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Copilot+PC est le passeport demandé – et offert – par Microsoft pour avoir droit à la certification Copilot+ et profiter de ses fonctionnalités d’IA. C’est ni plus ni moins que la version Microsoft des AI PC d’Intel.
D’ailleurs Copilot+PC ne concerne absolument pas une famille de circuits particulière et des machines ARM comme des solutions x86 pourront l’arborer. Il est vraisemblable d’ailleurs que la très grande majorité des PC à cette norme seront des engins traditionnels sous processeurs AMD ou Intel. La vraie différence entre un PC classique et une solution Copilot+PC sera liée à la présence d’un NPU suffisamment puissant pour prendre en charge les calculs d’IA intégrés dans Windows 11.
De nombreux designs sont attendus sous Snapdragon X Elire et X Plus
Microsoft a commencé par imposer sa touche – au propre comme au figuré – sur les PC compatibles. Désormais il faudra que les machines proposent les ressources suffisantes pour piloter son Intelligence Artificielle. Comme d’habitude, les acteurs majeurs du monde PC ont pris les devant et sont annoncés comme partenaires de la marque. On retrouve donc Lenovo, Dell, HP, Acer, Asus, Samsung et Microsoft seront donc présents sur ce segment. La majorité devraient présenter des engins sous Snapdragon mais je ne me fais aucune illusion sur des versions Intel et AMD classiques de ces même machines.
A vrai dire, ce n’est pas une surprise. L’ensemble des puces sorties ces derniers mois par Intel avec Meteor Lake et AMD avec Hawk Point, comme les nouveaux SoC Qualcomm Snapdragon X proposent tous un NPU capable de prendre en charge les fonctions Copilot+PC. Tous les engins annoncés avec les dernières générations de processeurs sont donc d’ores et déjà compatibles avec cette norme. En soit il n’y a pas une nouvelle famille d’ordinateurs mais juste une autre manière de les baptiser et de les exploiter… si vous basculez vers Windows 11 et Copilot. Les seuls impératifs nécessaires étant la présence d’un NPU, de 256 Go de stockage et de 16 Go de mémoire vive minimum. Ce dernier point étant à mon sens la meilleure nouvelle de cette annonce puisqu’elle signe la fin des engins livrés sous 8 Go de mémoire de base. Engins souvent limités dans leurs usages sous Windows 11 mais pourtant encore proposés en masse par les plus grandes marques du secteur et notamment pour les pros.
La force de Microsoft ici est la même que d’habitude. Si Windows a réussi a fédérer le monde du jeu sur PC c’est grâce à des bibliothèques exploitables comme DirectX. En se reposant sur cet ensemble de fonctions dédiées au jeu, les développeurs ont pu s’assurer d’un dialogue facilité avec une foule de configurations différentes. Si un jeu est compatible avec DirectX et qu’un processeur, une carte graphique ou une manette de jeu l’est également, alors l’ensemble pourra fonctionner de pair sans soucis.
L’idée d’un PC Copilot+ est identique. Microsoft veut assurer un dialogue entre les différents programmes et IA disponibles avec les NPU et autres éléments en capacité de calcul intégré à chaque machine. De telle sorte que les différents éditeurs proposant une IA intégrée à leurs programmes pourront se tourner vers les préconisations de Windows 11 pour traduire leurs besoins auprès des éléments physiques intégrés sur votre PC. Cette stratégie est souvent très payante pour Microsoft puisqu’elle rassure énormément l’acheteur. En choisissant un PC Copilot+, ce dernier aura l’assurance de voir la majorité des IA exploitables sans problème en local sur sa machine.
Microsoft parie sur ARM avec le Snapdragon Elite X de Qualcomm
La norme Copilot+PC accueille la famille ARM avec les derniers Snapdragon Elite. Microsoft vante les capacités de la puce de Qualcomm en présentant quelques chiffres sans trop donner de détails sur leur obtention. On parle ainsi d’engins capables de tenir « 15 heures » durant sans préciser dans quelles conditions d’emploi. De solutions jusqu’à « 58% plus rapides qu’une MacBook Air M3 » sans préciser sur quelles tâches.
J’avoue être très dubitatif sur ces annonces. D’abord parce que l’on a déjà croisé des PC ayant cette autonomie théorique qui ne s’obtenait qu’en se pliant à un scénario très particulier. Scénario qui penchait plus sur la recherche d’un record qu’à l’usage réel d’un portable : Wi-Fi coupé, processeur au minimum de ses capacités et écran au rétroéclairage faiblard. Pas vraiment ce que l’on demande à un ordinateur portable au quotidien donc. Cela d’autant plus que la consommation du Snapdragon X Elite ne semble pas si différente des puces x86 classiques avec un TDP pouvant aller aussi bien à 23 qu’à 45 watts et un Turbo pouvant grimper à 80 watts…
En octobre 2023, le Snapdragon X Elite était annoncé largement devant le Apple M2
Pour ce qui est de la comparaison avec Apple et son SoC M3, là encore j’ai quelques doutes. Il est possible que la puce de Qualcomm soit plus performante de 58% sur des fonctions très précises mais je serais vraiment curieux de voir son comportement sur des usages globaux. Aussi bien face à Apple que face à des processeurs x86 signés AMD et Intel. Si les 58% de gains concernent un test générique. Ce ne sera pas forcément une un gain majeur. Par contre si la gestion d’applications x86 passe vraiment devant Apple, alors Microsoft aura obtenu quelque chose.
