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☕️ La manosphère est un terreau de l’extrémisme pour le ministère de l’Intérieur britannique


La manosphère est un terreau de l’extrémisme pour le ministère de l’Intérieur britannique

Le nationalisme hindou, la misogynie et la manosphère ont été identifiés comme terreaux propices à l’extrémisme, selon un rapport commandé par la ministre de l’Intérieur britannique après les émeutes qui ont secoué le pays à l’été 2024.

Pour lutter contre l’extrêmisme, rapporte the Guardian, le document enjoint les autorités à adopter une « approche basée sur le comportement et idéologiquement agnostique », plutôt que de concentrer ses forces sur des « idéologies préoccupantes ».

Sous le titre « misogynie extrême », le rapport indique qu’une « une sous-culture numérique appelée « manosphère » contient une quantité importante de contenus directement axés sur la misogynie, parfois liés à des tropes d’extrême droite. La « manosphère » englobe un large éventail de communautés, parmi lesquelles les militants pour les droits des hommes, des pick-up artists [« artistes de la drague », ndlr], des Men Going Their Own Way [MGTOW, « hommes qui suivent leur propre voie »] et des « célibataires involontaires » [« incels »] ».

Le rapport pointe « un chevauchement entre certains récits de la manosphère, en particulier les croyances incel, et l’idéologie d’extrême droite, notamment les récits racistes. La mondialisation et le multiculturalisme, qui sont au centre de nombreux récits de l’extrême droite, sont souvent accusés d’être des facteurs de célibat chez les « célibataires ». »

Le document souligne par ailleurs que les idéologies d’extrême-droite, « en particulier sur l’immigration et le maintien de l’ordre » (toute une partie des discours britanniques de l’été 2024 tournaient au tour d’un traitement policier supposé être à deux vitesses), « s’infiltrent » dans la culture dominante. 


C’est pour faire face à cette « mainstreamisation » de thèses violentes et assurer une « pérennité » de l’approche de l’extrémisme que le document appelle à se baser sur des « comportements et des activités préoccupantes » plutôt que sur la lutte contre des idéologies spécifiques.

☕️ Ordinateur quantique universel : Alice & Bob lève 100 millions d‘euros



La startup française précise que cette levée de fonds de 100 millions d’euros a été menée par Futur French Champions (joint-venture entre Qatar Investment Authority et Bpifrance), AVP (AXA Venture Partners) et Bpifrance. Le but est de « construire le premier ordinateur quantique utile au monde, d’ici 2030 ».

Alice & Bob développe des qubits de chat, en hommage à l’expérience du chat de Schrödinger. Ils « sont uniques, car ils rendent possible la mise à l’échelle des ordinateurs quantiques : là où les approches conventionnelles nécessiteraient des millions de qubits, nous n’en aurions besoin que de milliers », explique Théau Peronnin (CEO de l’entreprise).

« Un « qubit de chat » est un qubit « idéal » sans erreur, basé sur l’état quantique du chat de Schrödinger […] Il apporte une solution autonome et intégrée au problème central de l’ordinateur quantique : la correction des erreurs », explique Inria. Alice & Bob veut ainsi mettre au point « un ordinateur quantique universel et sans erreur ».

Dans son communiqué, Alice & Bob détaille un peu la manière dont cette manne financière sera utilisée : « Près de la moitié des fonds serviront à financer la construction en cours d’un laboratoire et d’une installation de production de pointe, et des fonds supplémentaires seront utilisés pour agrandir l’équipe, qui a doublé au cours de l’année écoulée ».

La roadmap de l’entreprise est disponible par ici.

Cette année, la Journée de la protection des données a une saveur particulière

Il reste encore des données à protéger ?
Cette année, la Journée de la protection des données a une saveur particulière

Bonne journée européenne de la protection des données… avec une saveur particulière cette année puisque les fuites de données personnelles s’enchainent depuis un an. Des données de dizaines de millions de Français sont dans la nature… rappelant plus que jamais l’important d’être prudent.

Au milieu de toutes les fuites… bonne journée de la vie privée !

Comme le rappelle le Conseil de l’Europe, le 28 janvier est la Journée de la protection des données. Elle a été mise en place en 2006 (la première édition date néanmoins de 2007) par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe : « Cette journée est aujourd’hui célébrée dans le monde entier, sous le nom de « Journée internationale de la protection des données » ou « Journée de la vie privée » ». Elle n’est toutefois pas au calendrier des journées mondiales des Nations Unies.

La date n’est pas choisie au hasard : « elle marque l’anniversaire de l’ouverture à la signature de la Convention pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel [du 28 janvier 1981, ndlr], sensibilisant ainsi à la nécessité de respecter et de protéger la vie privée des individus et soulignant le rôle de la Convention 108 pour les flux transfrontières de données dans le monde », explique le Conseil de l’Europe.

Cette année, cette journée « invite à réfléchir et à discuter de l’évolution du mandat de la protection des données, en particulier de son rôle essentiel en tant que garantie de notre société démocratique contre les intrusions excessives dans la vie privée des individus par des acteurs publics ou privés et leur impact sur les droits humains, l’État de droit et la démocratie ».

Protéger vos données !

Chacun y va de sa petite annonce à cette occasion, notamment Cybermalveillance.gouv. Le site rappelle les bonnes pratiques pour protéger vos informations personnelles, professionnelles et bancaires.

Premier point, les mots de passe : ils doivent être complexes et uniques pour chaque service. Le but étant d’éviter qu’une fuite, et elles sont nombreuses, ne puisse avoir des incidences sur d’autres comptes. La CNIL et l’ANSSI ont mis à jour leurs recommandations en 2021 et rappellent qu’en changer régulièrement est « contre-productif ».

On ne le répétera jamais assez, mais faites des sauvegardes régulières ! Une sauvegarde ce n’est pas seulement copier des documents sur une clé USB. Et, surtout, une sauvegarde ça se teste pour vérifier que tout fonctionne bien et que l’on pourra récupérer ses données en cas de besoin.

Cybermalveillance ajoute aussi de ne pas oublier que les « mises à jour sont essentielles pour garantir votre cybersécurité, car elles corrigent les failles de sécurité ». Un exemple pas plus tard qu’aujourd’hui avec une faille 0-day chez Apple. On pourrait multiplier les exemples quasiment à l’infini.

Soyez vigilants !

Vous avez beau prendre un maximum de précaution, une fuite peut arriver via un service tiers. Les exemples sont nombreux ces derniers mois. L’année 2024 a été marqué par la fuite chez France Travail sur 43 millions de personnes, le point d’orgue des fuites précédentes.

Les risques sont toujours les mêmes avec les fuites de données : du phishing grâce aux informations récoltées afin de tenter d’en récupérer d’autres ou de vous soutirer de l’argent. Surtout que l’on peut facilement combiner ces informations avec d’autres fuites/trouvailles sur Internet. Tout le monde est concerné et la prudence doit être de mise face à des messages, appels et toutes formes de sollicitations.

Face à la recrudescence des actes de cybermalveillance, le Service d’Information du Gouvernement (SIG) rappelle « un réflexe à adopter : se rendre sur 17Cyber.gouv.fr pour obtenir des conseils pratiques et recevoir gratuitement une assistance ». Cette plateforme a été lancée mi-décembre 2024.

Hausse des fuites en 2024 et nouvelles escroqueries

Le SIG confirme s’il en était besoin que, en 2024, « les violations de données ont connu une hausse importante ». La CNIL a ainsi enregistré 5 629 notifications de violations de données (+ 20 % en un an). « Beaucoup sont liés à des fuites de données personnelles massives, exploitant des vulnérabilités dans les systèmes de sécurité des organisations ». Selon l’ANSSI cette fois-ci, « 115 incidents ont été traités en 2024, ayant conduit à des exfiltrations de données ».

Le SIG revient sur une escroquerie qui a le vent en poupe ces derniers temps : « un message prétendant être celui d’un « livreur » vous informe que votre colis ne peut être livré et vous invite à fournir des informations personnelles sous forme de lien, vous exposant ainsi à un vol de données bancaires ». Il y a également les faux messages pour une urgence familiale dans lesquels « l’intelligence artificielle est souvent utilisée pour créer des profils et des vidéos de proches ».

La fuite d’un IBAN n’est pas sans risque

En plus des données personnelles, on retrouve parfois des données bancaires avec l’IBAN. L’association Aides.org, Free et Red by SFR en ont fait les frais. La fuite d’IBAN n’est pas anodine et mérite qu’on surveille son compte de près.

Qu’est-ce qu’une donnée personnelle ? Comment ça marche ?

L’Institut national de la consommation (INC) rappelle ce qu’est une donnée personnelle et quels sont vos principaux droits. Il s’agit « de toute information se rapportant à une personne physique (vous) clairement identifiée ou qu’il est possible d’identifier ». Cela comprend évidemment vos nom, numéro de téléphone fixe, adresse postale, email, description physique, etc.

