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Presque aussi chère qu’un réacteur nucléaire : voici l’énorme dérapage budgétaire de la future île énergétique belge

Construire, au large des côtes de la Belgique, une île énergétique qui permette de dispatcher l’électricité produite par des éoliennes en mer. L’idée est belle. Mais elle pourrait bien coûter beaucoup plus cher que prévu.

C’est au large des côtes belges, quelque part en mer du Nord, que doit prochainement être lancé le chantier de la toute première île énergétique au monde — un autre projet du genre est en cours au Danemark. L’île Princesse Élisabeth. La Banque européenne d’investissement (BEI) vient d’ailleurs d’accorder au porteur du projet, Elia Transmission Belgium (ETB), une subvention de 650 millions d’euros pour mener à bien la première phase. Les fondations de l’île sont déjà en construction aux Pays-Bas.

Cette île énergétique de 6 hectares pourrait être comparée à une rallonge high-tech avec des multiprises. Des câbles sous-marins d’éoliennes en mer s’y rejoindront et des transformateurs permettront d’acheminer le courant vers la terre d’une part et de mieux connecter la Belgique à ses voisins européens d’autre part. Le Royaume-Uni et le Danemark, dans un premier temps. Le tout alliant courant continu et courant alternatif pour optimiser les transmissions. Objectif : intégrer, d’ici 2030 — date des premiers raccordements pour une fin de travaux annoncée en 2027 —, pas moins de 3,5 gigawatts (GW) d’électricité éolienne offshore au réseau — de quoi alimenter 3 millions de foyers, selon les projections d’Elia Transmission Belgium.

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Du feu vert environnemental à l’explosion du budget

Il y a un an environ, le projet avait obtenu son feu vert environnemental. Et ce n’était pas la moindre des choses pour une île énergétique construite en pleine zone Natura 2000. Des mesures spécifiques ont donc été prévues pour protéger la biodiversité. Des corniches en surface pour accueillir les oiseaux et des structures sous l’eau pour créer un récif artificiel riche et diversifié, par exemple.

Désormais, voici que l’île énergétique de la princesse Élisabeth fait face à un obstacle inattendu. Une explosion de son coût. Elle devait en effet coûter environ 2,2 milliards d’euros. Mais la semaine dernière, c’est un chiffre très différent qui a été évoqué au Parlement. Un chiffre de l’ordre de 7 milliards d’euros, soit presque autant qu’un réacteur nucléaire. « Cette augmentation est très préoccupante », estime la ministre belge de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, auprès de l’AFP. ETB, qui n’a pas souhaité confirmer le chiffre, explique tout de même que la guerre en Ukraine a provoqué une sorte de ruée vers les énergies renouvelables et vers le matériel indispensable à leur déploiement à grande échelle. La pression sur les câbles, sur les convertisseurs courant alternatif/courant continu, les transfomateurs ou même sur les bateaux d’accès aux chantiers a fait grimper les prix.

Les gros industriels craignent une envolée des prix de l’électricité dans le pays pour compenser le surcoût. Ils demandent donc la suspension — ou au moins la révision — du projet d’île énergétique. Le gouvernement belge, quant à lui, souhaite maintenir le cap et espère limiter le dérapage budgétaire en obtenant des financements supplémentaires de la part de l’Europe. Le projet, après tout, concerne également d’autres pays européens. Et devrait aider l’Europe à atteindre ses objectifs de déploiement des énergies renouvelables.

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Énergie intermittente ou variable : comment qualifier l’éolien et le solaire ?

Ni l’éolien ni le solaire ne sont capables de produire « à la demande ». Ces deux sources renouvelables ne génèrent de l’électricité qu’en fonction des conditions météo et de l’ensoleillement, par nature aléatoires. Mais doit-on les qualifier d’énergies intermittentes ou d’énergies variables ? La réponse n’est pas si simple.

Pour le Larousse, le terme « variable » se rapporte à quelque chose « qui change avec le temps ». Le terme « intermittent », quant à lui, qualifie quelque chose « qui est coupé d’interruptions ». La différence est subtile. Mais elle existe. Ainsi, se poser la question de savoir lequel de ces adjectifs caractérise le mieux l’éolien et le solaire peut bel et bien trouver du sens.

Car rappelons en préambule que les panneaux photovoltaïques, tout comme les éoliennes, ne produisent de l’électricité que lorsque le soleil brille, le jour et pas la nuit, par exemple, pour les premiers ou lorsque le vent souffle pour les secondes. Ainsi a-t-on été initialement tenté de regrouper solaire et éolien sous la bannière des « énergies renouvelables intermittentes ». L’abréviation EnRi apparaît alors dans bon nombre d’écrits et de publications.

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De l’énergie intermittente à l’énergie variable

Mais au fil du temps, le terme semble avoir acquis une connotation négative. Il est notamment employé par des opposants au déploiement du solaire ou de l’éolien qui présentent cette intermittence comme un défaut majeur de ces énergies. Un défaut qui met en danger le réseau électrique et qui contraint à conserver en état de fonctionnement, des moyens de production « non intermittents ». Des moyens dits « de base » comme les centrales à gaz — qui émettent du dioxyde de carbone (CO2) — ou les centrales nucléaires.

Les partisans des renouvelables, notamment, préfèrent désormais qualifier le solaire et l’éolien d’énergies variables. Pour mieux rendre compte de la réalité, disent-ils. Parce que, selon eux, il est plus juste de dire que la production éolienne « change avec le temps » que de dire qu’elle « est coupée » d’interruptions.

Il est vrai que le terme « intermittent » peut renvoyer à l’image d’un moyen de production qui serait actionné par un interrupteur. Qui produirait donc soit à 100 %, soit à 0 %. Or, ce n’est pas tout à fait le cas. Une éolienne, par exemple, s’arrête rarement de tourner d’un coup d’un seul. Sa production peut tout à fait tomber à zéro, mais elle varie aussi au fil des heures en fonction de la vitesse du vent. Et la variabilité ne doit pas nécessairement s’envisager à l’échelle d’une seule éolienne. Mais au moins à celle d’un parc dans son ensemble, voire d’un pays ou d’un continent tout entier. Il devient alors d’autant plus rare que la production ne devienne réellement nulle. Surtout lorsque la région considérée présente une géographie variée qui favorise des régimes de vent différents. C’est toutefois un peu moins vrai pour les panneaux photovoltaïques qui ne produisent effectivement pas du tout pendant la nuit.

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De l’intermittence choisie à l’intermittence subie

Des chercheurs français ont tenté une définition. Ils confirment que la « variabilité » caractérise les fluctuations d’une source d’énergie. Mais ils précisent qu’elle ne présage en rien de leur rapidité ou de leur amplitude. C’est le terme « intermittence » qui apporte ce détail. Il permet, selon eux, en effet, de qualifier des fluctuations rapides et de grande amplitude. Et une puissance fournie par la source qui peut devenir nulle.

Leurs travaux sont aussi l’occasion d’introduire deux autres concepts, celui d’intermittence subie et celui d’intermittence choisie. La première forme d’intermittence, on le comprend assez facilement, s’applique plutôt aux énergies renouvelables que sont le solaire et l’éolien. Parce que leurs variations de production dans le temps dépendent de la météo ou de l’heure de la journée. La seconde forme d’intermittence peut, quant à elle, décrire la situation d’un moyen de production thermique. Une centrale à gaz que l’on éteint ou que l’on rallume en quelques heures, en fonction des besoins du réseau et des consommateurs, par exemple. Notez que les centrales thermiques peuvent aussi être le fait d’une part d’intermittence subie. Lorsqu’une panne survient notamment. La production peut alors chuter rapidement en peu de temps.

La variabilité des énergies solaire et éolienne pose-t-elle problème ?

Vous l’aurez compris, la véritable difficulté, c’est de réussir à faire avec l’intermittence subie. Mais des solutions existent. Il y a d’abord celui que les spécialistes appellent l’effet de foisonnement. Celui qui permet d’atténuer les variations de production en multipliant des sources éloignées dans l’espace. La complémentarité des sources aide également à limiter les fluctuations. Ainsi le solaire produit beaucoup en été. L’éolien, lui, produit plus en automne et au printemps. Enfin, il faut signaler que les prévisions météorologiques se sont améliorées depuis quelques années. Elles facilitent les opérations des gestionnaires du réseau électrique. Même si le changement climatique pourrait venir rendre les prévisions moins fiables à l’avenir. La fumée émise par des feux de forêt pourrait ainsi provoquer une division par deux de la production solaire dans une région. Et ce, de manière très peu prévisible. Même lorsque la qualité de l’air semble correcte.

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La technologie peut aussi aider à gérer l’intermittence et la variabilité des énergies éolienne et solaire. En la matière, les systèmes de stockage jouent un rôle essentiel. Ils stockent l’excédent d’électricité qui peut être produit en période de pointe pour le restituer lorsque la production baisse ou lorsque la demande augmente. Les réseaux intelligents ont, eux aussi, leur rôle à jouer. En aidant à piloter au mieux les productions et les consommations.

Pour certains, tout cela restera insuffisant. Mais la question reste ouverte. L’Académie des sciences, par exemple, conclut, dans un rapport de 2022, que l’intermittence des énergies solaire et éolienne impose de disposer aussi, dans le mix d’un pays, de ressources pilotables — qui peuvent produire ou s’effacer au besoin — et bas-carbone. D’autres études montrent qu’en déployant des batteries à grande échelle, les énergies renouvelables intermittentes pourraient répondre à plus de 80 % de la demande des États-Unis.

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Béton biodynamique, géobiologie, incantations : des parcs éoliens victimes d’arnaques ésotériques ?

L’affaire fait grand bruit depuis quelques jours. Des préfectures auraient ouvert la porte des parcs éoliens à des pratiques ésotériques douteuses, dans le cadre des autorisations environnementales indispensables au lancement des projets.

« L’affaire de la géobiologie ». Tout le monde, maintenant, en a entendu parler. Dans une vidéo postée au début de ce mois d’octobre 2024, le youtubeur d’investigation G Milgram révélait ce qu’il considère comme « une arnaque ésotérique soutenue par l’État ». Pour ceux qui ne connaissent pas ce vidéaste, précisons qu’il teste parfois la capacité des médias à vérifier, avant de les reprendre, les informations jetées sur les réseaux sociaux. Mais cette fois, l’information est belle et bien vraie.

Selon ses recherches, des préfectures imposent l’intervention de géobiologues avant de valider des projets de parcs éoliens. Et c’est un problème. « Parce que la géobiologie, c’est clairement une pseudoscience », affirme Wiktor Stoczkowski, anthropologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Comprenez, une doctrine qui se présente comme une discipline scientifique fondée sur des études et disposant de données factuelles et de preuves. Un jargon qui fait plus vrai que nature — des « cheminées telluriques » aux « champs de torsion » en passant par les « homéostasies perturbées » —, des études mystérieuses, des chercheurs fantômes. Dans la géobiologie, tout y est.

