Vue normale

Reçu aujourd’hui — 18 septembre 2025

☕️ Charlie Kirk : aux États-Unis, des opérations de désinformation accentuent les divisions

18 septembre 2025 à 07:50

Au milieu du chaos créé aux États-Unis par l’assassinat de l’influenceur Charlie Kirk, des agents étrangers ajoutent de l’huile sur le feu.

Des groupes russes, chinois et pro-iraniens participent activement à amplifier la circulation de désinformation, des théories du complot ou de récits décrivant les États-Unis comme violents, polarisés et dysfonctionnels.

De l'huile russe sur le feu RN selon Flock
Flock

Dans leur arsenal : de faux comptes de réseaux sociaux, des bots numériques, mais aussi des comptes influents comme celui de l’ultranationaliste russe Alexander Dugin, qui décrit la mort de Charlie Kirk comme un potentiel déclencheur de la « guerre civile qui vient ».

Chercheur à l’Institute for Strategic Dialogue, Joseph Bondir explique à AP que ces acteurs malveillants ne créent pas tellement de nouveaux récits, mais « choisissent des acteurs domestiques et les amplifient ».

Selon leur origine géographique, chaque groupe choisit les propos qui l’intéressent. La désinformation chinoise se focalise ainsi sur la nature violente du décès de Kirk, décrivant les États-Unis comme un pays d’extrémistes politiques et de violents détenteurs d’armes.

Les groupes pro-iraniens, eux, utilisent l’événement pour attaquer Israël, affirmant que l’état hébreu a fomenté l’assassinat et piégé le tueur – une thèse qui a trouvé un réel écho dans les groupes de suprémacistes blancs et antisémites des États-Unis.

Si ce type de pratiques n’est pas neuve, elles compliquent d’autant la possibilité de ramener le calme.
Iran, Chine et Russie ont tous nié avoir soumis la population des États-Unis à un feu de désinformation.

☕️ Charlie Kirk : aux États-Unis, des opérations de désinformation accentuent les divisions

18 septembre 2025 à 07:50

Au milieu du chaos créé aux États-Unis par l’assassinat de l’influenceur Charlie Kirk, des agents étrangers ajoutent de l’huile sur le feu.

Des groupes russes, chinois et pro-iraniens participent activement à amplifier la circulation de désinformation, des théories du complot ou de récits décrivant les États-Unis comme violents, polarisés et dysfonctionnels.

De l'huile russe sur le feu RN selon Flock
Flock

Dans leur arsenal : de faux comptes de réseaux sociaux, des bots numériques, mais aussi des comptes influents comme celui de l’ultranationaliste russe Alexander Dugin, qui décrit la mort de Charlie Kirk comme un potentiel déclencheur de la « guerre civile qui vient ».

Chercheur à l’Institute for Strategic Dialogue, Joseph Bondir explique à AP que ces acteurs malveillants ne créent pas tellement de nouveaux récits, mais « choisissent des acteurs domestiques et les amplifient ».

Selon leur origine géographique, chaque groupe choisit les propos qui l’intéressent. La désinformation chinoise se focalise ainsi sur la nature violente du décès de Kirk, décrivant les États-Unis comme un pays d’extrémistes politiques et de violents détenteurs d’armes.

Les groupes pro-iraniens, eux, utilisent l’événement pour attaquer Israël, affirmant que l’état hébreu a fomenté l’assassinat et piégé le tueur – une thèse qui a trouvé un réel écho dans les groupes de suprémacistes blancs et antisémites des États-Unis.

Si ce type de pratiques n’est pas neuve, elles compliquent d’autant la possibilité de ramener le calme.
Iran, Chine et Russie ont tous nié avoir soumis la population des États-Unis à un feu de désinformation.

Reçu hier — 17 septembre 2025

☕️ Dématérialisation : le Sénat alerte sur l’exclusion irrésolue d’une partie des citoyens

17 septembre 2025 à 14:43

44 % des Françaises et Français sont à la peine dans leurs relations avec l’administration. C’est le constat que dresse le rapport du Sénat rendu public ce 16 septembre, en s’appuyant sur le baromètre 2025 du numérique de l’Arcep et l’Arcom.

Près d’une personne sur deux rencontre donc des difficultés à échanger avec l’État, que ce soit pour obtenir une carte grise, faire renouveler sa carte d’identité, obtenir un passeport, ou réaliser une autre de ces démarches, dont 82 % sont désormais effectuées en ligne chaque année.

Produit à la fois d’une logique de restructuration des services publics vers le « tout-numérique » depuis plus de trente ans et par la « contraction du maillage territorial de nombreux services publics », cette fameuse « fracture numérique » a pris une forme de relative normalité. Loin de l’image d’un problème qui ne concernerait que les personnes âgées, donc serait voué à réduire dans le temps, il concerne les autres tranches d’âge : près d’un jeune adulte de 18 - 24 ans sur quatre, « pourtant nés avec le numérique, a « peur de se tromper » en effectuant ces démarches ».

Un coq chantant un message chiffré
Flock

Plusieurs inflexions ont bien été prises depuis la pandémie : le « plan téléphone » devait par exemple permettre d’atteindre 85 % d’appels décrochés par l’administration, mais reste grevé par des temps d’attente trop élevés. Créé en 2020, le réseau France Services atteint de son côté les 2 800 structures à travers le pays, permettant à qui le souhaite de réaliser l’essentiel de ses démarches dans un lieu unique, à moins de 30 minutes de chez soi.

Auprès des sénateurs, cela dit, ce dernier dispositif est décrit par certains maires comme un témoignage de l’abandon des territoires par l’État et des coûts supplémentaires pour la collectivité – autant d’enjeux dont la déléguée au numérique responsable de la métropole de Nantes Louise Vialard s’est faite l’écho auprès de Next.

Outre technique, l’enjeu est éminemment politique, relevaient les sénateurs dès le début de leur mission d’information. Début 2025, 72 % des répondants à un sondage mené pour le think tank Le Sens du Service déclaraient que l’état des services publics avait un vrai rôle à jouer dans leurs choix électoraux.

Pour lutter contre le « sentiment de déshumanisation » que provoquent ces difficultés, la mission formule 20 recommandations. Parmi elles : l’expansion du droit à l’erreur, ou encore le fait, pour l’État, de permettre aux Français de choisir le canal qu’ils souhaitent utiliser pour contacter l’administration – une logique qui rejoint des demandes répétées des Défenseurs des droits.

Les sénatrices et sénateurs appellent aussi à renforcer les outils pénaux contre les pratiques frauduleuses, dans la mesure où un nombre croissant d’acteurs développe des offres payantes pour tromper des internautes et leur proposer de réaliser des démarches normalement gratuites.

☕️ Dématérialisation : le Sénat alerte sur l’exclusion irrésolue d’une partie des citoyens

17 septembre 2025 à 14:43

44 % des Françaises et Français sont à la peine dans leurs relations avec l’administration. C’est le constat que dresse le rapport du Sénat rendu public ce 16 septembre, en s’appuyant sur le baromètre 2025 du numérique de l’Arcep et l’Arcom.

Près d’une personne sur deux rencontre donc des difficultés à échanger avec l’État, que ce soit pour obtenir une carte grise, faire renouveler sa carte d’identité, obtenir un passeport, ou réaliser une autre de ces démarches, dont 82 % sont désormais effectuées en ligne chaque année.

Produit à la fois d’une logique de restructuration des services publics vers le « tout-numérique » depuis plus de trente ans et par la « contraction du maillage territorial de nombreux services publics », cette fameuse « fracture numérique » a pris une forme de relative normalité. Loin de l’image d’un problème qui ne concernerait que les personnes âgées, donc serait voué à réduire dans le temps, il concerne les autres tranches d’âge : près d’un jeune adulte de 18 - 24 ans sur quatre, « pourtant nés avec le numérique, a « peur de se tromper » en effectuant ces démarches ».

Un coq chantant un message chiffré
Flock

Plusieurs inflexions ont bien été prises depuis la pandémie : le « plan téléphone » devait par exemple permettre d’atteindre 85 % d’appels décrochés par l’administration, mais reste grevé par des temps d’attente trop élevés. Créé en 2020, le réseau France Services atteint de son côté les 2 800 structures à travers le pays, permettant à qui le souhaite de réaliser l’essentiel de ses démarches dans un lieu unique, à moins de 30 minutes de chez soi.

Auprès des sénateurs, cela dit, ce dernier dispositif est décrit par certains maires comme un témoignage de l’abandon des territoires par l’État et des coûts supplémentaires pour la collectivité – autant d’enjeux dont la déléguée au numérique responsable de la métropole de Nantes Louise Vialard s’est faite l’écho auprès de Next.

Outre technique, l’enjeu est éminemment politique, relevaient les sénateurs dès le début de leur mission d’information. Début 2025, 72 % des répondants à un sondage mené pour le think tank Le Sens du Service déclaraient que l’état des services publics avait un vrai rôle à jouer dans leurs choix électoraux.

Pour lutter contre le « sentiment de déshumanisation » que provoquent ces difficultés, la mission formule 20 recommandations. Parmi elles : l’expansion du droit à l’erreur, ou encore le fait, pour l’État, de permettre aux Français de choisir le canal qu’ils souhaitent utiliser pour contacter l’administration – une logique qui rejoint des demandes répétées des Défenseurs des droits.

Les sénatrices et sénateurs appellent aussi à renforcer les outils pénaux contre les pratiques frauduleuses, dans la mesure où un nombre croissant d’acteurs développe des offres payantes pour tromper des internautes et leur proposer de réaliser des démarches normalement gratuites.

