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La Commission européenne prévoit d’affaiblir le RGPD au profit des entreprises d’IA

RGP quoi ?
La Commission européenne prévoit d’affaiblir le RGPD au profit des entreprises d’IA

Un brouillon de la loi « omnibus numérique » qui doit être présentée en décembre prochain révèle que Bruxelles veut modifier en profondeur le RGPD pour aider l’industrie de l’IA à se développer en Europe. Le texte prévoit aussi d’alléger la gestion des bannières de cookies et d’imposer un mécanisme à la « do not track », avec la possibilité pour les médias de passer outre.

En fin de semaine dernière, plusieurs médias européens ont obtenu un brouillon de la loi « omnibus numérique » que prévoit de présenter la Commission européenne dans les prochaines semaines. Alors qu’elle présentait son texte comme une « simplification » des textes, l’analyse de ce document montre que le projet va beaucoup plus loin et fait dire au responsable de l’association noyb, Max Schrems, que « ces changements sont extrêmes et ont des répercussions considérables ».

Comme l’indique le média allemand Netzpolitik, la Commission a en fait séparé sa proposition en deux textes : l’un sur la « simplification » de différents textes sur le numérique déjà en application [PDF], l’autre est plus spécifiquement sur l’IA et affiche la volonté de « simplifier » l’AI act [PDF], alors que celui-ci commence tout juste à s’appliquer progressivement jusqu’à devenir pleinement effectif à partir du 2 aout 2027.

Une volonté de laisser tranquille l’industrie de l’IA en Europe

La refonte prévue par ce texte des lois protégeant les données au sein de l’Union européenne est clairement prévue pour laisser la voie libre aux entreprises d’IA générative dans le but affiché de les aider à rester compétitives sur la scène internationale. Elle pourrait permettre aussi à des entreprises comme Meta de lancer sur le marché européen des produits comme ses lunettes connectées boostées à l’IA avec un peu moins de risques de se faire attraper par la patrouille.

Dans une réaction publiée sur LinkedIn, le responsable de l’association noyb, Max Schrems, a publié le texte de ce brouillon accompagné des commentaires de noyb [PDF].

L’entrainement des IA comme un « intérêt légitime »

En question dans ces « simplifications » du RGPD, notamment, la volonté de prendre en compte l’entrainement des IA comme un « intérêt légitime ». Ainsi le texte affirme qu’ « une IA fiable est essentielle pour assurer la croissance économique et soutenir l’innovation avec des résultats bénéfiques pour la société ».

La Commission fait le constat que « le développement et l’utilisation de systèmes d’IA et des modèles sous-jacents, tels que les grands modèles de langage et les modèles de génération de vidéo, reposent sur des données, y compris des données à caractère personnel, à différentes étapes du cycle de vie de l’IA, telles que les phases d’entrainement, de test et de validation, et peuvent dans certains cas être conservées dans le système ou le modèle d’IA ». Elle en conclut que « le traitement des données à caractère personnel dans ce contexte peut donc être effectué à des fins d’intérêt légitime au sens de l’article 6 » du RGPD.

Des critiques des fondateurs du RGPD

Sur ce sujet, noyb considère que la Commission s’engage dans une « pente glissante » : « si l’on estime qu’il existe un intérêt légitime à « scraper l’intégralité d’Internet » et toute autre donnée d’entraînement disponible, à quelque fin que ce soit, sans le consentement des utilisateurs, il n’y a guère d’autres traitements qui ne relèveraient pas d’un « intérêt légitime » », commente l’association.

« Celui qui a rédigé ce projet avait une vision étroite de la (prétendue) « course à l’IA » et a tout simplement « balayé » le RGPD de nombreuses façons qui porteront préjudice à des personnes dans des centaines d’autres domaines (minorités, suivi en ligne, personnes souffrant de problèmes de santé, etc.) », a réagi Max Schrems dans son post sur LinkedIn.

« Il ne restera plus rien de la protection des données, car l’IA est omniprésente », considère de la même façon Paul Nemitz, ancien directeur du département juridique de la Commission européenne et un des fondateurs du RGPD.

« Est-ce la fin de la protection des données et de la vie privée telles que nous les avons inscrites dans le traité de l’UE et la charte des droits fondamentaux ? », s’est interrogé un autre des artisans du règlement européen, l’ancien eurodéputé Jan Philipp Albrecht cité par Politico. « La Commission doit être pleinement consciente que cela porte gravement atteinte aux normes européennes », ajoute-t-il.

Le respect d’un « do not track » obligatoire, sauf pour les médias

Le brouillon de la loi « omnibus numérique » prévoit aussi de simplifier l’utilisation des bandeaux de consentement aux cookies. Comme nous l’avions évoqué en septembre dernier, la Commission veut réduire l’affichage des bandeaux qui inondent le web. Elle envisage de mettre en place une automatisation de la réponse, à la manière d’un « do not track » très peu pris en compte actuellement, que l’utilisateur pourrait paramétrer soit dans son navigateur soit dans son système d’exploitation.

Les responsables des sites internet auraient l’obligation de prendre en compte ce mécanisme. Mais les rédacteurs y mettent une exception pour les sites de médias, comme le relève le site Heise. Ainsi, le texte indique que « compte tenu de l’importance du journalisme indépendant dans une société démocratique et afin de ne pas compromettre sa base économique, les fournisseurs de services de médias ne devraient pas être tenus de respecter les indications lisibles par machine relatives aux choix des personnes concernées ».

Cela permettrait aux médias de passer outre le consentement des utilisateurs et leur garantir la pérennité de leurs revenus provenant des publicités ciblées.

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« Huit articles sur dix non conformes » : Shein reste sous « surveillance rapprochée »

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« Huit articles sur dix non conformes » : Shein reste sous « surveillance rapprochée »

La plateforme Shein fait encore parler d’elle. La fermeture de la marketplace lui a permis de se « mettre en conformité », mais cela ne clôture pas les actions en justice. Le BHV Marais se félicite de ce partenariat et annonce qu’il va élargir son offre Shein.

Shein n’en finit plus d’occuper le devant de la scène politique, juridique et médiatique suite à l’affaire des « poupées sexuelles à caractère pédopornographique » vendues sur sa marketplace. Le gouvernement a engagé une « procédure de suspension » contre Shein qui, dans la foulée, a annoncé la suspension temporaire des « ventes de sa Marketplace en France ».

Shein sous « surveillance rapprochée »

Du côté des douanes, une action était lancée jeudi avec le contrôle de l’intégralité des 200 000 colis Shein arrivés pendant la nuit. Comme nous l’avions alors expliqué, ce n’était pas les preuves qui manquaient déjà sur « des produits non conformes et illicites » venant de plateformes chinoises. En avril, Amélie de Montchalin expliquait déjà à l’Assemblée nationale que « 94 % de ces 800 millions d’articles [venant de Chine] sont non conformes et d’abord en termes de sécurité ».

Le 7 novembre, la répression des fraudes annonce que, suite à son injonction, « Shein a été contraint de se mettre en conformité en suspendant sa marketplace, supprimant ainsi tous les produits illicites de la plateforme ». Cela comprend notamment des objets à caractère pédopornographique, des armes blanches et des médicaments. La plateforme reste sous « surveillance rapprochée des services de l’État ».

Frédéric Merlin, propriétaire du BHV Marais et président de la Société des Grands Magasins, défend son partenariat avec Shein et a maintenu l’ouverture du « corner » mercredi dernier, en pleine tempête médiatique. Il s’est exprimé sur la fermeture de la marketplace et défend Shein. Il parle d’une décision « volontaire » de fermeture et pas « contrainte » comme l’indique la DGCCRF :

« Je salue cette décision et je peux vous dire également que la décision de suspendre cette marketplace avait été prise par Shein avant la demande du Premier ministre […] J’espère enfin qu’on pourra arrêter de vendre des produits illicites sur cette place de marché. »

Les différentes procédures judiciaires continuent

Quoi qu’il en soit, la DGCCRF ajoute que « les procédures judiciaires » continuent. En effet, « les mesures prises par Shein ne remettent en aucun cas en cause les procédures judiciaires engagées ». Elles sont lancées à plusieurs niveaux.

Le tribunal judiciaire de Paris a été officiellement saisi par le ministère de l’Intérieur. De plus, quatre enquêtes sont confiées à l’Office mineurs (AliExpress, Shein, Temu et Wish). Ensuite, « le contrôle des produits saisis en douane se poursuit et tous les cas de fraudes détectés conduiront à des sanctions ». Enfin, au niveau européen, « une demande d’enquête a été envoyée par la France à la Commission européenne qui a reconnu la gravité de la situation ».

