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Deep research : des réponses plus détaillées dans ChatGPT mais toujours des hallucinations

4 février 2025 à 13:25
Toi, tu creuses
Deep research : des réponses plus détaillées dans ChatGPT mais toujours des hallucinations

OpenAI a annoncé une nouvelle fonctionnalité dans ChatGPT dont le nom est deep research. Celle-ci doit permettre à ses utilisateurs d’obtenir une synthèse de centaines de sources en ligne dans un rapport compréhensible. L’entreprise signale elle-même que son système peut « parfois halluciner des faits dans les réponses ou faire des déductions erronées ».

Toujours plus profond. En tout cas, le nom de la nouvelle fonctionnalité insérée dans ChatGPT par OpenAI, Deep research, semble être une réaction à l’arrivée tonitruante de DeepSeek sur le marché grand public de l’IA générative.

L’entreprise de Sam Altman a donc annoncé la disponibilité de Deep research pour les utilisateurs Pro de ChatGPT. Ceux qui ont un compte Plus ou Team devraient y avoir accès prochainement.

Selon l’entreprise, cette fonctionnalité permet de « trouver, analyser et synthétiser des centaines de sources en ligne pour créer un rapport complet au niveau d’un analyste de recherche ». OpenAI explique qu’elle utilise une version de son modèle o3 qui devrait sortir bientôt et qui est « optimisé pour la navigation sur le web et l’analyse de données, il s’appuie sur le raisonnement pour rechercher, interpréter et analyser des quantités massives de textes, d’images et de PDF sur Internet, en pivotant si nécessaire en réaction aux informations qu’il rencontre ».

Une réponse après 5 à 30 minutes

Pour l’utiliser, les utilisateurs Pro ont juste à appuyer sur le bouton « Deep research »… et attendre de 5 à 30 minutes avant d’avoir leur réponse. Une notification leur est envoyée lorsque le résultat est disponible.

Pour les experts même si le système hallucine parfois, selon OpenAI

OpenAI présente son outil comme étant créé pour « les personnes qui effectuent un travail intensif dans des domaines tels que la finance, la science, la politique et l’ingénierie et qui ont besoin de recherches approfondies, précises et fiables ».

Pourtant, l’entreprise explique dans la partie « Limitations » de son billet que son nouvel outil « peut parfois halluciner des faits dans les réponses ou faire des déductions incorrectes », même si elle affirme (sans publier aucun chiffre) que Deep research hallucinerait « à un taux nettement inférieur à celui des modèles existants de ChatGPT ».

OpenAI explique aussi que Deep research peut avoir « des difficultés à distinguer les informations faisant autorité des rumeurs et montre actuellement des faiblesses dans l’étalonnage de la confiance, ne parvenant souvent pas à exprimer l’incertitude de manière précise ». Bref, il reste à espérer que les experts en finance, en recherche en politique ou en ingénierie qui l’utilisent feront une vérification du rapport que la fonctionnalité leur renvoie.

De manière moins dangereuse, OpenAI suggère aussi que Deep research « peut également s’avérer utile pour les acheteurs avisés qui recherchent des recommandations hyper personnalisées pour des achats qui nécessitent généralement des recherches approfondies, comme les voitures, les appareils électroménagers et les meubles ». Sam Altman a publié un message en ce sens, il avait étonnement besoin d’acheter une vieille voiture au Japon quand la fonctionnalité est sortie.

100 requêtes par mois maximum

L’entreprise limite actuellement l’utilisation de Deep research a 100 requêtes par mois pour les utilisateurs Pro. OpenAI explique qu’elle est « très gourmande en calcul » sans s’appesantir plus sur le sujet.

D’autre part, OpenAI explique avoir rendu disponible la version « mini » de son modèle o3. Cette version est la première que peuvent utiliser ses clients dans ChatGPT et via son API. L’entreprise avait annoncé le modèle o3 en décembre dernier sans que personne puisse s’en servir. Elle affirme que son modèle est plus puissant et plus rapide que les précédents « tout en conservant le faible coût et la latence réduite d’o1-mini ».

Deep research : des réponses plus détaillées dans ChatGPT mais toujours des hallucinations

4 février 2025 à 13:25
Toi, tu creuses
Deep research : des réponses plus détaillées dans ChatGPT mais toujours des hallucinations

OpenAI a annoncé une nouvelle fonctionnalité dans ChatGPT dont le nom est deep research. Celle-ci doit permettre à ses utilisateurs d’obtenir une synthèse de centaines de sources en ligne dans un rapport compréhensible. L’entreprise signale elle-même que son système peut « parfois halluciner des faits dans les réponses ou faire des déductions erronées ».

Toujours plus profond. En tout cas, le nom de la nouvelle fonctionnalité insérée dans ChatGPT par OpenAI, Deep research, semble être une réaction à l’arrivée tonitruante de DeepSeek sur le marché grand public de l’IA générative.

L’entreprise de Sam Altman a donc annoncé la disponibilité de Deep research pour les utilisateurs Pro de ChatGPT. Ceux qui ont un compte Plus ou Team devraient y avoir accès prochainement.

Selon l’entreprise, cette fonctionnalité permet de « trouver, analyser et synthétiser des centaines de sources en ligne pour créer un rapport complet au niveau d’un analyste de recherche ». OpenAI explique qu’elle utilise une version de son modèle o3 qui devrait sortir bientôt et qui est « optimisé pour la navigation sur le web et l’analyse de données, il s’appuie sur le raisonnement pour rechercher, interpréter et analyser des quantités massives de textes, d’images et de PDF sur Internet, en pivotant si nécessaire en réaction aux informations qu’il rencontre ».

Une réponse après 5 à 30 minutes

Pour l’utiliser, les utilisateurs Pro ont juste à appuyer sur le bouton « Deep research »… et attendre de 5 à 30 minutes avant d’avoir leur réponse. Une notification leur est envoyée lorsque le résultat est disponible.

Pour les experts même si le système hallucine parfois, selon OpenAI

OpenAI présente son outil comme étant créé pour « les personnes qui effectuent un travail intensif dans des domaines tels que la finance, la science, la politique et l’ingénierie et qui ont besoin de recherches approfondies, précises et fiables ».

Pourtant, l’entreprise explique dans la partie « Limitations » de son billet que son nouvel outil « peut parfois halluciner des faits dans les réponses ou faire des déductions incorrectes », même si elle affirme (sans publier aucun chiffre) que Deep research hallucinerait « à un taux nettement inférieur à celui des modèles existants de ChatGPT ».

OpenAI explique aussi que Deep research peut avoir « des difficultés à distinguer les informations faisant autorité des rumeurs et montre actuellement des faiblesses dans l’étalonnage de la confiance, ne parvenant souvent pas à exprimer l’incertitude de manière précise ». Bref, il reste à espérer que les experts en finance, en recherche en politique ou en ingénierie qui l’utilisent feront une vérification du rapport que la fonctionnalité leur renvoie.

De manière moins dangereuse, OpenAI suggère aussi que Deep research « peut également s’avérer utile pour les acheteurs avisés qui recherchent des recommandations hyper personnalisées pour des achats qui nécessitent généralement des recherches approfondies, comme les voitures, les appareils électroménagers et les meubles ». Sam Altman a publié un message en ce sens, il avait étonnement besoin d’acheter une vieille voiture au Japon quand la fonctionnalité est sortie.

100 requêtes par mois maximum

L’entreprise limite actuellement l’utilisation de Deep research a 100 requêtes par mois pour les utilisateurs Pro. OpenAI explique qu’elle est « très gourmande en calcul » sans s’appesantir plus sur le sujet.

D’autre part, OpenAI explique avoir rendu disponible la version « mini » de son modèle o3. Cette version est la première que peuvent utiliser ses clients dans ChatGPT et via son API. L’entreprise avait annoncé le modèle o3 en décembre dernier sans que personne puisse s’en servir. Elle affirme que son modèle est plus puissant et plus rapide que les précédents « tout en conservant le faible coût et la latence réduite d’o1-mini ».

À partir d’avant-hierFlux principal

☕️ 90 personnes visées par un logiciel espion de la société Paragon via Whatsapp

3 février 2025 à 16:22

90 personnes visées par un logiciel espion de la société Paragon via Whatsapp

WhatsApp a accusé l’entreprise israélienne Paragon d’avoir ciblé environ 90 de ses utilisateurs, dont des journalistes et d’autres membres de la société civile. L’attaque aurait été interrompue en décembre 2024.

La messagerie de Meta a expliqué à TechCrunch vendredi qu’elle a réussi à interrompre en décembre 2024 une campagne de piratage de son application visant environ 90 utilisateurs.

WhatsApp accuse Paragon d’être responsable de cette attaque. L’entreprise américaine a expliqué à nos confrères avoir envoyé une lettre de mise en demeure à l’entreprise israélienne, qui, en 2023, séduisait les États-Unis.

Considérée comme l’un des principaux concurrents de NSO, connue pour son logiciel espion Pegasus, Paragon a d’ailleurs été rachetée en décembre dernier par le Fonds d’investissement américain AE Industrial Partners, selon le journal israélien Haaretz. En octobre dernier, Wired révélait que l’entreprise avait signé un contrat de 2 millions de dollars avec les services d’immigration et douaniers américains.

« Nous avons contacté directement les personnes qui selon nous ont été touchées. C’est l’exemple le plus récent du fait que les entreprises de logiciels espion doivent être responsables de leurs actes illégaux. WhatsApp continuera de protéger la capacité des personnes à communiquer en privé », a déclaré à TechCrunch la représentante de WhatsApp Zade Alsawah.

Comme l’explique le Guardian, l’identité des auteurs de l’attaque n’est pas claire. Comme pour Pegasus, les clients de Paragon sont souvent des gouvernements, et WhatsApp explique ne pas avoir été capable de trouver qui ils sont.

Le journaliste d’investigation italien Francesco Cancellato, qui a enquêté sur les jeunes fascistes qui militent dans le parti d’extrême droite de la première ministre Giorgia Meloni, fait partie des personnes ciblées par le logiciel espion de Paragon, ajoute le Guardian.

☕️ 90 personnes visées par un logiciel espion de la société Paragon via Whatsapp

3 février 2025 à 16:22

90 personnes visées par un logiciel espion de la société Paragon via Whatsapp

WhatsApp a accusé l’entreprise israélienne Paragon d’avoir ciblé environ 90 de ses utilisateurs, dont des journalistes et d’autres membres de la société civile. L’attaque aurait été interrompue en décembre 2024.

La messagerie de Meta a expliqué à TechCrunch vendredi qu’elle a réussi à interrompre en décembre 2024 une campagne de piratage de son application visant environ 90 utilisateurs.

WhatsApp accuse Paragon d’être responsable de cette attaque. L’entreprise américaine a expliqué à nos confrères avoir envoyé une lettre de mise en demeure à l’entreprise israélienne, qui, en 2023, séduisait les États-Unis.

Considérée comme l’un des principaux concurrents de NSO, connue pour son logiciel espion Pegasus, Paragon a d’ailleurs été rachetée en décembre dernier par le Fonds d’investissement américain AE Industrial Partners, selon le journal israélien Haaretz. En octobre dernier, Wired révélait que l’entreprise avait signé un contrat de 2 millions de dollars avec les services d’immigration et douaniers américains.

« Nous avons contacté directement les personnes qui selon nous ont été touchées. C’est l’exemple le plus récent du fait que les entreprises de logiciels espion doivent être responsables de leurs actes illégaux. WhatsApp continuera de protéger la capacité des personnes à communiquer en privé », a déclaré à TechCrunch la représentante de WhatsApp Zade Alsawah.

Comme l’explique le Guardian, l’identité des auteurs de l’attaque n’est pas claire. Comme pour Pegasus, les clients de Paragon sont souvent des gouvernements, et WhatsApp explique ne pas avoir été capable de trouver qui ils sont.

Le journaliste d’investigation italien Francesco Cancellato, qui a enquêté sur les jeunes fascistes qui militent dans le parti d’extrême droite de la première ministre Giorgia Meloni, fait partie des personnes ciblées par le logiciel espion de Paragon, ajoute le Guardian.

