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Psychoses induites par IA : le défi de sortir les internautes de leur « spirale » mentale

Spirale infernale
Psychoses induites par IA : le défi de sortir les internautes de leur « spirale » mentale

Pour faire face aux psychoses générées chez certaines internautes par l’usage d’IA, des internautes canadiens et états-uniens s’organisent.

Comment faire face aux psychoses générées par l’utilisation intensive d’outils d’intelligence artificielle générative ? Alors que les plaintes pour incitation au suicide contre les constructeurs de ChatGPT, Gemini ou Replika s’accumulent, déposées par les proches de personnes qui se sont donné la mort après de longs échanges avec les robots conversationnels, la question se pose de manière toujours plus urgente.

En ligne, et depuis les États-Unis et le Canada, un groupe informel s’est construit en quelques mois pour apporter des réponses, aussi bien aux personnes victimes de ces fantasmes alimentés par les machines génératives que pour leurs proches. Son nom : « groupe de soutien Spirale » (Spiral Support Group), en référence aux « spirales » d’échanges dans lesquelles tombent certains internautes (le terme a émergé au creux des échanges en ligne, sur divers forums ou subreddit). En quelques mois, le groupe de soutien s’est formalisé, pour être administré par la récente ONG canadienne The Human Line Project, dont nous avions déjà parlé dans un précédent article.

Un serveur Discord pour « spiralers » et proches de « spiralers »

À l’origine, le groupe a été créé par quatre personnes, dont Allan Brooks, un Canadien lui-même tombé dans une spirale d’IA dont il a publiquement témoigné. À ses côtés, le Québécois Étienne Brisson a été poussé à l’action après qu’un de ses proches a vécu une chute suffisamment violente dans des échanges avec ChatGPT pour se retrouver hospitalisé pendant plusieurs semaines sur ordre de la Justice.

Auprès de Futurism, les deux hommes témoignent de l’évolution de ce groupe informel vers une organisation plus officielle réunissant désormais plus de 200 personnes, dont l’essentiel échange quotidiennement sur un serveur Discord.

Parmi elles, d’anciens « spiralers », voire des personnes hésitant encore entre croire leurs échanges avec les chatbots d’IA générative et en sortir ; la « famille et les amis », des proches de personnes tombées dans ce genre de trou du lapin (rabbit hole) d’échanges si crédibles, avec les robots, qu’ils s’en isolent du monde extérieur ; et quelques scientifiques ou professionnels de la santé mentale.

Dans un sens, l’initiative ressemble à celle de QAnon Casulaties, cette communauté Reddit dédiée au soutien entre proches de personnes tombées dans la théorie QAnon. Comme du côté des mécaniques complotistes, des récits de familles déchirées par la chute progressive d’un de leurs membres dans des échanges avec un outil d’IA émergent, des proches cherchent de l’aide pour tenter de percer la carapace de récits faux ou fantasmagoriques de leurs partenaires, enfants, amis.

Dans ce contexte-ci, cela dit, difficile de ne pas penser aux récits des proches d’Adam Reine, qui s’est suicidé à 16 ans après avoir passé des semaines à échanger avec ChatGPT, de ce chercheur belge en proie à l’écoanxiété, qui, de même, s’est donné la mort après plusieurs semaines d’échanges avec la machine, ou de Sophie Riley, qui s’est suicidée à 29 ans sans qu’aucun signe avant-coureur n’ait été détecté par ses proches, mais dont les échanges avec la machine ont révélé un profond mal-être.

Psychoses orientées sciences ou spiritualité

Ces quelques exemples le dévoilent déjà : n’importe qui peut tomber dans une spirale inquiétante d’échanges avec un robot génératif, quels que soient son genre, son âge, sa catégorie socioprofessionnelle. Le plus souvent, l’internaute utilise d’abord Claude, Gemini ou ChatGPT à des fins utilitaires, puis la discussion évolue, jusqu’à ce que la machine devienne une sorte de confident.

À force d’accueillir les naufragés de ces drames psychologiques, les modérateurs du groupe de soutien Spirale discernent deux grands types de récits chez ceux qui se retrouvent emprisonnés dans leurs échanges.

Certains internautes tombent plutôt dans des délires très axés vers les sciences, technologies et mathématiques. Les discussions avec les chatbots les rendent obsédés par de potentielles découvertes mathématiques et scientifiques, qu’ils ou elles seraient seuls à avoir identifiées. Les internautes sont renforcés dans cette idée par le ton aussi affirmatif que flagorneur des machines utilisées, dont le langage mêle par ailleurs propos plausibles et références supposément savantes.

Si ce type de thèses peuvent être réfutées, l’autre grand axe de délires récurrent est plus complexe à manipuler, dans la mesure où il repose plutôt sur des mécaniques d’ordre spirituel, religieux, voire conspirationniste.

Dans tous les cas, les membres les plus actifs du groupe de soutien ont monté un groupe de discussion. L’une de leurs convictions : les personnes qui tombent dans ce type de psychoses vivent une grande solitude – et dans la plupart des cas, les retours qu’ils ou elle reçoivent en ligne tendent, trop facilement, à les décrire comme « stupides » ou « malades mentaux », ce qui n’aide pas à recréer le moindre lien.

Ni le serveur The Spiral ni son organisation mère The Human Line Project ne proposent de soutien psychologique en tant que tel. À force de travailler sur la question de ces comportements psychotiques produits par l’exposition aux IA génératives, en revanche, ils collectent des récits, des outils concrets, des articles scientifiques aussi, qui permettent, peu à peu, d’améliorer leurs réponses et leur argumentaire.

« Nous voulons simplement nous assurer que [les robots conversationnels] sont conçus de manière à ce que la sécurité, la protection et le bien-être de l’utilisateur priment sur l’engagement et la monétisation », indique Etienne Brisson.

Poursuivi en justice par plusieurs proches de personnes qui se sont donné la mort, OpenAI a indiqué plusieurs mesures et mises à jour dédiées à améliorer la sécurité des utilisateurs depuis la fin de l’été. D’après les propres chiffres de l’entreprise, au moins 0,07 de ses usagers hebdomadaires montrent des signes de comportement maniaque ou de crise psychotique dans leurs échanges avec la machine – rapporté à ses 800 millions d’utilisateurs, un tel pourcentage équivaut à 560 000 personnes.