Le 8 novembre, le gouvernement faisait un point sur ces procédures et notamment sur l’opération « coup de poing » des douanes à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle : « Dans le cadre de la procédure de suspension de la plateforme, une opération douanière inédite de contrôle des colis issus d’une commande Shein a eu lieu à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle jeudi 6 novembre 2025. Sur les 200 000 colis contrôlés, huit articles sur dix se sont révélés non conformes (cosmétiques non autorisés, jouets dangereux, appareils électroménagers défaillants…). ». Malheureusement, rien de très surprenant comme nous l’expliquions la semaine dernière.

Poupées pédopornographiques : des arrestations

Sur le sujet des poupées pédopornographiques vendues par Shein, le parquet de Vienne confirme la mise en examen d’un Isérois pour « importation, détention et acquisition d’une ou plusieurs images ou représentations d’un mineur présentant un caractère pornographique », comme le rapporte Francebleu, confirmant une information du Dauphiné Libéré. Il avait acheté deux poupées pédopornographiques sur Shein en juillet et octobre 2025, et s’est dénoncé aux gendarmes après le début de l’affaire.

S’en est évidemment suivi une perquisition. Les gendarmes ont alors découvert des « images pédopornographiques contenues dans ses supports informatiques », explique Olivier Rabot, procureur de la République de Vienne. Pour rappel, Shein a déjà annoncé qu’elle donnerait à la justice toutes les informations sur les vendeurs et les acheteurs, y compris les noms et adresses.

Juste après la mise en lumière des poupées sexuelles enfantines, un homme était interpelé suite à la découverte par des employés d’un entrepôt d’un « colis assez lourd, volumineux et en partie ouvert », explique le Parisien. À l’intérieur : « une poupée en silicone, à l’image d’une préadolescente mesurant 1m30. Le colis portait le nom de l’expéditeur, à savoir la société Zech, chinoise », précisent nos confrères. Elle n’était pas vendue par Shein, mais « cette fois par un site internet dédié à ces objets sexuels en forme de jeune femme ou enfant ».

Le BHV va « élargir la capsule » Shein

Pendant ce temps-là, au BHV, tout irait bien avec la boutique Shein : « En quelques jours, plus de 50 000 visiteurs sont venus découvrir la première capsule Shein au BHV  […] Un panier moyen de 45 euros, et près de 15 % d’entre eux ont poursuivi leurs achats dans les autres rayons », affirme Frédéric Merlin, le propriétaire du BHV Marais. Néanmoins, selon les médias et les personnes interrogées, les retours sont plus mitigés.

Quoi qu’il en soit, Frédéric Merlin veut même aller plus loin : « Nous allons élargir la capsule avec une offre homme plus complète, un espace enfant, une gamme de robes plus large et des basiques plus accessibles pour répondre à tous les styles de vie ».

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☕️ NG-2 : Blue Origin reporte encore le deuxième lancement de New Glenn

Au début de l’année, après des années d’attente et de retard, la fusée réutilisable New Glenn de Blue Origin décollait enfin. Pour son vol inaugural, elle était arrivée dans une orbite spatiale. Le premier étage n’avait pas été récupéré lors de ce premier test. Dans la foulée, la production était lancée.

Le deuxième vol de New Glenn (alias NG) devait avoir lieu ce week-end, mais les conditions météorologiques, et « plus précisément de la présence de cumulus », ont eu raison du lancement. Il a donc été ajourné. Ce n’est pas le premier report, comme le rappelle TechCrunch.

pic.twitter.com/rkarkk5cBX

— Jeff Bezos (@JeffBezos) November 8, 2025

Dans un autre message sur X avant l’abandon du lancement, Blue Origin annonçait que « l’équipe de lancement examine un problème avec notre équipement de soutien au sol sur l’aire de lancement ». Problème qui semble avoir été réglé, contrairement à la météo.

Une nouvelle fenêtre de tir s’ouvrira le 12 novembre, à partir de 20h50 (heure française) et 22h17. Tous les détails de la mission et le déroulé du lancement se trouvent par ici.

NG-2 emporte deux satellites Escapade (Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers) pour le compte de la NASA. Ils prendront la route vers Mars si tout va bien. À bord également, « un démonstrateur technologique de Viasat en soutien au projet de services de communication de la NASA ».

New Glenn a pour rappel été annoncé en 2016 et se place comme un concurrent direct de SpaceX. Le nom est un hommage à John Glenn, le premier Américain en orbite autour de la Terre.

Ce lanceur doit déposer l’atterrisseur maison Blue Moon sur la Lune dans les prochaines années, dans le cadre du troisième volet du programme Artemis et du retour des humains sur notre satellite naturel. Les retards s’accumulent et le lancement d’Artemis II n’est pour le moment prévu que début 2026. Blue Moon fait partie de la suite, avec Artemis III.

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☕️ Anthropic va s’installer à Paris et Munich

Dans un communiqué, la société américaine derrière l’IA générative Claude annonce son « intention » d’ouvrir des bureaux à Paris et Munich, sans donner plus de détails sur le calendrier.

L’entreprise explique simplement que « ces nouveaux hubs font suite aux récentes ouvertures de bureaux à Tokyo, Séoul et Bangalore et renforceront davantage l’empreinte européenne aux côtés des bureaux de Londres, Dublin et Zurich ». Anthropic revendique une présence dans 12 villes.

L’Europe semble être un terreau fertile pour Anthropic : « la région EMEA [Europe Middle East and Africa] est devenue notre région avec la croissance la plus rapide ; le chiffre d’affaires annualisé a été multiplié par plus de 9 au cours de l’année écoulée. Le nombre de grands comptes professionnels, c’est-à-dire des clients dont le chiffre d’affaires annualisé dépasse les 100 000 dollars, a également été multiplié par plus de 10 ».

Parmi les clients de Claude, la société américaine annonce L’Oréal, BMW, SAP, Sanofi, Lovable, N26, Pigment, Qonto et Doctolib.

Anthropic

Guillaume Princen, chez Anthropic depuis neuf mois, est le responsable des startups EMEA. Il est épaulé par Pip White (ancienne de chez Salesforce) pour la zone EMEA nord et Thomas Remy (ancien de chez Google) pour le sud. Prochainement, un responsable sera nommé pour la zone DACH (Allemagne, Autriche et Suisse) et CEE (Europe centrale et orientale).

Reuters enfin se fait l’écho de rumeurs de Business Insider, selon lesquelles Google serait « en pourparlers préliminaires pour augmenter son investissement dans Anthropic […] ce qui pourrait valoriser Anthropic à plus de 350 milliards de dollars ». Aucune des deux parties n’a souhaité répondre à nos confrères.

Il y a quelques semaines à peine, les deux protagonistes annonçaient une intensification de leur partenariat : Anthropic va utiliser jusqu’à un million de TPU de Google, aussi bien pour l’entrainement que l’inférence des modèles.

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☕️ Les 80 lauréats 2025 de la French Tech 2030

French Tech 2030 est un programme permettant aux entreprises lauréates de bénéficier « d’un accompagnement d’une durée de un an. Il se compose d’un appui individuel et collectif sur les enjeux stratégiques des entreprises ». Le gouvernement a dévoilé en fin de semaine dernière la liste des « 80 entreprises de la nouvelle promotion du programme French Tech 2030 ».

15 étaient déjà dans la précédente promotion : C12 Quantum, Cailabs, Enchanted Tools, Ganymed, Kiro, Quandela, Qubit Pharmaceuticals, Quobly, Spectronite, Synapes Medecine, U-Space, WhiteLab Genomics, XXII et YesWeHack.

Voici la liste complète :

Quasiment un quart (19) des start-ups sont dans le domaine de l’intelligence artificielle, 14 dans la cybersécurité, 13 dans la robotique, 12 dans le spatial, 9 dans le quantique (dont Quandela qui a déjà vendu plusieurs machines), 7 dans les infrastructures et enfin 6 dans l’électronique.

« Avec 130 millions d’euros déjà investis dans la R&D l’année dernière, 1,1 milliard d’euros levés, 353 brevets déposés, 18 usines en place et 27 en passe de l’être, le succès technologique et commercial de ces entreprises est le résultat d’une recherche de pointe et d’une formation de haut niveau », précise le gouvernement.

Sur les 80 lauréats, 60 bénéficient du statut de jeune entreprise innovante et 71 d’un crédit d’impôt recherche et d’innovation. De plus, « 60 % des start-ups travaillent avec la recherche publique ou privée ».

Dans le dossier de presse, la mission French Tech dresse la liste des 10 plus grosses levées de fonds : 57 millions d’euros pour Cailabs qui arrive en tête, les suivants sont presque à deux fois moins avec 30 millions pour le second Quandela.

Roland Lescure, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté rappelle que « la French Tech, ce sont 18 000 startups qui s’exportent dans le monde et 450 000 emplois sur ces 10 dernières années ».

Julie Huguet, directrice de la Mission French Tech, rappelle que French Tech 2030 « offre aux entreprises émergentes qui développent des technologies stratégiques pour la souveraineté numérique française la même visibilité et le même dispositif d’accompagnement qu’aux 120 champions de la tech française regroupés dans le French Tech Next40/120 ».

