Vue lecture

Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.

Le fichier des empreintes digitales sera interconnecté avec huit autres fichiers

FAED y verse

Un décret vient de modifier les dispositions réglementaires relatives au fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) afin de permettre des interconnexions avec huit autres fichiers français et européens. Il porte également à 40 ans la durée maximale de conservation des données, pour tenir compte de la prescription de 20 ans.

Le ministère de l’Intérieur explique que le décret modifie les dispositions réglementaires relatives au traitement FAED, précise les finalités du FAED et les catégories de données pouvant être enregistrées, actualise les catégories de personnes pouvant accéder au traitement ou être destinataires des données, ainsi que les durées de conservation des données relatives aux infractions les plus graves, et modifie les droits des personnes concernées pour les mettre en conformité avec le RGPD.

Dans son avis, la CNIL relève que le fichier contenait, fin décembre 2022, plus de 6,5 millions d’empreintes de personnes identifiées en tant que mises en cause (contre 4,8 millions en 2014, et 2,25 en 2004), ainsi que 293 831 empreintes d’origine inconnue et non identifiées.

Elle note que le décret met fin à l’ « interdiction de principe » des mises en relation qui prévalait jusqu’alors, dans la perspective d’une interconnexion des fichiers de police aux niveaux national et international.

Sont en particulier concernées les mises en œuvre du système d’information Schengen (SIS) et du système ECRIS-TCN (pour European Criminal Records Information System – Third Country Nationals, un système centralisé de concordance/non-concordance destiné à compléter la base de données existante des casiers judiciaires de l’UE – ECRIS – sur les ressortissants de pays tiers condamnés dans l’Union européenne).

Comme nous l’avions déjà rapporté, il est prévu que le FAED fasse l’objet d’interconnexions, de rapprochements ou de mises en relation avec plusieurs autres fichiers français et paneuropéens :

  • le traitement d’antécédents judiciaires (TAJ), qui comportait en 2018 les données de près de 19 millions de personnes « mises en cause » ;
  • les logiciels de rédaction des procédures de la police nationale (LRPPN) et son équivalent de la gendarmerie nationale (LRPGN) ;
  • le dossier pénal numérique (DPN), qui vise à rassembler les données et informations collectées tout au long du processus judiciaire pénal ;
  • le système national d’information Schengen (N-SIS) qui, en 2019, répertoriait 91 millions de « signalements » et avait fait l’objet de 6,6 milliards de recherches par les États membres ;
  • le fichier des personnes recherchées (FPR), qui répertoriait en 2019 « environ 642 000 fiches actives pour 580 000 personnes », une même personne pouvant faire l’objet de plusieurs fiches ;
  • le casier judiciaire national (CJN), qui dénombrait 5 119 654 personnes condamnées en 2017 ;
  • le système d’entrée et de sortie (EES, pour Entry/Exit System), qui vise à remplacer la pratique actuelle de tamponnage manuel des passeports par l’enregistrement électronique dans une base de données centrale des informations biographiques et biométriques.
Entry/Exit System (EES)
eu-LISA

La CNIL relève cela dit que, depuis 2015, des exceptions étaient déjà prévues par le décret en vigueur :

  • concernant le traitement CASSIOPEE (pour Chaine Applicative Supportant le Système d’Information Oriente Procédure pénale Et Enfants, qui contient des informations relatives aux plaintes enregistrées dans le cadre de procédures judiciaires), pour permettre la mise à jour du FAED lorsque l’autorité judiciaire demande l’effacement des données ;
  • dans le cadre de la coopération internationale en matière de police judiciaire.

Le ministère de l’Intérieur précise qu’à ce jour, l’interconnexion avec le N-SIS ne permet qu’une alimentation manuelle des fiches de signalisation, mais que ce processus sera à l’avenir automatisé. De même, la transmission d’informations dans le TAJ sera réalisée ultérieurement au moyen d’une interconnexion pour automatiser les fusions de dossiers.

Plus d’interconnexions de fichiers = plus d’erreurs


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

Le ciblage publicitaire ne peut pas utiliser des données personnelles récupérées ailleurs

Schrems vs Meta, encore et encore
Les logos de Facebook et Meta dans des carrés en 3D sur un fond grisé dégradé

L’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), Athanasios Rantos, s’est prononcé contre la possibilité d’utiliser, pour de la publicité contextuelle, des données personnelles rendues publiques dans un autre cadre. Cet avis intervient dans une des batailles de Max Schrems et de son association noyb contre Meta.

