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Perturbations d’internet : un trimestre très agité selon Cloudflare

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Perturbations d’internet : un trimestre très agité selon Cloudflare

Dans son dernier rapport consacré aux perturbations d’Internet, Cloudflare confirme les tendances observées : de nombreuses et importantes coupures ont lieu un peu partout. Mais les causes peuvent être multiples, entre décisions politiques, facteurs techniques et jusqu’aux catastrophes naturelles.

Cloudflare est dans une position assez unique, puisque ses protections sont utilisées par 20 % du web. Un étalement suffisamment vaste pour que l’entreprise publie régulièrement des rapports sur ce qu’elle voit passer depuis sa tour d’observation. Chaque trimestre, elle publie ainsi un rapport sur les perturbations d’internet. Elles sont nombreuses et proviennent de causes très variées, parfois improbables, comme on peut le voir dans sa dernière publication.

Coupures politiques

Les perturbations entrainées par des décisions politiques sont souvent les plus visibles : Soudan, Syrie, Vénézuéla, Irak ou encore Afghanistan ont tous eu des coupures consécutives à des ordres du gouvernement.

Selon Cloudflare, les raisons peuvent largement varier. Au Soudan par exemple, les coupures enregistrées pourraient correspondre à une période d’examens scolaires, et donc à une mesure extrême pour empêcher les sujets de circuler. Cette manière de procéder correspond à des observations déjà faites par le passé, notamment en 2021 et 2022.

Même chose en Syrie, avec cette fois un message officiel du ministère syrien de l’Éducation sur Telegram, avertissant que des réseaux de triche ont été découverts. D’importantes perturbations ont donc été constatées sur les jours d’examen correspondant aux périodes des certificats d’études élémentaires et d’études secondaires, en juin et juillet principalement.

L’Irak a pris des décisions semblables. Le gouvernement du Kurdistan irakien a ainsi décrété une suspension complète d’internet tous les samedis, lundis et mercredis entre le 23 aout et le 8 septembre.

Il y a bien sûr la grosse coupure en Afghanistan survenue il y a quelques semaines et dont nous nous étions fait l’écho. « Cette mesure a été prise pour prévenir le vice », affirmait alors le responsable d’une province du Nord mi-septembre. Les répercussions avaient été multiples, empêchant notamment des milliers d’étudiants de suivre leurs cours en ligne. Le Monde avait rapporté les inquiétudes de l’ONU, qui évoquait des conséquences « extrêmement graves », avec notamment des répercussions sur le système bancaire et le trafic aérien. Lors du retour des connexions, « des scènes de liesse parmi la population, notamment dans la capitale afghane », avaient été observées.

Dégâts sur la fibre optique : entre travaux et soupçons de sabotage

L’autre grande cause dans les coupures, ce sont bien sûr les dégâts sur les grands câbles de fibre optique qui courent au fond des mers et des océans. Début juillet par exemple, en République dominicaine, la société Claro avertissait sur X de dégâts sur deux câbles de fibre optique coup sur coup, causés par des entreprises différentes (intervenant sur l’eau et l’électricité).

Situation similaire en Angola, avec des travaux routiers ayant entrainé « qui ont affecté les interconnexions nationales par fibre optique ». L’opérateur Unitel Angola avait subi une baisse de 95 % de son trafic, témoin de l’ampleur de la coupure. Comme le signale Cloudflare toutefois, ces explications ont été contestées par des ONG, car la panne est survenue durant un mouvement de protestation contre la hausse des prix des carburants.

Citons les cas du Pakistan et des Émirats arabes unis que nous avions abordés dans nos colonnes. L’accident s’est produit dans les eaux du Yémen, ce qui faisait dire à l’expert en câbles sous-marins Roderick Beck qu’avec une profondeur de 100 mètres seulement, il s’agissait probablement d’une cause liée à un bateau, par la pêche ou par une ancre. La rupture avait causé des ralentissements au Pakistan et aux Émirats arabes unis. La piste de l’attaque volontaire n’était pas écartée.

Plus improbable en revanche, un câble de fibre optique a été rompu au Texas le 26 septembre à cause… d’une balle perdue. Les conséquences ont cependant été limitées, avec des problèmes circonscrits à la région de Dalles et n’ayant entrainé qu’une baisse du trafic de 25 % pendant environ deux heures.

Pannes de courant, catastrophes naturelles, incendies, cyberattaques…

Les pannes de courant peuvent avoir des conséquences importantes sur la disponibilité d’internet. En République tchèque par exemple, la chute d’un câble électrique le 4 juillet a entrainé une vaste panne de courant. Celle-ci a eu un effet très concret sur la disponibilité du réseau pendant approximativement 6 heures, entrainant une baisse de trafic de 32 % à l’échelle du pays.

Des pannes d’électricité expliquent des perturbations similaires dans des îles comme Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Curaçao, ou encore à Gibraltar, où une entreprise a sectionné trois câbles à haute tension par erreur, avec à la clé une chute de 80 % du trafic dans le pays pendant environ 7 heures. Selon Cloudflare toutefois, c’est Cuba qui connait le plus de coupures de ce type, avec de très nombreuses pannes d’électricité. Le 10 septembre par exemple, une panne a entrainé une chute de 60 % du trafic pendant plus de 24 heures.

Côté catastrophes, la seule référencée par le rapport est l’impressionnant séisme ayant eu lieu dans la province du Kamchatka en Russie. Avec une magnitude de 8,8 sur l’échelle de Richter, ses puissantes secousses ont déclenché des alertes au tsunami dans plusieurs régions, notamment au Japon ou dans les États américains de l’Alaska et d’Hawaï. Si le trafic a chuté de 75 % dans la province juste après le tremblement de terre, Cloudflare indique toutefois qu’il s’est très vite rétabli. Notez que le rapport de Cloudflare était déjà bouclé au moment de l’ouragan Melissa et de son impact catastrophique en Jamaïque.

Le Yémen fait en outre partie des pays revenant le plus souvent dans le rapport. D’abord parce que le pays est le seul référencé sur les trois derniers mois à avoir subi une cyberattaque d’ampleur, suffisante pour entrainer une perturbation à l’échelle du pays, avec une baisse significative du trafic chez le fournisseur d’accès YemenNet. Ensuite car le Yémen, comme le Soudan, a été largement touché par la panne de Starlink en juillet. Pendant environ 2h30, le trafic a chuté de moitié dans ces pays, de même qu’au Zimbabwe ainsi qu’au Tchad, interrogeant sur la dépendance à un prestataire unique. Cloudflare signale d’ailleurs une autre panne de Starlink pendant une heure le 15 septembre. La société indique que Starlink avait initialement reconnu la panne, avant de supprimer son message sur X.

Diversifier pour résister

Les tendances observées dans les précédents rapports se renforcent, notamment sur les coupures décidées par les gouvernements, en pleine recrudescence selon Cloudflare. La pratique est controversée mais tend à se normaliser dans certaines régions. Si leur nombre augmente, leur portée varie considérablement d’un pays à l’autre cependant, de même que les causes, tout du moins officiellement.

De même, si les accidents et les catastrophes peuvent survenir n’importe où, la résilience affiche d’importantes disparités selon les régions. Sans surprise, celles ayant un nombre plus élevé de fournisseurs d’accès et de chemins alternatifs pour la connectivité sont moins touchées par les pannes et récupèrent souvent plus vite.

Dans l’ensemble, quelles que soient les causes des coupures, les conséquences sont presque toujours les mêmes, avec un impact économique et social, qu’il s’agisse d’étudiants ne pouvant plus suivre leurs cours, des coupures dans les services financiers voire bancaires, le commerce électronique ou encore la télémédecine. Selon Cloudflare, la seule solution est d’accentuer la résilience et la diversité des infrastructures pour minimiser les coupures.

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États-Unis : reconnaissances biométriques sans échappatoire pour les contrôles d’identité

ICEtagram
États-Unis : reconnaissances biométriques sans échappatoire pour les contrôles d’identité

L’ICE, la police de l’immigration états-unienne, utilise une application de reconnaissance faciale pour vérifier l’identité des personnes qu’elle contrôle dans la rue. Selon des documents du département de la Sécurité intérieure des États-Unis, il ne serait pas possible de refuser le scan de son visage.

Les agents de l’ICE, les services d’immigration étatsuniens, ont maintenant à leur disposition une application de reconnaissance faciale. Celle-ci leur permet de vérifier l’identité de personnes qu’ils arrêtent dans la rue sans qu’elles ne puissent refuser. Depuis des mois, plusieurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux, montrant que les agents de l’ICE n’hésitent pas à s’en servir pour contrôler des jeunes en vélo, des personnes dans leur voiture ou à pieds.

Cet été, 404 Media révélait que les agents de l’ICE pouvaient utiliser via leur smartphone une application dédiée : Mobile Fortify.

Celle-ci permet aux utilisateurs de vérifier l’« identité biométrique en temps réel grâce à la capture d’empreintes digitales sans contact et d’images faciales », deux fonctionnalités directement disponibles sur le smartphone fourni par l’ICE à ses agents, expliquait un email interne de l’ICE qu’ont pu obtenir nos confrères.

