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Les méduses forcent l’arrêt de la centrale de Gravelines

15 août 2025 à 14:32

Le 10 août, une invasion de méduses a frappé la centrale nucléaire de Gravelines. Et les conséquences ne sont pas anodines : le système de refroidissement n’a pas pu continuer à fonctionner normalement, forçant l’arrêt de plusieurs réacteurs. Un épisode rare provoqué par un phénomène biologique amplifié par le réchauffement climatique.

Le 10 août, les tambours filtrants de la centrale nucléaire de Gravelines (département du Nord) ont commencé à saturer sous un flot compact et gluant : des bancs entiers de méduses, charriés par la mer du Nord, se sont engouffrés dans les stations de pompage, bouchant l’arrivée d’eau nécessaire au refroidissement des réacteurs. Les dispositifs de sécurité ont immédiatement stoppé les quatre unités qui étaient en production – les deux autres réacteurs étaient déjà à l’arrêt pour maintenance. Résultat : plus aucun mégawatt produit sur le site, qui fournit habituellement près de 6 % de l’électricité française.

Le phénomène n’est pas nouveau. Gravelines avait déjà connu une perturbation gélatineuse en 1993. Mais cette fois, l’ampleur est autre : la température élevée de l’eau, la raréfaction des prédateurs naturels et la prolifération d’espèces invasives — comme la méduse lune d’Asie, installée dans la mer du Nord depuis 2020 — offrent un cocktail idéal à ces perturbations.

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Un réacteur a pu redémarrer

Le 13 août à 7 h 30, EDF a réussi à relancer le réacteur six. Les unités deux, trois et quatre doivent suivre dans les prochains jours et les réacteurs un et cinq poursuivent leur maintenance. Aucune conséquence sur la sûreté ou l’environnement n’a été constatée.

Gravelines n’est pas un cas isolé. En 2011, la centrale écossaise de Torness avait dû fermer pour la même raison. En 2013, le réacteur 3 de la centrale nucléaire suédoise d’Oskarshamnun avait été arrêté après une invasion. Le Japon, la Chine, les États-Unis ou encore les Philippines ont eux aussi subi ces assauts silencieux. Pour limiter ces perturbations, certains laboratoires développent des systèmes de détection précoce capables d’anticiper la présence de méduses avant qu’elles n’atteignent les grilles de pompage, relève le Guardian.

 

 

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Pédaler sous des panneaux solaires, c’est possible sur la ViaRhona

20 juillet 2025 à 05:44

À Caderousse, dans le Vaucluse, la ViaRhôna innove. Sur 850 mètres, la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) a installé la première infrastructure solaire linéaire de France. Surplombant la piste cyclable, 1 400 panneaux photovoltaïques produisent de l’électricité tout en offrant de l’ombre aux cyclistes.

Avec une puissance installée de 350 kilowatts crête (kWc), ce démonstrateur génère environ 550 mégawattheures (MWh) par an. C’est l’équivalent de la consommation électrique (hors chauffage) de 220 foyers. Comme les panneaux solaires, il repose sur une architecture en courant continu jusqu’au point d’injection. Ainsi, au lieu de transformer deux fois (DC vers AC vers DC), les pertes sont réduites.

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Un potentiel gigantesque

Porté par un consortium d’industriels français — Schneider Electric, Nexans, SuperGrid Institute et la SNCF — et soutenu par l’Ademe, le projet Ophélia démontre la faisabilité d’un solaire sur zone déjà artificialisée. Il n’a pas d’emprise supplémentaire. Exit les conflits d’usage du sol : digues, voies ferrées, murs antibruit ou pistes cyclables deviennent autant de supports potentiels. La CNR estime à 35 gigawatts (GW) le potentiel de solaire linéaire sur ses propres infrastructures.

Si les panneaux restent chinois, ils ne représentent que 15 % du coût total. Les 85 % restants, de la structure métallique (élevée à 4 mètres) aux câbles et convertisseurs, sont produits en France. « Vous assistez à l’émergence d’une filière industrielle française, autour du courant continu en moyenne tension », se réjouit, auprès du Figaro, le PDG de SuperGrid Institute Hubert de la Grandière.

Les cyclistes pourront profiter d’un peu de répit et s’abriter sous la chaleur parfois écrasante de la Via Rhona. Située le long du Rhône, l’altitude basse implique de supporter des chaleurs parfois très élevées sur cette autoroute cycliste.

 

 

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Lutte contre le changement climatique : les financements reculent, alerte l’I4CE

19 juillet 2025 à 05:21

Après une dynamique à la hausse entre 2021 et 2023, les investissements climat en France marquent le pas en 2024.

l’I4CE, think tank de la caisse des dépôts, a publié le 10 juillet son Panorama des financements climat. Ces financements se sont élevés à 102 milliards d’euros en 2024, soit une baisse de 5 % par rapport à 2023. Or, « à l’horizon 2030, les investissements climat doivent progresser de 87 milliards d’euros par rapport au niveau de 2024 » avertit l’I4CE, dont entre 18 et 52 milliards à la charge des finances publiques.

Cette contraction s’explique en partie par la conjoncture économique, notamment dans le bâtiment. Les chercheurs expliquent que le ralentissement traduit aussi des signaux politiques contradictoires. « Les dépenses publiques en faveur du climat ont entamé un recul, que ce soit dans le soutien de l’État à la rénovation énergétique, l’acquisition de véhicules électriques ou encore pour les infrastructures de transport en commun. »

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Les énergies fossiles ne reculent pas

Face à cette baisse, I4CE s’inquiète du manque de visibilité pour les acteurs économiques qui « s’explique aussi par des revirements dans les politiques publiques ».