Vous ou vos proches rencontrez des problématiques de santé mentale liés à l’usage de ChatGPT ou d’autres outils d’IA ? Écrivez-nous à mathilde@next.ink ou actu@next.ink


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Mission Genesis : Trump confie la recherche américaine à l’IA

What could go wrong?
Mission Genesis : Trump confie la recherche américaine à l’IA

Après avoir attaqué le financement des agences scientifiques états-uniennes avec le DOGE, Donald Trump annonce le lancement d’une « Mission Genesis » pour « utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour transformer la manière dont la recherche scientifique est menée et accélérer le rythme des découvertes scientifiques ».

Donald Trump a signé ce lundi 24 novembre un décret créant une mission nommée Genesis visant à pousser les laboratoires scientifiques états-uniens à utiliser massivement l’IA. La Maison-Blanche affirme que cette mission doit « accroître considérablement la productivité et l’impact de la recherche et développement fédérale au cours de la prochaine décennie ».

Le dirigeant états-unien, qui a massivement désorganisé les agences scientifiques américaines avec le DOGE, les a poussées à supprimer des données scientifiques et à baisser drastiquement leur budget, prétend maintenant « accélérer le rythme des découvertes » en investissant dans la « science basée sur l’IA ».

Encore une comparaison au projet Manhattan

Dans son décret, Donald Trump compare l’ambition de cette Mission Genesis à celle du Projet Manhattan, considérant que nous sommes « à un moment charnière » où « les défis auxquels nous sommes confrontés » exigent un effort national historique pour les États-Unis. Rappelons qu’il y a un an, Donald Trump comparait déjà un autre projet au fameux plan états-unien dont l’objectif était de produire une bombe atomique au cours de la Seconde Guerre mondiale : c’était le DOGE, qui vient d’être officiellement démantelé.

Le texte du décret présente cette mission comme « un effort national coordonné et dédié visant à ouvrir une nouvelle ère d’innovation et de découvertes accélérées par l’IA, capables de résoudre les problèmes les plus complexes de ce siècle ». Si cette comparaison et l’emphase du texte suggèrent un investissement colossal de son pays dans l’IA utilisée dans la recherche, le dirigeant états-unien n’indique aucun chiffre concernant le budget qu’il souhaiterait investir dans cette mission.

Il ajoute que la Mission Genesis « permettra de créer une plateforme d’IA intégrée afin d’exploiter les jeux de données scientifiques fédéraux — qui constituent la plus grande collection au monde de ce type de données développée grâce à des décennies d’investissements fédéraux — pour entrainer des modèles scientifiques de fondation et créer des agents d’IA afin de tester de nouvelles hypothèses, d’automatiser les flux de travail de recherche et d’accélérer les avancées scientifiques ».

Le département de l’Énergie des États-Unis aux manettes

Donald Trump confie la responsabilité de la mission au directeur de son Bureau de la politique scientifique et technologique, Michael Kratsios. Le secrétaire d’État à l’Énergie, Chris Wright, doit en assurer la maîtrise d’œuvre, le décret précisant qu’il doit « mettre en place et exploiter » ce que le texte appelle « la plateforme américaine pour la science et la sécurité ».

NBC souligne que cette annonce suit celle faite fin octobre par le département de l’Énergie états-unien de la création de deux supercalculateurs (Discovery et Lux) pour son laboratoire Oak Ridge en collaboration avec AMD et HPE (Hewlett Packard Enterprise). « En collaboration avec AMD et HPE, nous mettons en ligne de nouvelles capacités plus rapidement que jamais, transformant l’innovation partagée en force nationale et prouvant que l’Amérique est en tête lorsque les partenaires privés et publics travaillent ensemble », affirmait Chris Wright à cette occasion.

Coïncidence avec l’insistance de l’industrie de l’IA à comparer ses modèles au niveau des chercheurs

Le décret demande au secrétaire d’État à l’Énergie d’identifier d’ici deux mois une liste d’ « au moins 20 challenges scientifiques et technologiques d’importance nationale » qui relèveraient de la mission et qui concerneraient notamment « la fabrication de pointe, les biotechnologies, les matériaux « critiques », la fission et la fusion nucléaire, l’information quantique et la microélectronique (entre autres les semi-conducteurs) ».

Cette « Mission Genesis » remet ainsi en perspective la course des entreprises d’IA générative pour annoncer que leurs modèles sont capables d’ « accélérer la science ». Récemment, Anthropic a ainsi annoncé « Claude for Life Sciences » mais OpenAI a été jusqu’à transformer son opération de marketing en pseudo article scientifique. Cet été, Elon Musk avait affirmé que Grok 4 était « plus intelligent que presque tous les docteurs, dans toutes les disciplines, simultanément ».

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Psychoses induites par IA : le défi de sortir les internautes de leur « spirale » mentale

Spirale infernale
Psychoses induites par IA : le défi de sortir les internautes de leur « spirale » mentale

Pour faire face aux psychoses générées chez certaines internautes par l’usage d’IA, des internautes canadiens et états-uniens s’organisent.

Comment faire face aux psychoses générées par l’utilisation intensive d’outils d’intelligence artificielle générative ? Alors que les plaintes pour incitation au suicide contre les constructeurs de ChatGPT, Gemini ou Replika s’accumulent, déposées par les proches de personnes qui se sont donné la mort après de longs échanges avec les robots conversationnels, la question se pose de manière toujours plus urgente.

En ligne, et depuis les États-Unis et le Canada, un groupe informel s’est construit en quelques mois pour apporter des réponses, aussi bien aux personnes victimes de ces fantasmes alimentés par les machines génératives que pour leurs proches. Son nom : « groupe de soutien Spirale » (Spiral Support Group), en référence aux « spirales » d’échanges dans lesquelles tombent certains internautes (le terme a émergé au creux des échanges en ligne, sur divers forums ou subreddit). En quelques mois, le groupe de soutien s’est formalisé, pour être administré par la récente ONG canadienne The Human Line Project, dont nous avions déjà parlé dans un précédent article.

