Ces chasseurs de chaleur souterraine cartographient le potentiel géothermique français
La géothermie profonde est une technologie importante dans le panorama de la transition énergétique. L’État, en tout cas, y croit. Il a fixé à cet effet un objectif à 4 TWh pour 2028. Mais encore faut-il savoir où creuser. Pour cela, il faut explorer le sous-sol. Une campagne vient tout juste de se terminer dans le sud de la France.
Plus on creuse profondément, plus la température augmente. En France, on gagne ainsi, en moyenne, un degré tous les 100 mètres. Il s’agit du phénomène dit de gradient géothermique, et il est produit par le fait que la chaleur du centre de notre planète doit, avant de rejoindre la surface et de rayonner vers l’espace, traverser toutes les couches de roches souterraines. Ces dernières agissent alors précisément comme un isolant thermique, qui rend plus difficile la transmission de la chaleur.
C’est tout le principe de la géothermie profonde. Aller chercher dans les profondeurs une chaleur à haute température, c’est-à-dire de bonne qualité du point de vue thermodynamique. Il s’avère que le gradient géothermique varie fortement entre les régions du monde, et ce, au sein même de notre territoire. Par exemple, la géologie particulière du bassin du Rhin offre à l’Alsace le gradient géothermique le plus élevé de France métropolitaine, à savoir entre 8 et 10 °C tous les cent mètres. Cela permet ainsi de travailler à des températures élevées, supérieures à 150 °C, en creusant nettement moins profond. L’énergie produite est alors beaucoup plus compétitive.
Il y a ainsi un fort intérêt à explorer les sous-sols, pour trouver les meilleurs gisements de chaleur, en termes de gradient géothermique, mais aussi en termes de porosité et de perméabilité des sols – ces dernières conditionnant en effet la bonne circulation des fluides à plusieurs centaines, voire milliers, de mètres de profondeur.
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C’est chose faite concernant la région qui entoure l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône). La campagne Géoscan Arc a effet terminé cet été sa compagne d’exploration. Sous l’impulsion de l’ADEME, du service géologique national (BRGM), de la Région Sud et de la métropole Aix-Marseille-Provence, elle s’est attachée à acquérir les connaissances scientifiques pour déterminer les zones les plus favorables pour la géothermie profonde.
Il faut dire que la région délimitée par les communes d’Arles, Istres, Miramas, Aix-en-Provence, Vitrolles, Marignane et Martigues était prometteuse. Elle est en effet située sur un synclinal, un type de pli tectonique concave, c’est-à-dire en forme de cuvette ; s’y sont accumulés des sédiments jusqu’à de grandes profondeurs, et c’est une situation très favorable vis-à-vis de la géothermie profonde. Les résultats sont encore en cours d’analyse, mais ils semblent montrer que la zone autour de Vitrolles serait tout particulièrement indiquée pour un projet de production d’énergie.
Les sondages du sol sont effectués par des mesures acoustiques, réalisées à partir de camions ou par bateau. Un matériel très spécifique qu’on n’a pas l’habitude de voir tous les jours ; pour en savoir plus, l’Ademe a produit une très intéressante vidéo qui nous illustre le fonctionnement de ce matériel.
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