Vue lecture

VIGINUM décrypte les liens entre un dictateur de l’ex-URSS et des indépendantistes d’outre-mer

À bas coups
VIGINUM décrypte les liens entre un dictateur de l’ex-URSS et des indépendantistes d’outre-mer

L’Azerbaïdjan, présidée pendant 10 ans par l’ancien chef du KGB, et depuis 21 ans pas son fils, accueille à bras ouverts depuis plus d’un an les indépendantistes des territoires de la France d’outre-mer. Sur Internet, ses armées de trolls tentent aussi de jeter de l’huile sur le feu en cherchant à instrumentaliser le « colonialisme français ».

Le dernier rapport de VIGINUM, le service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères, documente une campagne numérique de manipulation de l’information « ciblant les DROM-COM et la Corse », et « émanant d’un organisme de propagande d’État basé en Azerbaïdjan », le Baku Initiative Group (BIG), du nom de la capitale azérie :

« Diffusant des contenus à la ligne éditoriale résolument hostile à la France, ces acteurs cherchent délibérément à exploiter la situation politique et économique dans les départements, régions et collectivités d’Outre-Mer (DROM-COM) et en Corse ainsi qu’à instrumentaliser l’histoire de la présence française sur le continent africain pour des finalités malveillantes. »

Son objectif est de « tenter (sans succès) de remettre en cause l’intégrité territoriale de la France dans ses territoires ultramarins, en instrumentalisant notamment les mouvements et idées indépendantistes », résume VIGINUM.

Or, et malgré ses « tentatives répétées et grossières » de s’implanter dans le débat public numérique francophone, « le BIG n’a pas réussi à obtenir la visibilité probablement escomptée » auprès des populations ciblées par leurs manœuvres.

Ce pourquoi, et « compte tenu de l’activisme déployé par l’organisation azerbaïdjanaise pour gagner en visibilité, sans succès », VIGINUM a décidé de le baptiser « UN-notorious BIG », en référence au célèbre rappeur américain.

L’Azerbaïdjan figure à la 164ᵉ position (sur 180) du classement RSF de la liberté de la presse. Après avoir été présidé, de 1993 à 2003, par l’ex-chef du KGB en Azerbaïdjan, Heydar Aliyev, le pays est depuis dirigé par son fils, Ilham Aliyev, réélu président en 2008, 2013, 2018 ainsi qu’en février dernier, avec 92,1 % des voix.

Qualifié de « dictature impitoyable » par Le Monde, « l’une des plus féroces au monde » par Cash Investigation, le pays est aussi connu pour sa « diplomatie du caviar », consistant à verser des cadeaux, voire à financer des personnalités et responsables politiques étrangers.

L’Azerbaïdjan est aussi tristement célèbre pour ses nombreuses atteintes aux droits de l’homme, allant jusqu’à installer des caméras cachées pour partager les « sextapes » de dissidents sur les réseaux sociaux, et fomentant des tentatives d’assassinats à l’étranger, y compris en France.

Le groupe d’initiative de Bakou « contre le colonialisme français »

Sur son site, le Baku Initiative Group (BIG) se présente comme une organisation non gouvernementale internationale qui « se consacre à la promotion de partenariats internationaux dans les domaines de la décolonisation et des droits de l’homme » :

« Le Groupe d’Initiative de Bakou mène principalement ses activités conformément aux normes et principes internationaux, en se concentrant sur la lutte contre le colonialisme et le néocolonialisme, tout en protégeant et en promouvant les droits de l’homme, qui sont essentiels dans le processus de décolonisation. »

Sa page d’accueil arbore une colombe de la paix volant au-dessus de l’Azerbaïdjan, reliée aux drapeaux de territoires d’outre-mer français : Corse, Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Martinique, Guadeloupe, Guyane française.

Lors de sa création, le 6 juillet 2023, son intitulé était encore plus explicite : « groupe d’initiative de Bakou contre le colonialisme français ». Ses membres, des militants indépendantistes des DROM-COM, avaient été conviés à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, à l’occasion d’une table ronde intitulée « Vers l’élimination complète du colonialisme », en marge d’une réunion ministérielle du Mouvement des pays Non-Alignés (MNA).

Créée du temps de la Guerre froide pour se départir de l’influence des États-Unis et de l’URSS, le MNA a en effet été présidé par l’Azerbaïdjan, de 2019 à 2024. Son but affiché : assurer « l’indépendance nationale, la souveraineté, l’intégrité territoriale et la sécurité des pays non alignés dans leur lutte contre l’impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme, la ségrégation, le racisme, et toute forme d’agression étrangère, d’occupation, de domination, d’interférence ou d’hégémonie de la part de grandes puissances ou de blocs politiques ».

La conférence elle-même avait été organisée par le Centre d’analyse des relations internationales (AIR Center), un think tank présidé par un ancien diplomate et ambassadeur de l’Azerbaïdjan. VIGINUM relève d’ailleurs qu’il avait été créé, en 2019, par un décret du Président de la République d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, qui le qualifiait d’ « entité juridique publique qui fournit des documents scientifiquement analysés aux organes de l’État de l’Azerbaïdjan ».

Une ONG artificiellement soutenue par des centaines de trolls

Non content d’être une organisation sous influence, bien plus qu’une « organisation non gouvernementale », VIGINUM a aussi découvert que BIG est également artificiellement soutenu par une armée de « comptes inauthentiques » et ce, depuis son lancement.

VIGINUM a en effet identifié, le jour même du lancement officiel de BIG, une première campagne orchestrée impliquant 895 utilisateurs associant trois hashtags sur la plateforme X, « #NonAlignedMovement #France #Colonialism » dans 7 305 tweets, agissant de manière coordonnée, totalisant plus de 1 000 publications en l’espace de dix minutes, caractéristique d’un comportement automatisé.

Une seconde campagne coordonnée eut lieu le 22 septembre 2023, à l’occasion d’une conférence intitulée « Decolonization : Peaceful Revolution », organisée par le BIG au siège des Nations unies à New-York. Ce jour-là, 882 utilisateurs postèrent 8 308 tweets avec les quatre hashtags « #colonialism #neocolonialism #France #Macron ».

99 % de ces publications étaient illustrées par de vidéos de l’évènement ou de visuels des différentes déclarations officielles, et 83,5 % reprenaient la même citation : « Baku initiative group raises issue of neocolonialism at @un. final statement. #colonialism #neocolonialism #france #macron @emmanuelmacron », attestant de l’usage de la technique du copy-pasta.

De plus l’indicateur VIGI-CMT (qui calcule la probabilité qu’un sujet soit manipulé par amplification artificielle sur X) indique un score très élevé (99 %), « signe d’une amplification inauthentique de la diffusion de ces hashtags par un noyau restreint de comptes », précise VIGINUM.

Le 20 octobre 2023, une troisième campagne coordonnée, elle aussi en marge d’une conférence de BIG, permettant à son armée de trolls de propulser des tweets copiés-collés accompagnés d’images d’archives renvoyant à des atrocités associées au passé colonial français.

VIGINUM a identifié deux autres campagnes de ce type, la dernière ayant eu lieu en février 2024, suite à l’arrestation, « dans le cadre d’une information judiciaire portant sur des faits qualifiés d’association de malfaiteurs terroriste, de fabrication d’engin explosif en relation avec une entreprise terroriste, et de destruction dangereuse en relation avec une entreprise terroriste », de deux militants d’un nouveau parti indépendantiste corse, Nazione, qui venait d’appeler à « soutenir la lutte armée » et à « la création d’une République corse ».

En mai, VIGINUM détectait sur X et Facebook une « propagation massive et coordonnée de contenus manifestement inexacts ou trompeurs » accusant les forces de l’ordre françaises d’ouvrir le feu sur des manifestants indépendantistes dans le cadre des émeutes en Nouvelle-Calédonie, ce qu’elle avait alors déjà documenté.

Des trolls soutenant le président-dictateur, et son parti politique

Si le BIG n’a pas directement participé à cette manœuvre informationnelle, « au moins 348 » des comptes ayant contribué à l’opération avaient été identifiés par VIGINUM comme appartenant à un cluster de 423 comptes inauthentiques ayant participé à chacune des quatre premières opérations de manipulation.

93% des 423 comptes utilisaient majoritairement la langue azérie, et 115 comptes (soit 27%), ont déclaré dans leur localisation, ou leur biographie, être situés en Azerbaïdjan, dans une ville azerbaïdjanaise ou dans un district du pays.

De plus, le 20 janvier, qui est un jour férié en Azerbaïdjan, le nombre de tweets a chuté à 1 300 publications, contre 6 000 pour les autres jours de la semaine, « semblant confirmer que les 423 comptes analysés publient lors de jours ouvrés », relève VIGINUM.

Parmi les liens les plus partagés par les membres du cluster, figurent en outre celui de la présidence azerbaïdjanaise, president[.]az (59,4% des cas), l’agence de presse de l’État azerbaïdjanais, azertag[.]az (12,7%), et le lien vers le site internet du parti présidentiel, yap[.]org.az. (9,4%).

Entre le 1er février et le 10 février 2024, 414 des 423 comptes (soit 98%) ont partagé des hashtags appelant à la candidature du président sortant, Ilham Aliyev, le qualifiant de « chef victorieux du peuple victorieux ».

VIGINUM a également découvert, grâce à plusieurs erreurs commises par les participants de ce cluster, ses liens avec le parti présidentiel du nouvel Azerbaïdjan (YAP). Plusieurs tweets comportaient en effet, en exergue du message et entre crochets, le jour et l’heure prévus pour leurs publications, suivis d’un prénom (différent de celui du compte X associé) et de la mention « YAP ».

Un autre message, probablement publié par erreur, précise : « Veillons à ce que cette information et cette photo soient largement diffusées par tous les employés et les militants sur les trois réseaux sociaux », suivi de : « Une organisation conjointe du Bureau central du Nouveau Parti d’Azerbaïdjan, de l’Union de la jeunesse du YAP et de l’École supérieure de pétrole de Bakou ».

Le compte qui a posté ce message ne suit par ailleurs que quatre autres comptes, dont celui d’une « consultante sénior pour le YAP dans le district de Tovuz », au nord du pays, elle-même reliés à plusieurs des comptes du cluster.