Les équipes du DOGE d’Elon Musk s’emparent des systèmes informatiques de l’État américain

3 février 2025 à 14:22
Coup d'État ?
Les équipes du DOGE d’Elon Musk s’emparent des systèmes informatiques de l’État américain

Suite à l’élection de Donald Trump, Elon Musk a pris les rênes de son fameux service de « l’efficacité gouvernementale » nommé DOGE. Le milliardaire utilise ce statut pour mettre la main sur les systèmes informatiques de différentes agences, comme celui des ressources humaines des employés fédéraux américains. Le nouveau gouvernement a continué la purge des sites internet des agences gouvernementales. Des données sur le VIH sont supprimées et une agence de santé a demandé à des chercheurs de rétracter certains articles scientifiques.

Elon Musk a rapidement transformé la commission DOGE à laquelle il a été nommé par Donald Trump, officiellement chargée de « l’efficacité gouvernementale », en un outil pour mettre la main sur les différentes agences de l’État fédéral américain, de leurs systèmes informatiques et des informations qu’elles publient.

Le DOGE proche des clés du Trésor américain

Selon le New York Times, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, aurait donné l’accès au système de paiement fédéral à des représentants du service d’Elon Musk vendredi 31 janvier. « Elon Musk et l’équipe qu’il dirige disposent ainsi d’un outil puissant pour surveiller et potentiellement limiter les dépenses gouvernementales », commente le journal.

Nos confrères expliquent que, plus tôt dans la semaine, un employé du Trésor a refusé de donner l’accès à ce système qui gère l’argent au nom de l’ensemble du gouvernement fédéral. Mais il aurait été mis en congé puis « soudainement en retraite dès vendredi après le conflit ».

Les proches d’Elon Musk auraient obtenu des accréditations pour l’accès au système de paiement, mais ne pourraient pas encore agir. « Aucun paiement gouvernemental n‘[aurait] été bloqué », selon des sources du journal.

Les ressources humaines fédérales rapidement prises en main

Le DOGE se serait déjà installé dans d’autres services. Selon l’agence de presse Reuters, il aurait pris la main sur l’outil informatique de l’Office of Personnel Management (OPM, l’agence des ressources humaines des employés fédéraux américains). Des fonctionnaires de cette agence ont perdu leur accès à certains systèmes de données du ministère.

Un de ces systèmes est « une vaste base de données appelée « Enterprise Human Resources Integration », qui contient les dates de naissance, les numéros de sécurité sociale, les évaluations, les adresses personnelles, les niveaux de rémunération et l’ancienneté des fonctionnaires », explique l’agence de presse.

Une source a expliqué à Reuters qu’une équipe d’Elon Musk a pris le contrôle de l’OPM le jour de l’entrée en fonction de Donald Trump. Elle s’est installée à l’étage du siège de l’agence « réservé au directeur et accessible seulement avec un badge spécifique ». Comme lors du rachat de Twitter en 2022, cette équipe aurait même installé des lits dans ces bureaux.

Selon le Washington Post, Elon Musk a personnellement visité les bureaux de l’OPM vendredi 24 janvier. Il aurait placé à des postes de direction de l’agence plusieurs de ses proches collaborateurs, « notamment Anthony Armstrong, qui a aidé M. Musk à acheter Twitter, Brian Bjelde, qui a dirigé les ressources humaines de SpaceX, l’entreprise de M. Musk, et Amanda Scales, qui a travaillé dans l’entreprise d’intelligence artificielle de M. Musk, xAI », affirme le journal américain.

Un autre proche d’Elon Musk, Thomas Shedd, a pris la tête des Technology Transformation Services (TTS), une agence chargée de la maintenance d’une grande partie de l’infrastructure informatique du gouvernement américain. Il a notamment travaillé pendant huit ans en tant qu’ingénieur chez Tesla.

Les services informatique fédéraux sous surveillance du DOGE

Selon Wired, son arrivée a plongé l’agence dans le désarroi. Thomas Shedd a engagé une remise en question du travail des employés de TTS en les convoquant à des réunions pour évoquer « leurs plus grandes « victoires » et les « obstacles » les plus importants qui les empêchent de travailler de manière aussi efficace que possible », comme l’avait fait Elon Musk lors du rachat de Twitter.

Alors que certains s’attendaient à rencontrer Thomas Shedd, des réunions à distance se seraient passées avec de « parfaits inconnus – certains assez jeunes – qui n’avaient pas d’adresse électronique officielle du gouvernement et qui ont été réticents à s’identifier ». Ils utilisaient des adresses Gmail, explique le média américain.

Thomas Shedd se serait excusé pour les invitations vagues et l’ajout au processus de personnes avec des adresses Gmail en assumant « la responsabilité des actions de chacun d’entre eux lors des appels » et de leur accréditation.

Wired explique que les TSS ont régulièrement des projets avec d’autres agences gouvernementales, avec des données externes faisant l’objet d’accords de confidentialité. Pour cette raison, les fonctionnaires des TSS étaient peu enclins à partager leur travail avec des personnes non accréditées.

Comme d’autres agences, les TSS ont suivi les consignes du gouvernement de Donald Trump demandant d’arrêter les politiques de « Diversité, équité et inclusion » (DEI). Selon Wired, l’agence a mis fin à une série de réunions sur la diversité et au canal #g-diversity du Slack de l’agence.

Wired a repéré plus généralement que de jeunes ingénieurs avec peu d’expérience forment l’équipe d’Elon Musk chargée de reprendre en main les agences fédérales américaines. Deux d’entre eux, encore récemment étudiants, feraient partie des « experts » envoyés à l’OPM. Un autre, tout juste étudiant, aurait participé aux réunions de certains employés des TSS. Un quatrième, Luke Farritor, est le lauréat du concours qui a permis de déchiffrer une toute petite partie (5 %) d’un seul rouleau de papyrus d’Herculanum.

Les purges dans les données publiées sur internet continuent

Pendant ce temps-là, les purges dans les données et sites internet des agences américaines, redoutées par des chercheurs et des militants (et dont nous parlions déjà la semaine dernière), continuent.

Wired explique que des sites comme USAID.gov, ForeignAssistance.gov (de nouveau disponible au moment où nous publions), NeglectedDiseases.gov et ChildrenInAdversity.gov ont été mis hors ligne. Nos confrères se sont aperçus qu’au moins sept sites liés à USAID (l’Agence des États-Unis pour le développement international) ont été supprimés en deux heures samedi après-midi. Cette agence a particulièrement été ciblée par Elon Musk pendant ce week-end. Selon lui, explique CNN, Donald Trump est d’accord pour dire que cette agence doit être « fermée ». Son financement est actuellement gelé et ses employés mis en congé.

La virologue de l’université de Saskatchewan, Angela Rasmussen, a déclaré à la revue scientifique Science : « Je savais que les choses allaient mal tourner, mais je ne pensais pas qu’elles allaient être aussi graves ». Elle a ajouté : « c’est comme une apocalypse de données ».

En jeu, les informations publiées par le réseau de Centres de contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention, CDC). Plusieurs pages web du CDC contenant les termes LGBTQ ont été supprimées.

« Toutes les données relatives au VIH ont disparu. Normalement, il y a un menu pour les professionnels de la santé », mais il a disparu, a expliqué Angela Rasmussen à Science.

Selon Science, l’un des sites dépubliés concerne une enquête importante sur les comportements à risque des jeunes recueillant notamment des données sur les jeunes LGBTQ. Le site inaccessible actuellement a encore été archivé mercredi par Internet Archive.

D’autres données étaient sur le site data.cdc.gov. L’agence a d’abord dépublié vendredi 31 janvier l’entièreté du site pour se conformer au décret signé par Donald Trump contre les informations sur le genre. Elle l’a ensuite remis en ligne en affichant en haut un bandeau : « Le site web du CDC est en cours de modification pour se conformer aux décrets du président Trump ».

Selon la newsletter du média spécialisé Inside Medecine, le CDC a demandé à ses chercheurs d’interrompre ou de rétracter toute publication d’articles de recherche en cours de publication pour que l’institution vérifie qu’ « aucun terme interdit » n’y figure.

Sont traqués par l’agence les termes « Genre, transgenre, personne enceinte, personnes enceintes, LGBT, transsexuel, non binaire, assigné masculin à la naissance, assigné féminin à la naissance, biologiquement masculin, biologiquement féminin », selon un email envoyé aux employés du CDC qu’a pu se procurer Inside Medecine.

Science explique que le National Institutes of Health (NIH) a aussi supprimé des pages web et annulé des programmes pour favoriser la diversité dans le domaine de la recherche biomédicale. Rappelons que le NIH a une place importante dans la gestion d’outils de la recherche biomédicale mondiale. Par exemple, le National Center for Biotechnology Information, qui dépend du NIH, gère des bases de données comme PubMed, principal moteur de recherche d’articles médicaux et de biologie, ou encore GenBank, une base de séquences nucléotidiques et de leurs traductions protéiques.

Dans un billet de blog, le journaliste Garrett Graff publie une dépêche qu’il aurait pu écrire si les derniers événements s’étaient passés ailleurs qu’aux États-Unis. Celle-ci commence par :

« Ce qui avait commencé jeudi comme une purge politique des services de sécurité intérieure s’est transformé vendredi en un véritable coup d’État, les unités techniques d’élite alignées sur l’oligarque des médias Elon Musk s’étant emparées des systèmes clés du Trésor national, bloquant l’accès extérieur aux dossiers du personnel fédéral et mettant hors ligne les réseaux de communication du gouvernement ».

Les équipes du DOGE d’Elon Musk s’emparent des systèmes informatiques de l’État américain

3 février 2025 à 14:22
Coup d'État ?
Les équipes du DOGE d’Elon Musk s’emparent des systèmes informatiques de l’État américain

Suite à l’élection de Donald Trump, Elon Musk a pris les rênes de son fameux service de « l’efficacité gouvernementale » nommé DOGE. Le milliardaire utilise ce statut pour mettre la main sur les systèmes informatiques de différentes agences, comme celui des ressources humaines des employés fédéraux américains. Le nouveau gouvernement a continué la purge des sites internet des agences gouvernementales. Des données sur le VIH sont supprimées et une agence de santé a demandé à des chercheurs de rétracter certains articles scientifiques.

Elon Musk a rapidement transformé la commission DOGE à laquelle il a été nommé par Donald Trump, officiellement chargée de « l’efficacité gouvernementale », en un outil pour mettre la main sur les différentes agences de l’État fédéral américain, de leurs systèmes informatiques et des informations qu’elles publient.

Le DOGE proche des clés du Trésor américain

Selon le New York Times, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, aurait donné l’accès au système de paiement fédéral à des représentants du service d’Elon Musk vendredi 31 janvier. « Elon Musk et l’équipe qu’il dirige disposent ainsi d’un outil puissant pour surveiller et potentiellement limiter les dépenses gouvernementales », commente le journal.

Nos confrères expliquent que, plus tôt dans la semaine, un employé du Trésor a refusé de donner l’accès à ce système qui gère l’argent au nom de l’ensemble du gouvernement fédéral. Mais il aurait été mis en congé puis « soudainement en retraite dès vendredi après le conflit ».

Les proches d’Elon Musk auraient obtenu des accréditations pour l’accès au système de paiement, mais ne pourraient pas encore agir. « Aucun paiement gouvernemental n‘[aurait] été bloqué », selon des sources du journal.

Les ressources humaines fédérales rapidement prises en main

Le DOGE se serait déjà installé dans d’autres services. Selon l’agence de presse Reuters, il aurait pris la main sur l’outil informatique de l’Office of Personnel Management (OPM, l’agence des ressources humaines des employés fédéraux américains). Des fonctionnaires de cette agence ont perdu leur accès à certains systèmes de données du ministère.

Un de ces systèmes est « une vaste base de données appelée « Enterprise Human Resources Integration », qui contient les dates de naissance, les numéros de sécurité sociale, les évaluations, les adresses personnelles, les niveaux de rémunération et l’ancienneté des fonctionnaires », explique l’agence de presse.

Une source a expliqué à Reuters qu’une équipe d’Elon Musk a pris le contrôle de l’OPM le jour de l’entrée en fonction de Donald Trump. Elle s’est installée à l’étage du siège de l’agence « réservé au directeur et accessible seulement avec un badge spécifique ». Comme lors du rachat de Twitter en 2022, cette équipe aurait même installé des lits dans ces bureaux.