Mais finalement, la géobiologie, c’est quoi ? « Une pratique de “haut niveau” », selon l’École française de géobiologie. Une école, il est peut-être utile de le souligner, non reconnue par l’État. Pour la Chambre d’agriculture de la Creuse, c’est une « étude qui s’intéresse à l’influence du sol et du sous-sol, mais aussi des pollutions modernes comme les courants électriques. » Et nous y voilà.

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Le retour en force de la magie

« Autrefois, on appelait ça… de la magie ! Cette idée selon laquelle tout autour de nous — les humains ou les animaux, les êtres vivants ou les objets inanimés — est relié par des réseaux d’influence invisibles. Des ondes, des courants, des fluides. Peu importe le nom qu’on leur donne, l’idée est la même. Et donc tout l’art de la magie, c’était de manipuler ces influences occultes pour les rendre sympathiques ou antipathiques. Pour guérir ou pour ensorceler. C’est bien la même idée que l’on retrouve dans la géobiologie. Des courants d’eau souterrains, des réseaux telluriques, des failles géologiques sont censées avoir une influence sur les organismes vivants. Une influence bénéfique ou maléfique », décrypte pour nous Wiktor Stoczkowski qui est également l’auteur de « À la recherche d’une autre Genèse. L’anthropologie de l’“irrationnel” » (La Découverte, 2022).

Mais comment cette forme de magie du XXIe siècle a-t-elle pu se faire une place au cœur même des protocoles d’autorisation de projets éoliens ? « Le public est généralement plus réceptif lorsqu’il se trouve dans une situation nouvelle, perçue comme angoissante », nous signale l’anthropologue de l’EHESS. Et pour certains, l’installation massive d’éoliennes dans leur environnement, ces géantes de béton, d’acier et de plastique, est pour le moins angoissante. Ils ont entendu dire que des vaches tombent malades lorsqu’elles sont installées dans leur pré. Alors ils s’inquiètent. « Les chambres d’agriculture réagissent. Les préfectures s’en mêlent. L’État, même, intervient. Or, l’administration française est à l’image de l’ensemble de la société. Beaucoup de gens croient à des théories pseudoscientifiques. Dans le corps préfectoral ou dans les Chambres d’agriculture, on trouve des gens convaincus qu’il existe des influences invisibles que l’on peut gérer en faisant appel à des gens qui se présentent comme des spécialistes de la question, des géobiologues. »

« Informer le béton pour qu’il renoue avec la vie »

À coups de baguette magique… ou plutôt d’une « antenne de Lecher » qu’il faut choisir de bonne qualité et apprendre à manipuler avec précaution, le géobiologue peut rassurer, ou parfois inquiéter, le public. Son antenne indiquerait la meilleure orientation pour les éoliennes, par exemple. Pour éviter les résonances avec le vivant, annoncent-ils. Et pour mieux faire encore, le géobiologue dit pouvoir « informer » le béton des fondations en l’éclaboussant d’une mystérieuse potion bleue préparée en lisant la Bible appelée Pneumatit. Une potion diluée à l’infini, rappelant le principe de l’homéopathie. Que tout le monde soit rassuré, la fameuse Pneumatit, une marque déposée par ailleurs, est là pour aider le béton, ainsi devenu biodynamique, à « renouer avec les processus de la vie ». Des milliers de mètres cubes ont ainsi déjà été traités en France. Et la facture est salée, cette eau colorée en bleu étant vendue 22,5 € les 125 ml, ce qui permettrait de « traiter » 1 m³ de béton. Plus de 11 000 € seraient ainsi nécessaires pour traiter les 500 m³ de béton d’une fondation d’éolienne.

Mais la paix est revenue. L’administration est satisfaite. L’ordre des architectes s’y met. Alors, de plus en plus, des questions se posent. Des rapports recommandent de reconnaître enfin le métier. Des rapports rédigés par… des géobiologues. « L’entrisme et le lobbying favorisent le développement de ces pratiques pseudoscientifiques. L’ennui, c’est qu’au milieu de tout ça, il y a des agriculteurs qui ne savent toujours pas pourquoi leurs vaches tombent malades. Il fut un temps, on leur aurait répondu qu’une sorcière leur avait jeté un sort. Mais pour savoir ce qu’il en est, il faut mener des études scientifiques : d’abord constater les faits, ensuite chercher une explication vérifiable. Une fois que le vrai problème sera identifié, nous pourrons lui chercher une solution. Toutefois, une chose est d’ores et déjà certaine, ce n’est pas la géobiologie qui apportera la réponse », affirme Wiktor Stoczkowski.

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Combien d’argent public pour les sorciers ?

« Au-delà de ça, le fait que l’on destine de l’argent public — parce que les projets éoliens sont encore très largement subventionnés, NDLR — à financer une pseudoscience, c’est très préoccupant. Mais au fond, c’est dans la veine de ce que nous avons vécu pendant la crise du Covid. Un imposteur à Marseille affirme avoir trouvé un remède miracle à cette maladie qui fait peur au monde entier et sans plus y réfléchir, notre président de la République lui apporte la caution de son autorité en allant lui serrer la main. Si l’État et l’administration donnent leur caution à tous les escrocs qui promettent la lune… », commente le chercheur.

Alors que faire ? « Seule une éducation de qualité peut prémunir les gens de l’adhésion à ce genre d’idées magiques. Malheureusement, le système éducatif en France, autrefois l’un des meilleurs au monde, est désormais très dégradé. C’est d’autant plus préoccupant que la géobiologie n’est que le sommet émergé de l’iceberg. Les phénomènes similaires sont légion. Et d’ailleurs souvent liés. Il y a la biodynamie, les écoles Steiner-Waldorf, les mouvements antivax. Tout cela est très préoccupant. »

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La puissance solaire installée dans le monde va exploser, mais cela ne suffira pas

Dans le monde, il y a de plus en plus de capacités de production d’électricité solaire. Bientôt suffisamment pour répondre à la hausse de la demande. Mais pour rester dans les limites de l’accord de Paris sur le climat, nous aurons besoin d’autres sources bas-carbone et d’un déploiement encore plus rapide.

Il y a eu l’âge de pierre et puis l’âge du bronze. L’âge du fer, ensuite. Désormais, les experts de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estiment que nous sommes entrés dans celui qu’ils appellent l’âge de l’électricité. Ils détaillent, dans le dernier World Energy Outlook (WEO), comment ils en sont arrivés à cette conclusion.

D’abord, parce que la demande en électricité explose. Selon l’AIE, chaque année, c’est « l’équivalent de la consommation d’électricité des dix plus grandes villes de la planète qui s’ajoute à la demande mondiale ». Résultat, la demande en électricité devrait augmenter 6 fois plus rapidement que la demande en énergie en général d’ici 2035. Pour comparaison, elle n’a augmenté que 2 fois plus vite depuis 2010. Et l’AIE estime qu’elle augmentera déjà de 1 700 térawattheures (TWh) d’ici 2030. C’est 5 % de plus que l’estimation du World Energy Outlook de l’année dernière. Le résultat, notamment, de l’adoption plus rapide que prévu des véhicules électriques et d’une activité industrielle fortement mobilisée pour la fabrication… de technologies propres.

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De plus en plus d’électricité solaire

La nouvelle est seulement bonne — pour notre climat en tout cas — si ce surplus d’électricité peut être produit à partir de sources bas-carbone. Et l’AIE note qu’il y a désormais 40 fois plus de puissance solaire installée dans le monde qu’en 2010 et 6 fois plus d’éolien. En 2023, une capacité record de ces renouvelables a même été installée : 560 gigawatts (GW). Cependant, cela restait, jusqu’ici, insuffisant pour répondre à la demande croissante en électricité. Alors que les énergies fossiles ont continué de progresser, elles aussi. Mais, leurs jours semblent désormais comptés.

Notamment grâce à l’essor de l’électricité solaire – désormais généralement moins chère que ses cousines fossiles. Les données de l’AIE montrent en effet que le photovoltaïque devrait être multiplié par 4 d’ici 2030. Et encore par 9 à l’horizon 2050. Les productions solaires dépasseront ainsi le nucléaire, l’hydraulique et l’éolien dès 2026, le gaz en 2031, et enfin le charbon d’ici 2033. Le photovoltaïque sera alors la première source d’électricité au monde. Il contribuera ainsi pour une part significative au recul de la production au charbon. L’AIE estime d’ailleurs que celle-ci reculera de 13 % d’ici 2030 et de 34 % d’ici 2035.

Peut-être plus intéressants encore, les chiffres présentés par les experts. En 2050, ils voient la capacité solaire passer à 16 000 GW. Soit 10 fois plus qu’en 2023. Ce n’est pas moins de 30 % de plus que ce qui était annoncé… l’année dernière seulement.

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Diversifier les sources bas-carbone

Le rapport souligne malgré tout la nécessité de « disposer d’un large éventail de sources d’énergie bas carbone ». Comprenez du solaire et de l’éolien, mais aussi de l’hydraulique, des bioénergies et du nucléaire. Le regain d’intérêt pour ce dernier devrait d’ailleurs permettre aux sources bas-carbone de produire plus de la moitié de l’électricité mondiale d’ici 2030. Le rapport insiste aussi sur la nécessité d’investir également dans les réseaux électriques et les capacités de stockage.

Ainsi, l’électricité pourrait compter pour 24 % de l’énergie consommée dès 2030 et pour 32 % dès 2050. C’est 50 % de plus qu’aujourd’hui. La Chine, championne du monde de l’installation de capacités renouvelables, consomme déjà 26 % de son énergie sous forme d’électricité et elle pourrait atteindre les 45 % en 2050.

Résultat, le charbon, le pétrole et le gaz devraient bientôt atteindre leur pic d’utilisation. Dès 2025 pour le premier, mais en tout cas avant 2030 pour les deux autres. L’explosion des achats de voitures électriques en Chine, par exemple, ralentit d’ores et déjà la croissance de la demande en pétrole dans le monde. D’ici 2030, ce sont 6 millions de barils de pétrole qui devraient ainsi être remplacés chaque jour. Le WEO 2023 misait encore seulement sur 4 millions.

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Aller plus vite pour respecter l’accord de Paris sur le climat

Tout cela ne semble toutefois pas encore suffisant pour nous ramener sur une trajectoire de réchauffement climatique « bien en dessous » des 2 °C évoquée par l’accord de Paris sur le climat. Même si nos émissions de dioxyde de carbone (CO2) devraient, elles aussi, enfin atteindre bientôt un pic. Possiblement dès 2025. L’AIE entrevoit une réduction de 4 % de nos émissions d’ici 2030. Alors que pour être en ligne avec l’objectif de l’accord de Paris, elles devraient reculer, à la même échéance, de… 33 % !