☕️ Ciblés par une série d’attaques DDoS, Glitz Paris et Indigo Publications portent plainte

17 septembre 2025 à 09:46

Propriété du groupe Indigo Publications, qui édite aussi La Lettre, Africa Intelligence et Intelligence Online, le média spécialisé dans le luxe Glitz Paris a été victime de cinq attaques par déni de service (DDoS), dont l’effet a été de rendre le média quasiment indisponible sur la semaine de la rentrée.

Ces opérations ont fait partie d’une vague plus large de 16 attaques contre le groupe de publications, qui sont montées en ampleur au fil de l’été. Par effet domino, les trois autres médias ont aussi pâti de millions de requêtes envoyées par un acteur malveillant pour rendre l’infrastructure numérique du groupe inaccessible.

Directeur général d’Indigo Publications, Quentin Botbol a saisi le procureur de la République et déposé plainte contre X.

Dans une newsletter envoyée le 4 septembre à ses 2 000 abonnés, l’équipe de Glitz Paris indique qu’une « série d’enquêtes publiées récemment semble être l’élément déclencheur ».

Indigo Publications ne donne pas le nom de la personne qu’il suspecte, mais une corrélation semble apparaître entre la date des attaques et celle de la publication de plusieurs articles sur un jeune homme d’affaires français. 
Avant les attaques, explique le rédacteur en chef de Glitz Paris au Monde, cette personne avait « fait savoir sans détour son déplaisir de figurer dans nos colonnes ».

Contacté par Indigo Publications, l’homme a nié avoir joué un rôle dans ces attaques, qui ont cessé depuis cet échange et le dépôt de plainte.

Data center : les pays peinent à fournir de l’énergie, la tech déploie ses générateurs

17 septembre 2025 à 09:19
CO2 génératif
Data center : les pays peinent à fournir de l’énergie, la tech déploie ses générateurs

Les réseaux électriques peinent à suivre la demande en énergie des data centers, poussant leurs opérateurs à se tourner vers des générateurs quelquefois plus polluants.

Un nombre croissant de pays peinent à suivre la demande énergétique des centres de données. Au Mexique, où Microsoft, Google, Amazon Web Services et divers autres fournisseurs ont investi plus de 7 milliards de dollars depuis 2020, le projet de se constituer en hub des centres de données vient se heurter à la réalité du réseau électrique.

Car la demande en énergie que tire l’explosion de l’IA et du cloud, en particulier lorsqu’elle se traduit par la construction de centres « hyperscalers » – de véritables usines de données – a un coût.

Essoré par la soif d’énergie de ces bâtiments, le Mexique pourrait avoir à gérer un déficit de 48 000 megawatt-heures d’ici 2030, détaille Rest of World, soit plus de la moitié de ce qu’il produisait en 2023. En août, le gouvernement local a annoncé un investissement de 8 milliards de dollars pour améliorer son infrastructure d’ici 2030. Comme le Mexique, le Nigeria et l’Irlande (dont un cinquième de l’électricité produite est déjà captée par l’industrie numérique) peinent à suivre le rythme.

60 % d’électricité issue des énergies fossiles

Dans le monde, près de 60 % de l’électricité utilisée par les centres de données vient déjà des énergies fossiles, note l’Agence internationale de l’énergie (IEA).

Si la part des énergies renouvelables allouée à ces activités augmente, elle est loin d’égaler l’explosion de la demande en énergie de l’industrie numérique, sur laquelle l’IEA alerte depuis plusieurs mois. L’institution projette néanmoins une évolution dans les pratiques, avec une part croissante des énergies renouvelables dans le mix global.

Relevés et projections de l’IEA – « Energy and AI », avril 2025

Fin 2024, Gartner envisageait de son côté des pénuries d’énergie dans 40 % des centres de données d’ici 2027.

Outre ces entités, divers patrons d’entreprises spécialisées se sont eux-mêmes exprimés sur le sujet, à commencer par Sam Altman (OpenAI), qui affirmait avant l’été qu’à terme, une « fraction significative » de l’énergie produite sur Terre serait allouée au seul domaine de l’IA.

Des générateurs pour pallier les manques

En attendant l’adaptation des réseaux, un nombre croissant de sociétés recourent à leurs propres solutions, qui sont parfois plus polluantes que celles disponibles publiquement. Cela s’est vu aux États-Unis, avec l’installation de 36 générateurs pour alimenter le supercalculateur Colossus de xAI, qui permet au modèle Grok de tourner. Sur place, des accusations attaquent la société d’Elon Musk à la fois pour cet usage effectué sans autorisation complète, mais aussi pour ses effets en matière de santé publique.

Au Mexique, où Microsoft a construit un centre de données près de la ville de Colón, l’entreprise a obtenu l’autorisation d’utiliser sept générateurs pour alimenter l’établissement de manière temporaire, dans la mesure où le réseau ne serait pas prêt à l’alimenter avant 2027.

Le problème, relève la chercheuse Marina Otero Verzie auprès de Rest of World, est que « dans certains cas, les sociétés présentent ces générateurs à combustibles fossiles comme des solutions temporaires », mais qu’avec le temps, ces dernières « finissent par devenir la norme ». Un scénario d’autant plus probable à Colón que, d’après des documents obtenus par le média, les générateurs auraient fourni 70 % de l’énergie nécessaire 12 heures par jour entre février et juillet 2025, pour une production de CO2 équivalente à celle d’environ 54 000 foyers moyens (la ville voisine compte 67 000 habitants).

☕️ Ciblés par une série d’attaques DDoS, Glitz Paris et Indigo Publications portent plainte

17 septembre 2025 à 09:46

Propriété du groupe Indigo Publications, qui édite aussi La Lettre, Africa Intelligence et Intelligence Online, le média spécialisé dans le luxe Glitz Paris a été victime de cinq attaques par déni de service (DDoS), dont l’effet a été de rendre le média quasiment indisponible sur la semaine de la rentrée.

Ces opérations ont fait partie d’une vague plus large de 16 attaques contre le groupe de publications, qui sont montées en ampleur au fil de l’été. Par effet domino, les trois autres médias ont aussi pâti de millions de requêtes envoyées par un acteur malveillant pour rendre l’infrastructure numérique du groupe inaccessible.

Directeur général d’Indigo Publications, Quentin Botbol a saisi le procureur de la République et déposé plainte contre X.

Dans une newsletter envoyée le 4 septembre à ses 2 000 abonnés, l’équipe de Glitz Paris indique qu’une « série d’enquêtes publiées récemment semble être l’élément déclencheur ».

Indigo Publications ne donne pas le nom de la personne qu’il suspecte, mais une corrélation semble apparaître entre la date des attaques et celle de la publication de plusieurs articles sur un jeune homme d’affaires français. 
Avant les attaques, explique le rédacteur en chef de Glitz Paris au Monde, cette personne avait « fait savoir sans détour son déplaisir de figurer dans nos colonnes ».

Contacté par Indigo Publications, l’homme a nié avoir joué un rôle dans ces attaques, qui ont cessé depuis cet échange et le dépôt de plainte.

Data center : les pays peinent à fournir de l’énergie, la tech déploie ses générateurs

17 septembre 2025 à 09:19
CO2 génératif
Data center : les pays peinent à fournir de l’énergie, la tech déploie ses générateurs

Les réseaux électriques peinent à suivre la demande en énergie des data centers, poussant leurs opérateurs à se tourner vers des générateurs quelquefois plus polluants.

Un nombre croissant de pays peinent à suivre la demande énergétique des centres de données. Au Mexique, où Microsoft, Google, Amazon Web Services et divers autres fournisseurs ont investi plus de 7 milliards de dollars depuis 2020, le projet de se constituer en hub des centres de données vient se heurter à la réalité du réseau électrique.

Car la demande en énergie que tire l’explosion de l’IA et du cloud, en particulier lorsqu’elle se traduit par la construction de centres « hyperscalers » – de véritables usines de données – a un coût.

Essoré par la soif d’énergie de ces bâtiments, le Mexique pourrait avoir à gérer un déficit de 48 000 megawatt-heures d’ici 2030, détaille Rest of World, soit plus de la moitié de ce qu’il produisait en 2023. En août, le gouvernement local a annoncé un investissement de 8 milliards de dollars pour améliorer son infrastructure d’ici 2030. Comme le Mexique, le Nigeria et l’Irlande (dont un cinquième de l’électricité produite est déjà captée par l’industrie numérique) peinent à suivre le rythme.

60 % d’électricité issue des énergies fossiles

Dans le monde, près de 60 % de l’électricité utilisée par les centres de données vient déjà des énergies fossiles, note l’Agence internationale de l’énergie (IEA).

Si la part des énergies renouvelables allouée à ces activités augmente, elle est loin d’égaler l’explosion de la demande en énergie de l’industrie numérique, sur laquelle l’IEA alerte depuis plusieurs mois. L’institution projette néanmoins une évolution dans les pratiques, avec une part croissante des énergies renouvelables dans le mix global.

Relevés et projections de l’IEA – « Energy and AI », avril 2025

Fin 2024, Gartner envisageait de son côté des pénuries d’énergie dans 40 % des centres de données d’ici 2027.

Outre ces entités, divers patrons d’entreprises spécialisées se sont eux-mêmes exprimés sur le sujet, à commencer par Sam Altman (OpenAI), qui affirmait avant l’été qu’à terme, une « fraction significative » de l’énergie produite sur Terre serait allouée au seul domaine de l’IA.

Des générateurs pour pallier les manques

En attendant l’adaptation des réseaux, un nombre croissant de sociétés recourent à leurs propres solutions, qui sont parfois plus polluantes que celles disponibles publiquement. Cela s’est vu aux États-Unis, avec l’installation de 36 générateurs pour alimenter le supercalculateur Colossus de xAI, qui permet au modèle Grok de tourner. Sur place, des accusations attaquent la société d’Elon Musk à la fois pour cet usage effectué sans autorisation complète, mais aussi pour ses effets en matière de santé publique.

