Fukushima : malgré la vidange d’eau contaminée dans l’océan, les fruits de mer japonais restent conformes
Cela fait maintenant quatorze ans qu’un séisme a causé un accident nucléaire grave sur la centrale de Fukushima. Depuis, le Japon poursuit ses opérations de démantèlement des réacteurs. Et cela fait deux ans que des stocks d’eaux faiblement contaminées sont relâchées dans le Pacifique, avec l’approbation de l’Agence internationale l’énergie atomique (AIEA).
Le traitement des eaux contaminées de Fukushima est une gageure. Car les volumes à traiter sont immenses. Ces eaux proviennent en partie des infiltrations dans la centrale issues des pluies ou de la nappe phréatique, et qui entrent en contact avec des matériaux radioactifs. S’y ajoutent les eaux nécessaires, encore aujourd’hui, à refroidir le cœur fondu des réacteurs. Ces eaux doivent être collectées et stockées.
Le gouvernement japonais a pris des mesures pour limiter la quantité d’eau concernée, par exemple un « mur » de sol gelé, un pompage de la nappe phréatique. De plus, la chaleur résiduelle du combustible a considérablement diminué. Il n’en reste pas moins que les volumes concernés sont importants : plus d’un million de mètres cubes, stockés dans un millier de cuves construites sur le site.
À lire aussi Malgré l’accident de Fukushima, le Japon veut renouer avec l’énergie nucléaireLe problème du tritium
Ce stockage massif n’est pas pérenne, et les eaux contaminées doivent trouver un exutoire. Le Japon a ainsi construit d’importantes installations dont l’objectif est de les décontaminer en cascade. Un premier étage, constitué des deux systèmes KURION et SARRY, filtrent le césium et le strontium. Un deuxième étage, appelé ALPS (Advanced Liquid Processing System), filtre ensuite 62 autres substances radioactives. Après filtration, la concentration de ces radionucléides est très significativement réduite. Mais il en reste un en particulier : le tritium.
Le tritium est un isotope de l’hydrogène : son noyau contient un proton et deux neutrons. Et c’est un problème de taille : chimiquement, il a le même comportement que l’hydrogène. Il se lie ainsi facilement à l’oxygène pour former de l’eau. Et il est particulièrement difficile de séparer de l’eau « normale » (avec de l’hydrogène) de l’eau constituée de tritium (eau « tritiée »).
À lire aussi Qu’est-ce que l’ilotage d’une centrale nucléaire ?Le Japon opte pour la dilution
Aujourd’hui, la plupart des eaux ont été traitées. À l’issue de ce processus, il reste donc un très large volume d’eau très faiblement radioactive, mais contenant toujours du tritium. Sa période radioactive est d’environ 12 ans, ce qui implique que la radioactivité baisse lentement. Le Japon a décidé de diluer cette eau dans l’océan Pacifique. Et cette option a été validée par l’AIEA. L’eau tritiée, en effet, est considérée comme peu dangereuse. En premier lieu, elle ne s’accumule pas dans la chaîne alimentaire. De plus, sa radioactivité est faible, inférieure à 1500 Bq/L (Becquerel par litre), et donc très faible par rapport aux normes de l’OMS, à savoir 10 000 Bq/L.
Le Japon a commencé ses opérations de dilution en 2023. Ces rejets ont rencontré de fortes oppositions internationales. En particulier, la Chine a imposé des restrictions sévères sur l’importation depuis le Japon de produits de la mer dès les premières opérations 2023. Ces mesures ont été partiellement levées depuis, et notamment depuis juin 2025, du fait de l’absence d’anomalies sur ces produits en dépit de contrôles sévères. Les importations depuis les 10 préfectures les plus proches de Fukushima restent toutefois interdites.
Pour aller plus loin, le rapport de l’AIEA est disponible en source ouverte.
L’article Fukushima : malgré la vidange d’eau contaminée dans l’océan, les fruits de mer japonais restent conformes est apparu en premier sur Révolution Énergétique.