Selon le Washington Post, Elon Musk a personnellement visité les bureaux de l’OPM vendredi 24 janvier. Il aurait placé à des postes de direction de l’agence plusieurs de ses proches collaborateurs, « notamment Anthony Armstrong, qui a aidé M. Musk à acheter Twitter, Brian Bjelde, qui a dirigé les ressources humaines de SpaceX, l’entreprise de M. Musk, et Amanda Scales, qui a travaillé dans l’entreprise d’intelligence artificielle de M. Musk, xAI », affirme le journal américain.

Un autre proche d’Elon Musk, Thomas Shedd, a pris la tête des Technology Transformation Services (TTS), une agence chargée de la maintenance d’une grande partie de l’infrastructure informatique du gouvernement américain. Il a notamment travaillé pendant huit ans en tant qu’ingénieur chez Tesla.

Les services informatique fédéraux sous surveillance du DOGE

Selon Wired, son arrivée a plongé l’agence dans le désarroi. Thomas Shedd a engagé une remise en question du travail des employés de TTS en les convoquant à des réunions pour évoquer « leurs plus grandes « victoires » et les « obstacles » les plus importants qui les empêchent de travailler de manière aussi efficace que possible », comme l’avait fait Elon Musk lors du rachat de Twitter.

Alors que certains s’attendaient à rencontrer Thomas Shedd, des réunions à distance se seraient passées avec de « parfaits inconnus – certains assez jeunes – qui n’avaient pas d’adresse électronique officielle du gouvernement et qui ont été réticents à s’identifier ». Ils utilisaient des adresses Gmail, explique le média américain.

Thomas Shedd se serait excusé pour les invitations vagues et l’ajout au processus de personnes avec des adresses Gmail en assumant « la responsabilité des actions de chacun d’entre eux lors des appels » et de leur accréditation.

Wired explique que les TSS ont régulièrement des projets avec d’autres agences gouvernementales, avec des données externes faisant l’objet d’accords de confidentialité. Pour cette raison, les fonctionnaires des TSS étaient peu enclins à partager leur travail avec des personnes non accréditées.

Comme d’autres agences, les TSS ont suivi les consignes du gouvernement de Donald Trump demandant d’arrêter les politiques de « Diversité, équité et inclusion » (DEI). Selon Wired, l’agence a mis fin à une série de réunions sur la diversité et au canal #g-diversity du Slack de l’agence.

Wired a repéré plus généralement que de jeunes ingénieurs avec peu d’expérience forment l’équipe d’Elon Musk chargée de reprendre en main les agences fédérales américaines. Deux d’entre eux, encore récemment étudiants, feraient partie des « experts » envoyés à l’OPM. Un autre, tout juste étudiant, aurait participé aux réunions de certains employés des TSS. Un quatrième, Luke Farritor, est le lauréat du concours qui a permis de déchiffrer une toute petite partie (5 %) d’un seul rouleau de papyrus d’Herculanum.

Les purges dans les données publiées sur internet continuent

Pendant ce temps-là, les purges dans les données et sites internet des agences américaines, redoutées par des chercheurs et des militants (et dont nous parlions déjà la semaine dernière), continuent.

Wired explique que des sites comme USAID.gov, ForeignAssistance.gov (de nouveau disponible au moment où nous publions), NeglectedDiseases.gov et ChildrenInAdversity.gov ont été mis hors ligne. Nos confrères se sont aperçus qu’au moins sept sites liés à USAID (l’Agence des États-Unis pour le développement international) ont été supprimés en deux heures samedi après-midi. Cette agence a particulièrement été ciblée par Elon Musk pendant ce week-end. Selon lui, explique CNN, Donald Trump est d’accord pour dire que cette agence doit être « fermée ». Son financement est actuellement gelé et ses employés mis en congé.

La virologue de l’université de Saskatchewan, Angela Rasmussen, a déclaré à la revue scientifique Science : « Je savais que les choses allaient mal tourner, mais je ne pensais pas qu’elles allaient être aussi graves ». Elle a ajouté : « c’est comme une apocalypse de données ».

En jeu, les informations publiées par le réseau de Centres de contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention, CDC). Plusieurs pages web du CDC contenant les termes LGBTQ ont été supprimées.

« Toutes les données relatives au VIH ont disparu. Normalement, il y a un menu pour les professionnels de la santé », mais il a disparu, a expliqué Angela Rasmussen à Science.

Selon Science, l’un des sites dépubliés concerne une enquête importante sur les comportements à risque des jeunes recueillant notamment des données sur les jeunes LGBTQ. Le site inaccessible actuellement a encore été archivé mercredi par Internet Archive.

D’autres données étaient sur le site data.cdc.gov. L’agence a d’abord dépublié vendredi 31 janvier l’entièreté du site pour se conformer au décret signé par Donald Trump contre les informations sur le genre. Elle l’a ensuite remis en ligne en affichant en haut un bandeau : « Le site web du CDC est en cours de modification pour se conformer aux décrets du président Trump ».

Selon la newsletter du média spécialisé Inside Medecine, le CDC a demandé à ses chercheurs d’interrompre ou de rétracter toute publication d’articles de recherche en cours de publication pour que l’institution vérifie qu’ « aucun terme interdit » n’y figure.

Sont traqués par l’agence les termes « Genre, transgenre, personne enceinte, personnes enceintes, LGBT, transsexuel, non binaire, assigné masculin à la naissance, assigné féminin à la naissance, biologiquement masculin, biologiquement féminin », selon un email envoyé aux employés du CDC qu’a pu se procurer Inside Medecine.

Science explique que le National Institutes of Health (NIH) a aussi supprimé des pages web et annulé des programmes pour favoriser la diversité dans le domaine de la recherche biomédicale. Rappelons que le NIH a une place importante dans la gestion d’outils de la recherche biomédicale mondiale. Par exemple, le National Center for Biotechnology Information, qui dépend du NIH, gère des bases de données comme PubMed, principal moteur de recherche d’articles médicaux et de biologie, ou encore GenBank, une base de séquences nucléotidiques et de leurs traductions protéiques.

Dans un billet de blog, le journaliste Garrett Graff publie une dépêche qu’il aurait pu écrire si les derniers événements s’étaient passés ailleurs qu’aux États-Unis. Celle-ci commence par :

« Ce qui avait commencé jeudi comme une purge politique des services de sécurité intérieure s’est transformé vendredi en un véritable coup d’État, les unités techniques d’élite alignées sur l’oligarque des médias Elon Musk s’étant emparées des systèmes clés du Trésor national, bloquant l’accès extérieur aux dossiers du personnel fédéral et mettant hors ligne les réseaux de communication du gouvernement ».

La suppression des données des agences américaines devient réalité

31 janvier 2025 à 16:32

La suppression des données des agences américaines devient réalité

Les craintes sur la suppression des données publiées par les agences américaines se concrétisent. Comme lors de l’investiture de Joe Biden, le nombre de jeux de données recensés par data.gov a baissé une semaine après celle de Donald Trump. Des outils dédiés aux données sur le climat sont maintenant indisponibles et certains sites d’agences de santé ont été figés. L’agence de financement de la recherche américaine a aussi bloqué les financements dont les sujets sont critiqués par le nouveau président états-unien.

Dès les premiers jours du mandat de Donald Trump, les chercheurs et militants écologistes américains ont exprimé leur peur d’une nouvelle suppression de données concernant le climat stockées par les agences publiques américaines. Nous expliquions qu’ils s’étaient organisés pour archiver le plus tôt possible ces données.

Des jeux de données de data.gov supprimés… mais sous Joe Biden aussi

Cette suppression est de fait déjà en train de se produire. En effet, des utilisateurs de Reddit ont constaté que plus de 2 000 jeux de données ont disparu du portail data.gov, comme l’a remarqué 404 Media.

Et effectivement, de 307 967 jeux de données décomptés par le portail le 16 janvier dernier, data.gov n’en compte actuellement plus que 305 578.

Notons qu’on aurait pu faire un constat similaire et même plus prononcé lors de la passation de pouvoir en 2020 entre Donald Trump et Joe Biden, puisque le nombre de jeux de données est passé de 261 547 le 16 janvier 2020 à 230 221 le 31 janvier 2020. À la fin du mandat de Joe Biden, data.gov dénombrait donc 307 967 jeux de données.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, ce chiffre a d’abord augmenté de 194 001 le 31 janvier 2017 à 301 343 au 31 janvier 2019 pour descendre ensuite à 261 547 au 16 janvier 2020.

Des outils numériques sur le climat clairement ciblés

Aucune explication officielle n’est venue éclairer la raison de ces fluctuations. On peut en revanche constater, début 2025, que des outils numériques dédiés à l’information au sujet de certains sujets critiqués par Donald Trump ont bel et bien disparu. Par exemple, l’Environmental Quality’s Climate and Economic Justice Screening Tool (CEJST) n’est actuellement plus en ligne.

Comme l’explique le média Inside Higher Ed, cet outil était « une carte interactive des secteurs de recensement des États-Unis qui sont « marginalisés par le sous-investissement et accablés par la pollution », selon les termes du gouvernement fédéral d’avant Trump, que les chercheurs et le public pouvaient utiliser pour localiser et zoomer rapidement sur des communautés spécifiques et analyser les problèmes auxquels elles sont confrontées ». L’archivage de ce genre d’outils par Internet Archive n’est pas toujours possible. La page du CEJST archivée ne contient pas la fameuse carte, ce qui rend l’outil inutilisable. Mais, heureusement, le chercheur de l’Université de Harvard, Jonathan Gilmour a pensé à l’archiver sur GitHub.

« L’un des premiers outils fermé par l’administration Trump a été le CEJST. Il serait certainement frustrant pour les objectifs anti-justice économique et anti-climat de l’administration si quelqu’un l’avait… sauvegardé… » écrivait-il sur LinkedIn, ajoutant  « un effort considérable et opportun de la part de notre équipe du Projet de données publiques sur l’environnement 🌎  ».

Ce groupe bénévole a compilé une longue liste de bases de données et d’outils fédéraux et les a classés par ordre de priorité en fonction de leur impact relatif, de sa certitude de pouvoir les archiver et de l’effort relatif qu’il faudrait déployer pour les obtenir et les archiver.

L’information sur la santé figée

Selon plusieurs sources du Washington Post, l’administration Trump a aussi demandé aux agences fédérales de santé d’interrompre toutes les communications externes, « telles que les avis sanitaires, les rapports scientifiques hebdomadaires, les mises à jour des sites web et les posts sur les médias sociaux ».

Nos confrères font remarquer que « les agences de santé sont chargées de prendre des décisions qui touchent à la vie de chaque Américain et sont la source d’informations cruciales pour les prestataires de soins de santé et les organisations dans tout le pays ».

Les financements de la recherche temporairement bloqués

Enfin, la revue scientifique Science a appris que la National Science Foundation, l’agence de financement de la recherche américaine, a bloqué le paiement de bourses de chercheurs financées par son fonds. En effet, elle serait à la recherche de tous les travaux qu’elle finance et qui touchent aux sujets qui déplaisent au nouveau président.

Ce gel des financements fait suite à une série de directives de Donald Trump adoptées depuis le 20 janvier qui interdisent tout financement fédéral sur les sujets que le nouveau président « considère comme une « idéologie du genre », la diversité, l’équité et l’inclusion, l’aide à l’étranger, le Green New Deal et le soutien aux organisations non gouvernementales qui nuisent à l’intérêt national », explique la revue. Ça pourrait donc toucher, dans la politique de la recherche américaine, tous les projets d’équité, mais aussi la collaboration internationale ou la recherche sur l’environnement.

La suppression des données des agences américaines devient réalité

31 janvier 2025 à 16:32

La suppression des données des agences américaines devient réalité

Les craintes sur la suppression des données publiées par les agences américaines se concrétisent. Comme lors de l’investiture de Joe Biden, le nombre de jeux de données recensés par data.gov a baissé une semaine après celle de Donald Trump. Des outils dédiés aux données sur le climat sont maintenant indisponibles et certains sites d’agences de santé ont été figés. L’agence de financement de la recherche américaine a aussi bloqué les financements dont les sujets sont critiqués par le nouveau président états-unien.