Autre point important : l’utilisation de vos données et le consentement : « Les professionnels peuvent utiliser vos données à condition notamment de vous avoir informé de la finalité de la collecte, des destinataires de vos données, de la durée de la collecte et de vos droits ».

Vous avez également plusieurs droits : à l’information, à la rectification, à l’oubli et à l’opposition. La CNIL dispose d’un dossier sur le sujet. Comme nous l’avons récemment expliqué avec les bandeaux RGPD, donner son accord avec le bouton « tout accepter » peut envoyer vos données vers des centaines de « partenaires ».

Israël – Hamas : Microsoft a largement fourni l’armée israélienne en cloud et IA

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Israël – Hamas : Microsoft a largement fourni l’armée israélienne en cloud et IA

D’après des documents obtenus par + 972 Magazine et plusieurs autres médias, l’armée israélienne s’est largement appuyée sur les services de Microsoft pour gérer l’infrastructure technique qui lui a servi dans ses attaques contre Gaza.

Le 7 octobre, le Hamas fauchait la vie de 1 200 Israéliens, principalement des civils, et en prenait 240 autres en otage. Depuis, plus de 47 161 personnes ont été tuées à Gaza, dont 14 500 enfants, et plus de 111 000 ont été blessés. Ce bilan vaut à Israël d’être accusée de risque plausible de génocide par la Cour Internationale de Justice, puis de génocide par les experts de l’ONU, et de nombreuses organisations non gouvernementales.

Pour commettre ces actes, Israël s’est notamment appuyé sur une large infrastructure numérique. Parmi ses principaux fournisseurs, que ce soit en termes de services de cloud ou d’intelligence artificielle : Microsoft, d’après des documents commerciaux du ministère Israélien de la Défense et des documents de filiales israélienne du géant états-unien obtenus par le média israélo-palestinien + 972 Magazine.

Plusieurs dizaines d’unités aériennes, terriennes et navales de l’armée israélienne ont acheté des services de la plateforme cloud Azure au fil des derniers mois, unité 8200, l’unité de renseignement israélienne, comprise. En collaboration avec the Guardian, Drop Site News et le média en langue hébreu Local Call,+ 972 Magazine détaille comment Microsoft a déployé une « empreinte dans toutes les grandes infrastructures militaires » d’Israël au gré du conflit en cours. Ceci, alors que certains de ses employés protestaient : deux d’entre eux ont été licenciés fin octobre 2024 après avoir organisé une veillée pour les Palestiniens tués à Gaza.

En octobre 2024, selon ces documents, l’usage que l’armée faisait des outils d’IA fournis par Azure était sept fois plus élevé que celui réalisé le mois précédant l’attaque du Hamas. En mars 2024, il avait été multiplié par 64. D’après Drop Site News, le conflit a fait grimper Israël parmi les 500 plus gros clients de Microsoft.

Azure partout

Parmi les unités dont les documents révèlent l’usage d’Azure,+ 972 cite l’unité Ofek de l’aviation israélienne, en charge de la gestion des vastes bases de données qui permettent d’automatiser la recherche de potentielles cibles aériennes. Dans une précédente enquête, le magazine israélo-palestinien avait détaillé comment l’armée automatisait ses frappes, grâce à plusieurs systèmes nommés « Alchimiste », « Évangile » (Habsora en hébreu), « Profondeur de la sagesse » ou encore « Usine à feu ».

L’unité Matspen, en charge du développement de systèmes opérationnels et de combat, et l’Unité Sapir, qui gère l’infrastructure numérique de la Direction du renseignement militaire, font aussi partie des clients identifiés. Si les usages précis de chacun des outils utilisés ne sont pas précisés dans les documents obtenus par les quatre médias, ces derniers permettent de calculer qu’un tiers de services achetés à Microsoft étaient destinées aux systèmes isolés d’Internet et des réseaux publics. Cela « renforce la probabilité que ces outils aient servi des objectifs opérationnels – tel que le combat et le renseignement » écrit + 972 Magazine.

Auprès du média, sept sources ont affirmé que l’armée israélienne était devenue toujours plus dépendante de la société états-unienne au gré du conflit, principalement parce que ses offres de stockage et la puissance de calcul permettait d’utiliser beaucoup plus de données beaucoup plus longtemps que ce que l’armée aurait été capable de faire autrement.

Les auteurs de l’enquête relèvent par ailleurs « augmentation dramatique » du stockage cloud utilisée par l’armée israélienne en avril 2024, juste avant l’offensive menée contre la ville de Rafah. « L’utilisation du stockage est un indicateur important de l’ampleur de l’utilisation de l’IA, car le stockage augmente généralement avec l’utilisation d’autres produits en nuage », précise Drop Site News.

Plusieurs des centres de données qui ont servi à enregistrer les informations de l’armée israélienne sont situés en Europe, indique encore le média.

Explosion de l’usage de GPT

Microsoft Azure permet par ailleurs d’administrer des systèmes comme celui appelé « Rolling Stone », que l’armée utilise pour gérer les registres de population et les mouvements des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.

L’armée est par ailleurs consommatrice de systèmes d’IA du géant états-unien. Parmi ces derniers : des outils de traduction, le GPT-4 d’OpenAI, un outil de speech-to-text et un autre d’analyse automatique de documents.

Si l’armée a commencé à souscrire à GPT-4, le système d’OpenAI, dès août 2023,+ 972 Magazine constate que son usage a été multiplié par 20 depuis octobre 2023, comparé à la période pré-conflit. Auprès du média, un porte-parole d’OpenAI indique la société « n’a pas de partenariat avec l’armée israélienne ».

Cela dit, Microsoft a investi 13 milliards de dollars dans la société. Les clauses d’Open AI interdisant l’usage de ses systèmes pour des activités « militaires ou guerrières » ont par ailleurs été supprimées discrètement en janvier 2024.

19 000 heures de support technique

Les équipes de Microsoft ont par ailleurs été largement sollicitées pour accompagner l’armée israélienne dans leurs travaux. Plusieurs unités ont ainsi acheté des « services étendus d’ingénierie », ce qui, selon la propre documentation de Microsoft, fait partie intégrante de son service client.

Entre octobre 2023 et juin 2024, relève encore + 972, le ministère de la Défense Israélienne a dépensé 10 millions de dollars pour financer 19 000 heures de support technique du géant états-unien. Auprès de + 972, un agent de l’unité 8200 décrit des développeurs si impliqués dans le travail des forces armées qu’il en parlait comme de « personnes qui travaillaient déjà avec l’unité », comme s’ils étaient des soldats à part entière.

Drop Site News relève de son côté que 30 millions de dollars de dépense supplémentaires étaient envisagées en 2024 pour d’autres projets de support. Il précise que le montant total du contrat du ministère israélien avec la société états-unienne « est beaucoup plus élevé », mais que « le chiffre exact n’a pas pu être déterminé » à partir des documents obtenus.

En 2021, Microsoft a échoué à signer le « Project Nimbus », un contrat de 1,2 milliard de dollars pour la refonte de l’infrastructure cloud de l’armée israélienne, finalement remporté par une alliance entre Google et Amazon. En août,+ 972 Magazine soulignait que Microsoft Azure et Amazon AWS continuaient de concourir pour obtenir les meilleurs contrats auprès de l’armée israélienne.

Entre gouvernement Trump et manque d’efficacité du RGPD, noyb tire la sonnette d’alarme

Executive (dis)order
Entre gouvernement Trump et manque d’efficacité du RGPD, noyb tire la sonnette d’alarme

En moins d’une semaine, l’association noyb a enchainé sur deux sujets : les dangers que fait courir le nouveau gouvernement Trump sur les échanges de données avec les États-Unis et le trop faible nombre d’amendes pour les entreprises contrevenant au RGPD.

Le 23 janvier, l’association noyb (none of your business, « ce ne sont pas vos affaires ») alertait sur les risques posés par certains ordres exécutifs signés par Donald Trump, fraichement arrivée à la Maison-Blanche. L’un d’eux engendre le réexamen de toutes les décisions prises en matière de cybersécurité nationale prise durant le mandat de Joe Biden au cours des 45 jours suivants.

Un maillon important du Data Privacy Framework

Parallèlement, les membres démocrates du PCLOB (Privacy and Civil Liberties Oversight Board) ont été démis de leurs fonctions et leurs comptes de messagerie bloqués. En conséquence, souligne l’association, le Board ne peut plus fonctionner correctement, car le nombre minimal de membres nécessaire n’est plus atteint.

Or, le PCLOB est un maillon essentiel du Data Privacy Framework. Ce cadre établit une adéquation entre les législations européenne et américaine sur la protection de la vie privée. Il permet l’envoi des données personnelles européennes vers les serveurs des sociétés américaines, en partant du principe que les protections y sont équivalentes. Le DPF, qui avait pris la suite des Safe Harbor et Privacy Shield après leur invalidation (arrêts Schrems I et II), est depuis sous le feu de critiques nourries, notamment de noyb et du député Philippe Latombe (MoDem).