Mobile Fortify s’appuie sur la base de données de photos prises aux douanes des États-Unis par la CBP (Customs and Border Protection), l’autre agence de l’immigration états-unienne.

Impossible de refuser

Mais, selon des documents officiels du département de la Sécurité intérieure des États-Unis récemment obtenus par 404 Media, il serait impossible pour les personnes contrôlées de refuser la reconnaissance faciale effectuée par Mobile Fortify. L’agence a donné très peu d’informations sur cette application.

En septembre dernier, explique le Chicago Sun Times, neuf sénateurs démocrates ont écrit [PDF] au directeur de l’ICE pour avoir plus d’informations sur cette application qui « permettrait aux agents de pointer un smartphone vers le visage ou les empreintes digitales d’une personne et de l’identifier grâce à une comparaison biométrique avec plusieurs bases de données fédérales ». Le média de l’Illinois explique d’ailleurs qu’elle n’est qu’une partie d’« un arsenal croissant » d’outils biométriques de vérification d’identité et de statut, citant aussi la reconnaissance de l’iris, l’utilisation de lecteurs de plaques d’immatriculation et la comparaison des empreintes digitales dans les diverses bases de données de police et de services d’immigration.

Les documents obtenus par 404 Media confirment que Mobile Fortify utilise la base de données du « service de vérification des voyageurs » du CBP mais aussi d’autres bases de données pour chercher une correspondance avec le visage de la personne interpelée parmi 200 millions d’images.

Des données stockées pendant 15 ans

Selon l’un des documents, les données de n’importe quelle personne peuvent être collectées : « bien que l’application Mobile Fortify ait pour objectif d’identifier les étrangers susceptibles d’être expulsés des États-Unis, les utilisateurs peuvent l’utiliser pour collecter des informations identifiables sur des individus, indépendamment de leur citoyenneté ou de leur statut d’immigration. Il est concevable qu’une photo prise par un agent à l’aide de l’application mobile Mobile Fortify puisse être celle d’une personne autre qu’un étranger, y compris un citoyen américain ou un résident permanent légal ». D’ailleurs, comme le fait remarquer ArsTechnica, dans cette vidéo où l’agent de l’ICE demande de scanner le visage de la personne, celle-ci affirme être un citoyen américain et avoir déjà montré sa carte d’identité.

Les photos pourront ensuite être utilisées par le CBP pendant des années : « le CBP enregistre les nouvelles photographies et empreintes digitales, prises à l’aide de Mobile Fortify […] et les conserve pendant 15 ans ». Si l’application est censée servir en priorité aux agents de l’ICE, 404 Media note que les documents prévoient que les agents du CBP assignés à des tâches de l’ICE peuvent aussi l’utiliser. Et nos confrères soulignent que des dizaines de milliers d’agents ont été réassignés à l’ICE récemment.

« Les responsables de l’ICE nous ont dit qu’une correspondance biométrique apparente établie par Mobile Fortify constituait une détermination « définitive » du statut d’une personne et qu’un agent de l’ICE pouvait ignorer les preuves de citoyenneté américaine, y compris un certificat de naissance, si l’application indiquait que la personne était un étranger », explique l’élu démocrate à la Chambre des représentants, Bennie G. Thompson interrogé par Arstechnica. Selon lui, cette application est « dangereuse » et constitue une « attaque inconstitutionnelle contre les droits et libertés des Américains ».

« Nous aurions dû interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale par le gouvernement lorsque nous en avions l’occasion, car elle est dangereuse, invasive et constitue une menace inhérente aux libertés civiles », s’est lamenté Matthew Guariglia de l’Electronic Frontier Foundation auprès de 404 Media.

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☕️ Les comptes Meta d’une sage-femme supprimés après avoir évoqué l’IVG

Le 28 octobre, Pauline Dens-Arsène répondait à France 3 pour évoquer l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse. Alors que l’accès à l’IVG est très inégalitaire à travers le pays, la sage-femme explique proposer cet acte médical pour répondre à un manque visible dans l’Aisne.

Une fois le reportage diffusé, Pauline Dens-Arsène l’a publié sur sa page Facebook. « Une demi-heure après, mes comptes Facebook et Instagram étaient suspendus », explique-t-elle à Franceinfo.

Avant la suppression, la sage-femme explique avoir reçu des messages haineux, des insultes assimilant l’avortement à un meurtre, des discours proches de ceux des militants contre la liberté d’avorter.

Pour elle, c’est évident : la suppression de son compte est due à une campagne de signalement de masse. 


Après avoir fait appel de la décision auprès de Meta, la sage-femme apprend néanmoins que ses comptes sont définitivement supprimés, quand bien même les règle de communauté de Meta n’interdisent pas d’évoquer l’IVG. L’entreprise évoque des « dysfonctionnements » de sa modération.

Début 2025, alors que les géants du numérique se rapprochaient de Donald Trump nouvellement élu, les règles de modération de Meta ont largement évolué aux États-Unis. Des associations de défense des droits numériques et des droits des femmes se sont rapidement mobilisées pour dénoncer une censure de l’information dédiée aux droits reproductifs.

En France, le Planning Familial alerte depuis plusieurs années sur la désinformation que diffusent les militants anti-choix en ligne, et s’inquiète de voir ces mouvements prendre un espace croissant en ligne.

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[Édito] Que faire face à la merdification de l’information

Comme disait Napoléon, « faut pas croire tout ce qu’on lit sur Internet »
[Édito] Que faire face à la merdification de l’information

N’ayons pas peur des mots, nous sommes dans une « merdification » importante de l’information. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend de l’importance sur les réseaux sociaux et avec l’IA générative. La balle est dans le camp des internautes.

Enshittification ou merdification a été élu mot de l’année 2024 par le dictionnaire d’anglais australien. Macquarie. Sa définition : « détérioration progressive d’un service ou d’un produit, en particulier d’une plateforme en ligne, provoquée par une réduction de la qualité du service fourni résultant de la recherche de profit ».

Ce terme s’applique parfaitement à l’information en ligne. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il est de plus en plus inquiétant. Un bon terreau de cette merdification est la course à l’information. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation ; les exemples sont malheureusement nombreux et la situation se répète inlassablement.

La course à l’audience

Sur Internet, cette course à l’information va (malheureusement) de pair avec celle de l’audience. La raison est simple : la publicité, dont les revenus sont directement liés au nombre de visiteurs (les fameux visiteurs uniques ou VU dans le jargon du métier) ou de pages vues. D’une information claire et objective, on dérive depuis longtemps vers des titres putaclicks, des fake news et, de plus en plus, un mélange des deux.

Avec la merdification de l’information, le phénomène va plus loin. Les gens (et pas uniquement les jeunes) s’abreuvent maintenant sur les réseaux sociaux et s’informent par le prisme de certains influenceurs. Pour reprendre les inconnus : « y’a le mauvais chasseur [d’information] : y voit un truc qui bouge, y tire. Le bon chasseur : y voit un truc, y tire… ».

Dans l’information, c’est presque pareil, sauf que ceux qui racontent n’importe quoi sont les premiers à tirer, ceux qui enquêtent tirent plus tard. La course à l’audimat pousse une grande partie des médias à tirer le plus vite possible. L’information est fausse ? Pas « grave », une seconde sera publiée s’il y a de quoi (re)faire de l’audience, sinon elle sera limite laissée de côté.

Nous avons déjà longuement parlé de la loi de Brandolini ou « principe d’asymétrie des idioties » pour les sciences, mais cela touche désormais toutes les catégories d’information. Ne pas oublier que ceux qui racontent des idioties (pour rester poli) ne prennent pas de pincettes et foncent tête baissée, là où les chercheurs et scientifiques pèsent les conséquences et la portée de leurs mots. Deux discours, une même cible, mais pas les mêmes règles du jeu.

Combien de fois des informations ont fait les gros titres lors d’une condamnation alors que le jugement cassé en appel n’est quasiment pas évoqué ? Beaucoup trop… Combien de fois de fausses vidéos sont relayées sans jamais corriger le tir ? Beaucoup trop… Combien de fois des fuites de données inexistantes font les gros titres (et font le jeu des pirates) ? Beaucoup trop… Vous avez compris l’idée.

La course à la visibilité

La situation évolue, mais pas dans le bon sens. Aujourd’hui, personnalités publiques et influenceurs ont un vrai pouvoir sur les gens et le moindre geste peut déplacer des foules. Un exemple récent avec un t-shirt vintage d’un aquarium porté par Taylor Swift. Des fans voulaient le même, l’aquarium en fait une réédition et le propose en « cadeau » pour un don à la protection des loutres. Montant de l’opération : plus de 2 millions de dollars. Rien de grave ici, au contraire, mais cela montre à quel point une idole peut faire bouger les choses.

Le problème étant que certains influenceurs poussent parfois à leur communauté des produits illégaux et/ou dangereux, au mépris des lois. L’année dernière, la DGCCRF dressait un triste bilan : sur 310 influenceurs contrôlés, 151 étaient « en anomalies ».