Au Mexique, où Microsoft a construit un centre de données près de la ville de Colón, l’entreprise a obtenu l’autorisation d’utiliser sept générateurs pour alimenter l’établissement de manière temporaire, dans la mesure où le réseau ne serait pas prêt à l’alimenter avant 2027.

Le problème, relève la chercheuse Marina Otero Verzie auprès de Rest of World, est que « dans certains cas, les sociétés présentent ces générateurs à combustibles fossiles comme des solutions temporaires », mais qu’avec le temps, ces dernières « finissent par devenir la norme ». Un scénario d’autant plus probable à Colón que, d’après des documents obtenus par le média, les générateurs auraient fourni 70 % de l’énergie nécessaire 12 heures par jour entre février et juillet 2025, pour une production de CO2 équivalente à celle d’environ 54 000 foyers moyens (la ville voisine compte 67 000 habitants).

Reçu avant avant-hier

L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

16 septembre 2025 à 15:44
McCarthyism all over again (but make it international)
L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

D’un vice-président transformé en podcasteur à une eurodéputée harcelée, l’assassinat de Charlie Kirk alimente autant la violence ultra-conservatrice aux États-Unis que les thèses extrême-droitières de ce côté-ci de l’Atlantique.

Animation du « Charlie Kirk Show » par le vice-président des États-Unis J.D. Vance, menaces de mort contre l’eurodéputée Nathalie Loiseau après que celle-ci s’est opposée à la tenue d’une minute de silence au Parlement européen… Aux États-Unis comme en Europe, l’assassinat de l’activiste d’extrême-droite Charlie Kirk à l’université de Utah Valley, le 10 septembre, crée des remous numériques et politiques d’une rare ampleur.

Dans les heures qui ont suivi l’assassinat par balle de Charlie Kirk, 31 ans, Donald Trump avait déjà donné le ton. Sur son réseau Truth Social, le président des États-Unis avait écrit : « Personne ne comprenait mieux la jeunesse des États-Unis d’Amérique que Charlie ». Quelques jours plus tard, Donald Trump accusait la « gauche radicale » d’avoir contribué à son décès. Mais un nouveau seuil vient d’être franchi, tant sur le fond que dans la forme, avec la récente performance de J.D. Vance.


Depuis la Maison Blanche, le vice-président des États-Unis a pris le micro pour animer un épisode du « Charlie Kirk show », en mémoire de cet ami proche, dont il a accompagné le cercueil vers Phoenix, jeudi dernier. Installé dans l’Eisenhower executive office, J.D. Vance a multiplié les références bibliques et ouvertement nommé des ennemis, en l’occurrence les « gens de gauche », mais aussi les « antifas » (antifascistes), qu’il souhaite désigner comme organisation terroriste quand bien même il s’agit de groupuscules éclatés plutôt que d’un groupe défini.

À ses côtés, le communicant et icône des suprémacistes blancs Stephen Miller a renchéri, se déclarant prêt à poursuivre les organisations de gauche pour terrorisme et ciblant des catégories professionnelles entières, employés fédéraux, infirmières, professeurs. Les deux hommes ont globalement rangé dans une même catégorie rejet des idées de Kirk, mauvais goût propre à toute une sous-culture numérique, et incitation au meurtre.

Égérie de la droite « la plus radicale » 

Mais qui était Charlie Kirk ? Quand bien même l’homme gravitait dans les cercles de Donald Trump et J.D. Vance, il n’était, en réalité, pas connu de toute la jeunesse des États-Unis. Son public était plutôt composé d’une population républicaine, pro-MAGA, et proche de l’extrême-droite américaine, souligne le chercheur associé à l’IRIS Romuald Sciora auprès de RFI.

En 2012, alors âgé de 18 ans, le garçon avait créé l’ONG Turning Point, un projet dédié à diffuser des idées conservatrices dans les universités à tendances progressistes. Créé pour promouvoir « les principes de la responsabilité fiscale, des marchés libres et d’un gouvernement limité » auprès des plus jeunes, le projet compte désormais des émanations dans plus de 850 établissements d’enseignement supérieur.

L’une des marques de fabrique de Kirk, aussi visible sur ses réseaux sociaux qu’audible dans son podcast quotidien, consistait à débattre avec des étudiants sur des sujets comme le changement climatique, les valeurs familiales ou les armes, à la possession desquelles lui-même se déclarait favorable.

« Égérie de la droite la plus radicale », pour reprendre les mots de Romuald Sciora, Kirk cultivait publiquement, aux côtés de sa femme Erika Kirk, son christianisme évangélique. Militant anti-avortement, il a par ailleurs participé à l’affrètement de bus pour attaquer le Congrès des États-Unis, en janvier 2021.

Des memes internet sur les balles de l’assassin

Les idées défendues par Charlie Kirk ont fait de sa mort un nouveau foyer de la radicalisation politique qui traverse les États-Unis. Dans les heures qui ont suivi le coup de feu fatal, rumeurs et hypothèses sur les motivations de l’assassin se sont répandues en ligne bien plus vite et probablement bien plus loin que les faits, alimentée par des personnalités aussi en vue – politiquement et algorithmiquement – qu’Elon Musk. Avant même que le décès de l’activiste ne soit confirmé, celui-ci a déclaré : « la gauche est le parti du meurtre ».

En ligne et dans les médias, plusieurs thèses ont été étudiées pour comprendre le geste du tueur, à commencer par celles d’un supposé soutien aux droits des personnes LGBT ou d’une appartenance à une mouvance d’extrême-gauche. L’hypothèse s’appuyait sur les phrases retrouvées gravées sur les balles, tirées ou non, du tueur.

Ces dernières sont, en réalité, difficiles à analyser sans se plonger dans divers pans de la culture web – régulièrement présents dans les épisodes meurtriers des dernières années, de l’attentat de Christchurch diffusé en ligne à l’assassinat du CEO de UnitedHealthcare Brian Thompson, pour lequel Luigi Mangione, dont le procès s’ouvrira en décembre, aurait gravé « deny », « defend » et « depose » sur ses balles.

Press conference announces that the shooter's bullets said: Fired bullet: "Notices bulges owo whats this?" Other unfired cases: "hey fascist! Catch! Uparrow, right arrow, three downarrow" "O bella ciao, bella ciao, ciao, ciao" "If you read this you are gay lmao"

[image or embed]

— Erin Reed (@erininthemorning.com) 12 septembre 2025 à 16:11

Dans le cas des munitions utilisées pour tuer Charlie Kirk, la citation « Oh bella ciao, bella ciao, bella ciao ! », par exemple, peut certes être lue comme une référence au chant italien antifasciste de la Seconde Guerre mondiale, mais elle est depuis passés dans la pop culture, notamment via son usage récurrent dans la série Netflix La Casa de Papel.

Le morceau a même été intégré à une playlist partagée par le groupe d’extrême-droite Groypers, qui revendique un nationalisme chrétien et est mené par le militant suprémaciste, antisémite et masculiniste Nick Fuentes. Ce dernier s’en est régulièrement pris à Charlie Kirk et à tout autre soutien de Donald Trump qu’il jugeait trop modéré, mais il conteste toute association de sa personne ou de son groupe avec le meurtre.

La phrase « Hey, fascist! Catch! ↑ → ↓↓↓ », de son côté, inclut la suite de symboles nécessaires pour exécuter l’un des coups spéciaux « les plus destructeurs » du jeu Helldivers 2, relève Polygon. Outre le fait d’être clairement homophobe, une autre phrase, « if you read this you are gay LMAO » relève de son côté des logiques de piégeage et d’autres trolling en ligne, à la manière des rickrolls, ces liens qui renvoient les internautes inattentifs vers la vidéo de la chanson « Never Gonna Give You Up ».

De la thèse de l’assassin de gauche à la chasse aux critiques de Kirk

Interpellé 33 heures après les faits, le tireur de 22 ans, Tyler Robinson, est en réalité loin d’avoir le profil du militant d’extrême-gauche, supposément démocrate et/ou défenseur des droits des personnes LGBT décrit par les ténors du camp conservateur.

Élevé dans une famille de la classe moyenne blanche et conservatrice des États-Unis, comme le décrit Le Monde, Robinson est le fils d’un couple encarté au parti républicain et a grandi avec deux frères et sœurs dans la banlieue de Saint George, une ville essentiellement conservatrice. Peu disert sur les questions politiques, il avait en revanche déjà exprimé sa détestation de Charlie Kirk.

Tyler Robinson n’est lui-même affilié à aucun parti. Plusieurs analystes soulignent sa fréquentation d’espaces profondément nihilistes et violents du web, évoquant sa potentielle proximité avec une mouvance émergente de terrorisme « dépourvu de la dimension politique ou idéologique qui anime les attaques extrémistes classiques », comme le détaille l’Institute for Strategic Dialogue. D’autres soulignent néanmoins la percolation entre ces tendances apparemment dépourvues de projets politiques et d’autres espaces numériques aux thématiques néonazies bien identifiées, dont le mouvement Terrorgram.

D’anciens opposants à Charlie Kirk utilisent d’ailleurs déjà sa mort pour tenter de radicaliser toujours plus d’internautes, relève Wired.

Violences accrues et instrumentalisation jusqu’en Europe

Loin de conduire à la moindre évolution des discours, l’interpellation de Tyler Robinson n’a été suivie que par une surenchère de violences de la part du camp conservateur états-unien. Alors que la défense de la liberté d’expression était brandie par plusieurs d’entre eux, des journalistes et divers autres internautes ayant critiqué les positions de Charlie Kirk ou s’étant exprimé sur sa mort – dans certains cas pour la célébrer – se sont retrouvés licenciés, après que des activistes d’extrême-droite se sont coordonnés pour les repérer et les dénoncer à leurs employeurs.

