Avec 192 Gb/s et 480 W, le GPMI veut concurrencer le HDMI ou le DisplayPort
Du tout-en-un, manque plus que la version Wi-Fi !

Un consortium d’une cinquantaine d’entreprises chinoises planche sur la mise au point d’un nouveau standard d’interface numérique. Baptisé GPMI, il offrirait jusqu’à 192 Gb/s de bande passante et autoriserait une alimentation électrique pouvant atteindre 480 W, soit des performances deux fois supérieures aux meilleurs connecteurs actuels. Un premier processeur est déjà compatible chez HiSilicon.
GPMI, pour General Purpose Media Interface : voilà peut-être le nouvel acronyme qui figurera à l’arrière des écrans de TV ou des moniteurs PC d’ici quelques années. Il désigne un nouveau standard dédié à la transmission de données et d’images, qui viendrait donc directement concurrencer le HDMI et le DisplayPort.
Des performances doublées par rapport aux standards actuels
Le GPMI avance avec deux arguments clés. D’abord, une bande passante capable d’atteindre 192 Gb/s, à comparer aux 80 Gb/s du DisplayPort ou aux 96 Gb/s de la récemment officialisée norme HDMI 2.2. Il intègre ensuite une possibilité d’alimentation électrique, avec une puissance maximale (théorique à ce stade) de 480 W. Là encore, le GPMI doublerait la donne, non pas par rapport au HDMI (qui ne transmet pas d’énergie), mais par rapport à Power Delivery (USB Type-C), qui permet de délivrer jusqu’à 240 W.

Pour atteindre ce plein potentiel, il faudrait recourir à un connecteur dédié, le GPMI type-B, qui se présente sur un format semblable à celui du HDMI ou du DisplayPort. Le consortium prévoit toutefois une deuxième implémentation via un connecteur USB type-C. Dans ce contexte, les performances seraient divisées par deux, soit tout de même 96 Gb/s et 240 W d’alimentation, comme en USB avec Power Delivery 3.1.
Le standard prévoit par ailleurs un bus secondaire, qui complète le flux principal de transmission pour toutes les opérations de contrôle, ainsi qu’un port de type CEC, pour le contrôle des appareils connectés.

Un projet encore discret mais déjà bien avancé
Le GPMI et son double connecteur ont récemment fait une apparition sur un salon, repérée par IT Home. S’il était resté relativement discret jusqu’ici, le standard fait l’objet de travaux préparatoires depuis 2019. Et il peut compter sur des soutiens de poids. La Shenzhen 8K UHD Video Industry Cooperation Alliance (SUCA), consortium qui porte le GPMI, réunit en effet un aréopage varié d’industriels avec des grands noms des télécoms (China Mobile, Tencent), des fabricants d’électronique grand public (Haier, Hisense, TCL, Huawei), des acteurs de la télédiffusion et des équipementiers spécialisés.
Dans le lot, on trouve HiSilicon, filiale de Huawei dédiée aux semi-conducteurs, qui développe ses propres processeurs sur base ARM, et dispose déjà, à son catalogue, d’une puce tout-en-un destinée aux marchés des téléviseurs connectés affichant sa compatibilité avec le GPMI, la V660. D’après la SUCA, deux autres puces dotées de la nouvelle interface sont attendues en 2025.
L’alliance SUCA s’est par ailleurs félicitée en novembre dernier d’avoir obtenu le SVID (Standard or Vendor ID) par lequel l’USB Implementers Forum valide la compatibilité de la connectique avec ses propres normes.
Un connecteur dédié au marché chinois ?
Une connectique bidirectionnelle, à très grande bande passante, avec une alimentation électrique suffisante pour alimenter un ordinateur, une console de jeux ou une set-top box, le tout sur un seul et unique câble : le GPMI a sur le papier de quoi devenir le connecteur idéal… s’il s’impose sur le marché. L’USB Type-C le permet aussi dans un moindre mesure avec l’Alternate Mode du DisplayPort annoncé en 2020 (sur de l’USB4).
Or à ce niveau, la SUCA et les industriels concernés ne font pour l’instant pas beaucoup d’efforts pour que le GPMI rayonne hors de leur marché domestique. Le format semble n’avoir été présenté que sur des événements chinois. Les rares documentations accessibles en ligne (à l’image de ce livre blanc chez HiSilicon, accessible uniquement après avoir rempli le formulaire de contact) mettent par ailleurs en avant la prise en charge d’une norme de protection baptisée ADCP, présentée comme une alternative au HDCP, et fonctionnant à l’aide des algorithmes de chiffrement SM3 et SM4, couramment utilisés en Chine.
Face au HDMI (sous licence) et surtout au DisplayPort (sans redevance), il faudra donc attendre de voir quelle est la logique de diffusion adoptée par la SUCA, et surtout dans quelle mesure elle arrive à fédérer un écosystème complet de produits estampillés GPMI, des téléviseurs aux ordinateurs ou aux cartes graphiques. Tout comme il conviendra d’étudier les performances réelles de la transmission et ses exigences en matière de câbles…