Les marques ont bien compris le potentiel des influenceurs et l’océan (plus ou moins grand) de poissons à attraper. Rappel : vous êtes le poisson. Pour vous attraper, marques et/ou influenceurs passent parfois la ligne rouge puisque la mention d’un partenariat commercial n’est pas toujours indiquée.

De l’information consommée par certains sur les réseaux sociaux, on se retrouve à avoir des messages publicitaires, que ce soit pour des produits ou des idées (politiques). Les influenceurs s’invitent aussi dans la vie politique et vice-versa, cela soulève d’autres questions sur l’information politique diversifiée. Si la télévision et la radio sont dans le viseur de l’Arcom, le web et les réseaux sociaux sont encore laissés de côté.

Le sujet de la régulation ne bouge pas vraiment alors qu’en mars prochain auront lieu les élections municipales, puis les présidentielles en 2027. Il y a de quoi être inquiet, d’autant que la génération des enfants nés dans la seconde moitié des années 2000, qui ont donc grandi avec les réseaux sociaux, sont désormais en âge de voter.

La course au sensationnel

L’IA générative est aussi un problème, qui fait des dégâts dans les médias. Dernier exemple en date, ce qui était présenté comme le projet « sky stadium » de l’Arabie saoudite. Une vidéo montrant ce que devait être un stade à 350 mètres d’altitude était fausse, comme l’indique l’AFP Factuel.

Reprise par de nombreux médias, avec souvent Paris-Match comme source (qui a depuis supprimé sa publication Instagram), l’information n’est pas toujours corrigée. Cette fausse vidéo surfe en prime sur la vague du projet pharaonique « The Line », qui a beaucoup de plomb dans l’aile. Bref, une belle histoire et de belles images, à un détail près : c’est faux.

Cet exemple soulève un autre problème : le temps nécessaire à débunker ce genre de fake news, pourtant grossières. Ce n’est qu’un seul exemple dans l’océan de merdification de l’information. Certains sites d’information générés par intelligence artificielle n’en finissent pas d’inonder le web avec du n’importe quoi.

Ils lancent des fausses informations dans tous les sens à la recherche de buzz (pour multiplier les visiteurs, donc les pages, donc les publicités, donc les revenus). Cela ne va généralement pas chercher plus loin. Parfois, les sites Gen AI peuvent aussi servir des buts particuliers : spammer des moteurs de recherche ou des intelligences artificielles, inonder les réseaux sociaux pour faire passer un message, élargir à coup de masses la fenêtre d’Overton

Tous les formats de médias sont concernés. Les actualités étaient les premières, suivies désormais par les vidéos et les deepfakes. La question des vidéos générées par IA entre en pleine collision avec les fausses informations et autres deepfake avec le cas de TiboInShape, qui a rendu son visage et sa voix réutilisables par tout un chacun sur Sora d’OpenAI.

Tout n’est pas à jeter dans le monde des réseaux sociaux et des influenceurs, loin de là ! HugoDecrypte (TikTok, X, Instagram, YouTube…) en est un bon exemple. Il s’est imposé comme source fiable auprès des jeunes, comme en témoigne la maxime « Tant qu’HugoDécrypte l’a pas dit, j’y crois pas ».

L’enjeu est important : « Facebook et YouTube sont utilisés respectivement chaque semaine pour s’informer par 36 % et 30 % des plus de 96 000 personnes interrogées, tandis qu’Instagram et WhatsApp sont utilisés par près d’une personne sur cinq pour ce type d’usage, TikTok par 16 % d’entre elles, X par 12 % », expliquions-nous récemment, sur la base d’un rapport de Reuters Institute.

Si vous avez des influenceurs et/ou créateurs de contenus que vous suivez pour leur sérieux et la qualité de leur information, n’hésitez pas à partager les noms dans les commentaires !

Les fausses informations prennent du temps à la vraie information

Les fausses informations sont problématiques, mais faut-il toutes les débunker ? Chez Next par exemple, nous pourrions passer quasiment toutes nos journées à les débunker tant elles sont nombreuses. Du coup, il ne resterait plus de temps pour des « vrais » sujets et analyses.

La merdification de l’information entraine non seulement une prolifération de fausses informations, mais occupe aussi des journalistes de cellules de « fact checking » à les démonter. Ces forces ne seraient-elles pas mieux utilisées à enquêter, à analyser des tendances, à faire des interviews… Bref, du fond ? Je pense que oui, mille fois oui !

La merdification de l’information est à tous les niveaux sur Internet – des sites de presse aux réseaux sociaux – et il devient de plus en plus difficile de trier le bon grain de l’ivraie. L’esprit critique est plus que jamais nécessaire face à la déferlante de fausses informations et de désinformation. Il suffisait pendant un temps de se dire « c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement faux » pour lever la plupart des doutes, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

« Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent… »

Mais force est de constater que ça marche : les gens lisent les fausses informations, les partagent sur les réseaux sociaux et dans des « boucles WhatsApp » (ou autres messageries). Elles sont parfois prises au premier degré avec une inquiétude face à ce qui n’est en fait que du vent.

Comme les gens accèdent à ce genre de contenus, leurs créateurs gagnent de l’argent et donc abreuvent la bête de toujours plus de contenus du genre. Plus les gens vont en lire, plus les réseaux sociaux vont en pousser à l’utilisateur pour le garder captif le plus longtemps possible. Regardez une vidéo Gen IA avec des animaux sur TikTok une fois ou deux et votre flux en devient rapidement inondé. C’est valable pour toutes les thématiques, y compris la politique, les enjeux environnementaux, les sciences, etc.

Chez Next, nous avons pris le pari de traiter des sujets de fond, de vérifier avant de parler, d’enquêter au long cours, et de ne pas céder aux sirènes du putaclik… Un vœu pieux, mais force est de constater que cela ne « paye pas ».

Nous sommes également parmi les rares ovnis du paysage médiatique à n’afficher aucune publicité et à ne pas vous traquer (d’où l’absence de « bandeau RGPD » ), une promesse renforcée depuis le rachat par moji. Ce rachat permet d’ailleurs à Next d’être toujours vivant et de continuer à vous informer avec les mêmes principes.

Mais, là où des médias surfant à fond sur le putaclic et flirtant avec la désinformation prospèrent et engrangent des bénéfices, Next est toujours déficitaire. Une phrase de Coluche résonne plus que jamais : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent de les acheter [de les lire dans le cas de cet édito, ndlr] pour que ça ne se vende plus. Quelle misère ! ».

S’abonner à Next vous permet de lire l’ensemble de nos articles et de participer aux commentaires, mais aussi de nous soutenir dans notre modèle économique et notre manière de traiter l’information.

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☕️ Des scientifiques dénoncent la vente aux enchères de la machine à calculer « Pascaline »

Vieille de 380 ans, la Pascaline est la première machine à calculer de l’humanité, mise au point par Blaise Pascal. Alors que huit exemplaires fabriqués en 1642 et 1649 subsistent au monde, l’un d’entre eux doit être mis aux enchères par Christies le 19 novembre prochain.

Porté par des membres des cinq académies françaises, un collectif appelle à ce que cette machine « demeure au cœur des collections publiques ».

« Pascal souhaitait produire sa machine à grande échelle. La complexité de sa fabrication fit échouer l’entreprise », expliquent-ils. Cinq se trouvent actuellement dans des collections publiques françaises, deux à l’étranger, dans des collections publiques, et cette dernière, qui doit être mise en vente, était en collection privée depuis 1942.

 »Machine à calculer de Blaise Pascal sans sous ni deniers », 1642, au musée des Arts et Métiers / David Monniaux

Pour les signataires, au nombre desquels le directeur de recherche émérite à l’Inria Serge Abiteboul, le professeur émérite à l’université Paris-Saclay Jean-Michel Bismuth, la philosophe Barbara Cassin, l’écrivain Érik Orsenna, « toutes les Pascalines ont des caractéristiques propres et toutes n’ont pas la même destination ».

Celle qui doit être vendue « est la seule qui soit conçue pour l’arpentage ; elle opère avec des mesures de grandeur adaptées (toises, pieds, pouces, lignes) ».

« Cathédrales de l’intelligence », ces instruments ont été « explicitement destinés à servir l’intérêt général », écrivent les auteurs de la tribune. À ce titre, ils appellent à ce que la machine destinée à être mise aux enchères rejoigne les collections publiques, d’où elle pourra être étudiée « par la communauté scientifique internationale ».

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Sur Steam, la part de marché de Linux franchit pour la première fois les 3 %

Manchots vénères
Sur Steam, la part de marché de Linux franchit pour la première fois les 3 %

Pour la première fois, les systèmes Linux ont dépassé les 3 % de parts de marché dans les enquêtes Steam. La plateforme a des arguments de plus en plus forts, comme illustré récemment dans un remplacement de Windows 11 par Linux sur Xbox Ally.

3,05 % pour Linux ? Le chiffre peut n’avoir l’air de rien, mais il reste une étape significative dans les changements d’habitude. Comme relevé notamment par Phoronix, il s’agit d’une progression d’un point en un an. Cependant, l’évolution mensuelle est encore plus intéressante, Linux ayant gagné 0,37 point entre septembre et octobre.