En parallèle, plusieurs universités historiquement noires ont reçu des menaces terroristes, les obligeant à organiser des confinements. De même, alors qu’un néo-nazi de 19 ans a été arrêté pour avoir menacé de perpétrer un « assassinat de masse » de minorités, plusieurs représentants démocrates ont reçu des menaces ou été obligés de suspendre leurs activités après des alertes à la bombe.

Alimenté par l’accès simplifié aux armes à feu et la promotion de contenus extrêmes par les réseaux sociaux, l’épisode pourrait ouvrir aux États-Unis un épisode de violences politiques plus grave encore que celui des années 1960, pendant lesquelles John F. Kennedy et Marthin Luther King avaient été assassinés.

En Europe, divers appels à honorer la mémoire du militant d’extrême-droite ont été formulés, dans un étonnant deux poids deux mesures pour qui compare la réception de ce drame à celle de l’assassinat de Melissa Hortman. Représentante démocrate à la Chambre du Minnesota, cette dernière a été abattue avec son mari et son chien, chez elle, le 14 juin 2025, par un militant anti-avortement.

Précisant que la mort de Charlie Kirk était un « crime odieux », l’eurodéputée Renew Nathalie Loiseau n’en a pas moins refusé d’en faire une « icône », alors que ses collègues d’extrême-droite réclamaient une minute de silence au Parlement européen.

Elle indique avoir, elle aussi, reçu des menaces de mort à la suite de ce positionnement, un procédé que la chercheuse Stéphanie Lamy déchiffre comme l’aboutissement d’une opération d’astroturfing, c’est-à-dire visant à faire croire à un réel soutien populaire. Le refus de Nathalie Loiseau a en effet très rapidement été diffusé et amplifié par divers relais bien identifiés de l’extrême droite française en ligne, avant d’être repris par des médias de la sphère Bolloré.

L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

16 septembre 2025 à 15:44
McCarthyism all over again (but make it international)
L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

D’un vice-président transformé en podcasteur à une eurodéputée harcelée, l’assassinat de Charlie Kirk alimente autant la violence ultra-conservatrice aux États-Unis que les thèses extrême-droitières de ce côté-ci de l’Atlantique.

Animation du « Charlie Kirk Show » par le vice-président des États-Unis J.D. Vance, menaces de mort contre l’eurodéputée Nathalie Loiseau après que celle-ci s’est opposée à la tenue d’une minute de silence au Parlement européen… Aux États-Unis comme en Europe, l’assassinat de l’activiste d’extrême-droite Charlie Kirk à l’université de Utah Valley, le 10 septembre, crée des remous numériques et politiques d’une rare ampleur.

Dans les heures qui ont suivi l’assassinat par balle de Charlie Kirk, 31 ans, Donald Trump avait déjà donné le ton. Sur son réseau Truth Social, le président des États-Unis avait écrit : « Personne ne comprenait mieux la jeunesse des États-Unis d’Amérique que Charlie ». Quelques jours plus tard, Donald Trump accusait la « gauche radicale » d’avoir contribué à son décès. Mais un nouveau seuil vient d’être franchi, tant sur le fond que dans la forme, avec la récente performance de J.D. Vance.


Depuis la Maison Blanche, le vice-président des États-Unis a pris le micro pour animer un épisode du « Charlie Kirk show », en mémoire de cet ami proche, dont il a accompagné le cercueil vers Phoenix, jeudi dernier. Installé dans l’Eisenhower executive office, J.D. Vance a multiplié les références bibliques et ouvertement nommé des ennemis, en l’occurrence les « gens de gauche », mais aussi les « antifas » (antifascistes), qu’il souhaite désigner comme organisation terroriste quand bien même il s’agit de groupuscules éclatés plutôt que d’un groupe défini.

À ses côtés, le communicant et icône des suprémacistes blancs Stephen Miller a renchéri, se déclarant prêt à poursuivre les organisations de gauche pour terrorisme et ciblant des catégories professionnelles entières, employés fédéraux, infirmières, professeurs. Les deux hommes ont globalement rangé dans une même catégorie rejet des idées de Kirk, mauvais goût propre à toute une sous-culture numérique, et incitation au meurtre.

Égérie de la droite « la plus radicale » 

Mais qui était Charlie Kirk ? Quand bien même l’homme gravitait dans les cercles de Donald Trump et J.D. Vance, il n’était, en réalité, pas connu de toute la jeunesse des États-Unis. Son public était plutôt composé d’une population républicaine, pro-MAGA, et proche de l’extrême-droite américaine, souligne le chercheur associé à l’IRIS Romuald Sciora auprès de RFI.

En 2012, alors âgé de 18 ans, le garçon avait créé l’ONG Turning Point, un projet dédié à diffuser des idées conservatrices dans les universités à tendances progressistes. Créé pour promouvoir « les principes de la responsabilité fiscale, des marchés libres et d’un gouvernement limité » auprès des plus jeunes, le projet compte désormais des émanations dans plus de 850 établissements d’enseignement supérieur.

L’une des marques de fabrique de Kirk, aussi visible sur ses réseaux sociaux qu’audible dans son podcast quotidien, consistait à débattre avec des étudiants sur des sujets comme le changement climatique, les valeurs familiales ou les armes, à la possession desquelles lui-même se déclarait favorable.

« Égérie de la droite la plus radicale », pour reprendre les mots de Romuald Sciora, Kirk cultivait publiquement, aux côtés de sa femme Erika Kirk, son christianisme évangélique. Militant anti-avortement, il a par ailleurs participé à l’affrètement de bus pour attaquer le Congrès des États-Unis, en janvier 2021.

Des memes internet sur les balles de l’assassin

Les idées défendues par Charlie Kirk ont fait de sa mort un nouveau foyer de la radicalisation politique qui traverse les États-Unis. Dans les heures qui ont suivi le coup de feu fatal, rumeurs et hypothèses sur les motivations de l’assassin se sont répandues en ligne bien plus vite et probablement bien plus loin que les faits, alimentée par des personnalités aussi en vue – politiquement et algorithmiquement – qu’Elon Musk. Avant même que le décès de l’activiste ne soit confirmé, celui-ci a déclaré : « la gauche est le parti du meurtre ».

En ligne et dans les médias, plusieurs thèses ont été étudiées pour comprendre le geste du tueur, à commencer par celles d’un supposé soutien aux droits des personnes LGBT ou d’une appartenance à une mouvance d’extrême-gauche. L’hypothèse s’appuyait sur les phrases retrouvées gravées sur les balles, tirées ou non, du tueur.

Ces dernières sont, en réalité, difficiles à analyser sans se plonger dans divers pans de la culture web – régulièrement présents dans les épisodes meurtriers des dernières années, de l’attentat de Christchurch diffusé en ligne à l’assassinat du CEO de UnitedHealthcare Brian Thompson, pour lequel Luigi Mangione, dont le procès s’ouvrira en décembre, aurait gravé « deny », « defend » et « depose » sur ses balles.

Press conference announces that the shooter's bullets said: Fired bullet: "Notices bulges owo whats this?" Other unfired cases: "hey fascist! Catch! Uparrow, right arrow, three downarrow" "O bella ciao, bella ciao, ciao, ciao" "If you read this you are gay lmao"

[image or embed]

— Erin Reed (@erininthemorning.com) 12 septembre 2025 à 16:11

Dans le cas des munitions utilisées pour tuer Charlie Kirk, la citation « Oh bella ciao, bella ciao, bella ciao ! », par exemple, peut certes être lue comme une référence au chant italien antifasciste de la Seconde Guerre mondiale, mais elle est depuis passés dans la pop culture, notamment via son usage récurrent dans la série Netflix La Casa de Papel.

Le morceau a même été intégré à une playlist partagée par le groupe d’extrême-droite Groypers, qui revendique un nationalisme chrétien et est mené par le militant suprémaciste, antisémite et masculiniste Nick Fuentes. Ce dernier s’en est régulièrement pris à Charlie Kirk et à tout autre soutien de Donald Trump qu’il jugeait trop modéré, mais il conteste toute association de sa personne ou de son groupe avec le meurtre.

La phrase « Hey, fascist! Catch! ↑ → ↓↓↓ », de son côté, inclut la suite de symboles nécessaires pour exécuter l’un des coups spéciaux « les plus destructeurs » du jeu Helldivers 2, relève Polygon. Outre le fait d’être clairement homophobe, une autre phrase, « if you read this you are gay LMAO » relève de son côté des logiques de piégeage et d’autres trolling en ligne, à la manière des rickrolls, ces liens qui renvoient les internautes inattentifs vers la vidéo de la chanson « Never Gonna Give You Up ».

De la thèse de l’assassin de gauche à la chasse aux critiques de Kirk

Interpellé 33 heures après les faits, le tireur de 22 ans, Tyler Robinson, est en réalité loin d’avoir le profil du militant d’extrême-gauche, supposément démocrate et/ou défenseur des droits des personnes LGBT décrit par les ténors du camp conservateur.

Élevé dans une famille de la classe moyenne blanche et conservatrice des États-Unis, comme le décrit Le Monde, Robinson est le fils d’un couple encarté au parti républicain et a grandi avec deux frères et sœurs dans la banlieue de Saint George, une ville essentiellement conservatrice. Peu disert sur les questions politiques, il avait en revanche déjà exprimé sa détestation de Charlie Kirk.

