❌

Vue lecture

☕ RĂ©utilisation de bases de donnĂ©es (personnelles) : les rappels de la CNIL


Réutilisation de bases de données (personnelles) : les rappels de la CNIL

Les donnĂ©es sont l’or noir des intelligences artificielles, qui en ont besoin en toujours plus grandes quantitĂ©s. Elles Ă©taient aussi au cƓur des annonces ces derniers temps Ă  cause des fuites trĂšs nombreuses en 2024. La CNIL a dĂ©cidĂ© de publier un rappel sur la rĂ©utilisation de bases de donnĂ©es et les vĂ©rifications nĂ©cessaires pour respecter la loi. Le but Ă©tant de vĂ©rifier que « leur constitution ou leur partage n’est pas manifestement illicite Â».

La Commission distingue deux sources : les bases de donnĂ©es librement mises Ă  disposition sur Internet (hors open data) et celles dĂ©tenues par un tiers (data broker par exemple). Dans les deux cas, il faut vĂ©rifier que l’organisme ou la personne qui partage la base de donnĂ©es respecte la loi. Un exemple Ă©vident : « il est interdit de voler ou de diffuser des donnĂ©es volĂ©es Â».

Mais le responsable du traitement doit aussi « s’assurer que sa constitution ou son partage n’est pas manifestement illicite (par exemple, il est interdit de rĂ©utiliser des donnĂ©es provenant d’une fuite de donnĂ©es) Â». Si la base de donnĂ©es enfreint manifestement le RGPD, le responsable peut se rendre coupable de recel.

La CNIL rappelle les grandes lignes des obligations : « Le rĂ©utilisateur de bases de donnĂ©es doit procĂ©der Ă  des vĂ©rifications, mais sans nĂ©cessairement aller jusqu’à des vĂ©rifications approfondies sur le respect de l’ensemble des rĂšgles du RGPD ou d’autres rĂšgles juridiques applicables (droit d’auteur, donnĂ©es couvertes par le secret des affaires, etc.) par le tiers qui a constituĂ© ou mis Ă  disposition la base de donnĂ©es Â».

La Commission dĂ©taille des points importants Ă  vĂ©rifier : sources, origine, prĂ©sence de donnĂ©es sensibles (qui nĂ©cessitent des vĂ©rifications supplĂ©mentaires), etc. Enfin, elle recommande de conclure un accord avec le dĂ©tenteur initial.

L’annĂ©e derniĂšre, elle avait dĂ©jĂ  mis en ligne des recommandations sur l’ouverture et rĂ©utilisation de donnĂ©es personnelles sur Internet.

Les Samsung Galaxy S25, S25+ et S25 Ultra font la part belle à l’IA

En 2025 ? Quelle surprise

Les Samsung Galaxy S25, S25+ et S25 Ultra font la part belle à l’IA

Samsung a dĂ©voilĂ© mercredi soir sa nouvelle ligne de smartphones haut de gamme, dĂ©clinĂ©e en trois modĂšles : les Galaxy S25, S25+ et S25 Ultra. Outre des amĂ©liorations sur le plan de la photo et des composants de derniĂšre gĂ©nĂ©ration, c’est surtout par le logiciel que les nouveaux venus cherchent Ă  sĂ©duire. L’IA constitue sans surprise le cƓur de la promesse.

Des interactions intuitives, sans effort, grĂące Ă  une parfaite adĂ©quation entre l’expĂ©rience logicielle et l’assemblage du matĂ©riel : telle est en substance la promesse – pas tout Ă  fait inĂ©dite – formulĂ©e mercredi soir par Samsung. Le constructeur sud-corĂ©en prĂ©sentait en effet Ă  San Diego son fer de lance en matiĂšre de smartphones haut de gamme : la sĂ©rie des Galaxy S25, pour l’instant dĂ©clinĂ©e en trois modĂšles.

De l’extĂ©rieur, des changements discrets

Au programme : trois smartphones – Galaxy S25, Galaxy S25+ et Galaxy S25 Ultra –, dont les lignes esthĂ©tiques restent globalement fidĂšles Ă  celles de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente. Samsung parvient Ă  gagner quelques points au niveau de l’épaisseur (7,2 mm contre 7,6 mm pour le S24), mais se montre conservateur au niveau des Ă©crans, toujours Ă  bords arrondis.

Le S25 reste ainsi sur une dalle 6,2 pouces full HD, tandis que le S25+ conserve son Ă©cran 6,7 pouces QHD. Le S25 Ultra gagne quant Ă  lui 0,1 pouce de surface visible, Ă  6,9 pouces, toujours en QHD. Les trois modĂšles profitent d’un affichage dynamique jusqu’à 120 Hz. Samsung fait appel Ă  un verre de protection Gorilla Glass Victus 2 sur les S25 et S25+. Le S25 Ultra reçoit quant Ă  lui un nouveau verre de protection, le Corning Gorilla Armor 2, censĂ© rĂ©sister Ă  des chutes allant jusqu’à 2,2 mĂštres et prĂ©senter de trĂšs bonnes propriĂ©tĂ©s anti-reflets.