Un serveur Discord pour « spiralers » et proches de « spiralers »

À l’origine, le groupe a été créé par quatre personnes, dont Allan Brooks, un Canadien lui-même tombé dans une spirale d’IA dont il a publiquement témoigné. À ses côtés, le Québécois Étienne Brisson a été poussé à l’action après qu’un de ses proches a vécu une chute suffisamment violente dans des échanges avec ChatGPT pour se retrouver hospitalisé pendant plusieurs semaines sur ordre de la Justice.

Auprès de Futurism, les deux hommes témoignent de l’évolution de ce groupe informel vers une organisation plus officielle réunissant désormais plus de 200 personnes, dont l’essentiel échange quotidiennement sur un serveur Discord.

Parmi elles, d’anciens « spiralers », voire des personnes hésitant encore entre croire leurs échanges avec les chatbots d’IA générative et en sortir ; la « famille et les amis », des proches de personnes tombées dans ce genre de trou du lapin (rabbit hole) d’échanges si crédibles, avec les robots, qu’ils s’en isolent du monde extérieur ; et quelques scientifiques ou professionnels de la santé mentale.

Dans un sens, l’initiative ressemble à celle de QAnon Casulaties, cette communauté Reddit dédiée au soutien entre proches de personnes tombées dans la théorie QAnon. Comme du côté des mécaniques complotistes, des récits de familles déchirées par la chute progressive d’un de leurs membres dans des échanges avec un outil d’IA émergent, des proches cherchent de l’aide pour tenter de percer la carapace de récits faux ou fantasmagoriques de leurs partenaires, enfants, amis.

Dans ce contexte-ci, cela dit, difficile de ne pas penser aux récits des proches d’Adam Reine, qui s’est suicidé à 16 ans après avoir passé des semaines à échanger avec ChatGPT, de ce chercheur belge en proie à l’écoanxiété, qui, de même, s’est donné la mort après plusieurs semaines d’échanges avec la machine, ou de Sophie Riley, qui s’est suicidée à 29 ans sans qu’aucun signe avant-coureur n’ait été détecté par ses proches, mais dont les échanges avec la machine ont révélé un profond mal-être.

Psychoses orientées sciences ou spiritualité

Ces quelques exemples le dévoilent déjà : n’importe qui peut tomber dans une spirale inquiétante d’échanges avec un robot génératif, quels que soient son genre, son âge, sa catégorie socioprofessionnelle. Le plus souvent, l’internaute utilise d’abord Claude, Gemini ou ChatGPT à des fins utilitaires, puis la discussion évolue, jusqu’à ce que la machine devienne une sorte de confident.

À force d’accueillir les naufragés de ces drames psychologiques, les modérateurs du groupe de soutien Spirale discernent deux grands types de récits chez ceux qui se retrouvent emprisonnés dans leurs échanges.

Certains internautes tombent plutôt dans des délires très axés vers les sciences, technologies et mathématiques. Les discussions avec les chatbots les rendent obsédés par de potentielles découvertes mathématiques et scientifiques, qu’ils ou elles seraient seuls à avoir identifiées. Les internautes sont renforcés dans cette idée par le ton aussi affirmatif que flagorneur des machines utilisées, dont le langage mêle par ailleurs propos plausibles et références supposément savantes.

Si ce type de thèses peuvent être réfutées, l’autre grand axe de délires récurrent est plus complexe à manipuler, dans la mesure où il repose plutôt sur des mécaniques d’ordre spirituel, religieux, voire conspirationniste.

Dans tous les cas, les membres les plus actifs du groupe de soutien ont monté un groupe de discussion. L’une de leurs convictions : les personnes qui tombent dans ce type de psychoses vivent une grande solitude – et dans la plupart des cas, les retours qu’ils ou elle reçoivent en ligne tendent, trop facilement, à les décrire comme « stupides » ou « malades mentaux », ce qui n’aide pas à recréer le moindre lien.

Ni le serveur The Spiral ni son organisation mère The Human Line Project ne proposent de soutien psychologique en tant que tel. À force de travailler sur la question de ces comportements psychotiques produits par l’exposition aux IA génératives, en revanche, ils collectent des récits, des outils concrets, des articles scientifiques aussi, qui permettent, peu à peu, d’améliorer leurs réponses et leur argumentaire.

« Nous voulons simplement nous assurer que [les robots conversationnels] sont conçus de manière à ce que la sécurité, la protection et le bien-être de l’utilisateur priment sur l’engagement et la monétisation », indique Etienne Brisson.

Poursuivi en justice par plusieurs proches de personnes qui se sont donné la mort, OpenAI a indiqué plusieurs mesures et mises à jour dédiées à améliorer la sécurité des utilisateurs depuis la fin de l’été. D’après les propres chiffres de l’entreprise, au moins 0,07 de ses usagers hebdomadaires montrent des signes de comportement maniaque ou de crise psychotique dans leurs échanges avec la machine – rapporté à ses 800 millions d’utilisateurs, un tel pourcentage équivaut à 560 000 personnes.

Vous ou vos proches rencontrez des problématiques de santé mentale liés à l’usage de ChatGPT ou d’autres outils d’IA ? Écrivez-nous à mathilde@next.ink ou actu@next.ink


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Mission Genesis : Trump confie la recherche américaine à l’IA

What could go wrong?
Mission Genesis : Trump confie la recherche américaine à l’IA

Après avoir attaqué le financement des agences scientifiques états-uniennes avec le DOGE, Donald Trump annonce le lancement d’une « Mission Genesis » pour « utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour transformer la manière dont la recherche scientifique est menée et accélérer le rythme des découvertes scientifiques ».

Donald Trump a signé ce lundi 24 novembre un décret créant une mission nommée Genesis visant à pousser les laboratoires scientifiques états-uniens à utiliser massivement l’IA. La Maison-Blanche affirme que cette mission doit « accroître considérablement la productivité et l’impact de la recherche et développement fédérale au cours de la prochaine décennie ».

Le dirigeant états-unien, qui a massivement désorganisé les agences scientifiques américaines avec le DOGE, les a poussées à supprimer des données scientifiques et à baisser drastiquement leur budget, prétend maintenant « accélérer le rythme des découvertes » en investissant dans la « science basée sur l’IA ».

