GNOME OS comme Linux idéal, partie 1 : la promesse de l'atomique
Et si le systĂšme dâexploitation (OS) libre et souverain dont le monde a besoin Ă©tait basĂ© sur GNOME ? Câest ce que propose Thibault Martin dans un billet postĂ© le 28 fĂ©vrier 2025 sur son blog. LâidĂ©e est ambitieuse, et bien entendu elle peut froisser les gens qui prĂ©fĂšrent dâautres environnements de bureau, mais elle prĂ©sente lâintĂ©rĂȘt de sâappuyer sur deux tendances notables dans lâactualitĂ© rĂ©cente de Linux : lâavĂšnement des systĂšmes atomiques et la demande dâun OS dit âsouverainâ. Nous vous proposons, Ă travers le billet de Martin, dâen apprendre plus sur ces deux tendances. Ce premier journal se concentre sur la premiĂšre : les systĂšmes atomiques, et le changement de paradigme quâils prĂ©figurent pour le bureau Linux.
Sommaire
De quoi ça parle ?
Dans ce billet titrĂ© «âŻProsthetics that don't betrayâŻÂ» («âŻdes prothĂšses qui ne trahissent pasâŻÂ»), Thibault Martin, ancien membre de la fondation GNOME, appelle Ă changer la gouvernance du projet pour se donner les moyens dâen faire un OS âindĂ©pendantâ et prĂȘt Ă lâemploi, financĂ© par lâUnion europĂ©enne. Il est question ici de vendre des ordinateurs et des tĂ©lĂ©phones avec un systĂšme Linux prĂ©-installĂ© dessus, assemblĂ© par et basĂ© sur GNOME, indĂ©pendant de toute distribution existante, et le tout idĂ©alement financĂ© par lâUnion europĂ©enne («âŻĂ§a se verrait Ă peine dans son budgetâŻÂ», argue Martin).
Pourquoi GNOME ? Parce que câest l'environnement de bureau prĂ©fĂ©rĂ© de Martin, Ă©videmment. Il vante notamment sa bonne intĂ©gration au mobile : on lâignore peut-ĂȘtre (car il reste nettement plus difficile dâinstaller un Linux sur un tĂ©lĂ©phone que sur un PC), mais les dĂ©veloppeurs GNOME travaillent depuis quelques annĂ©es Ă rendre leurs applis adaptables aux petits Ă©crans. Il ne sâagit pas de versions diffĂ©rentes, mais bel et bien de vos applis de bureau, qui se redimensionnent automatiquement pour ĂȘtre utilisables Ă lâĂ©cran tactile. Nick du Linux Experiment en a rĂ©cemment dit du bien dans une de ses vidĂ©os. Bien entendu, il existe dâautres interfaces mobiles dans le monde Linux, au hasard celle de KDE, Plasma Mobile. Mais ce nâest pas sur cet argument que cette dĂ©pĂȘche aimerait sâattarder ; plutĂŽt que de parler des avantages et inconvĂ©nients de GNOME sur les autres environnements graphiques libres, nous allons nous pencher sur deux autres idĂ©es avancĂ©es par Thibault Martin dans son billet, Ă savoir :
- pour ĂȘtre «âŻutilisable par les massesâŻÂ», cet OS de rĂȘve doit adopter une technologie dite âatomiqueâ
- sa vocation principale sera dâĂ©chapper à «âŻlâhĂ©gĂ©monie amĂ©ricaineâŻÂ» et «âŻsĂ©curiser la souverainetĂ© numĂ©rique de lâUEâŻÂ»
Les OS atomiques, ou la promesse du Linux qui juste-marche
CâĂ©tait le 25 fĂ©vrier dernier, et il lâa dit au premier degrĂ© : "We believe that 2025 is truly the year of the Linux gaming desktop ». Pourtant, Nirav Patel prĂ©cise bien cinq secondes avant que ses ordinateurs (il est le fondateur et le PDG de Framework) supportent aussi Windows. Mais il a lâair de sincĂšrement croire que cette annĂ©e, quelque chose de diffĂ©rent est en train de se passer avec le bureau Linux ; et sur la diapo oĂč est Ă©crite cette phrase, on peut voir les logos de Playtron OS et Bazzite, deux projets de Linux orientĂ©s âgamingâ, mais qui prĂ©sentent aussi la particularitĂ© dâĂȘtre basĂ©s sur Fedora Silverblue, sans doute le plus populaire des Linux atomiques.