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Le FBI cherche à obtenir l’identité du responsable d’Archive.today

Police de l'Internet : vous avez vos papiers ?
Le FBI cherche à obtenir l’identité du responsable d’Archive.today

Le service de renseignement états-unien est à la recherche de la personne responsable d’un des sites d’archivage en ligne les plus connus, Archive.today, aussi connu par son autre nom de domaine archive.is. Le FBI a envoyé une injonction au bureau d’enregistrement Tucows pour récupérer les données personnelles associées.

Le 31 octobre dernier, Archive.today a posté sur X un lien vers une injonction faite au bureau d’enregistrement de son nom de domaine Tucows. Celle-ci demande au registrar canadien (un des plus importants dans le monde) de transmettre toutes les données relatives au client qui détient archive.today.

Archive.today, connu aussi sous le domaine archive.is ou archive.ph, c’est l’un des sites d’archivage du web les plus connus. Il existe depuis 2012 et on peut y accéder via différents noms de domaine du même genre, avec même un .onion utilisable via le protocole Tor.

Mais, contrairement à Internet Archive, dont la Wayback Machine propose d’accéder aux archives du web depuis 2001, Archive.today n’est pas une organisation à but non lucratif ayant pignon sur rue.

Utilisé pour passer outre les Paywalls

Le site permet à un utilisateur d’archiver une page qui pourra ensuite être consultée par d’autres. Ce mécanisme est massivement utilisé par des internautes pour passer outre les paywalls des différents médias. Sur sa page de FAQ, on peut y lire qu’il utilise Apache Hadoop et Apache Accumulo et que « toutes les données sont stockées sur HDFS, le contenu textuel est dupliqué trois fois entre les serveurs de différents centres de données et les images sont dupliquées deux fois ». Et selon cette même page, « tous les datacenters sont situés en Europe » (peut-être chez OVH). Mais aucune mention légale n’apparait concernant le responsable du site.

Comme le remarque le média allemand Heise, les pages de l’injonction faite par le FBI à Tucows ne permettent pas de savoir pourquoi le service de renseignement états-unien cherche à connaître l’identité du responsable du site. Le tweet posté par le compte d’Archive.today sur X accompagne le lien d’un simple « canary », faisant référence à l’utilisation du petit oiseau jaune dans les mines pour détecter le coup de grisou avant qu’il n’effondre les fondations souterraines.

Un « outil fragile » qui est « condamné à mourir »

La connaissance d’une telle injonction est le signal que le FBI enquête. Mais il n’en dit pas beaucoup plus sur le sujet. Est-ce l’enjeu de la sauvegarde massive de contenus d’éditeurs de médias états-uniens ? Est-ce celle de contenus problématiques ? Le FBI enquête-t-il sur les sources de financement du site ? Il est difficile de savoir quelle est la raison exacte.

Si personne n’a jamais revendiqué la responsabilité du site, en 2023, le blogueur Janni Patokallio a publié un billet sur le site dans lequel il cite le nom de la première personne ayant enregistré le domaine archive.is en 2012. « Même si nous ne connaissons ni son visage ni son nom, nous avons désormais une assez bonne idée du fonctionnement du site : il s’agit d’une œuvre passionnée menée par une seule personne, un Russe doté d’un talent considérable et d’un accès à l’Europe », concluait-il de ses recherches.

Comme le faisait remarquer Janni Patokallio, le créateur d’Archive Today est pleinement conscient que le site est un « outil fragile » qui est « condamné à mourir » un jour.

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Meta tirerait 10% de ses revenus d’arnaques et de publicités frauduleuses

Cui bono
Meta tirerait 10% de ses revenus d’arnaques et de publicités frauduleuses

Des documents internes à Meta révèlent que le groupe de Mark Zuckerberg prévoit de générer 10 % de son chiffre d’affaires annuel, soit environ 16 milliards de dollars, à partir de publicités enfreignant ses conditions d’utilisation. Plutôt que de bannir les fraudeurs, Meta préfère leur facturer un supplément, dopant ainsi d’autant ses propres revenus.

En 2019, le producteur et milliardaire John de Mol attaquait Facebook en justice en raison de publicités contrefaisant son image au profit d’arnaques à la crypto. Six ans plus tard, Facebook et sa maison-mère Meta feraient-ils preuve de laxisme en matière de publicité trompeuse ?

La question se pose de façon légitime. Bien que le phénomène soit dénoncé depuis des années, des internautes se plaignent encore régulièrement d’avoir été confrontés à des réclames qui usurpent l’identité d’une personnalité célèbre, ou à de soi-disant promotions qui renvoient vers des arnaques.

Si Meta laisse faire, c’est peut-être parce que le groupe y trouve un intérêt. Une longue enquête de Reuters, publiée jeudi 6 novembre, lève en effet une partie du voile sur la façon dont l’entreprise appréhende le phénomène.

À qui profite le crime ?

D’après des documents internes à Meta, consultés par l’agence de presse, l’impact de ces publicités frauduleuses serait mesuré avec précision. Fin 2024, le groupe estimait ainsi, d’après Reuters, diffuser de l’ordre de 15 milliards de publicités frauduleuses par jour. Cette portion considérée comme « à haut risque » (car présentant des signes évidents de fraude) de l’inventaire publicitaire aurait représenté un chiffre d’affaires d’environ 7 milliards de dollars sur l’année 2024.

D’autres documents internes consultés par Reuters laissent penser que Meta estimait, en interne, que les publicités frauduleuses dans leur ensemble pourraient représenter quelque 10 % de son chiffre d’affaires annuel, soit 16 milliards de dollars, puisque l’entreprise affirme avoir réalisé 164,5 milliards de dollars en 2024. Et ce alors que l’entreprise affirme lutter avec la plus grande diligence contre le scam, et se targue de protéger toujours mieux ses utilisateurs contre les arnaques en ligne.

« Une grande partie de la fraude provenait de spécialistes du marketing dont le comportement était suffisamment suspect pour être signalé par les systèmes d’alerte internes de Meta. Cependant, l’entreprise n’interdit les annonceurs que si ses systèmes automatisés prédisent avec au moins 95 % de certitude qu’ils commettent une fraude, selon les documents. Si l’entreprise est moins certaine, mais estime néanmoins que l’annonceur est un escroc potentiel, Meta lui applique des tarifs publicitaires plus élevés à titre de sanction, d’après ces mêmes documents », décrit ainsi Reuters.

À défaut de bloquer les contrevenants, Meta tenterait donc de les dissuader en augmentant ses tarifs, dopant dans le même temps ses propres revenus liés à l’activité de ces derniers.

Meta minimise le phénomène

Meta n’a pas pris la parole publiquement au sujet de cette enquête, mais l’un de ses porte-paroles, Andy Stone, a répondu à Reuters, alléguant d’une vision tronquée et erronée de la réalité. Les chiffres avancés par l’agence de presse couvriraient ainsi un inventaire incluant également des publicités légitimes, note-t-il, sans préciser la ventilation.

« Cette évaluation a été réalisée pour valider nos investissements prévus en matière d’intégrité – notamment dans la lutte contre les fraudes et les escroqueries – ce que nous avons fait, déclare le porte-parole à Reuters. Nous luttons activement contre la fraude et les escroqueries, car les utilisateurs de nos plateformes ne veulent pas de ce type de contenu, les annonceurs légitimes n’en veulent pas non plus, et nous non plus. »

L’agence de presse note de son côté que si des documents internes soulignent bien une intention de renforcer la lutte contre le scam en 2025, ils interrogent dans le même temps l’impact négatif que cette action risque d’avoir sur l’activité publicitaire du groupe.

De la même façon, d’autres documents montrent que les cadres de Meta ont tenté de soupeser le rapport bénéfice-risque vis-à-vis des possibles sanctions réglementaires. Avec une balance qui penche clairement du côté de la publicité frauduleuse.

« La Compagnie estime que le chiffre d’affaires généré par les publicités enfreignant nos conditions d’utilisation qui présentent le plus haut niveau de risque représentent à peu près 3,5 milliards de dollars (pour le S2 2024). Il s’agit probablement de l’ordre de grandeur maximal du coût de tout accord réglementaire concernant les publicités frauduleuses », remarque ainsi un rapport interne reproduit par Reuters. Une autre analyse interne, datée d’avril 2025, souligne quant à elle qu’il est « plus facile de faire de la publicité pour des arnaques sur les plateformes de Meta que sur Google ».

Cette approche cynique du phénomène aiguillonnera-t-elle les autorités compétentes sur les questions publicitaires, aux États-Unis ou en Europe ? La Commission européenne s’inquiétait fin octobre de ce que Meta ne respecte pas les obligations de transparence prévues dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA).