Ainsi notre monde a-t-il « la nécessité d’aller beaucoup plus vite » en matière d’énergie solaire, d’énergie éolienne, de nucléaire, de véhicules électriques, de pompes à chaleur, d’hydrogène bas-carbone et de captage et de stockage du carbone. Mais les experts de l’AIE l’assurent, « nous avons la capacité de le faire ».

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Les panneaux solaires en toiture auraient un impact sur la température des villes

Les panneaux solaires installés en toiture sont un atout pour la transition énergétique. Sauf s’ils se mettent à faire grimper les températures de nos villes. Mais les scientifiques ont déjà des solutions pour l’éviter.

Les études scientifiques visant à comprendre les effets des panneaux photovoltaïques sur la température du sol se multiplient. Elles doivent encore être améliorées pour donner des résultats fiables. Car elles sont importantes pour évaluer le véritable impact sur l’environnement des installations solaires. Et prendre les mesures qui s’imposent pour le limiter.

Le photovoltaïque de toiture fait grimper les températures de nos villes

Aujourd’hui, des chercheurs de l’université de Calcutta (Inde) et de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) publient de nouveaux résultats en la matière. Les chercheurs se sont intéressés à l’effet sur la température de nos villes de l’installation de panneaux solaires en toiture. Leur modélisation montre d’une part que, dans un scénario de couverture complète, la température urbaine pourrait augmenter pendant la journée jusqu’à 1,5 °C pendant les périodes les plus chaudes de l’été. Et d’autre part, qu’elle pourrait diminuer jusqu’à 0,6 °C pendant la nuit.

Les chercheurs ont travaillé sur 5 grandes villes : Calcutta (Inde), Sydney (Australie), Austin (États-Unis), Athènes (Grèce) et Bruxelles (Belgique). Et ils ont mis à jour une corrélation linéaire entre l’augmentation de la température et le pourcentage de toits couverts de panneaux photovoltaïques. Un comble, pour une ville comme Sydney notamment, où 40 % de l’électricité photovoltaïque produite sert à alimenter… la climatisation !

Pour expliquer le phénomène, les chercheurs invoquent à la fois le flux d’air et l’albédo plus faible des panneaux photovoltaïques qui ont donc plus tendance à absorber la chaleur. Pendant la nuit, le transfert de chaleur par rayonnement fait que la température de surface des panneaux solaires est inférieure à la température ambiante. L’avantage est de taille dans un contexte de réchauffement climatique anthropique qui promet à nos villes, des nuits étouffantes.

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Des solutions pour éviter une hausse des températures urbaines

Les chercheurs notent que l’effet de l’augmentation de la température pendant la journée peut être en partie compensé par d’autres phénomènes que leur modélisation a révélés. Des vitesses de vent plus élevées et la pénétration des brises marines côtières plus à l’intérieur des terres, par exemple. Ainsi que, cerise sur le gâteau, la dilution des polluants de l’air.

Loin de condamner l’idée d’utiliser les panneaux photovoltaïques comme moyen de transition, les chercheurs proposent plutôt des solutions qui permettent d’atténuer leurs effets négatifs pendant la journée tout en conservant leurs avantages pendant la nuit. Ils parlent notamment de systèmes hybrides qui intègrent des panneaux photovoltaïques et une solution de collecte thermique — des tuyaux placés à l’arrière des panneaux — pour produire de l’eau chaude grâce à l’excès de chaleur tout à faisant baisser la température des panneaux. Autres options : les matériaux hautement réfléchissants qui aideraient à renvoyer la chaleur ou encore la végétalisation des toits. Les deux peuvent en plus augmenter la capacité de production solaire de 6 à 7 %.

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Quand une tornade traverse une centrale solaire, ça donne quoi ?

Les événements météorologiques extrêmes mettent nos installations de production d’énergie à rude épreuve. Le passage de l’ouragan Milton en Floride il y a quelques jours a causé d’importants dégâts sur une centrale solaire.

Dans le contexte de réchauffement climatique, les événements météorologiques extrêmes se multiplient. Ils s’intensifient aussi. Les ingénieurs qui développent des solutions de production d’électricité renouvelable en sont conscients. Les concepteurs d’éoliennes, par exemple, ont d’ores et déjà imaginé des machines qu’ils annoncent capables de résister aux ouragans. Et la nature commence à les mettre à l’épreuve. En plein typhon, une éolienne hors norme — un modèle Goldwind GWH252-16MW — installée au large de la province du Fujian (Chine) a battu un record mondial de production le 1ᵉʳ septembre 2023.

Mais les choses n’ont pas si bien tourné pour la centrale solaire de Lake Placid, en Floride (États-Unis). Il y a quelques jours, elle a été touchée de plein fouet par une tornade qui a accompagné l’ouragan Milton. Celui-ci a fait au moins 10 morts dans l’est des États-Unis. Et une vidéo publiée par le propriétaire du site, Duke Energy, et largement partagée sur les réseaux sociaux, montre l’étendue des dégâts. Une bande complète de panneaux solaires réduits à l’état de débris métalliques.

Après le passage de la tornade, il ne reste que des débris de panneaux solaires

Rappelons que la centrale solaire a été mise en service en 2019. Pas moins de 180 000 modules photovoltaïques pour une puissance installée de 45 mégawatts (MW) sur plus de 150 hectares. De quoi produire assez d’électricité renouvelable pour alimenter quelque 12 000 foyers américains. Le tout pour un budget de 100 millions de dollars.

Après le passage de Milton, 97 % de la population du comté de Highlands, qui abrite la centrale solaire de Lake Placid, se sont retrouvés privés d’électricité. Des arbres couchés sur les lignes. Des ondes de tempêtes qui inondaient les installations. Les responsables de Duke Energy promettaient de mettre tout en œuvre pour réparer le tout au plus vite. Mais ils reconnaissaient que dans certains cas, il faudrait reconstruire. Sans aucun doute, dans le cas de la centrale solaire.

D’autant qu’au-delà des dégâts immédiatement visibles sur une partie des panneaux photovoltaïques de Lake Placid, des images infrarouges suggèrent que les dommages pourraient être plus importants encore. Sur les panneaux restants, les vents ont pu rompre des colliers, desserrer des boulons ou briser des rayonnages. Pour les concepteurs, il reste du travail à accomplir pour renforcer à la fois la résistance des panneaux photovoltaïques et celle des structures qui les supportent.

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Une éolienne de 26 MW : les chinois en roue libre dans la course aux méga turbines

Dans le monde de l’éolien, la tendance est clairement au gigantisme. Et la Chine vient de présenter une nouvelle machine aux dimensions folles. Une éolienne offshore de 310 mètres de diamètre pour une puissance de 26 mégawatts.

Lorsqu’il est question des plus grandes éoliennes au monde, les regards ont tendance à se tourner vers la Chine. Il y a quelques mois, une turbine de quelque 250 mètres de diamètre — une Goldwind GWH252-16MW — plantée au large de la province du Fujian produisait ainsi un record de plus de 384 mégawattheures (MWh) en un seul jour. En plein typhon. Pour comparaison, le diamètre des plus grandes éoliennes de France est de l’ordre de 160 mètres « seulement ». Des éoliennes Vestas d’une puissance de 5,6 MW. Les éoliennes en mer du parc de Saint-Nazaire affichent une puissance de 6 MW pour un diamètre d’environ 150 mètres.

À la fin de l’été dernier, le fabricant chinois d’éoliennes Mingyang Smart Energy avait encore surenchéri avec sa MySE 18.X-20 MW installée au large de la province du Hainan. Conçue, elle aussi, pour résister aux typhons, elle présente un diamètre de plus de 260 mètres. Objectif : produire à elle seule 80 gigawattheures (GWh) d’électricité renouvelable par an.

Les générateurs éoliens de 26 MW développés par Dongfeng / Image : Dongfeng.

Une éolienne de 310 mètres de diamètre pour une puissance de 26 mégawatts

Aujourd’hui, nouveau record. Une éolienne offshore de 26 MW a été dévoilée dans une usine de la province du Fujian, à l’est du pays. Elle culmine à pas moins de 185 mètres. C’est l’équivalent d’un immeuble… de 63 étages ! Et le diamètre de son rotor est tout simplement énorme. Plus de 310 mètres. Le tout entièrement conçu et fabriqué en Chine par Dongfang Electric Corporation.

Cette nouvelle éolienne la plus grande du monde est destinée à des zones à vents moyens à forts. De 8 mètres par seconde (m/s) et plus. Elle aussi est présentée comme résistante aux typhons et à la corrosion. Ainsi, une seule de ces machines, si elle est poussée par des vents de 10 m/s en moyenne, peut produire 100 GWh d’électricité verte par an. De quoi alimenter quelque 55 000 foyers. Ce qui pourrait éviter au pays de brûler 30 000 tonnes de charbon. Éviter aussi les émissions de 80 000 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) qui vont avec.

Et utilisée dans un parc éolien offshore — à la place d’éoliennes bientôt classiques de 18 MW —, elle permet de réduire le nombre de turbines nécessaires de 30 % et le coût par kilowattheure de plus de 10 %, affirme Dongfang Electric Corporation. Reste désormais à implanter cette gigantesque turbine quelque part au large des côtes chinoises alors que le pays considère l’éolien offshore comme un élément essentiel pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.

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L’électricité sera-t-elle vraiment plus taxée que le gaz et le fioul ?

Le projet de loi de finances pour 2025 a été présenté ce jeudi 10 octobre. Il confirme que la taxe sur l’électricité va être augmentée. Mais à quel point ?

Le bouclier tarifaire décidé par le Gouvernement en 2022 avait pour objectif de limiter la hausse du tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE) dans un contexte de marché en tension. Comment ? En faisant dégringoler la « taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité » (TICFE). Elle avait ainsi été réduite, pour les ménages, de 32 à seulement 1 euro du mégawattheure (€/MWh). Alors, lorsqu’en février dernier, la décision a été prise de mettre un terme au bouclier tarifaire, la décision a aussi été prise de revenir à la valeur de 2022 de la taxe sur l’électricité. Dans un premier temps, elle est repassée à 21 €/MWh. Et l’objectif était de la rehausser à 32 €/MWh en février prochain.

Pour aider à combler le déficit et profitant de la baisse annoncée du prix du kilowattheure pour maintenir une baisse des factures autour de 9 %, le Gouvernement annonce désormais son souhait de la faire grimper un peu plus. À un montant qui n’a pas été précisé à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2025 ce jeudi 10 octobre.

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Une hausse annoncée de la taxe sur l’électricité

Pour mieux comprendre, rappelons qu’en France, le prix que les particuliers paient pour l’électricité qu’ils consomment se découpe en trois parties. Une part liée au coût de l’acheminement de cette électricité, fixée par le Tarif d’Utilisation des Réseaux publics d’électricité (TURPE). Une autre part se rapportant au coût d’approvisionnement. Une dernière part de fiscalité. Elle est, elle-même, découpée en trois. Il y a d’abord la Contribution tarifaire d’acheminement (CTA) en lien avec le TURPE. Puis une TVA qui s’applique sur l’abonnement et sur la quantité d’énergie consommée. Et enfin, la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité qui fait tant parler d’elle depuis quelques jours. Les experts parlent aussi d’accise sur l’électricité, car elle est versée au budget général de l’État.