Pour l’avocat général de la CJUE, ce n’est pas parce qu’une personne rend « manifestement publique » une donnée sensible, comme son orientation sexuelle, qu’elle autorise les réseaux sociaux à les utiliser « à des fins de publicité personnalisée », explique un communiqué de la Cour [PDF].

En 2021, la Cour suprême d’Autriche a saisi la CJUE à propos d’une procédure que Max Schrems a lancée contre Meta devant la justice autrichienne en 2018. Le fondateur de l’association noyb s’était étonné d’avoir reçu « des publicités visant des personnes homosexuelles et des invitations à des événements correspondants  » sur son profil Facebook alors qu’il « n’aurait jamais mentionné son orientation sexuelle et n’aurait publié aucune donnée sensible sur son profil Facebook », explique l’avocat général dans son avis.

Or, les données concernant la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle d’une personne physique sont considérées comme particulièrement sensibles et sont spécifiquement protégées par l’article 9 du RGPD.

En 2020, le tribunal régional des affaires civiles de Vienne a pourtant rejeté son recours en première instance. Max Schrems a formé un pourvoi devant la Cour suprême autrichienne.

Des informations rendues publiques par Max Schrems lui-même

Mais, avant de se prononcer, celle-ci veut éclaircir certains points de la juridiction européenne et notamment du RGPD. C'est pour cela qu'elle a fait appel à la CJUE. Car, en 2019 – donc après le lancement de la procédure –, Max Schrems a fait état de son orientation sexuelle lors d'une table ronde organisée par la représentation de la Commission européenne à Vienne et diffusée en streaming. Or, le paragraphe 2.e de l'article 9 du RGPD prévoit que le statut spécifique des données particulièrement sensibles tombe si les données à caractère personnel « sont manifestement rendues publiques par la personne concernée ». La Cour suprême demande donc à la CJUE si le fait que Max Schrems a rendu publique cette information « autorise le traitement d’autres données relatives à l’orientation sexuelle aux fins d’agrégation et d’analyse des données aux fins de la publicité personnalisée ? ».

Mais en dehors de Facebook

Dans son avis, Athanasios Rantos, précise bien que « les données sensibles relatives à l’orientation sexuelle du demandeur ont été divulguées, en dehors de la plateforme Facebook (« hors site ») et de toute autre plateforme ou application informatique, dans le cadre d’une table ronde organisée par la Commission et dans le but de dénoncer le traitement prétendument illicite par Meta Platforms Ireland de données relatives à cette orientation sexuelle ». Il rappelle aussi que la CJUE s'est déjà prononcée sur le fait que le recueil de données sensibles en dehors du réseau social au moyen de cookies « ou des technologies d’enregistrement similaires » ne pouvait pas se faire en considérant que la personne les rendait « manifestement publiques ». Mais ici, pour Athanasios Rantos, « compte tenu du caractère ouvert de la table ronde, diffusée en direct puis retransmise en streaming, ainsi que de l’intérêt du public pour le thème qui y était abordé », il lui « semble fort probable » que « la déclaration du requérant ait pu atteindre un public indéfini, bien plus important que celui qui était présent en salle ». Il lui parait aussi « tout à fait possible de supposer que [...] le requérant ait eu, sinon l’intention, du moins pleinement conscience de rendre cette orientation « manifestement publique ». Bref, l'avocat général considère que cette déclaration rend publique l'information.

Des données personnelles extérieures au réseau social concerné

Par contre, cela ne signifie pas que Facebook peut l'utiliser. Car « le fait de rendre manifestement publiques des données [sensibles] ne permet pas, à lui seul, d’effectuer un traitement de ces données au sens dudit règlement ». « En effet, l’application de cette dernière disposition a simplement pour conséquence de lever la "protection spéciale" conférée à certaines données à caractère personnel particulièrement sensibles » explique-t-il. Mais il ajoute qu' « une fois cette protection sciemment écartée par la personne concernée elle-même (qui les a manifestement rendues publiques), ces données à caractère personnel, à l’origine "protégées", deviennent des données "ordinaires" (à savoir non sensibles) qui, comme toutes autres données à caractère personnel, ne peuvent faire l’objet d’un traitement licite que dans les conditions prévues » par le RGPD. Et ce traitement de données à caractère personnel est notamment soumis à un principe de collecte « pour des finalités déterminées, explicites et légitimes ». Avoir rendu publiques ces données sur sa propre orientation sexuelle « n’autorise pas, en soi, le traitement desdites données ou d’autres données relatives à l’orientation sexuelle de cette personne en vue de l’agrégation et de l’analyse des données à des fins de publicité personnalisée », conclut Athanasios Rantos. Max Schrems et son avocate Katharina Raabe-Stuppnig sont « satisfaits de l'avis, même si ce résultat était très attendu », expliquent-ils dans un communiqué de l'association noyb. « Ce n'est pas parce que certaines informations sont publiques qu'elles peuvent être utilisées à d'autres fins. Si vous faites un commentaire politique sur les médias sociaux, il ne peut pas être utilisé pour cibler la publicité politique. Si les utilisateurs perdaient tous leurs droits sur les informations publiées, la liberté d'expression s'en trouverait considérablement freinée », interprète Katharina Raabe-Stuppnig. Comme le rappelle le communiqué de la CJUE, « les conclusions de l’avocat général ne lient pas la Cour de justice » et cet avis est non contraignant pour la Cour suprême d'Autriche. Mais les juges suivent généralement ces avis.