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☕️ Meta lance Vibes en Europe

L’entreprise de Mark Zuckerberg explique dans un communiqué publié jeudi 6 novembre que la nouvelle version de son application Meta AI disponible en Europe contient maintenant le fameux flux Vibes.

Meta avait annoncé l’arrivée de cette fonctionnalité fin septembre, mais elle n’était pas encore disponible en Europe. OpenAI lui avait rapidement emboité le pas en sortant aux États-Unis son application Sora.

Avec Vibes et Sora, les deux entreprises se sont lancées dans une course à une nouvelle sorte de flux sur le même principe que TikTok mais ne contenant que des contenus générés par IA.

Selon Meta, « Vibes est un espace dédié à la création, au remixage et au partage de vidéos courtes générées par l’IA, qui vous permet de vous exprimer de manière nouvelle et innovante ».

De son côté, Sora ne reste officiellement disponible pour l’instant qu’au Canada, en Corée du Sud, au Japon, aux États-Unis, au Viêt Nam, en Thaïlande et à Taiwan.

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Sanctions US : YouTube a supprimé 700 vidéos d’ONG palestiniennes en lien avec la CPI

Broadcast Yourself, mais pas à Gaza
Sanctions US : YouTube a supprimé 700 vidéos d’ONG palestiniennes en lien avec la CPI

YouTube a supprimé les comptes de trois ONG palestiniennes début octobre, et par la même occasion plus de 700 vidéos sur les conséquences de l’invasion de Gaza par Israël. Cela fait suite aux sanctions décidées par Donald Trump contre la Cour pénale internationale, les trois ONG l’ayant aidée dans ses enquêtes.

Début octobre, YouTube a supprimé, sans les prévenir, les chaines de trois organisations non gouvernementales, le Centre Al-Mezan pour les droits humains, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits humains. Selon The Intercept qui a révélé cette suppression, plus de 700 vidéos ont disparu avec ces trois chaines, compilant des heures d’images documentant la situation à Gaza et les suspicions de crimes de guerre d’Israël sur lesquels la Cour pénale internationale devra se prononcer.

Toutes les vidéos ne sont pas perdues. Ainsi, par exemple, on peut voir sur la Wayback Machine d’Internet Archive la vidéo d’une analyse sur la mort de la journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh. On peut aussi retrouver cette vidéo sur la page Vimeo de l’ONG. Mais ces plateformes pourraient elles aussi être contraintes par les États-Unis de supprimer ces contenus.

YouTube suit des sanctions ciblées prononcées par Marco Rubio

Car YouTube (dont la maison mère est Google) a suivi la décision de sanctions prises par l’administration Trump envers ces trois ONG. « Google s’engage à respecter les sanctions applicables et les lois en matière de conformité commerciale », a affirmé YouTube dans un communiqué envoyé en réponse à The Intercept.

Comme plusieurs juges de la Cour pénale internationale visés nommément par l’administration Trump, les trois ONG ont été l’objet d’une décision du secrétaire d’État américain, Marco Rubio début septembre.

« Ces entités ont directement participé aux efforts déployés par la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter, arrêter, détenir ou poursuivre des ressortissants israéliens, sans le consentement d’Israël », affirmait Marco Rubio dans un communiqué annonçant la désignation du Centre Al-Mezan pour les droits humains, d’Al-Haq et du Centre palestinien pour les droits humains. Le secrétaire d’État américain n’évoque aucune autre raison que leurs liens avec l’autorité judiciaire internationale pour justifier cette désignation.

La CPI sanctionnée depuis février

Rappelons qu’en février dernier, Donald Trump a publié un décret imposant « des sanctions à l’encontre de la Cour pénale internationale » en réaction à l’émission des mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Nétanyahou et de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. C’est sur la base de ce décret que s’appuie Marco Rubio pour sanctionner les trois ONG accusées de collaborer avec la CPI.

Selon The Intercept, c’est la première fois que les États-Unis prennent de telles sanctions contre des ONG qui accumulent des informations pour d’éventuelles poursuites en justice.

« Je suis très choquée que YouTube fasse preuve d’un tel manque de courage », explique à The Intercept la responsable de l’association états-unienne Democracy for the Arab World Now, Sarah Leah Whitson. « Il est vraiment difficile d’imaginer un argument sérieux selon lequel le partage d’informations provenant de ces organisations palestiniennes de défense des droits humains violerait d’une manière ou d’une autre les sanctions. Il est décevant et assez surprenant que YouTube cède à cette désignation arbitraire de ces organisations palestiniennes et décide désormais de les censurer. »

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☕️ ChatGPT « coach pour suicide » ? 7 plaintes l’accusent de manipulation émotionnelle

Ce jeudi 6 novembre, OpenAI a été citée dans sept plaintes déposées devant des cours de justice californiennes. L’organisation Social Media Victims Law Center (SMVLC) explique avoir déposé ces plaintes dans des cas concernant 6 adultes et un adolescent de 17 ans.

OpenAI et Sam Altman y sont accusés d’accident mortel, de suicide assisté, d’homicide involontaire et de négligence.

Concernant l’adolescent, la plainte affirme que « le produit ChatGPT, défectueux et intrinsèquement dangereux, a provoqué une dépendance, une dépression et, finalement, lui a conseillé la manière la plus efficace de faire un nœud coulant en lui indiquant combien de temps il pourrait « vivre sans respirer » », explique l’Associated Press. Les avocats y écrivent que « la mort d’Amaurie n’était ni un accident ni une coïncidence, mais plutôt la conséquence prévisible de la décision délibérée d’OpenAI et de Samuel Altman de réduire les tests de sécurité et de précipiter la mise sur le marché de ChatGPT ».

CNN raconte les 70 pages d’échanges entre un adulte de 23 ans et ChatGPT qui l’a accompagné jusqu’à son suicide le 25 juillet dernier. SMVLC donne des informations sur les autres cas dans son communiqué.

Ce ne sont pas les premières plaintes sur le sujet. En août dernier, on apprenait qu’OpenAI était poursuivi en justice après le suicide d’un adolescent. Mais le créateur de ChatGPT n’est pas le seul à être pointé du doigt. La FTC a ouvert une enquête sur les conséquences des chatbots de Google, Meta, Instagram, OpenAI, Snap, xAI et CharacterAI sur les mineurs en septembre dernier.

Il y a un an, le New York Times se demandait si on pouvait « blâmer l’intelligence artificielle pour le suicide d’un adolescent » dans une affaire impliquant CharacterAI.

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☕️ Rockstar repousse encore GTA VI : 19 novembre 2026, soit un an de retard

GTA VI a été présenté officiellement par Rockstar en décembre 2023 avec une première bande-annonce. Le jeu était alors prévu pour 2025, sans plus de détails, ce qui laissait encore deux ans au studio pour le sortir.

En mai 2024, Rockstar semblait confiant : « Nos perspectives reflètent un rétrécissement de la fenêtre de lancement précédemment établie par Rockstar Games à l’automne 2025 pour Grand Theft Auto VI ». Le studio douchait les espoirs des joueurs un an plus tard, en mai 2025, en repoussant le jeu au 26 mai 2026. Une seconde bande-annonce était mis en ligne dans la foulée.

GTA VI

À six mois de la date fatidique, le jeu prend encore six mois de retard, avec une date de lancement prévue au 19 novembre 2026. Rockstar indique simplement que « ces mois supplémentaires nous permettront de terminer le jeu avec le niveau de finition que vous attendez et méritez ». Exactement les mêmes éléments de langage qu’en mai dernier quand Roskstar parlait de « livrer un niveau de qualité que vous attendez et méritez ».

De l’automne 2025, on est donc passé à l’automne 2026, soit un an de retard… pour l’instant ? Tant que Rockstar ne passe pas en Valve Time le jeu devrait finir par sortir un jour… ou l’autre.

Rockstar Games licencie aussi des dizaines de syndicalistes

Rockstar Games a par ailleurs licencié entre 30 et 40 employés en Grande-Bretagne et au Canada la semaine dernière dans le cadre d’une action qualifiée de « répression syndicale » par un groupe de défense des droits des travailleurs, rapporte Bloomberg.

Rockstar Games explique que ces licenciements étaient dus à une « faute grave » et n’étaient pas liés au droit des personnes à adhérer à un syndicat ou à participer à des activités syndicales. Les dizaines d’employés licenciés auraient divulgué des secrets d’entreprise sur un forum auquel participaient des personnes extérieures à l’entreprise.

Le syndicat indépendant des travailleurs de Grande-Bretagne a quant à lui qualifié ces licenciements d’« acte de répression syndicale parmi les plus flagrants et les plus impitoyables de l’histoire de l’industrie du jeu vidéo ». Les employés concernés faisaient, en effet, tous partie d’un groupe de discussion syndical privé sur Discord ne réunissant que des représentants du syndicat.