En parallèle, les investissements dans les énergies fossiles, eux, stagnent autour de 71 milliards d’euros annuels depuis 2022. « En l’absence de nouvelles réglementations, et malgré une légère baisse anticipée pour 2025, leur niveau se maintient dans la plupart des secteurs étudiés. Et la remise en question du cadre réglementaire actuel pourrait compromettre la trajectoire de réduction des investissements fossiles. »

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Deux fournisseurs d’énergie lourdement sanctionnés pour avoir abusé d’EDF

17 juillet 2025 à 04:56

Le 10 juillet, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a publié une double sanction à l’encontre de Mint et BCM Energy, deux fournisseurs alternatifs d’électricité. Le comité de règlement des différends et des sanctions (CoRDiS), saisi en octobre 2023, a condamné Mint à 3,5 millions d’euros d’amende, et BCM Energy à 3 millions.

Pour abus du dispositif d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) sur les années 2021 et 2022, telle est l’accusation prononcée par le comité de règlement des différends et des sanctions (CoRDiS) de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) à l’encontre de deux fournisseurs : Mint et BCM Energy.

Les deux fournisseurs sanctionnés sont accusés d’avoir détourné le mécanisme Arenh de sa finalité légale. Créé pour permettre aux fournisseurs alternatifs d’accéder à l’électricité nucléaire d’EDF à prix régulé (42 €/MWh), l’Arenh vise à garantir une concurrence au bénéfice du consommateur final.

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Accusés d’avoir détourné l’Arenh

« En pleine crise de l’énergie, Mint a clairement mis en place une stratégie pour se séparer d’une partie de ses clients » explique la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon. Mint a mis en place une stratégie commerciale consistant à utiliser les volumes d’Arenh à des fins étrangères à l’objet du mécanisme, notamment via une hausse volontaire de ses tarifs en 2021-2022. Cela a entraîné une perte de clients et libéré de l’électricité qu’il a ensuite revendue sur les marchés de gros à un tarif bien supérieur, réalisant ainsi un gain financier important.

De son côté, BCM Energy a présenté à la CRE une demande Arenh pour des clients qui n’étaient pas encore dans son portefeuille au moment du dépôt. Autrement dit, le fournisseur a anticipé des volumes non justifiés par sa base réelle de clients, dans une logique de surenchère spéculative.

Le CoRDiS, dans sa décision du 3 juillet 2025 rendue publique le 10 juillet, estime que ces pratiques nuisent au bon fonctionnement du marché et vont à l’encontre de l’objectif de protection des consommateurs. Ces sanctions s’inscrivent dans un renforcement du contrôle du régulateur sur l’Arenh, après un cas similaire, celui d’Ohm Énergie en 2024.

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Cet industriel achète une méga batterie couplée à du solaire sans aides publiques

12 juillet 2025 à 14:34

À Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), l’industriel Baudin Chateauneuf inaugure un système de production et de stockage d’énergie. Associant bientôt 2 mégawatts crête (MWc) de solaire en autoconsommation et déjà 2,5 mégawattheures (MWh) de batteries pilotées par Storio Energy, l’usine couvre désormais plus de la moitié de sa consommation électrique.

À Châteauneuf-sur-Loire, le fabricant de charpentes métalliques et solutions photovoltaïques (ombrières, toitures, installations au sol) Baudin Chateauneuf inaugure une installation énergétique « derrière le compteur », associant presque 2 MWc de solaire en autoconsommation à 2,5 MWh de batteries lithium-fer-phosphate. Ce projet est développé par la startup parisienne Storio Energy, spécialiste du stockage BtoB.

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Du stockage au service de l’usine mais aussi du réseau public

Cette centrale hybride se trouve sur le site, c’est le principe du « derrière le compteur ». Elle combine ombrières photovoltaïques, toitures, façades souples et centrales au sol. L’ensemble alimente une boucle haute tension interne et permet déjà de couvrir plus de 50 % des besoins annuels du site. Le président du directoire Damien Colombot juge que « ce projet présente une bonne rentabilité et préserve en partie des aléas des prix de l’électricité qui ne sera pas toujours un long fleuve tranquille ».

La responsable de l’optimisation, c’est la batterie de 2,5 MWh – soit 11 modules Powerstack de Sungrow – pilotée par un système intelligent développé par Storio. L’algorithme ajuste en temps réel les flux énergétiques pour maximiser l’autoconsommation, stocker le surplus solaire et valoriser la flexibilité sur les marchés (effacement, restauration de fréquence aFRR…). Résultat : un taux d’autoconsommation passant de 50 % à 85 %, jusqu’à 20 % d’économies sur la facture électrique et un retour sur investissement estimé à six ans sans aucune subvention publique. Jean-Yves Stephan, CEO de Storio, en est fier : « l’avenir de l’énergie photovoltaïque passe nécessairement par l’autoconsommation et le stockage ».

La batterie installée sur le site de Châteauneuf-sur-Loire / Image : Beaudin Chateauneuf.

Grâce à l’autoconsommation et au marché

Sur le plan économique, les gains de la batterie viennent pour 35 % de l’optimisation de l’autoconsommation solaire : le stockage permet d’absorber les excédents de production en journée pour une utilisation en soirée, faisant passer le taux d’autoconsommation de 50 % à 85 %. À cela s’ajoutent 20 % d’économies liées au décalage de la consommation : la batterie se recharge en heures creuses, lorsque les tarifs sont bas, pour restituer l’énergie en heures pleines. En parallèle, 23 % des revenus sont issus des mécanismes d’effacement — comme le NEBEF ou le NEBCO — activés par RTE lors de tensions sur le réseau. Enfin, 22 % proviennent de services système : le site est en cours de certification pour participer à la réserve secondaire (aFRR) et ainsi contribuer à la stabilisation en fréquence du réseau.

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Loi de programmation énergétique : adoptée par le Sénat, quel-est son avenir ?

12 juillet 2025 à 05:07

Le Sénat a adopté en deuxième lecture, lundi 8 juillet, la proposition de loi (PPL) de programmation sur l’énergie portée par le sénateur LR Daniel Gremillet. Quel peut donc être l’avenir du texte, voté à 221 voix contre 24 ?