« Cet accord a toujours été construit sur du sable, mais le lobby des entreprises de l’UE et la Commission européenne le voulaient quand même. Au lieu d’une limitation juridique stable, l’UE a accepté des promesses exécutives qui peuvent être annulées en quelques secondes. Lorsque les premières vagues de Trump frappent cet accord, elles plongent rapidement de nombreuses entreprises de l’UE dans un vide juridique. Le PCLOB lui-même n’est qu’une pièce du puzzle et tant qu’il ne fonctionne que temporairement, on peut dire que l’accord n’est pas pire qu’avant. Toutefois, la direction prise dès la première semaine de la présidence Trump n’est vraiment pas bonne. Nous surveillons de près s’il s’agit d’un problème temporaire ou si le PCLOB est tué pour de bon », a déclaré Maximilien Schrems.

L’Europe s’est appuyée sur « des vœux pieux »

Pour le fondateur de noyb, ces décisions viennent prouver le manque d’indépendance de la plupart des organes de contrôle américain : « Des domaines juridiques entiers sont simplement réglementés par des décrets présidentiels ». « Il y avait beaucoup de questions sur l’indépendance de ces mécanismes de contrôle. Malheureusement, il semble qu’ils ne résisteront peut-être même pas à l’épreuve des seuls premiers jours d’une présidence Trump. C’est la différence entre des protections juridiques solides en droit et des vœux pieux – la Commission européenne s’est uniquement appuyée sur des vœux pieux », a-t-il ajouté.

Pour Maximilien Schrems, le DPF pourrait ne pas survivre aux décisions prises dans les prochaines semaines. Si le DPF devait à son tour tomber, les entreprises et particuliers européens replongeraient dans l’incertitude juridique. L’Europe devrait alors replonger dans la négociation d’un cadre, face à des États-Unis désormais pilotés par une doctrine America First.

Bilan du RGPD ? Bof bof, selon noyb

Dans une communication ce matin, l’association profite aussi de la journée mondiale de la protection des données pour dresser un bilan du RGPD. Si le règlement « a inauguré une nouvelle ère », la réalité « est beaucoup plus sombre » sept ans plus tard.

noyb fonde son avis sur l’analyse des statistiques de l’EDPB (European Data Protection Board), dont la mission est de coordonner l’application du RGPD dans l’Union européenne. Acide, l’association pointe ainsi « l'(in)activité des autorités nationales de protection des données », avec un chiffre coup de poing : 1,3 % seulement des affaires dont les autorités sont saisies en lien avec le RGPD aboutit à une amende.

L’application du RGPD ne se ferait ainsi que sur le papier, loin des promesses de son entrée en vigueur, en mai 2018. Comme pour le DPF, noyb reparle de « vœux pieux », tant les résultats sur la période 2018 - 2023 (pdf) sont loin des attentes. « Cela correspond à notre propre expérience pratique : la plupart des affaires trainent pendant plusieurs années, avant d’être closes par un règlement ou entièrement rejetées », ajoute l’association.

Au sein de l’Union, la France fait partie des mauvais élèves, avec un taux parmi les plus faibles (0,1 %). Des scores que l’association ne semble pas comprendre, car ces plaintes incluent des « infractions évidentes telles que des demandes d’accès sans réponse ou des bannières de cookies illégales, qui pourraient – en théorie – être traitées rapidement et d’une manière standardisée ».

noyb soulève également deux autres points. D’une part, non seulement le nombre d’amendes est excessivement bas, mais leur montant « sont une plaisanterie ». En prenant en compte la présence des multinationales américaines en Irlande (dont Apple, Google, Meta et Microsoft), l’autorité du pays affiche une moyenne de 476 millions d’euros par an, toutes amendes cumulées. Une somme jugée loin d’être dissuasive.

D’autre part, 40 % des amendes obtenues depuis l’entrée en vigueur du RGPD l’ont été grâce à noyb. « Cela signifie qu’en réalité, il semble plutôt y avoir un manque de volonté politique pour s’opposer aux géants de la technologie qu’un manque de possibilités d’agir », fustige l’association.

La communauté scientifique plébiscite Bluesky

Un ciel bleu pour la communication scientifique
La communauté scientifique plébiscite Bluesky

Alors qu’Elon Musk a joué un rôle central dans l’élection de Donald Trump, les chercheurs semblent avoir migré vers Bluesky, y trouvant un havre de paix comparé à X.

Le ciel est plus bleu ailleurs que sur X pour les chercheurs. Et notamment pour les lecteurs et lectrices de la revue scientifique Nature, qui déclarent avoir massivement migré vers Bluesky.

Mi-janvier, la revue leur a envoyé un sondage pour savoir si le réseau social dirigé par Jay Graber avait pris le pas sur celui racheté par Elon Musk en 2022. 70 % des 5 300 personnes qui ont répondu utilisent Bluesky, explique-t-elle.

Nature s’empresse d’expliquer que ce sondage n’est pas statistiquement représentatif des lecteurs de Nature ou de la communauté scientifique au sens large. Mais il montre néanmoins « l’enthousiasme récent des chercheurs pour Bluesky et le mécontentement envers X », interprète la revue. D’ailleurs, à une question sur leur discipline, les chercheurs qui y ont répondu (près de 4 000) ont indiqué travailler à 38 % en biologie, à 11 % en informatique et sciences de l’information, 9 % en physique et 9 % en sciences environnementales.

Exode massif

Plus de la moitié des répondants (52,5 %) ont, par contre, répondu qu’ils ont quitté X alors qu’ils l’utilisaient auparavant :

Pour la revue, ces chiffres montrent un « exode massif » de la communauté scientifique. Nature a aussi recueilli les sentiments de ses lecteurs sur la plateforme au papillon bleu.

Bluesky, le bon vieux Twitter d’il y a 10 ans pour les chercheurs ?

« Bluesky est bien meilleur pour la science. Il y a beaucoup moins de toxicité, de désinformation et de distractions », affirme l’un d’entre eux. Un autre explique : « mon flux est presque entièrement composé de scientifiques et je reçois des mises à jour sur la recherche qui sont pertinentes et opportunes ».

Et effectivement, les chercheurs semblent se servir de Bluesky pour discuter entre eux. 19 % de ceux qui y ont un compte répondent l’utiliser pour se connecter avec d’autres chercheurs, 3 % pour promouvoir leur recherche, 18,5 % pour suivre les avancées d’autres recherches/chercheurs et 55 % pour tout ça à la fois :

Ces échos ressemblent à ceux qu’exprimaient certains chercheurs comme Sylvain Deville en 2014, s’agissant de Twitter.

Dans les réponses libres à la comparaison entre les deux réseaux sociaux, la revue note que les chercheurs renvoient des impressions plus positives pour qualifier Bluesky, expliquant que ce réseau serait « plus agréable, plus favorable, plus amical, plus gentil, plus collégial, plus stimulant, plus paisible et plus sûr ». Mais certains trouvent BlueSky plus « ennuyeux ».

Des chercheurs ont spécifiquement expliqué à la revue qu’ils avaient l’impression qu’il y avait moins de nazis et de racisme sur Bluesky que sur X.

« Tous les lecteurs de Nature n’aiment pas Bluesky. L’une des critiques qui ressort des réponses à l’enquête est qu’il s’agit d’une chambre d’écho de gauche », explique la revue qui cite l’un d’entre eux : « Bluesky est rempli de « wokes » fous qui vous menacent violemment si vous n’êtes pas d’accord avec le discours libéral ».

Début janvier, la revue Science a aussi interrogé des chercheurs sur leur éventuelle bascule de l’une vers l’autre des plateformes. Le chercheur en digital humanities Philipp Lorenz-Spreen, qui étudie les comportements sur les médias sociaux, y expliquait : « Chaque fois que je vais sur X, je vois des choses scandaleuses, et je me laisse entraîner », ajoutant « « Bluesky est plus lent et plus ennuyeux, mais c’est un bon ennui ».

Les « starter packs », la killer feature ?

Nature explique aussi que certains ont mentionné préférer Mastodon. S’il est vrai que certains chercheurs sont très enthousiastes concernant la plateforme décentralisée basée sur le fediverse, l’été dernier, nous ne pouvions que constater que les chercheurs n’avaient pas migré en masse dans sa direction.

Interrogé par Nature, le chercheur de l’université Queen Mary à Londres, Ignacio Castro, qui étudie l’utilisation des réseaux sociaux, explique la popularité émergente de Bluesky notamment par certaines fonctionnalités comme les « starter packs » mis en place en juin 2024, des listes de comptes « à suivre » créés par les utilisateurs. Ils permettent de trouver une communauté rapidement.