Dès les premiers jours du mandat de Donald Trump, les chercheurs et militants écologistes américains ont exprimé leur peur d’une nouvelle suppression de données concernant le climat stockées par les agences publiques américaines. Nous expliquions qu’ils s’étaient organisés pour archiver le plus tôt possible ces données.

Des jeux de données de data.gov supprimés… mais sous Joe Biden aussi

Cette suppression est de fait déjà en train de se produire. En effet, des utilisateurs de Reddit ont constaté que plus de 2 000 jeux de données ont disparu du portail data.gov, comme l’a remarqué 404 Media.

Et effectivement, de 307 967 jeux de données décomptés par le portail le 16 janvier dernier, data.gov n’en compte actuellement plus que 305 578.

Notons qu’on aurait pu faire un constat similaire et même plus prononcé lors de la passation de pouvoir en 2020 entre Donald Trump et Joe Biden, puisque le nombre de jeux de données est passé de 261 547 le 16 janvier 2020 à 230 221 le 31 janvier 2020. À la fin du mandat de Joe Biden, data.gov dénombrait donc 307 967 jeux de données.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, ce chiffre a d’abord augmenté de 194 001 le 31 janvier 2017 à 301 343 au 31 janvier 2019 pour descendre ensuite à 261 547 au 16 janvier 2020.

Des outils numériques sur le climat clairement ciblés

Aucune explication officielle n’est venue éclairer la raison de ces fluctuations. On peut en revanche constater, début 2025, que des outils numériques dédiés à l’information au sujet de certains sujets critiqués par Donald Trump ont bel et bien disparu. Par exemple, l’Environmental Quality’s Climate and Economic Justice Screening Tool (CEJST) n’est actuellement plus en ligne.

Comme l’explique le média Inside Higher Ed, cet outil était « une carte interactive des secteurs de recensement des États-Unis qui sont « marginalisés par le sous-investissement et accablés par la pollution », selon les termes du gouvernement fédéral d’avant Trump, que les chercheurs et le public pouvaient utiliser pour localiser et zoomer rapidement sur des communautés spécifiques et analyser les problèmes auxquels elles sont confrontées ». L’archivage de ce genre d’outils par Internet Archive n’est pas toujours possible. La page du CEJST archivée ne contient pas la fameuse carte, ce qui rend l’outil inutilisable. Mais, heureusement, le chercheur de l’Université de Harvard, Jonathan Gilmour a pensé à l’archiver sur GitHub.

« L’un des premiers outils fermé par l’administration Trump a été le CEJST. Il serait certainement frustrant pour les objectifs anti-justice économique et anti-climat de l’administration si quelqu’un l’avait… sauvegardé… » écrivait-il sur LinkedIn, ajoutant  « un effort considérable et opportun de la part de notre équipe du Projet de données publiques sur l’environnement 🌎  ».

Ce groupe bénévole a compilé une longue liste de bases de données et d’outils fédéraux et les a classés par ordre de priorité en fonction de leur impact relatif, de sa certitude de pouvoir les archiver et de l’effort relatif qu’il faudrait déployer pour les obtenir et les archiver.

L’information sur la santé figée

Selon plusieurs sources du Washington Post, l’administration Trump a aussi demandé aux agences fédérales de santé d’interrompre toutes les communications externes, « telles que les avis sanitaires, les rapports scientifiques hebdomadaires, les mises à jour des sites web et les posts sur les médias sociaux ».

Nos confrères font remarquer que « les agences de santé sont chargées de prendre des décisions qui touchent à la vie de chaque Américain et sont la source d’informations cruciales pour les prestataires de soins de santé et les organisations dans tout le pays ».

Les financements de la recherche temporairement bloqués

Enfin, la revue scientifique Science a appris que la National Science Foundation, l’agence de financement de la recherche américaine, a bloqué le paiement de bourses de chercheurs financées par son fonds. En effet, elle serait à la recherche de tous les travaux qu’elle finance et qui touchent aux sujets qui déplaisent au nouveau président.

Ce gel des financements fait suite à une série de directives de Donald Trump adoptées depuis le 20 janvier qui interdisent tout financement fédéral sur les sujets que le nouveau président « considère comme une « idéologie du genre », la diversité, l’équité et l’inclusion, l’aide à l’étranger, le Green New Deal et le soutien aux organisations non gouvernementales qui nuisent à l’intérêt national », explique la revue. Ça pourrait donc toucher, dans la politique de la recherche américaine, tous les projets d’équité, mais aussi la collaboration internationale ou la recherche sur l’environnement.

DeepSeek : fuite de données massive et questionnements légaux

31 janvier 2025 à 13:01
Deepleak ?
DeepSeek : fuite de données massive et questionnements légaux

En provoquant un coup de tonnerre sur le marché de l’intelligence artificielle, DeepSeek a attiré l’œil de tout le monde, dont celui de l’entreprise de sécurité informatique Wiz. Celle-ci a remarqué que la startup chinoise avait laissé une base de données accessible sur Internet sans aucune protection.

L’entreprise chinoise DeepSeek a connu un moment de mise en lumière mondiale comme on en connait peu et a provoqué une onde de choc importante dans le milieu de l’IA. Son modèle R1, qui se base comme o1 d’OpenAI sur de l’apprentissage par renforcement à grande échelle, peut en effet revendiquer de belles innovations notamment en matière d’optimisation des GPU, paradoxalement boostée par les restrictions américaines.

Mais comme souvent dans les success stories du numérique, la sécurité des données n’est pas la priorité des projets. Rappelons-nous, par exemple, de l’accumulation de failles de Zoom qui n’a pourtant pas empêché le succès de l’application de visioconférence.

Une base de données de DeepSeek accessible publiquement

Concernant DeepSeek, l’entreprise de sécurité informatique Wiz a découvert une base de données appartenant à la startup chinoise accessible publiquement. Dans un billet de blog publié mercredi 29 janvier, Wiz explique que cette base de données, gérée avec le logiciel ClickHouse développé par Yandex pour la haute performance, n’était pas sécurisée.

À Reuters, le directeur technique de Wiz, Ami Luttwak, a déclaré que DeepSeek avait rapidement réagi :« ils ont bloqué l’accès en moins d’une heure », ajoutant « mais c’était tellement simple à trouver que nous pensons que nous ne sommes pas les seuls ».

Un million d’entrées de logs avec historique de chat, secrets API et informations sensibles

Wiz explique que « cette base de données contenait un volume important d’historiques de chat, de données de backend et d’informations sensibles, y compris des flux de logs, des secrets d’API et des détails opérationnels ».

Et, en effet, la table de logs à laquelle ont pu accéder les chercheurs de Wiz contenait plus d’un million d’entrées, avec notamment des références à des points d’entrée de l’API interne de DeepSeek. Une autre colonne nommée « string.values » contenait les logs en plaintext incluant des historiques de chat, des clés d’API, etc.

L’entreprise de sécurité ajoute : « Plus grave encore, l’exposition a permis un contrôle total de la base de données et une escalade potentielle des privilèges au sein de l’environnement DeepSeek, sans aucun mécanisme d’authentification ou de défense vis-à-vis du monde extérieur ».

À Wired, l’entreprise explique que ses chercheurs n’ont vu que des prompts rédigés en chinois, mais pensent qu’il est possible que cette base de données contiennent des prompts dans d’autres langues. Ils assurent avoir procédé à une enquête minimale pour confirmer leurs conclusions sans compromettre inutilement la vie privée des utilisateurs.

Une faille digne d’un service laissé à l’abandon

Interrogé par nos confrères, le chercheur de Wiz Nir Ohfeld s’est étonné : « Habituellement, lorsque nous trouvons ce type d’exposition, c’est dans un service laissé à l’abandon que nous trouvons après des heures d’analyse. [Cette fois-ci], c’était à la porte d’entrée ». Il ajoute que « la difficulté technique de cette vulnérabilité est minime ».

« À mesure que l’IA s’intègre profondément dans les entreprises du monde entier, l’industrie doit reconnaître les risques liés à la manipulation de données sensibles et appliquer des pratiques de sécurité équivalentes à celles requises pour les fournisseurs de cloud public et les grands fournisseurs d’infrastructure », conclut l’entreprise dans son billet de blog.

Enquête lancée aux États-Unis sur l’obtention de GPU NVIDIA

Sur un autre tableau, DeepSeek fait l’objet d’une enquête américaine, explique Neowin. Le gouvernement américain cherche à savoir si l’entreprise a obtenu illégalement des GPU de NVIDIA via des intermédiaires situés à Singapour pour contourner les restrictions sur l’achat de puces comme les H100 de l’entreprise américaine.

Les chercheurs de DeepSeek ont pourtant expliqué avoir réussi à optimiser l’architecture d’entrainement de leur modèle pour n’utiliser que des GPU H800 de NVIDIA qui ne font pas partie des puces interdites d’export en Chine.

Rappelons aussi que la Garante per la protezione dei dati personali (GPDP, l’équivalent de la CNIL en Italie) considère qu’il existe un risque élevé pour les données de millions de personnes en Italie dans la mise à disposition du chatbot DeepSeek basé sur le modèle R1 dont le nom est sur toutes les lèvres actuellement. Elle a donc envoyé une demande d’informations à DeepSeek pour savoir si l’entreprise se conformait bien au RGPD. La CNIL a aussi annoncé qu’elle allait interroger la société chinoise.

☕️ Réseaux sociaux : l’attente pour récupérer ses données en moyenne de 19h et 23 minutes

30 janvier 2025 à 15:41

Réseaux sociaux : l’attente pour récupérer ses données en moyenne de 19h et 23 minutes

Comment Discord, Facebook, Instagram, LinkedIn, Meta, Pinterest, Snapchat, TikTok, Twitch, X (ex-Twitter) ou encore YouTube ont mis concrètement en place le droit d’accès aux données personnelles de leurs utilisateurs ? Le Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL (LINC) s’est penché sur ces 10 réseaux sociaux pour voir quelles étaient les pratiques sur le terrain.

Le LINC a analysé les parcours d’accès aux copies des données personnelles de ces réseaux sociaux en s’appuyant sur une grille d’analyse de 27 critères. L’idée est de « recenser les bonnes pratiques mises en place » et d’attribuer un score pour chacun des réseaux.

Comme le rappelle la CNIL dans un communiqué de presse, le RGPD prévoit, pour les utilisateurs, un droit d’accès à leurs données personnelles qui s’applique aux réseaux sociaux et aux plateformes. «  Il permet de savoir si vos données personnelles sont traitées et d’en obtenir la communication dans un format compréhensible. Il permet également de contrôler l’exactitude des données et, au besoin, de les faire rectifier ou effacer », explique l’autorité.

Le laboratoire de l’autorité publie son analyse effectuée en février 2024. Il précise que « l’étude ne tient pas compte des changements qui ont pu être réalisés depuis ». Entre autres, ils ont mesuré que « le temps d’attente est en moyenne de 19 heures et 23 minutes avant réception de la copie des données pour 9 des réseaux sociaux étudiés ».

« Le LINC a échangé avec ces réseaux sociaux à la fin de l’année 2024, ce qui a permis de réajuster quelques points de la méthodologie », indique la CNIL, ce qui pourrait expliquer une publication presque un an après. Espérons que le laboratoire renouvellera régulièrement son étude en y ajoutant d’autres réseaux sociaux comme Bluesky et Mastodon, et en publiant rapidement les résultats pour obtenir un réel observatoire de ces parcours.

☕️ Réseaux sociaux : l’attente pour récupérer ses données en moyenne de 19h et 23 minutes

30 janvier 2025 à 15:41

Réseaux sociaux : l’attente pour récupérer ses données en moyenne de 19h et 23 minutes

Comment Discord, Facebook, Instagram, LinkedIn, Meta, Pinterest, Snapchat, TikTok, Twitch, X (ex-Twitter) ou encore YouTube ont mis concrètement en place le droit d’accès aux données personnelles de leurs utilisateurs ? Le Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL (LINC) s’est penché sur ces 10 réseaux sociaux pour voir quelles étaient les pratiques sur le terrain.

Le LINC a analysé les parcours d’accès aux copies des données personnelles de ces réseaux sociaux en s’appuyant sur une grille d’analyse de 27 critères. L’idée est de « recenser les bonnes pratiques mises en place » et d’attribuer un score pour chacun des réseaux.