Encore une comparaison au projet Manhattan

Dans son décret, Donald Trump compare l’ambition de cette Mission Genesis à celle du Projet Manhattan, considérant que nous sommes « à un moment charnière » où « les défis auxquels nous sommes confrontés » exigent un effort national historique pour les États-Unis. Rappelons qu’il y a un an, Donald Trump comparait déjà un autre projet au fameux plan états-unien dont l’objectif était de produire une bombe atomique au cours de la Seconde Guerre mondiale : c’était le DOGE, qui vient d’être officiellement démantelé.

Le texte du décret présente cette mission comme « un effort national coordonné et dédié visant à ouvrir une nouvelle ère d’innovation et de découvertes accélérées par l’IA, capables de résoudre les problèmes les plus complexes de ce siècle ». Si cette comparaison et l’emphase du texte suggèrent un investissement colossal de son pays dans l’IA utilisée dans la recherche, le dirigeant états-unien n’indique aucun chiffre concernant le budget qu’il souhaiterait investir dans cette mission.

Il ajoute que la Mission Genesis « permettra de créer une plateforme d’IA intégrée afin d’exploiter les jeux de données scientifiques fédéraux — qui constituent la plus grande collection au monde de ce type de données développée grâce à des décennies d’investissements fédéraux — pour entrainer des modèles scientifiques de fondation et créer des agents d’IA afin de tester de nouvelles hypothèses, d’automatiser les flux de travail de recherche et d’accélérer les avancées scientifiques ».

Le département de l’Énergie des États-Unis aux manettes

Donald Trump confie la responsabilité de la mission au directeur de son Bureau de la politique scientifique et technologique, Michael Kratsios. Le secrétaire d’État à l’Énergie, Chris Wright, doit en assurer la maîtrise d’œuvre, le décret précisant qu’il doit « mettre en place et exploiter » ce que le texte appelle « la plateforme américaine pour la science et la sécurité ».

NBC souligne que cette annonce suit celle faite fin octobre par le département de l’Énergie états-unien de la création de deux supercalculateurs (Discovery et Lux) pour son laboratoire Oak Ridge en collaboration avec AMD et HPE (Hewlett Packard Enterprise). « En collaboration avec AMD et HPE, nous mettons en ligne de nouvelles capacités plus rapidement que jamais, transformant l’innovation partagée en force nationale et prouvant que l’Amérique est en tête lorsque les partenaires privés et publics travaillent ensemble », affirmait Chris Wright à cette occasion.

Coïncidence avec l’insistance de l’industrie de l’IA à comparer ses modèles au niveau des chercheurs

Le décret demande au secrétaire d’État à l’Énergie d’identifier d’ici deux mois une liste d’ « au moins 20 challenges scientifiques et technologiques d’importance nationale » qui relèveraient de la mission et qui concerneraient notamment « la fabrication de pointe, les biotechnologies, les matériaux « critiques », la fission et la fusion nucléaire, l’information quantique et la microélectronique (entre autres les semi-conducteurs) ».

Cette « Mission Genesis » remet ainsi en perspective la course des entreprises d’IA générative pour annoncer que leurs modèles sont capables d’ « accélérer la science ». Récemment, Anthropic a ainsi annoncé « Claude for Life Sciences » mais OpenAI a été jusqu’à transformer son opération de marketing en pseudo article scientifique. Cet été, Elon Musk avait affirmé que Grok 4 était « plus intelligent que presque tous les docteurs, dans toutes les disciplines, simultanément ».

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Microsoft To Preload File Explorer in Background For Faster Launch in Windows 11

In the latest Windows Insider beta update, Microsoft has announced that it is exploring preloading File Explorer in the background to improve launch performance. The feature will load File Explorer silently before users click on it and can be toggled off for those who prefer not to use it. Microsoft introduced a similar capability earlier this year for Office called Startup Boost that loads parts of Word in the background so the application launches more quickly. The company is also removing elements from the File Explorer context menu in the same update.

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Minisforum G1 Pro : le MiniPC sous RTX 5060 dispo en janvier

Prévu pour une disponibilité en janvier 2026, le Minisforum AtomMan G1 Pro est un peu plus encombrant qu’un MiniPC classique. Il mesure 31.5 cm de large pour 21.5 cm de profondeur et 5.7 cm d’épaisseur. Pensé pour être positionné debout, il occupe un volume de 3.8 litres. On l’avait croisé en avril sans plus de précisions techniques sur son prix et sa disponibilité. Ces éléments sont plus clairs aujourd’hui.

Minisforum AtomMan G1 Pro

Minisforum AtomMan G1 Pro

 

Ce format particulier permet à l’AtomMan G1 Pro d’embarquer une formule de composants assez complète puisque la minimachine propose un processeur AMD Ryzen 9 8945HX et un circuit graphique secondaire. Une carte graphique Nvidia GeForce RTX 5060 de bureau classique est en effet intégrée au châssis. Reliée en PCIe au reste des composants, elle apportera des capacités graphiques supérieures au système.

Le dispositif mis en place est assez impressionnant, on retrouve la carte graphique tout en haut qui évacuera la chaleur par l’arrière et le dessus du G1 Pro. Le circuit de refroidissement du processeur qui semble énorme et profite d’un large dispositif de caloducs pour souffler vers l’arrière au milieu. Et, tout en bas, le circuit d’alimentation 350 W de l’engin également ventilé.

Le tout étant piloté dans trois modes distincts d’alimentation. Un mode « Office » qui limitera le TDP des composants pour éviter tout bruit et apporter un usage classique. Un mode « Gaming » intermédiaire et un mode « Beast » qui devrait lâcher les chevaux en débridant toutes les performances. Évidemment, ce dernier mode mettra en route la ventilation de l’ensemble. La carte graphique pouvant monter à elle seule à 145 watts, le G1 Pro grimpera alors à 245 watts au total. 

Le Ryzen 9 8945HX est un processeur très impressionnant, il additionne pas moins de 16 cœurs Zen4 pour 32 Threads au total. Avec 80 Mo de cache, cette puce propose des fréquences de 2.5 à 5.4 GHz, et un TDP oscillant entre 55 et 75 watts. Cette débauche se fait au prix du sacrifice de son circuit graphique embarqué. Un simple double cœur Radeon 610M à 2.2 GHz clairement pensé pour être relayé par un circuit graphique secondaire. 