Tyler Robinson n’est lui-même affilié à aucun parti. Plusieurs analystes soulignent sa fréquentation d’espaces profondément nihilistes et violents du web, évoquant sa potentielle proximité avec une mouvance émergente de terrorisme « dépourvu de la dimension politique ou idéologique qui anime les attaques extrémistes classiques », comme le détaille l’Institute for Strategic Dialogue. D’autres soulignent néanmoins la percolation entre ces tendances apparemment dépourvues de projets politiques et d’autres espaces numériques aux thématiques néonazies bien identifiées, dont le mouvement Terrorgram.

D’anciens opposants à Charlie Kirk utilisent d’ailleurs déjà sa mort pour tenter de radicaliser toujours plus d’internautes, relève Wired.

Violences accrues et instrumentalisation jusqu’en Europe

Loin de conduire à la moindre évolution des discours, l’interpellation de Tyler Robinson n’a été suivie que par une surenchère de violences de la part du camp conservateur états-unien. Alors que la défense de la liberté d’expression était brandie par plusieurs d’entre eux, des journalistes et divers autres internautes ayant critiqué les positions de Charlie Kirk ou s’étant exprimé sur sa mort – dans certains cas pour la célébrer – se sont retrouvés licenciés, après que des activistes d’extrême-droite se sont coordonnés pour les repérer et les dénoncer à leurs employeurs.

En parallèle, plusieurs universités historiquement noires ont reçu des menaces terroristes, les obligeant à organiser des confinements. De même, alors qu’un néo-nazi de 19 ans a été arrêté pour avoir menacé de perpétrer un « assassinat de masse » de minorités, plusieurs représentants démocrates ont reçu des menaces ou été obligés de suspendre leurs activités après des alertes à la bombe.

Alimenté par l’accès simplifié aux armes à feu et la promotion de contenus extrêmes par les réseaux sociaux, l’épisode pourrait ouvrir aux États-Unis un épisode de violences politiques plus grave encore que celui des années 1960, pendant lesquelles John F. Kennedy et Marthin Luther King avaient été assassinés.

En Europe, divers appels à honorer la mémoire du militant d’extrême-droite ont été formulés, dans un étonnant deux poids deux mesures pour qui compare la réception de ce drame à celle de l’assassinat de Melissa Hortman. Représentante démocrate à la Chambre du Minnesota, cette dernière a été abattue avec son mari et son chien, chez elle, le 14 juin 2025, par un militant anti-avortement.

Précisant que la mort de Charlie Kirk était un « crime odieux », l’eurodéputée Renew Nathalie Loiseau n’en a pas moins refusé d’en faire une « icône », alors que ses collègues d’extrême-droite réclamaient une minute de silence au Parlement européen.

Elle indique avoir, elle aussi, reçu des menaces de mort à la suite de ce positionnement, un procédé que la chercheuse Stéphanie Lamy déchiffre comme l’aboutissement d’une opération d’astroturfing, c’est-à-dire visant à faire croire à un réel soutien populaire. Le refus de Nathalie Loiseau a en effet très rapidement été diffusé et amplifié par divers relais bien identifiés de l’extrême droite française en ligne, avant d’être repris par des médias de la sphère Bolloré.

☕️ US : le fondateur de GirlsDoPorn condamné à 27 ans de prison pour trafic d’êtres humains

15 septembre 2025 à 15:10

Michael Pratt, le fondateur de la plateforme californienne de pornographie GirlsDoPorn, a été condamné le 9 septembre à 27 ans de prison pour trafic d’êtres humains.

Né en Nouvelle-Zélande, Michael Pratt avait co-fondé les sites GirlsDoPorn et GirlsDoToys à San Diego, aux États-Unis. Il avait ensuite trompé des femmes, dont plusieurs étaient à peine adultes au moment des faits, en les attirant avec de fausses annonces pour des emplois de top-modèles.

En 2019, 22 d’entre elles avaient déposé plainte contre Pratt et plusieurs complices, dont le responsable des opérations et cameraman Matthew Isaac Wolfe, et le producteur et acteur Riben Andre Garcia.

Elles les accusaient de les avoir poussées à consommer alcool et drogues avant de leur faire signer un contrat que certaines n’avaient pas même pu lire. Plusieurs ont témoigné avoir été agressées sexuellement, puis retenues contre leur gré jusqu’à la fin des tournages.

Pratt et ses complices auraient évité toutes mentions des deux plateformes pornographiques qu’ils pilotaient sur les documents en question. Dans un communiqué de presse, le bureau du procureur général de Californie souligne qu’en réalité, les vidéos enregistrées étaient promues jusque sur des plateformes gratuites et grand public comme Pornhub pour générer du trafic.

Certaines ont suscité des millions de vues, générant des millions de dollars de chiffre d’affaires pour Pratt.

Après la plainte déposée en 2019, Pratt avait fui les États-Unis. Il était inscrit sur la liste des 10 personnes les plus recherchées par le FBI lorsqu’il a été arrêté en Espagne, en décembre 2022. En 2025, il a plaidé coupable de complot en vue de se livrer au trafic d’être humain, et de s’y être livré.

Lors du procès, quarante de ces victimes ont appelé à condamner Pratt à la peine maximale.

Elles ont détaillé les effets de long terme de ces agressions et de leur enregistrement et diffusion : certaines ont subi du harcèlement et des menaces, plusieurs ont changé de nom, voire ont eu recours à de la chirurgie esthétique pour changer d’apparence, plusieurs ont tenté de se suicider ou ont sombré dans l’alcoolisme.

Après avoir entendu ces témoignages, la juge fédérale Janis L. Sammartino a déclaré : « J’exerce cette fonction depuis très longtemps et je n’ai jamais eu à traiter une affaire de cette ampleur… L’étendue et la gravité de cette infraction conduisent la cour à alourdir la peine. »

Matthew Wolfe a été condamné à 14 ans de prison, et Riben Garcia à 20 ans.

☕️ US : le fondateur de GirlsDoPorn condamné à 27 ans de prison pour trafic d’êtres humains

15 septembre 2025 à 15:10

Michael Pratt, le fondateur de la plateforme californienne de pornographie GirlsDoPorn, a été condamné le 9 septembre à 27 ans de prison pour trafic d’êtres humains.

Né en Nouvelle-Zélande, Michael Pratt avait co-fondé les sites GirlsDoPorn et GirlsDoToys à San Diego, aux États-Unis. Il avait ensuite trompé des femmes, dont plusieurs étaient à peine adultes au moment des faits, en les attirant avec de fausses annonces pour des emplois de top-modèles.

En 2019, 22 d’entre elles avaient déposé plainte contre Pratt et plusieurs complices, dont le responsable des opérations et cameraman Matthew Isaac Wolfe, et le producteur et acteur Riben Andre Garcia.

Elles les accusaient de les avoir poussées à consommer alcool et drogues avant de leur faire signer un contrat que certaines n’avaient pas même pu lire. Plusieurs ont témoigné avoir été agressées sexuellement, puis retenues contre leur gré jusqu’à la fin des tournages.

Pratt et ses complices auraient évité toutes mentions des deux plateformes pornographiques qu’ils pilotaient sur les documents en question. Dans un communiqué de presse, le bureau du procureur général de Californie souligne qu’en réalité, les vidéos enregistrées étaient promues jusque sur des plateformes gratuites et grand public comme Pornhub pour générer du trafic.

Certaines ont suscité des millions de vues, générant des millions de dollars de chiffre d’affaires pour Pratt.

Après la plainte déposée en 2019, Pratt avait fui les États-Unis. Il était inscrit sur la liste des 10 personnes les plus recherchées par le FBI lorsqu’il a été arrêté en Espagne, en décembre 2022. En 2025, il a plaidé coupable de complot en vue de se livrer au trafic d’être humain, et de s’y être livré.

Lors du procès, quarante de ces victimes ont appelé à condamner Pratt à la peine maximale.

Elles ont détaillé les effets de long terme de ces agressions et de leur enregistrement et diffusion : certaines ont subi du harcèlement et des menaces, plusieurs ont changé de nom, voire ont eu recours à de la chirurgie esthétique pour changer d’apparence, plusieurs ont tenté de se suicider ou ont sombré dans l’alcoolisme.

Après avoir entendu ces témoignages, la juge fédérale Janis L. Sammartino a déclaré : « J’exerce cette fonction depuis très longtemps et je n’ai jamais eu à traiter une affaire de cette ampleur… L’étendue et la gravité de cette infraction conduisent la cour à alourdir la peine. »

Matthew Wolfe a été condamné à 14 ans de prison, et Riben Garcia à 20 ans.

☕️ Sur TikTok, les idées masculinistes à portée de scroll

15 septembre 2025 à 13:55

Notations de femmes en fonction de leur physique, vocabulaire propre à la manosphère (mâles alpha, mâles sigma, incels, pour « célibataires involontaires », c’est-à-dire qui se considèrent seuls par la faute des femmes)…

Sur TikTok, les contenus à tendance misogyne, voire ouvertement masculinistes – c’est-à-dire considérant non seulement que le féminisme a pris trop de place, mais encore que la masculinité doit reprendre de l’ampleur, généralement en s’attaquant aux droits des femmes – sont facilement propulsés dans le fil d’actualité des adolescents.

Pour tenter d’établir la rapidité à laquelle un mineur peut se retrouver exposé à ce type de contenus, la RTBF a construit cinq profils fictifs d’adolescents de 15 ans, tous intéressés par la musculation. Le chercheur en criminologie Melvin Hasescic explique en effet au média belge qu’il existe un lien entre « l’hypermasculinité et l’antiféminisme » et « l’intensité de la pratique sportive ».

But de l’expérimentation : comprendre dans quelle mesure à quelle vitesse TikTok proposait des contenus masculinistes à des internautes qui, a priori, ne cherchaient qu’à trouver des conseils en matière de musculation. Pour la mener à bien, le média a constitué cinq faux profils likant et scrollant automatiquement du contenu en fonction de sujets pré-imposés.