Prism à la rescousse
Prism c’est le nom du « traducteur » d’applications X86 vers ARM de Copilot+PC. Un outil qui faisait triste mine dans les précédentes tentatives de Microsoft. Les puces ARM ne proposant alors que des performances qualifiées souvent d’entrée de gamme aux machines proposées. Un problème quand les dites machines étaient vendues au prix du haut de gamme.
Cette fois ci c’est la bonne semble dire Microsoft avec un outil Prism qui sert dorénavant d’émulateur x86. Mais de l’aveu même de l’éditeur, les performances obtenues ne seraient que de 10 à 20% supérieures à celles des précédents outils de traduction. Pour être précis sur ce point capital, Microsoft explique que si on fait évoluer un portable ARM de l’outil de traduction x86 actuel à Prism, le même engin serait alors 10 à 20% plus rapide à materiel égal. On passerait alors péniblement d’un niveau de traitement « Celeron » à celui d’un « Core i3 ». Ce qui n’est pas encore ce qu’attendent des utilisateurs Windows habitués à des machines nerveuses. A moins que les tarifs soient revus drastiquement à la baisse avec une division par deux du ticket d’entrée d’un PC sous ARM par rapport aux anciennes génération, il sera toujours beaucoup plus rapide d’employer un PC x86 AMD ou Intel qu’une solution ARM pour tous les programmes classiques du monde Windows. Bien entendu il faudra également juger sur pièces ce que proposeront les puces Snapdragon X de Qualcomm dans ces conditions.
Prism devrait également améliorer la compatibilité de ses traductions et serait a même de traiter plus d’applications x86. Microsoft promet plus de fluidité dans les usages. L’idée étant d’installer un parc ARM avec cette compatibilité le temps que les éditeurs se tournent vers ce nouvel « eldorado » technique.
Et on se retrouve encore et toujours face à la question de l’œuf et de la poule. Si les logiciels classiques développés pour processeurs x86 sous Prism ne sont pas au niveau des calculs effectués par un processeur x86 classique. Il faut que le développeurs proposent des programmes adaptés à ARM. Mais si le parc de machines installées est inexistant parce que tout le monde attend que ces outils existent, alors personne ne les développera. Si en parrallèle des PC x86 classiques permettent de rendre les mêmes services de calcul d’IA grâce à une implantation de NPU de facto de la part de leurs fabricants, quel intérêt de choisir une puce moins performante et plus chère ? Le serpent se mord toujours la queue et Microsoft demande encore une fois aux utilisateurs d’être à la fois les bêta testeurs et les financiers de ce développement technique.
Un virage ARM qu’il va falloir jouer serré
AMD et Intel sont en embuscade et les deux compères préparent déjà la suite avec de futurs processeurs x86 misant eux aussi à fond sur l’IA. Si Qualcomm arrive a proposer un Snapdragon X vraiment convaincant sous Windows 11, il a peut être un court calendrier pour parvenir a séduire certains acheteurs. Sa récente annonce d’une compatibilité Linux est un argument en sa faveur. Mais j’ai bien peur qu’il s’agisse là encore d’une annonce d’une portée bien moins grande que celle d’Apple.
Avec ses puces Apple Silicon, le « grand concurrent » de Microsoft propose un écosystème solide qui a d’emblée su convaincre les éditeurs de sa pérennité. Les poussant a développer des applications en amont même de sa sortie effective. Pour Microsoft et Qualcomm la partie semble beaucoup plus compliquée. En partie à cause d’un élément capital du monde PC, le traitement en temps réel.
Si je demande à n’importe quel utilisateur si, pour le même budget de 1000€, il choisira entre un PC x86 traditionnel sous Windows 11 ayant toutes les fonctionnalités d’IA apportées par Microsoft et un traitement en temps réel de ses outils professionnels et de ses jeux ou un PC ARM accusant un retard de traitement de ces mêmes fonctions, la réponse devrait être assez rapide.
La grande force d’Apple dans son passage à ARM a été de prouver que son traitement spécialisé dans les métiers de la création étaient au moins aussi rapides, voir plus rapides, que ses précédents engins sous x86. Ce qui a fait sauter le pas sans trop d’hésitation à des utilisateurs qui savaient retrouver une productivité au moins identique avec ses nouvelles machines. Si ce n’est pas le cas avec les puces ARM de Qualcomm, cela risque d’être plus difficile.
Copilot+PC : une famille de PC compatible avec l’IA de Microsoft © MiniMachines.net. 2024.