« Le BIG est notre enfant », se vante le dictateur-président

Le compte X de BIG ne suit, de son côté, que trois comptes : celui du chef du département des Affaires étrangères azerbaïdjanais, de la vice-présidente d’Azerbaïdjan, et celui du président Ilham Aliyev. Sur Instagram, il ne suit que celui d’Aliyev.

Il a en outre publié un message où le président azerbaïdjanais assume la paternité de l’organisation en déclarant : « Le Groupe d’Initiative de Bakou est notre enfant ». Au lendemain de la réélection du président-dictateur, en février dernier, ses comptes X, Facebook, Instagram et LinkedIn se sont félicités de sa victoire, reprenant le hashtag « #QalibXalqınQalibLideri » (« le chef victorieux du peuple victorieux » en français).

« Se revendiquant comme une organisation non-gouvernementale soucieuse de soutenir la lutte contre le colonialisme, le BIG présente en réalité une activité numérique trompeuse, essentiellement dictée par les objectifs de politique étrangère des autorités de Bakou », conclut VIGINUM, « sans toutefois parvenir à l’effet escompté ».

L’analyse de la structure numérique utilisée, ainsi que celle des comptes X prenant part aux différentes manœuvres informationnelles, « a mis en lumière l’implication directe d’acteurs proches du pouvoir politique azerbaïdjanais, notamment des individus liés au parti présidentiel YAP ».

L’étude des contenus diffusés dans les manœuvres d’ingérence numérique a d’autre part permis de « confirmer l’intention malveillante derrière l’activisme du BIG, à savoir dégrader l’image et la réputation de la France auprès des populations des DROM-COM et de la Corse » :

« Par conséquent, la raison d’être revendiquée par le BIG (lutte contre le colonialisme et soutien des initiatives de décolonisation) semble en réalité viser prioritairement la France, révélant ainsi la véritable finalité poursuivie par cette officine de propagande d’État : instrumentaliser les mouvements et idées indépendantistes afin de porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État dont les prises de position ou déclarations sont contraires aux intérêts de l’Azerbaïdjan. »

Le Front International de Libération des Dernières Colonies Françaises

En juin dernier, l’AIR Center justifiait de son côté son soutien aux indépendantistes des territoires d’outre-mer français au motif qu’ « en soutenant les revendications territoriales de l’Arménie contre l’Azerbaïdjan et ses actions illégales au Karabakh, la France a directement porté atteinte à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan » dans le cadre du conflit du Haut-Karabagh :

« Ce soutien au séparatisme contraste fortement avec les accusations de la France selon lesquelles l’Azerbaïdjan favorise des sentiments anticoloniaux. […] La position de la France sur le conflit Arménie-Azerbaïdjan souligne sa volonté de soutenir les mouvements sécessionnistes lorsqu’elle s’aligne sur ses intérêts tout en condamnant des sentiments similaires lorsqu’ils remettent en question ses pratiques néocoloniales. »

L’Azerbaïdjan a également signé plusieurs protocoles d’entente, « sans aucun fondement juridique », précise VIGINUM, avec des leaders indépendantistes calédoniens et polynésiens. En juillet, BIG a en outre organisé une nouvelle conférence à Bakou, intitulée « Congrès des colonies françaises », soutenant la création d’un « Front International de Libération des Dernières Colonies Françaises » (FILDECOF), réunissant des représentants des formations indépendantistes des DROM-COM et de Corse.

☕️ Fuite de données personnelles chez Norauto : 78 000 clients concernés

Norauto confirme à l’AFP avoir été la cible d’une cyberattaque : « Les investigations menées par nos équipes mobilisées sur le sujet indiquent que des données à caractère personnel spécifiquement liées à notre service location ont été ciblées ». 78 000 clients sont concernés.

Selon les cas, les données récupérées par les pirates contiennent les nom, prénom, adresses email et postale, numéro de téléphone, numéro de carte de fidélité et numéro de pièce d’identité. Pas de données bancaires donc.

L’enseigne affirme avoir « immédiatement mis en place des mesures pour stopper l’attaque et renforcer la sécurité de (ses) systèmes ». La CNIL a été informée de l’incident, comme la loi l’oblige. Norauto ne donne pas plus de détails.

Le 27 novembre, sur un forum bien connu des pirates, l’un d’eux revendiquait avoir récupéré les données de 78 000 clients via « un panneau d’administration pour gérer le paiement ». Il vendait d’ailleurs l’accès à cette interface pour 200 euros, contre 50 euros les données. Les informations personnelles ne pèsent pas lourd.

Depuis la rentrée, les annonces se multiplient : Boulanger, Cultura, DiviaMobilités, Truffaut, Cybertek et Grosbill (qui font partie du même groupe), l’Assurance retraiteRED by FR, Meilleurtaux, Ornikar, Free (fixe et mobile), Picard, Molotov, Auchan et le Point, un client de Mediboard, Direct Assurance

☕️ iliad veut devenir « un leader européen du data center hyperscale »

Le groupe iliad (Free et Scaleway) et InfraVia viennent d’annoncer des négociations exclusives afin de mettre sur pied « un partenariat stratégique pour développer une plateforme de data centers hyperscale de référence en Europe ».

InfraVia est une société de capital investissement qui gère 15 milliards d’euros de capitaux. Elle prendrait « une participation de 50 % du capital d’OpCore, valorisée à 860 millions d’euros […] Ce partenariat constitue un tournant décisif dans la croissance et le développement stratégique d’OpCore ».

Si ce nom ne vous dit rien, il s’agit pour rappel (depuis juin 2023) du nouveau nom de Scaleway Datacenter. Le but était de « donner une meilleure visibilité à l’activité OpCcore et de l’établir sur le marché européen du data center ».

Sans surprise, « Scaleway conservera son statut de client privilégié d’OpCore » même après cette transaction. Le CEO d’OpCore est Arnaud de Bermingham, le fondateur de Scaleway. Selon son profil LinkedIn, il a lâché les rênes l’année dernière.

« Ce partenariat permet à OpCore de se doter d’une structure financière optimale avec un financement dédié permettant de couvrir jusqu’à 75 % des investissements par de la dette bancaire. OpCore disposera ainsi de plus de 130 MW de capacité, via la construction en cours d’un data center de 100 MW en région parisienne – à laquelle viendront s’ajouter d’autres projets en Europe totalisant plusieurs centaines de mégawatts », explique iliad.

Des consultations préalables auprès des instances représentatives du personnel sont prévues. La clôture de cette transaction est attendue pour le premier semestre 2025. Il faudra attendre le feu vert des autorités concernées.

Semi-conducteurs : les États-Unis intensifient les restrictions visant la Chine

Matière première contre produits finis
Semi-conducteurs : les États-Unis intensifient les restrictions visant la Chine

Les États-Unis ont annoncé lundi la mise en place de nouvelles restrictions concernant l’export vers la Chine de composants électroniques de pointe. 140 entreprises chinoises rejoignent la liste noire des exportations soumises à accord préalable. La Chine n’apprécie pas et le fait savoir.

« Promouvoir la sécurité nationale grâce au leadership technologique et à des contrôles vigilants des exportations », annonce en Une de son site le Bureau de l’industrie et de la sécurité. Rattachée au ministère du Commerce, cette administration définit et met en œuvre les politiques états-uniennes en matière d’import-export. Lundi, c’est par son intermédiaire que l’administration Biden a annoncé sa troisième salve de restrictions concernant l’export de technologies américaines vers la Chine.

Les modifications annoncées lundi 2 décembre renforcent explicitement les restrictions sur deux secteurs : la fabrication de semi-conducteurs, et les composants dédiés au calcul informatique haute performance, qui englobe ici les déclinaisons dédiées à l’entraînement des modèles d’IA. L’annonce était attendue puisqu’elle avait fuité la semaine dernière, mais il était alors question d’ajouter jusqu’à 200 entreprises chinoises.

Lithogravure et mémoire HBM placées sous contrôle

Sur le volet semi-conducteurs la liste des exportations contrôlées répertorie notamment de nouvelles entrées dédiées aux outils, matériels ou logiciels, qui entrent dans les procédés de lithogravure les plus avancés. Le périmètre englobe ainsi bien la production que la métrologie, le nettoyage ou le pilotage des lignes de production.

La liste mise à jour – un épais document de 150 pages disponible en PDF – s’intéresse également de près à la mémoire HBM (High Bandwith Memory). Elle est très prisée des concepteurs de systèmes dédiés à l’intelligence artificielle ou au calcul haute performance, avec une offre qui peine à suivre la demande. AMD, par exemple, a revu à la baisse la quantité de HBM3e dans ses Instinct MI325X.

« De telles applications autorisent des usages militaires ou de renseignement avancés, elles abaissent la barrière à l’entrée pour des non spécialistes dans le développement d’armes de destruction massive, dans le soutien à de puissantes opérations cyber et dans l’assistance à l’utilisation de la surveillance de masse pour commettre des violations des droits de l’homme », justifie le BIS.

En synthèse, le Bureau place ainsi sous exportation contrôlée 24 nouveaux équipements dédiés à la production de semi-conducteurs et trois familles de logiciels dédiés au contrôle de ces derniers. La vente de mémoire HBM fait quant à elle l’objet de nouveaux contrôles, qui évaluent l’identité de l’acquéreur et les volumes concernés avant d’éventuellement valider l’exportation.

140 nouvelles entreprises chinoises sur la liste noire

Le BIS étend par ailleurs la liste (.PDF) des entités sujettes à un contrôle renforcé des exportations. Il y intègre 140 nouvelles entreprises, principalement chinoises, qui ne pourront plus s’approvisionner officiellement aux États-Unis sans un accord préalable du BIS. 

Motif avancé ? Ces entités participent aux efforts de modernisation militaire enclenchés par Pékin. Dans le lot figurent plusieurs fabricants de semi-conducteurs, souvent engagés sur des procédés de pointe, à l’image de Piotech, qui développe des solutions de gravure alternatives à celles du leader mondial, le néerlandais ASML.