Un SoC dernier cri

Sous le capot, les changements sont moins anecdotiques, avec l’introduction, sur les trois appareils, d’un SoC dernier cri, version lĂ©gĂšrement personnalisĂ©e du Snapdragon 8 Elite prĂ©sentĂ© par Qualcomm en octobre dernier.

La plateforme, qui supplante donc les processeurs Exynos (Samsung), utilisĂ©s ponctuellement sur de prĂ©cĂ©dentes gĂ©nĂ©rations de smartphones Galaxy, promet des performances en hausse significative (Qualcomm parle de 45 % de gains par rapport Ă  la Snapdragon 8 Gen 3, et de la prise en charge de Vulkan ou du Ray Tracing sur la partie GPU). AccompagnĂ©e de 12 Go de mĂ©moire vive au sein des S25, elle autorise Ă©galement une meilleure gestion de l’alimentation Ă©lectrique, et une connectivitĂ© conforme aux derniers standards en vigueur.

Outre leur prise en charge de la 5G, les trois Galaxy S25 affichent ainsi une compatibilitĂ© Wi-Fi 7 et Bluetooth 5.4, du fait de l’intĂ©gration, au sein du Snapdragon 8 Elite, du systĂšme FastConnect 7900. Samsung propose par ailleurs une charge Ă  25 W sur les S25 (batterie 4 000 mAh) et S25+ (4 900 mAh), qui monte Ă  45 W sur le S25 Ultra (5 000 mAh).

CĂŽtĂ© photo, les Galaxy S25 et S25+ reprennent la formule basĂ©e sur trois capteurs arriĂšre de 50, 12 et 10 Mpx avec zooms optiques de x2 et x3, contre 12 Mpx en façade. Le S25 Ultra dispose quant Ă  lui de quatre capteurs arriĂšre de 200, 50, 10 et 50 Mpx avec zooms optiques x2, x3, x5 et x10. Sur ce dernier, le changement le plus notable par rapport au S24 Ultra est donc le passage de l’ultra grand-angle de 12 Ă  50 Mpx. Samsung Ă©voque Ă©galement l’enregistrement en HDR 10 bits, dĂ©sormais activĂ© par dĂ©faut.

Android 15 et One UI 7

Sur le volet logiciel, Samsung capitalise au maximum sur ses partenariats avec Qualcomm et Google. LivrĂ©s sous Android 15 Ă©quipĂ© de la surcouche maison One UI 7, les S25 se veulent ainsi, dans le discours de Samsung, la dĂ©monstration de la façon dont on peut placer l’IA au cƓur d’un environnement mobile. Dans les faits, bon nombre des fonctionnalitĂ©s prĂ©sentĂ©es se retrouvent dans Gemini Live et les Pixel 9 de Google, mĂȘme si Samsung enrobe diffĂ©remment les diffĂ©rentes briques IA de son logiciel.

Le S25 intĂšgrent notamment la recherche multimodale (voix, texte, image) hĂ©ritĂ©e de la fonctionnalitĂ© Circle to Search de Google. Samsung y ajoute un « agent Â», prĂ©sentĂ© sous la forme d’une barre d’information, chargĂ© de prĂ©dire les informations dont l’utilisateur aura besoin en fonction du contexte (agenda de la journĂ©e, mĂ©tĂ©o, suggestions d’itinĂ©raires, etc.), en plus bien sĂ»r de rĂ©pondre aux commandes formulĂ©es en langage naturel. « Demandez simplement une photo spĂ©cifique dans la Galerie Samsung pour la trouver de façon intuitive, ou ajustez la taille des polices d’affichage dans les ParamĂštres Â», illustre le constructeur.

L’IA s’invite Ă©galement dans les applications de productivitĂ© (transcription automatique et rĂ©sumĂ© d’un appel) ou de loisir (IA gĂ©nĂ©rative pour la crĂ©ation de dessins ou la retouche photo).

Un « Personal Data Engine Â»

Afficher un rĂ©sumĂ© des informations de la journĂ©e Ă  venir suppose bien sĂ»r d’avoir analysĂ© des contenus tels que l’agenda, les courriers Ă©lectroniques ou les messages reçus. Sur ce point, Samsung ne s’étend pas beaucoup dans sa communication francophone. Le constructeur se rĂ©vĂšle lĂ©gĂšrement plus disert dans ses communiquĂ©s amĂ©ricains (voir note 6 en bas de page), Ă©voquant un « Personal Data Engine Â» dont le fonctionnement peut ĂȘtre dĂ©sactivĂ© par l’utilisateur, et dont les capacitĂ©s d’analyse ne porteraient que sur les applications Samsung natives.

