vers l’intelligence artificielle générale » ». Et ils assènent que « la Commission européenne a accepté sans réserve l’utilité de l’IA, en particulier de l’IA générative ».