Notons que le gaz fossile est également soumis à la CTA et à la TVA. Dans des ordres de grandeur semblable à l’électricité. La différence se fait du côté de la taxe intérieure sur la consommation (TICGN). En 2023 — et depuis 2018 —, elle était, pour le gaz fossile, de l’ordre de 8 €/MWh. Soit plus que la taxe sur l’électricité sous bouclier tarifaire. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, elle était passée à environ 16 €/MWh. La TICFE était ainsi redevenue plus lourde. Pour l’heure, le projet de loi de finances pour 2025 ne précise pas ce qu’il en sera de la TICGN au-delà du 1ᵉʳ février prochain. Il ne précise pas non plus à quoi il faut s’attendre pour la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques qui touche le fioul domestique. En 2024, celle-ci s’élevait à 15,6 €/MWh. Elle était donc, elle aussi, inférieure à la taxe sur l’électricité. Ce que le projet de loi de finances pour 2025 annonce, c’est une « hausse des accises sur l’énergie » qui devrait rapporter 3 milliards d’euros à l’État. Ainsi, on pourrait imaginer que les taxes sur le gaz fossile et sur le fioul augmentent, elles aussi, en février 2025. Mais de là à rattraper ou dépasser celle sur l’électricité…

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Les conséquences d’une électricité lourdement taxée

Tout cela fait grincer des dents. Car rappelons-le, pour atteindre nos objectifs climatiques, nous devons nous orienter le plus possible vers des énergies bas-carbone. Or notre électricité est aujourd’hui déjà largement décarbonée. Et lorsqu’elle est en concurrence avec le gaz fossile ou le fioul, son prix reste incitatif… ou dissuasif. La fiscalité appliquée aux différentes énergies peut donc jouer un rôle. Elle devrait, au moins, porter un message politique clair.

Au-delà de la question de la transition énergétique se pose celle de la balance commerciale de notre pays. Car acheter des énergies fossiles dont nous ne disposons pas sur notre sol coûte cher. Plus cher que de vendre de l’électricité bas-carbone produite en France. Se pose aussi celle du réel impact sur les finances de l’État. Car développer les énergies renouvelables, tout comme le nucléaire, dans un contexte où les usages de l’électricité ne sont pas encouragés, risque d’alourdir la facture.

Notons enfin que le projet de loi de finances pour 2025 évoque tout de même un « verdissement de la fiscalité » par le biais de « mesures par amendement » concernant les énergies fossiles — et les prix des billets d’avion — ainsi qu’une « fiscalité environnementale » qui fera passer la TVA sur les chaudières à gaz de 5,5 à 20 %. Dans un domaine un peu différent, le malus automobile va être durci, rendant les voitures thermiques plus chères. Mais en parallèle, l’enveloppe réservée au bonus écologique pour l’achat d’un véhicule plus performant sur le plan environnemental sera réduite…

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Et si le gaz naturel liquéfié était pire que le charbon ?

Du point de vue du climat, mieux vaut consommer du gaz fossile que du charbon. Oui. Mais peut-on en dire autant du gaz naturel conditionné sous forme liquide, le GNL ? Des chercheurs ont fait les calculs. Et ils sont catégoriques. Les émissions du GNL produit aux États-Unis sont pires que celles du charbon.

Rappelez-vous, février 2022. La Russie se lançait dans une guerre en Ukraine. L’Europe, alors, avait craint pour son approvisionnement en gaz fossile. Et très rapidement, elle avait fait le choix de privilégier le gaz naturel — mais tout aussi fossile que l’autre — liquéfié (GNL). Lui aussi est importé. Non plus par gazoducs, mais par bateau. Toujours de Russie, pour une part non négligeable d’environ 15 % aujourd’hui, mais surtout, des États-Unis pour près de 50 % du volume.

Les pays d’Europe ont alors beaucoup investi pour augmenter leurs capacités d’importation de GNL. Ils ont planifié la construction de nouveaux terminaux méthaniers à coups de milliards d’euros. La France, par exemple, s’est dotée d’un cinquième terminal méthanier, un terminal flottant, installé au Havre. Pourtant, dans le même temps, la consommation de gaz fossile dans notre pays n’a cessé… de diminuer. Durant l’été 2023, elle a même atteint son niveau le plus bas depuis 10 ans. Et c’est plutôt heureux puisque notre pays compte toujours atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

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Du gaz de schiste derrière notre GNL

Or, le gaz naturel liquéfié importé des États-Unis n’a vraiment rien de neutre en carbone. D’abord, parce qu’il provient essentiellement de gaz de schiste. Son exploitation émet 2 à 3 fois plus de gaz à effet de serre que celle du gaz fossile conventionnel. Elle nécessite en effet plus d’énergie et expose à plus de risques de fuites de méthane.

Mais ce n’est pas tout, assurent aujourd’hui des chercheurs de l’université Cornell (États-Unis). Pour nous aider à prendre des décisions éclairées en matière de climat, ils ont voulu quantifier les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de GNL aux États-Unis. Leur conclusion est sans appel. « Le gaz fossile et le gaz de schiste sont tous deux mauvais pour le climat. Le gaz naturel liquéfié est pire. » En cause, le fait, comme mentionné plus haut, que le GNL américain est avant tout issu d’un gaz de schiste dont la production et le transport émettent des quantités substantielles de gaz à effet de serre. Mais aussi, les émissions libérées par la liquéfaction de ce gaz puis son transport, généralement sur de très longues distances. Le tout compte finalement pour la moitié de l’empreinte carbone du GNL.

Ainsi, non seulement, le gaz naturel liquéfié est pire que le gaz fossile — et même que le gaz de schiste, d’un point de vue climat, en tout cas —, mais il est également pire, en termes de potentiel de réchauffement, que le charbon. Largement lorsque l’on analyse les chiffres sur 20 ans. L’empreinte carbone du GNL est alors 33 % plus importante que celle du charbon ! Sur 100 ans, les potentiels de réchauffement des deux combustibles fossiles se rejoignent.

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GNL, méthane et pouvoir réchauffant

Pourquoi ? Parce que le pouvoir réchauffant du méthane est 80 fois plus important que celui du dioxyde de carbone (CO2). Or, du méthane, il s’en échappe dans notre atmosphère à presque toutes les étapes du processus d’exploitation du gaz naturel liquéfié. Dès la production jusqu’à la distribution en passant par le transport. C’est un fait bien établi. Mais aussi, lors de la phase de liquéfaction de ce gaz. Parce que pour apporter le gaz fossile qui arrive à l’usine à -160 °C, il faut en consommer environ 10 %. Selon les chercheurs de l’université Cornell, l’étape compte ainsi pour près de 9 % du pouvoir réchauffant du GNL.

Et puis, il y a l’étape de stockage et de transport. Les méthaniers modernes utilisent une part du GNL qu’ils transportent pour leur alimentation. Ils sont énergétiquement plus efficaces que les anciens méthaniers à vapeur. Mais lorsqu’ils brûlent du gaz naturel liquéfié, ils laissent s’échapper un méthane plus dommageable pour le climat — surtout à court terme — que le CO2. Selon les méthaniers, la part du transport dans le pouvoir réchauffant du GNL varie de 4 à 8 %. S’ajoute à cela quelques fuites difficiles à éviter.

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Le GNL en perte de vitesse ?

La relative bonne nouvelle vient d’une analyse du think tank Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). Au premier semestre 2024, les importations européennes de GNL ont en effet diminué par rapport à l’année précédente. De plus de 10 % pour les seuls pays de l’Union. Selon les experts, notre vieux continent aurait ainsi déjà passé son pic de consommation de gaz naturel liquéfié. D’ici 2030, la demande en GNL pourrait tomber sous la barre des 100 milliards de mètres cubes — contre entre 150 milliards en 2024 —. Avec pour conséquence, toutefois, le risque que les capacités de nos terminaux méthaniers deviennent largement trop importantes. Déjà, en 2024, leur taux d’utilisation moyen n’a pas atteint les 50 %.

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Prendre l’avion au départ de la France bientôt hors de prix pour la bonne cause ?

Tous les vols au départ de notre France sont soumis à la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Pendant près de 20 ans, elle est restée légère. Mais le Gouvernement envisage de nouvelles modalités qui pourraient faire exploser les prix des billets.

La taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA). Vous connaissez ? Elle a été instaurée en France en 2006. Elle était alors de l’équivalent de 1 € sur les vols vers la France — et les pays européens — et de 4 € sur les autres vols. Pour un billet en classe économique. La taxe était 10 fois plus élevée pour la classe affaires et la première classe. Objectif : alimenter le Fonds de solidarité pour le développement et participer ainsi notamment à la lutte contre les trois grands fléaux que sont le sida, la tuberculose et le paludisme.

En 2020, la taxe de solidarité sur les billets d’avion avait été majorée par une écocontribution, destinée, elle, à financer des travaux sur le réseau ferré. Elle était alors passée à respectivement près de 3 € et quelque 7,5 €. Puis la Convention citoyenne pour le climat avait proposé de l’augmenter un peu plus encore. Pour rendre les prix des billets d’avion plus dissuasifs. La proposition n’avait pas été retenue.

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Vers une augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion

Aujourd’hui, c’est, semble-t-il, pour une tout autre raison que l’idée d’augmenter la taxe de solidarité sur les billets d’avion est remise sur la table. Avec l’espoir de réduire le déficit public d’environ 1 milliard d’euros. Ce qui correspondrait à une multiplication de la TSBA par trois — une partie de la taxe devant rester réservée à financer la solidarité. Il se murmure, par exemple, que d’environ 60 € pour un vol de plus de 5 000 km en classe affaires, elle passerait à 200 €. Les jets privés pourraient même être taxés à hauteur de 3 000 €. Rappelons qu’en 2024, la taxe de solidarité sur les billets d’avion avait rapporté quelque 460 millions d’euros.

Avant même confirmation, les industriels, aussi bien français qu’européens, estiment que la mesure pourrait nuire gravement à la compétitivité du secteur. Les compagnies aériennes, quant à elles, préviennent qu’elles pourraient ne pas avoir d’autre option que de répercuter cette hausse de la TSBA sur les prix des billets. Ce qui ne serait pas pour déplaire aux organisations environnementales. De leur côté, elles réclament depuis longtemps qu’une taxe puisse aider à ralentir le trafic aérien.

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Quels effets sur le climat ?