Reste Ă  voir le fonctionnement exact de ce moteur, notamment vis-Ă -vis des polĂ©miques suscitĂ©es, dans l’univers PC, par la fonctionnalitĂ© Recall de Microsoft.

CĂŽtĂ© sĂ©curitĂ©, les S25 disposent toujours des outils de Samsung pour l’entreprise, Ă  commencer par Knox Vault (gestion des accĂšs). Ils s’ouvrent par ailleurs Ă  la « cryptographie post-quantique Â».

Sept ans de mise Ă  jour

Samsung promet enfin pour la sĂ©rie Galaxy S25 un cycle garanti de « sept gĂ©nĂ©rations de mises Ă  niveau du systĂšme d’exploitation et sept annĂ©es de mises Ă  jour de sĂ©curitĂ© Â». Le sud-corĂ©en emboĂźte ainsi le pas Ă  la dĂ©marche engagĂ©e par Google.

La disponibilitĂ© commerciale de ces trois nouveaux smartphones est fixĂ©e au 7 fĂ©vrier prochain, dans une large variĂ©tĂ© de coloris et des options de stockage allant de 128 Go Ă  1 To (uniquement pour le S25 Ultra). Les prix sont similaires Ă  ceux de la gĂ©nĂ©ration S24 au lancement. Comptez 899 euros pour un S25 de 128 Go, 1 169 euros pour un S25+ en 256 Go et 1 469 euros pour le S25 Ultra en 256 Go.

Wine fĂȘte sa version 10 avec d’importantes nouveautĂ©s : ARM64EC, Wayland, HiDPI

Ce n'est toujours pas un Ă©mulateur
Wine fĂȘte sa version 10 avec d’importantes nouveautĂ©s : ARM64EC, Wayland, HiDPI

Wine 10 est arrivĂ© le 21 janvier, avec Ă  son bord une longue liste d’amĂ©liorations. Fruit d’un an de travail, elle introduit notamment le support complet de l’architecture ARM64EC, gĂ©nĂ©ralise la prise en charge de Wayland et amĂ©liore nettement la gestion du HiDPI.

Dans son annonce, l’équipe indique avoir rĂ©alisĂ© 6 000 modifications dans Wine. La nouvelle version 10, qui marque une Ă©tape majeure sans ĂȘtre forcĂ©ment plus importante que les prĂ©cĂ©dentes, accumule les nouveautĂ©s pour amĂ©liorer le support des applications Windows sur Linux. Rappelons que Wine n’est pas un Ă©mulateur au sens strict – le mot « Wine Â» est un acronyme rĂ©cursif signifiant « Wine is not an emulator Â».

Grosses améliorations pour ARM64

L’apport le plus important est sans conteste le support complet d’ARM64EC (EC pour Emulation Compatible), signifiant une paritĂ© totale avec l’architecture ARM64. ARM64EC est une ABI (Application Binary Interface) dĂ©veloppĂ©e par Microsoft pour permettre la compilation d’applications hybrides. Elle est proposĂ©e aux dĂ©veloppeurs pour simplifier le portage des applications x86-64 vers ARM64, autorisant notamment les modifications incrĂ©mentielles. LancĂ©e en 2021, ARM64EC est rĂ©guliĂšrement mis en avant, notamment par Qualcomm lors de la GDC 2024, quand il Ă©tait question de faire tourner les jeux sur ce qui allait ĂȘtre les PC Copilot+.

Comme l’indique l’équipe de Wine, les modules hybrides ARM64X sont donc pleinement supportĂ©s, autorisant le mĂ©lange de codes ARM64EC et ARM64 au sein d’un mĂȘme binaire. Il est Ă©galement possible de compiler Wine en ARM64X via l’option « â€“enable-archs=arm64ec,aarch64 Â». Les dĂ©veloppeurs indiquent qu’il faut utiliser une version expĂ©rimentale de la chaine LLVM, mais que la version 20 stable de celle-ci devrait pouvoir compiler Wine sans autre modification.

Autre consĂ©quence, l’interface d’émulation x86-64 est prĂ©sente, profitant justement d’ARM64EC pour exĂ©cuter tout le code Wine de maniĂšre native. Seul le code x86-64 des applications est Ă©mulĂ©. L’équipe ajoute cependant que seule une taille de 4 ko pour les pages systĂšme est supportĂ©e, car il s’agit d’une spĂ©cification de l’ABI Windows. Sur les systĂšmes dont le noyau utilise des pages de 16 ou 64 ko, Wine ne fonctionnera pas.

Plus gĂ©nĂ©ralement, le support des plateformes ARM s’amĂ©liore avec la dĂ©tection du processeur, la gestion des exceptions, ou encore le support de RPC/COM, de WIDL, de RTTI C++ et des exceptions C++.