SteamOS sur plus d’un quart des configurations

Une accélération nette dont la fin de support de Windows 10 est probablement l’un des principaux facteurs. Sur la même période, Windows a perdu 0,56 point :- 1,04 point pour Windows 10 et + 0,53 point pour Windows 11. Curieusement, Windows 7 a gagné 0,02 point sur le dernier mois.

Et dans ces statistiques fournies par Valve, quelle est la distribution la plus utilisée ? Sans surprise, il s’agit de Steam OS, le système fourni avec la console portable Steam Deck, avec 27,18 % sur octobre. On note toutefois que cette part est en baisse de 0,86 point, soit une différence marquée. Si le Steam Deck a clairement bousculé le monde du jeu, la configuration d’un PC sous Linux pour jouer est également devenue simple.

Parmi les autres tirant leur épingle du jeu, on note la présence d’Arch Linux avec 10,32 % et de Linux Mint (6,65 % pour la récente version 22.2 et 2,56 % pour la 22.1). Comme on peut le voir dans le tableau fourni par Valve, de nombreuses distributions affichent une croissance dans leur nombre d’utilisateurs.

Cependant, les chiffres donnés par l’entreprise ne sont pas toujours pratiques à cause de séparations assez artificielles. Par exemple, il y a deux scores séparés pour Fedora 42 selon que l’on utilise la version Workstation avec GNOME ou la mouture KDE. On trouve aussi des parts de marché pour des « Freedesktop SDK », qui est un composant et ne renvoie (a priori) vers une distribution spécifique.

Linux plus fort que Windows ?

Le score de Linux illustre cependant un sujet grandissant autour du jeu vidéo sur cette plateforme, comme nous l’avons encore vu récemment. On pourrait également parler d’une hausse de l’émulation autour de cette thématique avec l’apparition cet été d’une distribution française centrée sur le jeu vidéo, GLF OS. Elle rejoindra peut-être dans l’avenir des distributions plus anciennes sur le même créneau, surtout Bazzite (4,24 %) et CachyOS (6,01 %).

Cette orientation performances pour des distributions spécialisées a d’ailleurs été illustrée le 29 octobre par The Verge. Nos confrères se sont amusés à remplacer Windows 11 par Bazzite sur la console portable Xbox Ally. Résultats des courses : des performances en hausse de 15 à 30 % dans la plupart des tests, une différence plus que significative. La console s’est même payé le luxe d’avoir une meilleure autonomie avec Linux.

Comme toujours dans ce genre de test, ces résultats ne peuvent pas être généralisés, les différences étant apparues sur un matériel spécifique. Ils invitent cependant les utilisateurs à réfléchir à leurs usages, le jeu vidéo étant considéré comme l’un des bastions de Windows. L’enthousiasme généré par la couche Proton de Valve (basée sur Wine) est bien là et continue de se traduire dans les chiffres. Pas de quoi encore tirer la sonnette d’alarme chez Microsoft, mais l’évolution est à suivre de près.

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☕️ Bluesky : 40 millions d’utilisateurs et un bouton « je n’aime pas » en test

Vendredi 31 octobre, Bluesky a annoncé avoir atteint la barre des 40 millions d’utilisateurs. Le réseau social dirigé par Jay Graber a multiplié par 2,5 son volume d’usagers depuis la mi-novembre 2024. À l’époque, le réseau était notamment porté par l’interdiction de X au Brésil et la réaction d’électeurs démocrates face à la victoire de Donald Trump lors des élections présidentielles aux États-Unis et le soutien d’Elon Musk, patron de X.

Logo de Bluesky

Le réseau semble vouloir drainer un public plus large encore. Dans un billet de blog publié le même jour, Bluesky affirme vouloir « des échanges amusants, authentiques et respectueux qui permettent de nouer des amitiés, et nous prenons des mesures pour y parvenir », alors que le réseau a essuyé récemment des critiques à propos de sa non-modération et de sa prise à la légère de propos anti trans.

Bluesky annonce dans ce billet qu’il va tester un bouton « dislike » (je n’aime pas) qui doit « aider le système à comprendre quels types de publications vous préférez voir moins souvent ». Beaucoup de réseaux sociaux ont déjà testé ce genre de fonctionnalités. Si l’option « je n’aime pas » peut être utilisée contre le harcèlement, on a pu voir sur YouTube des harceleurs la détourner en faisant du « dislike bombing », poussant la plateforme à cacher le nombre de pouces baissés à ses utilisateurs.

Dans ce nouveau système, Bluesky assure que les dislikes doivent « aider système à comprendre les types de publications que vous préférez voir moins souvent ». « Ils peuvent également influencer légèrement le classement des réponses, réduisant ainsi la visibilité des réponses de mauvaise qualité », explique encore la plateforme. « Les mentions « dislike » sont privées et leur signal n’est pas global : elles affectent principalement votre propre expérience et, dans une certaine mesure, celle des autres membres de votre réseau social », précise-t-elle.

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Datacenters, IA : comprendre l’empreinte environnementale et les enjeux écologiques

Et le BOM ? Bullshit-O-Mètre
Datacenters, IA : comprendre l’empreinte environnementale et les enjeux écologiques

Dans nos précédents articles, nous avons expliqué ce qu’était un serveur, puis une baie (ou un rack) et enfin un datacenter. Nous étions restés sur des considérations purement matérielles. L’éléphant dans la pièce est bien évidemment la question environnementale, avec la consommation en eau, en électricité et les émissions carbones.

Autant les exploitants de datacenters peuvent être prolixes quand il s’agit de promettre monts et merveilles sur les avantages du cloud et de l’IA, autant le mutisme s’installe rapidement (surtout chez les géants américains) sur les consommations et émissions de gaz à effet de serre. Même quand ils communiquent, il faut se méfier du périmètre des indicateurs.

Nous allons parler du PUE (Power Usage Effectiveness, ou Indicateur d’efficacité énergétique en français) qui représente l’efficacité énergétique, mais ne donne pas d’indication sur les émissions carbone liées. Suivant les pays, un PUE identique ne signifie pas du tout la même chose ! La France par exemple utilise beaucoup de nucléaire dans son mix énergétique, alors que les États-Unis et la Pologne par exemple vont utiliser du charbon pour produire de l’électricité.

Nous parlerons ensuite de WUE (Water Usage Effectiveness, indicateur d’efficacité d’utilisation de l’eau), qui permet d’avoir un rapport entre la quantité d’eau utilisée et l’énergie électrique consommée. Comme pour l’électricité, la position géographique a son importance, notamment pour prendre en compte d’éventuelles tensions hydriques, d’autant plus avec le réchauffement climatique qui vient rebattre les cartes.

Le troisième gros morceau concerne le CUE (Carbon Usage Effectiveness, indicateur d’efficacité d’utilisation du carbone) qui mesure l’empreinte carbone du datacenter en fonction de sa consommation d’énergie. Mais là encore, rien n’est simple et pour un même datacenter le CUE peut fortement varier suivant un paramètre. Doit-on prendre en compte l’électricité réellement consommée ou bien l’électricité renouvelable virtuellement achetée à coup de contrats d’approvisionnement ?

Next vous explique tout cela en détail.

Consommation électrique et PUE

Quand on parle électricité, on saute généralement trop vite sur la consommation, en laissant de côté les sources et le mix énergétique. C’est pourtant un élément très important.


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☕️ « Mettre à jour et arrêter » : Microsoft répare enfin le bug du redémarrage dans Windows

Quand l’installation d’une mise à jour est terminée dans Windows, on peut choisir de l’appliquer et de redémarrer, ou de l’appliquer et d’éteindre la machine. Dans ce deuxième cas, le système n’en fait qu’à sa tête : il finalise l’installation et redémarre le PC.

C’est un vieux bug que tout le monde a sans doute expérimenté au moins une fois. Il a été introduit avec Windows 10 et Microsoft n’a jamais daigné corriger le problème, sans que l’on sache pourquoi, bien qu’il soit probablement lié à la pile de maintenance dans Windows.

Il se trouve pourtant que le bug a été rectifié dans la récente mise à jour optionnelle KB5067036. Dans la page dédiée, on peut lire tout en bas des notes de version pour Windows : « Amélioration : résolution d’un problème sous-jacent qui peut empêcher l’arrêt de votre PC après la mise à jour dans l’option Mettre à jour et arrêter ».

Malheureusement, ce problème n’est a priori réparé que dans la branche 25H2 de Windows 11. Windows 10, dont le support est maintenant terminé, le gardera. Son support est terminé, mais puisque les utilisateurs européens peuvent souscrire gratuitement à un an de correctifs de sécurité supplémentaires, le bug continuera à se manifester.

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☕️ Orange veut monter à 100 % du capital de MasOrange, l’opérateur leader en Espagne

Orange a annoncé vendredi la conclusion d’un accord non engageant visant à racheter au fonds britannique Lorca les 50 % que détient ce dernier au capital de l’opérateur espagnol MasOrange. Le groupe français deviendrait ainsi propriétaire exclusif de MasOrange, jusqu’ici détenu à parité avec Lorca. La transaction se ferait en numéraire, à hauteur de 4,25 milliards d’euros, indique Orange.