Ce rôle sera joué par le circuit graphique Nvidia qui proposera 3840 cœurs CUDA et ses 8 Go de mémoire vive dédiée en GDDR7. Une solution qui pourra également développer jusqu’à 614 TOPs pour des travaux liés à l’IA. Le processeur sera donc poussé au-delà des capacités annoncées par AMD avec un overclocking à 100 watts en mode gaming, uniquement possible grâce à un refroidissement, probablement assez bruyant.

Minisforum promet que son AtomMan G1 Pro développera en échange assez de muscles pour des tâches lourdes. Du jeu 3D fluide en FullHD ou 1440P suivant les titres. De l’animation 3D, du montage et du rendu vidéo, des travaux graphiques ou sonores et autres travaux demandant beaucoup de ressources. Pour supporter tout cela, la machine sera livrée avec un minimum de 32 Go de DDR5-5200 en double canal et pourra évoluer vers 96 Go au maximum. Le stockage sera confié de base à une solution NVMe PCIe 4.0 x4 de 1 To en M.2 2280 et un emplacement identique libre sera disponible. Les deux pourront évoluer vers des SSD de 4 To pour 8 To embarqués au total. 

La connectique est complète avec en façade un bouton de démarrage, Un USB 3.2 Type-A, un USB 3.2 Type-C et un jack audio combo 3.5 mm. À l’arrière, on retrouvera d’abord les sorties vidéo de la carte graphique avec deux DisplayPort 2.1 et un HDMI 2.1. Plus bas un USB 3.2 Type-C, deux USB 3.2 Type-A, la sortie HDMI 2.1 du circuit graphique Radeon de la puce AMD. Un Ethernet 5 Gigabit est présent pour des débits réseau rapides, un DisplayPort 1.4a toujours dépendant de la puce Ryzen et la prise d’alimentation tripolaire surmontant un interrupteur. On retrouvera également à bord un module Wi-Fi7 et Bluetooth 5.4 pour des débits sans fil élevés.

Annoncée comme compatible avec Windows 11 qui est livrée avec et Linux, le Minisforum AtomMan G1 Pro est listé sur le site Français de la marque à… 1559€ TTC dans sa version 32 Go / 1 To. La disponibilité est prévue pour janvier 2026 avec une livraison depuis l’Allemagne. Je suis assez circonspect quant au prix de cet engin. Il n’a certes pas vraiment d’équivalent sur le marché avec un châssis compact et la possibilité de monter une carte graphique plein format. Mais cela reste tout de même assez cher et peu évolutif finalement. Je ne suis vraiment pas certain que le boitier comme l’alimentation puissent accepter une autre carte graphique que celle livrée par exemple.

Si je regarde sur le marché des PC Tour classique, on retrouve par exemple ce PCcom Ready sous Core i7-14700KF avec 32 Go de RAM, 2 To de SSD et une GeForce RTX 5060 8Go à 1232€ dès aujourd’hui. Ou un PC tour MSI MAG Infinite S3 14NVP7-2801ES Core i7-14700F, 32 Go de RAM, 1 To de stockage NVMe et une GeForce RTX 5070 avec 12 Go de GDDR7. Je suis évidemment un fan des formats compacts mais pour certains usages cela peut être finalement contre productif, notamment en terme d’évolutivité. Difficile alors de rester aveuglé par l’encombrement sur ce type d’engin avant tout pensé pour la performance.

 

Catégorie Minisforum AtomMan G1 Pro
CPU AMD Ryzen 9 8945HX (16 Cores / 32 Threads, max 5.4 GHz)
GPU NVIDIA GeForce RTX 5060
Mémoire DDR5 jusqu’à 5200 MHz (Dual Channel), prise en charge jusqu’à 96 Go
Stockage 2× M.2 2230/2280 NVMe SSD (jusqu’à 4 TB chacun, PCIe 4.0 x4)
Contrôleur Ethernet LAN 5 Gigabit (RJ45)
Sans fil Wi-Fi 7, Bluetooth 5.4
Sortie vidéo HDMI 2.1 ×2 (1 carte mère, 1 GPU)
DP 1.4 ×1 (jusqu’à 8K@60Hz / 4K@144Hz, GPU)
DP 2.1 ×2 (jusqu’à 8K@120Hz / 4K@144Hz, GPU)
Sortie audio HDMI 2.1 ×2 (1 carte mère, 1 GPU)
DP 1.4 ×1 (GPU) DP 2.1 ×2 (GPU)
Jack combo 3,5 mm 4-en-1 ×1
Ports — Avant Power Button ×1
Jack audio combo 3,5 mm ×1
USB-A (USB 3.2 Gen2) ×1
USB-C (USB 3.2 Gen2, data only) ×1
Ports — Arrière RJ45 5G (RTL8126) ×1
USB-A (USB 3.2 Gen2) ×2
USB-C (data only) ×1
HDMI 2.1 (8K@60Hz) ×2
DP 2.1b ×2
DP 1.4a ×1
Interne PCIe 4.0 ×16
Ventilateur CPU ×1
Ventilateur système ×1
Ventilateur SSD ×1
Connecteur frontal (USB 3.2 ×1, USB-C ×1, jack combo ×1)
Bouton de démarrage 
Boutons / Éléments Bouton de démarrage 
Reset BIOS
Dimensions 215 × 57 × 315 mm
Puissance 350 W
Système Windows 11 / Linux
Poids 3.81 kg

Minisforum G1 Pro : le MiniPC sous RTX 5060 dispo en janvier © MiniMachines.net. 2025

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Lenovo Stockpiling PC Memory Due To 'Unprecedented' AI Squeeze

An anonymous reader quotes a report from Bloomberg: Lenovo is stockpiling memory and other critical components to navigate a supply crunch brought on by the boom in artificial intelligence. The world's biggest PC maker is holding on to component inventories that are roughly 50% higher than usual, Chief Financial Officer Winston Cheng told Bloomberg TV on Monday. The frenzy to build and fill AI data centers with advanced hardware is raising prices for producers of consumer electronics, but Lenovo also sees opportunity in this to capitalize on its stockpile. "The price is going very, very high, of course, and I think it's been unprecedented in terms of this rate driven by the AI demand," Cheng said. His company has long-term contracts in place and the benefit of scale, he added, and "those that have the supply actually would be able to have a position in the market." Beijing-based Lenovo will aim to avoid passing on rising costs to its customers in the current quarter, as it wants to sustain this year's strong sales growth, according to the CFO. He said the company will strike a balance between price and availability in 2026. Lenovo said last week that it has enough memory chips for all of 2026 and it can navigate any shortages better than its competitors.