Améliorations graphiques et intégration

CĂŽtĂ© graphiques, il y a essentiellement deux amĂ©liorations. D’abord pour le HiDPI, mieux supportĂ© dans Wine 10. Les fenĂȘtres d’applications ne prenant pas en compte le contexte DPI sont dĂ©sormais mises automatiquement Ă  l’échelle, plutĂŽt que de leur exposer des tailles de DPI dont elles ne feront rien. Des flags de compatibilitĂ© sont Ă©galement prĂ©sents pour remplacer ce support, que ce soit par application ou dans le prĂ©fixe.

Du neuf Ă©galement pour Vulkan. Le pilote intĂ©grĂ© prend en charge la version 1.4.303 de l’API graphique, lui apportant notamment le support des extensions vidĂ©o. Outre le support de la liaison des polices dans GdiPlus, les fenĂȘtres filles Vulkan disposent dĂ©sormais d’un rendu supportĂ© par X11. Il s’agit d’un alignement sur OpenGL, qui savait dĂ©jĂ  le faire.

Concernant l’intĂ©gration, Wine 10 inclut une fonction trĂšs attendue, mais encore expĂ©rimentale : l’émulation du mode d’affichage. Il devient possible d’émuler complĂštement les changements de mode d’affichage, plutĂŽt que de les modifier rĂ©ellement. « Les fenĂȘtres sont agrandies et mises Ă  l’échelle si nĂ©cessaire pour s’adapter Ă  l’affichage physique, comme si la rĂ©solution du moniteur avait Ă©tĂ© modifiĂ©e, mais aucun changement de mode n’est demandĂ©, ce qui amĂ©liore l’expĂ©rience de l’utilisateur Â», peut-on lire dans l’annonce.

On note aussi l’apparition d’un nouveau applet desk.cpl. Elle peut servir Ă  inspecter et modifier la configuration de l’affichage, pour changer la rĂ©solution du bureau virtuel ou pour contrĂŽler les nouveaux paramĂštres d’affichage Ă©mulĂ©s.

Et Wayland ?

Et bien sĂ»r, pas question de parler de l’aspect graphique sans Ă©voquer Wayland. Wine 10 fait le grand saut, le nouveau pilote Ă©tant activĂ© par dĂ©faut. L’équipe prĂ©cise quand mĂȘme que dans le cas oĂč Wayland et X11 sont tous deux disponibles, x11 garde la prioritĂ©. Sur un nombre croissant de distributions oĂč Wayland est activĂ© par dĂ©faut et X11 supprimĂ©, la question ne se posera pas.

Le support de Wayland s’étend Ă©galement, avec la rĂ©pĂ©tition automatique des touches, OpenGL et un positionnement correct des fenĂȘtres contextuelles.

Wine 10 contient aussi une longue liste d’amĂ©liorations plus gĂ©nĂ©rales, comme des corrections sur la barre des tĂąches, sur la gestion de l’état des entrĂ©es/sorties asynchrones dans le nouveau mode WoW64 et sur le mode interprĂ©tĂ© de WIDL. Signalons aussi une hausse gĂ©nĂ©rale des performances et la suppression de plusieurs fonctionnalitĂ©s considĂ©rĂ©es comme obsolĂštes dans Wine3D.

☕ 70 % des individus impliquĂ©s dans des projets d’attentats ont moins de 21 ans


70 % des individus impliquĂ©s dans des projets d’attentats ont moins de 21 ans

« Depuis 2023, prĂšs de 70 % des individus impliquĂ©s dans des projets d’attentats ont moins de 21 ans Â», explique au Point CĂ©line Berthon, patronne de la DGSI. Pour sa premiĂšre interview depuis son entrĂ©e en fonction, en janvier 2024, elle dĂ©plore un « phĂ©nomĂšne Â» d’ « autoradicalisation Â» liĂ© « Ă  la consommation en masse de la propagande djihadiste sur les rĂ©seaux sociaux ».

Si le fait de « regarder cette propagande n’est pas aujourd’hui un acte rĂ©prĂ©hensible judiciairement Â», rappelle celle qui Ă©tait auparavant directrice gĂ©nĂ©rale de la Police nationale, « en publier l’est en revanche et donne lieu Ă  des signalements de notre part au ministĂšre public » :

« L’enjeu, c’est d’évaluer la dangerositĂ© de ces jeunes, le degrĂ© de maturitĂ© de leur projet et la nĂ©cessitĂ©, ou non, d’engager une procĂ©dure judiciaire en soumettant l’ouverture d’une enquĂȘte auprĂšs du parquet national antiterroriste. Â»

Si la DGSI observe du recyclage de productions terroristes datant pour certaines de l’État islamique ou de l’attentat de Charlie Hebdo, elle constate aussi qu’ « avec tous les moyens liĂ©s Ă  l’intelligence artificielle, produire du contenu est beaucoup moins complexe qu’auparavant Â» :

« La modernitĂ© des outils rend possible la conception de supports courts qui correspondent Ă  ce que recherche ce jeune public et favorise une consommation addictive. Les algorithmes alimentent ces recherches et participent Ă  l’effet de fulgurance de la radicalisation de jeunes, majoritairement des garçons, qui ont en commun d’ĂȘtre plutĂŽt isolĂ©s socialement et trĂšs connectĂ©s. Â»

Elle relĂšve en effet que « la radicalisation autorise une forme de quĂȘte de sens pour des jeunes en recherche d’appartenance Ă  un groupe Â». Signe que, mĂȘme s’ils s’autoradicalisent en ligne, il ne s’agit pas de « loups solitaires Â», mais d’individus instrumentalisĂ©s par d’autres ou participant Ă  des phĂ©nomĂšnes de meutes.