« En détenant l’intégralité du capital, Orange confirme son engagement industriel à long terme en Espagne, ainsi que sa confiance dans MasOrange et son équipe de direction pour créer de la valeur pour l’ensemble de ses parties prenantes », précise encore le groupe français, qui espère aboutir à la signature d’un accord engageant d’ici la fin de l’année, puis à une transaction effective dans le courant du premier semestre 2026, après approbation par les instances représentatives du personnel et les autorités réglementaires compétentes.

Issu de la fusion, entamée en juillet 2022, entre Orange Espagne et son concurrent Masmovil, MasOrange revendique une place de numéro un sur le marché espagnol avec 34 millions de lignes mobiles et 7,2 millions de lignes fixes.

Bien qu’approuvé sur le principe par la Commission européenne, ce rapprochement entre ceux qui étaient alors respectivement deuxième et quatrième acteurs du marché espagnol avait suscité l’ouverture d’une enquête approfondie en 2023. Le feu vert avait finalement été donné en février 2024 (PDF), avec une concession : la vente, par le nouvel ensemble, d’une partie de ses fréquences à l’opérateur roumain Digi, assortie d’un accord d’itinérance permettant à ce dernier d’investir le territoire espagnol.

Le capital de MasOrange se répartit aujourd’hui à 50/50 entre Orange et le fonds Lorca – source PDF

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☕️ Shein vendait des « poupées sexuelles à caractère pédopornographique »

C’est le constat fait par la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). « Leur description et leur catégorisation sur le site permettent difficilement de douter du caractère pédopornographique des contenus », explique le ministère de l’Économie dans un communiqué.

Des signalements au procureur de la République, à l’Arcom et à la plateforme Shein ont été faits dans la foulée. « La diffusion, via un réseau de communications électroniques, de représentations à caractère pédopornographique, est passible de peines pouvant aller jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende », rappelle le ministère.

Sans compter que, « en l’absence de mesure de filtrage efficace visant à protéger les mineurs, la loi prévoit des peines d’amende pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Ces faits ont également été signalés au procureur et à l’Arcom ».

Sentant le vent tourner, un communiqué de presse a été envoyé dans la foulée par Shein à de nombreuses rédactions, dont Next : « Shein confirme que les produits en question ont été immédiatement retirés de la plateforme dès que nous avons eu connaissance de ces défaillances majeures ».

Une enquête a été lancée pour comprendre comment « ces annonces ont pu contourner [les] dispositifs de contrôle ». L’entreprise « mène une revue complète afin d’identifier et de retirer tout produit similaire susceptible d’être mis en vente par d’autres vendeurs tiers ».

« Ce type de contenu est totalement inacceptable et va à l’encontre de toutes les valeurs que nous défendons. Nous prenons des mesures correctives immédiates et renforçons nos dispositifs internes afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise », affirme le porte-parole de Shein Quentin Ruffat.

Shein doit pour rappel ouvrir dans les prochains jours un espace de plus de 1 000 m² dans le magasin historique du BHV, ainsi que des corners de 300 à 400 m² dans cinq magasins Galeries Lafayette. Cette annonce avait largement fait polémique. Disney devait, par exemple, décorer les vitrines du magasin mais a finalement décidé d’annuler car les conditions n’étaient « plus réunies pour déployer sereinement les animations de Noël ».

Shein a reçu une amende de 150 millions d’euros pour avoir fait n’importe quoi avec les cookies, ainsi que deux amendes de la DGCCRF : 1,1 million d’euros pour une « information défaillante sur la qualité environnementale des produits » et 40 millions d’euros pour des pratiques commerciales trompeuses. D’autres enquêtes sont en cours.

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Souveraineté numérique : la Cour des comptes étrille le manque de cohésion en France

Pas bien glorieux
Souveraineté numérique : la Cour des comptes étrille le manque de cohésion en France

La Cour des comptes vient de publier un rapport sur la souveraineté numérique. Dressant un tableau relativement sombre de la situation française, elle pointe les dangers de la dépendance actuelle et dresse une liste de recommandations.

Alors que l’on assiste à un nombre croissant de projets de migration vers des logiciels libres en Europe et que même la Cour pénale internationale va se débarrasser en grande partie de Microsoft, la Cour des comptes publie un rapport sur la souveraineté numérique. Sa définition en est claire : l’État doit maitriser les technologies qui lui permettent de rester autonome en toute circonstance, ce qui comprend le matériel, le logiciel et les données.

Cette définition implique ainsi de ne pas se faire dicter des choix technologiques structurants par un tiers et que soient protégées les données d’une sensibilité particulière des systèmes d’information de l’État. Dans ce domaine, la Cour note que la France a des « ambitions », mais elles sont jugées « encore insatisfaites », avec un décalage important entre la volonté affichée et la pratique.

Synthèse douloureuse

Le rapport de la Cour des comptes dresse un bilan de nombreux sujets ayant un lien avec la souveraineté. D’abord, celle-ci est directement confrontée à la position des États-Unis et d’autres puissances.

La Cour rappelle ainsi que la portée extraterritoriale de certaines lois étrangères est une grosse épine dans le pied de la souveraineté. Trois textes américains sont mis en avant, sans surprise : la section 702 du Foreign Intelligence Surveillance Act qui autorise la collecte de données sur des personnes ou entités non américaines à l’étranger à des fins de sécurité nationale, l’Executive Order 12333 qui définit les objectifs des agences de renseignement et permet notamment la collecte de masse, et le Cloud Act de 2018 qui autorise la justice à délivrer des mandats pour récupérer des données dans les clouds des entreprises américaines, dans le cadre d’enquêtes.

Selon le rapport, le risque réel est difficile à évaluer. Les procédures américaines, dans le cadre de ces trois textes, sont décrites comme « très opaques » : « Les seuls chiffres disponibles, ceux de la FISC au titre du Fisa, montrent un nombre de rejets très faible des demandes émises par les agences fédérales de renseignement ». Même chose pour le Cloud Act : « Les dernières publications en la matière (2024) de quatre grandes entreprises américaines, en l’occurrence Microsoft, Google, AWS et Salesforce, restent vagues ».

Synthèse problématique également pour les « décisions d’adéquation » européennes, à savoir le Safe Harbour de 2000, le Privacy Shield de 2016 et finalement le Data Privacy Framework de 2023. Les deux premiers sont tombés sous les coups de Maximilien Schrems de l’ONG noyb. Ces accords sont cruciaux : ils établissent une adéquation entre le niveau de protection des données personnelles entre l’Union européenne et les États-Unis. Le Data Privacy Framework est lui aussi la cible d’attaques. En France, le député Philippe Latombe a déjà tenté de le faire tomber, la CJUE ayant rejeté son recours début septembre.

Loi SREN trop timide, isolement de la France sur EUCS

La Cour des comptes continue de renverser les quilles en listant tout ce qui cloche, dont une loi SREN jugée trop « prudente sur les enjeux de souveraineté ». Le décret d’application n’a été envoyé qu’en début d’année à la Commission européenne et limite les cas où le référentiel SecNumCloud serait utilisé aux seules données sensibles, dont la violation serait « susceptible d’engendrer une atteinte à l’ordre public, à la sécurité publique, à la santé ou à la vie des personnes ou à la protection de la propriété intellectuelle ».

Le rapport illustre dans son point 1.2.2 le lien complexe entre la France et la Commission européenne sur ce sujet. La qualification SecNumCloud serait ainsi souhaitable pour de nombreux services de l’État, mais elle n’est pas reconnue au niveau européen. Elle serait donc « susceptible d’écarter d’appels d’offres publics des entreprises basées dans d’autres États membres ». La position française n’a pas été suivie à ce jour, « comme en témoignent les discussions en cours autour du schéma de certification EUCS ». La Cour des comptes les décrit comme « en cours », mais elles semblent au point mort, la France et l’Allemagne ayant des positions diamétralement opposées.

Pourquoi mettre en avant SecNumCloud ? Car il aurait constitué le socle du niveau High+ dans EUCS. Il aurait été alors possible, pour les entreprises, agences étatiques et autres administrations de lancer des appels d’offres dans ce niveau. Or, SecNumCloud, dans sa version 3.2, impose la sélection de services n’étant soumis à aucun cadre juridique extraterritorial. Ce qui aurait court-circuité automatiquement tous les clouds américains.

Nombreuses limitations dans les actions françaises

Le rapport dresse un constat sombre de l’état de souveraineté en France, très loin d’être atteint. C’est particulièrement vrai sur le matériel, très peu d’industries étant présentes en Europe de manière générale. La production de semi-conducteurs se fait ainsi principalement en Asie et aux États-Unis. Même chose pour les ordinateurs, les équipements réseau, les smartphones et de nombreux composants électroniques.

Mais c’est bien dans le logiciel que les problèmes de souveraineté s’illustrent le plus clairement. La Cour des comptes note que différentes approches se heurtent, sans vraiment de cohérence. Certaines administrations et entités préfèrent ainsi développer en interne les applications dont elles ont besoin, avec des problèmes de respect des budgets alloués et de délais de réalisation. D’autres préfèrent recourir à des logiciels du marché, avec l’avantage des fonctions déjà éprouvées et de la rapidité de déploiement, mais avec un contrôle moindre sur la souveraineté.