Comme le rappelle la CNIL dans un communiqué de presse, le RGPD prévoit, pour les utilisateurs, un droit d’accès à leurs données personnelles qui s’applique aux réseaux sociaux et aux plateformes. «  Il permet de savoir si vos données personnelles sont traitées et d’en obtenir la communication dans un format compréhensible. Il permet également de contrôler l’exactitude des données et, au besoin, de les faire rectifier ou effacer », explique l’autorité.

Le laboratoire de l’autorité publie son analyse effectuée en février 2024. Il précise que « l’étude ne tient pas compte des changements qui ont pu être réalisés depuis ». Entre autres, ils ont mesuré que « le temps d’attente est en moyenne de 19 heures et 23 minutes avant réception de la copie des données pour 9 des réseaux sociaux étudiés ».

« Le LINC a échangé avec ces réseaux sociaux à la fin de l’année 2024, ce qui a permis de réajuster quelques points de la méthodologie », indique la CNIL, ce qui pourrait expliquer une publication presque un an après. Espérons que le laboratoire renouvellera régulièrement son étude en y ajoutant d’autres réseaux sociaux comme Bluesky et Mastodon, et en publiant rapidement les résultats pour obtenir un réel observatoire de ces parcours.

[MAJ] CNRS : le ministre Philippe Baptiste impose un moratoire sur les « key labs »

31 janvier 2025 à 07:39
Et si on perd les clés ?
[MAJ] CNRS : le ministre Philippe Baptiste impose un moratoire sur les « key labs »

Mi-décembre, le PDG du CNRS, Antoine Petit, a annoncé la création d’un nouveau label pour les laboratoires du CNRS : les « key labs ». Celui-ci doit concentrer les efforts de financements sur 25 % des unités du centre. Une motion de défiance signée par 10 000 personnels de recherche réclame la démission du PDG et les universités partenaires du CNRS demandent un moratoire.

Mise à jour vendredi 31 janvier 8h05 : Lors de ses vœux auxquels a assisté NewsTank le soir du jeudi 30 janvier, le ministre de l’Enseignement et de la recherche, Philippe Baptiste, a annoncé un moratoire sur la création des « key labs » au CNRS : « les conditions du dialogue ne sont pas parfaitement réunies et en conséquence le PDG du CNRS [Antoine Petit] a décidé d’un moratoire sur la mise en œuvre des key labs, je l’en remercie et je voulais vous le confirmer ce soir ».

Désavouant de fait le projet, le ministre a affirmé : « le CNRS n’est pas une agence de labellisation. On peut être une excellente unité de recherche et ne pas être associé au CNRS ». Il a ajouté que « le CNRS a vocation à avoir une stratégie scientifique qui ne peut être la somme de stratégies de sites et qui doit infuser sur son allocation de ressources. Le CNRS produit sa stratégie en concertation avec ses partenaires et en tenant compte des priorités de l’État ».

Mise à jour vendredi 31 janvier 9H45 :

Dans un courrier aux personnels du CNRS, Antoine Petit confirme la mise en place d’un moratoire. Il se donne « jusqu’a I’été 2025 pour poursuivre les concertations, tant en interne qu’en externe » de l’institution de recherche, qu’il qualifie de « vaisseau amiral de la recherche académique française ».

PRES-D-2025-11 Le Président-Directeur général

Paris, le 30 janvier 2025 Chères et chers collègues, Depuis le début de ma présidence, ma ligne directrice a été d'initier, conduire ou soutenir les actions visant à renforcer le CNRS, son rôle de vaisseau amiral de la recherche académique française, et à le rendre encore plus utile a notre pays. Inscrite pleinement dans cette ligne directrice, l'annonce, le 12 décembre dernier, de la mise en place de « CNRS Key Labs » a pourtant déclenché beaucoup de réactions, traduisant craintes, interrogations et incompréhensions, alors même qu'il existe aujourd’hui une très grande hétérogénéité des apports du CNRS aux unités. J'ai donc décidé de mettre en place une période moratoire jusqu'à I'été 2025 pour poursuivre les concertations, tant en interne qu’en externe. Cette période doit permettre d’aborder la question de fond qui est celle de la définition de la politique scientifique du CNRS concernant sa mission d’opérateur d’unités (d'appui) et de recherche1. Le CNRS n’est pas une agence de moyens et cette politique scientifique passe par la définition de priorités affichées. En interne, je souhaite profiter de la proposition du Conseil scientifique de nous accompagner dans cette réflexion essentielle qui contribuera à identifier « les meilleurs moyens de conforter la place et le rôle du CNRS aux plans national et international ». Nous consulterons également les conseils scientifiques des instituts et les sections du comité national. Nous poursuivrons aussi les échanges avec les représentantes et représentants du personnel dans les instances de dialogue social. En externe, nous travaillerons avec les partenaires volontaires co-tutelles des unités. L'objectif est de proposer des trajectoires partagées et différenciées à nos unités communes, en tenant compte notamment des apports des co-tutelles. Ces concertations doivent nous aider à affiner notre réflexion sur les unités stratégiques qui ont vocation a être les plus @ méme de répondre aux exigences internationales et a être des fers de lance du rayonnement du CNRS et de la recherche frangaise. Priorité ne signifiant pas exclusivité, toutes les unités continueront à bénéficier du soutien du CNRS, tant en termes de personnel permanent que de fonctionnement. Cependant, nous devons avoir, avec chacune des unités, un langage de vérité tenant compte de nos ressources globales dont chacun et chacune ne peut que souhaiter qu’elles augmentent. Le rôle du CNRS dans une unité ne pouvant être symbolique, la définition du [fin de la page].

 1L'autre mission principale du CNRS, animer, coordonner et valoriser les activités nationales de recherche dans tel ou tel domaine scientifique, doit aussi être poursuivie et même renforcée. Ces activités passent surtout par les infrastructures de recherche, les réseaux et groupements de recherche nationaux, les plateformes scientifiques ou technologiques, ou des structures collectives comme les observatoires des sciences de I'univers, les zones-ateliers ou les maisons des sciences sociales et des humanités. Elles concernent aussi la mise en œuvre de politiques nationales en lien avec les priorités de notre ministère de tutelle, comme par exemple la science ouverte ou I'aide & la soumission de projets européens. 

CNRS Présidence-direction générale 3 rue Michel-Ange 75794 Paris Cedex 16
soutien minimal pour toute unité dont le CNRS assure la (co-)tutelle devra étre un des sujets abordés lors des concertations. Le CNRS, opérateur de l'Etat, doit avoir une politique scientifique affirmée, c’est indispensable, particulierement dans une période budgétaire contrainte. Cette politique est le fondement de nos relations partenariales, en France comme a l'étranger. La définition de nos priorités scientifiques et des modalités de leur mise en ceuvre est de la seule responsabilité du CNRS. Bien a vous,

Antoine Petit

Le PDG du CNRS ne semble pas abandonner son idée de « key labs », qu’il rebaptise « unités stratégiques » : « ces concertations doivent nous aider à affiner notre réflexion sur les unités stratégiques qui ont vocation à être les plus à même de répondre aux exigences internationales et à être des fers de lance du rayonnement du CNRS et de la recherche française ».

Article originellement publié le jeudi 30 janvier à 14h35 :

L’ambiance est à la baisse des crédits dans le milieu de la recherche française. Le 20 janvier dernier, la droite sénatoriale a voté une nouvelle coupe dans les crédits de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) de 630 millions d’euros voulue par le gouvernement. Le nouveau ministre de l’ESR et ancien président du CNES, Philippe Baptiste, a précisé que l’économie faisait « porter sur le CNRS une grande partie de cet effort, à hauteur de 100 millions d’euros, grâce à sa trésorerie », rapporte Public Sénat.

Les efforts budgétaires du CNRS concentrés sur 25 % des laboratoires

Parallèlement, Antoine Petit, le PDG du CNRS, s’est embarqué dans un bras de fer avec une bonne partie des employés du CNRS et des universités sur la répartition des financements dans les laboratoires du centre. En effet, il a annoncé en fin d’année 2024 sa décision de créer une nouvelle catégorie de laboratoires dans le centre : les « key labs ». La direction explique vouloir « faire porter un effort particulier sur un nombre plus restreint d’unités, celles qui peuvent légitimement prétendre à être qualifiées “de rang mondial” ». Et elle prévoit de concentrer les efforts de financements sur les 25 % de ses laboratoires qui obtiendraient ce label prévu pour être renouvelé (ou pas) tous les cinq ans.

Au départ très peu claire, lors de l’annonce de la création de ces « key labs », l’explication de ce nouveau label s’est faite au fur et à mesure des réactions négatives qu’elle a provoquées.

« Le CNRS se propose de mettre en valeur, parmi les laboratoires dont il assure la tutelle, les plus remarquables d’entre eux, ceux qui sont réellement “de rang mondial” », dans lesquels « naturellement, l’implication du CNRS serait plus forte, et plus pérenne », expliquait la direction de l’établissement dans son projet de contrat d’objectifs, de moyens et de performance pour la période 2024 - 2028.

Beaucoup de critères mais une pondération variable selon les instituts et domaines

Selon AEF Info, un texte daté de janvier 2025 encore qualifié de « document de travail » donnait un peu plus d’informations sur les critères qu’envisagerait la direction du centre pour décider quels laboratoires seraient considérés comme « clés ». « Qualité de l’impact des productions scientifiques, nombre d’ERC, participation aux PEPR, reconnaissance dans les classements, nombre de start-up créées, brevets et licences... », un certain nombre de critères sont évoqués sans toutefois être arrêtés.

Aucune pondération entre ces différents critères n’est d’ailleurs pour l’instant établie précisément. Selon ce document, ils seraient « pondérés en fonction de chaque institut [Le centre est divisé en 10 instituts], ou grand domaine disciplinaire, pour tenir compte de ses spécificités ».

10 000 personnels de recherche et les instances du CNRS vent debout

Cette annonce a hautement fait réagir dans les laboratoires du CNRS. Une motion de défiance envers les keylabs et la présidence du CNRS a été mise en ligne le 10 janvier dernier. Le texte demande l’arrêt du projet des key labs mais aussi la démission d’Antoine Petit et la réforme de la gouvernance du CNRS. Vingt jours après, elle est maintenant signée par plus de 10 000 personnels de recherche.

Les orientations de la direction, « notamment matérialisées par le projet des « Key Labs », constituent une remise en cause profonde de l’essence même de la recherche scientifique publique telle que le CNRS la défend depuis sa création », affirme ce texte.

Il pointe notamment le fait que ce projet « se dresse contre les principes fondamentaux de la liberté académique », « renforce des inégalités territoriales et disciplinaires en concentrant les financements et les ressources sur quelques laboratoires jugés « stratégiques », au détriment de l’écosystème scientifique global et en mettant ainsi à son ban la plus grande partie (75 %) de ses laboratoires et personnels » ou encore qu’il « fragilise le statut des chercheuses et chercheurs et des ITA [Ingénieurs, techniciens et personnels administratifs] en favorisant des modèles de financement précaires et ponctuels, au lieu d’un soutien durable et structurant ».

Une bonne partie des instances du CNRS est aussi vent debout contre ce projet. La Coordination des responsables des instances du CoNRS a, par exemple, voté une motion [PDF] dans laquelle elle affirme refuser « une politique qui consisterait, pour le CNRS, à laisser les trois quarts de ses laboratoires au bord du chemin ». Elle y explique que « cette proposition aboutirait à ce que les moyens humains (personnels ingénieurs, techniciens et chercheurs) soient concentrés sur un nombre réduit de laboratoires élus, au détriment des autres ». Et elle ajoute que « cela risquerait d’entraîner un tarissement des recrutements et une augmentation des mobilités vers des laboratoires que le label « CNRS key-labs » aurait rendus plus attractifs ».

Ce lundi 27 janvier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège de l’institution de recherche à l’appel d’une intersyndicale allant de la CFDT à Solidaires en passant par la CGT, le SNCS-FSU ou encore le SNPTES-UNSA [PDF].

Les universités et leurs présidents demandent un moratoire

Cette annonce ne fait pas seulement réagir en interne. En effet, en France, les laboratoires sont souvent des Unités mixtes de recherche (UMR) placés sous la tutelle de différentes institutions de recherche. Les laboratoires du CNRS sont donc souvent aussi des laboratoires d’universités. Et la direction ne semble même pas avoir averti ses partenaires avant l’annonce de cette mesure. À Bordeaux comme à Aix-Marseille, les deux universités refusent de valider ou de cautionner la liste de ces key labs.