Pour la première fois, les États-Unis ciblent également des fonds d’investissement : JAC Capital, Wingtech Technology Co. et Wise Road Capital rejoignent ainsi la liste, au motif de leur implication « dans les efforts du gouvernement chinois pour acquérir des entités dotées de capacités sensibles en matière de fabrication de semi-conducteurs ».

« Cette action est le point culminant de l’approche ciblée lancée par l’administration Biden-Harris, de concert avec nos alliés et partenaires, pour entraver la capacité de la République populaire de Chine à produire elle-même des technologies de pointe qui constituent un risque pour notre sécurité nationale », se réjouit Gina Raimondo, la secrétaire au commerce des États-Unis, dans un communiqué.

Pékin n’apprécie pas et le fait savoir

Le ministre du Commerce chinois a réagi dès lundi, évoquant, en des termes peu amènes, une position abusive de la part des États-Unis, susceptible de faire peser une menace significative sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale : « Les États-Unis prônent une chose tout en en pratiquant une autre, en élargissant à l’excès le concept de sécurité nationale, en abusant des mesures de contrôle des exportations et en se livrant à des actions d’intimidation unilatérales. La Chine s’oppose fermement à de telles actions », a-t-il déclaré.

En guise de mesure de rétorsion, Pékin a immédiatement annoncé des restrictions sur ses propres exportations à destinations des États-Unis, mentionnant le graphite nécessaire à la fabrication des wafers, dont la Chine est le premier producteur mondial. En matière de terres rares, le pays dispose, rappelons-le, de moyens de pression significatifs, et les restrictions qu’il a déjà mises en place sur les exportations de gallium et de germanium soulevaient de réelles inquiétudes à l’échelle européenne en 2023.

Ce troisième jeu de restrictions intensifie encore la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. Ce faisant, il accentue les tensions sur les matériaux critiques, mais aussi la course à l’armement technologique, via laquelle chacune des deux puissances aspire à limiter sa dépendance à l’autre.

Apple accusée une nouvelle fois de surveiller ses employés

Michel Foucault realness
Apple accusée une nouvelle fois de surveiller ses employés

Un employé a déposé plainte contre Apple pour espionnage de ses données personnelles. Il accuse également l’entreprise de forcer les employés à utiliser leurs comptes iCloud personnels pour mieux les surveiller, y compris en dehors des locaux.

Dans un article de Semafor, on apprend qu’Amar Bhakta, employé chez Apple, attaque l’entreprise. Celle-ci est accusée de plusieurs conduites illégales, tournant toutes autour de la vie privée. Dans sa plainte, déposée dimanche soir devant une cour supérieure du compté de Santa Clara (Californie), Amar Bhakta accuse Apple de violer la loi californienne en plusieurs points.

Appareils et comptes personnels

L’essentiel de la plainte concerne l’utilisation des comptes et appareils. Selon le plaignant, Apple fournit bien des Mac et autres produits pour travailler, mais les employés sont encouragés à amener leurs propres appareils, notamment des iPhone. Au sein de l’entreprise, les téléphones sont alors gérés par une solution spécifique (de type MDM, mobile device management).

Amar Bhakta accuse Apple de profiter de ce logiciel pour plonger dans les données de ses employés. Tout ce qui transite serait observé par la société, notamment les e-mails, les photos, les vidéos, les notes et ainsi de suite. Autant de données dans lesquelles Apple serait « susceptible de rechercher ».

Autre problème pointé par le plaignant, l’utilisation forcée de comptes personnels sur les appareils fournis par Apple. Plusieurs comportements illégaux en découleraient, dont l’accès aux données et surtout la surveillance exercée par Apple, qui s’étendrait ainsi hors de ses locaux. Ce serait le cas avec tous les appareils que l’on peut emmener chez soi pour continuer à travailler comme les iPhone, iPad et autres MacBook.

Une cour de prison

L’entreprise serait ainsi engagée dans « une surveillance physique, vidéo et électronique » de ses employés via les appareils mis à leur disposition. Une fusion des vies personnelle et professionnelle d’autant plus accentuée selon Amar Bhakta qu’Apple imposerait des restrictions sur le matériel prêté (une pratique courante en entreprise) et pousserait indirectement vers l’utilisation du matériel personnel.

En outre, Apple découragerait « activement » ses employés de se servir de comptes iCloud dédiés au travail.

« Pour les employés d’Apple, l’écosystème Apple n’est pas un jardin clos. C’est une cour de prison. Un panoptique où les employés, qu’ils soient en service ou non, sont toujours soumis à l’œil omniscient d’Apple », peut-on lire dans la plainte. Une accusation d’autant plus visible qu’une part importante de la communication d’Apple se fait sur la sécurité et le respect de la vie privée, à grand renfort de chiffrement de bout en bout.

La sensation d’enfermement serait accentuée par plusieurs autres pratiques. Amar Bhakta accuse ainsi Apple de réprimer les conversations sur les salaires. En plusieurs occasions, Apple aurait strictement interdit à son employé d’évoquer son travail (publicité en ligne) et l’aurait poussé à supprimer certaines informations de son profil LinkedIn.

Apple nie en bloc

Sans surprise, l’entreprise réfute les accusations. « Chaque employé a le droit de discuter de son salaire, de ses horaires et de ses conditions de travail, et cela fait partie de notre politique de conduite des affaires, sur laquelle tous les employés sont formés chaque année », a ainsi déclaré l’entreprise à Semafor.

« Nous ne sommes pas du tout d’accord avec ces affirmations et nous pensons qu’elles ne sont pas fondées », a ajouté Apple auprès de The Verge.

Des accusations récurrentes

Ce n’est pas la première fois que des employés évoquent le sujet de la vie privée et de l’accès aux données chez Apple. Il y a un mois par exemple, le National Labor Relations Board accusait Apple d’empêcher les employés de discuter d’équité salariale au sein de l’entreprise. La société aurait notamment tenté de faire pression sur un ingénieur pour qu’il démissionne, à cause d’une enquête en ligne sur les salaires qu’il avait voulu faire circuler.

D’autres éléments étaient mentionnés dans un article du Los Angeles Times. En 2021, Apple aurait ainsi interdit la création d’un canal Slack nommé « #community-pay-equity ». Même chose pour des discussions sur les incitations financières proposées par l’entreprise pour atteindre les objectifs de vente. Apple aurait argué qu’elles comportaient des « informations confidentielles et exclusives ». Au média, Apple avait là aussi indiqué ne pas être « du tout d’accord avec ces affirmations ».

Tous ces éléments, dont ceux de la nouvelle plainte, font écho à un article de The Verge datant d’aout 2021. Il était là aussi question de lien fortement recommandé par Apple entre les comptes personnel et professionnel. Jacob Preston, après avoir démissionné de l’entreprise au bout de trois ans, s’était inquiété de ses données personnelles lorsqu’il avait le MacBook prêté par l’entreprise. Signalant que son compte personnel comportait des données très sensibles, l’entreprise lui aurait répondu que cette politique n’était pas négociable.

Une année 2021 décidément riche en mouvements des employés d’ailleurs. Début septembre par exemple, nous faisions le point sur les multiples problèmes qu’affrontait Apple, notamment une grogne prégnante chez les employés. « Apple s’enorgueillit de ses engagements pour la diversité, l’équité et d’un environnement où chaque personne peut donner le meilleur d’elle-même ; en pratique cependant, c’est loin d’être le cas », indiquait ainsi une lettre ouverte à Tim Cook.

☕️ En Finlande, deux incidents sur des câbles Internet terrestres éveillent les soupçons

Deux incidents ont été signalés simultanément, lundi après-midi, sur deux câbles terrestres de fibre optique, dont l’un relie la Suède à la Finlande. D’après GlobalConnect, l’opérateur qui gère cette infrastructure transfrontalière, ces coupures ont pu perturber l’accès à Internet d’une partie de ses clients finlandais, mais n’ont provoqué aucune interruption de service.

Ces deux coupures sont respectivement survenues à Leppävaara, un quartier de la ville d’Espoo, voisine d’Helsinki, et à Vihti, commune rurale située à environ 35 km au nord-ouest de la capitale finlandaise. Cette double proximité, à la fois géographique et temporelle, a rapidement éveillé les soupçons, dans un contexte marqué par le récent incident de la mer Baltique, où deux câbles sous-marins ont été endommagés mi-novembre, à quelques heures d’intervalle.

« Nous prenons cela au sérieux. La police finlandaise enquête sur ce qui s’est passé et, en raison des circonstances entourant cet événement, un sabotage est soupçonné. Le gouvernement est en contact avec les autorités responsables et suit l’évolution des événements », a ainsi déclaré dès mardi Carl-Oskar Bohlin, ministre suédois de la Défense civile.

La police finlandaise a elle aussi rapidement réagi, mais pour nuancer le propos, en soulignant qu’aucune enquête criminelle n’était ouverte à ce stade, ses services cherchant simplement pour l’instant à établir le déroulement précis des événements.

Le rapport d’incident ouvert par l’opérateur Global Connection donne un compte rendu détaillé de la découverte des deux incidents, et des interventions, rapides, qui ont suivi pour rétablir la ligne en deux endroits.

Mis à jour à intervalles réguliers, le rapport se conclut en début d’après-midi mardi par l’annonce du rétablissement complet du service. « Nous pouvons également confirmer que les deux câbles ont été rompus en raison de travaux d’excavation, et nous évaluons donc ces incidents comme une coïncidence de circonstances malheureuses », affirme l’opérateur.

☕️ Voitures électriques : l’Europe débloque un milliard d’euros pour la fabrication des cellules

La Commission européenne annonce des investissements pour un total de 4,6 milliards d’euros dans les technologies « zéro net ». Elle les présente comme « essentielles pour garantir la compétitivité de l’industrie européenne tout en atteignant les objectifs climatiques convenus ».

Deux appels à propositions sont lancés, avec un budget de 3,4 milliards d’euros, « pour accélérer le déploiement de technologies de décarbonation innovantes en Europe, y compris les batteries de véhicules électriques ».