TikTok

En moins de 10 minutes d’activité du faux profil nommé « Matteo », la machine opère un premier glissement de vidéo spécifiquement centrée sur la musculation vers des propos de l’ordre de la motivation. Des hommes seuls, dans un univers relativement inquiétant, appellent l’internaute à se dépasser, ce qui interroge déjà sur les effets de ces vidéos sur la santé mentale du public visé.

Au bout de 10 minutes supplémentaires, de premiers contenus masculinistes apparaissent, incitant l’usager à douter de l’existence d’amitiés hommes-femmes, de celle de choisir son orientation sexuelle, ou renforçant divers discours sexistes ou homophobes. En moins d’une heure, l’internaute s’est retrouvé projeté dans cet univers fait de références aux pilules bleues et rouges de Matrix, au cynisme du Joker dans Batman, ou encore à la série Peaky Blinders, dont certains courants masculinistes empruntent les codes vestimentaires.

L’expérience rappelle celles menées par la journaliste Pauline Ferrari, qui étudie dans son ouvrage Formés à la haine des femmes comment les idéologies masculinistes se sont répandues dans les mondes numériques.

Elle permet de constater à nouveau que les propos portés par les discours les plus extrêmes sont foncièrement violents, appelant au contrôle coercitif des « gonzesses » (qu’il faudrait « surveiller », en contrôlant leur tenue ou leurs mouvements), voire promeuvent agressions et crimes sexuels, comme le viol.

La tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle peut constituer une forme de terrorisme, comme l’analyse la chercheuse Stéphanie Lamy. En France, au moins trois projets d’attentats masculinistes ont ainsi été déjoués en moins d’un an.

Si TikTok est loin d’être le seul espace où fleurissent ces idées, la plateforme a néanmoins pris un rôle particulier dans les travaux de l’Assemblée nationale. Les résultats de la Commission d’enquête lancés en mars sur ce sujet sont sans appel : il s’agit, selon ses rapporteurs, de l’un « des pires réseaux sociaux à l’assaut de notre jeunesse ».

☕️ Sur TikTok, les idées masculinistes à portée de scroll

15 septembre 2025 à 13:55

Notations de femmes en fonction de leur physique, vocabulaire propre à la manosphère (mâles alpha, mâles sigma, incels, pour « célibataires involontaires », c’est-à-dire qui se considèrent seuls par la faute des femmes)…

Sur TikTok, les contenus à tendance misogyne, voire ouvertement masculinistes – c’est-à-dire considérant non seulement que le féminisme a pris trop de place, mais encore que la masculinité doit reprendre de l’ampleur, généralement en s’attaquant aux droits des femmes – sont facilement propulsés dans le fil d’actualité des adolescents.

Pour tenter d’établir la rapidité à laquelle un mineur peut se retrouver exposé à ce type de contenus, la RTBF a construit cinq profils fictifs d’adolescents de 15 ans, tous intéressés par la musculation. Le chercheur en criminologie Melvin Hasescic explique en effet au média belge qu’il existe un lien entre « l’hypermasculinité et l’antiféminisme » et « l’intensité de la pratique sportive ».

But de l’expérimentation : comprendre dans quelle mesure à quelle vitesse TikTok proposait des contenus masculinistes à des internautes qui, a priori, ne cherchaient qu’à trouver des conseils en matière de musculation. Pour la mener à bien, le média a constitué cinq faux profils likant et scrollant automatiquement du contenu en fonction de sujets pré-imposés.

TikTok

En moins de 10 minutes d’activité du faux profil nommé « Matteo », la machine opère un premier glissement de vidéo spécifiquement centrée sur la musculation vers des propos de l’ordre de la motivation. Des hommes seuls, dans un univers relativement inquiétant, appellent l’internaute à se dépasser, ce qui interroge déjà sur les effets de ces vidéos sur la santé mentale du public visé.

Au bout de 10 minutes supplémentaires, de premiers contenus masculinistes apparaissent, incitant l’usager à douter de l’existence d’amitiés hommes-femmes, de celle de choisir son orientation sexuelle, ou renforçant divers discours sexistes ou homophobes. En moins d’une heure, l’internaute s’est retrouvé projeté dans cet univers fait de références aux pilules bleues et rouges de Matrix, au cynisme du Joker dans Batman, ou encore à la série Peaky Blinders, dont certains courants masculinistes empruntent les codes vestimentaires.

L’expérience rappelle celles menées par la journaliste Pauline Ferrari, qui étudie dans son ouvrage Formés à la haine des femmes comment les idéologies masculinistes se sont répandues dans les mondes numériques.

Elle permet de constater à nouveau que les propos portés par les discours les plus extrêmes sont foncièrement violents, appelant au contrôle coercitif des « gonzesses » (qu’il faudrait « surveiller », en contrôlant leur tenue ou leurs mouvements), voire promeuvent agressions et crimes sexuels, comme le viol.

La tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle peut constituer une forme de terrorisme, comme l’analyse la chercheuse Stéphanie Lamy. En France, au moins trois projets d’attentats masculinistes ont ainsi été déjoués en moins d’un an.

Si TikTok est loin d’être le seul espace où fleurissent ces idées, la plateforme a néanmoins pris un rôle particulier dans les travaux de l’Assemblée nationale. Les résultats de la Commission d’enquête lancés en mars sur ce sujet sont sans appel : il s’agit, selon ses rapporteurs, de l’un « des pires réseaux sociaux à l’assaut de notre jeunesse ».

☕️ Birmanie : 100 000 personnes potentiellement forcées d’opérer des arnaques en ligne

15 septembre 2025 à 08:40

À la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, le long de la rivière Moei, un terrain hautement sécurisé de 210 hectares a poussé en quelques années. Il abrite le KK Park, un important complexe qui pourrait ressembler à un campus de la Silicon Valley, à ceci près qu’il héberge une activité criminelle entièrement basée sur le trafic d’êtres humains et des violences brutales.

Il y a quatre ans déjà, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) sonnait l’alerte. Depuis 2021, l’entité relève une augmentation régulière des arnaques sentimentales ou à la micro-tâche et jeux illégaux en ligne, opérés par des personnes elles-mêmes privées de leurs droits. Et de constater en 2023 que la tendance avait été aggravée à la faveur de la pandémie de Covid-19.

D’après les informations du Guardian et de l’Australian Strategic Policy Institute (Aspi), le nombre de centres dédiés à ces activités illégales est passé de 11 à 27 en quatre ans le long de la frontière thaï. Des images prises par drones démontrent d’intenses activités de construction, qui permettent à ces espaces de grandir en moyenne de 5,5 hectares par mois, et de probables récepteurs internet par satellite, ce qui permettrait aux criminels de rester connectés quand bien même la Thaïlande a coupé la fourniture d’électricité, de gaz et de réseau à ces zones, pour tenter d’en freiner l’activité.

Évolution du KK Park tel que documenté par Google Earth, ASPI et The Guardian

La police thaï estime jusqu’à 100 000 le nombre de personnes issues de nombreux pays d’Asie et d’Afrique potentiellement enfermées et maltraitées dans ces espaces.

Début 2025, 7 000 d’entre elles, issues de Chine, d’Indonésie et d’autres pays, ont été libérées d’un de ces centres d’arnaques.

La Civil Society Network for Victim Assistance in Human Trafficking, une ONG thaïlandaise, est en contact avec 90 autres victimes de ce type de trafic, et affirme que certaines ont perdu la vue ou l’usage de certains membres à la suite des mauvais traitements subis sur place.

En Birmanie, la junte militaire a laissé ce type d’activités criminelles se développer, participant à propulser le pays en tête de la liste des pays accueillant le plus de crime organisé.

L’armée locale tire de ces activités de trafic et d’extorsions des financements pour tenter de maintenir son pouvoir déjà fragilisé à la tête de l’État.

☕️ Birmanie : 100 000 personnes potentiellement forcées d’opérer des arnaques en ligne

15 septembre 2025 à 08:40

À la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, le long de la rivière Moei, un terrain hautement sécurisé de 210 hectares a poussé en quelques années. Il abrite le KK Park, un important complexe qui pourrait ressembler à un campus de la Silicon Valley, à ceci près qu’il héberge une activité criminelle entièrement basée sur le trafic d’êtres humains et des violences brutales.

Il y a quatre ans déjà, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) sonnait l’alerte. Depuis 2021, l’entité relève une augmentation régulière des arnaques sentimentales ou à la micro-tâche et jeux illégaux en ligne, opérés par des personnes elles-mêmes privées de leurs droits. Et de constater en 2023 que la tendance avait été aggravée à la faveur de la pandémie de Covid-19.

D’après les informations du Guardian et de l’Australian Strategic Policy Institute (Aspi), le nombre de centres dédiés à ces activités illégales est passé de 11 à 27 en quatre ans le long de la frontière thaï. Des images prises par drones démontrent d’intenses activités de construction, qui permettent à ces espaces de grandir en moyenne de 5,5 hectares par mois, et de probables récepteurs internet par satellite, ce qui permettrait aux criminels de rester connectés quand bien même la Thaïlande a coupé la fourniture d’électricité, de gaz et de réseau à ces zones, pour tenter d’en freiner l’activité.

Évolution du KK Park tel que documenté par Google Earth, ASPI et The Guardian

La police thaï estime jusqu’à 100 000 le nombre de personnes issues de nombreux pays d’Asie et d’Afrique potentiellement enfermées et maltraitées dans ces espaces.

Début 2025, 7 000 d’entre elles, issues de Chine, d’Indonésie et d’autres pays, ont été libérées d’un de ces centres d’arnaques.

La Civil Society Network for Victim Assistance in Human Trafficking, une ONG thaïlandaise, est en contact avec 90 autres victimes de ce type de trafic, et affirme que certaines ont perdu la vue ou l’usage de certains membres à la suite des mauvais traitements subis sur place.