Ă moins que ce ne soit lâinverse ? Le 13 fĂ©vrier dernier, Jorge Castro, fondateur du projet Universal Blue (dont est issu Bazzite), montrait fiĂšrement les statistiques des appareils actifs sous Fedora atomiques (si vous ne le saviez pas, toutes les installations de Fedora envoient par dĂ©faut un signal anonyme aux serveurs afin dâĂȘtre recensĂ©es). On y voit les machines sous Bazzite doubler de nombre entre octobre dernier et fĂ©vrier, dĂ©passant de loin les propres variantes atomiques officielles de Fedora (mais encore trĂšs loin derriĂšre âlaâ Fedora Workstation ordinaire, selon Castro).
Bazzite a tellement la cote quâelle a Ă©tĂ© saluĂ©e comme «âŻmettant la honte Ă WindowsâŻÂ» dans un article sur The Verge, ce qui est surprenant de la part dâun mĂ©dia tech âgĂ©nĂ©ralisteâ qui jusquâĂ prĂ©sent nâavait dâyeux que pour les GAFAM et ne sâintĂ©ressait guĂšre au monde du libre. Il y a, bien sĂ»r, une explication simple Ă ce succĂšs : Bazzite vise une niche particuliĂšre, celle des utilisateurs et utilisatrices de Steam Deck et autres consoles portables Ă base de technologie PC, et on peut arguer que cette niche est non seulement en pleine croissance, mais aussi peut-ĂȘtre un peu dĂ©laissĂ©e par un Microsoft qui nâa pas encore bien optimisĂ© son Windows Ă un tel cas dâusage. Ce serait comme attribuer la hausse des tĂ©lĂ©chargements de Linux il y a 15 ans Ă la mode des netbooks. Mais nous aimerions arguer ici que le succĂšs de Bazzite est aussi dĂ» Ă son choix technologique de bureau atomique.
Pour rappel, âatomiqueâ est lâexpression qui tend Ă remplacer celles d'âimmuableâ (traduction anglaise d'"immutable") ou "image-based", et qui dĂ©signe une façon bien particuliĂšre de construire et distribuer un systĂšme dâexploitation. SolĂšne Rapenne propose une dĂ©finition dans un billet de 2023, oĂč elle rĂ©sume les principes essentiels des systĂšmes immuables :
- les mises Ă jour systĂšme ne sont pas effectuĂ©es sur le systĂšme en cours dâutilisation (celui-ci nâest jamais censĂ© changer, dâoĂč le qualificatif d'âimmuableâ)
- les modifications de paquets sont appliqués au prochain démarrage (mais pas celles des Flatpak par exemple)
- vous pouvez revenir en arriĂšre (roll back) et restaurer le systĂšme dans lâĂ©tat exact oĂč il se trouvait avant une mise Ă jour
Les systĂšmes atomiques peuvent avoir chacun leurs particularitĂ©s : ainsi, NixOS (lisez Ă son sujet notre rĂ©cente dĂ©pĂȘche), Endless OS, les images Universal Blue, Vanilla OS, MicroOS ou encore AerynOS, mais aussi ChromeOS et Android ne fonctionnent pas tout Ă fait de la mĂȘme façon, bien quâils partagent ces trois principes en commun. Mais le gros joueur dans ce domaine, câest Fedora : Renault nous expliquait il y a bientĂŽt cinq ans comment les expĂ©rimentations du projet ont donnĂ© naissance Ă Silverblue et comment ce dernier sâutilisait. Depuis, Silverblue a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ© en versions Plasma, Sway, Budgie et bientĂŽt COSMIC et Plasma Mobile ; certaines de ses briques sont amenĂ©es Ă Ă©voluer, comme lâexpliquait TimothĂ©e Ravier Ă la sortie de Silverblue 41 en automne dernier (voir la section Notes), mais les principes fondamentaux restent les mĂȘmes, et vous pouvez les retrouver dĂ©crits dans la documentation commune (en version bĂȘta) des Fedora atomiques. Ravier les rappelle dans un rĂ©cent entretien quâil nous a accordĂ© (Ă paraĂźtre aprĂšs le 21 avril) et nous partage son espoir de voir un jour lâatomique devenir le modĂšle par dĂ©faut pour Fedora :
Je lâespĂšre ! Il est impossible de donner une Ă©chĂ©ance et cela ne dĂ©pend pas vraiment de moi. La difficultĂ© la plus importante est la prise en charge du matĂ©riel et les pilotes qui ne sont pas intĂ©grĂ©s dans Fedora. Câest un problĂšme que lâon ne peut pas rĂ©soudre dans Fedora Ă cause des contraintes lĂ©gales et qui sont traitĂ©es par le projet Universal Blue, dont la variante Bazzite est trĂšs populaire.