Cette manne financière comprend deux sous catégories. Une première avec 2,4 milliards d’euros pour « des projets de décarbonation de différentes échelles, ainsi que des projets axés sur la fabrication de composants pour les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie, les pompes à chaleur et la production d’hydrogène ».

La seconde avec un milliard d’euros « pour la fabrication de cellules de batteries de véhicules électriques », une première en Europe selon la Commission. Le but est d’avoir des projets capables d’en produire avec « des procédés et des technologies de fabrication innovants ».

La Commission annonce aussi « la deuxième vente aux enchères de la Banque européenne de l’hydrogène afin d’accélérer la production d’hydrogène renouvelable dans l’Espace économique européen ». Le budget est de 1,2 milliard d’euros cette fois.

Sur cette somme, la part du lion (un milliard) « soutiendra des projets de production d’hydrogène renouvelable quel que soit le secteur dans lequel il sera consommé », tandis que les 200 millions restants seront pour des projets de « production d’hydrogène dans le cadre de projets avec des acquéreurs dans le secteur maritime ».

Les promoteurs de projets relatifs aux technologies « zéro net » et aux batteries ont jusqu’au 24 avril 2025 pour présenter leur demande. Les détails se trouvent dans le communiqué de presse.

Merdification, brain rot : les mots de l’année questionnent nos usages numériques

Brrrraaaaiiiiiiiin 🧟
Merdification, brain rot : les mots de l’année questionnent nos usages numériques

L’expression « brain rot » n’a rien de neuf, mais son utilisation croissante l’a fait désigner comme mot de l’année à l’université d’Oxford. Selon l’établissement, le choix de ce mot rend compte d’une évolution dans la perception de la consommation des contenus en ligne.

Comme l’explique l’université, l’expression est vieille, beaucoup plus qu’on ne le pense. Sa première utilisation avérée date en effet de… 1854. « Alors que l’Angleterre s’efforce de guérir la pourriture des pommes de terre, personne ne s’efforcera-t-il de guérir la pourriture du cerveau – qui prévaut de manière beaucoup plus large et fatale ? », s’inquiétait ainsi Henry David Thoreau dans son livre Walden.

170 ans plus tard, le sens profond de l’expression n’a pas bougé. Le dictionnaire d’Oxford en donne la définition suivante : « Détérioration supposée de l’état mental ou intellectuel d’une personne, notamment considérée comme le résultat d’une surconsommation de contenu (aujourd’hui particulièrement en ligne) considéré comme insignifiant ou non stimulant ».

De là, l’expression a gagné l’ensemble de la population, la définition s’élargissant à tout matériel pouvant conduire à cette détérioration. L’usage en est devenu commun, au point que le mot a gagné l’élection avec plus de 37 000 votes.

Sus aux réseaux sociaux !

Si l’expression est connue depuis longtemps, elle n’est largement utilisée que depuis plusieurs années, et tout particulièrement la dernière écoulée. L’université d’Oxford note un bond de 230 % dans la fréquence d’utilisation entre 2023 et 2024.

Le sens de l’expression a légèrement évolué pour s’accrocher de manière tenace à la vie numérique. La « pourriture du cerveau » est revenue en force dans les réseaux sociaux, comme un signal d’alerte face à des plateformes comme TikTok, et plus généralement tout service présentant un mur infini de contenus. On peut alors enchainer les courtes vidéos pendant des heures. Des préoccupations concernant avant tout les générations Z et Alpha.

Mais pourquoi parler de pourriture (ou pourrissement) ? À cause d’une consommation excessive de « contenus de faible qualité et de faible valeur » trouvés sur les réseaux sociaux et plus généralement sur internet. Il faut encore s’entendre sur ce que l’on estime être « de faible qualité ». Au sens où on l’entend aujourd’hui, il désigne tout contenu n’entrainant aucune stimulation cérébrale. On se contente alors d’absorber passivement des contenus entrainant des réactions émotionnelles immédiates, sans informations ni réflexion.

L’université d’Oxford ajoute que l’expression a entrainé une nouvelle famille de mots et d’expressions filles. En référence notamment à la série de vidéos Skibidi Toilet d’Alexey Gerasimov, le mot « skibidi » est resté pour signifier l’absurdité. De même, « only in Ohio » servait à désigner les comportements supposément étranges des habitants de cet État américain. L’expression est aujourd’hui résumée au simple « Ohio » pour désigner « quelque chose d’embarrassant ou d’étrange ».

Pourrissement et merdification

L’université ajoute que « brain rot » est désormais utilisé pour désigner à la fois la cause et l’effet du phénomène. On s’en sert ainsi autant pour le contenu lui-même que pour son impact négatif.

« Je trouve fascinant que l’expression « pourriture du cerveau » ait été adoptée par la génération Z et la génération Alpha, ces communautés largement responsables de l’utilisation et de la création du contenu numérique auquel l’expression fait référence. Ces communautés ont amplifié l’expression par le biais des médias sociaux, l’endroit même où l’on dit qu’il y a un « pourrissement du cerveau ». Cela démontre une conscience de soi quelque peu insolente chez les jeunes générations quant à l’impact néfaste des médias sociaux dont elles ont hérité », relève Casper Grathwohl, président d’Oxford Languages.

Intéressant également, l’expression appartient au même champ lexical qu’une autre fraichement élue, cette fois par le dictionnaire australien Macquarie : « enshittification », traduit chez nous en « merdification ». Elle renvoie à l’idée de « détérioration progressive d’un service ou d’un produit, en particulier d’une plateforme en ligne, provoquée par une réduction de la qualité du service fourni résultant de la recherche de profit ».

The Guardian évoquait l’augmentation des contenus faux, de radicalisation ou de mauvaise qualité comme partie intégrante du processus, créant le lien avec brain rot. Dans les deux cas, l’idée est la même : une dégradation de la qualité générale, entrainant un impact négatif sur la population.

Un impact réel ?

Les conséquences véritables du brain rot restent à préciser. On peut parler de perte d’intelligence, de sens critique, de créativité, d’originalité entrainée par une habitude de consommation de contenus ne réclamant aucune analyse ni mémorisation. Peuvent alors s’ensuivre une sensation de déconnexion de la « vie réelle », la perte du gout de l’effort, une chute de la capacité à se concentrer et ainsi de suite.

L’expression interroge autant les pratiques que le regard que l’on y porte. Comme l’a signalé l’université d’Oxford, le pourrissement du cerveau désigne à la fois une cause et un effet, témoignant d’une réflexion sur nos propres usages. En outre, le sens profond n’a pas changé d’un iota en 170 ans. Les inquiétudes sur la consommation des contenus par nos voisins ont toujours existé.

Enfin, et c’est important de le noter, le brain rot n’est pas une pathologie reconnue. En revanche, l’expression invite à la réflexion sur nos usages. Ainsi, pour l’autrice Daphné B., le brain rot pointe davantage vers « l’obsolescence programmée du langage » qu’une réelle maladie, mettant en lumière « un nouveau rapport à la perte », en lien avec le fameux FOMO (fear of missing out, la peur de rater quelque chose).

☕️ Une coalition de médias canadiens poursuit OpenAI en justice

Une coalition de médias canadiens poursuit OpenAI en justice

CBC/Radio-Canada, The Globe and Mail, La Presse Canadienne, Postmedia et le Toronto Star se sont alliés pour attaquer OpenAI en justice.

Dans la plainte déposée le 29 novembre devant la Cour supérieure de justice de l’Ontario, le groupe accuse la société états-unienne d’utiliser leurs publications sans leur consentement pour entraîner le grand modèle de langage qui fait tourner ChatGPT, et en tirer « des milliards de dollars de revenus annuels ».

Les médias canadiens demande une « injonction permanente » interdisant à OpenAI d’utiliser leurs contenus, protégés par le droit d’auteur.

L’affaire fait écho à d’autres plaintes déposées à travers la planète pour contester l’usage que font les fabricants de modèles génératifs de contenus récupérés en ligne, à commencer par celle du New York Times aux États-Unis.

À l’inverse, certains médias comme Le Monde ont pris le parti de signer des accords avec ces entreprises.

Cryptographie post quantique : une offre « très immature », une lente standardisation

Il est peut-être déjà trop tard
Cryptographie post quantique : une offre « très immature », une lente standardisation

Coup sur coup, l’ANSSI a mis en ligne deux rapports sur l’informatique post-quantique, c’est-à-dire quand les ordinateurs quantiques seront suffisamment performants pour casser certains systèmes de chiffrement (les protocoles asymétriques sont la cible principale).

Le premier rapport dresse un « état de l’offre des solutions de cryptographie post-quantique en 2023 ». L’Agence a mené une enquête entre mai et juillet 2023 « auprès d’une sélection d’entreprises qui conçoivent des briques cryptographiques pour des solutions numériques ». Des éléments indispensables pour ensuite sécuriser les données et infrastructures.

Le second rapport propose un « état de l’offre de prestation d’accompagnement et de conseil en sécurité ». Cette fois, l’enquête s’est intéressée à « 34 prestataires de services ayant une offre d’accompagnement et de conseil en cybersécurité entre décembre 2023 et janvier 2024 ». Cela permet d’avoir une large vision du marché.

Nous ne reviendrons pas sur les enjeux du quantique, ses risques et la réalité du terrain actuel, des sujets que nous avons déjà longuement détaillés dans de précédentes actualités, à (re)lire sans modération :

Crypto post quantique : « l’offre commerciale est très immature »

L’enquête auprès des prestataires d’accompagnement révèle que les demandes de conseil et d’accompagnement « pour la problématique de la menace quantique est, à ce jour, très faible. Le marché est quasi inexistant, à tel point que la majorité des prestataires (70 %) n’a réalisé aucune prestation de ce type », explique l’ANSSI.

Et pour ceux qui ont réalisé des prestations chez des clients, dans 40 % des cas c’était pour de la sensibilisation des décideurs. « Si on ne tient pas compte de ces prestations de sensibilisation, les prestataires qui ont réalisé au moins une prestation « post-quantique » n’en ont réalisé à ce jour que 4 en moyenne, pour un maximum de 14 prestations réalisées par l’un d’entre eux ».

