AnnoncĂ© en 2021 pour une sortie en version finale dĂšs 2022, PIONER nous avait fait une bonne impression . Ce mĂ©lange de S.T.AL.K.E.R. , Metro et Escape From Tarkov avec de superbes graphismes et un gunplay intĂ©ressant, semblait cocher toutes les cases pour les fans de FPS que nous sommes. Au fur et Ă mesure des prĂ©sentations faites par les dĂ©veloppeurs, on sâest tout de mĂȘme rendu compte quâils ne manquaient pas dâambition : en plus de lâaspect post-apocalyptique solo, on nous promettait un monde ouvert multijoueur, lorgnant peu Ă peu vers un vĂ©ritable MMOFPS, avec de gros donjons et des guildes. Pour un premier projet dâune Ă©quipe initiale de 20 personnes, il y avait de quoi ĂȘtre dubitatif. Il faut croire quâon avait un peu raison, car il aura fallu attendre trois annĂ©es supplĂ©mentaires pour commencer Ă avoir du concret : une dĂ©mo solo rĂ©servĂ©e Ă la presse et aux influenceurs. AprĂšs avoir passĂ© quelques heures dessus, le moins que lâon puisse dire, câest quâil reste encore beaucoup de boulot pour se mettre Ă la hauteur des jeux actuels.
Genre : MMOFPS / tireur-pilleur | DĂ©veloppeurs : GFA Games | Ăditeur : GFA Games (soutenu par Tencent) | Plateforme : Steam | Prix : ?? | Configuration recommandĂ©e : i5-8600 CPU, 16 Go de RAM, RTX 2060 | Langues : Russe, Anglais, sous-titres en anglais | Date de sortie : 2025
Test effectué sur une version de test réservée à la presse et aux influenceurs.
Ce nâest pas de lâinspiration, câest de lâhyperventilation
« S.T.A.L.K.E.R. ? Non, ça ne me dit rien. » rĂ©pondrait sans doute un dĂ©veloppeur Ă la question de lâinspiration pour PIONER . Loin dâĂȘtre uniquement des clins dâĆil, les reprises directes du lĂ©gendaire titre de GSC Game World se voient un peu partout. Notamment dĂšs la prĂ©sentation de lâunivers du jeu, ravagĂ© par une catastrophe nuclĂ©aire. Comme par hasard, on est dans une zone isolĂ©e du reste du monde (lâoriginalitĂ© ici est quâon est sur une Ăźle), et des tas de gens qui nâont rien Ă perdre vont tenter leur chance pour faire fortune en chassant, on vous le donne dans le mile, des artefacts. Ah oui, il y a aussi des mutants et des zombies, tant quâĂ faire. Par contre, on pourra fĂ©liciter lâĂ©quipe de GFA Games pour leur originalitĂ© : on ne dispose pas de boulons Ă jeter devant soi pour dĂ©tecter les anomalies, mais de morceaux de mĂ©tal en forme de « E ». Ăa nâa strictement rien Ă voir. Sinon, on croisera plein de personnages, diffĂ©rentes factions qui sâaffrontent et dont on pourra plus ou moins rejoindre les rangs, etc. Je ne vais pas vous faire tout le topo, si vous avez jouĂ© Ă S.T.A.L.KE.R. , vous connaissez dĂ©jĂ .
Câest prĂ©vu pour 2005, câest ça ?
Alors que les vidĂ©os laissaient entrevoir de superbes paysages avec une direction artistique plutĂŽt rĂ©ussie, il sâavĂšre que mĂȘme pour une dĂ©mo solo, les diffĂ©rents environnements que lâon nous permet de traverser sont trĂšs inĂ©gaux. Certes, on sent quâil y a eu du travail sur les dĂ©tails dans certaines zones restreintes, mais le dĂ©sert, la plus grande partie de la carte, est moche et chiant. On ne sâattardera pas trop sur les options graphiques, sans doute limitĂ©es par lâĂ©tat dâalpha, car le seul moyen de ne pas avoir dâimage floue ou aliasĂ©e en 4K, Ă©tait de pousser ce quâon imagine ĂȘtre le supersampling au maximum. Dâun autre cĂŽtĂ©, mĂȘme en imaginant un peu plus de finesse sur les textures, cela ne changerait pas grand-chose aux animations faciales, dignes des jeux de bac Ă solde du dĂ©but des annĂ©es 2000. LâIA nâest pas en reste, avec des comportements sans doute parmi les pires que lâon ait pu rencontrer ces vingt derniĂšres annĂ©es : au lieu de rester Ă couvert pour tirer, ils vont se placer au milieu de nulle part, pour attendre leur tĂȘte. Encore une fois, ne jetons pas le bĂ©bĂ© avec lâeau du bain, les dĂ©veloppeurs ont annoncĂ© quâils travailleront dessus , suite aux retours sur la dĂ©mo.