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X.Org Server 21.1.21 Released To Fix Several Regressions

For those continuing to make use of the X.Org Server, a new point release is now available in the 21.1 series. While most often X.Org Server stable releases these days are driven by shipping new security fixes, the X.Org Server 21.1.21 release is to fix several regressions introduced for various functional issues...
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Intel LLM Scaler vLLM Update Supports More Models

Intel software engineers continue to be hard at work on LLM-Scaler as their solution for running vLLM on Intel GPUs in a Docker containerized environment. A new beta release of LLM-Scaler built around vLLM was released overnight with support for running more large language models...
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OUAH, le connecteur 12VHPWR de cette RTX 5090 est défoncé comme jamais, DINGUE !!!

OUAH, OUAH, OUAH, nous sommes sûr du bon gros crâmage de connecteur 12VHPWR... La photo est édifiante et nous ne disons pas ça, car nous venons de passer un test d'enceintes Edifier. On peut le dire, cela a dû être violent de chez violent, le connecteur est complétement défoncé, certaines tiges ont carrément fondu dans le connecteur de la CG... Donc, encore une RTX 5090 touchée par ce problème, mais vous allez le voir, encore une fois, il y a un mais, même deux mais. […]

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GIGABYTE nous annonce déjà un nouveau record du monde pour de la DDR5 grâce à sa Z890 AORUS TACHYON ICE

Décidément la précédente marque de CENS n'aura pas tenu longtemps, GIGABYTE nous annonce déjà un nouveau record du monde pour de la DDR5 grâce à sa carte mère Z890 AORUS TACHYON ICE. L'overclockeur responsable de cet exploit est l'allemand sergmann, qui a utilisé la carte mère de GIGABYTE, couplée à une barrette mémoire CORSAIR Vengeance DDR5-4800, pour atteindre les 13,530 MT/s ! […]

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Test enceintes Edifier G2000 Pro : Mignones mais c'est tout ?

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Accusé d’outil pour criminels, GrapheneOS rompt avec la France

Carbone en colère
Accusé d’outil pour criminels, GrapheneOS rompt avec la France

Un article du Parisien sur le système Android alternatif GrapheneOS a créé une polémique : le système mobile serait une « botte secrète » pour les narcotrafiquants. L’équipe du projet a réagi radicalement, en retirant toutes ses ressources de France. La polémique a enflé en quelques jours, créant une cassure diplomatique dans l’univers open source.

Le 19 novembre 2025, Le Parisien a publié un article affirmant que la police judiciaire française avait alerté sur l’utilisation de GrapheneOS par les réseaux criminels organisés. L’article citait notamment le cas d’un trafiquant de 27 ans identifié comme « Bilel », soupçonné de diriger un réseau sous l’alias « Omar », et dont le téléphone Google Pixel équipé de GrapheneOS s’est « mystérieusement réinitialisé » lors d’une perquisition.

GrapheneOS est ce que l’on appelle une ROM alternative pour smartphones Android. Contrairement à d’autres ROM cependant, il ne peut être installé que sur un seul type d’appareil : les Pixel de Google. Pourquoi ? Car selon l’équipe chargée du projet, ce sont les seuls appareils permettant un reverrouillage complet du chargeur d’amorçage (bootloader) avec des clés cryptographiques personnalisées, garantissant l’intégrité du système contre les attaques physiques (nous y reviendrons). GrapheneOS a une orientation très marquée sur la sécurité, mais l’exclusivité des Pixel pourrait être abandonnée dès l’année prochaine, l’équipe ayant évoqué un rapprochement avec un autre équipementier.

Cet article a déclenché une vaste polémique, la décision brutale pour l’équipe de retirer toutes les ressources du projet hébergées en France, des critiques virulentes du pays, des attaques contre des ROM françaises et jusqu’à l’interdiction pour les membres de l’équipe de voyager en France, par peur des arrestations.

Une déclaration de guerre

L’article du Parisien n’est pas passé. Pour l’équipe de développement de GrapheneOS, il a agi comme une déclaration de guerre. Sur les réseaux sociaux, particulièrement X, Bluesky et Mastodon, le compte officiel du projet répond de manière très franche le 20 novembre : un « autre journaliste français » est accusé de « semer la peur », en n’ayant pas rendu fidèlement sa réponse. Celle-ci est pourtant présente dans l’article :

« Nous ne vendons rien, nous n’avons ni clients ni usagers. Les gens peuvent télécharger notre système d’exploitation gratuitement sur leurs téléphones Pixel et l’utiliser. Notre travail sur la sécurité et la confidentialité est très apprécié par les professionnels de la sécurité et est régulièrement recommandé et utilisé par les militants des droits de l’homme, les journalistes et les avocats. […] Les bandits et trafiquants utilisent aussi des couteaux, des voitures rapides et de l’argent liquide, des choses qui sont aussi largement utilisées par des citoyens honnêtes »

L’équipe pointe de nombreuses erreurs et surtout ce qu’elle présente comme un gros raccourci : GrapheneOS est associé à l’idée de criminalité.

Rapidement, la réponse de l’équipe se fait très critique vis-à-vis de la France : « Nous allons mettre fin aux quelques activités que nous menons en France car nous ne pensons plus que le pays soit sûr pour les projets open source de protection de la vie privée ». Elle annonce également que ses forums de discussions et autres instances Mastodon, Discourse et Matrix, hébergés chez OVHcloud, vont déménager vers des serveurs au Canada (où est basé l’essentiel de l’équipe) et en Allemagne. Contactée, l’entreprise française ne nous a pas encore répondu.