Du côté du Fediverse et Mastodon, cette fonctionnalité a récemment été aussi implémentée. Si la communauté de ce réseau social ne revendique pas forcément d’être dans une course avec les autres, cette inspiration venant du réseau à la mode montre quand même qu’elle ne veut pas que son réseau soit laissé de côté.

☕️ Ubisoft multiplie les restructurations et ferme encore un studio



Dans un message envoyé à l’AFP (via Le Monde), la société reprend les poncifs habituels pour expliquer sa décision : « Dans le cadre de nos efforts continus pour prioriser les projets et réduire les coûts afin d’assurer la stabilité à long terme d’Ubisoft, nous avons annoncé des restructurations ciblées ».

Cela concerne les studios de Düsseldorf, de Stockholm et de Reflections à Newcastle. Ubisoft ajoute aussi « la fermeture définitive du site d’Ubisoft Leamington ». Au total, 185 employés se retrouvent sur le carreau.

L’entreprise avait déjà supprimé 277 postes en décembre après l’arrêt du jeu XDefiant. Cela va aussi entrainer la « fermeture de trois studios de production situés dans des zones géographiques à coûts élevés ». Il s’agit de San Francisco, Osaka et Sydney.

Dans un plan stratégique publié en janvier de cette année, la société annonçait que des « réductions de coûts significatives » étaient toujours au programme, avec une « approche très sélective en matière d’investissements ». L’entreprise « prévoit désormais de dépasser les 200 millions d’euros de réduction de sa base de coûts fixes d’ici l’exercice 2025 - 26 par rapport à l’exercice 2022 - 23, sur une base annualisée ».

Ubisoft a aussi récemment annoncé un retard pour Assassin’s Creed Shadows, désormais attendu pour le 20 mars 2025.

☕️ iOS 18.3 et macOS 15.3 colmatent une faille critique déjà exploitée



Apple a publié hier soir la troisième révision des dernières évolutions majeures de ses plateformes : iOS/iPadOS 18.3, macOS 15.3, tvOS 18.3, visionOS 2.3 et watchOS 11.3.

Comme toutes les mises à jour importantes, elles contiennent des correctifs de sécurité. L’une des failles colmatées est cependant à la fois critique et déjà exploitée. Estampillée CVE-2025-24085, elle réside dans le composant Core Media et est de type « use after free ». Exploitée, elle peut permettre une élévation de privilèges pour un malware déjà installé.

Apple ajoute que cette faille a pu être exploitée « avant iOS 17.2 », il y a donc plus d’un an. Pour rappel, tous les terminaux éligibles à iOS 17 peuvent passer à iOS 18, la liste de compatibilité étant la même. Malheureusement, et comme d’habitude, la société n’en dit pas plus. On ne sait qui a pu exploiter la vulnérabilité, dans quel contexte ni qui a pu être visé. On note aussi plusieurs failles dans AirPlay. En tout, on compte pas moins de 26 brèches colmatées.

Au-delà des problèmes de sécurité, chaque version apporte quelques améliorations, sans rien de vraiment majeur. On savait déjà qu’iOS 18.3 notamment viendrait avec une liste de nouveautés assez légère. Certaines sont spécifiques aux iPhone 16, seuls compatibles avec Visual Intelligence. Cette dernière permet désormais d’ajouter un évènement dans le calendrier depuis un poster ou une affiche. L’identification des plantes et animaux fait également son entrée.

Il y a bien sûr des améliorations sur la gestion des résumés de notification, comme nous l’indiquions récemment. Apple a notamment mis à jour leur présentation, pour mieux les signaler, afin que les utilisateurs ne les confondent pas avec des notifications classiques. Rappelons que ces résumés faisaient parfois dire des énormités à des applications, surtout celles des médias. D’ailleurs, tout ce qui touche à l’application Actualités et aux applications de divertissement est pour l’instant désactivé.

Tout ce qui touche à Apple Intelligence reste indisponible en Europe jusqu’en avril. Conséquence d’ailleurs, la plupart des nouveautés dans ces nouvelles versions ne concernent pas les utilisateurs du Vieux continent. En revanche, quand iOS 18.4 et macOS 15.4 arriveront au printemps, toutes les fonctions sorties jusqu’ici dans les pays anglo-saxons seront disponibles, dont le français.

☕️ Google Maps va renommer le Golfe du Mexique « Golfe d’Amérique » aux États-Unis


Google Maps va renommer le Golfe du Mexique « Golfe d’Amérique » aux États-Unis

Google a déclaré s’apprêter à changer le nom du Golfe du Mexique en « Golfe d’Amérique » dans Maps dès que l’US Geographic Names System sera mise à jour. 
Le nom Denali, en Alaska, sera par ailleurs changé de nouveau en Mount McKinley – le nom attribué à la montagne de 6 190 mètres de 1896 à 2015.

La décision fait suite au décret pris par le Président Trump lors de sa semaine d’investiture de changer ces deux noms. Le gouvernement fédéral est en train d’adopter ces nouvelles appellations – le « Golfe d’Amérique » est neuf, en revanche le débat autour du Denali date d’il y a plus de 100 ans.

« Nous avons l’habitude d’appliquer les changements de noms lorsqu’ils ont été mis à jour dans des sources gouvernementales officielles », a indiqué Google sur X.

Les évolutions ne seront visibles que depuis les États-Unis. Au Mexique, le nom restera « Golfe du Mexique » et le reste du monde verra les deux noms, précise Reuters. En juin 2021, le Search Atlas créé par les scientifiques Katherine Ye et Rodrigo Ochigame illustrait la variabilité des résultats obtenus sur les moteurs de recherche en fonction de la zone géographique.

Sur X, le député texan Dan Crenshaw s’est plaint auprès de Tim Cook de constater qu’Apple Plans mentionnait encore le Golfe du Mexique. Apple ne semble pas s’être exprimé sur le sujet. Il sera temps de refaire le point une fois l’US Geographic Names System à jour.

☕️ Thunderbird 134 : d’importants correctifs et de nouvelles notifications



La nouvelle mouture stable du client e-mail n’est pas à proprement parler poussée par Mozilla. Sur le site officiel, la version proposée est toujours celle dite ESR, pour Extended Support Release (128.6.0 actuellement). La version stable mensuelle, quand elle est sélectionnée depuis le site officiel (canal Release), provoque l’apparition d’un avertissement pour prévenir des risques. Elle est considérée comme une version de développement.

Pourtant, Thunderbird 134 contient bon nombre de corrections intéressantes, notamment côté interface. Les messages de notifications in-app apparaissent ainsi désormais en mode sombre, l’alignement du bouton de fermeture est maintenant cohérent sur l’ensemble des plateformes, les notifications de nouveaux courriels affichent cette fois le bon dossier, etc.

Certaines améliorations sont plus techniques, comme la correction d’un problème qui pouvait entrainer un plantage en cas d’utilisation de POP3, un potentiel blocage pendant le téléchargement des en-têtes sur un groupe de discussion, un souci d’affichage dans les discussions XMPP, un problème de performances avec les calendriers CalDAV sans support du mode hors ligne, ou encore un problème avec les comptes POP3, où les nouveaux e-mails pouvaient apparaitre sans en-tête.

Thunderbird 134 propose également une nouvelle fonction : un système de notifications remanié. Mozilla n’en dit pas plus, indiquant seulement qu’il peut gérer « les alertes en temps réel sur le bureau ».

Enfin, la nouvelle mouture corrige neuf failles de sécurité, dont deux critiques.

☕️ Solidigm mise sur la densité : 122 To dans un SSD U.2 et E1.L



Le fabricant de SSD pour datacenter Solidigm vient d’annoncer « une prolongation pluriannuelle de son accord avec Broadcom sur l’utilisation de contrôleurs SSD (Solid State Drive) haute capacité ». Et, pour ce qui est de la haute capacité, on est servi avec le D5-P5336 qui intègre de la NAND QLC (quatre bits par cellule).

Il grimpe en effet jusqu’à 122 To en version U.2 et E1.L. Il a été annoncé fin 2024, avec une disponibilité prévue pour le début de cette année (le tarif n’est pas précisé). Le format U.2 est pour rappel identique au SSD classique de 2,5″ avec une hauteur de 15 mm, tandis que le E1.L est une « réglette ». Dans les deux cas, l’interface est en PCIe 4.0 x4.

Samsung est pour rappel à 61,44 To avec sa gamme BM174 et prévoyait l’été dernier de monter lui aussi jusqu’à 122,88 To avec ces SSD.

Aides.org piraté : données personnelles et bancaires (IBAN) dans la nature

2024, 2025… même combat
Aides.org piraté : données personnelles et bancaires (IBAN) dans la nature

Comme nous l’a signalé un lecteur, l’association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales envoie un message à ses membres pour leur annoncer une mauvaise nouvelle : « AIDES a été victime d’une attaque informatique qui a porté sur un serveur sécurisé de partage de fichiers hébergé et utilisé par AIDES […] Cette attaque pourrait avoir eu un impact sur la sécurité de vos données personnelles ».

