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The Rise of the Golden Idol

J’ai toujours été une piètre détective, du moins quand il s'agit de résoudre une affaire loin des écrans. Il m’est arrivé de me trouver face à un paquet de gâteaux vide avant l’heure du goûter, de suivre une piste de miettes pour remonter jusqu’à un enfant à la mine penaude, du chocolat encore présent sur la commissure de ses lèvres, et de chercher désespérément le coupable ailleurs. En ce sens, The Rise of the Golden Idol constitue pour moi une belle revanche sur la vie.

Ensemble, on va plus loin. Payés, on va plus vite.

La joyeuse équipe de moddeurs du Crowbar Collective, avait, avec la bénédiction de Valve, réalisé Black Mesa, pour recréer Half-Life sous moteur Source. Sorti en 2020 après seize ans de travaux (le devis disait 3 mois), pour refaire les peintures, reprendre l’électricité et les plinthes, il avait été plutôt très bien reçu par ces monstres de la presse. Mais que faire ensuite ? Ses membres ont mûri et commencé à penser au futur, je les comprends. Était-il raisonnable d’en faire un business model et d’enchaîner sur une refonte sous UE5 d'Half-Life 2 ? Quoi qu'il en soit, que faire après un 2 de Valve ? Le collectif se transforme donc en studio à part entière et annonce sa propre licence Rogue Point, un rogue-lite tactical co-op shooter (soupir). Ne soyons pas mauvaises langues, ce sera peut-être très bien. Par contre, désormais il faut raccourcir le pipe pour deliver plus vite, comme on dit dans la vraie vie des studios qui ne peuvent pas passer 16 ans sans payer les gens. Le devis dit 2025, on verra. P.

Test PS5 Pro : un tournant pour les consoles de jeu

Après plus d'un an et demi de fuites et rumeurs, la PlayStation 5 Pro est enfin arrivée dans le commerce, et c'est un véritable soulagement de pouvoir en parler de façon concrète et empirique, sans jamais devoir s'adonner à la spéculation. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle s'avère surprenante : c'est une console qui a quelque chose d'inédit, parce qu'elle négocie finalement plutôt bien le contexte technologique et économique hostile dans lequel elle sort, et qu'elle dit des choses intéressantes sur la façon dont le jeu vidéo va poursuivre son évolution technique.

Analyse de boite noire

Après la publication des derniers résultats financiers de Sony, son PDG Hiroki Totoki s’est prêté au jeu des questions réponses. Un exercice un peu masochiste car, évidemment, le désastre Concord est revenu sur la table. Totoki, tout en enfilant une combinaison en latex noire, a expliqué au sujet des jeux services : « Actuellement, nous sommes encore en phase d’apprentissage. Et en ce qui concerne toute nouvelle propriété intellectuelle, bien sûr, vous ne connaissez pas le résultat tant que vous ne l’avez pas essayé ». Ramassant ses gants et un fouet clouté, il s’est ensuite absenté une minute pour aller, j’imagine, « pratiquer l’apprentissage » sur ses commerciaux, le studio étant, lui, déjà fermé. En revenant, et après avoir essuyé le sang de ses bottes ferrées pour ne pas pourrir le parquet, il a ajouté : « Nous avons probablement besoin de beaucoup d’étapes de contrôle, y compris des tests d’utilisateurs ou des évaluations internes. […] nous aurions dû procéder à ces contrôles bien plus tôt que nous ne l’avons fait ». Un safeword Hiroki, c’est un safeword qu’il faut. P.

Les Fourmis

Il y a mieux que d’avoir raison : avoir raison seul. Les Fourmis, à la rédaction, personne n’en voulait, personne. Pas par entomophobie, mais, pour être honnête, par peur du passif de l’éditeur. Bam, dans leurs tronches les journaleux !

Clickolding

Depuis le temps que cette rubrique puise dans les recoins les plus sombres, étranges, pour ne pas dire malsains d’itch.io, ça devait finir par arriver. Eh bien ça y est, nous y sommes, nous avons fini par basculer dans la perversion pure et simple. Dans le cabinet de ce mois-ci, je vous propose donc d’aller retrouver un vieux monsieur bizarre dans une chambre d’hôtel pour réaliser son fantasme le plus secret.