Alex Marshall, président du syndicat, a répondu aux allégations de Rockstar en déclarant que l’éditeur de jeux vidéo « craignait que ses employés, qui travaillent dur, discutent en privé de l’exercice de leurs droits pour obtenir un lieu de travail plus équitable et une voix collective. La direction montre qu’elle se moque des retards pris par GTA VI et qu’elle privilégie la répression syndicale en s’en prenant précisément à ceux qui créent le jeu. »

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☕️ En AG, Tesla vote le plan de rémunération à 1000 milliards de dollars pour Elon Musk

Réunis en assemblée générale annuelle jeudi 6 novembre, les actionnaires de Tesla ont approuvé le package ou plan de rémunération, d’un montant sans précédent, proposé au vote pour s’assurer les services futurs d’Elon Musk. L’enveloppe prévoit que l’entrepreneur puisse recevoir un maximum de 1 000 milliards de dollars d’actions Tesla, qui feraient monter ses parts et ses droits de vote de 13 à 25 % du capital global de l’entreprise. L’attribution se ferait par paliers, en fonction de l’atteinte d’un certain nombre d’objectifs, précisés début septembre dans le document préparatoire à cette assemblée générale.

« En 2018, Elon Musk devait faire croître la valeur de Tesla en milliards de dollars ; en 2025, il doit réaliser une croissance se comptant en milliers de milliards – pour être exact, il devra créer près de 7 500 milliards de dollars de valeur pour les actionnaires afin de recevoir la totalité de sa prime », affirme ce document.

La proposition a fait l’objet d’un soutien sans ambages de la part des deux représentants du comité spécial chargé d’orchestrer certains aspects stratégiques de l’entreprise depuis que le sujet de la rémunération d’Elon Musk est devenu conflictuel au sein du conseil d’administration. « Il est plus important que jamais de conserver Elon », écrivent-ils dans une lettre ouverte (PDF) aux actionnaires, avant d’expliquer que l’entreprise est à un point de bascule, avec une croissance qui s’incarne dans l’IA, la robotique et les services associés.

Après le vote des actionnaires, Elon Musk est venu expliquer, en AG, sa vision d’un Tesla progressivement leader de la robotique et de l’IA – capture d’écran

La proposition visant à renforcer Elon Musk au capital dans des proportions aussi significatives n’a cependant pas fait l’unanimité, conduisant d’ailleurs l’entrepreneur à défendre son propre intérêt lors de la présentation des résultats financiers trimestriels de Tesla, fin octobre.

Deux agences en vue, le cabinet ISS et l’agence Glass Lewis, critiquent en effet le plan de rémunération d’Elon Musk. Le premier pointe l’absence de clauses contraignantes, ce qui laisserait au milliardaire le loisir de se tourner vers ses autres projets (xAI, SpaceX, Neuralink, etc.) si ses objectifs devenaient réellement inatteignables. La seconde juge que le projet de rémunération diluerait à l’excès les parts des autres actionnaires.

Jeudi, le vote des actionnaires a cependant consacré le statut d’homme providentiel d’Elon Musk. Approuvé à 75 %, le « 2025 CEO Performance Award » fixe à l’homme d’affaires une série d’objectifs qui doivent faire de Tesla l’entreprise la plus valorisée au monde. Sous sa houlette et pour obtenir la totalité des douze tranches de rémunération prévues, le groupe doit ainsi atteindre d’ici 7,5 ans une valorisation totale de 8 500 milliards de dollars (pour rappel, l’entreprise la mieux capitalisée au monde est aujourd’hui NVIDIA avec 5 000 milliards de dollars) et atteindre une rentabilité annuelle (EBITDA) de 400 milliards de dollars.

Côté produits, Tesla doit atteindre 20 millions de véhicules livrés (contre 8 millions depuis son lancement), 10 millions d’abonnements actifs aux fonctions de conduite autonome (FSD), 1 million de robots livrés et 1 million de Robotaxis en circulation. Une paille !

Les douze travaux d’Elon Musk sont résumés dans le document préliminaire à l’AG du 6 novembre – capture d’écran Next

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L’algorithme d’offres d’emploi de Facebook est sexiste, selon la Défenseure des droits


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L’algorithme d’offres d’emploi de Facebook est sexiste, selon la Défenseure des droits


Alors que la France interdit la distinction en fonction du genre dans la diffusion d’offres d’emploi, la Défenseure des droits constate le biais de genre du système de publicité d’offres d’emploi de Facebook. Meta remet en cause cette décision.

Dans une décision (.pdf) rendue le 10 octobre 2025, la Défenseure des droits « constate que le système mis en œuvre pour diffuser les offres d’emploi traite différemment les utilisateurs de la plateforme Facebook à raison de leur sexe et constitue une discrimination indirecte en lien avec le sexe ».

Ce faisant, elle recommande à Meta Irlande et Facebook France « de mettre en œuvre toute mesure de nature à garantir le caractère non discriminatoire de la diffusion de publicités pour des offres d’emplois ».

« Nous sommes en désaccord avec cette décision et étudions nos options », a déclaré à Reuters ce 4 novembre un porte-parole du groupe.

Expérimentations sur le système publicitaire de Facebook

La décision de la Défenseure des droits fait suite à une action de la Fondation des Femmes, l’association Femmes Ingénieures et l’ONG Global Witness, qui avaient saisi l’institution et la CNIL en 2023.

Les trois entités avaient réalisé deux séries d’expériences en 2022 et 2023, pour tester le fonctionnement du système de publicité d’offres d’emploi de Facebook. En pratique, elles avaient rédigé plusieurs offres de manière neutre, pour des postes de secrétaire, pilote de ligne, auxiliaire de petite enfance, psychologue ou encore responsable d’une structure informatique.

Capture d’une publication de juin 2023 par la Fondation des femmes

L’expérimentation constatait qu’en France, une annonce pour un emploi de mécanicien ou mécanicienne avait été montrée dans 94 % des cas à des hommes, et seulement 6 % à des femmes. À l’inverse, une offre dédiée à un emploi dans la petite enfance a été montrée dans 93 % des cas à des femmes.

Quand bien même les effectifs varient selon le genre et la profession sur le terrain, le principe d’égal accès des femmes et des hommes à l’emploi est inscrit dans la Constitution française comme dans les textes européens. La non-mixité de fait qui subsiste dans certaines catégories d’emploi explique en partie la persistance des écarts de revenus entre les femmes et les hommes, les premières se trouvant généralement cantonnées aux emplois les moins bien rémunérés.

C’est précisément pour éviter la reproduction des inégalités sur le marché du travail que la loi française interdit de faire une distinction en fonction du genre dans les offres d’emploi, rappellent les associations.

Une première en Europe

Outre la France, Global Witness a réalisé l’expérience aux Pays-Bas, en Inde, en Irlande, en Afrique du Sud et au Royaume-Uni, et constaté que 91 % des personnes à qui les offres d’emplois en informatique avaient été montrées étaient des hommes. 79 % de celles à qui les offres pour le soin aux enfants étaient présentées étaient des femmes.

La décision de la Défenseure des droits n’est pas contraignante. Pour autant, « cela semble être la première fois qu’un régulateur européen décide que l’algorithme d’une plateforme de réseau social discrimine en fonction du genre, ce qui représente un véritable pas en avant dans la mise en conformité de ces acteurs avec la loi en vigueur », écrivent, dans un communiqué conjoint, Global Witness, la Fondation des Femmes et l’association Femmes Ingénieures.

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Huawei pourrait renoncer à son usine alsacienne

Sitôt livré, sitôt abandonné ?
Huawei pourrait renoncer à son usine alsacienne

Livrée en septembre 2025, l’usine de Huawei implantée à Brumath pourrait se retrouver à vendre avant même que les activités n’y aient été lancées.

À peine livrée par Bouygues Construction, la nouvelle usine de Huawei pourrait être abandonnée. Alors qu’elle devait produire des antennes 3G, 4G et 5G pour les opérateurs télécoms à partir de 2026, le groupe chinois envisagerait déjà de le revendre, d’après les sources de Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Monde.

Situé à Brumath, dans le Bas-Rhin, le complexe de 8 hectares était le premier site de production de ce type que Huawei ait construit hors de Chine. Pour la communauté d’agglomération de Haguenau, il s’agissait aussi d’un projet d’ampleur : 3 millions d’euros pour la cession du terrain, et la promesse de 300 à 500 emplois à terme.

Mais le projet a pris du retard, au point que la région Grand Est a renoncé au versement de la subvention de 800 000 euros votée en 2021.

Restrictions législatives et soupçons de corruption

Implantée proche du siège du Parlement européen de Strasbourg, l’usine aurait aussi pu servir à soigner l’image de Huawei auprès des députés et de différents représentants européens.