En s’alignant partiellement sur la version adoptée par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, les sénateurs ont validé plusieurs objectifs énergétiques. 200 TWh d’électricité renouvelable d’ici 2030, 27 GW de capacités nucléaires supplémentaires d’ici à 2030, tout en posant des objectifs pour l’hydrogène bas-carbone « au moins » plus ambitieux que la stratégie nationale hydrogène 2 (révisée à la baisse, car jugée trop ambitieuse, notamment par la Cour des Comptes). À noter, un amendement important a été introduit : il impose au gouvernement d’évaluer l’impact économique des objectifs par filière énergétique — une exigence visant directement le coût des énergies renouvelables, surtout le solaire et l’éolien, que les sénateurs veulent développer sans soutien public.

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Le gouvernement veut aller plus vite

La navette parlementaire se poursuit. La prochaine étape aura lieu à l’Assemblée nationale les 22 et 23 septembre, avant une commission mixte paritaire (CMP) prévue mi-octobre. C’est à ce moment-là qu’un compromis devra être trouvé entre députés et sénateurs. En l’absence d’accord, une troisième lecture s’imposera. Le texte avait subi un amas d’amendements en séance (réouverture de Fessenheim, moratoire sur les renouvelables…) et avait été rejeté en première lecture à l’Assemblée.

Reste l’épée de Damoclès, la publication du décret PPE par le gouvernement, qui aimerait que la navette aille plus vite. Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie Marc Ferracci agite la menace de le publier avant la fin de l’été, mais a besoin de l’assise législative pour conforter ce décret (la loi fixe les grands objectifs et le décret vient les détailler).

Ces délais retardent la révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un outil indispensable à la planification industrielle et à la mobilisation des investissements dans les filières bas-carbone. Malgré le consensus apparent au Sénat, le gouvernement fait face à un casse-tête politique. Il lui faudra concilier les attentes industrielles, les tirs à boulets rouges sur les énergies renouvelables et les contraintes budgétaires. Autant d’enjeux qui pèseront sur la CMP de l’automne.

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Nucléaire : feu vert pour prolonger 20 réacteurs français au-delà de 40 ans

11 juillet 2025 à 13:59

L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection a donné son aval, le 1ᵉʳ juillet, à la prolongation de vingt réacteurs nucléaires d’EDF de 1 300 mégawatts électriques (MWe) au-delà de quarante ans d’exploitation.

Ce feu vert, la prolongation au-delà de quarante ans de 20 des 57 réacteurs nucléaires, intervient après une large concertation, suivie d’une consultation publique sur le projet d’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). L’autorité estime que la poursuite du fonctionnement de ces réacteurs est envisageable à condition que soient mises en œuvre les améliorations majeures de sûreté prévues par EDF. Des dispositions supplémentaires ont aussi été prescrites pour atteindre les objectifs fixés par le quatrième réexamen périodique.

Cette décision marque la fin de la phase générique du processus. Elle concerne les modifications communes aux vingt réacteurs de cette catégorie mis en service entre 1984 et 1994. Elle sera suivie, pour chaque installation, d’un volet spécifique décliné lors des visites décennales. La centrale de Paluel (Seine-Maritime) débutera dès janvier 2026 avec un chantier de modernisation qui durera jusqu’en 2040 pour les dernières unités concernées.

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Accord ne veut pas dire pas prolongation effective

L’ASNR précise toutefois que son accord ne constitue pas une carte blanche : la prolongation effective dépendra de la capacité d’EDF à concrétiser les travaux de renforcement de la sûreté validés réacteur par réacteur. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où la France mise à la fois sur la relance du nucléaire neuf et sur la préservation du parc existant.

Lors de la signature du contrat de filière nucléaire en juin, le directeur général d’Orano avait illustré la situation par une métaphore sportive, comparant le secteur nucléaire à une équipe de France disputant un match encadré par des arbitres — une référence implicite à l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection : « ils ne font pas partie de l’équipe, mais sont indispensables pour que le match se joue bien et, pour ça, on a besoin qu’ils aient envie que le match se joue à l’heure et de façon fluide. »

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Prix de l’électricité : les fournisseurs alternatifs ne séduisent plus face au tarif bleu d’EDF

9 juillet 2025 à 14:47

Les fournisseurs alternatifs peinent à séduire face au tarif réglementé de l’électricité proposé par EDF. Dans son dernier observatoire des marchés de détail, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) constate que la dynamique concurrentielle sur le marché de l’électricité continue de s’éroder.

La cause de ce phénomène : la baisse historique de 15 % des tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE), appliquée le 1ᵉʳ février 2025. Cette réduction, préconisée par la CRE pour refléter la chute des prix de gros, a freiné le développement des offres de marché. Résultat : seuls 206 000 foyers ont basculé vers une offre alternative entre janvier et mars, contre 302 000 le trimestre précédent. Dans le même temps, la baisse du nombre de clients des TRVE a ralenti : -135 000 au T1 2025, contre -212 000 au T4 2024.

Le régulateur signale aussi que cette chute des TRVE peut avoir affecté l’attractivité des offres concurrentes : seules 16 d’entre elles étaient moins chères que l’option heures pleines/heures creuses début février, contre 59 avant la baisse. Ce chiffre est néanmoins remonté rapidement à 41 fin mars.

Aujourd’hui, 57 % des ménages — soit environ 20 millions de foyers — restent fidèles aux tarifs réglementés. Les offres de marché, parfois encore plus chères, ne séduisent qu’une minorité. Pourtant, certaines promettent des remises de 5 à 8 %, mais rarement davantage, alors qu’elles pouvaient atteindre jusqu’à -30 % fin 2024, en anticipant mieux la détente des prix sur les marchés.

Vers la fin des tarifs réglementés de l’électricité ?