Au tribunal, la streameuse Ultia épuisée par le cyberharcÚlement

Double peine
Au tribunal, la streameuse Ultia épuisée par le cyberharcÚlement

Le 21 janvier se tenait le procÚs de quatre des cyberharceleurs de la streameuse Ultia, visée par un cyberharcÚlement récurrent depuis quatre ans.

Depuis 2021, alors qu’elle dĂ©nonçait les propos misogynes du streameur Inoxtag lors de l’évĂ©nement caritatif Z Event, la streameuse Ultia subit sans rĂ©pit un cyber-harcĂšlement de masse, parfois entretenu par d’autres vidĂ©astes.

‹Ce 21 janvier 2025, Ă  la 10ᔉ chambre correctionnelle, sur les douze personnes identifiĂ©es par les enquĂȘteurs, quatre hommes sont finalement jugĂ©s.

Nazim H., 39 ans, explique ses messages Ă  caractĂšre sexuel par le fait qu’il considĂ©rait la vidĂ©aste « comme une amie Â» – argument que la streameuse 4rtoise analyse comme issu d’une dynamique para-sociale : ça n’est pas parce qu’un ou une internaute suit rĂ©guliĂšrement des crĂ©ateurs de contenus que ces derniers les connaissent.

Nathan F, 21 ans, dĂ©clare avoir postĂ© des menaces d’agression et de viol « sans y penser Â», parce qu’il a Ă©tĂ© « influencĂ© Â». Edis M., 24 ans, indique lui aussi avoir menacĂ© de mort Ultia sous l’ Â« influence Â» du streameur PFut. IsmaĂ«l M., 23 ans et auteur de certains des messages les plus violents, conteste les accusations de harcĂšlement et de menaces de mort et ne s’est pas prĂ©sentĂ© au procĂšs.

Double peine

À la barre, rapporte Le Monde, Ultia dĂ©clare : « Je suis fatiguĂ©e, j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© Ă  trois policiers, Ă  un gendarme, Ă  trois psychiatres, et puis il y a eu les rendez-vous avec mon avocate. Je n’en peux plus, je veux que ça s’arrĂȘte. Â»

Suivie par 280 000 personnes sur Twitch, la jeune femme indique avoir bloquĂ© Ă  la main plus de 5 000 comptes sur X.

Elle dĂ©taille aussi la double peine : en plus d’ĂȘtre cyberharcelĂ©e, elle s’est retrouvĂ©e longuement mise Ă  l’écart de « Popcorn Â», une Ă©mission populaire sur Twitch, et indique ĂȘtre passĂ©e Ă  cĂŽtĂ© d’autres opportunitĂ©s professionnelles. Les marques comme ses collĂšgues craignent de subir Ă  leur tour des vagues de cyberharcĂšlement, dĂ©taille Mediapart.

RĂŽle des streamers

Les prĂ©venus, eux, minimisent les faits. Nathan F. s’excuse, Edis M. dĂ©clare regretter ses propos.

Les deux citent l’influence du streameur Pfut, qui compte plus de 700 000 abonnĂ©s sur Twitch, et la responsabilitĂ© d’autres vidĂ©astes dans le cyberharcĂšlement permanent.

En sortant du procĂšs, le streamer Ponce, venu, avec son collĂšgue Rivenzi, soutenir Ultia, Ă©crira sur X :

« Retour du procĂšs d’Ultia pour le harcĂšlement qu’elle subit depuis plus de 3 ans
 et bah j’ai rarement eu autant de preuves formelles concernant la responsabilitĂ© des streamers vis Ă  vis de leurs commus, c’est mĂȘme Ă  un point difficile Ă  imaginer. Â»

« Il suffit d’une seule personne qui ouvre la mĂšche avec une critique un peu agressive, de la validation de certaines grosses tĂȘtes de l’internet et le harcĂšlement sera intense, long et sans aucune remise en question de ce qu’il se passe, ni du public ni du milieu qui s’autovalide. Â»

La Procureure de la RĂ©publique requiert des peines de sept Ă  douze mois d’emprisonnement avec sursis et un stage de sensibilisation pour les prĂ©venus. Les dĂ©libĂ©rĂ©s doivent ĂȘtre rendus le 12 fĂ©vrier.