Malheureusement, la liste des problĂšmes est longue. Les dialogues avec les personnages sont interminables et parfaitement inintĂ©ressants, on spamme une touche pour les passer, mais il y a un atroce dĂ©lai de quelques secondes. Mais fermez vos gueules ! On nâen a rien Ă battre ! Lâhistoire est complĂštement dĂ©bile, alors nâimposez pas ça aux gens ! Du coup, forcĂ©ment, on veut juste avancer et on en arrive aux combats, Ă©galement ratĂ©s. Le feeling est trĂšs dĂ©cevant, sans doute en partie Ă cause du sound design des armes vraiment nul. En plus, pourquoi nous mettre des armes de merde entre les mains pour une dĂ©mo ? Pourquoi se faire chier pendant trois heures avant dâavoir un truc potable (et encore, câest une AK dĂ©glinguĂ©e), puisquâon est censĂ© pouvoir se faire une idĂ©e de la qualitĂ© globale du titre ? On a lâimpression quâils donnent le bĂąton pour se faire battre. Câest le mĂȘme sentiment que lâon aura lorsque la mission principale nous enverra dans un bunker labyrinthique, peuplĂ© dâennemis qui nous chargent dĂšs quâon passe des triggers et dont les attaques sont imparables. Un magnifique moment de gameplay , qui nous renvoie aux heures les plus sombres de lâhistoire vidĂ©oludique. Pourquoi nous infliger ça ?
Une autre profonde dĂ©ception est lâaspect tireur-pilleur arcade, pourtant assez peu en adĂ©quation avec la difficultĂ© proposĂ©e, qui vient nous casser les couilles. Nos adversaires encaissent les balles comme si elles Ă©taient en mousse, mĂȘme dans la tĂȘte. Il ne manquerait plus quâune barre de vie ! Heureusement quâils sont cons comme des manches. Notre santĂ©, elle, remonte toute seule â ça, Ă la limite, OK â, mais il y a surtout un putain de cercle qui se remplit pour montrer quâon a bientĂŽt fini de recharger. On nâest pas dans un TPS, Jean-Dimitri ! Elle sert Ă quoi, dĂ©jĂ , ton animation de rechargement ? Dâautre part, entre les points « dâintĂ©rĂȘt », il faut marcher de longues minutes dans des environnements insipides, et on se fait franchement chier. Ăa, câest sans compter les trajets Ă refaire Ă chaque mort qui nous fait rĂ©apparaĂźtre Ă 500 ou 600 mĂštres de la mission. Passionnant. Bref, câest nul, et les dĂ©veloppeurs vont devoir cravacher pour redresser la barre, si tant est quâils en aient lâenvie.
Quelques fulgurances surnagent dans cet océan de médiocrité
Pour ne pas dire que du mal de PIONER , on va tenter de sâattarder sur les points positifs de cette dĂ©mo solo dâun jeu multijoueur. Il faut bien lâadmettre, la direction artistique est rĂ©ussie. Le dĂ©but de lâaventure montre un univers onirique et sombre, avec des crĂ©atures magiques flottant dans le ciel, des reflets Ă©tranges et plein de petits dĂ©tails. Câest assez impressionnant, et on retrouvera cette maitrise trĂšs ponctuellement Ă lâouverture de la nouvelle zone. CĂŽtĂ© technique, lâutilisation de lâUnreal Engine 4 permettra sans doute au jeu de fonctionner correctement, mĂȘme sur des machines modestes. VoilĂ , je crois quâon a fait le tour des trucs bien.
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Revoyez vos attentes Ă la baisse
Alors quâon Ă©tait trĂšs enthousiastes dâenfin voir arriver PIONER , cette dĂ©mo solo nous a bien refroidis. On a Ă©tĂ© déçus de trouver une copie des concepts de S.T.A.L.K.E.R. sans rĂ©ellement apporter dâoriginalitĂ©, des visuels globalement trĂšs datĂ©s malgrĂ© une direction artistique ponctuellement admirable, des missions avec un game design pourri, des dialogues interminables et inintĂ©ressants, une IA complĂštement dĂ©bile, un gunplay trĂšs dĂ©cevant, un sound design ridicule, et sans doute encore dâautres trucs quâon a oubliĂ©s⊠Il nây a donc pas grand-chose pour rattraper le titre, qui sâoriente beaucoup vers un looter-shooter, avec des ennemis sacs Ă PV et des armes de diffĂ©rentes qualitĂ©s, Ă amĂ©liorer. Si tout nâest pas perdu, on doute vraiment quâune sortie â mĂȘme en accĂšs anticipĂ© â en 2025 soit possible, ou mĂȘme souhaitable, au vu de lâampleur du travail quâil reste Ă accomplir pour avoir un titre au minimum satisfaisant.