Ubisoft rassure et se prépare à finaliser sa réorganisation avec Tencent
Mr. Wolff
Ubisoft a finalement publié vendredi les résultats financiers de son premier semestre, avec huit jours de retard. L’éditeur français fait état de net bookings en hausse et confirme ses objectifs annuels. Il confirme par ailleurs la mise en œuvre imminente de l’accord avec Tencent, qui va conduire au transfert de trois des licences phare du groupe vers une filiale dédiée.
Prise de contrôle par Tencent, OPA hostile ou simple erreur comptable ? Les rumeurs vont bon train depuis qu’Ubisoft a soudainement annoncé, le 13 novembre dernier, le report de la publication de ses résultats financiers pour le premier semestre 2025 et la suspension de la cotation de son action en bourse. C’est finalement l’explication la moins romanesque qui s’impose. Vendredi matin, Ubisoft a en effet invoqué un différend comptable pour justifier ce délai de la publication.
D’après les explications données par Yves Guillemot, PDG du groupe, dans une conférence aux investisseurs, les nouveaux auditeurs nommés par Ubisoft en juillet dernier auraient décelé un problème dans la façon dont l’éditeur a comptabilisé les revenus issus de certains partenariats commerciaux. Il aurait donc fallu retraiter l’ensemble des chiffres du premier semestre, qui se révèlent par ailleurs supérieurs aux prévisions.
Des ventes supérieures aux attentes
Ubisoft a en effet fait état (PDF) d’un volume de net bookings (l’indicateur qui tient lieu de chiffre d’affaires hors éléments différés dans l’industrie du jeu vidéo) de 772,4 millions d’euros sur le semestre, en hausse de 20,3 % sur un an. La performance est particulièrement marquée sur le deuxième trimestre au cours duquel l’éditeur enregistre 490,8 millions d’euros, contre 450 initialement prévus.
« La surperformance a été portée par des partenariats plus importants qu’anticipés et soutenue par un back-catalogue robuste, tous deux illustrant la force des marques du Groupe », avance Ubisoft, qui profite de l’occasion pour confirmer ses objectifs annuels, et rappeler ses sorties encore à venir sur la deuxième moitié de son exercice, dont la prochaine extension d’Avatar Frontiers of Pandora, le remake de Prince of Persia : the sands of time ou de nouvelles déclinaisons mobiles de The Division et Rainbow Six. Ubisoft se réjouit par ailleurs de l’accueil critique positif réservé à Anno 117 : Pax Romana, en dépit d’une petite controverse liée à des visuels intempestifs générés par IA.
L’accueil des marchés s’est révélé positif : l’action Ubisoft a ouvert en hausse de plus de 8 % vendredi matin.
Mise en œuvre imminente de l’accord avec Tencent
Confronté au poids de la dette et après plusieurs exercices inférieurs aux attentes, Ubisoft doit cependant encore mener l’important chantier de restructuration annoncé en début d’année. Outre un plan continu de réduction des coûts, qui « progresse conformément au plan », ce dernier prévoit pour mémoire une réorganisation de grande ampleur, avec le transfert d’au moins trois des licences phares du groupe (Assassin’s Creed, Far Cry, et Tom Clancy’s Rainbow Six) à Vantage Studio, une filiale qui comptera Tencent comme actionnaire minoritaire, en échange d’un apport d’argent frais à hauteur de 1,16 milliard d’euros.
« La finalisation de notre transaction stratégique avec Tencent est désormais imminente, toutes les conditions suspensives ayant été satisfaites », a déclaré vendredi matin Yves Guillemot, selon qui Vantage Studio disposera d’une équipe de direction dédiée, avec la mission de développer aussi loin que possible les trois licences concernées sur tous les écrans.
Ubisoft va mener en parallèle une réorganisation des équipes qui restent sous son contrôle direct, selon un modèle dit de « Creative Houses ». « Nous aurons finalisé la conception de cette nouvelle organisation d’ici la fin de l’année autour d’entités autonomes, efficaces, focalisées et responsables, chacune dotée de sa propre direction, de sa vision créative et de sa feuille de route stratégique », décrit encore le PDG, selon qui les détails complets de ce nouveau mode de fonctionnement seront dévoilés en janvier.
Les efforts de réduction de coût engagés par le groupe se ressentent déjà au niveau des effectifs globaux, qui « s’élevaient à 17 097 fin septembre 2025, soit une baisse d’environ 1 500 employés sur les 12 derniers mois et d’environ 700 depuis la fin mars 2025 ». En octobre, un programme de départs volontaires ciblé ainsi qu’une proposition de projet de restructuration ont été mis en place dans les studios du Nord de l’Europe, indique par ailleurs l’éditeur.
L’IA générative aussi importante que la 3D en son temps
Yves Guillemot a également évoqué vendredi la tendance, sans doute difficile à éviter, de l’IA générative, sur laquelle Ubisoft affiche des ambitions depuis début 2023. « C’est un tournant aussi important pour l’industrie du jeu vidéo que le passage à la 3D », estime le PDG. Il a rajouté que le groupe aurait des choses à montrer en la matière d’ici la fin de l’année, notamment autour de « Neo NPC », le moteur d’IA générative qui doit permettre de donner naissance à des PNJ (les personnages non joueurs, c’est-à-dire gérés par le jeu, traduits par non playable characters en anglais, d’où le NPC) capables de dialoguer de façon nettement plus avancée en langage naturel.