Dans les six dernières années, plusieurs textes ont réduit les possibilités de l’équipementier chinois : en 2019, la France adoptait sa loi dite « anti-Huawei », visant à « préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles ». En 2024, sa voisine allemande adoptait de son côté un texte empêchant d’utiliser « les composants Huawei et ZTE », principal concurrent chinois de Huawei, dans les « cœurs de réseaux 5G » à partir de la fin 2026.

Mais à ces textes, il faut encore ajouter les soupçons de corruption de députés européens qui vise Huawei. Une enquête est actuellement ouverte.

Livré en septembre, le site, qui compte 52 000 mètres carrés de bâtiment, pourrait être mis en vente au plus offrant. Pour l’heure, l’équipementier reste muet sur ses intentions.

Un investissement pourtant conséquent

Même si l’enjeu peut paraître anecdotique au regard de la surface financière d’un groupe comme Huawei (environ 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial en 2024), l’usine de Brumath représente un engagement financier de près de 260 millions d’euros, comme en témoigne le dernier compte de résultat de Huawei Machine Strasbourg, la filiale du groupe créée pour le projet en 2020. Fin 2024, cette dernière employait 22 personnes, et présentait toujours cette usine comme un « projet emblématique pour le Groupe Huawei car il s’agit du premier site de production de ce type construit en dehors de la Chine ».

Extrait du compte de résultats 2024 de Huawei Machine Strasbourg – capture d’écran Next

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Doctolib, condamnée à 4,6 millions d’euros, affirme ne pas être « en position dominante »

Doctolib, pas Doctolibre
Doctolib, condamnée à 4,6 millions d’euros, affirme ne pas être « en position dominante »

Doctolib vient d’écoper d’une amende de 4,665 millions d’euros de l’Autorité de la concurrence pour abus de position dominante. La plateforme de rendez-vous médical annonce qu’elle fera appel et tente de justifier ses actions passées.

L’Autorité de la concurrence rappelle le fonctionnement des plateformes de rendez-vous médicaux et l’enjeu autour du nombre d’utilisateurs des deux côtés de l’écran (professionnels de santé et patients) : « les patients sont attirés par les plateformes proposant un large choix de professionnels de santé et ces derniers ont tendance à favoriser les plateformes utilisées par un grand nombre de patients ».

L’Autorité enquête suite à une plainte de Cegedim

Le Covid-19 a entrainé une forte augmentation de l’utilisation de ces plateformes, notamment en 2021 quand certaines se sont vu confier par le gouvernement « la gestion des rendez-vous en ligne lors de la campagne de vaccination contre la Covid-19 ». C’était notamment le cas de Doctolib, Maiia (édité par Cegedim) et KelDoc. La téléconsultation s’est aussi fortement développée pendant les confinements.

La condamnation du jour fait suite à une plainte d’un de ses concurrents en 2019 : Cegedim Santé. Ce dernier avait pour rappel été condamné en 2024 à 800 000 euros d’amende pour avoir traité des données de santé sans autorisation. Concernant Doctolib, l’enquête a pris du retard à cause de la pandémie, mais elle a entrainé une visite et une saisie dans les locaux en 2021.

Pour l’AdlC pas de doute : Doctolib « est en position dominante »

L’Autorité de la concurrence explique que « Doctolib, compte tenu de ses parts de marché et de celles, beaucoup plus faibles, de ses concurrents, de leur évolution, des barrières à l’entrée sur le marché et de l’absence de puissance d’achat compensatrice, est en position dominante sur le marché français des services de prise de rendez-vous médicaux en ligne, au moins depuis 2017 ».

Que ce soit en nombre de clients ou en chiffre d’affaires, les parts de marché de Doctolib « sont de manière constante supérieures à 50 % entre 2017 et 2022 et dépassent certaines années 90 % ». Même position dominante pour les téléconsultations, avec des parts de marché « supérieures à 40 % » aussi bien sur le nombre de clients que de téléconsultations.

Problème pour l’Autorité, « Doctolib a délibérément mis en œuvre plusieurs pratiques anticoncurrentielles ». C’est donc un abus de position dominante, une pratique condamnable et pour laquelle Doctolib écope de 4,665 millions d’euros d’amende.

Selon des documents, Doctolib voulait « verrouiller » patients et médecins

L’Autorité de la concurrence détaille ses griefs. Tout d’abord, jusqu’en septembre 2023, Doctolib imposait dans ses contrats avec les professionnels de santé « une clause d’exclusivité, combinée à une clause dite « anti-allotement » permettant à Doctolib de suspendre ou résilier le contrat ».

Dans des documents internes, des dirigeants affichaient sans détour leur volonté « [d’] être une interface obligatoire et stratégique entre le médecin et son patient afin de les verrouiller tous les deux » pour « ne laisse[r] aucun cabinet à la concurrence », rapporte l’Autorité. La formulation a le mérite de ne laisser aucune place au doute.

Doctolib mettait en avant des difficultés techniques ou opérationnelles pour exiger des professionnels de santé qu’ils résilient leur abonnement à un service concurrent pour passer sur la plateforme dominante sur le marché, un argument qui n’a visiblement pas fait mouche auprès de l’Autorité.

Alors que le service juridique de Doctolib alertait en interne sur l’illégalité d’une telle clause et insistait « vraiment fortement » pour la supprimer, le président de Doctolib aurait décidé de la maintenir selon l’Autorité, arguant « qu’il [fallait] stratégiquement la garder ». Selon l’enquête de l’AdlC, cela a eu des conséquences sur le marché : « certains opérateurs, tels que Solocal ou Qare, ont cessé de développer leur service ou ont même abandonné l’idée d’en développer ».

Sur les téléconsultations, « dès le lancement de Doctolib Téléconsultation en 2019, les contrats d’abonnement prévoyaient la souscription préalable obligatoire à Doctolib Patient », avec toutes les problématiques que nous venons d’évoquer sur la concurrence.

MonDocteur : du rachat à la « disparition en tant que concurrent »

Doctolib aurait aussi mis en place une pratique radicale pour « killer le produit » d’un concurrent. En juillet 2018, la plateforme a racheté MonDocteur qui était présenté dans des documents internes comme « concurrent # 1 ».

Ces mêmes documents ne laisseraient aucune place au doute quant à la finalité du rachat : « la création de valeur […] n’est pas l’ajout de l’actif [MonDocteur] mais sa disparition en tant que concurrent ». Après le rachat, « Doctolib fonctionnera sans plus aucune concurrence en France » indiquerait un document rédigé à la demande de Doctolib, selon l’Autorité de la concurrence.

Débarrassée de son « concurrent #1 », Doctolib y voyait aussi un moyen de « réduire la pression sur les prix » et ainsi les augmenter de « 10 à 20 % », toujours selon le communiqué de l’Autorité. Cette dernière confirme que « Doctolib a bien procédé ultérieurement à plusieurs augmentations successives de ses tarifs ». Cette opération aurait permis à Doctolib d’engranger 10 000 nouveaux professionnels de santé et d’augmenter ses parts de marché, même avec les hausses de prix.

Ce rachat n’est pas passé par le contrôle des concentrations car il se situait « sous les seuils de notification qui déclenchent un examen ex ante de la part des autorités de concurrence ». Mais, comme le permet la jurisprudence depuis l’affaire Towercast, rien ne s’oppose à une analyse a posteriori d’un possible abus de position dominante. L’Autorité considère dans sa décision que ce rachat « constituait un abus de position dominante contraire aux articles 102 TFUE et L. 420 - 2 du Code de commerce ».

Deux amendes : 4 615 000 et 50 000 euros

Dans sa conclusion, l’Autorité de la concurrence affirme que ces pratiques ont bien eu pour effet « d’évincer les concurrents sur les marchés concernés ». Peu importe « les mérites propres de cette entreprise, qui ne sont pas contestés », ajoute-elle.

L’amende se décompose en deux parties. D’une part, « Doctolib a mis en œuvre, par les deux pratiques d’exclusivité et de ventes liées, une infraction, unique complexe et continue en élaborant une stratégie globale anticoncurrentielle visant à verrouiller le marché et à évincer ses concurrents ». La plateforme est sanctionnée de 4 615 000 euros.

D’autre part, le rachat de MonDocteur, « dans le seul et unique but de faire disparaitre son principal concurrent et de verrouiller le marché », est sanctionné de 50 000 euros. Pourquoi une somme qui semble relativement faible ? À cause d’une « incertitude juridique » avant 2023.

En effet, « la pratique mise en œuvre par Doctolib avait pour point de départ une date antérieure à l’arrêt Towercast, qui a clarifié la jurisprudence en réaffirmant la portée de l’arrêt Continental Can du 21 février 1973, appliquant les règles relatives aux abus de position dominante aux opérations de concentration ».