Le risque de revirement des politiques techniques et commerciales est prégnant et est illustré, selon le rapport, par le cas Microsoft : quand l’entreprise a annoncé déporter de nombreuses applications vers le cloud, la Dinum a demandé aux ministères de ne pas souscrire à ces offres. Même au sein d’une même entité, le manque de coordination est criant, pointe la Cour. Dans l’Éducation nationale par exemple, les produits Microsoft sont très nombreux, quand des académies préfèrent migrer vers du logiciel libre.

En dépit de certains points positifs mis en avant, notamment le réseau interministériel de l’État (RIE) qui garantit la résilience des communications gouvernementales même en cas de défaillances majeures d’internet, les autres initiatives sont sujettes à critiques. C’est le cas de FranceConnect, pensé pour se prémunir contre les services d’authentification des grandes sociétés américaines. Mais s’il est aujourd’hui largement utilisé, il était assorti de problèmes de sécurité que la Dinum a pris tardivement en compte, selon la Cour, dont la dépendance aux prestataires et les risques liés aux sous-traitants.

La Cour pointe en outre les limites de la doctrine « Cloud au centre », ralentie par certains impératifs du marché unique européen (comme dans le cas de SecNumCloud), ou encore le succès limité des clouds interministériels. Pour ces derniers, elle cite Nubo (ministère des Finances) et Pi (ministère de l’Intérieur), mis à disposition des autres administrations. Cependant, à cause d’un manque de services (disponibilité, expérience utilisateur et même manque d’IA) et d’une tarification jugée « inadaptée », ces deux clouds sont « sous-utilisés ».

Et, bien sûr, le rapport de la Cour des comptes illustre les problématiques par les exemples complexes du Health Data Hub et de Virtuo. Le premier illustre toute la difficulté des questions liées à la souveraineté en ayant choisi Microsoft pour héberger des données de santé, par définition sensibles. Le second est le système d’information des ressources humaines du ministère de l’Éducation nationale, dont l’appel d’offres a finalement été remporté par une société américaine. Dans les deux cas, la qualification SecNumCloud est impossible.

Vision stratégique et recommandations

Dans une conclusion intéressante, le rapport met en garde les administrations contre une recherche trop prononcée de performances. La recherche du « plus haut niveau technologique » peut entrainer aussi bien une mise en cause de la souveraineté des données qu’une dépendance de l’administration à la politique commerciale d’un acteur dominant. En clair, les offres des multinationales américaines à l’heure de l’IA.

Face à la question du coût de la souveraineté, l’investissement de l’État est considéré comme « limité » jusqu’ici, avec un marché de l’hébergement souverain « non stabilisé ». 

La Cour formule donc cinq recommandations : le déploiement d’outils bureautiques souverains, l’élaboration d’une stratégie de souveraineté chiffrée (au sens financier du terme), la convergence des clouds interministériels, une cartographie complète des données sensibles et la souveraineté de l’hébergement des données de santé, en alignant la certification HDS (Hébergeur de données de santé) sur les exigences de la qualification SecNumCloud.

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Google, Amazon, Israël et une clause spéciale pour passer outre le contrôle d’autres États

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Google, Amazon, Israël et une clause spéciale pour passer outre le contrôle d’autres États

Google et Amazon auraient accepté, dans un contrat très lucratif avec l’État israélien, un mécanisme pour contourner d’éventuels contrôles d’autres juridictions, selon des documents obtenus par le Guardian.

Si Microsoft a largement fourni l’armée israélienne en cloud et IA, c’est bien ses deux concurrents qui ont obtenu en 2021 le contrat du « projet Nimbus » de refonte de l’infrastructure cloud de cette même armée. Projet qui, au sein de Google, a fait des remous récemment puisque l’entreprise a licencié 28 de ses employés en janvier dernier après des manifestations de salariés dans les locaux.

Pas de restriction selon les conditions d’utilisation des entreprises

Mais Google et Amazon ont accepté des clauses très particulières dans le contrat qu’ils ont signé avec l’État israélien. En effet, selon des documents du ministère des Finances israélien, dont la version finale du contrat, obtenus par le Guardian (dans le cadre d’une enquête avec les média + 972 et Local Call), les deux entreprises auraient accepté de ne jamais restreindre ou révoquer aucun accès d’Israël à leurs plateformes de cloud, même si celui-ci enfreignait leurs conditions d’utilisation.

Selon le quotidien britannique, cette clause aurait été ajoutée car les responsables auraient anticipé la pression d’activistes et d’associations de défense des droits humains ainsi que d’éventuelles décisions judiciaires dans divers pays. Selon un des documents d’analyse du contrat du ministère des Finances israélien obtenu par le Guardian, « le gouvernement est autorisé à utiliser tout service autorisé par la loi israélienne » à condition que le pays n’enfreigne pas de copyright ou ne revende pas les technologies en question.

Un clin d’œil en forme de versement spécial

Mais une autre clause est encore plus étonnante. Les responsables israéliens auraient voulu éviter la mainmise de toute autorité judiciaire européenne ou états-unienne sur les différents systèmes mis en place par Google et Amazon.

Même si les nouveaux datacenters utilisés par Google et Amazon pour le « projet Nimbus » sont sur le sol israélien, ils craignaient des évolutions législatives étrangères qui auraient contraint les deux entreprises à donner accès aux données aux autorités judiciaires en question.

Les deux entreprises sont régulièrement soumises à ce genre de demandes et ne peuvent s’y soustraire. Les responsables israéliens auraient donc imaginé un mécanisme, qualifié de « clin d’œil », qui permet à Google et Amazon d’informer très rapidement Israël d’une telle demande.

Selon les documents obtenus par le Guardian, le signal donné par l’entreprise concernée devrait se faire sous la forme d’une « compensation spéciale » au gouvernement israélien dont le montant serait lié à l’indicatif téléphonique du pays demandeur.

Ainsi, si la compensation est de 1 000 shekels, ce sont les autorités états-uniennes (indicatif téléphonique :+ 1) qui font la demande. Si c’est l’Italie (indicatif téléphonique :+ 39), la somme serait de 3 900 shekels. La somme de 100 000 shekels indiquerait, elle, que l’entreprise ne peut communiquer aucune information sur le pays en question.

Amazon, Google et Israël bottent en touche et nient en bloc

Les deux entreprises n’ont pas voulu répondre spécifiquement aux diverses questions de nos confrères. « Nous avons mis en place un processus mondial rigoureux pour répondre aux demandes légales et contraignantes concernant les données des clients », a affirmé Amazon, ajoutant « Nous n’avons mis en place aucun processus visant à contourner nos obligations de confidentialité concernant les demandes légales et contraignantes ». Google a rétorqué qu’il était « faux » de « laisser entendre que nous étions d’une manière ou d’une autre impliqués dans des activités illégales, ce qui est absurde ».

De son côté, le ministère des Finances israélien nie en bloc : « L’insinuation contenue dans cet article selon laquelle Israël contraindrait les entreprises à enfreindre la loi est sans fondement ».

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☕️ L’association MO5.com prévoit d’ouvrir un musée du jeu vidéo à Arcueil en décembre

Présente à la Paris Games Week, l’association MO5.com a profité, jeudi, de ce grand rassemblement dédié au jeu vidéo pour annoncer l’ouverture prochaine de son « Musée National du Jeu Vidéo », qui couvrira des années 50 à l’époque moderne.

C’est à Arcueil, à proximité immédiate du périphérique parisien et de l’A6 que prendra place cet espace d’exposition permanent estimé à 1200 m² dans un premier temps, « pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes simultanément et incluant micros-ordinateurs, consoles, bornes d’arcade jouables en libre accès ».

Attendu de longue date par MO5.com, ce futur musée mettra le rétrogaming à l’honneur – crédit MO5.com

« Le musée sera doté d’un espace restauration, d’un atelier de 200 m² dédié à la préservation et à la recherche, mais aussi d’un atelier d’entretien et de diagnostic permettant au public de faire réparer ses machines (selon une liste prédéfinie) », promet encore l’association dédiée à la conservation du patrimoine vidéoludique.

L’ouverture est programmée à une date comprise entre le 5 et le 15 décembre, avec un musée accessible au public de 14 h à 18 h les mercredis, samedis et dimanches (les autres jours étant réservés aux groupes). Le ticket d’entrée devrait être facturé moins de 10 euros, et l’accès sera gratuit pour les adhérents de l’association, dont les collections étaient déjà stockées dans un local situé à Arcueil.

« À terme, l’association vise le label « Musée de France » qui garantit la protection de la collection et permet des prêts de pièces avec d’autres musées », espère MO5.com, qui promet l’arrivée imminente d’un site web dédié à son musée, et remercie les nombreux partenaires, locaux ou du secteur, qui ont soutenu sa démarche.