Capture dâĂ©cran du site officiel de Bazzite
Les possibilitĂ©s ouvertes par cette approche sont telles quâelles inspirent beaucoup de Linuxiens Ă assembler leur propre bureau Linux atomique, y compris hors des mainteneurs de distributions : câest le cas de Jorge Castro et de Thibault Martin. Mais Martin nâest pas le premier Ă avoir eu lâidĂ©e parmi la communautĂ© GNOME : il cite un billet dâAdrien Vovk paru en octobre dernier, titrĂ© «âŻUn bureau pour tous », et qui appelle dĂ©jĂ Ă sâappuyer sur GNOME, et plus prĂ©cisĂ©ment le projet GNOME OS (lequel est dĂ©jĂ atomique), pour «âŻconstruire un OS qui rend le bureau Linux utilisable pour les non-passionnĂ©sâŻÂ» :
Je pense Ă mes amis et Ă ma familleâŻ: ils ne mĂ©ritent pas plus que nous dâĂȘtre maltraitĂ©s par les entreprises de la tech. Beaucoup dâentre eux adorent lâidĂ©e de Linux et sont dâaccord avec nos valeurs, mais ont dĂ©cidĂ© de ne pas rester dessus aprĂšs lâavoir essayĂ© pour de vrai. Ils sont intĂ©ressĂ©s, mais juste pas assez intĂ©ressĂ©s pour surmonter nos barriĂšres Ă lâentrĂ©e. Ils se moquent des paquets, des codecs, des pilotes, des brevets, des licences, ou de toutes ces choses qui sont devenues ce quâon doit gĂ©rer en tant que passionnĂ©s de Linux. Je crois que beaucoup se mettront Ă se prĂ©occuper de ces choses-lĂ une fois quâils auront rejoint nos communautĂ©s, comme nous lâavons tous fait nous-mĂȘme, mais Ă lâheure actuelle, ils ne nous rejoignent pasâŠ
LâidĂ©e ne sĂ©duit pas que chez GNOME : Vovk dit lui-mĂȘme avoir Ă©tĂ© inspirĂ© par KDE, aprĂšs que ceux-ci aient annoncĂ© un projet similaire lors de la confĂ©rence Akademy en septembre 2024, sobrement baptisĂ© « KDE Linux ». Et pour pallier les dĂ©fauts que les devs reprochent Ă KDE neon, laquelle vieillit trop vite du fait dâĂȘtre basĂ©e sur Ubuntu LTS, KDE Linux sera donc, lui aussi, un OS atomique et immuable : «âŻles applis viendront de Flatpak (et peut-ĂȘtre aussi de Snap si ce nâest pas trop difficile et que lâUX est convenable)âŻÂ». Et lui aussi aura vocation Ă sâadresser au plus large public possible, «âŻdes dĂ©veloppeurs KDE aux utilisateurs et aux vendeurs de matĂ©rielâŻÂ».
Or, pour atteindre un tel objectif dâuniversalitĂ©, Vovk considĂšre que GNOME OS se doit dâĂȘtre complĂštement immuable, sans permettre Ă lâutilisateur dâinstaller des paquets traditionnels, contrairement au «âŻmodĂšle immuable-hybrideâŻen vogue » qui est celui de Silverblue et ses dĂ©rivĂ©s (oĂč il est possible de faire du layering pour installer des paquets de la distribution, faisant ainsi entorse Ă lâimmuabilitĂ©) :
Ă mon avis, permettre lâoverlay de paquets dissuade le dĂ©veloppement de vraies solutions permanentes aux fonctionnalitĂ©s manquantes dans lâOS, puisque les utilisateurs peuvent juste se reposer sur les surcouches. Au bout du compte, la nĂ©cessitĂ© dâinstaller des paquets pour contourner ces problĂšmes va juste garantir que personne nâutilisera les distributions immuables-hybrides de maniĂšre immuable, ce qui annule les bienfaits de lâimmuabilitĂ© tout en soumettant lâutilisateur aux points de friction [sharp edges] supplĂ©mentaires quâapporte lâimmuabilitĂ©.