Dans un rapport publié récemment, le Réseau Action Climat France estime ainsi qu’une augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion — qu’il évalue, lui, à 4 milliards d’euros — serait à la fois « juste et efficace ». Efficace parce qu’elle représenterait une manière de réduire directement les émissions du secteur de 8 %. Juste parce qu’elle ferait peser le poids de cette réduction sur les plus aisés. Car ce sont bien les CSP+ urbains qui prennent le plus souvent l’avion pour des voyages lointains. Contrairement à d’autres formes de taxes carbone — comme celle sur les carburants —, celle-ci concernerait donc surtout les hauts revenus. Ceux qui contribuent le plus au réchauffement climatique par leurs modes de transport. Pour savoir plus exactement de quelle manière, il faudra attendre la présentation du budget 2025 prévue ce jeudi 10 octobre.

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Sortie du charbon : comment le Royaume-Uni y est arrivé avant tout le monde ?

La dernière centrale électrique au charbon du Royaume-Uni vient de fermer ses portes. Le plus polluant des modes de production d’électricité y est donc définitivement enterré. Pour réussir ce tour de force, cette puissance économique a su saisir toutes les mains tendues du destin.

La Révolution industrielle du XVIIIe siècle est née au Royaume-Uni. À partir de machines à vapeur qui se nourrissaient des ressources en charbon dont disposait alors le pays. Des ressources massives que ces machines, justement, permettaient d’aller chercher toujours plus en profondeur. À partir de 1770, l’exploitation du charbon a connu une croissance exponentielle. Elle s’est poursuivie jusqu’à un pic de 300 millions de tonnes de charbon extrait du sous-sol britannique en 1913. Le charbon était alors bon à presque tout. À partir de 1830, par exemple, il a aidé à soutenir le développement des chemins de fer du Royaume-Uni. Puis, il a commencé à être utilisé pour fabriquer de l’électricité. En 1920, le pays produisait ainsi 4 térawattheures (TWh) d’électricité à partir de charbon. De quoi répondre à 97 % de la demande nationale. Même au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, 90 % de l’électricité produite au Royaume-Uni le restait grâce au charbon. Tout ceci offrant au pays une place de choix au tableau des principaux émetteurs de gaz à effet de serre historique.

Pendant la seconde moitié du XXe siècle, toutefois, les usages autres du charbon hors production d’électricité ont commencé à diminuer. En cause, le déclin du chemin de fer à vapeur, la mondialisation et la désindustrialisation du pays ainsi que la montée en puissance du gaz fossile venu de la mer du Nord.

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La dernière centrale à charbon du Royaume-Uni a baissé le rideau

Et voici aujourd’hui que la toute dernière centrale à charbon du Royaume-Uni vit ses tout derniers instants. Pour la centrale de Ratcliffe-on-Soar, dans le centre de l’Angleterre, la fin de plus d’un demi-siècle de production. Mais pour le Royaume-Uni, une page d’une histoire longue de 142 ans qui se tourne. De quoi faire du pays, la première des économies majeures, le premier des pays du G7 — d’autres comme la Suède ou la Belgique l’ont également déjà fait — à sortir du charbon. Un clin d’œil à l’histoire puisque le Royaume-Uni avait aussi été le premier pays à produire de l’électricité à partir de charbon.

Depuis 1882, le Royaume-Uni a ainsi, selon une analyse de Carbon Brief, brûlé pas moins de 4,6 milliards de tonnes de charbon. Pour une émission colossale estimée à 10,4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2). Rendant ses centrales à charbon, à elles seules, historiquement plus responsables du réchauffement climatique anthropique qu’un pays comme l’Argentine. Et la fermeture de la centrale de Ratcliffe-on-Soar démontre que, même pour un pays qui a été un temps fortement dépendant, sortir du charbon, demeure possible.

Les effets de la combustion du charbon sur la santé

C’est à 1952 que remonte la prise de conscience des dangers du charbon au Royaume-Uni. Ce mois de décembre là, les Londoniens ont allumé des feux de charbon pour se protéger d’un froid qui s’installait sur la ville. Et un anticyclone a emprisonné l’air pollué des fumées au-dessus de la capitale. Le tout se mêlant aux fumées des usines et formant ce qui reste, dans l’histoire, connu sous le nom de « Great smog » — comprenez, « Grand brouillard ». Selon le Met Office, le service national de météorologie britannique, il a duré 4 jours. Pendant lesquels la population a littéralement étouffé sous jusqu’à 200 mètres d’épaisseur de pollution. Les hospitalisations ont bondi et 4 000 morts lui ont été imputées. En réponse, 4 ans plus tard, le Parlement adoptait le Clean Air Act qui fixait des limites aux émissions.

Il a tout de même fallu attendre 1957 pour que la part du charbon dans la production d’électricité du Royaume-Uni passe enfin sous la barre des 90 %. Même si dans le même temps, la capacité de production d’électricité au charbon continuait de grimper. Jusqu’à 57,5 gigawatts en 1974. La production en elle-même a atteint son pic en 1980 avec 212 TWh. Et en 1990, le charbon comptait toujours pour 65 % de l’électricité produite au Royaume-Uni.

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Les centrales à charbon responsables de catastrophes environnementales

Ainsi, ni les centrales nucléaires ni les centrales au fioul développées toutes les deux à partir des années 1950 n’avaient réussi à réellement faire décliner le charbon dans le mix électrique du pays. Mais dans les années 1990, un phénomène a provoqué le déclic. Ce phénomène : les pluies acides. Elles étaient alors causées par nos émissions de dioxyde de soufre. Or les centrales à charbon en étaient la principale source. Et les technologies de réduction de ces émissions ont fait grimper les prix. Alors qu’en parallèle, la production d’électricité au gaz fossile apparaissait plus propre — grâce aux turbines à cycle combiné — et devenait moins chère. En une décennie, la part du charbon a été divisée par 2, passant de 65 % en 1990 à 32 % en 2000.

S’en est suivi une phase de stabilisation. Pourtant, au début des années 2000, des objectifs de production d’électricité renouvelable ont commencé à apparaître pour alléger le poids de la production d’électricité nationale sur le changement climatique. Mais il a fallu attendre l’adoption de plusieurs politiques — la mise en place d’un marché du carbone au sein de l’Europe, par exemple, ou encore des contraintes sur la capture et le stockage du CO2 émis — destinées à limiter toujours plus la pollution atmosphérique générée par les centrales de production d’électricité pour qu’une deuxième phase d’élimination du charbon commence. Au moment où le charbon était devenu trop peu compétitif face au gaz fossile, au nucléaire et aux énergies renouvelables. De nouveaux projets nucléaires ont vu le jour. Celui d’Hinkley Point C, notamment. Et les productions renouvelables ont doublé entre 2013 et 2018. Elles ont atteint les 150 TWh en 2024.

Objectif : une électricité zéro carbone d’ici 2030

En parallèle, la consommation d’électricité a diminué au Royaume-Uni dès 2005. Le résultat de mesures d’efficacité énergétique. Mais aussi, de la délocalisation de quelques industries à forte intensité énergétique. En 2015, la part du charbon dans le mix du pays n’était plus que de 22 %. Et l’objectif était fixé de sortir du charbon d’ici 2025. En 2016, le Royaume-Uni a connu sa première heure sans électricité au charbon. Puis sa première journée sans charbon un an plus tard. Sa première semaine sans charbon en 2019. Et un mois entier sans électricité produite à partir de charbon en 2020. En juin dernier, la centrale de Ratcliffe-on-Soar a reçu sa dernière livraison de charbon. Cette centrale, la dernière au charbon du Royaume-Uni, a définitivement éteint la flamme le 30 septembre 2024.

Au fil des décennies, le pétrole, le nucléaire et le gaz fossile ont ainsi chacun joué un rôle dans l’élimination du charbon du mix électrique du Royaume-Uni. Désormais, ce sont les énergies renouvelables qui ont pris le relais. Et notamment la biomasse, dont le recours massif est d’ailleurs très controversé. Leur développement se poursuit et en 2024, elles pourraient avoir assuré environ 50 % de la production d’électricité du pays. Et le National Energy System Operator(NESO) espère qu’en 2025, le réseau fonctionnera au moins une demi-heure sans aucun combustible fossile. Objectif : la décarbonation totale de la production d’électricité dans le pays dès 2030.

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Surproduction éolienne et solaire : pourquoi c’est une aubaine à saisir

Le phénomène devient de plus en plus récurrent. À certains moments de la journée, les éoliennes et panneaux photovoltaïques installés en France produisent trop d’électricité, et doivent être temporairement bridés. Si certains pointent là un défaut de ces sources renouvelables, pour d’autres, il s’agirait d’une incroyable opportunité.

Les enquêtes montrent que les Français sont aujourd’hui favorables au développement des énergies renouvelables. Cela tombe plutôt bien parce que dans notre pays, le solaire et l’éolien continuent de progresser. Selon les données gouvernementales, la production photovoltaïque s’est élevée à 12,1 térawattheures (TWh) au premier semestre 2024. Une hausse de 8 % par rapport à la production sur la même période en 2023. L’éolien, lui, a vu sa production, toujours sur le premier semestre de l’année, augmenter de 3,2 % pour atteindre les 25,5 TWh.

Mais le résultat de ce déploiement du solaire et de l’éolien qui s’accélère — combiné aux mesures de sobriété, choisie ou subie —, c’est que la France connaît de plus en plus de situations de surcapacité. Comprenez que notre pays est, à certains moments, capable de produire plus d’électricité qu’il en consomme. Or, en la matière, pour assurer la sécurité du réseau, il est indispensable de toujours équilibrer production et consommation d’électricité. Alors le gestionnaire est contraint d’écrêter. De plus en plus. Principalement de la production nucléaire et renouvelable, pourtant les plus vertueuses.

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Une surproduction renouvelable comme coup de boost à la transition

Doit-on pour autant mettre un frein au déploiement du photovoltaïque et de l’éolien ? Rien n’est moins sûr. Parce que notre transition énergétique est loin d’être achevée.

Certes, le mix électrique de la France est assez largement décarboné. Mais c’est loin d’être le cas de son mix énergétique. Dans l’énergie que nous consommons, il reste en effet encore beaucoup de pétrole et de gaz. Un poil de charbon aussi. En 2020, 28 % pour le premier, presque 16 % pour le second et 2,5 % pour le dernier. Alors de l’énergie bas-carbone comme l’énergie solaire ou éolienne, nous en avons encore besoin. Selon les chiffres de France renouvelables, l’association porte-parole des énergies renouvelables électriques dans notre pays, pour réussir notre trajectoire de décarbonation pour 2035, nous aurions ainsi besoin de multiplier par 5 la puissance photovoltaïque installée aujourd’hui, par 2 la puissance de l’éolien terrestre et par 12, celle de l’éolien en mer. Le tout pour soutenir l’électrification des usages.