Conséquence pour l’ANSSI : « l’offre commerciale est très immature ». Dans sa conclusion, l’Agence ajoute : « nous observons une quasi absence de demande pour le moment et une quasi absence d’offre commerciale ».

Manque de recommandations et de cadre

Les principaux freins identifiés par les prestataires sont : « le manque de recommandations techniques et d’actions de sensibilisation », « le manque de cadre règlementaire contraignant » et une « communauté de prestataires encore trop peu structurée ».

De leur côté, les prestataires expliquent l’absence de demande par « un sentiment, chez leurs clients, qu’il n’est pas urgent d’agir contre la menace quantique. Le fait qu’il n’y ait aucune obligation réglementaire conforte les clients dans leur posture d’attente ».

Post quantique : un (rapide) tour des éditeurs de solutions

Dans son autre enquête sur les éditeurs français proposant des « solutions intégrant de manière significative de la cryptographie », 18 ont été retenus « comme particulièrement pertinents pour répondre au questionnaire ».

L’ANSSI classe ses entreprises en plusieurs catégories : les spécialistes, les non-spécialistes « qui se disent prêts mais qui ne maîtrisent pas (encore) véritablement les primitives post-quantiques », et enfin ceux qui « n’ont pas réellement pris la mesure du sujet et qui n’ont pas encore engagé de plan d’actions visant à traiter la menace quantique ».

Selon le bilan des questionnaires de l’ANSSI, les principaux freins techniques identifiés par les éditeurs sont les suivants :

  • le manque de normes ou de standards décrivant précisément les algorithmes,
  • le manque de normes ou de standards décrivant la façon de mettre en œuvre l’hybridation,
  • le manque de briques logicielles (libres ou non) de référence ou d’un guide de bonnes pratiques pour les implémenter,
  • le besoin de faire évoluer certains référentiels pour y intégrer la PQC (avec PQC pour cryptographie post-quantique),
  • le manque de maturité des implémentations sur du matériel,
  • des inquiétudes concernant les pertes de performance des signatures post-quantiques.

Il y a également des freins organisationnels. Par exemple, l’absence d’un plan de transition et le manque de sensibilisation des utilisateurs.

Où sont les normes et les standards ?

Attardons-nous deux minutes sur le manque de normes et de standards. Durant l’été 2022, quatre algorithmes post-quantiques ont été sélectionnés par le National Institute of Standards and Technology (NIST, du département américain du Commerce) : CRYSTALS-KYBER, CRYSTALS-Dilithium, FALCON et SPHINCS+.

Le CNRS en profitait pour se mettre en avant, via l’INS2I (institut des sciences de l’information et de leurs interactions) : « Trois des quatre algorithmes sélectionnés […] ont reçu des contributions de laboratoires rattachés à l’INS2I, et une nouvelle phase de soumission (round 4) implique plusieurs autres laboratoires du CNRS ».

Deux ans plus tard, les normes sont là pour le NIST

Le processus de normalisation de ces algorithmes a débuté dans la foulée (deux ans étaient prévus pour en arriver au bout), avec la publication de brouillons pour trois d’entre eux durant l’été 2023. FALCON manquait à l’appel et était attendu pour fin 2024.

Durant cet été 2024, le NIST mettait en ligne « les trois premières normes de chiffrement post-quantiques finalisées » : FIPS 203 basée sur l’algorithme CRYSTALS-Kyber, FIPS 204 avec CRYSTALS-Dilithium et FIPS 205 pour Sphincs+. FIPS 206 sera pour Falcon. FIPS pour Federal Information Processing Standard.

En Europe, la standardisation « est plus lente »

L’ANSSI reconnait que le NIST a publié des brouillons puis des versions finales des normes, mais ajoute que « la standardisation d’autres algorithmes (par exemple FrodoKEM, un des algorithmes recommandés par l’ANSSI et par certaines agences homologues européennes comme solution conservatrice) est plus lente ».

Et seconde différence avec leurs homologues américains, « les agences européennes de cybersécurité recommandent fortement le recours à l’hybridation. La prise en compte de l’hybridation dans les protocoles de tunnel (tels qu’IPSec ou TLS) ainsi que dans les certificats (tels que x.509) n’est pas mature ».

Il faut « démarrer sans tarder les actions préparatoires »

Dans sa conclusion, l’ANSSI rappelle « l’importance de démarrer sans tarder les actions préparatoires à la transition post-quantique, et ce pour tout type d’organisation ». L’Agence souhaite que chaque organisation évalue son niveau de risque par rapport à la menace quantique afin de mettre en place un plan de transition.

Pour l’ANSSI, « l’immaturité constatée des solutions n’est que transitoire et ne devrait pas servir de prétexte à l’inaction. Certaines actions devront être mises en œuvre sans délai et d’autres pourront être déployées progressivement, dans les années à venir ».

« Aujourd’hui, sécuriser demain »

Il y a quelques jours également, L’ANSSI avec son homologue allemand (Bundesamt für Sicherheit in der Informationstechnik, ou BSI) et 16 autres États membres de l’Union européenne publiaient une déclaration commune sur la transition vers la cryptographie post-quantique intitulée : « Aujourd’hui, sécuriser demain : la transition vers la cryptographie post-quantique (PQC) ».

« Face à la menace quantique et ses implications sur la sécurité de la cryptographie actuelle, il devient urgent de déployer des solutions de cryptographie post-quantique hybrides », affirme l’ANSSI. Cela doit même être « une priorité absolue ».

« Stocker maintenant, décrypter plus tard »

Le document rappelle que « bien qu’il n’existe actuellement aucun ordinateur quantique pertinent sur le plan cryptographique, leur développement progresse rapidement ». Bien malin qui peut prédire quand la suprématie quantique sera une réalité… enfin du moins quand le grand public sera au courant.

Et le document ajoute, à juste titre, qu’un scénario des pirates (étatiques principalement) doit être en tête des responsables lorsqu’il s’agit de se préparer : ils peuvent « stocker maintenant, décrypter plus tard ». « C’est notamment pour cela que les incertitudes sur le développement des ordinateurs quantiques ne doivent pas nous empêcher d’avancer sur la protection des données les plus sensibles ».

Les signataires « exhortent les administrations publiques, les fournisseurs d’infrastructures critiques, les fournisseurs informatiques, ainsi que l’ensemble de l’industrie à faire de la transition vers la cryptographie post-quantique une priorité absolue ».

Un groupe de travail européen

Enfin, un groupe de travail sur la cryptographie post-quantique a été mis en place, suite à une recommandation de la Commission européenne d’avril 2024. Il est coprésidé par la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. « Nous encourageons tous les États membres de l’UE à s’engager activement dans ce groupe de travail », indiquent les trois co-présidents.

☕️ Vulkan 1.4 se concentre sur le multiplateforme et le machine learning

Nouvelle version pour l’API graphique open source du Khronos Group. La mouture 1.4 apporte des améliorations notables dans plusieurs domaines, dont le multiplateforme.

Vulkan 1.4 consolide notamment de nombreuses extensions et fonctions qui étaient jusqu’ici optionnelles, notamment pour les applications à hautes performances, dont les descripteurs push, les lectures locales de rendu dynamique et les dispositions de blocs scalaires.

Les extensions de maintenance vont maintenant jusqu’à VK_KHR_maintenance6 et font désormais partie des spécifications de base. Le rendu 8K est en outre garanti jusqu’à huit cibles.

« Vulkan 1.4 est une version importante qui intègre directement des fonctionnalités demandées depuis longtemps et des extensions éprouvées dans la norme de base. En imposant ces fonctionnalités, nous améliorons la flexibilité et les performances de Vulkan sur un plus grand nombre d’appareils, ce qui permet aux développeurs de créer plus facilement des applications de pointe en étant sûrs qu’elles fonctionneront de manière fiable sur n’importe quelle plateforme », a déclaré Ralph Potter, nouvellement élu à la tête du groupe de travail chez Vulkan.

AMD, Arm, Imagination, Intel, NVIDIA, Qualcomm et Samsung ont déjà des pilotes de développement ayant le test de conformité Vulkan 1.4. Même chose pour les pilotes open source Mesa, dont la conformité avec Vulkan 1.4 a été testée sur le matériel AMD, Apple, Intel, NVIDIA et Qualcomm.

Surdité, aphasie : six ans plus tard, où en est le service de traduction des opérateurs ?

Non mais allô !
Surdité, aphasie : six ans plus tard, où en est le service de traduction des opérateurs ?

L’Arcep publie trimestre après trimestre les indicateurs d’accessibilité des services de communications électroniques accessibles aux personnes sourdes, malentendantes, sourdaveugles et aphasiques. La langue des signes française est de loin la plus utilisée, mais en dehors des clous sur le taux de prise en charge. Dans l’ensemble, les utilisateurs sont plutôt « très satisfaits ».

Depuis maintenant six ans, les opérateurs doivent proposer à leurs clients « une offre de services de communications électroniques accessible aux personnes sourdes, malentendantes, sourdaveugles et aphasiques permettant d’émettre et de recevoir des appels téléphoniques ».

L’Arcep publie régulièrement des statistiques et analyses sur le sujet. Le dernier observatoire date d’hier, l’occasion de faire le point six ans plus tard avec les indicateurs transmis par Bouygues Telecom, Coriolis, Free (mobile), Orange et SFR.

La LSF arrive largement en tête des utilisations

La langue des signes française (LSF) est toujours la plus utilisée avec 3 620 utilisateurs mensuels, pour 26 033 conversations avec une durée totale de 1 967 heures. À la même époque, en 2020, il y avait respectivement 2 542 utilisateurs uniques, 13 067 conversations et 798 heures de communications.

Le deuxième plus gros usage est la TTA (Transcription textuelle automatisée) avec 1 108 utilisateurs pour 21 133 conversations d’une durée totale de 686 heures. Il y a quatre ans, les premières statistiques étaient publiées avec 339 utilisateurs uniques pour 1 870 conversations et 61 heures.