France Universités, le lobby des présidents d’Universités, a, dès le 20 décembre, annoncé « suspendre toute discussion » avec le CNRS au sujet des key labs et a ensuite maintenu sa demande de moratoire en appelant « le CNRS au dialogue ».

Mais comme le relève le chercheur Julien Gossa sur son blog, pour Antoine Petit, ces UMR seraient maintenant trop nombreuses et ne joueraient plus leur rôle de label de qualité : « Aujourd’hui, le CNRS assure la co-tutelle de plus de 860 UMR réparties sur l’ensemble du territoire national. […] Être associé au CNRS a longtemps été considéré comme un label de qualité. […] Le CNRS a ainsi dilué son action et réduit sa plus-value, comme en atteste le nombre de ses agents permanents dans les UMR ». Le chercheur commente : « présenter les UMR comme un simple label de qualité est très réducteur, il s’agit aussi, et peut-être avant tout, de moyens matériels, financiers et humains dont les laboratoires sans co-tutelle ne disposent pas ».

Une partie de la classe politique réagit

Cette nouvelle disposition a aussi fait réagir dans le milieu politique. Le Parti Communiste a estimé dans un communiqué [PDF] que c’est « un projet autoritaire qui menace l’avenir de la recherche publique ». De son côté, le député LFI Arnaud Saint-Martin (qui est aussi un chercheur travaillant sur le « newspace ») a qualifié la vision du PDG du CNRS de « mortifère et délétère » devant le siège du centre lors de la manifestation.

Pour l’ancienne ministre LREM du secteur, Sylvie Retailleau, relève News Tank, « que le CNRS définisse ses priorités, avec des conséquences sur les moyens, les postes : c’est normal et légitime. Cependant, l’attribution ou non de labels à des unités mixtes de recherche impactera l’attractivité, la visibilité et la reconnaissance des laboratoires, c’est pourquoi cela concerne l’ensemble des tutelles. Ce label, imposé sans concertation, soulève des questions ».

Une gestion guidée par le « darwinisme social »

Au Monde, Antoine Petit affirmait le 20 janvier dernier que « c’est infondé de dire que les CNRS Key Labs sont une réponse à la pénurie de moyens, dont je dis souvent qu’elle est préjudiciable au pays. Le dispositif doit renforcer la France sur une scène internationale où la compétition est féroce. Il n’y a aucune raison que cela crée une catastrophe. » Il ajoutait qu’ « il était normal d’élaborer en interne ce concept, ne serait-ce que pour assurer la cohérence entre disciplines. Maintenant, nous discutons avec nos partenaires et différentes instances ».

Avec ce concept de « key labs », le PDG reste cohérent avec sa volonté d’une politique de la recherche guidée par le « darwinisme social » (ou plutôt le spencérisme d’Herbert Spencer) qu’il appelait de ses vœux, lors de la mise en place, en 2019, de la Loi de programmation de la recherche et à laquelle les conseils scientifiques du CNRS s’opposaient déjà.

[MAJ] CNRS : le ministre Philippe Baptiste impose un moratoire sur les « key labs »

31 janvier 2025 à 07:39
Et si on perd les clés ?
[MAJ] CNRS : le ministre Philippe Baptiste impose un moratoire sur les « key labs »

Mi-décembre, le PDG du CNRS, Antoine Petit, a annoncé la création d’un nouveau label pour les laboratoires du CNRS : les « key labs ». Celui-ci doit concentrer les efforts de financements sur 25 % des unités du centre. Une motion de défiance signée par 10 000 personnels de recherche réclame la démission du PDG et les universités partenaires du CNRS demandent un moratoire.

Mise à jour vendredi 31 janvier 8h05 : Lors de ses vœux auxquels a assisté NewsTank le soir du jeudi 30 janvier, le ministre de l’Enseignement et de la recherche, Philippe Baptiste, a annoncé un moratoire sur la création des « key labs » au CNRS : « les conditions du dialogue ne sont pas parfaitement réunies et en conséquence le PDG du CNRS [Antoine Petit] a décidé d’un moratoire sur la mise en œuvre des key labs, je l’en remercie et je voulais vous le confirmer ce soir ».

Désavouant de fait le projet, le ministre a affirmé : « le CNRS n’est pas une agence de labellisation. On peut être une excellente unité de recherche et ne pas être associé au CNRS ». Il a ajouté que « le CNRS a vocation à avoir une stratégie scientifique qui ne peut être la somme de stratégies de sites et qui doit infuser sur son allocation de ressources. Le CNRS produit sa stratégie en concertation avec ses partenaires et en tenant compte des priorités de l’État ».

Mise à jour vendredi 31 janvier 9H45 :

Dans un courrier aux personnels du CNRS, Antoine Petit confirme la mise en place d’un moratoire. Il se donne « jusqu’a I’été 2025 pour poursuivre les concertations, tant en interne qu’en externe » de l’institution de recherche, qu’il qualifie de « vaisseau amiral de la recherche académique française ».

PRES-D-2025-11 Le Président-Directeur général

Paris, le 30 janvier 2025 Chères et chers collègues, Depuis le début de ma présidence, ma ligne directrice a été d'initier, conduire ou soutenir les actions visant à renforcer le CNRS, son rôle de vaisseau amiral de la recherche académique française, et à le rendre encore plus utile a notre pays. Inscrite pleinement dans cette ligne directrice, l'annonce, le 12 décembre dernier, de la mise en place de « CNRS Key Labs » a pourtant déclenché beaucoup de réactions, traduisant craintes, interrogations et incompréhensions, alors même qu'il existe aujourd’hui une très grande hétérogénéité des apports du CNRS aux unités. J'ai donc décidé de mettre en place une période moratoire jusqu'à I'été 2025 pour poursuivre les concertations, tant en interne qu’en externe. Cette période doit permettre d’aborder la question de fond qui est celle de la définition de la politique scientifique du CNRS concernant sa mission d’opérateur d’unités (d'appui) et de recherche1. Le CNRS n’est pas une agence de moyens et cette politique scientifique passe par la définition de priorités affichées. En interne, je souhaite profiter de la proposition du Conseil scientifique de nous accompagner dans cette réflexion essentielle qui contribuera à identifier « les meilleurs moyens de conforter la place et le rôle du CNRS aux plans national et international ». Nous consulterons également les conseils scientifiques des instituts et les sections du comité national. Nous poursuivrons aussi les échanges avec les représentantes et représentants du personnel dans les instances de dialogue social. En externe, nous travaillerons avec les partenaires volontaires co-tutelles des unités. L'objectif est de proposer des trajectoires partagées et différenciées à nos unités communes, en tenant compte notamment des apports des co-tutelles. Ces concertations doivent nous aider à affiner notre réflexion sur les unités stratégiques qui ont vocation a être les plus @ méme de répondre aux exigences internationales et a être des fers de lance du rayonnement du CNRS et de la recherche frangaise. Priorité ne signifiant pas exclusivité, toutes les unités continueront à bénéficier du soutien du CNRS, tant en termes de personnel permanent que de fonctionnement. Cependant, nous devons avoir, avec chacune des unités, un langage de vérité tenant compte de nos ressources globales dont chacun et chacune ne peut que souhaiter qu’elles augmentent. Le rôle du CNRS dans une unité ne pouvant être symbolique, la définition du [fin de la page].

 1L'autre mission principale du CNRS, animer, coordonner et valoriser les activités nationales de recherche dans tel ou tel domaine scientifique, doit aussi être poursuivie et même renforcée. Ces activités passent surtout par les infrastructures de recherche, les réseaux et groupements de recherche nationaux, les plateformes scientifiques ou technologiques, ou des structures collectives comme les observatoires des sciences de I'univers, les zones-ateliers ou les maisons des sciences sociales et des humanités. Elles concernent aussi la mise en œuvre de politiques nationales en lien avec les priorités de notre ministère de tutelle, comme par exemple la science ouverte ou I'aide & la soumission de projets européens. 

CNRS Présidence-direction générale 3 rue Michel-Ange 75794 Paris Cedex 16
soutien minimal pour toute unité dont le CNRS assure la (co-)tutelle devra étre un des sujets abordés lors des concertations. Le CNRS, opérateur de l'Etat, doit avoir une politique scientifique affirmée, c’est indispensable, particulierement dans une période budgétaire contrainte. Cette politique est le fondement de nos relations partenariales, en France comme a l'étranger. La définition de nos priorités scientifiques et des modalités de leur mise en ceuvre est de la seule responsabilité du CNRS. Bien a vous,

Antoine Petit

Le PDG du CNRS ne semble pas abandonner son idée de « key labs », qu’il rebaptise « unités stratégiques » : « ces concertations doivent nous aider à affiner notre réflexion sur les unités stratégiques qui ont vocation à être les plus à même de répondre aux exigences internationales et à être des fers de lance du rayonnement du CNRS et de la recherche française ».

Article originellement publié le jeudi 30 janvier à 14h35 :

L’ambiance est à la baisse des crédits dans le milieu de la recherche française. Le 20 janvier dernier, la droite sénatoriale a voté une nouvelle coupe dans les crédits de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) de 630 millions d’euros voulue par le gouvernement. Le nouveau ministre de l’ESR et ancien président du CNES, Philippe Baptiste, a précisé que l’économie faisait « porter sur le CNRS une grande partie de cet effort, à hauteur de 100 millions d’euros, grâce à sa trésorerie », rapporte Public Sénat.

Les efforts budgétaires du CNRS concentrés sur 25 % des laboratoires

Parallèlement, Antoine Petit, le PDG du CNRS, s’est embarqué dans un bras de fer avec une bonne partie des employés du CNRS et des universités sur la répartition des financements dans les laboratoires du centre. En effet, il a annoncé en fin d’année 2024 sa décision de créer une nouvelle catégorie de laboratoires dans le centre : les « key labs ». La direction explique vouloir « faire porter un effort particulier sur un nombre plus restreint d’unités, celles qui peuvent légitimement prétendre à être qualifiées “de rang mondial” ». Et elle prévoit de concentrer les efforts de financements sur les 25 % de ses laboratoires qui obtiendraient ce label prévu pour être renouvelé (ou pas) tous les cinq ans.

Au départ très peu claire, lors de l’annonce de la création de ces « key labs », l’explication de ce nouveau label s’est faite au fur et à mesure des réactions négatives qu’elle a provoquées.

« Le CNRS se propose de mettre en valeur, parmi les laboratoires dont il assure la tutelle, les plus remarquables d’entre eux, ceux qui sont réellement “de rang mondial” », dans lesquels « naturellement, l’implication du CNRS serait plus forte, et plus pérenne », expliquait la direction de l’établissement dans son projet de contrat d’objectifs, de moyens et de performance pour la période 2024 - 2028.

Beaucoup de critères mais une pondération variable selon les instituts et domaines

Selon AEF Info, un texte daté de janvier 2025 encore qualifié de « document de travail » donnait un peu plus d’informations sur les critères qu’envisagerait la direction du centre pour décider quels laboratoires seraient considérés comme « clés ». « Qualité de l’impact des productions scientifiques, nombre d’ERC, participation aux PEPR, reconnaissance dans les classements, nombre de start-up créées, brevets et licences... », un certain nombre de critères sont évoqués sans toutefois être arrêtés.

Aucune pondération entre ces différents critères n’est d’ailleurs pour l’instant établie précisément. Selon ce document, ils seraient « pondérés en fonction de chaque institut [Le centre est divisé en 10 instituts], ou grand domaine disciplinaire, pour tenir compte de ses spécificités ».

10 000 personnels de recherche et les instances du CNRS vent debout

Cette annonce a hautement fait réagir dans les laboratoires du CNRS. Une motion de défiance envers les keylabs et la présidence du CNRS a été mise en ligne le 10 janvier dernier. Le texte demande l’arrêt du projet des key labs mais aussi la démission d’Antoine Petit et la réforme de la gouvernance du CNRS. Vingt jours après, elle est maintenant signée par plus de 10 000 personnels de recherche.

Les orientations de la direction, « notamment matérialisées par le projet des « Key Labs », constituent une remise en cause profonde de l’essence même de la recherche scientifique publique telle que le CNRS la défend depuis sa création », affirme ce texte.