« Nous n’irons plus en France, notamment pour des conférences, et nous éviterons également d’y faire travailler des personnes. Une règle simple pour l’UE est d’éviter les pays qui soutiennent ChatControl. Nous sommes convaincus qu’il nous est désormais impossible d’opérer en toute sécurité en France en tant que projet open source axé sur la protection de la vie privée »

Deux jours plus tard, un article de France Info cite une « note confidentielle » selon laquelle les autorités auraient alerté sur GrapheneOS, « utilisé par des groupes criminels liés au narcotrafic pour dissimuler des activités réalisées avec leurs téléphones portables et pour empêcher leur exploitation par les services d’enquête. Il permet notamment d’effacer les données du téléphone, lorsqu’il est utilisé par un tiers ».

L’équipe a été contactée et s’en est défendue : « Nous ne vendons pas de téléphones et nous ne sommes pas responsables si des personnes utilisent notre base, y ajoutent des fonctionnalités douteuses et la vendent à un groupe de personnes ». Sinon, autant blâmer Google et Apple, qui fournissent elles aussi des fonctions de préservation de la vie privée, assène l’équipe, qui ajoute : « C’est vraiment une position absurde ».

Charge contre la France

L’équipe de GrapheneOS a précisé que ses décisions n’affecteraient pas la disponibilité du système au sein du pays. Il s’agit davantage d’une rupture diplomatique et d’un doigt pointé sur un pays qui serait sur le point de sombrer dans le fascisme. L’équipe indique que les forces de l’ordre l’auraient explicitement menacée de lui « faire ce qu’elles ont fait à EncroChat et Sky ECC ».

« La France est un pays de plus en plus autoritaire, sur le point de devenir bien pire. Ils sont déjà de très fervents partisans du contrôle du chat de l’UE. Leur application fasciste de la loi est clairement en avance sur la situation, diffusant des affirmations fausses et scandaleuses sur des projets open source de confidentialité. Rien de tout cela n’est prouvé », déclarait ainsi le compte officiel sur Mastodon, X.com et Bluesky le 19 novembre.

C’est d’ailleurs là que l’affaire prend une autre tournure, car il ne s’agit plus simplement d’une ROM alternative retirant ses ressources de France, mais d’un projet reconnu pour sa sécurité et dont les membres affirment qu’ils ne se sentent plus en sécurité en France. Pour l’équipe, il est en effet clair que la position très tranchée de l’Hexagone sur Chat Control fait du pays un environnement hostile pour certains produits open source.

Le 20 novembre, la Quadrature du Net s’en mêle, dans une charge contre l’État français également. Citant des articles du Parisien et du Figaro (qui parle pourtant de détournement du système par des criminels), l’association dénonce un « relai de propagande du ministère de l’Intérieur » et le comportement des forces de l’ordre, pour qui l’utilisation de GrapheneOS est « suspecte en soi » : « En présentant GrapheneOS comme une technologie liée au trafic de drogues, cette attaque vise à criminaliser ce qui est en réalité un outil sécurisé de préservation de la vie privée ».

Pour la Quadrature, ce n’est qu’un exemple de plus de la volonté du gouvernement français d’associer les technologies de protection de la vie privée à un comportement criminel. « Désormais, c’est le trafic de drogues qui sert à attaquer ces technologies et rendre justifiable la surveillance des communications », fustige l’association, citant la tentative de porte dérobée dans le chiffrement de bout en bout lors de l’élaboration de la loi Narcotrafic. Elle cite également un article du Monde Diplomatique qui revenait récemment sur la justification des politiques sécuritaires par le combat contre le trafic de drogue, le cas GrapheneOS s’inscrivant « exactement dans cette lignée ».

La garde à vue de Pavel Durov, fondateur de Telegram, est également mise en avant comme élément de preuve d’une dérive sécuritaire et autoritaire. Durov a d’ailleurs réagi à l’un des messages de GrapheneOS, indiquant : « Je suis passé par là – et croyez-moi, ils se moquent des faits. Quiconque a suivi la presse française depuis plus d’un an ne se fait aucune illusion sur son impartialité ».

Attaques contre iodéOS et Murena

Pour Graphene, la police française confond très probablement son système avec des forks illégaux à sources fermées vendus sur le marché noir. Toutefois, la colère de l’équipe contre la France, et plus spécifiquement ses forces de l’ordre, a aussi rejailli sur deux ROM alternatives françaises : e/OS/ de Murena et iodéOS de iodé.

« iodéOS et /e/OS sont basés en France. iodéOS et /e/OS rendent les appareils beaucoup plus vulnérables tout en induisant les utilisateurs en erreur sur la vie privée et la sécurité. Ces faux produits de confidentialité servent l’intérêt des autoritaires plutôt que de protéger les gens. /e/OS reçoit des millions d’euros de financement gouvernemental », affirme GrapheneOS.

Ces systèmes « ont de nombreux mois, voire des années de retard pour fournir des correctifs standards de confidentialité et de sécurité Android. Ils encouragent fortement les utilisateurs à utiliser des appareils sans chiffrement de disque fonctionnel et sans protections de sécurité importantes. Les données de leurs utilisateurs sont récupérables par les applications, services et gouvernements qui les souhaitent », assure l’équipe.

Il y aurait ainsi « une raison pour laquelle [les forces de l’ordre françaises] s’attaquent à un projet légitime de confidentialité et de sécurité développé en dehors de leur juridiction, plutôt qu’à deux entreprises basées en France, à leur portée, qui profitent de la vente de produits de « confidentialité » ».

Visions irréconciliables ?

L’affaire prend alors une tournure supplémentaire. Cette charge violente contre e/OS/ et iodéOS est pointée du doigt par plusieurs internautes. Sur Mastodon, quand Niavy fait remarquer que l’équipe « méprise souvent les autres projets », celle-ci intensifie ses critiques :

« Ces deux produits sont carrément des arnaques. Ils sont extraordinairement risqués et peu discrets. Ils mettent les utilisateurs en danger et les induisent en erreur avec de fausses affirmations répétées sur la vie privée et la sécurité. Chaque personne induite en erreur en achetant leurs produits les enrichit au prix de bien moins de protection pour ces utilisateurs contre les applications, services et attaquants que si elle utilisait un iPhone. Ils manquent de la confidentialité et de la sécurité les plus élémentaires. GrapheneOS n’est en aucun cas dans le même domaine et n’est pas une entreprise à but lucratif »

Gaël Duval, fondateur d’e/OS/ et à la tête de l’entreprise Murena, évoque dans une réponse une « violence sans limite ». Contacté, il n’a pas souhaité réagir davantage. Mais l’opposition ne date pas d’hier. Dans un message sur Mastodon daté du 18 juillet dernier, Gaël Duval indiquait : « Une fois de plus, Graphène attaque publiquement /e/OS avec des affirmations trompeuses ou totalement fausses. C’est tellement contre-productif et cela les discrédite beaucoup (mais nous savons que le problème n’est pas Graphene, mais son chef qui se cache derrière divers comptes et publications sur Graphene) ». 

