Aides publiques, efficacité : les énergies renouvelables vont êtres profondemment analysées en France
L’éolien et le solaire, entre autres énergies renouvelables, bénéficient de financements publics colossaux en France. Mais est-ce une bonne opération pour le pays ? C’est la question à laquelle tenteront de répondre deux pointures de l’énergie, mandatées par le gouvernement afin de réaliser un audit.
Il y a de quoi être surpris. Le gouvernement a confié l’audit du soutien aux énergies renouvelables à Jean-Bernard Lévy, ancien PDG d’EDF. Certains, comme le Syndicat des énergies renouvelables (SER), y voient une provocation, rappelant le chantier de l’EPR de Flamanville conduit en partie sous sa direction. Aux côtés de Thierry Tuot, haut fonctionnaire et ancien directeur général de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), ils devront analyser le financement public des filières renouvelables électriques.
La mission confiée à ces deux personnalités de l’énergie durera trois mois. Elle vise à rendre les aides plus efficaces et soutenables selon les exigences du gouvernement. Les deux experts devront passer au crible les contrats garantissant un prix fixe aux producteurs de solaire et d’éolien, évaluer leur impact financier sur l’État et leur compatibilité avec le fonctionnement du réseau électrique. La mission comprend aussi l’étude du stockage d’électricité et des pistes pour améliorer la flexibilité du système. Matignon précise que le nucléaire est exclu du périmètre, ses mécanismes de financement étant différents et des travaux étant menés « en parallèle ».
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Ce rapport est commandé dans un contexte politique marqué par le retard de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Prévue depuis plus de deux ans, elle devrait être publiée « en décembre ou début janvier » selon Matignon. Sa date de publication est sans cesse repoussée alors que ce décret fixe les objectifs énergétiques français. La mission Lévy-Tuot n’influe pas sur ce calendrier, insiste Matignon, mais ses conclusions pourraient provoquer des ajustements réglementaires, législatifs, voire des discussions avec la Commission européenne qui encadre les aides d’État.
Les positions passées des deux experts sont intéressantes et Contexte s’y est plongé. Fin novembre, lors d’un colloque du Conseil d’État, Jean-Bernard Lévy prononçait ces mots : les énergies renouvelables « nous imposent de mesurer et compenser les coûts induits sur le système électrique par leur intermittence. Il faut travailler en coûts complets et le poids de ces compensations financières amène à des réflexions en France et en Europe ». Il interroge aussi la « compatibilité entre le bénéfice » sur la facture individuelle des Français solarisés « et les subventions » que ces derniers reçoivent.
Thierry Tuot, rapporteur du Grenelle de l’environnement en 2007, avait déjà souligné que l’argent public est limité. Il estimait que le développement des renouvelables doit se faire en fonction du réseau et qu’un mélange de filières est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Il mettait en avant le rôle du stockage pour améliorer la rentabilité de l’éolien et du solaire et défendait les mécanismes de marché, jugés plus efficaces que les interventions publiques directes.
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