Ainsi, justement, dans cette surproduction solaire et éolienne que la France connaît actuellement, on pourrait déceler le signe d’un décalage entre l’allant donné au déploiement des énergies renouvelables et le manque d’électrification de nos usages. Avec plus de voitures électriques ou encore plus de pompes à chaleur, nous pourrions en effet absorber celle qui, en l’absence d’un parc électrique suffisamment développé, apparaît comme une surproduction. À condition, évidemment, que notre système électrique soit adapté et se montre capable de flexibilité.

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Plus d’éolien et de solaire pour pousser l’électrification des usages

De manière plus optimiste, on pourrait aussi y voir une opportunité de pousser à cette électrification de nos usages dont nous avons besoin pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées — et qui nous coûtent cher, individuellement et collectivement — et, in fine, nos émissions de gaz à effet de serre.

Il est vrai, toutefois, que disposer de suffisamment de moyens de production d’une électricité bas-carbone ne suffira probablement pas à encourager le passage des technologies fossiles aux technologies électriques. Il faudra peut-être y ajouter des taxes plus élevées pour le pétrole et le gaz que pour l’électricité, renouvelable ou nucléaire. Et puis, également, des aides à l’investissement. Pour convaincre les foyers de changer leurs équipements. Le tout en souhaitant que l’Europe développe en parallèle une politique industrielle qui permette de produire toujours plus de ces équipements bas-carbone sur nos territoires.

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Nucléaire : les plus grandes banques mondiales s’engagent à financer la filière

Plusieurs gouvernements se sont récemment engagés à augmenter leur production d’énergie nucléaire. Et aujourd’hui, ce sont les 14 plus grandes banques du monde qui annoncent leur intention de soutenir la filière.

Le Rockefeller Center. Un symbole de New York. Un symbole aussi de l’argent brassé par les géants du pétrole. Mais, alors que la semaine du climat vient tout juste d’être lancée dans la ville « qui ne dort jamais », 14 des plus grandes banques du monde, Bank of America, BNP Paribas, Goldman Sachs, Rothschild & Co, entre autres, s’y sont donné rendez-vous pour présenter un engagement sans précédent pour l’énergie nucléaire.

L’énergie nucléaire, de « mal nécessaire » à « véritable solution »

Jusqu’ici, les banques hésitaient à afficher leur soutien à l’énergie nucléaire. Une énergie jugée « très controversée ». Sûrement trop controversée. Mais l’accord signé par les États-Unis et 24 autres pays à la fin de la COP28, à Dubaï, en décembre 2023, a sans doute aidé à rebattre les cartes. Celui-ci vise en effet un triplement de la production nucléaire mondiale d’ici 2050. Et le tout nouvel investissement des banques dans cette énergie bas-carbone pourrait, selon les experts, la faire passer du statut de « mal nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique » à celui de « solution de choix ». D’autant que les industriels et les entreprises technologiques américaines semblent s’inquiéter de plus en plus de trouver des sources qui répondraient à leurs besoins 24/24 et 7/7. Ce qui n’est pas le cas des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien, en l’absence de système de stockage suffisamment dimensionné.

Il y a quelques mois, Microsoft avait déjà embauché un « directeur des ressources nucléaires ». Et les choses semblent vouloir s’accélérer dans le secteur. Ces derniers jours, Amazon a fait savoir qu’il recrutait un ingénieur nucléaire principal, pour évaluer l’opportunité de répondre à ses demandes croissantes en énergie grâce à des « centrales nucléaires modulaires (SMR) opérationnellement efficaces et sûres ».

Récemment, Microsoft, toujours, a annoncé un accord avec Constellation Energy pour relancer dès 2028 l’unité 1 de la centrale nucléaire de Three Mile Island (Pennsylvanie) mise à l’arrêt en 2019 pour des raisons économiques. Objectif : alimenter ses centres de données. Coût de l’investissement : 1,6 milliard de dollars. La demande d’autorisation officielle pour le redémarrage n’a pas encore été déposée à la Nuclear Regulatory Commission (NRC) qui se dit toutefois d’ores et déjà prête à des discussions.

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Plus de financements, plus facilement pour le nucléaire

Certains observateurs estiment que ce pourrait être là l’un des bénéfices collatéraux du nouvel engagement des plus grandes banques du monde en faveur de la filière nucléaire. Les institutions financières pourraient aussi apporter leur expérience internationale, leurs services et leurs solutions pour soutenir les industriels du nucléaire. De manière plus directe encore, les banques devraient choisir d’augmenter les prêts et le financement de projets, d’organiser des ventes d’obligations ou de présenter les entreprises à des fonds de capital-investissement ou de crédit.

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Pourquoi il n’y aura finalement pas de pipeline à hydrogène entre la Norvège et l’Allemagne

Le projet avait été annoncé en fanfare il y a presque deux ans. Mais les parties prenantes viennent de faire machine arrière.La compagnie pétrolière norvégienne Equinor juge la construction d’un pipeline à hydrogène pour rallier l’Allemagne trop risquée financièrement.

En janvier 2023, les gouvernements norvégien et allemand avaient annoncé leur ambition de construire un pipeline entre leurs deux pays pour convoyer de l’hydrogène du nord vers le sud. Un projet de plusieurs milliards d’euros. Une première mondiale portée par la compagnie pétrolière norvégienne Equinor et l’électricien allemand RWE. Tous les deux viennent d’annoncer leur décision d’abandonner le projet. « Le pipeline à hydrogène ne s’est pas avéré viable. Cela implique que les plans de production d’hydrogène sont également mis de côté », a déclaré un porte-parole d’Equinor.

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Un pipeline et une production d’hydrogène bleu qui tombent à l’eau

Rappelons que le projet comportait plusieurs parties. La construction d’un pipeline, d’abord. Pour un coût de 3 milliards d’euros. Il devait, en premier lieu, servir à transporter du gaz fossile de Norvège en Allemagne. Puis, le pipeline devait servir à envoyer jusqu’à 10 gigawatts (GW) d’hydrogène bleu vers l’Allemagne chaque année. Finalement, l’objectif était d’en arriver à transporter de l’hydrogène vert.

Une autre partie du projet consistait en la mise en œuvre d’une production d’hydrogène bleu du côté de la Norvège. L’hydrogène bleu, c’est celui que l’on peut produire à partir de gaz fossile. Mais pour lequel on est contraint de capter et de stocker les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Des opérations qui coûtent encore très cher aujourd’hui. Et le pétrolier norvégien n’a pas souhaité, « par manque de demande et sans accord à long terme » investir les « dizaines de milliards d’euros » estimés nécessaires à lancer la production dans son pays de cet hydrogène bleu.

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Produire de l’hydrogène bleu en Europe

La partie du projet visant à construire 3 GW de centrales électriques au gaz « hydrogen ready » — comprenez, « prêtes pour l’hydrogène » — en Allemagne d’ici 2030 reste quant à elle d’actualité. L’hydrogène en question n’arrivera toutefois pas de Norvège. Il devra être produit sur le continent européen. Le ministère des Affaires économiques et de l’action climatique allemand assure d’ailleurs qu’il existe déjà un projet visant à convertir le gaz fossile norvégien en hydrogène bleu aux Pays-Bas. Le CO2 capté serait alors renvoyé vers la Norvège pour y être stocké. Problème : il n’existe pour l’heure pas de gazoduc direct entre les deux pays…

Notons pour conclure qu’Equinor s’est engagé dans d’autres projets de ce type. Avec le Royaume-Uni par exemple. Et… les Pays-Bas. Des projets-là se poursuivront-ils ?

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On a testé le calculateur d’empreinte carbone de Jean-Marc Jancovici

Pour agir efficacement sur notre empreinte carbone, encore faut-il savoir lesquelles de nos habitudes nous coûtent le plus cher en émissions de CO2. C’est ce que propose le calculateur MyCO2. Je l’ai testé.

Vous l’avez peut-être vu passer sur les réseaux sociaux. Une nouvelle vidéo de Mcfly et Carlito fait parler d’elle. « Lequel de nous deux pollue le plus ? » Les deux compères se posent la question. Pour arbitre, ils ont choisi le très médiatique polytechnicien Jean-Marc Jancovici. Cela fait désormais presque trois ans que Carbone 4, le cabinet de conseil dont il est le co-fondateur, a développé un calculateur d’empreinte carbone. Un temps, MyCO2 était accessible par le biais de conférences publiques interactives. C’est à cette époque que j’ai testé l’outil. J’ai donc profité d’une introduction aux préoccupations liées au réchauffement climatique, puis d’une phase de diagnostic guidée et enfin, d’une phase au cours de laquelle la possibilité nous était donnée de quantifier l’impact des leviers de réductions de nos émissions actionnables dès maintenant.

Quelques questions pour calculer son empreinte carbone

Aujourd’hui, tout cela est devenu gratuitement accessible à tous en ligne. D’abord, le calcul de l’empreinte carbone personnelle. Comprenez, le calcul de l’ensemble des émissions nécessaires à vivre comme vous vivez. Le questionnaire se remplit en 15 minutes environ. Il est découpé en 5 grands postes : je me déplace, je mange, je me loge, j’achète et dépense publique — poste sur lequel nous n’avons que peu d’impact. La voiture avec laquelle vous vous déplacez. Dans quelles conditions vous vous en servez. Le logement que vous habitez. Vos modes et habitudes de chauffage. Vos préférences en matière d’alimentation. Et jusqu’à vos équipements électroniques, la qualité et la quantité de vos produits ménagers et la taille de votre dressing. Pour ceux qui veulent affiner le résultat, il est même possible de détailler un certain nombre de réponses.

Capture de notre simulation sur MyCO2.

Une empreinte carbone décortiquée

Le résultat, le chiffre brut de votre empreinte carbone. Autour de 8,9 tonnes d’équivalent CO2 par an, me concernant. C’est moins que la moyenne française. D’ailleurs, pour aller plus loin dans l’analyse, un graphique compare les différents postes de votre empreinte carbone à ceux de l’empreinte moyenne d’un Français. De quoi visualiser rapidement le poste sur lequel vous pouvez vous améliorer. « Je me loge », me concernant. Et puis, MyCO2 donne aussi le détail de vos émissions, sur un graphique toujours très parlant et qui permet d’identifier immédiatement celles de nos habitudes qui ont le plus de poids en la matière. Me concernant, et sans aucune surprise, le recours à une chaudière au fioul pour le chauffage d’une partie de notre logement. À peine derrière, des déplacements en voiture à essence.

Capture de notre simulation sur MyCO2.

S’engager à réduire ses émissions de CO2

Une fois le diagnostic posé, il ne reste plus qu’à franchir le cap des engagements que vous souhaitez prendre pour réduire votre empreinte carbone. En repassant sur les questions qui ont servi au diagnostic et en modifiant les réponses, vous faites grimper la « jauge d’engagement ». Si vous parvenez à atteindre les 100 %, c’est que votre objectif de réduction de vos émissions — celui nécessaire à maintenir notre pays sur la voie des 2 °C de réchauffement — sera atteint. Me concernant, acheter des vêtements de seconde main permettrait déjà de remplir près d’un quart du contrat pour l’année. Et ce, sans engager de frais supplémentaires. Pour le remplacement de la chaudière au fioul — ou une meilleure isolation de ma maison — ou le passage à une voiture électrique — à la campagne, pas de transport en commun —, il faudra attendre l’accord de mon banquier…

Capture de notre simulation sur MyCo2.