☕ Cisco corrige une faille critique dans Meeting Management



Cisco a publiĂ© mercredi une alerte de sĂ©curitĂ© relative Ă  la dĂ©couverte d’une faille critique au sein de Meeting Management, sa solution serveur dĂ©diĂ©e Ă  la gestion et Ă  l’hĂ©bergement des rendez-vous organisĂ©s via tĂ©lĂ©confĂ©rence.

La vulnĂ©rabilitĂ©, qui hĂ©rite d’un 9,9/10 sur l’échelle de sĂ©vĂ©ritĂ© CVSS, se situe au niveau de l’API REST de Cisco Meeting Management. Elle permet Ă  un attaquant de s’octroyer des droits administrateurs sur l’installation visĂ©e.

« Cette vulnĂ©rabilitĂ© existe parce qu’une autorisation appropriĂ©e n’est pas appliquĂ©e aux utilisateurs de l’API REST Â», prĂ©cise le constructeur amĂ©ricain. Faute de rustine possible, la mise Ă  jour s’impose donc sans dĂ©lai, estime Cisco, qui indique toutefois n’avoir pas Ă©tĂ© informĂ©, Ă  ce stade, d’une Ă©ventuelle exploitation malveillante.

La découverte de la faille est portée au crédit de Ben Leonard-Lagarde, de Modux.

☕ Avec iOS 18.3, Apple Intelligence sera activĂ© par dĂ©faut (dans les pays concernĂ©s)



Le bouquet de services dopĂ©s Ă  l’IA d’Apple est officiellement disponible depuis les mises Ă  jour iOS 18.1 et macOS 15.1. Depuis, les versions 18.2 et 15.2 sont passĂ©es, apportant de nombreux nouveaux outils. DĂ©sormais, iOS 18.3 et macOS 15.3 sont imminents et signeront l’activation par dĂ©faut d’Apple Intelligence sur tous les appareils concernĂ©s.

Rappelons que les appareils compatibles avec Apple Intelligence ne sont pas si nombreux, la faute Ă  une pingrerie marquĂ©e d’Apple sur la mĂ©moire vive, puisqu’il faut 8 Go au minimum. CotĂ© iPhone, seuls les 15 Pro et la gamme 16 est compatible. Pour les iPad et Mac, tous les modĂšles intĂ©grant au moins une puce M1 sont pris en charge, ainsi que le dernier iPad mini et sa puce A17 Pro (la mĂȘme que dans l’iPhone 15 Pro.

Jusqu’à prĂ©sent, Apple Intelligence devait ĂȘtre activĂ© de façon explicite. Sur les appareils compatibles et dans les pays anglo-saxons (les seuls concernĂ©s pour l’instant), le systĂšme posait la question une premiĂšre fois. Si l’utilisateur refusait, il fallait se rendre ensuite dans les options pour l’activer. DĂ©sormais, c’est le comportement inverse, comme repĂ©rĂ© par 9to5Mac : activĂ© par dĂ©faut, dĂ©sactivable dans les rĂ©glages de l’appareil.

En Europe, Apple Intelligence sera amenĂ© par iOS 18.4 et macOS 15.4 en avril. Si on suit la logique d’Apple, le bouquet devrait ĂȘtre actif par dĂ©faut dĂšs l’installation de ces mises Ă  jour. En attendant, iOS 18.3 et macOS 15.3 sont sur le point d’arriver (les release candidates ont Ă©tĂ© envoyĂ©es aux testeurs), mais n’apportent que peu de nouveautĂ©s visibles.

Des clauses illicites ou abusives chez plus de 60 % des fournisseurs d’électricitĂ© et gaz


Des clauses illicites ou abusives chez plus de 60 % des fournisseurs d’électricitĂ© et gaz

La rĂ©pression des fraudes a passĂ© au crible les contrats de 27 fournisseurs d’électricitĂ© et de gaz, avec des irrĂ©gularitĂ©s dans prĂšs des deux tiers des cas. Les griefs sont variĂ©s, allant des conditions d’applications des changements de tarif, au prix du kWh en passant par les moyens de paiement. Le (triste) bilan rejoint celui du mĂ©diateur de l’énergie.

Alors que les tarifs de l’électricitĂ© vont connaitre une baisse importante Ă  partir du 1á”‰Êł fĂ©vrier, la Direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes (DGCCRF) vient mettre un coup de pied dans la fourmiliĂšre : « Deux fournisseurs d’électricitĂ© et de gaz naturel contrĂŽlĂ©s sur trois insĂšrent des clauses illicites ou abusives dans leurs contrats Â».

Pour comprendre les causes et consĂ©quences, remontons en 2021 avec la crise de l’énergie et la hausse importante des tarifs. Nous en parlions d’ailleurs fin 2021, lorsque plusieurs fournisseurs alternatifs avaient dĂ©cidĂ© de se mettre en pause. Un exemple parmi d’autres : E.Leclerc Ă©nergies mettait carrĂ©ment ses clients dehors (et n’a jamais rouvert ses portes depuis).