En troisième position, c’est le TTH (transcription textuelle assistée par un opérateur humain) avec 256 utilisateurs uniques pour 1 482 conversations et 97 heures. Les tableaux ci-dessous regroupent l’ensemble des indicateurs :

Prise en charge en trois minutes : LSF largement à la traine

Autre élément à considérer : la rapidité de prise en charges des demandes. Comme indiqué dans la décision de l’Arcep, et « compte tenu des incertitudes concernant la demande des utilisateurs et la disponibilité des opérateurs relais, l’Autorité a choisi de fixer ce seuil à 70 %, pour toutes les modalités de traitement ». Cela concerne les taux de réponse en moins de trois minutes.

Avec 80 %, le langage parlé complété (LPC) et la transcription textuelle assistée par un opérateur humain (TTH) sont au-dessus de la limite. On arrive même à 100 % pour la transcription textuelle automatisée (TTA) et la communication adaptée à la surdicécité (CAS). La TTA est également à 100 % de réponse en moins de 30 secondes avec un taux d’abandon de 0 %. Un score logique puisque le traitement est automatisé via un ordinateur.

La langue des signes française (LSF) se démarque encore et toujours en étant largement en dessous des 70 %, avec 54 % seulement au troisième trimestre 2024. C’est tout de même 28 points de plus qu’il y a un an (le taux de réponse en moins de trois minutes était de 26 %). Le taux d’abandon est logiquement en baisse, passant de 23 à 15 %.

Disponibilité de 97,7 %, loin des 99 % réglementaires

La disponibilité globale du service chute de 0,6 point sur un an pour tomber à 97,7 %. Elle est donc en dessous du seuil réglementaire de 99 %, pourtant jugé comme « raisonnable au regard de la comparaison internationale ». Sur les derniers trimestres, le taux oscillait entre 97,7 et 98,3 %.

Dans l’ensemble, les utilisateurs sont satisfaits, avec une moyenne de 4,7 sur 5 pour la LSF, de 4,8 sur 5 pour la LPC et de 4,6 sur 5 pour la TTH. La TTA (automatisée) est à 4,4 sur 5, un score un peu plus faible à cause d’un nombre important de notes à 4 sur 5. Dans tous les cas, la grande majorité des utilisateurs donne 5/5 (très satisfaits, alors que 1/5 correspond à très insatisfait).

Rappelons enfin que, depuis le 1ᵉʳ octobre 2021, ce service doit être accessible aux utilisateurs concernés au minimum du lundi au vendredi de 8 h 30 à 21 h, et le samedi de 8 h 30 à 13 h, hors jours fériés, avec trois heures de communications mensuelles.

L’Arcep propose un calendrier des taux d’occupation, qui sont sans grande surprise en fin de matinée et en début d’après-midi. À partir de 18h30 en semaine et tout le samedi, tout est calme.

En octobre 2026 : disponibilité 24/7, avec 5 h par mois

Des évolutions sont déjà programmées : cinq heures de communications à partir du 1ᵉʳ octobre 2026 et, au même moment, une ouverture du service en 24/24, tous les jours de l’année.

Pour rappel, les membres de la Fédération Française des Télécoms (Bouygues Telecom, Orange, SFR…) ont choisi RogerVoice pour leur service de traduction, tandis que Free fait bande à part avec Relais téléphonique. Voici les liens pour les récupérer : 

☕️ Le noyau Linux 6.13 corrigera un problème de démarrage sur les machines AMD Zen 1 et 2

Le 6 novembre, un ingénieur de Nokia disait avoir remarqué un comportement étrange sur d’anciens serveurs contenant des processeurs EPYC d’AMD. Sur ces machines, le processus initramfs pouvait mettre beaucoup plus longtemps à démarrer, jusqu’à plusieurs dizaines de secondes, voire plusieurs minutes.

Comme le rapporte Phoronix, l’enquête sur le problème a permis de débusquer un vieux bug introduit il y a 18 mois dans la manière de gérer le microcode au sein des processeurs des générations Zen 1 et 2. Il ne s’agit donc pas d’un problème spécifique aux processeurs EPYC.

Plus en détail, il est nécessaire de vider le TLB (translation lookaside buffer) après mise à jour du microcode pour évacuer le mappage du tampon de la mise à jour. Un patch a donc été introduit avec l’étiquette x86/urgent, pour intégration dans le futur noyau 6.13, dont la Release Candidate 1 vient de paraître.

Les processeurs AMD de générations Zen 1 et 2 sont considérés aujourd’hui comme anciens (respectivement 2017 et 2019), mais sont encore largement utilisés. Linux étant souvent employé pour redonner « vie » à de vieilles configurations, le problème pourrait bien avoir été rencontré de nombreuses fois par les utilisateurs.

☕️ France Identité n’a plus besoin de la CNI pour se connecter à FranceConnect

C’était une demande régulière des utilisateurs selon le site officiel de France Identité : l’application France Identité n’a désormais plus besoin de scanner la carte d’identité pour autoriser la connexion à FranceConnect. La simple authentification par biométrie, schéma ou code de déverrouillage dans l’application suffira.

Pour en profiter, vous devez récupérer la dernière version de l’application. Une fois dans celle-ci, un message « L’application évolue » devrait apparaitre, invitant à suivre les étapes suivantes :

France Identité met en avant les avantages de la nouvelle méthode : la simplicité de l’authentification sur FranceConnect sans mot de passe ni identifiant, ne plus passer par la NFC et son utilisation « aléatoire », ainsi qu’une expérience « plus fluide et plus rapide ».

Plusieurs points à préciser. D’abord, en cas d’utilisation de plusieurs appareils, il faudra répéter la démarche sur chacun d’eux. Ensuite, l’authentification FranceConnect+ réclame toujours la lecture de CNI. Enfin, la plus récente carte d’identité (au format carte bancaire) reste obligatoire pour utiliser l’application.

[Édito] Black Friday, promotions : attention à l’overdose

Vous vendre toujours plus, pardi
[Édito] Black Friday, promotions : attention à l’overdose

Cette période de fin d’année est toujours l’occasion de multiplier les offres commerciales pour les revendeurs. Il y a certes de bonnes affaires, mais il faut savoir raison garder et se méfier des offres trop alléchantes… comme à n’importe quelle période de l’année.

La période commerciale du Black Friday touche à sa fin avec le Cyber Monday en ce premier lundi de décembre. Cette période commerciale nous est arrivée tout droit des États-Unis (le « vendredi noir » est le lendemain de thanksgiving) et s’est installée en France depuis maintenant de nombreuses années. Mais à quoi correspond exactement ce « rendez-vous commercial » ?

Le Black Friday n’est pas une période de soldes

Commençons par ce qu’il n’est pas : des soldes. Ces derniers sont, pour rappel, deux périodes de quatre semaines (qui débutent chaque année en janvier et juin). Durant les soldes, les commerçants sont autorisés à faire de la revente à perte.

Attention, on parle bien de revente (et pas de vente à perte) : une « pratique commerciale interdite » rappelle le ministère de l’Économie, hors exceptions comme la cessation d’activité, les produits périssables et donc les soldes.

Chaque année, de multiples « opérations commerciales »

Le Black Friday (et tous ses dérivés avec la Cyber Week, le Cyber Monday…) est donc simplement un rendez-vous organisé par les boutiques et les revendeurs, comme les French Days lancés en 2018 à l’initiative de six revendeurs français (Boulanger, Cdiscount, La Redoute Fnac-Darty, Showroomprive et Rue du Commerce). Nous pouvons également citer les Prime Days d’Amazon.

Les revendeurs occupent d’ailleurs bien le terrain toute l’année avec leurs différentes opérations commerciales : des soldes en janvier, les French Days au printemps (avril/mai), de nouveau des soldes en juin, encore des French Days en septembre et enfin le Black Friday fin novembre.

Pourquoi autant de bons plans dans la presse ?

Que les revendeurs proposent des offres commerciales toute l’année n’a rien de surprenant : c’est leur fonds de commerce de vendre des produits. Mais pourquoi en voit-on autant dans la presse et sur les réseaux sociaux ? La réponse à cette question est simple : l’argent.

Plus exactement, l’affiliation et donc les revenus qui découlent de vos achats. Lorsque des sites d’actualités relayent des « bons plans » ou autres promotions du genre – dans des actualités ou des comparatifs –, vous trouverez en général des liens affiliés qui rapporteront quelques pourcents de vos achats au site partenaire. Même chose avec les opérateurs, qui redistribuent généralement une somme conséquente pour la souscription d’un forfait.

Sur Next, aucun bon plan, ni pub ni tracking

Cette pratique, on la connait bien sur Next et je dirais même que je la connais particulièrement pour m’être occupé des bons plans pendant plusieurs années. Notez que ces pratiques appartiennent au passé depuis le rachat par moji, et c’est une très bonne chose. Sur Next, nous ne publions plus aucun lien affilié, ni aucune publicité, pour l’ensemble des visiteurs (abonnés ou non).

Ces dernières années, faire des bons plans sur la tech revenait très souvent à faire des bons plans sur Amazon, dans la mesure où le revendeur est capable de s’adapter rapidement aux changements de ses concurrents. Avec la question des bons plans se pose aussi celle du prix à mettre en avant : faut-il inclure les frais de livraison (faut-il les prendre en compte, comment gérer les abonnements du type Prime et Cdiscount à Volonté, etc.) et quid du choix quand plusieurs boutiques affichent le même prix ?

Google Actualités, putaclick : les « astuces » des bons plans

Google Actualités participe activement à cet emballement médiatique, il n’y a qu’à regarder la catégorie « Sciences et Technologies » pour s’en convaincre. Parfois, ce sont des offres commerciales des fabricants qui sont mises en avant (comme celle de Honor en troisième position dans Google Actualités).

Et on ne parle même pas des titres putaclick que pratiquent certains sites pour attirer toujours plus et placer des liens affiliés (qui rapportent généralement quels que soient les achats dans les jours qui suivent).

Chères, les « miettes » à 699 euros chez Amazon pour une barre de son, d’autant que d’autres revendeurs la proposent aussi exactement au même prix en cette période de Black Friday (Fnac, Darty, Boulanger…). Quant à la formulation « ce site n’en fait qu’à sa tête », il est important de rappeler que non justement puisque la revente à perte est interdite hors période de soldes.