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Comment les énergies bas-carbone réduisent considérablement l’extraction minière

Les énergies renouvelables sont gourmandes en matériaux. L’argument est régulièrement brandi par les sceptiques de la transition énergétique. Chiffres à l’appui. Mais un rapport suggère aujourd’hui que les énergies bas-carbone sont, au contraire, plutôt sobres en la matière. Explications.

La consommation de matériaux par le secteur de l’énergie et l’exploitation minière associée sont des sujets qui ont tendance à fâcher. Dans un rapport de 2021, l’Agence internationale de l’énergie elle-même le reconnait, « les énergies renouvelables requièrent généralement plus de minéraux pour leur construction que leurs homologues à combustibles fossiles. Une centrale éolienne terrestre nécessite par exemple neuf fois plus de ressources minérales qu’une centrale à gaz. Ainsi, depuis 2010, la quantité moyenne de minéraux nécessaire à une nouvelle unité de production d’électricité a augmenté de 50 % à mesure que la part des énergies renouvelables dans les nouveaux investissements a augmenté. »

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Une empreinte matière mise à jour

L’argument est de taille pour ceux qui veulent s’opposer au déploiement des énergies solaire et éolienne. Mais qu’en est-il réellement de l’impact de la production renouvelable sur l’extraction minière ? Un rapport du Breakthrough Institute a fait le point il y a quelques semaines. Il en ressort que l’empreinte matière des centrales thermiques au charbon est catastrophique. 20 fois plus importante que celle de l’éolien terrestre, par exemple. Les experts du Breakthrough Institute estiment en effet qu’il faut excaver pas moins de 1 200 tonnes de roche pour produire un seul gigawattheure (t/GWh) au charbon. C’est même 80 fois plus que ce qu’il faut pour produire de l’électricité nucléaire.

Comment expliquer de telles différences dans les chiffres ? De plusieurs manières, selon les auteurs du rapport. D’abord, parce que leurs conclusions se basent sur les chiffres les plus récents. En effet, les énergies solaire et éolienne sont aujourd’hui moins gourmandes en matériaux qu’il y a seulement 10 ans. On peut désormais comparer leurs besoins à ceux des centrales nucléaires qui demandent le plus de matériaux. Ainsi le photovoltaïque présente une intensité matière de 1,8 t/GWh, l’éolien en mer, de 2 t/GWh, l’éolien à terre, de 7,1 t/GWh et le nucléaire, de 0,6 à 1,4 t/GWh. Soit des valeurs 10 à 15 fois plus basses pour le solaire et environ 30 % moindre pour l’éolien que celles qui circulent encore largement sur les réseaux sociaux. Des valeurs pourtant justes au moment de la publication d’une étude du Département de l’énergie américain (DOE) dont elles sont tirées. L’étude est désormais un peu datée.

Intensité minière par source de production d’électricité / Graphique : Breaktrough institute, traduit par RE.

Quantité de matière excavée versus quantité de métaux utilisés

Mais la différence se fait surtout sur la grandeur considérée. Le rapport du Breakthrough Institute s’intéresse en effet à la quantité de roche excavée et non pas seulement à la quantité de matière utilisée. Car les deux ne sont pas égaux. Loin de là, parfois. Ainsi, les centrales nucléaires ne nécessitent l’excavation que de 30 et 23 % de la masse de roche nécessaire pour produire, respectivement, un gigawattheure d’électricité solaire à grande échelle ou un gigawattheure d’électricité éolienne terrestre. Parce que plus il faut aller chercher profondément un minerai et moins sa teneur en métal est grande, plus les quantités à excaver sont importantes. Pour produire une tonne de fer, par exemple, vous aurez à déplacer moins de roche que pour produire la même tonne de cuivre ou d’argent.

Autre point à souligner : le nucléaire consomme seulement 10 à 34 % de la masse de matériaux critiques par gigawattheure que ce que consomment les technologies solaire ou éolienne. Un bon point face à la potentielle volatilité des chaînes d’approvisionnement en ce type de matières premières.

Enfin, ces chiffres doivent également être analysés au regard des innovations mises en œuvre par toutes et chacune des filières de production d’une électricité bas-carbone. En effet, derrière l’usage de cuivre, d’acier, de nickel, de lithium, d’argent ou encore d’uranium se cachent encore des opportunités de réduction d’impacts. Grâce à un recyclage plus poussé, à des approches minières innovantes ou à des améliorations dans l’efficacité de l’utilisation de ces matériaux. Un ensemble de mesures qui pourrait du même coup aider à limiter les consommations d’énergies — encore souvent fossiles — liées à l’extraction des matériaux.

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Stockage profond des déchets nucléaires : un premier test réussi en Finlande

Une étape importante vient d’être franchie pour le stockage géologique des déchets nucléaires en Finlande. Un conteneur de combustibles usés d’essai a été transféré sur le site d’Onkalo avec succès.

En Finlande, l’île d’Olkiluoto est connue pour deux choses. D’abord parce qu’elle abrite le plus puissant réacteur nucléaire d’Europe. L’EPR Olkiluoto 3 mis en service en mai 2023. D’une puissance de 1 600 mégawatts électrique (MWe). Ensuite parce qu’à plus de 400 mètres de profondeur, l’île cache un site d’enfouissement des déchets nucléaires de haute activité. De son petit nom, Onkalo – pour « caverne », en finlandais.

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Un premier conteneur de combustible nucléaire usé transféré avec succès

Sur place, cela fait maintenant plusieurs années que les travaux ont débuté. Et la société finlandaise de gestion des déchets nucléaires Posiva vient tout juste d’annoncer que la première phase des essais, celle de la mise en place de conteneurs de stockage dans le dépôt de combustible nucléaire usé d’Onkalo, a été achevée avec succès. L’opération visait à transporter un conteneur d’essai – vides de tout combustible nucléaire – de leur site de stockage provisoire du côté de la centrale nucléaire voisine jusqu’à l’usine d’encapsulage de Posiva. Le tout, encadré de personnels de sécurité et à pas plus de 5 km/h. Une fois le site de stockage en fonctionnement, ce type de transfert aura lieu toutes les quelques semaines. Avec pour ambition d’enfouir là tout le combustible usé par les cinq réacteurs nucléaires finlandais. L’équivalent de 6 500 tonnes d’uranium.

Le succès de ce premier essai intervient alors que l’instruction de la demande d’exploitation jusqu’en 2070 est toujours en cours. L’Autorité finlandaise de radioprotection et de sûreté nucléaire (STUK) devrait se prononcer fin 2024. En attendant, les essais vont se poursuivre pendant plusieurs mois sur le site d’Onkalo avec, prochainement, la mise à l’épreuve de l’étape de remplissage et de fermeture des capsules.

Des précautions à prendre pour le stockage des déchets nucléaires à vie longue

Au cours des opérations d’essai planifiées par Posiva, 4 conteneurs – des capsules en fonte enfermées dans des capsules en cuivre -, hermétiquement clos seront placés dans des trous de dépôt de 8 mètres de profondeur creusés le long d’un tunnel de stockage de 70 mètres de long. Chaque tunnel de stockage compte entre 30 et 40 trous de dépôt. Pour un total de quelque 3 250 trous. L’idée, c’est qu’une fois tous les trous d’un tunnel remplis d’un conteneur de déchets radioactifs et fermés avec de l’argile bentonite, ledit tunnel soit remblayé, lui aussi avec de l’argile. Puis scellé d’un bouchon en béton.

Même s’il restera toujours des questions en suspens, stocker les déchets nucléaires à vie longue dans une formation géologique profonde, c’est aujourd’hui la solution privilégiée par les spécialistes de la question. La France travaille d’ailleurs à la construction de son propre site de stockage Cigéo. La Suède a également fait ce choix. Et selon Posiva, le dispositif d’Onkalo est conçu pour résister à tous les changements qui pourraient intervenir autour de l’île d’Olkiluoto sur les 250 000 années à venir. Car c’est le temps qu’il faudra pour que la radioactivité des déchets nucléaires qui seront enfouis là retombe à un niveau naturel. Pour se faire une idée, il y a 250 000 ans, Homo sapiens venait juste de faire son apparition en Afrique…

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Des panneaux solaires qui produisent en pleine nuit : voici l’objectif de cette start-up californienne

À en croire les promesses de Reflect Orbital, nous pourrons bientôt acheter une tranche de soleil pour faire briller nos nuits. Et, surtout, produire plus d’énergie photovoltaïque.

L’énergie solaire est une énergie intermittente. La nuit, le soleil ne brille pas. Et les panneaux photovoltaïques ne produisent pas. Rien ne peut changer cela, pensez-vous ? C’est pourtant ce que Ben Nowack, le fondateur et PDG de la start-up californienne Reflect Orbital, promet aujourd’hui. Son idée : mettre en orbite un satellite équipé d’un miroir géant destiné à réfléchir la lumière du soleil vers des endroits de notre terre plongés dans la nuit.

Les Russes ont déjà détourné la lumière du soleil

Dans les années 1990, des ingénieurs russes ont eu la même idée un peu folle. Leur Znamia et sa feuille de mylar de 20 mètres ont redirigé la lumière du soleil sur une zone d’environ 4 km de diamètre, y créant une lueur toutefois à peine visible. Un spot 2 à 3 fois plus brillant seulement que la pleine lune. Pas suffisant pour produire de l’énergie solaire.

Même si son lancement est annoncé pour fin 2025, Reflect Orbital reconnait que sa technologie n’est aujourd’hui pas encore mature. Mais la start-up a mené des tests grâce à un miroir embarqué dans un ballon. Des tests présentés comme concluants puisque les panneaux photovoltaïques sur lesquels la lumière du soleil a été déviée — en plein jour, tout de même — ont effectivement produit plus – 0,5 kilowatt par mètre carré (kW/m²). La vidéo est devenue virale. Et les précommandes ont explosé. Reflect Orbital a enregistré plusieurs dizaines de milliers de réservations pour un « spot de soleil ».

Il faut reconnaître que tout est organisé pour faciliter les choses aux potentiels acquéreurs. Ils n’ont qu’à se connecter au site de Reflect Orbital et à entrer les coordonnées de l’endroit où ils veulent que le soleil brille. Le satellite de Reflect Orbital fera le reste en orientant son miroir de manière appropriée.