Comme le rappelle Vovk, cette idĂ©e a dĂ©jĂ Ă©tĂ© formulĂ©e par le fameux Lennart Poettering en mai 2022, dans un long billet oĂč il dĂ©taille sa vision personnelle («âŻet non celle de mon employeurâŻÂ», qui Ă lâĂ©poque Ă©tait soit Red Hat, soit Microsoft) de la direction dans laquelle le bureau Linux doit aller :
Avant toute chose, je pense quâil faut se concentrer sur un design basĂ© sur une image plutĂŽt que sur des paquets. Pour la robustesse et la sĂ©curitĂ©, il est essentiel de travailler avec des images reproductibles et immuables qui dĂ©crivent lâOS ou des grandes portions de celui-ci dans leur entiĂšretĂ©, plutĂŽt que de toujours travailler avec des paquets dĂ©taillĂ©s façon RPM/dpkg. Ce nâest pas dire que les paquets ne sont pas pertinents (je trouve en rĂ©alitĂ© quâils ont beaucoup dâimportance !), mais je pense quâils devraient ĂȘtre moins un outil de dĂ©ploiement de code, mais plutĂŽt un outil pour construire les objets Ă dĂ©ployer. Une autre maniĂšre de voir la chose : tout OS construit ainsi doit ĂȘtre facile Ă rĂ©pliquer sur un grand nombre dâinstances, avec une variabilitĂ© minimale.
Câest donc bien un nouveau paradigme qui bouleverse les principes traditionnels des distros, selon lesquels les empaqueteurs se chargent dâassembler et distribuer toutes les applications quâils veulent rendre disponibles Ă leurs utilisateurs. Or, dans les prĂ©conisations de la documentation de lâoutil Blue-build, dĂ©diĂ© Ă la crĂ©ation dâimages atomiques customisĂ©es, il faut au contraire «âŻrĂ©sister Ă la tentation dâintĂ©grer tout lâuniversâŻÂ» :
Les systĂšmes dans ce genre sont conçus autour dâun cĆur petit, simple et efficace, maintenable et performant. Rappelez-vous que les mises Ă jour de lâimage de base nĂ©cessitent un redĂ©marrage, donc idĂ©alement vous allez vouloir limiter sa taille â laissez Flatpak et dâautres outils de lâespace utilisateur sâoccuper du reste.
Diapositive issue de la prĂ©sentation «âŻBazzite: Building the Future of Linux Gaming TogetherâŻÂ» donnĂ©e par Kyle Gospodnetich et Noel Miller au salon SCALE 22x, le 8 mars 2025
Jorge Castro dit lui-mĂȘme :
Je ne voulais pas refaire une autre distro. Jâai fait ça pendant dix ans [chez Canonical, NDLR], je ne voulais pas faire dâempaquetage, je comprends les difficultĂ©s que ça entraĂźne de faire une distro, je ne veux plus jamais refaire ça.
Il nous faut avoir des applis en bac Ă sable, sans quoi autant faire nos valises et rentrer chez nous. Actuellement câest flatpak via flathub. MalgrĂ© toutes les plaintes que vous pouvez lire sur le net au sujet de flatpak, il y a plein de monde qui en tire une bonne expĂ©rience. [âŠ] Et aussi nous avons abandonnĂ© tout lâaspect « allons empaqueter la planĂšte entiĂšre nous-mĂȘmeâŻÂ» du modĂšle parce que nous savons que ça ne sâĂ©tend pas [it doesn't scale]. Ăa veut dire que câest aux dĂ©veloppeurs dâapplis de prendre en charge leur destin, et que câest notre boulot de livrer tout ça Ă lâutilisateur. [âŠ] Câest aussi pour cela que nous ne sommes pas une distro â nous sommes trois distros, fedora pour la base, homebrew pour la ligne de commande, flatpak pour les applis Ă interface graphique. Oh et puisque vous avez aussi distrobox, nâimporte quel autre paquet de distro.
Et Ă©videmment, cet Ă©loignement revendiquĂ© du modĂšle de la bonne vieille distribution nâest pas sans causer quelques frictions, surtout au sein dâune communautĂ© comme Fedora qui demeure avant tout dĂ©diĂ©e Ă faire⊠une bonne vieille distribution. Le 21 janvier 2025, Michael Catanzaro demandait que Flathub devienne le dĂ©pĂŽt Flatpak par dĂ©faut des Fedora, plutĂŽt que le dĂ©pĂŽt Flatpak de Fedora comme câest le cas jusquâalors, affirmant que ces flatpaks âmaisonâ Ă©taient «âŻune source notable de problĂšmes de qualitĂ©âŻÂ», et citant des «âŻplaintes de multiples dĂ©veloppeurs upstreamâŻÂ», notamment ceux du cĂ©lĂšbre OBS qui sont allĂ©s jusquâĂ rĂ©clamer formellement le retrait du Flatpak que Fedora distribue pour leur appli. Le conflit sâest depuis dĂ©tendu et les dĂ©veloppeurs dâOBS ont rĂ©tractĂ© leur demande, mais pas sans que le Project Leader de Fedora Matthew Miller ne dĂ©clare sur la chaĂźne YouTube de Brodie Robertson que «âŻles rĂšgles dâacceptation sur Flathub sont plutĂŽt laxistesâŻÂ» et que rien ne garantissait lâabsence de code malveillant dans leurs flatpaks, ce qui a provoquĂ© une levĂ©e de boucliers et une clarification officielle de Flathub quant Ă leur processus de vĂ©rification. Miller a saluĂ© cette clarification et prĂ©cisĂ© sa pensĂ©e, et Ă lâheure actuelle, câest toujours les dĂ©pĂŽts de Fedora qui sont prĂ©sĂ©lectionnĂ©s par dĂ©faut lorsquâon cherche Ă installer un Flatpak via Logiciels ou Discover dans une Fedora.