Like a dragounet

Mes yakuzas préférés ne sont pas ceux de Sega, mais ceux de Nintendo. La famille Avocats-gumi, des chiens de chasse qui s’occupent de leurs affaires légales. Le 8 novembre, ils ont failli me décevoir. En septembre, ils avaient attaqué Palworld auprès d’un tribunal de Tokyo, au nom de Nintendo et The Pokémon Compagny, mais avec une action en contrefaçon de brevet plutôt qu’une violation du droit d’auteur. Le développeur Pocketpair, qui s’attendait depuis des mois à recevoir la foudre, vient de révéler qu’il s’agit de… trois brevets et d’une demande 10 millions de yens (60 000 euros) plus des dommages-intérêts pour retard. Petit bras les Avocats-gumi ! Et puis, en y repensant, peut-être pas. Vu la gueule des trois brevets trèèèèèès généralistes, (dont deux décrivent le système de pokéball), c’est peut-être un simple test. En gros, une procédure qui risque de toute manière de coûter une fortune à Pocketpair, tout en prenant la température de l’eau pour une action future aux USA et un nouvel angle d’attaque partout en cas de succès. Par contre, c’est à double tranchant, mais les avocats-gumi ont sans doute d’autres shurikens dans leurs poches. P.

Ring Fit Adventure

L’attente dans ce hall froid est désagréable. Le médecin apparaît dans le coin de mon champ de vision : « M. Kocobé* ! » Le couperet va tomber et je le redoute. Je suis mon bourreau et m’engouffre dans sa salle d’examen. « C’est une tendinite, regardez », m’annonce-t-il en pointant du doigt sur l’écran une forme en noir et blanc, indéchiffrable pour mes yeux qui n’ont pas été initiés aux arcanes de l’échographie. « Vous vous êtes fait ça en faisant du fitness à la maison ? Il faudra arrêter quelque temps pour permettre à votre épaule de récupérer. » Les larmes me viennent. J’ai l’autorisation provisoire de cesser le sport ? Vraiment ? C’est le plus beau jour de ma vie.

Télex

Vous vous souvenez de Fntastic ? Parce que les gens qui ont précommandé The Day Before, leur jeu de survie sorti tellement pété que Steam l'a retiré de la vente, eux, s'en souviennent. Nés avant la honte, les développeurs de Fntastic sont récemment revenus d'entre les morts en mode « hé les gars allez on oublie tout et on recommence », avant d'organiser un concours offrant à leur communauté de créer les cartes de leur prochain jeu gratuitement. LFS.  

Prompt à faire des bêtises

De toute l'histoire humaine, même en incluant le punk et Diogène de Sinope, personne n'a jamais atteint un stade de « je n'en ai plus rien à foutre » équivalent à celui des fondateurs de la startup Tales. Passe encore que ces derniers, perchés sur le nuage de kétamine qui flotte au dessus de la Silicon Valley, aient réussi à vendre à des investisseurs crédules la promesse d'une technologie qui permettra, je cite, « de générer un jeu AAA à partir d'un simple prompt IA ». Là bon, c'est n'importe quoi, on est d'accord, mais les promesses n'engagent que les gogos prêts à les croire. Là où ça devient dingue, c'est que pour faire la promotion de leur technologie, ils ont utilisé des images générées par leur moteur qui ressemblent trait pour trait aux jeux sur lesquels le modèle a été entraîné, avec notamment un clone d'Aloy, l'héroïne d'Horizon Zero Dawn. On admire l'audace et on attend la réaction des avocats de Sony. LFS.

ICBM Escalation

Tout le monde sera d'accord pour dire qu'une bonne guerre thermonucléaire globale réglerait bien des problèmes – notamment celui du prix de l'abonnement YouTube qui n'arrête pas d'augmenter. Mais il faut s'y résigner : vu le manque d'enthousiasme de nos dirigeants, il est probable que nous n'aurons jamais la chance de voir notre belle planète illuminée comme un sapin de Noël par des explosions de cinquante mégatonnes.

Dragon Age : The Veilguard

Alors comme ça, personne n’est d’accord sur le dernier Bioware ? J’arrive une semaine après la bataille (on nous a envoyé une clé sept heures avant la sortie du jeu) et c’est encore le maxi-bordel, mais tenez-vous bon sang ! Pour certains on tient la huitième merveille du monde, pour d’autres c’est un monument en bouse. Qui a raison ? Attention, manipulez cet article avec précaution : ça va trancher.

Death of the Reprobate

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Dieu dit, mais il était trop tard : « OK, calmez-vous quand même, c’est pas l'hôtel ici bande de crevards. Ma parole ils sont fadas ! » – Livre de la Genèse 1:1

Télex

Une interview de Kojima, c'est toujours une longue trajectoire, un peu comme des montagnes russes ou une montée d'acide. Dans un récent entretien avec le média japonais Anan News, il commence par dire des choses assez justes (« Il faut ne créer que des jeux auxquels on croit, qui ressemblent à ce qu'on voudrait laisser de nous après la mort ») puis détache les petites roues et explique qu'il aimerait bien distraire les défunts en continuant son métier de game designer dans la tombe. Et je trouve ça assez beau. LFS.