Il pointe notamment le fait que ce projet « se dresse contre les principes fondamentaux de la liberté académique », « renforce des inégalités territoriales et disciplinaires en concentrant les financements et les ressources sur quelques laboratoires jugés « stratégiques », au détriment de l’écosystème scientifique global et en mettant ainsi à son ban la plus grande partie (75 %) de ses laboratoires et personnels » ou encore qu’il « fragilise le statut des chercheuses et chercheurs et des ITA [Ingénieurs, techniciens et personnels administratifs] en favorisant des modèles de financement précaires et ponctuels, au lieu d’un soutien durable et structurant ».

Une bonne partie des instances du CNRS est aussi vent debout contre ce projet. La Coordination des responsables des instances du CoNRS a, par exemple, voté une motion [PDF] dans laquelle elle affirme refuser « une politique qui consisterait, pour le CNRS, à laisser les trois quarts de ses laboratoires au bord du chemin ». Elle y explique que « cette proposition aboutirait à ce que les moyens humains (personnels ingénieurs, techniciens et chercheurs) soient concentrés sur un nombre réduit de laboratoires élus, au détriment des autres ». Et elle ajoute que « cela risquerait d’entraîner un tarissement des recrutements et une augmentation des mobilités vers des laboratoires que le label « CNRS key-labs » aurait rendus plus attractifs ».

Ce lundi 27 janvier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège de l’institution de recherche à l’appel d’une intersyndicale allant de la CFDT à Solidaires en passant par la CGT, le SNCS-FSU ou encore le SNPTES-UNSA [PDF].

Les universités et leurs présidents demandent un moratoire

Cette annonce ne fait pas seulement réagir en interne. En effet, en France, les laboratoires sont souvent des Unités mixtes de recherche (UMR) placés sous la tutelle de différentes institutions de recherche. Les laboratoires du CNRS sont donc souvent aussi des laboratoires d’universités. Et la direction ne semble même pas avoir averti ses partenaires avant l’annonce de cette mesure. À Bordeaux comme à Aix-Marseille, les deux universités refusent de valider ou de cautionner la liste de ces key labs.

France Universités, le lobby des présidents d’Universités, a, dès le 20 décembre, annoncé « suspendre toute discussion » avec le CNRS au sujet des key labs et a ensuite maintenu sa demande de moratoire en appelant « le CNRS au dialogue ».

Mais comme le relève le chercheur Julien Gossa sur son blog, pour Antoine Petit, ces UMR seraient maintenant trop nombreuses et ne joueraient plus leur rôle de label de qualité : « Aujourd’hui, le CNRS assure la co-tutelle de plus de 860 UMR réparties sur l’ensemble du territoire national. […] Être associé au CNRS a longtemps été considéré comme un label de qualité. […] Le CNRS a ainsi dilué son action et réduit sa plus-value, comme en atteste le nombre de ses agents permanents dans les UMR ». Le chercheur commente : « présenter les UMR comme un simple label de qualité est très réducteur, il s’agit aussi, et peut-être avant tout, de moyens matériels, financiers et humains dont les laboratoires sans co-tutelle ne disposent pas ».

Une partie de la classe politique réagit

Cette nouvelle disposition a aussi fait réagir dans le milieu politique. Le Parti Communiste a estimé dans un communiqué [PDF] que c’est « un projet autoritaire qui menace l’avenir de la recherche publique ». De son côté, le député LFI Arnaud Saint-Martin (qui est aussi un chercheur travaillant sur le « newspace ») a qualifié la vision du PDG du CNRS de « mortifère et délétère » devant le siège du centre lors de la manifestation.

Pour l’ancienne ministre LREM du secteur, Sylvie Retailleau, relève News Tank, « que le CNRS définisse ses priorités, avec des conséquences sur les moyens, les postes : c’est normal et légitime. Cependant, l’attribution ou non de labels à des unités mixtes de recherche impactera l’attractivité, la visibilité et la reconnaissance des laboratoires, c’est pourquoi cela concerne l’ensemble des tutelles. Ce label, imposé sans concertation, soulève des questions ».

Une gestion guidée par le « darwinisme social »

Au Monde, Antoine Petit affirmait le 20 janvier dernier que « c’est infondé de dire que les CNRS Key Labs sont une réponse à la pénurie de moyens, dont je dis souvent qu’elle est préjudiciable au pays. Le dispositif doit renforcer la France sur une scène internationale où la compétition est féroce. Il n’y a aucune raison que cela crée une catastrophe. » Il ajoutait qu’ « il était normal d’élaborer en interne ce concept, ne serait-ce que pour assurer la cohérence entre disciplines. Maintenant, nous discutons avec nos partenaires et différentes instances ».

Avec ce concept de « key labs », le PDG reste cohérent avec sa volonté d’une politique de la recherche guidée par le « darwinisme social » (ou plutôt le spencérisme d’Herbert Spencer) qu’il appelait de ses vœux, lors de la mise en place, en 2019, de la Loi de programmation de la recherche et à laquelle les conseils scientifiques du CNRS s’opposaient déjà.

☕️ Test-Achats porte plainte contre DeepSeek

29 janvier 2025 à 15:20


L’organisation de consommateurs belge Test-Achats annonce porter plainte contre DeepSeek auprès de l’Autorité de Protection des Données (APD) belge pour non-respect du RGPD. « Testachats alerte sur son non-respect des normes européennes de protection des données, mettant en lumière plusieurs failles majeures », explique l’organisation. Celle-ci l’accuse de transférer les adresses e-mail, interactions et prompts des utilisateurs belges vers la Chine sans garanties suffisantes.

Elle estime aussi que la politique de confidentialité de l’entreprise chinoise est en violation des réglementations européennes, « avec un manque d’informations claires sur la conservation et le traitement des données ».

Elle ajoute qu’il y aurait un flou sur l’exploitation des données à des fins de profilage ou de décisions automatisées. Enfin, elle estime que DeepSeek n’amène « aucune garantie pour la protection des mineurs » en ne mentionnant aucune vérification d’âge ni de règles spécifiques concernant leurs données.

L’organisation demande une restriction temporaire du chatbot. Elle affirme que son homologue italien, Altroconsumo, a également saisi son autorité compétente. Celle-ci, la Garante per la protezione dei dati personali, s’est déjà auto-saisie du dossier de DeepSeek.

Remarquons que le site de Test-Achats utilise un « dark pattern » dans son bandeau de cookies en faisant ressortir fortement le bouton « tout accepter » et en n’offrant aucun moyen de tout refuser, technique contraire au règlement européen (le bandeau n’apparait pas en navigation privée).

☕️ Test-Achats porte plainte contre DeepSeek

29 janvier 2025 à 15:20


L’organisation de consommateurs belge Test-Achats annonce porter plainte contre DeepSeek auprès de l’Autorité de Protection des Données (APD) belge pour non-respect du RGPD. « Testachats alerte sur son non-respect des normes européennes de protection des données, mettant en lumière plusieurs failles majeures », explique l’organisation. Celle-ci l’accuse de transférer les adresses e-mail, interactions et prompts des utilisateurs belges vers la Chine sans garanties suffisantes.

Elle estime aussi que la politique de confidentialité de l’entreprise chinoise est en violation des réglementations européennes, « avec un manque d’informations claires sur la conservation et le traitement des données ».

Elle ajoute qu’il y aurait un flou sur l’exploitation des données à des fins de profilage ou de décisions automatisées. Enfin, elle estime que DeepSeek n’amène « aucune garantie pour la protection des mineurs » en ne mentionnant aucune vérification d’âge ni de règles spécifiques concernant leurs données.

L’organisation demande une restriction temporaire du chatbot. Elle affirme que son homologue italien, Altroconsumo, a également saisi son autorité compétente. Celle-ci, la Garante per la protezione dei dati personali, s’est déjà auto-saisie du dossier de DeepSeek.

Remarquons que le site de Test-Achats utilise un « dark pattern » dans son bandeau de cookies en faisant ressortir fortement le bouton « tout accepter » et en n’offrant aucun moyen de tout refuser, technique contraire au règlement européen (le bandeau n’apparait pas en navigation privée).

DeepSeek : la recherche chinoise paradoxalement boostée par les restrictions américaines

29 janvier 2025 à 14:19
Toujours plus profond
DeepSeek : la recherche chinoise paradoxalement boostée par les restrictions américaines

La startup chinoise a sorti son modèle DeepSeek-R1 rivalisant avec o1 d’OpenAI. Si certains doutent des affirmations des chercheurs de l’entreprise, leur rapport technique apporte des indications précises sur les nouveautés pour rendre leur modèle plus efficace.

Ne nous précipitons pas pour dire que la startup chinoise Deepseek a révolutionné le champ des IA génératives jusqu’à penser que l’Intelligence artificielle générale est proche, comme ses chercheurs le suggèrent dans leur rapport technique, reprenant les discours des startups américaines comme OpenAI à leur compte.

Mais ne renvoyons pas non plus d’un revers de la main les prétentions de cette jeune entreprise chinoise, qui vient de faire trembler la bourse américaine et fait craindre aux investisseurs l’éclatement de la bulle spéculative dont bénéficient ses concurrents états-uniens. Comme le modèle o1 d’OpenAI, le modèle DeepSeek-R1 se base sur de l’apprentissage par renforcement à grande échelle.

DeepSeek n’est pas une startup sortie de nulle part, comme le rappellent certains : son laboratoire rassemble plus de 100 chercheurs et elle a mis en ligne 16 articles de recherche en lien avec l’IA générative.

Un rapport technique détaillant l’architecture du modèle

Si certains, comme le CEO de l’entreprise américaine Scale AI, Alexandr Wang, estiment que l’entreprise chinoise ment sur l’efficacité de son modèle, le rapport technique mis en ligne [PDF] donne des indications montrant qu’elle a, de fait, innové dans le domaine.


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☕️ [MAJ] L’application de DeepSeek n’est plus disponible en Italie

29 janvier 2025 à 14:50


Mise à jour le 29 janvier à 15:38 : Selon Reuters, l’application DeepSeek n’est plus disponible sur les app stores de Google et d’Apple en Italie ce mercredi. Un message de l’App Store d’Apple indiquait que l’application n’était « actuellement pas disponible dans le pays ou la région où vous vous trouvez ». Le site de Google indique que le téléchargement « n’est pas pris en charge » en Italie.

Garante per la protezione dei dati personali (GPDP, l’équivalent de la CNIL en Italie) considère qu’il existe un risque élevé pour les données de millions de personnes en Italie dans la mise à disposition du chatbot DeepSeek basé sur le modèle R1 dont le nom est sur toutes les lèvres actuellement.

Elle a donc envoyé une demande d’informations aux entreprises DeepSeek Artificial Intelligence basées à Hangzhou et Pékin pour connaître les données personnelles collectées, à partir de quelles sources, à quelles fins, quelle est la base juridique du traitement et si elles étaient stockées sur des serveurs situés en Chine.

Sans nommer le règlement européen, l’autorité italienne veut donc vérifier que le chatbot chinois respecte le RGPD.

Kayla-Kozlowski-Unsplash

Elle précise aussi avoir demandé quel type d’informations est utilisé pour entrainer le modèle de l’entreprise et « si les données personnelles sont collectées par le biais d’activités de « web scraping » ».

Enfin, elle a interrogé l’entreprise chinoise sur la façon dont les utilisateurs inscrits et non inscrits sont informés du traitement de leurs données.

La Garante a donné 20 jours à DeepSeek pour répondre.

Rappelons que l’autorité italienne avait fait de même pour ChatGPT lors de la sortie du chatbot d’OpenAI, suspendant un temps son accès en Italie. Elle a ensuite infligé une amende de 15 millions d’euros à OpenAI pour avoir, entre autres, utilisé des données personnelles pour entrainer ses modèles utilisés par ChatGPT.

Outre-Atlantique, la Maison-Blanche se penche aussi sur la nouvelle intelligence artificielle avec en tâche de fond la question de « la sécurité nationale », rapporte Reuters. « C’est un signal d’alarme pour l’industrie américaine de l’IA », explique la porte-parole Karoline Leavitt. Elle rappelle que la Maison-Blanche s’efforce d’« assurer la domination américaine de l’IA ».