En Birmanie, la junte militaire a laissé ce type d’activités criminelles se développer, participant à propulser le pays en tête de la liste des pays accueillant le plus de crime organisé.

L’armée locale tire de ces activités de trafic et d’extorsions des financements pour tenter de maintenir son pouvoir déjà fragilisé à la tête de l’État.

Sexiste, LinkedIn ? Des internautes tentent de craquer le fonctionnement de l’algorithme

8 septembre 2025 à 10:32
De quoi souhaitez-vous discuter ?
Sexiste, LinkedIn ? Des internautes tentent de craquer le fonctionnement de l’algorithme

Soupçonnant un fonctionnement biaisé du système de recommandation de LinkedIn, des communicants anglophones ont mené leur enquête. L’enjeu : comprendre si et comment la plateforme fait varier la visibilité des publications, dont la diffusion a des conséquences très concrètes sur leurs opportunités professionnelles.

« Est-ce que LinkedIn étouffe en douce la voix des femmes ? » Fin août, la publication a fait un petit buzz. Intégrant une présentation titrée « Qu’est-ce qui arrive lorsque les femmes et les hommes publient exactement la même chose sur LinkedIn ? », elle résume en huit pages une expérimentation menée par quatre internautes de langue anglaise, deux hommes et deux femmes.

Au milieu de l’été, une entrepreneuse états-unienne, Cindy Gallop (plus de 137 000 abonnés), une entrepreneuse et activiste britannique, Jane Evans (près de 17 000 abonnés), un spécialiste du marketing australien, Matt Lawton (8 661 abonnés) et son collègue installé à San Francisco Stephen McGinnis (728 abonnés) ont partagé la même publication à la même heure. Le but : évaluer dans quelle mesure leurs productions étaient montrées à leur audience LinkedIn.

Les résultats ont semblé éloquents : la publication de Cindy Gallop, la plus suivie de tous, n’a enregistré que 801 vues (0,6 % de ses abonnés), celle de Jane Evans, 1327 vues (8,3 % de ses abonnés), celle de Stephen McGinnis, 328 vues (51 % de ses abonnés) et celle de Matt Lawton, 10 409 vues (143 % de ses abonnés).

La communicante Samantha Katz résume les résultats constatés par ses collègues.

Les observant travailler à reproduire plus largement leur expérience, Next a contacté certains de ses instigateurs pour mieux comprendre les implications de ces baisses de diffusion.

Expérimentations sur algorithme de recommandation

Après une carrière dans la communication puis un détour dans le scénario, Jane Evans explique avoir subi une situation répandue, sur le marché du travail : « À cinquante ans passés, je suis devenue inemployable. » Refusant cet état de fait, la communicante s’est lancée à partir de 2019 dans l’activisme pour valoriser l’importance des femmes d’âge mûr sur le marché de l’emploi.

Après l’initiative Uninvisibility, aujourd’hui terminée, l’entrepreneuse désormais soixantenaire lance the 7th Tribe, un réseau social « dédié à échanger sur la manière d’utiliser les nouvelles technologies à notre avantage », dont elle prévoyait le lancement pour le printemps 2025. « Tout mon plan de communication était basé sur l’audience que j’avais construite sur LinkedIn. » Sauf qu’en mars, après la conférence de lancement de the 7th Tribe, ses espoirs s’écroulent : aucune de ses publications n’est diffusée à la hauteur de ce qu’elle parvenait à obtenir jusque-là de la plateforme.


Il reste 71% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

Ce que Grok dit des biais politiques de l’IA générative

4 septembre 2025 à 12:00
Go (anti-)woke, go broke
Ce que Grok dit des biais politiques de l’IA générative

Politiquement « neutre », capable de produire des textes « politiquement incorrects », telles sont les ambitions d’Elon Musk pour son robot conversationnel Grok. Les derniers mois montrent qu’il reste compliqué de maîtriser les évolutions précises de ce type de modèle de langage.

De quel bord politique est Grok, l’agent conversationnel de xAI disponible sur le réseau social X (ex-Twitter) ? Est-il « politiquement neutre », comme le clame son propriétaire Elon Musk ? A-t-il définitivement plongé dans le bain nauséabond des idées extrémistes de Musk ? En est-il au contraire devenu l’opposant, rétablissant les faits dès qu’on le lui demande ?

En l’occurrence, lorsqu’un utilisateur demande à la machine quel est le plus grand risque pour la civilisation occidentale, la machine a répondu le 10 juillet « la mésinformation et la désinformation ». En réponse, Elon Musk s’est excusé de cette « réponse idiote ». Le lendemain, Grok produisait un texte déclarant que le plus grand danger pour la civilisation occidentale concernait les « taux de fécondité », dans la droite ligne des préoccupations du multimilliardaire pour la procréation des personnes des pays du Nord, voire de son milieu social.

D’après des tests menés par le New York-Times avec l’Université de Chicago à partir de mai sur différentes versions de Grok, les réponses de la machine sur une quarantaine d’enjeux politiques ont effectivement évolué, vers la droite pour la plupart des sujets liés au gouvernement ou à l’économie. En revanche, pour un tiers des questions testées, notamment pour les sujets sociaux, les réponses ont évolué vers la gauche du champ politique.

Projections d’extrême-droite

À la voir produire des textes plein d’élucubrations sur un pseudo-génocide de Blancs en Afrique du Sud, des réponses déclarant la machine « sceptique » sur le nombre de juifs tués pendant la Shoah, voire lui attribuant le nom d’Hitler, on pourrait envisager Grok comme une machine à générer des contenus favorables à l’extrême-droite.

Le robot a d’ailleurs déjà produit des textes dans lesquels les lecteurs pourraient lire un soutien au Rassemblement national en France. Car rappelons-le, ces modèles restent des outils mathématiques sans conscience du sens de leurs propos ou images : ce sont les humains qui les lisent ou observent qui y projettent du sens.

Ce qui n’empêche pas Elon Musk lui-même d’évoquer la machine en l’anthropomorphisant. En l’occurrence, l’entrepreneur a indiqué chercher à la rendre « neutre politiquement » et « au maximum de la recherche de la vérité ».

Impossible neutralité algorithmique

Que ce soit en reconnaissance d’image, vocale, ou en génération de texte ou d’image, les systèmes statistiques développés dans le champ de l’intelligence artificielle contiennent toujours une forme ou une autre de biais, parce qu’un type de données ou un autre sera plus ou moins représenté que le reste dans le jeu d’entraînement.

Sur les sujets politiques, divers chercheurs constatent que les réponses produites par les modèles d’IA générative tendent à présenter un biais vers la gauche de l’échiquier politique. Comparé à la loi des États-Unis, par exemple, le refus par ChatGPT de générer des images à connotation conservatrice au motif que cette perspective pourrait « propager des stéréotypes, des informations erronées ou des préjugés » pourrait contrevenir au Premier Amendement de la Constitution, soulignait ainsi un article du Journal of Economic Behavior & Organization en juin.

D’après des chercheurs du MIT, ce déséquilibre serait d’autant plus présent lorsque les modèles sont entraînés sur des données factuelles. Une équipe internationale envisage de son côté que les formulations promues dans les chatbots, encourageant « l’équité et la gentillesse », pour reprendre les mots d’OpenAI, pouvait favoriser des réponses semblant soutenir les minorités et les problématiques qui leurs sont spécifiques.

Grok trop « woke » ?

Dans tous les cas, depuis son introduction au public en 2023, des internautes se plaignent régulièrement du fait que Grok soit trop « woke » à leur goût. Après les productions les plus virulentes du robot, en mai 2025, xAI a opéré plusieurs ajustements, dont un précisant que « La réponse ne doit pas hésiter à faire des affirmations politiquement incorrectes, pour autant qu’elles soient bien étayées ». Alors que les mises à jour se multipliaient début juillet, le robot s’est emballé, jusqu’à se déclarer « MechaHitler ». En réaction, xAI a supprimé l’instruction relative au « politiquement incorrect ».

Relatives à la violence politique constatée aux États-Unis depuis 2016 (plutôt le fait de la droite ou de la gauche ?) ou au nombre de genres qui existent, d’autres réponses du robot ont agacé Elon Musk (ou d’autres internautes). L’une des mises à jour a donc consisté à intimer à la machine de « ne pas faire aveuglément confiance aux sources secondaires telles que les médias grand public ».

Dans les jours qui ont suivi, le New-York Times a constaté une hausse des réponses orientées à droite. D’ailleurs, mi-juillet, les instructions permettant à la machine de produire des textes « politiquement incorrects » ont été réintroduites. À nouveau modifiées au cours de l’été, les instructions de la machine ne mentionnent plus cet enjeu.

Aussi insatisfaisants soient-ils pour les internautes ou Elon Musk, ces tiraillements de ligne éditoriale ont aussi eu pour effet de pousser certaines employées de X vers la sortie. En juillet, l’ancienne PDG de X Linda Yaccarino a démissionné, citant notamment le comportement du robot.

X a été racheté par xAI, l’entité qui construit Grok, en mars. Cette dernière perd aussi des employés. Son directeur financier vient par exemple de quitter l’entreprise, quelques semaines après plusieurs juristes de xAI, et son cofondateur Igor Babuschkin.

Ce que Grok dit des biais politiques de l’IA générative

4 septembre 2025 à 12:00
Go (anti-)woke, go broke
Ce que Grok dit des biais politiques de l’IA générative

Politiquement « neutre », capable de produire des textes « politiquement incorrects », telles sont les ambitions d’Elon Musk pour son robot conversationnel Grok. Les derniers mois montrent qu’il reste compliqué de maîtriser les évolutions précises de ce type de modèle de langage.