Nom, prénom, adresse… et aussi des IBAN

Dans les informations concernées, on retrouve les données d’identité (nom, prénom, date de naissance), de contact (adresse postale, téléphone et adresse électronique) et enfin les « données relatives à votre IBAN ».

Ce n’est pas la première fois que des IBAN sont dans la nature, ce qui n’est pas sans soulever des risques pour les comptes concernés. Nous les avions déjà expliqués en octobre dernier suite à la fuite des IBAN chez Free et de RED by SFR en septembre.

« Nous collaborons étroitement aux enquêtes dont nous souhaitons qu’elles permettront de retrouver le ou les auteurs », affirme Aides. La CNIL a été notifiée et « l’autorité judiciaire a été saisie par AIDES ». « Nous avons pris les mesures nécessaires pour limiter les dommages et renforcer la sécurité de nos systèmes et de vos données », affirme enfin l’association.

Des fuites toujours plus nombreuses

Aides ne donne aucune précision sur le vecteur d’attaque. Cette énième attaque s’inscrit dans une période noire pour les entités françaises, avec de multiples fuites au cours des derniers mois… et encore seulement celles dont les entreprises ont parlé publiquement, il y en a peut-être d’autres.

Plusieurs fédérations françaises de sport et E.Leclerc en ont fait les frais ces derniers jours. Sans compter BoulangerCulturaDiviaMobilitésTruffaut, Cybertek et Grosbill (qui font partie du même groupe), l’Assurance retraiteRED by SFR, Meilleurtaux, Ornikar, Free (fixe et mobile), Picard, Molotov, Auchan et le Point, un client de Mediboard, Direct AssuranceNorauto

Comme toujours en pareille situation, les recommandations sont d’avoir « la plus grande vigilance, notamment s’agissant de tentatives d’escroquerie ou d’hameçonnage qui pourraient survenir dans les prochaines semaines ».

[Édito] Fabrique de la (dés)information : de TikTok à Emmanuel Macron

Triste monde tragique…
[Édito] Fabrique de la (dés)information : de TikTok à Emmanuel Macron

Tout est allé très vite, trop vite. D’une mise en garde contre des amendes pour avoir payé avec Apple Pay à un péage, on passe à une réaction d’Emmanuel Macron qui en appelle au ministre de l’Intérieur. Entre les deux, d’autres vidéos d’influenceurs sur TikTok et un bruit médiatique important.

Cette année 2025 débute sur les chapeaux de roues. Depuis la semaine dernière, une histoire affole les réseaux sociaux et l’actualité : une amende de 90 euros et 3 points en moins sur le permis de conduire pour avoir payé à un péage avec Apple Pay (sans contact) via son smartphone.

« Il y a zéro vanne » : s’il le dit, c’est que ça doit être vrai !

L’histoire est devenue virale après une vidéo de « s4iintt » sur TikTok. Il y raconte ce qu’il présente comme une mésaventure personnelle : « Je viens de me manger 90 euros d’amende et trois points sur le permis parce que j’ai payé avec mon téléphone en Apple Pay au péage. Il y a zéro vanne. J’arrive à un péage, c’était 25,90 euros. Je sors mon téléphone pour payer en Apple Pay […] Je paye le péage. Mais quand je vous dis instantanément, c’est instantanément ; moto, gyrophare ».

Il se met en scène avec un document… une enveloppe blanche, sans aucun écrit en l’occurrence. La vidéo dépasse les 5 millions de vues, 500 000 j’aime et 7 600 commentaires.

On ne va pas revenir sur l’usage du téléphone au volant, y compris pour payer au péage avec Apple ou Android Pay : c‘est interdit, tout le monde s’accorde sur ce point. L’article R412-6-1 rappelle que « l’usage d’un téléphone tenu en main par le conducteur d’un véhicule en circulation est interdit ». Peu importe que le véhicule soit à l’arrêt à la barrière, moteur éteint ou allumé : il reste sur les voies de circulation.

Macron a « passé le dossier au ministre de l’Intérieur »

De toute façon, le cœur du problème n’est pas là. La vidéo de S4iintt a été reprise comme argent comptant par bon nombre de nos confrères dans la presse traditionnelle, mais aussi dans la presse spécialisée, sur les réseaux sociaux. Elle est même remontée jusqu’à Emmanuel Macron.

Dans une vidéo publiée sur TikTok, le chef de l’État a répondu : « Je viens de vous voir et vous avez raison. Je crois qu’en 2025 on doit pouvoir payer au péage avec son téléphone. J’ai passé le dossier au ministre de l’Intérieur et on va collectivement régler ça ». Sa vidéo fait 11 millions de vues pour 1,1 million de « J’aime » et près de 22 000 commentaires.

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, affirme à La Dépêche que « bien sûr, l’affaire va être réglée. Surtout si c’est le Président qui le demande. Un ministre est là pour délivrer » (sic). Bruno Retailleau ajoute à nos confrères : « Le Président m’avait fait passer un petit mot en Conseil des ministres pour me prévenir en me disant : tu vois que je m’occupe de sujets importants ».

Wait… what ? On rembobine cette folle histoire

Beaucoup de choses ne vont pas dans cette histoire. Reprenons depuis le début. Tout d’abord, la vidéo de S4iintt n’est pas la première à dénoncer une amende du genre.

L’une des premières références remonte au 7 janvier avec une vidéo d’UnMoniteurCool : « Payer avec le téléphone au péage, c’est 90 euros et trois points en moins […] Ça fait plusieurs fois où j’entends la même histoire : les gens s’arrêtent au péage […] ils mettent le téléphone, la caméra verbalise : 90 euros et trois points. Usage du téléphone ».

Sur les réseaux sociaux, « l’information » tourne doucement, jusqu’à la mise en situation de S4iintt puis une reprise par Masdak, sans aucune source sur cette histoire dans les deux cas. Ce sont les deux tiktokeurs à qui répond Emmanuel Macron. Leurs vidéos sont en effet en introduction de son intervention.

Le procès-verbal ? Il aurait été jeté

Dans tous les cas, un point commun entre les différents messages sur les réseaux sociaux : aucune preuve n’est montrée, aucune amende, rien. Toujours sur les réseaux sociaux, maitre Benezra est revenu sur cette affaire dans une vidéo publiée il y a quelques jours. Il explique avoir demandé, par l’intermédiaire d’un journaliste, une preuve de l’infraction dont S4iintt a été victime. « Contacté, ce tiktokeur nous dit avoir jeté le procès-verbal ».

Autre point mis en avant par l’avocat : « les gendarmes et la police affirment n’avoir aucune trace de cette affaire ». Pour maitre Benezra, « cet individu raconte n’importe quoi, il surfe sur le buzz […] Même Emmanuel Macron est tombé dans le piège ». Faire le buzz est un peu le saint Graal de tout influenceur, cela lui permet d’augmenter son audience, sa visibilité, ses revenus, etc.

Les « ravages de la TikTokisation de la vie politique »

Contacté par TF1 Info, Jean-Baptiste Iosca (président de l’Association française des avocats de droit routier) ne croit pas non plus à cette affaire : « En 25 ans de carrière, je n’ai jamais vu une contravention qui portait sur ce sujet. Et puis, il ne faut pas se leurrer, les forces de l’ordre au péage vérifient autre chose, pas des automobilistes qui seraient éventuellement amenés à payer avec leur smartphone ».

Nos confrères notent au passage que Vinci indiquait encore mi-septembre 2024 : « À l’aide de votre carte bancaire, mais aussi de votre téléphone, de votre montre ou de tout autre objet connecté, payez votre péage de façon simple et sécurisé ». Une mention qui n’existe plus aujourd’hui, mais sans savoir quand elle a disparu.

L’avocat Alexandre Archambault, spécialiste du numérique, a aussi commenté cette histoire : « Quand on parlait des ravages de la TikTokisation de la vie politique. On a donc le Président d’une puissance nucléaire qui est intervenu sans qu’à aucun moment quelqu’un dans son entourage ne prenne la peine d’effectuer quelques vérifications. Arrêtez de démarrer au quart de tour ». C’est valable pour le président de la République, mais aussi pour la presse dont on s’attendait à beaucoup mieux.

Quid de la TikTokisation de l’information ?

Hasard ou pas du calendrier, Hubert Guillaud publie ce jour un billet de blog intitulé « L’ère post-TikTok va continuer de bouleverser la société », sous-titré « Ce que le passage d’une information largement textuelle à la vidéo change à la société ».

Il y décrit l’évolution de l’information : « Nous sommes passés d’articles à leurs commentaires en 280 caractères, au détriment du compromis, de la subtilité et de la complexité. Désormais, nous sommes en train de passer aux vidéos courtes, qui prennent le pas sur ce qu’il restait de textes sur les réseaux sociaux ».