☕️ Aux États-Unis, Threads sur le point de dépasser X (Twitter)

threads instagram facebook

Selon les données d’Apptopia, Threads compte désormais plus d’utilisateurs quotidiens que X.

En hausse de 55 % par rapport à décembre, 28 millions d’utilisateurs actifs lancent ainsi l’application de Meta quotidiennement, contre 22 millions en moyenne pour X (17 millions en décembre).

La hausse constatée du côté de X reste à relativiser dans la mesure où d’autres relevés, comme ceux de Sensor Tower, enregistrent une baisse de 19 % de l’usage quotidien entre octobre 2022 et le premier trimestre 2024.

Threads devient par ailleurs la troisième plus téléchargée de l’App Store d’Apple, note Business Insider, quand X tombe en 41e place.

☕️ Snapdragon X : Qualcomm tricherait dans ses benchmarks

Puce Snapdragon X Plus

Alors même que le fabricant vient de présenter son Snapdragon X Plus et trois variantes du modèle Elite, une polémique éclate : Qualcomm tricherait dans les résultats présentés.

C’est ce qu’affirme Charlie Demerjian sur SemiAccurate. Présenter des résultats optimums, dans des conditions indéfinies, et vanter les performances de ses produits est une pratique habituelle. Mais Qualcomm mentirait éhontément sur les chiffres.

Mais on serait loin d’une simple situation idéalisée. Selon plusieurs sources, notamment de plusieurs constructeurs et même d’un ingénieur de chez Qualcomm, la réalité serait beaucoup moins reluisante, personne ne réussissant à s’approcher des résultats de Qualcomm. La différence serait parfois de 50 %, des sources parlant même de « Celeron ». La situation sur l’émulation x86 serait particulièrement prégnante.

Il faudra de toute façon attendre les premiers modèles commerciaux pour juger des performances en conditions réelles. Mais il est clair que Qualcomm verrait son image sérieusement écornée si les rumeurs étaient exactes.

Windows 11 ajoute des publicités dans le menu Démarrer, comment les supprimer

Rogntudjuuu !

Microsoft déploie actuellement des « suggestions » dans le menu Démarrer de Windows 11. Ces suggestions sont en fait des publicités pour des applications à récupérer dans le Store. Elles sont faciles à désactiver, mais reflètent un problème croissant.

Depuis le 23 avril, Microsoft déploie la mise à jour KB5036980, portant la version de Windows 11 au numéro de build 22621.3527 ou 22631.3527. Elle n’est pas encore déployée automatiquement : seules les personnes allant cliquer manuellement sur le bouton « Rechercher » dans Windows Update pourront la trouver, si elles ont activé l’option « Recevez les dernières mises à jour dès qu’elles sont disponibles », juste en dessous.

Comme indiqué par Microsoft dans le bulletin lié, on y trouve plusieurs nouveautés, comme l’apparition automatique des applications les plus utilisées dans la zone « Nos recommandations » du menu Démarrer, si elles n’y sont pas déjà épinglées. On trouve également plusieurs améliorations pour les widgets, avec une icône plus nette et un fonctionnement plus fiable sur écran verrouillé.

Mais « l’apport » qui nous intéresse, c’est l’arrivée d’applications « recommandées » dans le menu Démarrer.

Des publications faciles à supprimer


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

Reddit : cas d’école de la pollution par les contenus générés par IA ?

Qui donnera du grain avarié à moudre aux nouvelles IA ?
une icône de l'application reddit affiche 2 notifications en attente

Des services peu scrupuleux proposent de poster de la publicité clandestine sur Reddit en utilisant leur IA générative pour faire passer les messages pour de vrais posts. La plateforme très populaire et mise en avant par les moteurs de recherche pour la qualité de ses contenus risque de devenir une usine à spams… au risque de contaminer les IA génératives.