Alors, faut-il imaginer un projet tout neuf et Ă©mancipĂ© des distributions, comme GNOME et KDE aimeraient le faire, pour ĂȘtre digne dâĂȘtre lâOS atomique dont lâEurope a besoin ? Ă moins que ce dont lâEurope ait besoin, ce nâest pas dâun seul mais de plusieurs OS atomiques ? Câest lâidĂ©e que dĂ©fend openSUSE, qui propose aux gouvernements non pas dâadopter une seule et unique solution qui "surfe sur lâidĂ©e de souverainetĂ© europĂ©enne", mais plutĂŽt une stratĂ©gie multi-distributions, qui inclurait, au hasard, les propres projets atomiques dâopenSUSE â Aeon (sous GNOME) et Kalpa (sous Plasma) :
LâidĂ©e globale dont les gouvernements ont besoin de dĂ©battre va au-delĂ du standard des distros. Ă lâĂąge du rançongiciel, du verrouillage dans le nuage et du capitalisme de surveillance, il est temps dâaller au-delĂ de la façon traditionnelle de penser les OS de bureaux. Le monde de lâopen-source a dĂ©jĂ les outils pour avancer vers cette nouvelle façon de penser :
- LâimmuabilitĂ© avec des mises Ă jour transactionnelles (MicroOS, Aeon, Kalpa, Kinoite)
- Une configuration systÚme déclarative (Agama, Ansible)
- Des options de bureaux pour des besoins utilisateur variés (GNOME, KDE Plasma, Xfce)
- Des standards dâidentitĂ©s et dâauthentification ouverts (LDAP, OpenID)
- Des formats de paquet transparents (Flatpak, RPM)
La gouvernance des Linux : suffit-il dâĂȘtre libre pour ĂȘtre souverain ?
Ce second volet fera lâobjet dâune dĂ©pĂȘche future, Ă laquelle vous pouvez dâores et dĂ©jĂ contribuer (comme Ă toutes les autres dĂ©pĂȘches en cours de rĂ©daction sur Linuxfr). Ă bientĂŽt !
Notes
- Les Steam Deck sont vendus avec SteamOS, qui nâest pour lâinstant pas disponible au tĂ©lĂ©chargement (Valve a dĂ©clarĂ© vouloir le faire dâici avril 2025), et qui est Ă©galement un OS atomique. Bazzite est fortement inspirĂ© de SteamOS et en reprend directement une partie de son code, publiĂ© sous licence libre par Valve.
- Un des signes distinctifs dâUniversal Blue est son usage de bootc, qui permet purement et simplement de rendre des conteneurs bootables (ce que Jorge Castro rĂ©sume par «âŻPodman dans une boucle forâŻÂ» ; Colin Walters en parle dans une vidĂ©o de Red Hat) et qui devrait bientĂŽt ĂȘtre adoptĂ© par Fedora Ă son tour, en remplacement dâOSTree. Sur la feuille de route de ce projet, TimothĂ©e Ravier prĂ©cisait en janvier dernier que, bien que ses propres machines reposent sur des conteneurs bootables, il considĂšre que «âŻce nâest pas prĂȘt pour lâusage gĂ©nĂ©ralâŻÂ».
- Ă lâheure actuelle, la distribution vitrine de Linux sur tĂ©lĂ©phones est sans doute postmarketOS. Les dĂ©veloppeurs de celle-ci ont annoncĂ© le 30 mars dernier travailler Ă une version immuable de pmOS, qui sera partiellement subventionnĂ©e par la fondation europĂ©enne NLnet (la question du financement des Linux sera abordĂ©e dans la 2á” partie de cette dĂ©pĂȘche).
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