Éolien et solaire bientôt obligés de limiter les heures à prix négatifs
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a validé les nouvelles règles de marché du réseau électrique français, qui imposeront dès le 1ᵉʳ janvier 2026 à toutes les installations de plus de 10 MW — y compris renouvelables — de participer au mécanisme d’ajustement. Elles devront pouvoir proposer des offres de production à la baisse suivant la tension sur le réseau.
Dans une délibération du 2 décembre, la CRE entérine l’obligation, issue de la loi DDADUE (transposition du droit européen), pour tous les producteurs supérieurs à 10 MW de mettre « la totalité de leur puissance techniquement disponible » dans leurs offres sur le mécanisme d’ajustement. Jusqu’ici, cette obligation ne concernait que les sites raccordés au réseau de transport. Désormais, plus de 1 500 installations éoliennes et solaires raccordées au réseau de distribution devront aussi y participer.
RTE estime que cette ouverture est indispensable pour combler un « manque structurel d’offres à la baisse » : les marges dont il dispose pour équilibrer le système atteignent leur plus bas niveau lorsque la production renouvelable est élevée. Il y a trop de production sur le réseau, par exemple le midi, lorsque le soleil brille et que la consommation est basse. Le gestionnaire du réseau français a montré à la CRE que, dans plusieurs situations récentes, il n’avait pas suffisamment de leviers pour réduire la production en temps réel, au point de devoir activer des moyens hors marché.
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Pour les producteurs renouvelables, ça change beaucoup de choses. D’abord parce qu’ils ne peuvent plus rester en dehors du mécanisme : la CRE rappelle que la loi « ne prévoit aucun cas d’exemption » et demande aux acteurs qui ne seront pas prêts au 1ᵉʳ janvier 2026 de justifier sans délai leur retard et de présenter un plan d’action.
Ensuite, parce que leur participation leur confère une nouvelle responsabilité : l’envoi d’un programme d’appel fiable (calé sur la météorologie et la disponibilité de leur parc). La CRE valide en effet la création d’indicateurs de qualité de programmation — erreur quadratique moyenne, biais, amplitude des écarts — calculés quotidiennement pour chaque entité. S’il n’y a pas encore de pénalité, le régulateur demande explicitement à RTE d’élaborer un futur dispositif « incitatif » afin de fiabiliser les prévisions.
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Concrètement, les ENR vont devoir formuler des offres à la baisse structurées comme les moyens pilotables. Chaque installation ou entité d’ajustement devra déclarer le volume de production qu’elle peut réduire, les délais d’activation compatibles, et le prix auquel elle accepte de le faire (supérieur au prix de la production, faible à ce moment là car beaucoup d’ENR injectent et l’ordre de mérite est à un prix bas).
RTE introduit par ailleurs un nouveau mode de contrôle du réalisé, basé sur la production effectivement mesurée, pour tenir compte des situations où les sites ne suivent pas leur programme. Cette évolution est particulièrement importante pour les renouvelables, dont les profils peuvent être volatils.
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