Reddit est une source de contenus importante sur internet et nombre d’internautes l’utilisent pour trouver des informations pertinentes. Selon l’entreprise, « en 2023, les internautes ont ajouté « reddit » à leurs recherches plus de 32 milliards de fois » dans leur moteur préféré pour obtenir des informations publiées à propos d’un sujet qui les intéressait.

Mais 404 Media a remarqué que des services peu scrupuleux proposent de créer automatiquement des contenus sur la plateforme pour « mentionner de façon naturelle votre produit dans les conversations ».

ReplyGuy automatise la publicité clandestine


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ Grindr visé par une plainte pour avoir partagé des données, dont le statut VIH, de ses utilisateurs

Grindr

670 personnes se sont jointes à une « class action » déposée devant la Haute Cour d’Angleterre contre l’application de rencontres LGBTQ+ Grindr. Elles souhaitent obtenir des dommages et intérêts au motif l’entreprise aurait transmis le statut VIH des utilisateurs ainsi que d’autres données sensibles à des annonceurs tiers entre 2018 et 2020, rapporte The Register.

À l’époque, des chercheurs avaient découvert que Grindr était rémunéré pour envoyer « en masse » aux sociétés d’analyse publicitaire Localytics et Apptimize des informations sensibles émanant de ses utilisateurs tels leur statut VIH, la date de leur dernier test, leurs préférences sexuelles et leur localisation GPS.

L’autorité norvégienne de protection des données avait d’ailleurs infligé à Grindr une amende de 65 millions de couronnes norvégiennes en 2020 (5,8 millions d’euros) pour avoir enfreint les règles du RGPD en matière de consentement.

L’Electronic Privacy Information Center (EPIC) a de son côté demandé en octobre 2023 à la FTC d’enquêter sur le fabricant de l’application après avoir constaté qu’il conservait les données des utilisateurs même après la suppression des comptes – une pratique que la politique de confidentialité de Grindr interdit explicitement.

« Grindr doit à la communauté LGBTQ+ qu’il sert d’indemniser les personnes dont les données ont été compromises et qui en ont souffert », a déclaré Chaya Hanoomanjee, directeur général de l’entreprise, dans un communiqué relayé par l’agence Reuters.

L’entreprise doit « veiller à ce que tous ses utilisateurs soient en sécurité lorsqu’ils utilisent l’application, où qu’ils soient, sans craindre que leurs données soient partagées avec des tiers », a ajouté Mme Hanoomanjee.

Transhumanisme, long-termisme… comment les courants « TESCREAL » influent sur le développement de l’IA

Artificial Ideology
Un crâne ouvert au sommet sert de piscine à un homme qui se baigne dans une bouée canard, le tout sur fond bleu tirant vers le noir.

Selon l’éthicienne de l’intelligence artificielle Timnit Gebru et le philosophe Emile Torres, les courants transhumaniste, altruiste effectif et long-termiste infusent des idées violemment discriminantes dans le monde de l’IA.

En janvier 2023, des e-mails vieux de vingt ans font surface. On y lit le philosophe Nick Bostrom, alors directeur du Future of Humanity Institute de l’université d’Oxford, écrire que « les noirs sont plus stupides que les blancs ». Nick Bostrom est influent dans plusieurs cercles d’importance, dans le monde de l’intelligence artificielle, notamment les milieux de l’altruisme effectif et du long-termisme.

Confronté publiquement, l’homme s’excuse pour sa correspondance raciste. Il le fait d’une telle manière, cela dit, que d’autres personnalités du monde de l’intelligence artificielle, comme la linguiste Emily Bender, s’insurgent : pour elle, Bostrom s’est débrouillé pour reformuler son injure initiale.

Après cet épisode, Emile Torres s’est entretenu avec divers adeptes du long-termisme. « À peu près chaque fois, ils m’annonçaient qu’ils n’étaient pas racistes, rapporte le philosophe à Next. Ça les énerve. » Le progressisme lui-même a des racines eugénistes, pointe-t-il, « ça ne veut pas dire qu’il faut continuer de promouvoir ces idées-là, ni que le futur doit être déterminé par des idées eugénistes. »

Mis face à cette question, sourit-il, les réactions sont généralement divisées. « Certaines personnes vont fermement réfuter le fait que les idéologies TESCREAL sont racistes », ce qui n’empêchera pas leurs liens avec les thèses eugénistes d’exister. « Et d’autres, comme Peter Thiel ou le mouvement réactionnaire, seront complètement ok avec le fait d’être raciste. Elon Musk lui-même est plutôt raciste. »

TESCREAL, comme nous l’expliquions dans notre article précédent, est un acronyme derrière lequel Emile Torres et l’éthicienne de l’intelligence artificielle Timnit Gebru rassemblent divers courants de pensée influents dans la Silicon Valley : le transhumanisme, l’extropianisme, le singularitarisme, le cosmisme (moderne), le rationalisme, l’altruisme effectif et le long-termisme.