Aparté sur la pub et les contenus sponsorisés

Une fois n’est pas coutume, citons L’esprit critique et la vidéo sur leur modèle économique (on s’y retrouve) : « nous depuis le début, on a décidé de ne pas faire de pub et on espère tenir le plus longtemps possible […] Pourquoi pas de pubs ? On n’a pas fait une chaine pour déconstruire le discours et développer notre esprit critique pour ensuite revenir par la fenêtre et vous vendre la crème prodige de lumière quantique à l’orchidée de mes fesses de Guerlain ».

Promotions : c’est quoi cette règle des 30 derniers jours ?

Comme tous les ans, la DGCCRF rappelle aux internautes de faire « attention aux pièges sur les sites de e-commerce ». La répression des fraudes dénonce plusieurs pièges : fausses réductions de prix, promotions faussement limitées », abonnements ou frais cachés, sites frauduleux et politiques de retour complexes.

Sur les prix, la directive européenne sur les règles de protection des consommateurs (directive 2019/2161 dite « omnibus », transposée en droit français fin 2021) a apporté des changements importants. Depuis mai 2022, le prix avant remise doit correspondre « au prix le plus bas pratiqué par le professionnel à l’égard de tous les consommateurs au cours des trente derniers jours précédant l’application de la réduction de prix ».

Et en septembre de cette année, une décision de la Cour de justice de l’Union européenne a sacralisé cette règle des « 30 derniers jours » pour le calcul de la remise affichée au consommateur (que ce soit pour une mise en avant de la remise en % ou en euros).

De multiples pratiques frauduleuses

Second point utilisé par certains revendeurs : le sentiment d’urgence avec des mentions comme stock limité, offre de lancement, livraison offerte pour les 50 premiers clients, etc… « Attention, il peut s’agir d’une pratique frauduleuse, si les informations sur lesquelles s’appuie cette promotion sont fausses. Ne vous laissez pas presser et manipuler : prenez le temps de réfléchir à votre achat et de comparer les offres et les prix ». Les abonnements ou frais cachés sont des « options » qui sont automatiquement ajoutées à votre panier, pensez donc toujours à le vérifier avant de le valider.

Le risque de phishing est également important, surtout dans un contexte dans lequel les fuites de données personnelles ne cessent de se multiplier. La DGCCRF rappelle quelques règles : « Tout site de vente en ligne doit porter les mentions suivantes : mentions légales, identité du vendeur, raison sociale, etc. Si ces données ne sont pas mentionnées sur le site, préférez un autre commerçant ».

La répression des fraudes en profite pour mettre en garde sur les sites de dropshipping : « son gestionnaire n’a pas de stock et laisse le soin à ses fournisseurs d’expédier votre commande. La pratique n’est pas interdite, mais vous risquez d’avoir du mal à vous faire entendre en cas de retard de livraison ».

Des e-Cartes pour vous protéger

Sur Internet, vous pouvez également utiliser des e-Carte Bleue, ce sont des cartes qui peuvent être à usage unique ou réutilisable pour des abonnements par exemple.

« Le service e-Cartes Caisse d’Épargne vous permet de créer une ou plusieurs e-Cartes, comportant chacune un numéro et un cryptogramme propres attribués automatiquement et une date d’expiration que vous définissez […] Vous choisissez vous-même la durée de validité de l’e-Carte et le montant maximal que vous souhaitez dépenser, pour effectuer un paiement unique ou plusieurs paiements chez un même commerçant », explique, par exemple, la Caisse d’Épargne.

14 jours pour se rétracter sur les ventes en ligne

Qu’en est-il du délai de retour de 14 jours ? Ce droit de rétraction s’applique indifféremment sur les objets vendus hors périodes spéciales, ou durant les promotions, déstockage, soldes et même sur les produits d’occasion.

Si vous êtes dans le délai, « le professionnel ne peut vous refuser la reprise du produit et son remboursement », rappelle la répression des fraudes. Cela comprend « toutes les sommes versées pour l’achat, dont les frais de livraison ». Mais vous devrez par contre payer les frais de retour si la boutique n’a pas indiqué les prendre à sa charge.

En cas de litige avec un revendeur, une boutique ou une marque, pensez à SignalConso.

☕️ X, Bluesky : la parodie oui, pas les usurpations

Depuis peu, X permet de déclarer via une option que son compte est parodique, via une simple case à cocher. À l’heure où nous écrivons ces lignes, on ne trouve pas le réglage en fouillant dans les paramètres mais on peut y accéder depuis ce lien.

Une tête de robot pour des parodies

L’ajout a été remarqué par Swak, qui s’est fait une spécialité d’annoncer en avance les nouveautés du réseau social, ainsi que d’autres services et applications. C’est lui également qui a repéré l’ajout effectif.

Rappelons que dans les premiers mois qui ont suivi le rachat de Twitter par Elon Musk et avant que le réseau devienne X, les imitations et usurpations de comptes étaient nombreuses. La faute au changement intervenu dans la fameuse coche bleue, qui était apposée jusque-là pour marquer l’authenticité du compte. La vérification avait été remplacée par la souscription à l’abonnement Premium, permettant notamment à des plaisantins de s’afficher comme autant de célébrités, dont Elon Musk. Un sujet qui l’agaçait particulièrement.

L’ajout ne change rien aux règles actuelles sur les comptes parodiques, qui doivent mentionner cet aspect de leur ligne éditoriale dans le nom du compte, pas uniquement dans la bio.

Swak note cependant que l’option a une manière étrange de signaler les comptes parodiques, en tout cas pour l’instant : l’émoji tête de robot. Un choix singulier, qui semble indiquer que le compte est un bot. Nous avons testé l’option, mais l’émoji n’est pas apparu. Il est peut-être nécessaire d’attendre.

Bluesky plus « agressif » sur l’usurpation d’identité

De son côté, Bluesky hausse le ton sur tout ce qui touche aux imitations et usurpations. Le réseau, dont le succès grandit, voit arriver depuis quelques semaines un important flux de nouveaux internautes. Vendredi soir, l’un des comptes officiels, Bluesky Safety a donc publié un fil pour aborder la situation.

Consciente que l’arrivée massive de nouveaux utilisateurs entraine une mutation, elle insiste sur l’importance d’identifier les comptes réels. Travaillant « en coulisse pour aider de nombreuses organisations et personnalités à mettre en place leurs noms de domaine vérifié », la société indique avoir modifié ses conditions d’utilisation. Objectif, les rendre plus « agressives » face aux usurpations.

« Les comptes de parodie, de satire ou de fan sont autorisés sur Bluesky, mais ils doivent s’identifier clairement à la fois dans le nom d’affichage et dans la bio pour aider les autres à savoir que le compte n’est pas officiel », indique Bluesky, reprenant ici la ligne de X. S’il manque l’un ou l’autre de ces éléments, le compte recevra une étiquette d’usurpation d’identité qui, elle, n’est pas autorisée.  L’étape suivante sera la suppression du compte.

Bluesky ajoute réfléchir à « des options supplémentaires pour améliorer la vérification des comptes », à la suite de nombreux commentaires en ce sens. « Nous espérons pouvoir vous en dire plus prochainement », ajoute l’entreprise.

☕️ OpenAI réfléchit à sa stratégie pour ajouter la publicité à son modèle économique

OpenAI réfléchit à sa stratégie pour ajouter la publicité à son modèle économique

La directrice financière d’OpenAI, Sarah Friar, a expliqué lors d’une interview au Financial Times que son entreprise réfléchissait à mettre en place un modèle publicitaire. Si cette nouvelle source de revenus semble actée, l’entreprise n’explique pas encore comment elle va l’intégrer dans ses produits et affirme qu’elle fera attention « quant au moment et à l’endroit » où la publicité sera mise en œuvre.

Après cet entretien, la responsable a envoyé un texte à nos confrères qui semble vouloir atténuer ses propres propos : « notre activité actuelle connaît une croissance rapide et nous voyons des opportunités significatives dans notre modèle d’entreprise actuel. Bien que nous soyons ouverts à l’exploration d’autres sources de revenus à l’avenir, nous n’avons pas de projet actif de publicité ».

Pourtant, le Financial Times souligne que l’entreprise a récemment débauché des spécialistes de la publicité chez Meta et Google. Le journal économique américain s’appuie sur une analyse de différents comptes LinkedIn et des témoignages anonymes.

Selon nos confrères, Sarah Friar a aussi insisté auprès d’eux sur ses compétences et celles de son collègue Kevin Weil, directeur des produits d’OpenAI, en matière de publicité.

Rappelons que, si le chiffre d’affaires de l’entreprise était de 3,4 milliards de dollars en 2023 et qu’elle a encore conclu une levée de fonds de 6,6 milliards de dollars récemment, elle ne prévoit pas d’être rentable avant 2029.

En France, l’efficacité du blocage administratif ou judiciaire de sites web s’avère aléatoire

Trademark ®ees
En France, l’efficacité du blocage administratif ou judiciaire de sites web s’avère aléatoire

Un nouveau site documente l’histoire du blocage, judiciaire ou administratif, de sites et d’applications web en France. On y découvre que si la « censure » des sites à caractère terroriste, pédocriminel ou liés aux jeux en ligne s’avère opérante, le blocage des sites accusés de violer la propriété intellectuelle, de streaming en ligne et de propagande russe varie selon les FAI.

Après un peu plus d’un an et demi de travail, deux défenseurs des libertés sur Internet viennent de lancer censxres.fr, dont l’objet est d’« éclairer le plus grand nombre sur les pratiques de censure d’Internet en France » :

« Les lois se succèdent depuis des années, avec de moins en moins de débats et de moins en moins d’intérêt politique. Notre but est de faciliter les débats sur les enjeux de ces pratiques (liberté d’expression, vie privée, protection de l’enfance) en rappelant les différentes étapes et le contexte qui ont mené aux lois de censure actuellement en place. »

Le site est l’œuvre de taziden, membre de la FFDN (Fédération des fournisseurs d’accès à Internet associatifs) et co-fondateur d’un FAI associatif en Corrèze, et Etienne “Tek” Maynier, chercheur en sécurité informatique travaillant pour Human Rights Watch, par ailleurs cofondateur et membre actif de l’association Echap de lutte contre les cyberviolences sexistes.