La forme dépasse largement le fond

Ce changement de paradigme va au-delà du poids des mots : « Être le premier sur l’actu est devenu bien moins important qu’être engageant. Le charisme risque de prendre le pas sur les faits », résume-t-il. On ne peut que remarquer la ressemblance avec le péage et Apple Pay.

Hubert Guillaud cite le journaliste Matt Pearce : « Les nouvelles technologies continuent de faire baisser le coût de la production de conneries alors que le coût d’obtention d’informations de qualité ne fait qu’augmenter. Il devient de plus en plus coûteux de produire de bonnes informations, et ces dernières doivent rivaliser avec de plus en plus de déchets une fois qu’elles sont sur le marché ».

C’est un peu différent dans le cas présent. Si on voit bien le poids des réseaux sociaux et surtout des courtes vidéos dans cette affaire, le problème se situe principalement dans les reprises sans recul d’une « mise en situation » d’un influenceur. La vidéo est prise pour argent comptant par de nombreuses personnes, visiblement jusqu’au président de la République.

Erreurs, absences de modération : Lucie, le chatbot de Linagora, rapidement fermé

No sky, no diamonds
Erreurs, absences de modération : Lucie, le chatbot de Linagora, rapidement fermé

Après avoir annoncé, l’arrivée de son « IA véritablement open source fondée sur la transparence, la confiance et l’efficacité », Linagora ferme « temporairement » son chatbot Lucie. Ce dernier a subi de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux.

Lucie, le chatbot qui devait permettre à l’éditeur historique de logiciels libres français Linagora de faire la publicité de son nouveau modèle de langage, a sacrément dérapé. Mis en place sans aucune « instruction approfondie », Renforcement par Apprentissage Humain (RHLF) ni garde-fous (guardrails), ce chatbot a subi dès son ouverture au public les critiques de divers internautes sur les réseaux sociaux. Et l’entreprise a dû fermer l’accès à son chatbot.

Mauvais calculs, œufs de vache et parlant comme Hitler si on lui demande

Le chatbot faisait des erreurs de calcul comme 5(3 + 2) qui serait égal à 17 sans le détail de l’opération, puis à 50 une fois que l’IA de Linagora expliquait comment elle y arrivait.

D’autres internautes ont rapidement montré que ce chatbot pouvait disserter sur les œufs de vache sans expliquer que ça n’existe pas, ou n’avait aucun filtre bloquant la possibilité de lui faire rédiger un texte en parlant comme Adolf Hitler.

Ces problèmes des modèles de langage sont pourtant connus depuis longtemps. En 2022, une semaine avant la sortie de ChatGPT, Google devait se résoudre à dépublier son IA générative Galactica au bout de trois jours seulement suite à des critiques sur la génération d’articles racistes et mensongers, alors qu’elle devait aider les chercheurs à écrire leurs articles scientifiques.

Si tous les chatbots basés sur des modèles de langage génèrent de la désinformation, le sujet de la modération est connu et ne peut plus être ignoré. C’est d’ailleurs sous cet angle qu’OpenAI a lancé en septembre dernier o1 qui évalue sa réponse avant de l’envoyer à son utilisateur.

Dans son communiqué de presse, Linagora reconnait : « nous savons bien entendu que les capacités de « raisonnement » (y compris sur des problèmes mathématiques simples) ou encore la capacité à générer du code de la version actuelle de LUCIE sont insatisfaisantes. Nous aurions dû informer les utilisateurs de la plate-forme de ces limites de telle manière à ne pas créer d’attente inutile ».

Avant de mettre en ligne son outil, l’entreprise avait pourtant annoncé (voir sur Internet Archive) sur le site dédié que Lucie serait « l’IA véritablement open source fondée sur la transparence, la confiance et l’efficacité » :

Une « interface de chat », pas un chatbot

« Il est évident que nous n’avons pas suffisamment bien communiqué et clarifié sur ce que LUCIE peut ou ne peut pas faire dans son état actuel, ainsi que la nature des travaux réalisés jusqu’à présent », affirme Linagora.

Et alors que Linagora avait utilisé le TLD .chat, pour l’entreprise, ce n’est maintenant plus un chatbot mais « une interface de chat », « soyez précis » comme nous le demande le responsable de l’ingénierie R&D chez Linagora Damien Lainé. La confusion serait, selon lui, un « présupposé erroné ».

Next lui a fait remarquer que « ce chatbot n’est pas seulement un LLM « brut » mis en ligne sur Hugging Face, comme vous l’avez d’ailleurs fait il y a 2 semaines » et lui a demandé « en quoi Lucie (le chatbot) se différenciait de ChatGPT, Le Chat ou autres, concernant les besoins de modération et de RAG (génération augmentée par récupération) ? ».

Damien Lainé nous a répondu : « et bien si, le chat Lucie était juste un moyen d’interagir avec le modèle fondation (pas de module de raisonnement, pas de guardrails, encore moins de RAG). Juste un instruct minimal pour permettre la modalité « chat ». Encore une fois, et j’ai pourtant été clair, ce n’est ni un produit, ni un démonstrateur pour un produit. C’est juste une interface de chat sur un modèle fondation qui n’est ni fine-tuné ni rien… ».

Une interface développée par Linagora seule, mais un modèle entrainé sur Jean ZAY du CNRS

Linagora a développé seule cette «  interface de chat » « dans le simple but de permettre d’interagir avec le modèle et qu’il était possible donner une « parole » », ajoute-t-il. Le CNRS n’est donc en rien responsable de cette interface contrairement à ce que certains ont pu affirmer.

« Il ne faut pas confondre le modèle de langage Lucie avec le site Lucie.chat qui avait été proposé pour permettre à chacun de tester le modèle sur une interface chat », nous explique Damien Lainé. Il faut dire que le choix des dénominations des produits, chez Linagora comme ailleurs (souvenons-nous du Copilot de Microsoft, par exemple), n’aide pas à les différencier.

Car, en effet, le modèle de langage Lucie, est créé au sein du consortium OpenLLM-France qui rassemble Linagora, le CNRS, le CEA et la startup OpinionScience. Ce groupement a été lauréat en mai 2024 de l’appel à projets « Communs numériques pour l’IA générative » [PDF] ironiquement pour élaborer « une suite d’outils pour l’IA générative, notamment pour l’évaluation de modèles francophones ».

Mais le COO de Linagora, Michel-Marie Maudet l’affirme, « LUCIE a été pour le moment financée quasiment à 100% sur les fonds propres de LINAGORA », tout en reconnaissant bénéficier « d’un accès à la machine Jean ZAY », le supercalculateur du CNRS.

Encore une IA au nom féminin

Un autre point a soulevé des questions lors de la mise en ligne de Lucie : incarné par l’image d’une femme blonde drapée dans un drapeau bleu-blanc-rouge numérisé (digitalisé diront certains), le projet de Linagora reprend encore un prénom féminin.

Le syndicat SNCS-FSU du personnel de recherche d’Inria pose la question : « Est-ce qu’on peut arrêter de donner des noms de femme aux logiciels de recherche ? ». Il est vrai que les logiciels, et notamment ceux d’IA, sont souvent nommés avec des prénoms féminins. Pensons à Alexa, Siri, Tay ou encore Matilda. On trouvera des contre-exemples comme le chatbot juridique Ross ou Einstein GPT de Saleforce, cherchant à cibler un côté plus « expert ».

Comme l’expliquait déjà Norbert Wiener, l’inventeur d’une science appelée la cybernétique, certains informaticiens ont tendance à se voir en Pygmalion sculptant Galatée. Isabelle Collet, en 2009, remarquait que « dans ce mythe, le but de la création de Pygmalion est d’améliorer le modèle : les femmes nées de la différence des sexes n’apportent pas satisfaction ». L’incarnation des IA en femmes n’a donc pas débuté avec Lucie, mais celle-ci se place dans un historique d’objectivisation des femmes.

Continuant dans la même veine, mais traitant en dérision Lucie, un site parodique nommé « Lucienne » propose « l’IA dégénérative open bar, mais franchement basée sur des secrets, des doutes et une efficacité discutable ».

Multiplication des affaires d’enlèvement liées aux cryptomonnaies

À l'œil
Multiplication des affaires d’enlèvement liées aux cryptomonnaies

Une nouvelle affaire d’enlèvement liée aux crypto-monnaies a été déjouée le 25 janvier, alors que les agressions physiques d’acteurs du secteur se multiplient.

Les affaires d’enlèvement liées au monde des cryptoactifs se multiplient. Vendredi 25 janvier, un mineur de cryptomonnaies a été libéré après plusieurs heures de séquestration motivée par la volonté d’une rançon. Deux jours plus tôt, le cofondateur de Ledger David Bellan et sa compagne étaient libérés par le GIGN au terme de 48 h d’enlèvement.