Dans un article récemment publié dans la revue First Monday, ils exposent comment la recherche d’un être « posthumain » à la « superintelligence » et la quête d’une intelligence artificielle « générale » peuvent être reliés à certaines idées au fondement du mouvement eugéniste du tournant du XXe siècle. Ils y alertent, aussi, sur la manière dont des concepts de « sûreté de l’intelligence artificielle » (AI safety) et de recherche du « bien de l’humanité » permettent en réalité à ces mouvements d’influer sur les priorités de développement en IA et de se soustraire aux obligations de rendre des comptes au plus grand nombre.

« De nombreuses personnes travaillant sur l’intelligence artificielle générale ne sont peut-être pas conscientes de leur proximité avec les points de vue et les communautés TESCREAL », préviennent d’emblée les deux scientifiques. Contestant la scientificité de la course à une « intelligence » artificielle « générale », les deux universitaires appellent à la promotion de modèles d’intelligence artificielle précisément définis, testables, et construits d’une manière qui les rendent réellement sécurisables.

L’alignement, au cœur du paradoxe


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ La FCC rétablit la réglementation sur la neutralité du net aux États-Unis

structure de fils métalliques interconnectée

Le régulateur des télécoms américain, la Federal Communications Commission (FCC), a voté mercredi 25 avril le rétablissement des réglementations empêchant les fournisseurs d’accès internet (FAI) des États-Unis de fournir un service de qualité différente selon la nature des informations (messagerie vs streaming, par exemple) ou le fournisseur de contenus, explique le New York Times.

Ce principe de « neutralité du net », défendu depuis la mise en place du réseau, avait été établi dans une réglementation il y a près de 10 ans par le gouvernement d’Obama. Mais Donald Trump l’avait fait abroger.

La FCC l’a donc remise en place lors d’un vote de trois voix contre deux. Ce vote rétablit aussi un plus grand contrôle de la FCC sur les FAI, notamment sur les pannes et sur les questions de sécurité.

☕️ OVHcloud dévisse de près de 30 % en bourse après l’annonce de ses résultats

Mur d’OVHcloud à Roubaix, avec le logo OVHcloud

Mardi, l’hébergeur roubaisien publiait son bilan financier pour le premier semestre 2024. La société parlait en titre d’un « contexte économique difficile », notamment en Europe « où les clients optimisent leurs ressources cloud ».

Le chiffre d’affaires est de 486 millions d’euros, « en croissance de 10,8 % en données comparables et de 10,6 % en données publiées ». Le cloud privé représente toujours la plus grosse part avec 302,5 millions d’euros. Le cloud public et le webcloud (et autres) se partagent le reste du gâteau avec respectivement 88,4 millions et 95,1 millions d’euros.

Sur la répartition géographique, la France est toujours en tête des revenus avec 237,5 millions d’euros. L’Europe compte pour 141,2 millions d’euros et le reste du monde pour 107,3 millions d’euros. Sur le Vieux-continent, « le Groupe a notamment intégré avec succès gridscale en Allemagne et a commencé à déployer sa technologie », avec des « Locales Zones » à Madrid et Bruxelles.

Des chiffres en hausse par rapport à 2023, mais les prévisions d’OVHcloud sont revues à la baisse pour l’année 2024 : « OVHcloud ajuste son objectif de croissance organique du chiffre d’affaires à une fourchette comprise entre 9 % et 10 % (entre 11 % et 13 % initialement) ».

Alors que l’action était à un peu plus de 9,3 euros dans la journée de lundi, elle est passée sous les 8 euros mardi matin pour arriver à moins de 7 euros jeudi à la fermeture de la bourse. En quelques jours, l’action a donc perdu plus de 28 %.

OVHcvloud avait pour rappel été introduit en bourse à 18,50 euros en octobre 2021 puis était rapidement passé au-dessus des 20 euros. Elle est repassée sous les 20 euros en mai 2022 et sous les 10 euros un an plus tard.

Qualcomm dévoile son Snapdragon X Plus et trois variantes du modèle Elite

Plus moins bien
Puce Snapdragon X Plus

Qualcomm a levé le voile sur son Snapdragon X Plus, une version moins puissante que l’Elite, mais également moins onéreuse. Alors que cette ligne de puces doit permettre enfin l’avènement des machines Windows sur puces Arm, faisons un rappel sur les enjeux.