Jusqu’ici, l’association exposait principalement ses collections au travers d’expositions temporaires, comme Game Story, organisée entre octobre 2024 et avril 2025 à Versailles. MO5.com milite de longue date pour disposer d’un espace permanent.

Outre ce « Musée National du Jeu Vidéo », la région parisienne devrait par ailleurs s’enorgueillir d’un autre projet, baptisé Odyssée et porté par Tev, un youtubeur spécialisé dans la culture japonaise. Attendu pour 2028, il prévoit qu’un musée du jeu vidéo et un village japonais d’une surface de 11 000 m² soient intégrés à un pôle d’activités dédié au jeu et à la culture pop, à Bussy-Saint-Georges.

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☕️ Création, retouches : la suite Affinity est désormais gratuite, sauf pour l’IA

La suite Affinity s’est fait un nom au cours des dernières années comme une alternative crédible aux outils d’Adobe. Le positionnement tarifaire était également très différent, avec des applications coutant chacune 60 euros environ, en achat définitif. Son éditeur, Canva, vient de lancer une nouvelle version, avec plusieurs changements majeurs à bord.

D’abord, la suite est désormais gratuite, mais réclame un compte Canva pour être téléchargée. Les fonctions dopées à l’IA comme la génération d’images, le nettoyage de photos ou encore la copie instantanée sont en revanche payantes, réservées aux personnes disposant d’un compte Canva premium, via Canva AI Studio (à partir de 110 euros par an). La formule comprend également 100 Go de stockage dans le cloud de l’entreprise.

Ensuite, les trois applications ont été fusionnées en une seule, appelée Affinity Professional et disponible pour Windows, macOS et prochainement sur iPad. La même application sert donc à la fois pour la retouche photo, l’illustration vectorielle et la mise en page. Le tout fonctionne sur un nouveau type de fichier décrit comme « universel » pour gérer l’ensemble des fonctions des trois applications réunies. Les anciennes, bien que retirées du site de Canva, continueront de fonctionner jusqu’à ce que l’éditeur en décide autrement.

« Que vous éditiez un portrait, construisiez une identité de marque ou conceviez une publication, le tout nouvel Affinity vous permet de garder le rythme, en combinant puissance, précision et vitesse dans un seul environnement de qualité studio », vante Canva dans son annonce. L’entreprise met également en avant la personnalisation de l’interface, les performances et la familiarité des contrôles pour les personnes qui se servaient des anciennes applications.

« Affinity est maintenant entièrement gratuit, pour toujours. L’expérience Affinity complète, de qualité professionnelle, accessible à tous », promet l’éditeur, qui assure aussi que les documents créés par la suite ne seront pas utilisés pour entrainer l’IA.

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#Nextquick : le coût en eau d’une requête ChatGPT

Message in a bottle, yeah !
#Nextquick : le coût en eau d’une requête ChatGPT

Régulièrement sur les réseaux sociaux, la même rengaine revient : le coût en eau d’une requête sur ChatGPT. Après les GW comme unité de calcul de puissance des GPU, le litre pour le coût environnemental des IA génératives ?

50 cl d’eau par requête ChatGPT ? Chiche !

Selon certains, une requête « consommerait 50 cl d’eau ». Partons de ce postulat. Selon Sam Altman, ChatGPT aurait plus de 800 millions d’utilisateurs actifs par semaine pour 2,5 milliards de requêtes par jour. Cela donnerait donc 1,25 milliard de litres (1 250 000 m³) d’eau par jour, ou encore 450 millions de m³ d’eau sur l’année.

À titre de comparaison, Microsoft annonce des prélèvements de 10,4 millions de m³ d’eau en 2024 au niveau mondial (5,8 millions en Amérique du Nord). Selon l’USGS (United States Geological Survey), la consommation des États-Unis en 2015 était de 322 milliards de gallons (1,2 milliard de m³ d’eau) par jour, soit 450 milliards de m³ par an.

On résume : sur la base des hypothèses, ChatGPT consommerait 45 fois plus d’eau que Microsoft au niveau mondial ou 0,1 % de la consommation totale des États-Unis (en 2015).

Avec 50 cl d’eau par requête, il ne faudrait que 60 millions de requêtes ChatGPT par jour pour arriver à la consommation totale d’eau de Microsoft.

Comment calculer combien d’eau consomme une requête ?

Deuxième approche, comment passe-t-on d’un prompt à un volume d’eau et peut-on retomber sur 50 cl par requête ? Déjà existe-t-il un lien de causalité entre une requête et une consommation d’eau. Oui : l’eau est utilisée pour refroidir les serveurs informatiques. Pour estimer la consommation, deux approches.

La première à partir de la consommation exacte d’une requête. Avec une règle de trois, en connaissant la consommation totale en électricité et en eau sur une période, on pourrait en déduire le volume d’eau moyen pour une requête. Mais on ne connait pas le coût énergétique d’une requête.

La deuxième avec le nombre total de requêtes sur une période (en partant du principe que le serveur ne fait rien d’autre). Si on connait la quantité d’eau utilisée, on peut obtenir la consommation moyenne d’une requête.

Attention, dans les deux cas on parle de moyenne sur l’ensemble des requêtes. Certaines sont plus longues que d’autres et consomment donc davantage.

Les datacenters ne sont pas égaux

Autre point important : la localisation des serveurs. Imaginons que la requête se fasse sur Azure de Microsoft (partenaire d’OpenAI), la consommation d’eau par kWh (on parle de WUE) varie entre 0,02 L/kWh (Irlande) et 1,52 L/kWh (Arizona) selon les données de Microsoft, soit jusqu’à 80x plus. Sur les datacenters Azure aux États-Unis, le WUE va de 0,1 à 1,52, soit un rapport de x15. Une même requête consommerait donc 80 fois plus d’eau en Arizona qu’à Singapour ou en Irlande.

Sans connaitre le datacenter (et on ne le connait pas quand on fait une requête), sa consommation électrique ni son WUE, impossible d’en déduire une estimation (même vague) de la consommation d’une requête à ChatGPT.

« 500 ml pour environ 10 à 50 réponses de longueur moyenne »

D’où viennent alors les 500 ml (50 cl) qu’on voit revenir plus ou moins régulièrement ? D’une étude américaine publiée dans la revue Communications of ACM :

« En prenant comme exemple le modèle GPT-3 avec ses 175 milliards de paramètres, nous montrons que l’entraînement de GPT-3 dans les centres de données américains de Microsoft peut consommer un total de 5,4 millions de litres d’eau, dont 700 000 litres de consommation d’eau sur site (scope 1). De plus, GPT-3 a besoin de « boire » (c’est-à-dire de consommer) une bouteille d’eau de 500 ml pour environ 10 à 50 réponses de longueur moyenne, selon le moment et le lieu de son déploiement ».

500 ml pour 10 à 50 réponses, soit 10 à 50 ml pour une requête GPT-3. OpenAI est depuis passé à GPT-5, mais nous n’avons pas de détails sur son coût environnemental. On se doute qu’il est bien plus important, mais dans quelles proportions ?

Les 10 à 50 ml sont-ils liés au datacenter avec le plus petit WUE, celui avec le plus gros ou à une moyenne ? Selon les hypothèses, la consommation pourrait donc varier de 0,7 à 750 ml… À ce niveau-là, difficile de dire qu’on tient une piste.

« Consommer » de l’eau ?

Et puis, qu’appelle-t-on consommation d’eau ? Microsoft fait bien la différence entre prélèvement, consommation et rejet. La consommation est égale aux prélèvements moins les rejets. Les 10 millions de m³ sont des prélèvements, pour une consommation de 5,8 millions de m³, le reste de l’eau étant rejeté. Rappelons que sur Terre l’eau ne disparait pas, elle suit un cycle.

Dernier point : on n’a même pas parlé du coût de l’entrainement du modèle (des batteries de GPU pendant des mois), de la production de l’électricité, du réseau… Mais ce serait autant d’éléments à intégrer.

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En route pour la bourse, OpenAI brûlerait plus de 11 milliards de dollars par trimestre

Planche à billets
En route pour la bourse, OpenAI brûlerait plus de 11 milliards de dollars par trimestre

Alors que des rumeurs insistantes prêtent à OpenAI l’intention de préparer son introduction en bourse, les résultats financiers de Microsoft révèlent que l’éditeur de ChatGPT a considérablement accéléré ses dépenses. Ses pertes représenteraient plus de 11 milliards de dollars sur le dernier trimestre.

On entend souvent parler des projections de revenus d’OpenAI, mais quid de ses dépenses réelles ? La réponse reste pour l’instant un secret savamment gardé par Sam Altman et ses équipes, qui préfèrent, dans les médias, évoquer un horizon à quatre ou cinq ans dans lequel l’entreprise éditrice de ChatGPT serait devenue très rentable.

En attendant, OpenAI consomme du cash à la vitesse grand V. Il faut dire qu’elle a été soutenue, en début d’année, par la promesse d’un investissement à hauteur de 40 milliards de dollars par le groupe japonais Softbank, qui lui donne en principe de quoi voir venir.

11,1 milliards de dollars de pertes sur un trimestre ?