Séquestration à Troyes

Le 25 janvier, quatre hommes étaient interpellés à Sainte-Savine, dans la banlieue de Troyes, après l’enlèvement d’un homme de 30 ans. « Mineur » de cryptomonnaies, ce qui signifie qu’il tire des revenus de la validation de transactions sur des blockchains, la victime s’est vue demander 20 000 euros de rançons pour être libéré.

L’homme est parvenu à prévenir un ami, qui a alerté la police, indique Le Parisien. Vers 22 heures ce vendredi, cette dernière est entrée dans le pavillon où l’homme était séquestré. L’homme était en bonne santé, ses quatre agresseurs ont été interpellés. « Aucun parallèle ne saurait être fait en l’état avec les faits commis au préjudice de monsieur Balland », a indiqué le parquet.

Enlèvement du cofondateur de Ledger

Mardi 23 janvier, le cofondateur de la « licorne » française Ledger, qui conçoit des portefeuilles de cryptoactifs, avait été enlevé de son domicile à Méreau, dans le Cher, avec sa compagne.

Les ravisseurs ont tourné une vidéo dans laquelle ils montraient avoir sectionné un doigt de David Bellan, exigeant de son associé Eric Larchevêque une rançon de dix millions d’euros à verser en Bitcoins sur un portefeuille numérique.

Une partie de la somme a été versée dans le cadre de l’enquête, avant que les actifs concernés ne soient dans leur grande majorité « tracés, gelés et saisis », d’après la Procureure de la République.

Grâce au GPS de l’une des voitures utilisées par les assaillants, les enquêteurs des sections de recherches de Bourges et de Paris, de l’Unité cyber nationale et du GIGN ont obtenu de premières pistes sur les lieux où le couple était séquestré, rapporte Le Parisien. Après avoir retrouvé David Balland vivant mais blessé dans une maison louée proche de Châteauroux (Indre), le GIGN a localisé son épouse saine et sauve, ligotée dans une camionnette garée sur un parking d’Étampes (Essonne).

Au total, dix suspects de 20 à 40 ans ont été interpellés dans cette affaire. Une information judiciaire a été ouverte le 25 janvier, pour « enlèvement et séquestration en bande organisée », « actes de torture ou de barbarie » et « extorsion avec armes », des crimes passibles de prison à perpétuité. Selon 20 minutes, leur profil est celui d’exécutants, et non de commanditaires d’une telle opération.

Dans les mois qui ont précédé ces deux affaires, Owen Simonin, créateur de contenu lié aux crypotactifs connu sous le nom de « Hasheur » et cofondateur de Meria explique à BFM avoir été victime d’une agression : un individu armé est entré dans son domicile. De même, l’influenceur « TeufeurS », installé à Dubaï, a vu son père kidnappé le soir du Nouvel An pour l’obliger à payer une rançon.

☕️ Clap de fin pour les Blu-ray enregistrables, MiniDisc (Data) et MiniDV chez Sony



Cette annonce ne devrait pas surprendre grand-monde, à part certains amateurs de ces technologies appartenant au passé depuis maintenant plusieurs années.

Une précision importante avant d’aller plus loin : l’arrêt de la production concerne les Blu-ray enregistrables (vierges) uniquement, pas les Blu-ray avec des films, dont Sony continue la production. Comme le rappelle MacGeneration, Sony avait déjà prévenu cet été que les Blu-ray enregistrables allaient être abandonnés.

L’annonce de Sony concerne aussi les MiniDiscs, MiniDisc-Data et cassettes MiniDV. Leur fin de vie n’est pas surprenante, mais on est davantage étonné de savoir qu’ils étaient encore en production. Le MiniDisc était un mélange entre une disquette et un CD, tandis que le MiniDV était une bande pour l’enregistrement de vidéos.

Pour ces formats, « il n’y a pas de modèle successeur » précise Sony dans son communiqué en japonais. D’autres constructeurs continuent de proposer ce genre de format, l’arrêt ne concerne que Sony.

Fabs/ Unsplash

Cyberattaque contre E.Leclerc : des données personnelles « ont pu être exposées »


Cyberattaque contre E.Leclerc : des données personnelles « ont pu être exposées »

La série noire continue de plus belle. Alors que nous expliquions récemment comment un pirate avait dérobé des données de centaines de milliers de licenciés de plusieurs fédérations françaises de sport, voilà que c’est au tour de E.Leclerc de prévenir ses clients d’une potentielle fuite de données.

E.Leclerc peut « confirmer qu’il y a eu des tentatives frauduleuses »

Le message débute par « la protection de vos données personnelles est plus que jamais notre priorité »… laissant facilement deviner la suite avec ce genre d’accroche (ce n’est jamais bon signe). Et c’est bel et bien le cas : « Aujourd’hui, à la suite d’investigations approfondies de nos services de sécurité informatique, nous sommes en mesure de confirmer qu’il y a eu des tentatives frauduleuses d’accès à des comptes Primes énergie E.Leclerc ».

« De ce fait, certaines informations ont pu être exposées, à savoir : nom, prénom, adresse e-mail, identifiants d’accès, numéro de dossier, montant de la prime, libellé de prestation ». En plus des données malheureusement classiques que sont les nom, prénom et email, les pirates peuvent donc avoir de nombreuses informations sur la prestation dont ses clients ont bénéficié. Ils peuvent ensuite les utiliser pour des tentatives de phishing ; prudence donc.

L’enseigne affirme qu’une notification a été réalisée auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et que leur compte a été bloqué par mesure de sécurité : « En tout état de cause, si vous ne l’avez pas déjà fait, nous vous demandons de réinitialiser, dès à présent, votre mot de passe sur votre compte Primes énergie E.Leclerc ».

message du 17 janvier
Message du 24 janvier

La communication de E.Leclerc a bien évoluée en une semaine

La communication de l’enseigne s’est faite en deux temps. Le 17 janvier, nous avions déjà eu un premier email, moins inquiétant :

« Dans un contexte où les attaques sur les données personnelles se multiplient, la sécurité de vos informations est plus que jamais notre priorité. Ainsi, afin de renforcer la sécurité de votre compte, nous vous demandons de bien vouloir modifier votre mot de passe et avons d’ores et déjà bloqué votre mot de passe actuel. Cette action vise à garantir la sécurité de vos données et à prévenir toute tentative d’accès non autorisée ».

Il n’était pas question d’une fuite de données ni de « tentatives frauduleuses d’accès ». Mais, une semaine plus tard, le discours n’est plus du tout le même.

La question des mots de passe se pose car, dans le second email, E.Leclerc parle d’« identifiants d’accès » au pluriel, alors que les autres éléments sont au singulier. Nous avons évidemment posé la question à l’enseigne pour avoir des précisions.

Coupure de câble sous-marin : la Suède saisit un navire suspecté de « sabotage aggravé »

Nœud coulant
Coupure de câble sous-marin : la Suède saisit un navire suspecté de « sabotage aggravé »

Une nouvelle coupure de câble a été relevée ce 26 janvier en mer Baltique. La Suède évoque un « sabotage aggravé ».

MàJ du 27 janvier à 10h30 : ajout du communiqué de LVRTC.

Nouvelle coupure de câble sous-marin en mer Baltique : ce dimanche 26 janvier, le Premier ministre suédois a annoncé qu’au moins un câble reliant la Suède à la Lettonie avait été endommagé.

« Un navire suspecté d’avoir effectué le sabotage a été saisi sur décision du procureur », d’après le communiqué du parquet suédois. À l’AFP, ce dernier a indiqué que plusieurs autorités participaient à l’enquête, parmi lesquelles l’unité nationale des opérations de la police, les gardes-côtes et les forces armées.

Le câble endommagé appartient à LVRTC, une société lettone, et reliait précisément l’île suédoise de Gotland à la ville lettone de Ventspils. Les dommages ont eu lieu dans les eaux territoriales suédoises, à plus de 50 mètres de profondeur. 

La Lettonie a déployé un navire de guerre sur les lieux de l’avarie, qui a rapidement indiqué avoir identifié le « navire suspect », le « Michalis San ». Ce dernier était en route vers la Russie.

« Sur la base des constatations actuelles, nous présumons que le câble a été considérablement endommagé par des facteurs externes », indique LVRTC dans un communiqué. La société déclare avoir « engagé des actions de procédure pénale ».

Multiplication des coupures

La dégradation survient à la suite d’une série d’avaries d’infrastructures énergétiques et de communication déployées dans cet espace maritime, dans un contexte d’attaques hybrides répétées de la Russie contre l’OTAN.

Le 25 décembre 2024, le câble électrique EstLink 2 et quatre câbles de télécommunications reliant la Finlande et l’Estonie avaient ainsi été endommagés.

En novembre, un câble reliant la Lituanie à la Suède et un autre, Cinia Oy C-Lion1, reliant la Finlande à l’Allemagne, avaient subi des avaries. Le ministre de la Défense allemand avait qualifié l’acte de « sabotage ».

Sabotage remis en question

La thèse des sabotages reste cela dit débattue : des représentants des services de sécurités américains et européens pencheraient désormais plutôt pour l’hypothèse d’accidents maritimes, selon le Washington Post.