C’est peu dire que des puces Arm performantes sont attendues dans le monde Windows. Difficile d’oublier les tentatives sur Windows RT et Windows 10. Depuis, des machines existent bien – notamment une déclinaison de la tablette Surface – mais le problème est à chaque fois le même : les performances.

On le sait, quand une application arrive sur Windows on Arm dans une version compilée spécifiquement pour cette architecture, les performances font un énorme bond. Google l’a rappelé récemment pour son navigateur Chrome, qu’il a pris le temps (c’est un euphémisme) de peaufiner. La firme de Mountain View s’est probablement dit qu’il n’était pas question de rater le coche sur la prochaine génération d’ordinateurs portables et tablettes devant embarquer les Snapdragon X.

Dans le cas d’une application non compilée pour Arm, c’est l’émulation x86 qui prend le relai. Et là, le résultat est très différent, particulièrement dans les applications lourdes. La couche d’émulation fournie par Microsoft n’est pas aussi efficace que Rosetta chez Apple. Bien que l’arrivée des puces de Qualcomm soit très attendue, elles ne règleront pas ce point d’un coup de baguette magique.

Et voilà le Snapdragon X Plus


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

Transhumanisme, long-termisme… des idéologies aux racines eugénistes ?

Science artificielle
Un crâne ouvert au sommet sert de piscine à un homme qui se baigne dans une bouée canard, le tout sur fond rouge tirant vers le noir.

Transhumanisme, altruisme effectif et long-termisme ne seraient-ils que diverses facettes d’une même pièce ? C’est la thèse de l’éthicienne de l’intelligence artificielle Timnit Gebru et du philosophe Emile Torres, qui réunissent ces idées sous l’acronyme TESCREAL et les lient au courant eugéniste.

L’intelligence artificielle générale (AGI) est-elle un réel idéal ? Est-ce un idéal bénéfique pour la majorité ? Faut-il continuer de financer la recherche pour la création d’une telle entité supposée dépasser les capacités humaines quand, dans le même temps, ceux qui y œuvrent alertent sur les dangers d’une AGI « non-alignées » avec les valeurs de l’humanité ?

Lorsqu’on creuse ce paradoxe, on tombe rapidement sur différents courants de pensée qui animent depuis plusieurs années la Silicon Valley. Transhumanisme, altruisme effectif, long-termisme… Le monde technologique baigne dans ces mouvements qui irriguent, en particulier, la recherche en intelligence artificielle la plus en vue.

Si ces mouvements sont débattus depuis longtemps, la critique s’accentue depuis plusieurs mois. Elle est notamment portée par les alertes de l’ingénieure Timnit Gebru et le philosophe Emile Torres, qui alertent sur les liens idéologiques que ces courants entretiennent avec un mouvement plus ancien : l’eugénisme. Dans un article tout juste paru dans la revue First Monday, les deux scientifiques relient les idées au fondement des TESCREAL (un acronyme qui réunit transhumanisme, Extropianisme, singularitarisme, cosmism, Rationalisme, Altruisme Effectif et long-termisme) à celles de ce courant dont les idées ont irrigué les démocraties européennes au tournant du XXe siècle, et qui en a motivé les heures les plus sombres.

« De nombreuses personnes travaillant sur l’intelligence artificielle générale ne sont peut-être pas conscientes de leur proximité avec les points de vue et les communautés TESCREAL », préviennent d’emblée Gebru et Torres.

Les principaux promoteurs des courants TESCREAL « ont été très efficaces en termes de stratégie, explique Émile Torres à Next. Ils ont été super bons pour trouver les meilleures manières d’atteindre leurs buts », en se positionnant dans des universités influentes (comme Oxford, au Royaume-Uni, qui vient tout juste de fermer le Future of Humanity Institute dirigé par le philosophe Nick Bostrom depuis vingt ans), en attirant des financements et en détournant l’attention trop précise des régulateurs. 


Résultat, écrit-il avec Timnit Gebru : « Les idéologies TESCREAListes sont le moteur de la course à l’AGI, même si toutes les personnes associées à l’objectif de construction de l’AGI ne souscrivent pas à ces visions du monde. » Contestant la scientificité de la course à une « intelligence » artificielle « générale », les deux universitaires appellent à la promotion de modèles d’intelligence artificielle précisément définis, testables et construits d’une manière qui les rend réellement sécurisables.

