Démantèlement des installations nucléaires : certaines seraient un casse-tête en France
Si le secteur du nucléaire se positionne en véritable solution pour produire de l’électricité bas-carbone, le démantèlement de ses installations reste un sujet épineux.
Comme chaque année, l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) vient de dévoiler son rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour l’année écoulée. Dans ce rapport épais de plus de 400 pages, le démantèlement des installations fait l’objet d’états d’avancement contrastés.
La sûreté des opérations menées par EDF sur différents réacteurs comme celui de Brennilis, en Bretagne, ou Bugey 1, qui a été définitivement mis à l’arrêt en 1994, ont été jugées satisfaisantes. Lors d’une audition devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Pierre-Marie Abadie a ainsi déclaré « De nombreux démantèlements se passent bien. C’est notamment le cas pour le démantèlement de Chooz, qui n’est pas un exercice très facile, car c’est le premier réacteur à eau pressurisée. L’opération s’y déroule bien ».
D’ailleurs, le cuve du réacteur, d’un poids de 190 tonnes pour une hauteur de 9,50 mètres, a récemment été levée de son emplacement pour permettre la poursuite de la déconstruction. Dans le même registre, l’année 2024 a été marquée par l’extraction du faux sommier du réacteur Superphénix, une pièce de 10 mètres de diamètre pour 38 tonnes. Pour rappel, Superphénix est le plus grand réacteur nucléaire en cours de démantèlement.
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Néanmoins, tous les projets de démantèlement ne sont pas exécutés comme espérés. C’est particulièrement vrai au CEA, qui a de nombreuses installations uniques au monde, et dispose de moyens contraints. Face à cette situation, Pierre Bois, directeur général adjoint de l’ASNR a expliqué que de nombreux projets « se retrouvent dans l’ornière ». Cette situation est, en partie, due à des dommages de génie civil constatés sur l’installation 37A du site de Saclay, qui permet normalement le traitement de déchets radioactifs solides. Or, ce traitement est indispensable pour mener à bien les différentes opérations de démantèlement.
En parallèle, Pierre Bois a évoqué les anciennes stations de traitement des effluents liquides du CEA, à savoir les unités 35 à Saclay et 37B à Cadarache. On y trouve des cuves anciennes, dans un état vieillissant, qui n’ont pas été complètement vidangées, et dans lesquelles on retrouve encore des matières radioactives. Or, ces installations, qui n’ont pas vocation à être réutilisées, sont difficiles d’accès, ce qui rend toute opération de démantèlement difficile. « Deux sujets qui sont de vrais sujets de préoccupation, parce qu’aujourd’hui, non seulement on est dans des impasses techniques, mais on a peu d’idées sur la manière d’en sortir ». Pierre Bois finit en expliquant que le CEA n’a pas proposé de solution jugée suffisamment crédible, et a évoqué des plannings de démantèlement d’une durée proche du siècle.
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