Prison ferme

Qu'importent les risques d'être accusé d'apologie d'escroquerie, je le dis : l'arnaque montée par Mehmet Aydin et son frère force le respect. Cet ancien rappeur turc a en effet créé un clone de Farmville du nom de Farm Bank, qui comme son nom l'indique à moitié propose aux gens d'investir dans leur ferme. En pratique, l'argent dépensé dans le jeu sous forme de microtransactions devait servir, d'après Aydin, à mettre en place une exploitation agricole bien réelle, qui aurait reversé des dividendes à ses « investisseurs » lorsqu'elle aurait réalisé des profits. Le pitch a incroyablement bien fonctionné, plus de 130 000 joueurs claquant 300 millions de dollars dans l'affaire. Bien sûr, aucune ferme n'a jamais été bâtie, Farm Bank n'étant qu'une banale pyramide de Ponzi : l'argent reversé aux premiers joueurs était celui des derniers arrivés. Comme toujours, cela a fini par se voir et Aydin a été condamné à 88 000 ans de prison. Oui oui, 88 000. Ça peut sembler beaucoup mais il ne faut pas oublier que les Turcs vivent extrêmement vieux grâce aux vertus curatives des eaux du Bosphore. LFS.

Lucky Tower Ultimate

Je vivais dans l'ignorance. Pour moi, Studio Seufz, c'était seulement The Longing, ce jeu génial qui consiste à attendre, sans rien faire, pendant des jours, que le roi d'un royaume souterrain se réveille. Que nenni ! The Longing n'était qu'un de leurs nombreux projets annexes, qui vont de l'animation web au dessin animé. Leur projet principal, depuis 2010, est un jeu Flash du nom de Lucky Tower, qui, après deux épisodes à succès, débarque sur Steam dans une version « Ultimate ».

Les trois frères

C'est bientôt Noël, l'heure des contes et des belles histoires. Par exemple celle de Asad, Asif et Ash Habib, trois frères passionnés de jeu vidéo mais dénués de la moindre expérience en matière de développement, qui un beau matin se sont dit : « Tiens, si on faisait un jeu de boxe ? » À force de journées passées à apprendre la programmation et la modélisation 3D devant des tutos YouTube, ils ont fini par obtenir quelque chose de vaguement montrable. Ils ont alors quitté leur emploi, commencé à démarcher des fédérations de boxe pour obtenir le droit d'utiliser l'image de sportifs bien réels. Le résultat : Undisputed, qui à lui seul a remis le jeu de boxe à la mode et s'est écoulé à plus d'un million de copies. Certes, le jeu s'est fait descendre par la critique et est jugé « plutôt négativement » sur Steam, mais c'est comme ça avec les contes de Noël, il faut s'intéresser à l'esprit, pas à la lettre. LFS.

Les tas de l’art

Si vous avez 16 000 balles de côté et l'envie pressante de vous faire humilier par ackboo lors du prochain tribunal des bureaux, vous voudrez sans doute acheter « Medusa », un PC disons, euh… différent créé par la marque singapourienne Aftershock. En plus de PC gaming ordinaires, Aftershock propose en effet une gamme de PC « d'art » qui, non contents d'offrir un hardware assez brutal (Ryzen 7 7800X3D et GeForce 4090), ont des formes qui seront du meilleur effet sur votre bureau, pour peu que vous ne fréquentiez que des gens dénués du moindre goût. Le « Medusa » ressemble à ce qui se serait passé à la fin de La Mouche si Seth Brundle avait fusionné avec une statue de Cellini. Le « Alien » est inspiré du xénomorphe de Giger. Quant au « Infinity », on se demande s'il s'agit d'une machine de jeu ou d'un caisson de cryogénisation. C'est hideux, certes, mais n'oublions pas qu'on part de très bas et qu'il s'agit toujours d'une vaste amélioration par rapport aux boîtiers RGB 50 000 lumens et aux tapis de souris avec des nichons. LFS.  

TCG Card Shop Simulator

Avez-vous déjà entendu parler de Sia Ding Shen ? Écoutez, moi non plus, jusqu'à aujourd'hui. Et pourtant, ce créateur indépendant de jeu vidéo malaisien, basé à Kuala Lumpur, mériterait d'être connu. Avec TCG Card Shop Simulator, il nous donne une leçon de business. Que je vous explique.
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