Un acronyme pour les rassembler tous


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

Corrigée depuis deux ans, une faille Windows activement exploitée par des pirates russes

Faille 1460-days
Un ordinateur avec un drapeau pirate sur fond rouge

Le groupe de pirates APT28, aussi connu sous les noms de Fancy Bear et Forest Blizzard, exploite une vulnérabilité connue dans le spouleur d’impression de Windows. Cette faille, exploitée depuis quatre ans environ, est corrigée depuis deux ans. Suite à l’apparition d’un nouveau malware, elle revient sur le devant de la scène.

Le spouleur d’impression de Windows aura été une source régulière de vulnérabilités, toutes versions du système confondues. En 2021, on se rappelle notamment PrintNightmare, de son vrai nom CVE-2021-34527. Exploitée, elle permettait l’exécution d’un code arbitraire avec des privilèges système, le tout à distance. On pouvait difficilement faire pire. La suite n’avait pas été glorieuse, puisque le correctif initial s’était révélé incomplet. Microsoft avait même publié un patch pour Windows 7, alors que le système n’avait déjà plus de support technique.

En 2022, une autre faille apparaît. Estampillée CVE-2022-38028, elle est corrigée en octobre de la même année, suite à un signalement de la NSA. Exploitée, elle pouvait permettre une élévation des privilèges et aboutir, sur un système ayant déjà été compromis, à l’exécution d’un code arbitraire avec des droits système.

La faille, moins sévère que celle de 2021, restait dangereuse. Et son histoire n’est pas terminée : elle est toujours exploitée, signe que des structures n’ont toujours pas appliqué le correctif correspondant. D’autant que derrière l’exploitation, on trouve APT28, un groupe rattaché au renseignement militaire russe et spécialisé dans la collecte de renseignements.

APT28, un vieux de la vieille


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

La CNIL fait le bilan de son année 2023, cinquième année après RGPD

RGPD banalisé

Si la CNIL est née bien avant le RGPD, l’année 2018 est une date un peu particulière pour les autorités de régulation européenne puisque le règlement européen a revalorisé leur existence et leurs actions. Dans son rapport annuel 2023 [PDF], l’autorité fait un bilan de son action pendant cette cinquième année post-RGPD.

« Je n’ai rien à cacher mais vous n’avez pas à tout savoir de moi », c’est le titre du rapport annuel de la CNIL reprenant le titre du célèbre documentaire (Nothing to Hide) sur les effets de la surveillance de masse, tout en le complétant pour clarifier le message vis-à-vis des organismes que l’autorité doit contrôler.

16 551 plaintes traitées


Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ Batterie de nouveautés pour Dropbox, dont le chiffrement de bout en bout pour les équipes

Logo de Dropbox

Dans un billet de blog, l’entreprise a présenté toute une série de nouveautés, dont plusieurs liées à la sécurité. On trouve ainsi un chiffrement de bout en bout intégré pour les dossiers d’équipe et la possibilité d’ajouter une clé unique provenant d’un service compatible FIPS 140-2 de niveau 3.

Dropbox renforce également certains outils d’administration. Le tableau de bord central permet ainsi de gérer les membres de l’équipe et les invitations. Le centre de confiance rassemble tout ce qui touche aux audits, à la sécurité, la fiabilité, la conformité et la confidentialité. Tous les ajouts mentionnés sont disponibles pour les clients Advanced, Business Plus et Enterprise.

Le service se dote surtout de plusieurs capacités très attendues, comme la coréalisation en temps réel sur les fichiers Office (Word, Excel et PowerPoint). La capacité fait son apparition en bêta, à laquelle tout le monde peut s’inscrire. Dropbox ajoute aussi la compatibilité OneDrive pour sa fonction Replay.

Enfin, la version web se dote de plusieurs nouvelles fonctions. On peut ainsi prévisualiser un fichier ou un dossier en le survolant à la souris, épingler des éléments en accès rapide dans la barre latérale, organiser le contenu via des filtres dynamiques, ou encore afficher des fichiers similaires grâce à des « suggestions intelligentes » tenant compte du contexte.

☕️ TikTok suspend le système de récompense de sa version Lite

TikTok

L’entreprise a annoncé sur Twitter mercredi 24 avril sa décision de suspendre « volontairement » les fonctions de récompenses dans TikTok Lite « pendant que nous répondons aux préoccupations » soulevées par la Commission européenne et « autres régulateurs ».

En effet, si cette décision est « volontaire », elle a été prise sous pression de la Commission européenne qui l’a menacée mardi 23 avril de suspendre l’application elle-même si l’entreprise ne lui envoyait pas dans les 24 heures une évaluation des risques sur la santé mentale de ses utilisateurs de ces nouvelles fonctionnalités. Mercredi 24 avril au matin, TikTok affirmait avoir soumis ce rapport à la Commission.