Autre signal : la répartition entre fournisseurs historiques et alternatifs reste stable, note la CRE. Autrement dit, les nouveaux entrants peinent à grignoter des parts de marché. Et la fin de l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) fin 2025 modifiera l’accès au nucléaire pour les concurrents d’EDF.

La CRE envisage une nouvelle légère baisse des TRVE dès le 1ᵉʳ août, si les conditions de marché le permettent. Dans ce contexte, la Commission reste attentive. Le régime dérogatoire encadrant les TRVE arrive à échéance fin 2025 et la Commission européenne devra alors statuer sur leur maintien ou leur suppression.

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La France prend encore du retard sur ses objectifs européens d’énergies renouvelables

8 juillet 2025 à 14:49

Alors que l’Union européenne a relevé ses ambitions climatiques via la directive RED III, la France prend toujours plus de retard. Si elle atteint enfin, en 2024, son objectif de 23 % d’énergies renouvelables fixé pour 2020, la dynamique ralentit et l’écart se creuse avec les nouveaux objectifs pour 2030.

D’après les données provisoires publiées fin juin par les ministères de la Transition écologique et de l’Aménagement du territoire, les énergies renouvelables représentaient 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2024. Une progression de seulement 0,6 point par rapport à 2023, bien en deçà de la hausse de 1,8 point observée l’année précédente.

Ce ralentissement s’explique par deux facteurs : une croissance moins dynamique de certaines filières, notamment le photovoltaïque (+8,3 % en 2024 contre +11,2 % en 2023), et une légère reprise de la consommation finale brute d’énergie (+0,7 %), qui avait pourtant tendance à baisser ces dernières années.

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L’objectif 2030 est de moins en moins atteignable

Si la France peut se féliciter d’avoir, avec quatre ans de retard, atteint les 23 % exigés par la directive européenne RED I pour 2020, elle reste loin des nouveaux objectifs fixés pour 2030. En effet, la directive révisée RED III (Renewable Energy Directive III), adoptée à l’échelle européenne en 2023, impose désormais un objectif contraignant de 42,5 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale à horizon 2030, avec une ambition portée à 45 % via un mécanisme incitatif. La France, quant à elle, n’a toujours pas transposé cette exigence dans son droit national. Sa loi énergie-climat fixe encore un objectif à 33 %, un niveau désormais obsolète au regard du nouveau cadre européen.

L’écart entre les ambitions européennes et les engagements français devient donc un sujet préoccupant. Non seulement la trajectoire actuelle ne permet pas d’atteindre les objectifs de RED III, mais la dynamique elle-même semble s’essouffler. Le risque : voir la France s’exposer à des procédures d’infraction de la part de la Commission européenne.

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Pourquoi des réacteurs nucléaires s’arrêtent-ils en période de canicule ?

5 juillet 2025 à 05:06

Lors d’une canicule, plusieurs centrales nucléaires françaises peuvent être obligées à baisser leur production, voire même, parfois, à s’arrêter. Une contrainte liée non pas à la sûreté des installations, mais à la température des cours d’eau utilisés pour les refroidir. Le réchauffement climatique, en réduisant les débits et en chauffant les rivières, les contraint à moduler leur production.

Fin juin 2025, EDF a arrêté le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne), en raison de la température de la Garonne qui atteignait 28 °C. Selon l’arrêté préfectoral de 2006, c’est la limite maximale autorisée en température à l’aval de la centrale en période estivale. EDF a ainsi annoncé un redémarrage prévu pour le 7 juillet, en fonction de l’évolution météo (une nouvelle canicule étant annoncée).

Ce type d’adaptation n’est pas nouveau. Déjà en 2022, un été caniculaire avait conduit EDF à solliciter des dérogations auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour maintenir la production à Golfech, au Bugey, à Tricastin et à Saint-Alban. L’ASN avait alors temporairement relevé les seuils autorisés pour 24 jours cumulés avec une surveillance environnementale renforcée. En 2019, un des deux réacteurs de Golfech avait également été arrêté pour les mêmes raisons comme à Saint-Alban ou au Bugey lors d’étés secs.

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Mais alors pourquoi s’arrêtent-elles ?

Les réacteurs nucléaires prélèvent de l’eau dans un fleuve pour refroidir leur circuit secondaire. Dans les centrales à circuit ouvert (comme Golfech), cette eau est restituée quasi immédiatement après avoir gagné quelques degrés. L’eau étant puisée dans le fleuve, elle est moins abondante que les centrales en bord de mer et va chauffer un peu plus. Dans les circuits fermés (comme dans la centrale nucléaire du Tricastin), une partie de la chaleur est dissipée par des tours aéroréfrigérantes et la problématique de l’eau est bien moins grande. Entre 2015 et 2020, la grande majorité des pertes en énergie (71 %) était due à des « débits trop faibles de la source froide » selon RTE, pour refroidir donc. Dans ce cas, la sûreté du réacteur est en jeu, puisqu’il ne peut pas être suffisamment refroidi. Mais l’arrêt actuel de Golfech n’est pas de cet ordre : c’est la température de l’eau, déjà haute, qui dépasserait la température limite autorisée après avoir refroidi le réacteur, lors de sa restitution au fleuve.

Pour protéger les écosystèmes aquatiques, les températures maximales admissibles en aval des centrales sont strictement réglementées par l’ex-autorité de sûreté (ASN). Les deux niveaux de limite sont les suivants :

– 1ᵉʳ niveau (« normal ») : des seuils à ne pas dépasser en période ordinaire.

– 2ᵉ niveau (« exceptionnel ») : activé en cas de tension sur le réseau électrique (à la demande de RTE), avec des limites provisoirement relevées pour quelques semaines.

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Choisir entre protection de l’environnement et production d’électricité

« Ces normes sont là pour protéger la biodiversité, pas pour garantir la sûreté », rappelle l’ASN. Dans les cas extrêmes, elle peut accorder une dérogation, mais cela suppose un arbitrage : faut-il limiter la production et respecter la biodiversité du fleuve ou l’inverse ponctuellement ? En 2022, le gouvernement avait justifié les assouplissements par le besoin de préserver les réserves de gaz et d’assurer la sécurité énergétique à l’approche de l’hiver.