Ils remercient Marc Rees qui, après avoir couvert les problématiques juridiques et légales liées à Internet pour Next INpact, continue à le faire chez L’Informé, « dont le travail de suivi sur ce sujet est inestimable » et qui leur a permis de recueillir les décisions judiciaires afférentes.

Sur leur blog, ils précisent avoir « lancé ce travail en binôme en 2023 en voyant les évolutions drastiques de la censure en France et en voyant le peu d’intérêt médiatique pour ce sujet » :

« En faisant un site, nous avons voulu rendre accessible l’état des lieux de cette censure imposée aux FAI en France en décrivant à la fois l’histoire et l’évolution des réglementations, mais également leur implémentation dans la réalité par les différents opérateurs. »

Leur analyse technique repose en majorité sur les outils mis à disposition par le projet OONI (pour Open Observatory of Network Interference). Créé par des développeurs du Projet TOR en 2011 afin de mesurer différentes formes d’interférences sur le réseau, il permet depuis lors de surveiller et documenter la censure sur Internet, dans le monde entier.

OONI propose en effet une application permettant de découvrir quels sites sont bloqués dans quels pays, et de le partager à la communauté.

Une histoire de la censure du web en France

Dans un éditorial intitulé « La Censure de sites web en France » publié sur sa page d’accueil, censxres.fr rappelle que « la possibilité pour un juge d’ordonner aux fournisseurs d’accès à Internet d’empêcher l’accès à un site web » avait été introduite dans la Loi pour la Confiance dans l’Économie Numérique (LCEN) en 2004 :


Il reste 85% de l'article à découvrir.
Vous devez être abonné•e pour lire la suite de cet article.
Déjà abonné•e ? Générez une clé RSS dans votre profil.

☕️ Pat Gelsinger quitte Intel, qui traverse une sombre période

Intel annonce dans un communiqué que son CEO Pat Gelsinger a pris sa retraite et « démissionné du conseil d’administration, à compter du 1ᵉʳ décembre 2024 ». Il sera donc resté moins de quatre ans à son poste. Il est remplacé par David Zinsner et Michelle (MJ) Johnston Holthaus, qui assurent l’intérim le temps de trouver un remplaçant.

Le premier est vice-président exécutif et directeur financier, la seconde est CEO d’Intel Products (une entité qui regroupe Client Computing Group, Data Center and AI Group et Network and Edge Group). De son côté, « Frank Yeary, président indépendant du conseil d’administration d’Intel, occupera le poste de président exécutif par intérim pendant la période de transition ».

30 ans chez Intel, avant d’en prendre le contrôle en 2021

Début 2021, Intel commençait l’année sur les chapeaux de roues avec une annonce qui avait fait beaucoup de bruit : le retour du très charismatique Pat Gelsinger, à la tête de l’entreprise cette fois.

Il avait quitté Intel en 2009, après pas moins de 30 ans au sein de la société. Il est d’ailleurs connu pour être l’architecte principal du processeur 80486 et avait fini par devenir directeur technique. Après avoir quitté Intel en 2009, il a rejoint EMC comme directeur financier, puis il est devenu CEO de VMware en 2012.

Pour l’instant, la stratégie reste la même

Frank Yeary affirme d’ailleurs que la suite du travail s’inscrira pour le moment dans la continuité : « simplifier et renforcer notre portefeuille de produits, faire progresser nos capacités de fabrication et de fonderie tout en optimisant nos dépenses d’exploitation et notre capital ».

De son côté, Pat Gelsinger affirme : « diriger Intel a été l’honneur de ma vie […] Aujourd’hui a, bien sûr, un goût doux-amer car cette entreprise a été ma vie pendant la majeure partie de ma carrière professionnelle [… ] L’année a été difficile pour nous tous, car nous avons pris des décisions difficiles, mais nécessaires pour positionner Intel dans la dynamique actuelle du marché ».

2024, année noire pour Intel

L’année 2024 a en effet été particulière pour Intel, avec de mauvais résultats et une dégringolade en bourse : une baisse de 50 % du cours de l’action depuis le début de l’année. Résultat des courses, pas moins de 15 000 licenciements et une réorientation stratégique de ses activités.

Cette situation attise les convoitises de certains concurrents, qui laissent entendre qu’ils seraient intéressés par un rachat du fondeur, en entier (ce qui risque d’être très compliqué d’un point de vue légal) ou à la découpe. Situation délicate pour Intel, qui doit garder le contrôle de ses usines pour conserver ses subventions américaines.

Un « comité de recherche » a été mis sur pied pour trouver un remplaçant à Pat Gelsinger qui aura, à n’en pas douter, beaucoup de pain sur la planche.

Black Friday, Cyber Monday : des travailleurs d’Amazon en grève partout sur la planète

Droits en solde
Black Friday, Cyber Monday : des travailleurs d’Amazon en grève partout sur la planète

À l’occasion du Black Friday, des organisations d’une vingtaine de pays se sont jointes à une campagne désormais annuelle de dénonciation des pratiques d’Amazon en termes de droits du travail, de droits humains, de fiscalité et d’impact environnemental.

Des travailleurs Amazon et des syndicats d’une vingtaine de pays se sont mis en grève contre Amazon pendant le Black Friday et le Cyber Monday, campagne marketing qui s’étend de vendredi 19 novembre à ce lundi 2 décembre.

Coordonnée par le groupe Make Amazon Pay, l’action vise principalement à obtenir de l’entreprise qu’elle améliore les conditions de travail de ses employés et contractuels, leur fournisse des emplois mieux sécurisés (aussi bien en termes de salaires que de sécurité dans l’exercice de leurs activités), et respecte leurs droits universels.

Parmi ses requêtes, l’initiative demande aussi à Amazon d’opérer de manière soutenable envers l’environnement et de « rendre » à la société ce qu’elle lui a donné, aussi bien en payant ses impôts qu’en réduisant ses pratiques et technologies attentatoires aux droits humains.

Make Amazon Pay réunit plus de 80 organisations à travers le monde, dont Attac, Corporate Europe Observatory ou Oxfam.

Cinquième année de mobilisation

En France, en Allemagne, en Pologne, aux États-Unis, en Turquie, en Inde, au Japon ou encore au Brésil, des grèves, des manifestations et d’autres actions ont été organisées pour protester contre les pratiques d’Amazon, qui fait partie des grands promoteurs de l’opération du Black Friday.

Le mouvement est loin d’être récent : Make Amazon Pay travaille depuis cinq ans à coordonner des acteurs à l’international pour tenir Amazon responsable de ses actes lors de l’un des week-ends de shopping les plus intenses de l’année : celui qui s’étend du Black Friday au Cyber Monday.

En 2023, cela avait notamment eu pour effet de voir des membres de syndicats allemands, italiens et californiens se joindre aux grévistes britanniques devant l’entrepôt de Coventry, déjà au moment du Black Friday. En 2020, plus de 400 législateurs de 34 pays avaient par ailleurs signé une lettre ouverte envoyée au dirigeant d’Amazon Jeff Bezos. Ils y demandaient, déjà, un plus grand respect des droits des travailleurs et de ses obligations fiscales.

« Ces groupes représentent des intérêts variés et, bien que nous soyons toujours à l’écoute et que nous cherchions des moyens de nous améliorer, nous restons fiers des salaires compétitifs, des avantages sociaux complets et de l’expérience de travail stimulante et sûre que nous offrons à nos équipes », a déclaré Amazon auprès du Guardian.

Droit du travail, fiscalité, protection de l’environnement

En Inde, quelque 200 employés d’entrepôts et livreurs Amazon n’en ont pas moins rejoint New Delhi pour manifester, rapporte AP. Parmi leurs principales revendications : la hausse des salaires et le respect de leurs droits, alors que certains ont été privés de pause pour boire ou se rendre aux toilettes, y compris en périodes caniculaires.

Sur sa plateforme, Make Amazon Pay liste des « exigences communes », réunies en cinq chapitres :

  • l’amélioration du lieu de travail, entendue comme la sécurisation des activités, l’amélioration du salaire, la négociation de temps de pause, entre autres éléments ;
  • la sécurité du travail, au sens de la fin des statuts précaires de contractuels ou de free-lances ;
  • le respect des droits universels des travailleurs, catégorie où elle regroupe notamment la fin des actions anti-syndicalisation et l’ouverture du dialogue avec les représentants des travailleurs ;
  • la soutenabilité environnementale, dans laquelle l’entité demande d’atteindre les objectifs de zéro émission de carbone d’ici 2030, de renoncer aux contrats d’Amazon Web Services avec des sociétés pétrolières ou gazières, ou encore à la publicité entretenant le déni du changement climatique ;
  • et le fait de « rendre » à la société, c’est-à-dire notamment de payer les impôts nécessaires, de cesser ses pratiques anti-compétitives, ou encore de mettre fin aux contrats de l’entreprise avec la police ou les autorités en charge de l’immigration.

En 2019, Amazon a payé 1,2 % d’impôts aux États-Unis, selon Make Amazon Pay. En France et en Europe, Bloomberg démontrait que la société n’avait payé aucun impôt en 2021, quand bien même elle avait engrangé plus de 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

En France, des contestations régulières

En France, Attac a organisé des actions dans tout le pays pour protester contre l’évasion fiscale de l’entreprise. L’ONG se positionne aussi en faveur de la taxation unitaire des multinationales, estimant que la mesure permettrait d’éviter les « opérations complexes » auxquelles des entreprises comme Amazon ont recours « pour payer toujours moins d’impôt ».

Le Black Friday est loin d’être le seul moment lors duquel le géant du e-commerce essuie des contestations : à Marseille, les 47 salariés d’un sous-traitant d’Amazon ID Logistics se sont ainsi mis en grève fin octobre pour réclamer des indemnités de départ, après ce qu’ils qualifient de « licenciements déguisés ».

Le 19 novembre, au Blanc-Mesnil, une quarantaine d’agents de tri débrayaient à leur tour. En cause : un élargissement de leurs horaires de nuit de minuit à 9h30 du matin contre 23 heures – 6 h 30 aujourd’hui.

❌