De quel bord politique est Grok, l’agent conversationnel de xAI disponible sur le réseau social X (ex-Twitter) ? Est-il « politiquement neutre », comme le clame son propriétaire Elon Musk ? A-t-il définitivement plongé dans le bain nauséabond des idées extrémistes de Musk ? En est-il au contraire devenu l’opposant, rétablissant les faits dès qu’on le lui demande ?

En l’occurrence, lorsqu’un utilisateur demande à la machine quel est le plus grand risque pour la civilisation occidentale, la machine a répondu le 10 juillet « la mésinformation et la désinformation ». En réponse, Elon Musk s’est excusé de cette « réponse idiote ». Le lendemain, Grok produisait un texte déclarant que le plus grand danger pour la civilisation occidentale concernait les « taux de fécondité », dans la droite ligne des préoccupations du multimilliardaire pour la procréation des personnes des pays du Nord, voire de son milieu social.

D’après des tests menés par le New York-Times avec l’Université de Chicago à partir de mai sur différentes versions de Grok, les réponses de la machine sur une quarantaine d’enjeux politiques ont effectivement évolué, vers la droite pour la plupart des sujets liés au gouvernement ou à l’économie. En revanche, pour un tiers des questions testées, notamment pour les sujets sociaux, les réponses ont évolué vers la gauche du champ politique.

Projections d’extrême-droite

À la voir produire des textes plein d’élucubrations sur un pseudo-génocide de Blancs en Afrique du Sud, des réponses déclarant la machine « sceptique » sur le nombre de juifs tués pendant la Shoah, voire lui attribuant le nom d’Hitler, on pourrait envisager Grok comme une machine à générer des contenus favorables à l’extrême-droite.

Le robot a d’ailleurs déjà produit des textes dans lesquels les lecteurs pourraient lire un soutien au Rassemblement national en France. Car rappelons-le, ces modèles restent des outils mathématiques sans conscience du sens de leurs propos ou images : ce sont les humains qui les lisent ou observent qui y projettent du sens.

Ce qui n’empêche pas Elon Musk lui-même d’évoquer la machine en l’anthropomorphisant. En l’occurrence, l’entrepreneur a indiqué chercher à la rendre « neutre politiquement » et « au maximum de la recherche de la vérité ».

Impossible neutralité algorithmique

Que ce soit en reconnaissance d’image, vocale, ou en génération de texte ou d’image, les systèmes statistiques développés dans le champ de l’intelligence artificielle contiennent toujours une forme ou une autre de biais, parce qu’un type de données ou un autre sera plus ou moins représenté que le reste dans le jeu d’entraînement.

Sur les sujets politiques, divers chercheurs constatent que les réponses produites par les modèles d’IA générative tendent à présenter un biais vers la gauche de l’échiquier politique. Comparé à la loi des États-Unis, par exemple, le refus par ChatGPT de générer des images à connotation conservatrice au motif que cette perspective pourrait « propager des stéréotypes, des informations erronées ou des préjugés » pourrait contrevenir au Premier Amendement de la Constitution, soulignait ainsi un article du Journal of Economic Behavior & Organization en juin.

D’après des chercheurs du MIT, ce déséquilibre serait d’autant plus présent lorsque les modèles sont entraînés sur des données factuelles. Une équipe internationale envisage de son côté que les formulations promues dans les chatbots, encourageant « l’équité et la gentillesse », pour reprendre les mots d’OpenAI, pouvait favoriser des réponses semblant soutenir les minorités et les problématiques qui leurs sont spécifiques.

Grok trop « woke » ?

Dans tous les cas, depuis son introduction au public en 2023, des internautes se plaignent régulièrement du fait que Grok soit trop « woke » à leur goût. Après les productions les plus virulentes du robot, en mai 2025, xAI a opéré plusieurs ajustements, dont un précisant que « La réponse ne doit pas hésiter à faire des affirmations politiquement incorrectes, pour autant qu’elles soient bien étayées ». Alors que les mises à jour se multipliaient début juillet, le robot s’est emballé, jusqu’à se déclarer « MechaHitler ». En réaction, xAI a supprimé l’instruction relative au « politiquement incorrect ».

Relatives à la violence politique constatée aux États-Unis depuis 2016 (plutôt le fait de la droite ou de la gauche ?) ou au nombre de genres qui existent, d’autres réponses du robot ont agacé Elon Musk (ou d’autres internautes). L’une des mises à jour a donc consisté à intimer à la machine de « ne pas faire aveuglément confiance aux sources secondaires telles que les médias grand public ».

Dans les jours qui ont suivi, le New-York Times a constaté une hausse des réponses orientées à droite. D’ailleurs, mi-juillet, les instructions permettant à la machine de produire des textes « politiquement incorrects » ont été réintroduites. À nouveau modifiées au cours de l’été, les instructions de la machine ne mentionnent plus cet enjeu.

Aussi insatisfaisants soient-ils pour les internautes ou Elon Musk, ces tiraillements de ligne éditoriale ont aussi eu pour effet de pousser certaines employées de X vers la sortie. En juillet, l’ancienne PDG de X Linda Yaccarino a démissionné, citant notamment le comportement du robot.

X a été racheté par xAI, l’entité qui construit Grok, en mars. Cette dernière perd aussi des employés. Son directeur financier vient par exemple de quitter l’entreprise, quelques semaines après plusieurs juristes de xAI, et son cofondateur Igor Babuschkin.

Sites porno : la solution AgeGo enregistre les contenus auxquels accèdent les internautes

4 septembre 2025 à 09:00
Not so anon
Sites porno : la solution AgeGo enregistre les contenus auxquels accèdent les internautes

AgeGo, une solution espagnole déployée sur plusieurs sites pornographiques pour opérer de la vérification d’âge, enregistre les sites visités par les internautes avant même que ceux-ci n’aient lancé le processus de validation de leur majorité.

Début août, l’Arcom rendait obligatoire la vérification de l’âge des utilisateurs sur les sites pornographiques. Nous avons testé les solutions, il est non seulement très simple de se servir de ces outils, mais aussi de les contourner, voire de leur soumettre n’importe quoi.

Si cela peut prêter à sourire et à débattre du bien-fondé du recours à ce type de dispositif technique, une solution utilisée par plusieurs plateformes courues illustre un enjeu particulier : celui de la protection de la vie privée des usagers. D’après les analyses menées par AI Forensics, AgeGo récupère en effet des informations sur les sites et les pages exactes visitées par les internautes qui y font vérifier leur âge. Quant au flux vidéo de leur webcam, en cas de recours à la solution du selfie, il est envoyé directement vers l’outil Rekognition d’Amazon Web Services (AWS).

Login, selfie ou passage par un tiers

Les services d’AgeGo ont été déployés sur au moins six plateformes pornographiques, parmi lesquelles xvideos.com, tnaflix.com et xnxx.com. Sur son site web, AgeGo indique avoir été créée en 2019 et avoir des bureaux à Dublin, en Irlande, et Porto, au Portugal. Son siège est situé à Barcelone, en Espagne, dans les locaux d’Exogroup, une entité réunissant sept entreprises technologiques ou de l’industrie de la publicité en ligne.

Pour vérifier son âge en France, AgeGo propose trois options : s’identifier à un compte AgeGo, utiliser une estimation de l’âge en réalisant un selfie ou en recourant à une carte d’identité, et se connecter à l’application d’un autre fournisseur de vérification d’âge, Yoti. D’après sa politique de confidentialité, elle propose aussi, au Royaume-Uni, de s’identifier par SMS.

Auprès de l’internaute, le service présente ses options recourant au selfie ou à l’application tierce Yoti comme des solutions de « double anonymat », soit ce que l’Arcom impose. Comme le rappelle la CNIL, le double anonymat consiste à faire en sorte que le site auquel la personne accède n’ait pas connaissance de son identité, mais reçoive simplement la preuve de sa majorité, tandis que le tiers en charge de la vérification de l’âge connaît l’identité de la personne, mais pas les sites que celle-ci consulte.

« Double anonymat » très détaillé

Le problème, constate le chercheur Paul Bouchaud, consiste dans les pratiques d’AgeGo avant même que l’internaute ne consente à la politique en question, ou ne choisisse l’une des options de vérification d’âge proposée.

À ce stade, le navigateur de l’internaute envoie en effet une requête au serveur d’AgeGo, dans laquelle se retrouvent l’identifiant du site visité et l’URL de la vidéo exacte à laquelle l’internaute cherche à accéder. AgeGo produit ensuite un cookie qui code ces informations puis se retrouve inclus dans toutes les futures requêtes au serveur d’AgeGo. En substance, le fournisseur de vérification d’âge reçoit des informations précises sur les sites et les contenus spécifiques visités par les internautes.

À partir de ce 1er septembre, la société indique également que les flux vidéos collectés depuis la webcam de l’internaute seraient téléchargés directement sur les serveurs d’un service tiers. En l’occurrence, constate le chercheur d’AI Forensics, ce fournisseur est Amazon Web Services, par l’intermédiaire de son service de reconnaissance faciale Rekognition, qui permet à ses clients d’automatiser leurs analyses d’images et de vidéos. Outre ce flux, la technique de vérification de l’âge par reconnaissance faciale transmet en réalité l’adresse IP de l’usager et le fait qu’elle consulte des sites interdits aux moins de 18 ans.

Paul Bouchaud relève par ailleurs la présence d’un design trompeur (dark pattern) dans le fonctionnement d’AgeGo. Une fois la vérification d’âge effectuée, AgeGo oblige en effet l’internaute à créer un compte : ce n’est qu’une fois une adresse mail soumise au service qu’il ou elle peut accéder au site visé, un élément qui paraît superflu pour estimer l’âge de la personne.

❌