Ces dernières années, EDF a renforcé ses équipements (climatisation, tours de refroidissement…). Près de 1,6 milliard d’euros ont été investis ou engagés jusqu’en 2038 dans le cadre de son programme Adapt, conçu pour faire face au dérèglement climatique. Mais selon la Cour des comptes, l’indisponibilité liée à la chaleur pourrait être multipliée par trois ou quatre d’ici 2050, si rien n’est fait. L’ASNR préconise d’augmenter le « renforcement de la prise en compte des effets du changement climatique » lors de la cinquième visite décennale.

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Le moratoire sur les énergies renouvelables finalement rejeté par l’Assemblée nationale

26 juin 2025 à 11:57

Mardi 24 juin, l’Assemblée nationale a rejeté à une large majorité (377 voix contre, 142 pour) la proposition de loi dite « Gremillet », censée fixer les objectifs énergétiques pour dix ans. Le texte, déposé par le sénateur LR Daniel Gremillet et initialement soutenu par le gouvernement, a été vidé de sa cohérence au fil des débats parlementaires, avant d’être désavoué.

Sous l’influence du Rassemblement national et d’une frange des Républicains, plusieurs amendements controversés ont été adoptés : un moratoire sur les nouveaux projets éoliens et photovoltaïques, la relance de la centrale de Fessenheim ou encore la suppression des objectifs de biocarburants. Ces victoires de l’extrême droite ont fait dérailler le texte et ont conduit le reste de l’assemblée à le rejeter.

La séance a été révélatrice d’un gouvernement accusé d’absence de cap, un centre peu mobilisé, une droite fracturée sur les renouvelables et une extrême droite aux propositions farfelues.

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L’issue du texte est incertaine

Et la confusion persiste. Auditionné le soir même en commission des affaires économiques, Marc Ferracci a affirmé que le décret PPE 3, fixant les objectifs énergétiques chiffrés, aurait « vocation à être amendé au regard des débats de la représentation nationale » et à « respecter les orientations » du Parlement. Il a ajouté que le décret serait « pris, [puis] ajusté », avant de déclarer qu’il ne serait adopté que « dès lors qu’il sera compatible avec les débats qui auront lieu au Parlement ». Interrogé sur un engagement clair à attendre la deuxième lecture à l’Assemblée (le texte y reviendra après la navette au Sénat), il n’a pas répondu.

Pendant ce temps, certains élus, comme Philippe Bolo (MoDem), rappellent leur exigence que le décret ne soit pris qu’après la fin de la navette. Hervé de Lépinau (RN) brandit, quant à lui, la menace d’un « casus belli » si l’exécutif publiait le texte avant. Le flou est total sur la suite. Le texte revient donc au Sénat sous la version sénatoriale et sera examiné les 8 et 9 juillet en séance publique. « Il est possible qu’on se dirige vers une session extraordinaire en septembre qui permettrait au gouvernement d’inscrire le texte en deuxième lecture à l’Assemblée, avant une commission mixte paritaire », explique aux Échos le sénateur LR Daniel Grémillet, à l’origine de la proposition de loi.

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L’énergie nucléaire pénalisée par les renouvelables ? Pourquoi c’est un faux procès

26 juin 2025 à 09:18

Dans un récent article, Le Figaro s’interroge sur la question : « Les éoliennes et les panneaux solaires nuisent-ils aux centrales nucléaires ? ». Montée en puissance des énergies renouvelables intermittente, bousculement du parc nucléaire contraint de moduler davantage sa production, est-ce vraiment préjudiciable ?

La modulation du nucléaire n’est pas une nouveauté. Elle fait partie de l’ADN du parc français, conçu dès l’origine pour s’adapter à une demande variable. « Couvrir 70 % de la consommation d’un pays avec du nucléaire implique qu’il module », rappelait récemment aux 25 ans de la Commission de régulation de l’énergie Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE. En clair : même sans renouvelables, le nucléaire ne peut fonctionner à pleine puissance toute l’année. Et cela s’est observé avant l’arrivée massive des énergies renouvelables, car la consommation varie entre 30 gigawatts (GW) et 100 GW suivant la saison et le moment dans la journée, principalement température-dépendante.

Depuis trois ans, l’essor du solaire et de l’éolien modifie effectivement le fonctionnement des centrales. EDF doit parfois baisser la puissance de ses réacteurs lors de pics de production renouvelable. Mais ce choix est aussi économique : pourquoi produire à perte lorsque les prix de l’électricité deviennent négatifs ? Produire lorsque les prix de l’électricité sont élevés est aussi intéressant pour EDF.

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La modulation des réacteurs nucléaires, ce n’est pas nouveau

Le vrai problème réside moins dans la concurrence entre filières que dans l’inadéquation entre production et consommation. Les usages électrifiés (chauffage, mobilité, industrie) progressent trop lentement. La demande reste atone et l’optimisation du système passe désormais par l’ajustement des usages aux heures de production, grâce aux objets connectés et à la tarification dynamique (évolution des heures pleine et creuse). Un ballon d’eau chaude qui chauffe à midi plutôt qu’à 3 h du matin, c’est autant de marge de manœuvre gagnée pour utiliser l’excédent renouvelable, et ainsi limiter la modulation du nucléaire.

Enfin, pointer du doigt les renouvelables, c’est oublier que ces derniers doivent, eux aussi, s’adapter : les parcs éoliens offshore seront désormais tenus de réduire leur injection lors de prix négatifs, leur prime est versée lorsqu’ils s’arrêtent effectivement de produire.