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Du soleil en pleine nuit pour booster la production des fermes photovoltaïques

Alors, verrons-nous bientôt le soleil briller en pleine nuit sur des fermes solaires ? Rien n’est moins sûr. Pour des questions de coûts, d’abord. C’est la raison principale qui a incité les équipes russes à abandonner l’idée. Pour des raisons techniques, ensuite. Parce que pour satisfaire plusieurs clients à la fois, Reflect Orbital devrait mettre en orbite non pas un miroir de grand diamètre — ce sera déjà une prouesse —, mais toute une constellation de miroirs — la start-up tablerait sur 57 satellites équipés chacun d’un miroir en mylar de 10 × 10 mètres. De quoi encombrer encore plus un espace déjà saturé. Le tout pour une production photovoltaïque supplémentaire qui serait sans doute infime — de 30 minutes plus longues sur un jour. Sans compter l’impact énergétique et climatique des mises en orbite.

Enfin, réfléchir la lumière du soleil en un lieu où elle ne devrait pas être pourrait avoir des répercussions inattendues. Des querelles de voisinage d’un nouveau genre pourraient éclater entre ceux qui veulent éclairer leur piscine à la nuit tombée et ceux qui préfèrent dormir dans le noir. Surtout que la pollution lumineuse est déjà réputée perturber les animaux ainsi que les humains. Et personne ne sait sans doute aujourd’hui l’effet que l’opération pourrait avoir sur notre climat.

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Divergence nucléaire de l’EPR de Flamanville : cette fois, c’est la bonne !

Elle était attendue pour la première quinzaine de ce mois de juillet 2024. Avec quelques nouvelles semaines de retard, la première divergence de l’EPR de Flamanville a enfin eu lieu cette nuit.

Un réacteur nucléaire, quel qu’il soit, ça ne se lance pas comme ça. En claquant simplement des doigts. Non. Après le chargement du combustible, il est indispensable de réaliser de nombreux essais techniques pour s’assurer du bon fonctionnement de l’ensemble des circuits. C’est ce que les équipes d’EDF ont terminé de faire il y a quelques jours sur l’EPR de Flamanville. De quoi leur permettre de transmettre enfin à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) les éléments nécessaires à obtenir l’autorisation de démarrer le réacteur nucléaire.

Au fil des semaines, l’ASN avait procédé à de nombreuses inspections de contrôle et analysé les actions correctives mises en œuvre en réponse à des « aléas » rencontrés par les équipes de l’EPR de Flamanville. Et ce lundi 2 septembre 2024, face à « l’absence d’éléments susceptibles de remettre en cause la capacité d’EDF à procéder à la première divergence du réacteur », l’Autorité de sûreté nucléaire a finalement donné son accord au lancement des opérations. La première divergence a eu lieu quelques heures plus tard seulement.

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L’EPR de Flamanville a enfin démarré

Rappelons de quoi il retourne. Comme le dit EDF, c’est un peu comme si le cœur du réacteur de l’EPR de Flamanville se mettait à battre pour la première fois. La divergence, c’est le début de la réaction en chaîne à la base du fonctionnement d’un réacteur nucléaire. Objectif : établir une réaction nucléaire stable à très faible puissance. Il n’est pas question ici de plus de 0,2 % de la puissance nominale de l’EPR. En d’autres mots, seulement quelques premiers neutrons qui heurtent des noyaux d’uranium pour les scinder en deux. Et libérer un peu plus de neutrons. Des neutrons qui provoquent à leur tour la fission d’autres noyaux d’uranium. Avec, à chaque étape, un important dégagement d’énergie.

Les premières dizaines d’heures de fonctionnement permettront de stabiliser le réacteur à 2 à 3 % de sa puissance. Ce n’est qu’ensuite que peu à peu, celle-ci augmentera jusqu’à atteindre les 400 mégawatts électriques (MWe), soit 25 % de la capacité totale de l’EPR de Flamanville. C’est à ce moment-là que le réacteur sera connecté au réseau électrique pour la première fois. « D’ici la fin de l’automne », se projettent les équipes. Toutefois, après les nombreux déboires connus depuis le lancement du chantier de l’EPR de Flamanville, les 12 années de retard et l’explosion de son budget, EDF semble aujourd’hui préférer ne « pas fixer de date » pour le fonctionnement à pleine puissance de son dernier réacteur.

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Comment mesurer ses émissions de gaz à effet de serre ?

Pour gagner la bataille contre le réchauffement climatique, nous allons tous devoir limiter nos émissions de gaz à effet de serre. Mais nous ne serons efficaces que si nous parvenons à bien identifier les postes sur lesquels agir. Pour cela, un préalable : mesurer nos émissions de CO2. Et quelques experts sont là pour nous y aider.

Nous le savons désormais. Les gaz à effet de serre (GES) que nous émettons dans l’atmosphère sont responsables du réchauffement climatique en cours depuis quelques décennies. Mais avant de vouloir réduire ces émissions, il peut être intéressant de les mesurer. Afin de mieux cibler les efforts à consentir.

Précisons d’abord que pour ainsi dire tout ce que nous faisons — nous déplacer, nous chauffer ou nous rafraîchir, manger, nous amuser — génère des émissions de gaz à effet de serre. Plus ou moins importantes. Et par gaz à effet de serre, les experts entendent ici ceux visés par le protocole de Kyoto. Il y a bien sûr le fameux dioxyde de carbone (CO2) que tout le monde connait maintenant. Mais le méthane (CH4) figure aussi sur la liste. Ainsi que le protoxyde d’azote (N2O) et une série de gaz fluorés (HFC, PFC, SF6 et NF3). Pour simplifier les choses, tous sont convertis en « équivalents CO2 » en fonction de leur pouvoir réchauffant.

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L’empreinte carbone moyenne des Français

Selon les chiffres publiés par les spécialistes de la question, l’empreinte carbone d’un Français est de l’ordre de 9 tonnes de CO2 équivalent (tCO2e) par an. Sachant qu’elle dépassait les 11 tCO2e en 1995 et que pour limiter le réchauffement climatique aux fameux +1,5 °C, il faudrait la ramener à seulement 2 tCO2e par an. Mais comment nos émissions de gaz à effet de serre sont-elles mesurées ?

Notez d’abord que pour les Français que nous sommes, les émissions de GES se répartissent presque à parts égales entre quatre grands postes : les transports, l’alimentation, le logement et les services. Mais cela peut varier d’un Français à l’autre. Les émissions de CO2 ont en effet tendance à augmenter avec le niveau de revenu, par exemple. Elles seraient de l’ordre de 7 tCO2e par an pour un revenu inférieur à 750 euros par mois et plutôt de 12 tCO2e pour un revenu supérieur à 6 500 euros.

Mais ce ne sont que des moyennes. Alors pour savoir où vous vous situez personnellement, il y a d’abord la possibilité de compter sur celui que les experts appellent le facteur d’émission monétaire. Il donne une idée de la quantité de CO2 émise en fonction du prix d’un bien ou d’un service. C’est ce qui rend possible l’évaluation d’une empreinte carbone à partir des dépenses enregistrées sur un compte en banque.

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Des émissions de gaz à effet de serre en fonction des dépenses et des modes de vie

C’est l’option choisie par l’application Carbo. Une fois votre compte synchronisé, une analyse est menée automatiquement sur tous vos règlements par carte et sur tous vos virements pour leur associer un niveau d’émissions de gaz à effet de serre. L’application peut être paramétrée en fonction de votre mode de vie. Comprenez que si une dépense « livraison de repas » est enregistrée, elle ne se verra pas attribuer le même poids si vous avez déclaré être un adepte des fast-foods traditionnels ou être plutôt végétarien.

Toutefois, pour calculer plus précisément son empreinte carbone, mieux vaut se pencher sur les facteurs d’émissions dits physiques de chacune de vos activités. Comprenez, la quantité de CO2 équivalent émise en moyenne par unité de produit ou de service consommé. Ainsi, un trajet en avion coûtera-t-il 285 grammes de CO2 équivalent (gCO2e) par passager alors que le même trajet en train — en France — en coûtera moins de 10 gCO2e.

Mais tous ces calculs peuvent s’avérer assez fastidieux. D’autant qu’ils peuvent faire intervenir vos émissions directes, comme celles de votre voiture à essence — ce que l’on appellerait le scope 1 dans le jargon du bilan carbone des entreprises —, mais aussi vos émissions indirectes, comme celles liées à votre consommation d’électricité ou à l’achat de vêtements — que l’on classerait dans les scopes 2 et 3 du bilan carbone d’une entreprise. On pourrait même envisager d’y ajouter vos émissions négatives ou évitées — comme un scope 4 —, comme celles qui résulteraient d’un arbre que vous auriez planté dans votre jardin.

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Les calculateurs en ligne

Pour vous aider à voir plus clair, il existe heureusement plusieurs outils en ligne gratuits qui permettent de mesurer — de manière plus ou moins sommaire — vos émissions de gaz à effet de serre. La liste suivante n’est pas exhaustive :

  • Le calculateur carbone pour mesurer ses émissions de gaz à effet de serre. Il y a par exemple le calculateur carbone proposé par la Fondation GoodPlanet. Il permet d’évaluer les émissions de l’un de vos voyages ou celles d’une année entière. Le tout s’appuyant sur la méthodologie Bilan Carbone® de l’Ademe et les réponses que vous apporterez à quelques questions ciblées. Concernant par exemple les consommations énergétiques de votre logement ou vos déplacements.
  • Mesurer ses émissions de GES avec l’Ademe. L’Ademe propose aussi son propre calculateur d’empreinte carbone. Avec Nos Gestes Climat, 10 minutes suffisent pour obtenir une estimation de vos émissions de gaz à effet de serre. Toujours à partir de réponses à des questions relatives à vos habitudes de consommation. Avec la possibilité de rentrer dans quelques détails. Le tout de manière assez visuelle. Et avec une idée de l’impact que quelques « gestes climat » peuvent avoir sur votre empreinte carbone.
  • Évaluer ses émissions de CO2 pour dessiner un meilleur avenir climatique. L’association Avenir Climatique, lancée notamment par Jean-Marc Jancovici, permet également de tester son impact carbone en ligne. Toujours sur le même principe de questions/réponses portant que le logement, les transports, l’alimentation, les biens et les services, mais aussi la finance et le service public.
  • Mieux comprendre ses émissions de gaz à effet de serre. Le cabinet de conseil spécialiste des enjeux énergie et climat, Carbone 4 — encore une émanation de Jean-Marc Jancovici —, lui, donne non seulement accès à un calculateur des émissions de gaz à effet de serre baptisé MyCO2, mais aussi, à des webinaires qui permettent de mieux comprendre les résultats et d’agir efficacement en conséquence.
  • Vos émissions de gaz à effet de serre en fonction du secteur. Enfin, il existe des applications thématiques. Qui mesurent par exemple plus spécifiquement les émissions de GES liées à votre épargne. C’est le cas de l’application Rift. Avec plusieurs milliers de produits financiers et d’établissements référencés, elle mesure l’empreinte carbone de votre capital. Elle aide aussi à identifier des produits plus vertueux, notamment.

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