Une situation qui a « conduit certains fournisseurs Ă  rĂ©viser leurs conditions contractuelles sans en informer correctement les consommateurs Â», explique la rĂ©pression des fraudes. Suite Ă  des signalements, la DGCCRF a ouvert des enquĂȘtes Ă  partir de 2023.

Des irrégularités dans 63 % des établissements contrÎlés

Le rĂ©sultat est sans appel : « Sur 27 Ă©tablissements contrĂŽlĂ©s, les documents contractuels de 17 d’entre eux prĂ©sentaient des irrĂ©gularitĂ©s Â». Comment en est-on arrivĂ© lĂ  ? Pour la rĂ©pression des fraudes, la cause est toute trouvĂ©e : des fournisseurs ont Ă©tĂ© pris de court et « ont rĂ©visĂ© leurs conditions contractuelles, car leur mode de dĂ©termination des tarifs, comme leur stratĂ©gie d’approvisionnement, ne leur permettaient pas d’assurer leurs services au prix convenu par leur contrat Â».

Selon l’enquĂȘte de la DGCCRF, les conditions gĂ©nĂ©rales de vente et les contrats de plusieurs fournisseurs « n’étaient pas conformes au code de la consommation Â». Cela concerne aussi bien des fournisseurs historiques que des fournisseurs alternatifs.

PremiĂšre conclusion : « Des clauses illicites ont Ă©tĂ© plus frĂ©quemment relevĂ©es dans les entreprises locales de distribution (ELD), surtout dans les territoires oĂč la concurrence est quasiment inexistante, que chez les fournisseurs nationaux ».

Des irrégularités nombreuses et variées

Un exemple : dans les conditions de vente de trois fournisseurs nationaux, il Ă©tait prĂ©cisĂ© que les augmentations des taxes suite Ă  une Ă©volution lĂ©gislative ou rĂ©glementaire seraient facturĂ©s au client, mais « sans qu’il soit indiquĂ© qu’en cas de baisse des taxes celles-ci seraient dĂ©duites de la facture du client Â».

Sur le tarif Ă  payer, c’était un peu la foire Ă  la saucisse dans certains contrats : « L’un d’entre eux ne prĂ©voyait pas l’information prĂ©alable du consommateur en cas de modification du prix. Un autre n’informait du prix du kWh applicable au contrat Ă  prix indexĂ© sur le marchĂ© journalier, qu’à l’issue du mois de consommation. D’autres clauses restreignaient les moyens de paiement, soit en imposant le prĂ©lĂšvement automatique, soit en omettant les autres modes de paiement Â».

La rĂ©pression des fraudes pointe aussi du doigt des conditions de coupure ou de rĂ©siliation dĂ©favorables aux consommateurs, un droit Ă  la rĂ©siliation « malmenĂ© ». De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, « un nombre relativement important de manquements, notamment chez certains petits fournisseurs dont les documents contractuels n’étaient plus Ă  jour Â».

11 avertissements, 4 injonctions et 1 amende

La DGCCRF affirme que de nombreux fournisseurs se sont mis en conformité aprÚs les contrÎles et que les suites données sont largement pédagogiques avec 11 avertissements.

Il y a aussi des manquements plus graves, « principalement chez des fournisseurs nationaux et des entreprises locales de taille importante Â», notamment des clauses abusives toujours prĂ©sentes aprĂšs un contrĂŽle et des pratiques commerciales trompeuses. La rĂ©pression des fraudes a envoyĂ© quatre injonctions et une amende de 20 000 euros.

Les changements de prix au cƓur des saisines du mĂ©diateur

Le mĂ©diateur de l’énergie a publiĂ© en mai dernier son rapport annuel 2023, marquĂ© par la crise de l’énergie : « Il a reçu 27 350 litiges, dont 13 999 demandes de mĂ©diation (appelĂ©es saisines). Si le nombre de saisines est restĂ© stable par rapport Ă  2022, la hausse des prix de l’énergie a modifiĂ© la typologie des litiges, avec une forte augmentation des litiges liĂ©s Ă  des changements de prix Â».

Si le nombre de saisines est restĂ© stable par rapport Ă  2022, « la crise des prix de l’énergie a gĂ©nĂ©rĂ© une augmentation trĂšs importante de plaintes liĂ©es Ă  des changements de prix (+ 74 %) et de celles Ă©manant de professionnels et de copropriĂ©tĂ©s (+ 72 %) ».

Wekiwi enchaine les cartons rouges

Un fournisseur sortait nĂ©anmoins du lot : « Un carton rouge est attribuĂ©, pour la deuxiĂšme annĂ©e consĂ©cutive, au fournisseur Wekiwi pour ses mauvaises pratiques rĂ©currentes Ă  tous les moments de la vie des contrats. Â». Rappelons aussi qu’à cette Ă©poque, Wekiwi envoyait des mots de passe en clair.