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Voici comment la France va financer ses nouveaux réacteurs nucléaires

24 juin 2025 à 14:11

Un accord-cadre validé le 19 juin par le conseil d’administration d’EDF valide la construction de six réacteurs de type EPR2, annoncée par Emmanuel Macron en 2022, et dont le coût est estimé à environ 70 milliards d’euros.

L’accord sur le financement du nouveau nucléaire conclu entre l’État et EDF repose sur un montage en deux volets. D’abord, un prêt bonifié de l’État couvrira un peu plus de 55 % du coût de construction. Ce prêt, à taux zéro durant toute la phase de chantier, est une aide d’État indirecte pour limiter le coût du capital supporté par EDF pendant les années sans revenus.

Ensuite, l’exploitation des réacteurs sera sécurisée par un contrat pour différence (CfD), qui garantira un prix de vente de l’électricité autour de 100 euros le mégawattheure (€/MWh). Si les prix de marché sont inférieurs, l’État compensera la différence et, si les prix de marché sont au-dessus, EDF devra reverser l’excédent. Ce mécanisme, déjà utilisé pour les renouvelables ou le projet Hinkley Point C au Royaume-Uni, diminue l’exposition d’EDF à la volatilité des prix sur le marché.

EDF vise une rentabilité comprise entre 6 et 8 %. Pour parvenir à cet objectif, l’entreprise devra respecter l’enveloppe cible dépendante de deux variables clés : le calendrier des travaux et la stabilisation du design détaillé de l’EPR2. Le devis consolidé du programme, reporté à fin 2025, devra traduire ces ambitions en coûts fermes.

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Un volet lié aux incertitudes dans la construction

Autre avancée de l’accord : la clarification du partage des risques. Il définit qui, de l’État ou d’EDF, assumera les éventuels surcoûts liés à des aléas techniques, des évolutions réglementaires ou un changement de politique énergétique. Cette clause vise à éviter la répétition du scénario Flamanville dont l’allongement des délais de construction ont coûté très cher.

Prochaine étape, la notification du dispositif à la Commission européenne pour validation au titre du régime des aides d’État. Sur le terrain, les préparatifs avancent à Penly et Gravelines (devenu Grand chantier le 20 juin), tandis que la restitution du débat public du Bugey est prévue le 15 juillet.

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Interconnexion France-Espagne : un chèque à 1,6 milliard d’euros débloqué par l’Europe

24 juin 2025 à 04:36

La Banque européenne d’investissement vient d’approuver un financement de 1,6 milliard d’euros pour la future ligne électrique sous-marine entre la France et l’Espagne, via le golfe de Gascogne. L’objectif est de doubler les capacités d’échange.

D’une longueur de 400 km, dont 300 km sous la mer, cette future ligne à courant continu reliera les deux réseaux à courant alternatif de Cubnezais (Gironde) à Gatika (Pays basque espagnol). Ce sera la première interconnexion en grande partie sous-marine entre les deux pays. Porté par la coentreprise Inelfe, réunissant les gestionnaires de réseaux RTE (France) et Red Eléctrica (Espagne), le projet vise à doubler la capacité d’échange électrique entre la France et la péninsule ibérique, pour la porter de 2 800 mégawatts (MW) à 5 000 MW.

Elle permettra d’« assurer que la Péninsule Ibérique ne soit plus une île énergétique », a déclaré Nadia Calviño, présidente de la BEI. Le commissaire européen à l’énergie Dan Jørgensen « salue vivement le soutien financier supplémentaire octroyé par la BEI à l’appui d’un projet clé qui, à terme, améliorera la vie de nombreuses personnes de part et d’autre des Pyrénées et au-delà. »

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Mise en service prévue en 2028

Le chantier est déjà engagé, pour une mise en service prévue en 2028. Il bénéficiera aussi d’une subvention européenne de 578 millions d’euros via le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Au total, plusieurs milliards d’euros sont mobilisés pour ce projet d’intérêt commun (PIC) européen.

Marc Ferracci, ministre français de l’Industrie et de l’Énergie, s’est félicité de cette avancée : « C’est très important parce que cela illustre la volonté de l’Espagne et de la France d’aller plus loin pour décarboner nos économies et montre la solidarité qui existe pour relever le défi de la sécurité énergétique de l’Europe »

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L’éolien et le solaire gravement compromis par le moratoire voté par les députés

21 juin 2025 à 04:26

L’Assemblée nationale a voté jeudi soir un moratoire sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque, laissant planer un risque majeur sur le développement de ces filières en France.

Déposé par le député LR Jérôme Nury, l’amendement visant un moratoire pour tout projet éolien et solaire a été adopté de justesse. Il a bénéficié de l’alliance des Républicains, du Rassemblement national et de l’Union des droites pour la République, et de l’absence remarquée de nombreux députés centristes et de gauche. Le texte suspend tout nouveau projet renouvelable « pendant toute la durée nécessaire à la réalisation d’une étude objective et indépendante visant à déterminer le mix énergétique optimal pour la France, sur les plans économique et environnemental ».

Droite et extrême droite triomphent

Le gouvernement dénonce un « signal dévastateur ». « Ce moratoire, je le dis avec gravité, est parfaitement irresponsable », a déclaré Marc Ferracci, ministre délégué à l’énergie, au micro de l’assemblée. « C’est une catastrophe économique », a renchéri le rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance). Le groupe écologiste parle de « menace grave pour le climat », quand Sandrine Rousseau s’insurge : « regardez vos enfants en face et dites-leur ce que vous êtes en train de faire ». Pour France Renouvelables, cette décision est tout sauf anodine : elle pourrait entraîner « la destruction de 80 000 emplois ». La droite revendique, elle, une victoire idéologique. « Ce moratoire est au cœur de notre projet », a affirmé le député RN Jean-Philippe Tanguy, moquant « les énergies coûteuses et intermittentes » que sont l’éolien et le solaire.