Reste à savoir pour combien de temps. Sur ce point, Microsoft, désormais actionnaire à hauteur de 27 % au capital d’OpenAI, vient peut-être de lever de façon indirecte un coin du voile, à l’occasion de la publication de ses résultats financiers pour le premier trimestre de son exercice fiscal 2026, clos au 30 septembre dernier.

Pour la première fois, ces résultats mentionnent explicitement la perte financière nette qu’associe Microsoft, sur cette période de trois mois, à sa participation dans OpenAI, comme l’a repéré The Register.


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La Cour pénale internationale va abandonner Office au profit d’openDesk

Fart of the deal
La Cour pénale internationale va abandonner Office au profit d’openDesk

Après plusieurs sanctions imposées par les États-Unis, la Cour pénale internationale s’apprêterait à signer un contrat avec la société allemande Zendis en vue d’un déploiement de la solution openDesk, pour remplacer la suite Office de Microsoft.

L’information a été révélée par le média allemand Handelsblatt. Osvaldo Zavala Giler, greffier de la CPI et responsable de l’informatique, a confirmé à demi-mot l’information : « Compte tenu des circonstances, nous devons réduire les dépendances et renforcer l’autonomie technologique de la Cour. »

Portée symbolique

Les travaux envisagés ne marqueraient pas par leur ampleur : avec 1 800 postes, la Cour pénale internationale ne détient pas une vaste infrastructure. En revanche, comme relevé par Handelsblatt, la portée symbolique du changement n’échappera à personne, les questions sur la souveraineté s’intensifiant, particulièrement en Europe.

Les « circonstances » évoquées par Osvaldo Zavala Giler sont en effet les fortes tensions avec les États-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président américain avait ainsi annoncé des sanctions en février dernier contre la CPI pour avoir lancé des enquêtes contre Israël pour crimes de guerre.

En mai, on apprenait que le compte e-mail de Karim Khan, procureur de la CPI, avait été supprimé par Microsoft. Interrogée devant le Sénat américain le mois suivant, l’entreprise avait nié.

En aout, c’était au tour de Nicolas Guillou, juge français à la Cour pénale internationale, et de plusieurs autres magistrats de faire les frais de ces sanctions, avec une coupure de tous les services numériques par Microsoft. Le juge avait indiqué que ce type de sanction touchait habituellement « des membres d’Al Qaïda, de Daech, de groupes mafieux, des dirigeants de régimes dictatoriaux ».

Nécessaire mais pas suffisant

Sur la migration vers openDesk, Microsoft s’est montrée laconique : « Nous apprécions notre relation client avec la Cour pénale internationale et pensons que rien n’affectera notre capacité à poursuivre notre collaboration à l’avenir ». Zendis, de son côté, n’a pas répondu aux sollicitations d’Handelsblatt.

Mais même si cette transition se fait, il faudra au minimum plusieurs mois pour aboutir à un changement effectif. De plus, comme souligné par Handelsblatt, le remplacement d’Office n’est qu’une partie du problème. Si les sanctions des États-Unis s’intensifient, toutes les entreprises américaines pourraient se voir interdire la moindre relation commerciale avec la CPI, tout comme les forces de l’ordre pourraient cesser tout envoi d’informations. Le fonctionnement de la Cour en serait largement affecté.

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ChatControl : l’Europe renonce à obliger les messageries à contrôler les contenus partagés

CSARaté
ChatControl : l’Europe renonce à obliger les messageries à contrôler les contenus partagés

Le Danemark a annoncé l’abandon par l’Union européenne du projet controversé Chat Control. Celui-ci prévoyait d’obliger les messageries à contrôler ce que les utilisateurs partagent, en s’appuyant sur la lutte contre les contenus à caractère pédosexuel.

Finalement, le Danemark, qui préside actuellement l’Union européenne, a décidé de retirer la surveillance des messageries du texte du projet de règlement européen « établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur enfants » (ou CSAR, pour Child Sexual Abuse Regulation).

Une surveillance obligatoire abandonnée

Le ministre de la Justice danois, Peter Hummelgaard, a expliqué ce jeudi 30 octobre « que l’obligation de recherche [sur les contenus pédopornographiques] ne fera pas partie de la nouvelle proposition de compromis de la présidence de l’UE et que la recherche de matériel pédopornographique restera volontaire pour les géants de la technologie ».

Depuis trois ans, le projet proposait d’obliger les créateurs de messageries à scanner les images et adresses URL avant qu’elles ne soient envoyées, directement sur les terminaux des utilisateurs de messageries, notamment chiffrées. Il était devenu « l’une des priorités phares » du Danemark pour sa présidence.

Mais récemment l’Allemagne avait douché les espoirs d’un accord sur le sujet. « Le contrôle injustifié des conversations en ligne doit être tabou dans un État de droit », avait notamment déclaré Stefanie Hubig, ministre fédérale allemande de la Justice et de la Protection des consommateurs. Et le parti danois Modérés, au pouvoir actuellement, s’est récemment prononcé contre.

Selon Euractiv, la présidence de l’Union européenne a envoyé, en parallèle, un document de travail aux représentants des pays de l’UE pour recueillir leurs avis sur le projet de texte expurgé donc du passage sur Chat Control et arriver ainsi à un compromis.

« Un triomphe » mesuré pour l’ancien député européen Patrick Breyer

« Cette nouvelle approche est un triomphe pour le mouvement en faveur de la liberté numérique et un grand pas en avant pour la préservation de notre droit fondamental à la confidentialité de notre correspondance numérique », affirme l’ancien député du Parti pirate allemand, Patrick Breyer, qui s’est vivement opposé à ce texte. « Elle permettrait de protéger le chiffrement sécurisé et donc de garantir la sécurité de nos smartphones ».

Si l’obligation de contrôler les contenus est abandonnée, le Danemark espère maintenir la possibilité de le faire pour les messageries qui le désirent. Le dispositif juridique européen actuel qui le permet va arriver à expiration en avril 2026 et la présidence de l’Union européenne compte le renouveler dans son texte.

« Même lorsqu’elle est mise en œuvre volontairement par des fournisseurs de services de communication tels que Meta, Microsoft ou Google, la surveillance des chats reste totalement aveugle et se traduit par une surveillance massive et indiscriminée de tous les messages privés échangés sur ces services », commente Patrick Breyer.

L’ancien eurodéputé continue à critiquer d’autres parties du texte en cours de discussion, considérant qu’un article introduisant un âge minimum de 16 ans pour installer certaines applications interdirait l’utilisation aux adolescents de WhatsApp, Snapchat, Telegram, Instagram ou TikTok, mais aussi des jeux comme FIFA ou GTA. Selon lui, un autre article bloquerait aussi toute communication anonyme puisqu’il obligerait l’identification de l’utilisateur des messageries via une pièce d’identité ou reconnaissance faciale.

Avec le retrait du dispositif Chat Control, la présidence danoise pourrait néanmoins trouver un compromis au sein de l’Union européenne et préparer le texte pour entrer dans la phase de négociations avec le Parlement européen, explique Euractiv.

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☕️ WhatsApp va autoriser le chiffrement des sauvegardes par la clé d’accès

L’application de messagerie propose de chiffrer les sauvegardes de bout en bout depuis 2021. Dans les paramètres, il faut se rendre dans « Discussions » puis dans « Sauvegarde des discussions ». De là, on peut cliquer sur « Sauvegarde chiffrée de bout en bout » et suivre la procédure.

WhatsApp laisse deux moyens d’activer ce type de sauvegarde : la création d’un mot de passe ou l’utilisation d’une clé de chiffrement de 64 caractères. Mais si l’on oublie le premier et/ou que l’on oublie la seconde, les données sont définitivement perdues. Rien de neuf dans ce domaine, c’est une conséquence inévitable du chiffrement de bout en bout. Le danger de perte en cas d’oubli est réel et se retrouve dans des produits courants comme les gestionnaires de mots de passe, dont l’accès est toujours protégé par un mot de passe maître.

WhatsApp

Dans un billet, WhatsApp annonce cependant qu’elle va déployer dans les semaines et mois à venir une troisième voie : l’utilisation de la clé d’accès. Il faudra simplement que celle-ci ait déjà été définie, pour protéger par exemple la connexion lors de l’accès web. Dans ce cas, la même clé pourra être utilisée pour chiffrer les sauvegardes de bout en bout.

Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises, les clés d’accès ne manquent pas d’avantages. Elles peuvent notamment être sauvegardées dans les gestionnaires de mots de passe et être réutilisées, toujours avec l’appui d’une preuve biométrique ou du code de déverrouillage de l’appareil.

« Vous n’aurez plus besoin d’avoir à retenir un mot de passe ou une clé de chiffrement à 64 chiffres. Les clés d’accès vous permettront de chiffrer les sauvegardes de vos discussions à l’aide de votre empreinte digitale, de la reconnaissance faciale ou du code de verrouillage d’écran. Appliquez le même niveau de sécurité à vos sauvegardes de discussions qu’à vos discussions et appels sur WhatsApp en les protégeant désormais d’un simple geste ou regard. Vos sauvegardes resteront ainsi sécurisées, accessibles et privées », indique ainsi WhatsApp.

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