Cybercriminalité en hausse de 40% sur 5 ans : l’Intérieur dévoile sa stratégie nationale
RE: Taïaut, taïaut, taïaut !

Le ministère de l’Intérieur vient de présenter sa stratégie nationale pour lutter contre la cybercriminalité, « structurée en 4 piliers, déclinés en 12 axes stratégiques, eux-mêmes détaillés en 84 actions structurantes ». Au menu : coopérations, partage d’informations, retours d’expériences, travail sur les compétences ou l’attractivité de la filière… le tout sans objectif chiffré, ni budget à ce stade.
« Depuis mon arrivée Place Beauvau, je me suis fixé une seule mission : rétablir l’ordre », écrit Bruno Retailleau en introduction de la stratégie nationale pour lutter contre la cybercriminalité pour les trois années à venir, que le ministère de l’Intérieur vient de rendre publique :
« Pour cela, j’ai assumé d’ouvrir de nombreux chantiers. Contre l’immigration non maitrisée, contre la criminalité organisée et le narcotrafic, contre la délinquance du quotidien. Aussi différents soient-ils, ces fléaux ont un point commun : ils se prolongent tous dans l’espace numérique. De la pédopornographie aux trafics de drogues et d’armes en passant par les arnaques multiples et diverses, le cyberespace est devenu le nouveau terrain de chasse des délinquants et des criminels. C’est donc là que, nous aussi, nous devons aller, pour ouvrir un nouveau front dans la bataille contre l’insécurité que nous livrons. »

« Cette bataille, nous nous donnons les moyens de l’emporter », poursuit-il, mais sans pour autant annoncer quelque chiffre que ce soit. Tout juste apprend-on que « dans les mois et années à venir, nous continuerons à investir les opportunités qu’ouvrent les nouvelles technologies ».
Une absence de chiffres d’autant plus intrigante que le premier rapport annuel sur la cybercriminalité, publié fin juillet 2024 et émanant lui aussi du nouveau commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI), en comportait beaucoup.



Combien de policiers et gendarmes le ministère compte-t-il former et recruter, quels nouveaux moyens budgétaires seront alloués afin d’attirer des profils spécialisés et particulièrement recherchés (tant dans le privé qu’au sein des services de renseignement), ainsi que pour financer l’acquisition ou le développement de nouveaux outils et logiciels ?
À ce stade, le rapport du ministère de l’Intérieur ne répond pas à ces questions. La mise en œuvre est en effet renvoyée aux différents services, « notamment la direction générale de la Gendarmerie nationale, la direction générale de la Police nationale et la préfecture de Police de Paris », chargés de suivre cette stratégie élaborée « pour les trois années à venir ». Au programme : une feuille de route « structurée en 4 piliers, déclinés en 12 axes stratégiques, eux-mêmes détaillés en 84 actions structurantes ».
Hasard du calendrier, la mise en ligne de cette stratégie intervient alors que le ministère de la défense britannique vient, de son côté, de profiter de la publication de sa Strategic Defence Review 2025 pour annoncer qu’il allait investir plus d’un milliard d’euros dans son nouveau système de localisation et d’élimination des cibles ennemies sur le champ de bataille. Mais également que les salaires de départ s’élèveraient désormais à environ 47 000 euros, avec la possibilité de gagner jusqu’à près de 30 000 euros supplémentaires en fonction des compétences des experts cyber.