Avec le vote de cet amendement, de celui redémarrant Fessenheim, le texte est symptomatique de la folie ayant saisi l’Assemblée nationale. Le texte, initialement porté par le Sénat, est désormais profondément modifié. Il prévoit une relance massive du nucléaire, avec 14 nouveaux réacteurs à l’horizon 2030 et le maintien de la capacité actuelle (63 GW) au-delà de 2050. Ce moratoire pourrait toutefois n’être que temporaire. Le vote solennel de l’Assemblée est prévu pour le 24 juin, avant un retour au Sénat début juillet. Mais le gouvernement pourrait publier les décrets d’application dès cet été, avant même la fin de la navette parlementaire. Ou même demander une seconde délibération.

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Où sont passés les réseaux de chaleur en France ?

17 juin 2025 à 05:05

La France accuse un sérieux retard dans le développement des réseaux de chaleur renouvelable, essentiels pour décarboner le chauffage urbain selon la FNTP.

Dans une étude publiée le 22 mai, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) chiffre les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en termes de réseaux de chaleur à 892 millions d’euros par an d’ici à 2035. À ce rythme, la chaleur livrée par les réseaux devrait être multipliée par trois, pour atteindre 90 térawattheures (TWh), conformément à la PPE.

Pour y parvenir, 595 km de réseaux doivent être construits chaque année. C’est énorme quand la moyenne actuelle tourne autour de 353 km par an. En comparaison, seulement 343 millions d’euros ont été investis en 2021, et encore moins en 2022 (311 millions d’euros). « Si cette tendance ne s’inverse pas rapidement, l’objectif de 2035 sera compromis », avertit la FNTP.

L’étude souligne également un facteur souvent négligé : le coût de la maintenance. En raison du vieillissement du réseau existant et de la future hausse du prix du linéaire, la fédération estime que les dépenses d’entretien devront doubler d’ici à 2035. En additionnant investissement et maintenance, plus de 1,2 milliard d’euros par an seraient nécessaires pour soutenir durablement le secteur.

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Des objectifs à atteindre grâce au soutien public

Dans ce contexte, le fonds chaleur, principal levier public de soutien, apparaît largement insuffisant. Malgré sa reconduction à 800 millions d’euros dans le budget 2025, il ne permettrait pas de couvrir l’ensemble des besoins identifiés. La FNTP appelle à un renforcement significatif des aides publiques et à une diversification des modèles économiques pour inciter collectivités et acteurs privés à s’engager davantage.

Le syndicat professionnel pointe aussi les obstacles réglementaires et administratifs. Les procédures de raccordement sont trop longues et complexes pour permettre la naissance de nouveaux réseaux. La FNTP appelle une simplification des démarches et une meilleure planification territoriale.

Alors que les discussions sur les objectifs de la PPE à travers la PPL Gremillet patinent, la FNTP invite les pouvoirs publics à ne pas sous-estimer le rôle des réseaux de chaleur pour se passer des chaudières à gaz notamment. En matière de chaleur, l’UE dépend encore massivement du gaz fossile russe et son achat d’énergies fossiles déséquilibre sa balance commerciale.

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Nucléaire : un nouveau cas de corrosion sous contrainte détecté en France

14 juin 2025 à 10:12

Trois ans après avoir provoqué l’arrêt de la moitié du parc nucléaire français, la corrosion sous contrainte revient à la centrale de Civaux. Le phénomène, mal compris et difficile à prévenir, inquiète sur la robustesse du parc existant alors que la France signe la relance du nucléaire.

Nouvelle alerte pour EDF : deux indications suspectes de corrosion sous contrainte ont été repérées sur le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne, pendant une opération de maintenance programmée. Il s’agit précisément de zones déjà réparées en 2022 après le déclenchement de la crise qui avait conduit à la mise à l’arrêt de 16 réacteurs, provoquant une chute historique de la production nucléaire française.

Ces indications – des signaux détectés lors de contrôles ultrasons – laissent craindre une reprise du phénomène. EDF a retiré un coude en acier suspect et l’a ensuite envoyé en laboratoire. Les investigations doivent établir s’il s’agit d’une usure prématurée, d’un défaut de fabrication ou d’une conséquence d’une procédure inadaptée comme un temps de purge trop long. La corrosion sous contrainte (CSC), invisible à l’œil nu, se manifeste par de microscopiques fissures sur des tuyauteries soumises à des efforts mécaniques et thermiques importants.

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Un phénomène récurrent qui reste mal compris

Ce retour du problème sur des tuyaux pourtant changés pose question. D’autant plus que la centrale de Civaux, mise en service en 2002, est la plus récente du parc français après l’EPR de Flamanville. Le phénomène ne semble pas lié au vieillissement des équipements, mais plutôt à des caractéristiques de conception. Les réacteurs les plus puissants (1 300 et 1 450 mégawatts) sont les plus touchés, en raison de la complexité de leurs circuits – notamment les coudes et soudures – héritée du design des réacteurs américains de 900 MW.

Depuis la première détection du phénomène à Civaux en 2021, EDF a engagé un vaste programme de contrôle et de réparation validé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Plus de 1 200 soudures et plusieurs dizaines de fissures supérieures à 2 millimètres identifiées ont été vérifiées. Si la campagne de remplacement préventif des pièces les plus sensibles s’est achevée début 2024, les inspections se poursuivent ailleurs dans le parc.

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La composition de l’eau en question

Mais le fond du problème reste partiellement inexpliqué. La CSC est considérée comme un phénomène multifactoriel. Outre la géométrie des lignes, un autre suspect est désormais dans le viseur : la chimie de l’eau. Contrairement aux pratiques de nombreux pays, EDF n’utilise pas d’eau désaérée dans ses circuits primaires. Or la présence d’oxygène dissous pourrait favoriser l’apparition des fissures, surtout lors des phases de modulation de puissance – de plus en plus fréquentes pour accompagner l’intermittence des énergies renouvelables.