☕️ [MAJ] L’application de DeepSeek n’est plus disponible en Italie

29 janvier 2025 à 14:50


Mise à jour le 29 janvier à 15:38 : Selon Reuters, l’application DeepSeek n’est plus disponible sur les app stores de Google et d’Apple en Italie ce mercredi. Un message de l’App Store d’Apple indiquait que l’application n’était « actuellement pas disponible dans le pays ou la région où vous vous trouvez ». Le site de Google indique que le téléchargement « n’est pas pris en charge » en Italie.

Garante per la protezione dei dati personali (GPDP, l’équivalent de la CNIL en Italie) considère qu’il existe un risque élevé pour les données de millions de personnes en Italie dans la mise à disposition du chatbot DeepSeek basé sur le modèle R1 dont le nom est sur toutes les lèvres actuellement.

Elle a donc envoyé une demande d’informations aux entreprises DeepSeek Artificial Intelligence basées à Hangzhou et Pékin pour connaître les données personnelles collectées, à partir de quelles sources, à quelles fins, quelle est la base juridique du traitement et si elles étaient stockées sur des serveurs situés en Chine.

Sans nommer le règlement européen, l’autorité italienne veut donc vérifier que le chatbot chinois respecte le RGPD.

Kayla-Kozlowski-Unsplash

Elle précise aussi avoir demandé quel type d’informations est utilisé pour entrainer le modèle de l’entreprise et « si les données personnelles sont collectées par le biais d’activités de « web scraping » ».

Enfin, elle a interrogé l’entreprise chinoise sur la façon dont les utilisateurs inscrits et non inscrits sont informés du traitement de leurs données.

La Garante a donné 20 jours à DeepSeek pour répondre.

Rappelons que l’autorité italienne avait fait de même pour ChatGPT lors de la sortie du chatbot d’OpenAI, suspendant un temps son accès en Italie. Elle a ensuite infligé une amende de 15 millions d’euros à OpenAI pour avoir, entre autres, utilisé des données personnelles pour entrainer ses modèles utilisés par ChatGPT.

Outre-Atlantique, la Maison-Blanche se penche aussi sur la nouvelle intelligence artificielle avec en tâche de fond la question de « la sécurité nationale », rapporte Reuters. « C’est un signal d’alarme pour l’industrie américaine de l’IA », explique la porte-parole Karoline Leavitt. Elle rappelle que la Maison-Blanche s’efforce d’« assurer la domination américaine de l’IA ».

La communauté scientifique plébiscite Bluesky

28 janvier 2025 à 13:01
Un ciel bleu pour la communication scientifique
La communauté scientifique plébiscite Bluesky

Alors qu’Elon Musk a joué un rôle central dans l’élection de Donald Trump, les chercheurs semblent avoir migré vers Bluesky, y trouvant un havre de paix comparé à X.

Le ciel est plus bleu ailleurs que sur X pour les chercheurs. Et notamment pour les lecteurs et lectrices de la revue scientifique Nature, qui déclarent avoir massivement migré vers Bluesky.

Mi-janvier, la revue leur a envoyé un sondage pour savoir si le réseau social dirigé par Jay Graber avait pris le pas sur celui racheté par Elon Musk en 2022. 70 % des 5 300 personnes qui ont répondu utilisent Bluesky, explique-t-elle.

Nature s’empresse d’expliquer que ce sondage n’est pas statistiquement représentatif des lecteurs de Nature ou de la communauté scientifique au sens large. Mais il montre néanmoins « l’enthousiasme récent des chercheurs pour Bluesky et le mécontentement envers X », interprète la revue. D’ailleurs, à une question sur leur discipline, les chercheurs qui y ont répondu (près de 4 000) ont indiqué travailler à 38 % en biologie, à 11 % en informatique et sciences de l’information, 9 % en physique et 9 % en sciences environnementales.

Exode massif

Plus de la moitié des répondants (52,5 %) ont, par contre, répondu qu’ils ont quitté X alors qu’ils l’utilisaient auparavant :

Pour la revue, ces chiffres montrent un « exode massif » de la communauté scientifique. Nature a aussi recueilli les sentiments de ses lecteurs sur la plateforme au papillon bleu.

Bluesky, le bon vieux Twitter d’il y a 10 ans pour les chercheurs ?

« Bluesky est bien meilleur pour la science. Il y a beaucoup moins de toxicité, de désinformation et de distractions », affirme l’un d’entre eux. Un autre explique : « mon flux est presque entièrement composé de scientifiques et je reçois des mises à jour sur la recherche qui sont pertinentes et opportunes ».

Et effectivement, les chercheurs semblent se servir de Bluesky pour discuter entre eux. 19 % de ceux qui y ont un compte répondent l’utiliser pour se connecter avec d’autres chercheurs, 3 % pour promouvoir leur recherche, 18,5 % pour suivre les avancées d’autres recherches/chercheurs et 55 % pour tout ça à la fois :

Ces échos ressemblent à ceux qu’exprimaient certains chercheurs comme Sylvain Deville en 2014, s’agissant de Twitter.

Dans les réponses libres à la comparaison entre les deux réseaux sociaux, la revue note que les chercheurs renvoient des impressions plus positives pour qualifier Bluesky, expliquant que ce réseau serait « plus agréable, plus favorable, plus amical, plus gentil, plus collégial, plus stimulant, plus paisible et plus sûr ». Mais certains trouvent BlueSky plus « ennuyeux ».

Des chercheurs ont spécifiquement expliqué à la revue qu’ils avaient l’impression qu’il y avait moins de nazis et de racisme sur Bluesky que sur X.

« Tous les lecteurs de Nature n’aiment pas Bluesky. L’une des critiques qui ressort des réponses à l’enquête est qu’il s’agit d’une chambre d’écho de gauche », explique la revue qui cite l’un d’entre eux : « Bluesky est rempli de « wokes » fous qui vous menacent violemment si vous n’êtes pas d’accord avec le discours libéral ».

Début janvier, la revue Science a aussi interrogé des chercheurs sur leur éventuelle bascule de l’une vers l’autre des plateformes. Le chercheur en digital humanities Philipp Lorenz-Spreen, qui étudie les comportements sur les médias sociaux, y expliquait : « Chaque fois que je vais sur X, je vois des choses scandaleuses, et je me laisse entraîner », ajoutant « « Bluesky est plus lent et plus ennuyeux, mais c’est un bon ennui ».

Les « starter packs », la killer feature ?

Nature explique aussi que certains ont mentionné préférer Mastodon. S’il est vrai que certains chercheurs sont très enthousiastes concernant la plateforme décentralisée basée sur le fediverse, l’été dernier, nous ne pouvions que constater que les chercheurs n’avaient pas migré en masse dans sa direction.

Interrogé par Nature, le chercheur de l’université Queen Mary à Londres, Ignacio Castro, qui étudie l’utilisation des réseaux sociaux, explique la popularité émergente de Bluesky notamment par certaines fonctionnalités comme les « starter packs » mis en place en juin 2024, des listes de comptes « à suivre » créés par les utilisateurs. Ils permettent de trouver une communauté rapidement.

Du côté du Fediverse et Mastodon, cette fonctionnalité a récemment été aussi implémentée. Si la communauté de ce réseau social ne revendique pas forcément d’être dans une course avec les autres, cette inspiration venant du réseau à la mode montre quand même qu’elle ne veut pas que son réseau soit laissé de côté.

La communauté scientifique plébiscite Bluesky

28 janvier 2025 à 13:01
Un ciel bleu pour la communication scientifique
La communauté scientifique plébiscite Bluesky

Alors qu’Elon Musk a joué un rôle central dans l’élection de Donald Trump, les chercheurs semblent avoir migré vers Bluesky, y trouvant un havre de paix comparé à X.

Le ciel est plus bleu ailleurs que sur X pour les chercheurs. Et notamment pour les lecteurs et lectrices de la revue scientifique Nature, qui déclarent avoir massivement migré vers Bluesky.

Mi-janvier, la revue leur a envoyé un sondage pour savoir si le réseau social dirigé par Jay Graber avait pris le pas sur celui racheté par Elon Musk en 2022. 70 % des 5 300 personnes qui ont répondu utilisent Bluesky, explique-t-elle.

Nature s’empresse d’expliquer que ce sondage n’est pas statistiquement représentatif des lecteurs de Nature ou de la communauté scientifique au sens large. Mais il montre néanmoins « l’enthousiasme récent des chercheurs pour Bluesky et le mécontentement envers X », interprète la revue. D’ailleurs, à une question sur leur discipline, les chercheurs qui y ont répondu (près de 4 000) ont indiqué travailler à 38 % en biologie, à 11 % en informatique et sciences de l’information, 9 % en physique et 9 % en sciences environnementales.

Exode massif

Plus de la moitié des répondants (52,5 %) ont, par contre, répondu qu’ils ont quitté X alors qu’ils l’utilisaient auparavant :

Pour la revue, ces chiffres montrent un « exode massif » de la communauté scientifique. Nature a aussi recueilli les sentiments de ses lecteurs sur la plateforme au papillon bleu.

Bluesky, le bon vieux Twitter d’il y a 10 ans pour les chercheurs ?

« Bluesky est bien meilleur pour la science. Il y a beaucoup moins de toxicité, de désinformation et de distractions », affirme l’un d’entre eux. Un autre explique : « mon flux est presque entièrement composé de scientifiques et je reçois des mises à jour sur la recherche qui sont pertinentes et opportunes ».

Et effectivement, les chercheurs semblent se servir de Bluesky pour discuter entre eux. 19 % de ceux qui y ont un compte répondent l’utiliser pour se connecter avec d’autres chercheurs, 3 % pour promouvoir leur recherche, 18,5 % pour suivre les avancées d’autres recherches/chercheurs et 55 % pour tout ça à la fois :

Ces échos ressemblent à ceux qu’exprimaient certains chercheurs comme Sylvain Deville en 2014, s’agissant de Twitter.

Dans les réponses libres à la comparaison entre les deux réseaux sociaux, la revue note que les chercheurs renvoient des impressions plus positives pour qualifier Bluesky, expliquant que ce réseau serait « plus agréable, plus favorable, plus amical, plus gentil, plus collégial, plus stimulant, plus paisible et plus sûr ». Mais certains trouvent BlueSky plus « ennuyeux ».

Des chercheurs ont spécifiquement expliqué à la revue qu’ils avaient l’impression qu’il y avait moins de nazis et de racisme sur Bluesky que sur X.

« Tous les lecteurs de Nature n’aiment pas Bluesky. L’une des critiques qui ressort des réponses à l’enquête est qu’il s’agit d’une chambre d’écho de gauche », explique la revue qui cite l’un d’entre eux : « Bluesky est rempli de « wokes » fous qui vous menacent violemment si vous n’êtes pas d’accord avec le discours libéral ».

Début janvier, la revue Science a aussi interrogé des chercheurs sur leur éventuelle bascule de l’une vers l’autre des plateformes. Le chercheur en digital humanities Philipp Lorenz-Spreen, qui étudie les comportements sur les médias sociaux, y expliquait : « Chaque fois que je vais sur X, je vois des choses scandaleuses, et je me laisse entraîner », ajoutant « « Bluesky est plus lent et plus ennuyeux, mais c’est un bon ennui ».

Les « starter packs », la killer feature ?

Nature explique aussi que certains ont mentionné préférer Mastodon. S’il est vrai que certains chercheurs sont très enthousiastes concernant la plateforme décentralisée basée sur le fediverse, l’été dernier, nous ne pouvions que constater que les chercheurs n’avaient pas migré en masse dans sa direction.

Interrogé par Nature, le chercheur de l’université Queen Mary à Londres, Ignacio Castro, qui étudie l’utilisation des réseaux sociaux, explique la popularité émergente de Bluesky notamment par certaines fonctionnalités comme les « starter packs » mis en place en juin 2024, des listes de comptes « à suivre » créés par les utilisateurs. Ils permettent de trouver une communauté rapidement.

Du côté du Fediverse et Mastodon, cette fonctionnalité a récemment été aussi implémentée. Si la communauté de ce réseau social ne revendique pas forcément d’être dans une course avec les autres, cette inspiration venant du réseau à la mode montre quand même qu’elle ne veut pas que son réseau soit laissé de côté.

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