Le message faisait suite à la publication d’un long exposé sur ce que GrapheneOS pointe comme des défaillances dans la sécurité d’autres ROM, surtout e/OS/. Plusieurs sources, qui ont tenu à rester anonymes, nous ont cependant indiqué que le développeur à la tête de GrapheneOS, Daniel Micay, pouvait se montrer « difficile ».

La différence de vision entre toutes ces ROM alternatives semble cependant irréconciliable. Du côté de GrapheneOS, il s’agit avant tout de sécurité : le système a été pensé ainsi, et pas dans une optique de « dégooglisation ». Le choix des Pixel comme seuls smartphones a été expliqué par les développeurs, qui ne considèrent pas comme sérieuses les autres tentatives, tant que le bootloader n’est pas verrouillé et la chaine de démarrage contrôlée. Leur positionnement est clair : GrapheneOS n’est pas « trop » sécurisé, ce sont les autres qui ne le sont pas assez, et les attaques sur l’utilisation des Pixel ne tiennent pas, car la partie logicielle de Google est supprimée.

Leur langage dur envers e/OS/ et iodéOS semble lié à des approches très différentes, les deux ROM françaises étant davantage tournées vers le grand public et la réutilisation. Les deux idées centrales sont la lutte contre l’obsolescence matérielle et la « dégooglisation », comme Gaël Duval nous l’avait encore redit en février dernier. Il reconnaissait d’ailleurs lui-même le 18 juillet qu’e/OS/ n’était pas un système durci, qu’il se concentrait sur la vie privée, mais qu’ils prenaient quand même « la sécurité très au sérieux ».

GrapheneOS, un système très sécurisé

Les affirmations de l’équipe de GrapheneOS sur la sécurité de son système sont en tout cas fondées. En 2024 par exemple, la société Cellebrite affirmait qu’elle était en mesure de réaliser des extractions de données avec l’ensemble des smartphones Android, que les appareils soient en état AFU ou BFU, c’est-à-dire après et avant le premier déverrouillage de l’appareil suite à un redémarrage. Les appareils sous GrapheneOS étaient la seule exception, à condition que leur niveau de correctif soit postérieur à fin 2022. En février dernier, Cellebrite ne semblait toujours pas en mesure de percer les défenses de GrapheneOS.

Dans un autre article du Parisien, lui aussi du 19 novembre, Johanna Brousse, magistrate à la tête de la JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée), indiquait que le cas GrapheneOS était différent d’autres outils spécialisés comme EncroChat et Sky ECC, car « il existe pour une certaine partie des utilisateurs une réelle légitimité dans la volonté de protéger ses échanges ».

Estimant cependant que « rien n’est inviolable », elle déclarait qu’il fallait « développer des moyens techniques nous permettant de « pirater » ces téléphones de manière individuelle, dossier par dossier, dans le cadre légal », précisant qu’il s’agissait du « travail des ingénieurs de la DGSI ». Elle ajoutait toutefois : « Ces opérations sont très coûteuses, pouvant atteindre un million d’euros, et sont donc réservées aux affaires très graves de criminalité organisée et de terrorisme ».

Next avait déjà mentionné le service technique national de captation judiciaire (STNCJ) de la DGSI, chargé de décrypter les communications et terminaux chiffrés.

Un contexte qui faisait d’ailleurs dire à l’équipe de GrapheneOS le 20 novembre : « Cela nous incite presque à contribuer de nouveau à AOSP pour tenter de détruire leur capacité à exploiter une partie des appareils Android non équipés de GrapheneOS. Google est invitée à nous contacter ».

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Accusé d’outil pour criminels, GrapheneOS rompt avec la France

Carbone en colère
Accusé d’outil pour criminels, GrapheneOS rompt avec la France

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Le 19 novembre 2025, Le Parisien a publié un article affirmant que la police judiciaire française avait alerté sur l’utilisation de GrapheneOS par les réseaux criminels organisés. L’article citait notamment le cas d’un trafiquant de 27 ans identifié comme « Bilel », soupçonné de diriger un réseau sous l’alias « Omar », et dont le téléphone Google Pixel équipé de GrapheneOS s’est « mystérieusement réinitialisé » lors d’une perquisition.

GrapheneOS est ce que l’on appelle une ROM alternative pour smartphones Android. Contrairement à d’autres ROM cependant, il ne peut être installé que sur un seul type d’appareil : les Pixel de Google. Pourquoi ? Car selon l’équipe chargée du projet, ce sont les seuls appareils permettant un reverrouillage complet du chargeur d’amorçage (bootloader) avec des clés cryptographiques personnalisées, garantissant l’intégrité du système contre les attaques physiques (nous y reviendrons). GrapheneOS a une orientation très marquée sur la sécurité, mais l’exclusivité des Pixel pourrait être abandonnée dès l’année prochaine, l’équipe ayant évoqué un rapprochement avec un autre équipementier.

Cet article a déclenché une vaste polémique, la décision brutale pour l’équipe de retirer toutes les ressources du projet hébergées en France, des critiques virulentes du pays, des attaques contre des ROM françaises et jusqu’à l’interdiction pour les membres de l’équipe de voyager en France, par peur des arrestations.

Une déclaration de guerre

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« Nous ne vendons rien, nous n’avons ni clients ni usagers. Les gens peuvent télécharger notre système d’exploitation gratuitement sur leurs téléphones Pixel et l’utiliser. Notre travail sur la sécurité et la confidentialité est très apprécié par les professionnels de la sécurité et est régulièrement recommandé et utilisé par les militants des droits de l’homme, les journalistes et les avocats. […] Les bandits et trafiquants utilisent aussi des couteaux, des voitures rapides et de l’argent liquide, des choses qui sont aussi largement utilisées par des citoyens honnêtes »


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