L’ASNR, qui a confirmé ce problème à La Tribune, demande à EDF d’examiner, réacteur par réacteur, comment réduire cette oxygénation. Mais pour l’heure, aucune solution technique simple ne s’impose. Le régulateur insiste néanmoins : « Nous avons aujourd’hui une compréhension suffisante pour gérer et prévenir correctement le risque associé ». Le réacteur a été sélectionné pour expérimenter la production de tritium, un gaz indispensable à la fabrication des armes atomiques. Dans ce cadre, des éléments en lithium ont été introduits dans certains assemblages de combustible.

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Grâce aux énergies renouvelables, les émissions de cet énorme pays flanchent

14 juin 2025 à 04:59

C’est une première : les émissions de dioxyde de carbone de la Chine, premier émetteur mondial, sont en baisse. D’après une analyse de Carbon Brief, les émissions ont diminué de 3 % en mars 2025 par rapport au même mois de 2024, et de 1 % sur l’ensemble des douze derniers mois. Ce recul survient alors que la demande énergétique continue d’augmenter.

Vous ne rêvez pas, la Chine est bien en train d’infléchir ses émissions de gaz à effet de serre grâce aux énergies renouvelables (ENR) révèle Carbon Brief. Bien qu’elle consomme plus d’énergie, la part des ENR augmente et son bilan carbone commence à s’améliorer.

L’inversion s’explique en grande partie par le boom des énergies bas-carbone. En 2023, la Chine a installé 216 gigawatts (GW) de solaire (+ 55 %) et 76 GW d’éolien (+ 20 %), soit plus que l’ensemble du reste du monde réuni. À cela s’ajoutent 5 GW de nouvelles capacités nucléaires. Résultat : entre janvier et mars 2025, 89 % des nouvelles capacités électriques ajoutées étaient décarbonées.

Pour la première fois, cette production additionnelle en partie bas-carbone supplémentaire a non seulement couvert toute la hausse de la demande en électricité, mais a aussi permis de réduire la production issue du charbon, principale source d’émissions. La production thermique a ainsi reculé de 3 % sur un an.

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Est-il possible de découpler CO2 et croissance ?

Jusqu’ici, les seules baisses d’émissions chinoises étaient liées à des ralentissements économiques (comme lors de la crise de 2008 ou du Covid). Cette fois, le PIB continue de croître (+5,3 % au premier trimestre 2025), mais les émissions de CO₂ reculent : c’est le signe d’un début de découplage structurel entre développement économique et pollution, s’il existait, car la croissance est liée à l’énergie qu’un pays consomme. Cette inflexion intervient alors que la Chine s’est engagée à atteindre un pic de ses émissions « avant 2030 » et la neutralité carbone d’ici 2060.

Le recul des émissions s’explique aussi par la crise prolongée du secteur immobilier : la production de ciment a chuté de 22 % en mars, celle d’acier de 7 %. Une reprise dans ces secteurs pourrait relancer les émissions. Par ailleurs, les émissions hors CO₂ (notamment les HFC issus du refroidissement) ne sont pas incluses dans cette analyse.

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La stratégie hydrogène française est « irréaliste » selon la Cour des comptes

12 juin 2025 à 05:04

Dans un rapport publié le 5 juin, la Cour des comptes alerte sur les dérives potentielles de la stratégie française en matière d’hydrogène décarboné. Objectifs hors de portée, efficacité discutable des soutiens publics, risques budgétaires : les magistrats dressent un bilan sévère de la politique engagée depuis 2020.

La stratégie nationale hydrogène 2 (SNH2) fixe un objectif de 4,5 GW de capacités d’électrolyse installées en 2030. Or, la Cour estime, dans un rapport, que le potentiel réaliste n’excède pas 3,1 GW d’ici 2030, compte tenu de l’état d’avancement des projets et des dispositifs de soutien existants. Côté demande, les perspectives sont également jugées trop optimistes : les magistrats relèvent une consommation limitée à horizon 2030, en ligne avec les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie et d’un rapport de l’Inspection générale des finances resté confidentiel.

Surtout, le soutien public, qui devait initialement se limiter à 9 milliards d’euros sur la décennie, pourrait en réalité dépasser 13 milliards une fois intégrés les dispositifs indirects comme la compensation carbone, les exonérations fiscales sur l’électricité ou les tarifs d’accès réduits au réseau. À mi-2024, 1 milliard a été effectivement décaissé, les engagements juridiques atteignent déjà 3 M€ et les appels d’offres à venir pourraient n’aboutir qu’à la fin de la décennie.

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Mieux flécher les aides

La Cour dénonce par ailleurs un fléchage des aides peu cohérent avec les priorités affichées. La mobilité routière concentre à elle seule 46 % des financements déjà engagés alors que la SNH2 prévoit désormais de concentrer les efforts sur l’industrie. Inversement, le raffinage — premier secteur utilisateur d’hydrogène — bénéficie encore de soutiens, que la Cour recommande d’exclure à l’avenir, car elle bénéficie déjà d’un soutien sous forme de taxe sur les carburants.

Enfin, les magistrats soulignent le problème structurel de compétitivité du procédé électrolytique. Produire un kilogramme d’hydrogène par électrolyse coûte aujourd’hui entre 4,0 et 4,9 € contre environ 2,4 € pour du vaporeformage. L’écart pourrait se réduire si les prix du carbone augmentent et si l’électricité reste bon marché — deux hypothèses sur lesquelles la Cour n’a pas modélisé les probabilités. À l’inverse, la capture et le stockage du CO₂ dans les installations fossiles apparaissent, pour la Cour, comme une alternative plus économique à court terme (entre 2,3 et 3,0 € par kg).

Les magistrats appellent à définir des trajectoires de production et de consommation plus réalistes, à réévaluer les soutiens à la mobilité (pour qu’ils cessent), et à exclure effectivement le raffinage du soutien direct. Elle invite aussi l’État à clarifier les priorités de la filière au risque, sinon, de faire peser une charge croissante — et durable — sur les finances publiques.

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