Au total, on arrive donc aux 4,665 millions d’euros. La sanction arrive quelques jours seulement après que le PDG de Doctolib (Stanislas Niox-Chateau) a expliqué que la plateforme était rentable « depuis quelques semaines ». L’Autorité « enjoint » – ou ordonne expressément – à Doctolib « de publier un résumé de la décision dans l’édition papier et sur le site Internet du journal « Le Quotidien du Médecin » ». Bien évidemment, cette décision peut faire l’objet d’un recours. Doctolib a d’ailleurs déjà annoncé son intention de faire appel.

Doctolib affirme n’être « en aucun cas en position dominante »

Pour la plateforme, cette décision « présente une lecture erronée de notre activité, et de notre secteur ». Elle affirme qu’elle n’est « en aucun cas en position dominante » et « n’équipe aujourd’hui que 30 % des soignants français (10 % en 2019 au moment de la plainte) »… sans préciser pour autant la part de marché de ses concurrents ni combien de professionnels de santé sont sur ce genre de plateforme.

MonDocteur est présenté comme « une petite start-up en 2018, qui équipait 2 % des soignants au moment du rachat », alors que Doctolib était à 10 % au même moment. La plateforme présente cette opération de croissance externe comme une « banalité absolue dans la vie d’une entreprise ».

Doctolib défend le bien-fondé du lien entre la téléconsultation et le reste du logiciel Doctolib : « la déconnecter aboutirait à des difficultés conséquentes pour le suivi des patients et l’activité quotidienne des soignants. C’est cette connexion qui permet l’accès au dossier patient, le partage d’ordonnance et la facturation ».

Enfin, toujours selon la plateforme, cette décision « s’appuie enfin sur l’existence passée d’une clause d’exclusivité il y a 11 ans, qui était présente seulement pour prévenir un mauvais usage de notre logiciel par les soignants ».

La décision complète de l’Autorité n’est pas encore disponible, mais elle sera intéressante à lire car elle permettra d’analyser le détail de la procédure, des échanges et des arguments des deux parties. Les deux parties auront de toute façon rendez-vous pour la procédure en appel.

Des « solutions fiables, sécurisées et sans engagement » ?

Dans son communiqué, Doctolib affirme que son « seul et unique objectif depuis le premier jour est de développer des solutions fiables, sécurisées et sans engagement ». Rappelons que la vie de Doctolib est loin d’être un fleuve tranquille ces dernières années.

En plus de la condamnation du jour par l’Autorité de la concurrence, elle a fait face à un « incident technique » en 2023 avec la perte de données médicales et, en 2020, au vol d’« informations administratives de 6 128 rendez-vous ».

Il y a également eu une procédure devant le Conseil d’État pour faire suspendre le partenariat entre l’État et Doctolib, sans succès. En cause, l’hébergement des données sur Amazon Web Services, avec toutes les questions que cela soulève sur la souveraineté. La question se pose aujourd’hui pour les données de santé chez Microsoft. Signalons enfin une longue enquête de Télérama en 2020 sur la sécurité, titrée « Sur Doctolib, le secret médical est soigné avec beaucoup trop de légèreté ».

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Shein : les 200 000 colis arrivés cette nuit en France « seront tous contrôlés. Tous. »

Shehin
Shein : les 200 000 colis arrivés cette nuit en France « seront tous contrôlés. Tous. »

Depuis l’affaire des « poupées sexuelles à caractère pédopornographique », la plateforme chinoise Shein est dans le viseur du gouvernement. Afin de chercher « des preuves », l’ensemble des 200 000 colis arrivés cette nuit sont contrôlés… Mais de quelles preuves a-t-on encore besoin ?

Ce matin, les ministres Serge Papin et Amélie de Montchalin étaient aux côtés « des agents des douanes à l’aéroport Charles-de-Gaulle pour une opération exceptionnelle ». « Cette nuit, 200 000 colis sont arrivés à Roissy-Charles-de-Gaulle : ils seront tous contrôlés. Tous. Nous avons, une nouvelle fois, constaté la présence de produits non conformes aux règles », explique Serge Papin sur X.

Surprise (ou pas) : « des produits non conformes et illicites »

« Les premiers constats font apparaître des produits non conformes et illicites : cosmétiques non autorisés, jouets dangereux pour les enfants, contrefaçons, appareils électroménagers défaillants », ajoute Amélie de Montchalin. Ce qui ne devrait malheureusement surprendre personne tant la sonnette d’alarme est tirée depuis des années. Dernier rappel en date, fin octobre, avec une enquête de l’UFC-Que Choisir sur plusieurs catégories de produits.

« L’aéroport Paris–Charles de Gaulle est la première frontière de la France, et l’un des principaux points d’entrée des marchandises issues du e-commerce international. Chaque année, 95 % des flux de colis en provenance de Chine y transitent avant d’être distribués sur l’ensemble du territoire », ajoute la ministre.

« Il faut qu’on puisse avoir des preuves »

« Pour que nous puissions réussir à mettre un frein à un système qui est manifestement non conforme par rapport à toutes nos normes, nos règles et notre fiscalité, il faut qu’on puisse avoir des preuves ».

Des preuves, la France en a pourtant déjà, comme le rappelle la ministre dans la suite de son discours : « les douaniers en ont tous les jours ». La différence ? « Aujourd’hui la plateforme ne pourra pas dire qu’on a juste ouvert les mauvais paquets ».

« Nous ne sommes pas impuissants, nous sommes très mobilisés », affirme-t-elle ; « on n’arrêtera pas les contrôles tant que les normes ne seront pas respectées ». Si les douaniers vérifient des colis tous les jours, il n’en reste pas moins que l’importation de produits non conformes et/ou dangereux est une réalité depuis longtemps, et pas uniquement sur Shein. Temu, Wish et AliExpress ne sont pas épargnées.

800 millions de colis de Chine chaque année

L’année dernière, le patron de la Poste expliquait qu’Amazon, Temu et Shein représentaient 43 % des colis acheminés par ses services en Europe. La montée en puissance des plateformes chinoises était impressionnante : « Temu et Shein, qui représentent 22 % de nos colis en Europe. C’était moins de 5 % il y a cinq ans », affirmait Philippe Wahl, PDG de la Poste.

En avril, Amélie de Montchalin expliquait à l’Assemblée nationale que « 94 % de ces 800 millions d’articles [venant de Chine] sont non conformes et d’abord en termes de sécurité. Nous parlons d’articles qui incendient nos maisons, de produits cosmétiques qui rendent malade, de jouets qui sont toxiques pour nos enfants ».

La différence étant la vente, et la livraison, en France de « poupées sexuelles d’apparence enfantine » sur Shein et AliExpress. S’en sont suivi des enquêtes judiciaires françaises, européennes et une procédure de suspension contre Shein par le gouvernement français.

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☕️ Microsoft reconnait un bug forçant la récupération BitLocker au redémarrage de Windows

La dernière livraison de mises à jour de sécurité destinées à Windows 11, datée du 14 octobre dernier, a entraîné un problème au redémarrage chez certains utilisateurs : le renvoi systématique vers l’écran de récupération de la clé de chiffrement BitLocker.

Microsoft n’a pas communiqué publiquement sur le sujet, mais le problème a été signalé sous forme d’alerte aux administrateurs (voir par exemple l’incident WI1183025) sur le portail de gestion des comptes Microsoft 365, comme le rapporte notamment Bleeping Computer.

« Après l’installation des mises à jour Windows publiées à partir du 14 octobre 2025, certains appareils pourraient rencontrer des problèmes lors du redémarrage ou du démarrage, explique Microsoft. Les appareils concernés pourraient démarrer sur l’écran de récupération BitLocker, obligeant les utilisateurs à saisir la clé de récupération une seule fois. Une fois la clé saisie et l’appareil redémarré, il démarrera normalement sans aucune autre invite BitLocker. »

La clé de récupération n’est en principe demandée au démarrage qu’en cas de risque de sécurité ou de modification matérielle – crédit Microsoft

BitLocker est pour mémoire le composant chargé du chiffrement des partitions utilisées par le système d’exploitation. Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’il se retrouve impliqué dans des scénarios de tentatives de récupération intempestives ou de redémarrages en boucle.

Cette fois, il semblerait que le problème soit lié à la façon dont Windows gère, après application de ces récentes mises à jour, la fonctionnalité Modern Standby (niveau de veille S0, qui permet une sortie de veille quasi instantanée et le maintien des échanges réseau en tâche de fond) sur certains processeurs Intel. En attendant la publication programmée d’un correctif, Microsoft invite les administrateurs à déployer un rollback (retour à configuration antérieure).

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DMA : iOS ajoute des fonctions, iOS reprend une fonction

Plus de fonction, plus de problème
DMA : iOS ajoute des fonctions, iOS reprend une fonction

Alors que la bêta d’iOS 26.2 apporte bon nombre d’améliorations et active la traduction automatique des AirPods en Europe, la future version 26.4 devrait supprimer la connexion automatique des Apple Watch aux réseaux Wi-Fi. Pour l’entreprise, c’est une conséquence directe du DMA.