La Commission européenne a rapidement réagi à cette annonce :

« La Commission prend acte de la décision de TikTok de suspendre unilatéralement le « Task and Reward Programme  » de TikTok Lite en France et en Espagne pour une période initiale de 60 jours à partir d’aujourd’hui pour les nouveaux utilisateurs et d’ici la fin de la semaine pour tous les autres utilisateurs en France et en Espagne, et en tout état de cause au plus tard le 1er mai, ainsi que de mettre en pause le déploiement de TikTok Lite dans d’autres États membres de l’UE. La Commission surveillera la mise en œuvre effective de cet engagement public »

« Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les médias sociaux. Le DSA garantit la sécurité de notre espace en ligne de l’UE », ajoute de son côté le commissaire Thierry Breton.

☕️ L’Union européenne se dote d’une directive sur les violences numériques faites aux femmes

Drapeaux de l’Union européenne

L’Union européenne s’est dotée mercredi de sa première directive expressément dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes. 


Le texte criminalise les mutilations génitales féminines, le mariage forcé, mais aussi diverses problématiques numériques qui touchent spécifiquement ou plus violemment les femmes que les hommes. Il a aussi pour but de faciliter l’accès à la justice et à la santé des victimes de violence.

Le partage non consenti d’images à caractère sexuel (y compris les deepfakes, qui y sont expressément nommés), la « traque furtive en ligne » (cyberstalking), le cyberharcèlement et le cyberflashing (envoi non sollicité d’une publication représentant des organes génitaux) sont autant d’éléments que le texte vise explicitement à réguler.

☕️ L’Espagne relance son enquête sur le logiciel espion Pegasus, avec l’aide de la France

NSO Group

La Haute Cour d’Espagne a décidé de rouvrir son enquête sur l’utilisation du logiciel Pegasus de la société israélienne de cyberespionnage NSO Group pour espionner le Premier ministre Pedro Sanchez et d’autres hommes politiques espagnols, rapporte l’agence Reuters.

La Haute Cour avait classé l’affaire sans suite l’année dernière, après avoir constaté que les autorités israéliennes n’avaient pas coopéré.

Le juge Jose Luis Calama a expliqué que la France lui avait en effet transmis les détails de sa propre enquête sur l’utilisation du logiciel Pegasus pour espionner des téléphones appartenant à des journalistes, des avocats et des personnalités publiques, ainsi qu’à des membres du gouvernement français et à des hommes politiques en 2021.

M. Calama a déclaré que la comparaison des résultats espagnols avec les données techniques transmises par la France pourrait contribuer à faire avancer l’affaire. Il a ordonné une analyse par un expert afin de croiser les éléments techniques recueillis dans le cadre des enquêtes française et espagnole et de déterminer l’auteur des cyberattaques.

« Tout cela permettra une action commune et coordonnée des autorités judiciaires françaises et espagnoles afin de déterminer l’origine de l’infestation menée par le biais du programme d’espionnage Pegasus en France et en Espagne », a précisé le juge.

☕️ Ariane 6 : le corps central se tient debout sur la rampe de lancement

ESA Ariane 6

Dans un communiqué, l’Agence spatiale européenne explique que, depuis le 24 avril 2024, « le corps central de la nouvelle fusée européenne Ariane 6, qui s’envolera pour la première fois vers l’espace, a été déplacé à la verticale sur la rampe de lancement ». Une étape qui, pour une fois, s’est faite dans les délais, du moins ceux annoncés en mars.

Le premier booster de la fusée Ariane 6 du vol inaugural est prêt depuis le mois de mars, tandis que le second est censé être terminé depuis début avril. La suite est déjà connue : « Les passagers de la première Ariane 6 doivent arriver en mai, prêts à être intégrés ». Ensuite, les différents partenaires d’Ariane 6 (ESA, CNES et ArianeGroup) visent une date de lancement comprise entre le 15 juin et le 31 juillet 2024.

L’ESA rappelle que ce nouveau lanceur lourd, attendu depuis des années, doit redonner à l’Europe « une grande puissance et une grande flexibilité, avec un coût inférieur à celui de ses prédécesseurs. La configuration du lanceur – avec un étage principal amélioré, deux ou quatre boosters puissants et un nouvel étage supérieur redémarrable – offrira à l’Europe une plus grande efficacité et davantage de possibilités, car elle pourra lancer plusieurs missions sur différentes orbites en un seul vol. Son étage supérieur se désorbitera à la fin de la mission ».

❌