Leurs enquêtes n’ont pas pu établir que les navires soupçonnés d’avoir laissé traîner leurs ancres sur les fonds marins et tiré les câbles l’aient fait intentionnellement. Ils ont plutôt constaté que leurs équipages étaient « inexpérimentés travaillant à bord de navires mal entretenus » et avaient apporté des « explications claires » sur chaque accident.

Du côté finlandais, le commissaire Sami Liimatainen, chargé de l’enquête sur le pétrolier Eagle S, qui a perdu l’une de ses ancres, a répondu au média YLE : « Je ne ferai aucun commentaire à ce sujet et je laisserai les informations des journaux étrangers à leur propre valeur ». Il ajoute que « le crime fait l’objet d’un examen et d’une enquête. Rien n’a changé. »

Le ministère de l’armée suédois a mis en garde contre la menace d’une guerre hybride menée par la Russie, la Chine et l’Iran.

« La guerre hybride n’est pas une forme de guerre plus douce » a affirmé le Commandant en chef suédois, Michael Claesson. « L’objectif est de nous nuire ou de nous affaiblir, nous et notre société ainsi que l’OTAN – par le biais d’actions qui peuvent être niées et qui sont plus difficiles à déceler et à contrer », ajoute-t-il, « cela peut se faire par des actions qui sabotent et détruisent des fonctions sociétales importantes, entravent la prise de décision ou nuisent à la confiance dans les autorités et les dirigeants nationaux ».

☕️ Android : fin de partie pour le navigateur open source Kiwi



« Kiwi Browser est maintenant archivé. Il ne sera plus maintenu après janvier 2025 », annonce la page d’accueil du projet sur Github. Créé en 2018 par Arnaud Granal et basculé en open source à partir de 2020, ce navigateur Android basé sur Chromium s’était rapidement forgé une petite réputation pour son bloqueur de publicités intégré, son mode nuit et sa capacité à accepter des extensions Chrome. Après sept ans de travaux, son concepteur a toutefois indiqué sa volonté de rendre son tablier.

« Le « problème », c’est que Kiwi représente un million de téléchargements par mois, c’est « trop », donc les utilisateurs s’accumulent au fil du temps et ils veulent tous des nouveautés et des mises à jour (ce qui est raisonnable », explique le fondateur de Kiwi sur le canal Discord dédié au logiciel. Les navigateurs sont difficiles à maintenir, ils exigent un engagement de long terme, j’ai commencé Kiwi comme un à côté, et c’était il y a presque sept ans », justifie-t-il encore.

Sur Github, Arnaud Granal précise que le code utilisé par Kiwi pour gérer les extensions est désormais intégré au canal Canary de Microsoft Edge. Le navigateur reste accessible au téléchargement, mais il a déjà été déréférencé du Google Play Store, et son concepteur recommande de ne plus l’utiliser. « Bien que votre installation du navigateur Kiwi fonctionne encore pendant un certain temps, il est essentiel d’explorer des alternatives comme Microsoft Edge Canary, Vivaldi Browser ou Mozilla Firefox pour rester en sécurité et à jour ».

Autour du projet Stargate, les bisbilles entre Elon Musk et Sam Altman

« Je ne pense pas qu'il soit gentil »
Autour du projet Stargate, les bisbilles entre Elon Musk et Sam Altman

Le conflit entre Elon Musk et Sam Altman a pris une tournure politique, dans le sillage de l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le patron de Tesla et X a critiqué le projet Stargate, pourtant annoncé en grande pompe par Donald Trump, dont il est devenu proche.

Elon Musk est actuellement dans une position de force. Patron de plusieurs entreprises influentes, dont Tesla et X, il a également été nommé co-directeur d’un nouveau ministère, le fameux DOGE (Department of Government Efficiency, dont le site est toujours vide). Sa mission est de couper tout ce qui peut l’être dans l’administration américaine, d’alléger les procédures et de réaliser des économies. Musk avait d’ailleurs déclaré qu’il pourrait faire économiser 2 000 milliards de dollars au pays, sur un budget de 6 000 milliards. Désormais, il évoque plutôt 1 000 milliards de dollars, ce qui resterait une grande performance.

Parallèlement, il est en guerre contre OpenAI. La société, qu’il a cofondée, souhaite entamer des démarches pour transiter vers une structure pouvant réaliser des profits. Musk y est farouchement opposé (rejoint notamment dans son combat par Mark Zuckerberg). Sa propre entreprise dédiée à l’intelligence artificielle, xAI, multiplie les levées de fonds et investissements pour devenir un acteur majeur.

C’est dans ce contexte tendu que l’annonce du faramineux projet Stargate a pris place.

« En fait, vous n’avez pas l’argent »

Cette coentreprise, menée par OpenAI et le fonds japonais SoftBank, réunit de grands noms des infrastructures et de l’IA, dont Microsoft, Oracle et NVIDIA. Le fonds émirati MGX fait également partie de l’équation. Tout converge vers OpenAI, seule société de la nouvelle structure à disposer de modèles. Le communiqué maison le mentionnait d’ailleurs clairement : « 500 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années pour construire une nouvelle infrastructure d’IA pour OpenAI aux États-Unis ».

L’annonce a eu d’autant plus d’ampleur qu’elle a été d’abord faite par Donald Trump. La question s’est vite posée : comment allait réagir Elon Musk ? Après tout, le milliardaire venait d’assister à la consécration de son principal concurrent, encensé par le président qu’il fréquente assidument depuis plusieurs mois.

« En fait, vous n’avez pas l’argent » : c’est la première réponse donnée par Elon Musk sur X sur l’annonce d’OpenAI. Peu de temps après, il ajoute : « SoftBank a obtenu bien moins de 10 milliards de dollars. Je le sais de source sûre ». Vus à travers le prisme du nouveau président entré fraichement à la Maison-Blanche, ces tweets pourraient être mal interprétés, Donald Trump ayant abordé en personne le budget de 500 milliards de dollars et la création d’une centaine de milliers de nouveaux emplois.

« Je ne pense pas qu’il soit gentil »

Au premier tweet d’Elon Musk, Sam Altman, CEO d’OpenAI, répond d’abord : « Je respecte sincèrement tes réalisations et je pense que tu es l’entrepreneur le plus inspirant de notre époque ». On ne sait pas, à ce moment, si la réponse est réellement sincère ou si elle cache une forme de sarcasme. Dans les commentaires, beaucoup estiment qu’Altman vient de courber l’échine.

Pourtant, à la deuxième accusation de Musk un peu plus d’une heure après, la réponse se fait acide : « C’est faux, comme tu le sais sûrement. Je comprends que tout ce qui est bon pour ce pays ne l’est pas toujours pour tes entreprises, mais j’espère qu’avec tes nouvelles fonctions, tu donneras la priorité aux États-Unis ».

Cette fois, accusé de dire tout et son contraire, Altman se voit demander « quel est le vrai masque ». Dans sa réponse, le CEO invite à une vision contrastée : « Je ne pense pas qu’il soit gentil ou qu’il nous traite équitablement, mais il faut le respecter et il nous pousse tous à être plus ambitieux ».

Bureau ovale, milliardaires au carré

L’échange, qui tient en quelques phrases, a relancé les questions au sujet de l’assise financière d’OpenAI. Comme le notaient déjà Les Echos fin décembre, l’entreprise engloutit des milliards de dollars pour l’entrainement de ses modèles, avec la participation active de Microsoft. Pourtant, OpenAI rencontrerait des difficultés sur l’entrainement de son prochain modèle GPT-5, particulièrement attendu.

Cette attente est rendue d’autant plus vive que l’arrivée du modèle open source chinois DeepSeek rebat les cartes. Ses performances seraient similaires au modèle o1 d’OpenAI, mais le budget de son entrainement serait de 5,5 millions de dollars, une fraction des sommes engagées par OpenAI selon Forbes, notamment pour GPT-4 (dont l’entrainement aurait couté 75 millions de dollars). Comme l’avait signalé TechCrunch, les réponses données par DeepSeek sont soumises à la censure chinoise (pas de référence aux évènements de la place Tian’anmen par exemple). Mais le rapport performances/prix interroge.

Si l’on en croit The Information cependant, les reins financiers d’OpenAI sont pourtant solides. La société aurait porté 19 milliards de dollars sur la table, la même somme que le fonds japonais SoftBank – dont le PDG, Masayoshi Son, a pris la tête de la coentreprise Stargate. Les deux sociétés possèderaient chacune 40 % des parts de la nouvelle structure. Les deux autres membres fondateurs, Oracle et le fonds MGX, mettraient chacun la main à la poche à hauteur de 7 milliards de dollars.

Mais face à un nouveau président multipliant les annonces coup de poing, il est peu probable que les bisbilles entre les deux milliardaires aient de l’importance, tant que les projets avancent.

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