24 heures après l’arrivée d’iOS 26.1, Apple a diffusé la première bêta d’iOS 26.2 auprès des développeurs. Elle contient bon nombre d’améliorations, mais illustre surtout les tensions existantes entre l’entreprise et la Commission européenne.

La traduction automatique arrive

Sur le plan des nouveautés d’abord, il y a un peu de tout. Sur l’écran verrouillé par exemple, on peut maintenant faire varier l’intensité de l’effet Liquid Glass pour l’horloge. On note aussi l’arrivée des tableaux dans Freeform, l’apparition d’une option pour inscrire les sites dont on ne veut pas que l’application Mots de passe enregistre les identifiants, une révision de la méthode de calcul pour le score de sommeil, la possibilité de faire sonner une alarme quand un rappel arrive à échéance ou encore la possibilité de faire flasher l’écran en plus des LED du bloc photo en cas d’alerte.

Parallèlement, iOS 26.2 apporte une fonction importante pour les AirPods : la traduction automatique. Elle est officiellement disponible depuis iOS 26 sur les AirPods Pro 2 et 3, ainsi que les AirPods 4. En Europe cependant, en conséquence du DMA, son déploiement avait du retard. Apple n’a eu de cesse de s’en plaindre, critiquant l’Union pour ses législations qui retardent le progrès et empêchent de « faire des affaires » convenablement.

En revanche, Apple va supprimer une fonction avec l’arrivée d’iOS et watchOS 26.4, qui devraient arriver au printemps prochain : la connexion automatique aux réseaux Wi-Fi pour la montre. L’Apple Watch se connecte en effet toute seule aux réseaux Wi-Fi enregistrés dans l’iPhone, par synchronisation des informations.

Apple n’aime décidément pas le DMA

Pourquoi un tel retrait ? C’est la conséquence des demandes de la Commission européenne, a expliqué Apple à Numerama. Selon l’entreprise, la Commission exige qu’Apple partage la liste des réseaux Wi-Fi avec les entreprises qui en font la demande, afin que leurs produits puissent profiter des mêmes capacités, en l’occurrence de la connexion automatique.

Pour Apple, cette demande peut paraître légitime, mais elle entraine de sérieux problèmes de sécurité et de protection de la vie privée. Partager l’historique des réseaux Wi-Fi, y compris la connexion en cours, peut permettre à une entreprise de localiser l’utilisateur et donc d’utiliser ces informations pour personnaliser de la publicité ou même suivre ses déplacements.

Le problème n’est pas nouveau, Apple l’a dit et répété dans sa guerre de communication avec la Commission européenne. On se souvient notamment que la société à la pomme avait accusé Meta d’abuser du DMA et des demandes d’interopérabilité au point de militariser la législation pour obtenir des données très personnelles et des renseignements sur les technologies d’Apple.

Plus de fonction, plus de problème

Apple, droite dans ses bottes sur ce sujet, ne veut donc rien savoir. Plutôt que de développer une autre approche, l’entreprise a ainsi décidé de supprimer la fonction incriminée. Ce qui ne signifie pas que l’Apple Watch ne pourra plus se connecter aux réseaux Wi-Fi, mais qu’il faudra sans doute passer par une manipulation manuelle, comme le suggère iGen.

Pour nos confrères, la montre pourrait simplement provoquer l’apparition d’une alerte sur l’iPhone pour confirmer le partage du mot de passe. Cette solution est déjà employée quand un iPhone détecte qu’un appareil cherche à rejoindre le même réseau Wi-Fi. Auquel cas, il suffirait de valider la notification au lieu d’avoir une connexion automatique, entrainant un désagrément mineur.

Rappelons cependant qu’il s’agit d’un message d’intention communiqué à Numerama. Ce qui laisse plusieurs mois à la Commission européenne et à Apple pour régler la question. Mais si le DMA impose bien des règles strictes en matière d’interopérabilité pour les entreprises nommées comme contrôleurs d’accès, il est possible qu’iOS 26.4 finisse bien par supprimer la connexion automatique.

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L’arrivée de Rust dans APT provoque des débats dans la communauté Debian

L’arrivée de Rust dans APT provoque des débats dans la communauté Debian

L’un des développeurs de Debian a annoncé l’inclusion prochaine de code en Rust dans le gestionnaire APT. La décision reflète une volonté de renforcer la sécurité du composant, mais soulève de nombreuses questions et critiques.

Comme nous l’avons vu récemment à travers notre interview de Sylvestre Ledru, directeur de l’ingénierie chez Mozilla, le langage Rust s’insinue partout. Ses performances et ses mécanismes de sûreté de la mémoire en font la nouvelle coqueluche de bon nombre d’entreprises pour la programmation système.

Du Rust dans APT

Dans la sphère Linux, son arrivée provoque davantage de remous, avec des débats relatifs à son utilisation dans le noyau. Dans Debian, le développeur Julian Andres Klode a publié le soir d’Halloween un message important :

« Je prévois d’introduire des dépendances Rust et du code Rust dans APT, au plus tôt en mai 2026. Cela concernera dans un premier temps le compilateur Rust, la bibliothèque standard et l’écosystème Sequoia. Notre code d’analyse des fichiers .deb, .ar et .tar, ainsi que le code de vérification des signatures HTTP, bénéficieraient particulièrement de l’utilisation de langages sécurisés en mémoire et d’une approche plus rigoureuse des tests unitaires. Si vous maintenez un port sans chaîne d’outils Rust fonctionnelle, veuillez vous assurer qu’il en dispose dans les six prochains mois, ou supprimez le port. Il est important pour l’ensemble du projet de pouvoir aller de l’avant et de s’appuyer sur des outils et des technologies modernes, sans être freiné par la tentative d’adapter des logiciels modernes à des appareils informatiques rétro »

Dans le courant de l’année prochaine, le gestionnaire de paquet APT va donc commencer à intégrer du code en Rust. Autrement dit, Debian elle-même aura une exigence stricte sur la prise en charge du langage sur toutes les architectures.

Critiques et inquiétudes

Pour les utilisateurs de la distribution, cela ne devrait rien changer. Pour les développeurs en revanche, il y aura des travaux plus ou moins importants, car il faudra prévoir une chaine de compilation Rust fonctionnelle en plus des outils traditionnels comme GCC. En clair, la complexité va monter d’un cran, notamment sur les architectures moins courantes où le langage n’est pas bien supporté.

Pourquoi ce problème ? Parce que le compilateur Rust repose sur l’infrastructure LLVM, quand l’immense majorité des compilations dans les systèmes Linux sont effectuées avec GCC. Si LLVM présente certains avantages (comme la compilation Just-in-time), il est également supporté par un plus petit nombre d’architectures, contrairement à GCC qui est plus ancien, plus éprouvé et présent pratiquement partout.

Dans les commentaires de Phoronix, on peut lire différentes inquiétudes au sujet de cette annonce. La principale est qu’en l’absence de compilateur Rust sur une partie des architectures supportées par Debian, la distribution risque de perdre son côté « universel » à sa prochaine itération majeure. Certains commentaires mettent aussi en avant la fiabilité éprouvée de GCC, qui correspond à la philosophie de Debian de ne pas bondir sur les dernières technologies, privilégiant la plus grande stabilité possible.

Citons également le poids : le compilateur Rust et sa chaine d’outils sont plus volumineux que GCC et sa compilation est plus lente, ce qui pourrait poser problème pour les systèmes embarqués et des configurations plus anciennes. D’autres encore s’inquiètent d’une dépendance accrue envers l’écosystème Rust et ses binaires précompilés, créant des interrogations sur la sécurité et l’auditabilité du code.

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☕️ De l’IA dans Tinder pour analyser les données et photos des utilisateurs

Match Group, géant des applications de rencontres, a expliqué aux investisseurs qu’il allait utiliser l’IA pour traiter les données de ses utilisateurs et leur proposer une nouvelle fonctionnalité. Celle-ci, nommée Chemistry, explique TechCrunch, s’appuiera sur des questions posées aux utilisateurs et sur leurs photos (avec leur permission) pour proposer des « matchs » qui se voudront plus affinés.

Chemistry est déjà testée en Nouvelle-Zélande et en Australie et doit, selon le CEO de Match Group, Spencer Rascoff, devenir le « pilier majeur de l’expérience produit de Tinder en 2026 ».

Tinder utilise déjà l’IA générative pour la modération des discussions privées : l’application demande à l’utilisateur s’il est sûr de vouloir envoyer un message étiqueté comme potentiellement offensant par le système. L’application propose aussi d’aider l’utilisateur à choisir les photos à mettre en avant.

Match Group semble vouloir relancer son application phare avec l’IA alors que le groupe a indiqué que les revenus de Tinder avaient baissé de 3 % au troisième trimestre comparé à celui de l’année dernière et qu’elle voit son nombre d’utilisateurs payants baisser de 7 %.

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