Chut
Dans un procès qui oppose Meta à plusieurs districts scolaires états-uniens, l’entreprise de Mark Zuckerberg voit remonter l’évocation de recherches internes non rendues publiques montrant que les personnes qui ont cessé d’utiliser Facebook sont devenues moins déprimées et moins anxieuses.
Depuis 2022, Meta fait face à une plainte de plusieurs districts scolaires états-uniens concernant l’addiction des adolescents aux réseaux sociaux et qui accusent l’entreprise de proposer « des produits défectueux ».
Selon un des documents produits lors de ce procès, Meta aurait arrêté des travaux de recherches internes montrant des preuves de causalité entre l’utilisation du réseau social et la santé mentale de ses utilisateurs, explique Reuters.
Un projet abandonné après des signes problématiques sur l’utilisation des réseaux
Fin 2019, l’entreprise a mis en place, selon ce document [PDF], ce qu’elle a nommé le « Projet Mercury » : un travail en collaboration avec l’entreprise de sondage Nielsen sur les effets liés au fait de « désactiver » Facebook. « Les personnes qui ont cessé d’utiliser Facebook pendant une semaine ont déclaré ressentir moins de dépression, d’anxiété, de solitude et de comparaison sociale » montrent des tests pilotes de cette étude.
« Mais au lieu d’aller plus loin ou de sonner l’alarme », affirment les avocats des districts scolaires, « Meta a suspendu le projet, affirmant que les commentaires des participants étaient biaisés par « le résultat du discours médiatique existant autour de l’entreprise » ».
Des craintes internes d’une image proche de celle de l’industrie du tabac si le travail était enterré
En interne, cet arrêt a été critiqué par certains : « L’étude Nielsen montre effectivement un impact causal sur la comparaison sociale.
», a écrit un chercheur de Meta anonyme. Un autre employé s’inquiétait d’une éventuelle fuite de l’enterrement de ce projet : « Si les résultats sont mauvais et que nous ne les publions pas, mais qu’ils fuitent, cela ressemblera-t-il aux fabricants de tabac qui menaient des recherches, savaient que les cigarettes étaient nocives, mais gardaient cette information pour eux ? ». Et ils accusent Meta de ne pas avoir publié ces résultats : « À la place, Meta a menti au Congrès sur ce qu’elle savait », affirment-ils.
« Nous sommes en total désaccord avec ces allégations, qui s’appuient sur des citations choisies de manière sélective et des opinions erronées dans le but de présenter une image délibérément trompeuse », affirme le porte-parole de Meta, Andy Stone comme l’indique CNBC. Pour lui, le projet de l’étude était biaisé : « Il constatait que les personnes qui pensaient que l’utilisation de Facebook leur était néfaste se sentaient mieux lorsqu’elles cessaient de l’utiliser », affirme-t-il sur Bluesky, ajoutant que ça ne serait que la confirmation d’autres études démontrant le même effet. « Cela semble logique intuitivement, mais cela ne montre rien concernant l’effet réel de l’utilisation de la plateforme », défend-il.
Les documents sur lesquels s’appuient les avocats des districts scolaires ne sont pas publics. Reuters explique que l’entreprise a demandé à ce qu’ils soient enlevés du dossier, considérant que leur nature était trop générale et ne concernait pas ce que les plaignants cherchent à prouver.