C’est simple, sur l’annĂ©e 2023, « la quasi-totalitĂ© des saisines instruites par le mĂ©diateur national de l’énergie concernant Wekiwi a fait l’objet d’un signalement Ă  la DGCCRF pour non-respect d’une ou plusieurs dispositions du Code de la consommation Â».

Le mĂ©diateur dĂ©compte pas moins de 612 saisines pour 100 000 contrats, faisant de Wekiwi le fournisseur avec le taux le plus Ă©levĂ©, « 15 fois supĂ©rieur au taux moyen tous fournisseurs confondus Â».

Des mensualités largement sous-évaluées

Toujours en 2023, le mĂ©diateur pointait du doigt les fournisseurs qui sous-Ă©valuaient « parfois dĂ©libĂ©rĂ©ment le montant des mensualitĂ©s de leurs clients, avec au final des factures de rĂ©gularisation de plusieurs centaines, voire milliers d’euros Â». Cette mauvaise pratique Ă©tait particuliĂšrement chez Eni, Ohm Energie, Engie et Wekiwi.

Le dernier carton rouge est pour Enedis « pour le mauvais traitement des rĂ©clamations de ses clients relatives Ă  la qualitĂ© de leur fourniture d’électricitĂ© Â».

Les dossiers de Next sur l’électricitĂ©

Si vous souhaitez changer de fournisseur d’électricitĂ©, Next a publiĂ© rĂ©cemment un dossier sur le sujet, ainsi que sur l’électricitĂ© verte. Nous avons aussi mis en ligne un comparatif de 32 offres d’électricitĂ© vertes, qui Ă©tait l’occasion de relever certains points importants Ă  surveiller dans les contrats : des hausses automatiques au bout d’un an, des remises accordĂ©es Ă  condition de rester au moins un an, etc.

☕ Chez Canon, un capteur plein format CMOS de 410 Mpixels



La sociĂ©tĂ© annonce « avoir dĂ©veloppĂ© un capteur CMOS de 410 mĂ©gapixels (24 592 x 16 704 pixels), soit le plus grand nombre de pixels jamais atteint dans un capteur plein format de 35 mm Â». Le fabricant vise des domaines tels que la surveillance, la mĂ©decine et l’industrie.

La rĂ©solution Ă©quivalente Ă  un « 24K (198 fois supĂ©rieure Ă  la Full HD et 12 fois supĂ©rieure Ă  la 8K) Â» permet de recadrer les images en gardant un nombre consĂ©quent de pixels. Dans sa version monochrome, le capteur dispose aussi de la technologie « four-pixel binning Â» permettant de regrouper les pixels par quatre afin d’augmenter la luminositĂ©. On arrive alors Ă  une rĂ©solution de 100 Mpixels.

Canon ne donne pas plus de détails, mais prévoit de présenter son capteur à San Francisco à la fin du mois.

[Rétrospective] Comment les technobros ont rallié Trump

Qui aurait pu prédire ?
[Rétrospective] Comment les technobros ont rallié Trump

PlongĂ©e dans les articles et analyses de Next qui permettent de comprendre la place prise par l’industrie technologique et certains de ses patrons dans les premiers jours du second mandat de Donald Trump.

Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Sundar Pichai et Elon Musk Ă  l’investiture de Donald Trump, salut fasciste rĂ©alisĂ© par Elon Musk Ă  la tribune
 Pour comprendre le spectacle donnĂ© par les plus grands patrons de l’industrie numĂ©rique au dĂ©but de ce second mandat du candidat RĂ©publicain, Next replonge dans ses travaux au long cours.

Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Sundar Pichai et Elon Musk à l’investiture de Donald Trump / Euronews

Fin 2022, alors que le monde des cryptoactifs est durement touchĂ© par l’explosion de la plateforme FTX, deux courants idĂ©ologiques deviennent mieux connus du grand public : l’altruisme efficace et le long-termisme. Populaires auprĂšs des milliardaires de la tech, ces courants sont publiquement et/ou financiĂšrement soutenu par Elon Musk, alors en train de racheter Twitter pour le transformer en X, Jeff Bezos, patron d’Amazon, ou encore Vitalik Butlerin, crĂ©ateur d’Ethereum.

Alors qu’à la bulle des cryptoactifs succĂšde la frĂ©nĂ©sie pour l’intelligence artificielle gĂ©nĂ©rative, l’ingĂ©nieure Timnit Gebru et le philosophe Emile Torres se plongent dans les racines idĂ©ologiques qui animent certains des promoteurs du secteur. Au menu : de l’altruisme efficace et du longtermisme, eux-mĂȘmes liĂ©s au courant transhumaniste, dont l’une des figures, Nick Bostrom, a affirmĂ© que les populations ne se valaient pas selon leur couleur de peau. Pour l’ingĂ©nieure et le philosophe, les racines de ces courants idĂ©ologiques plongent dans les idĂ©es eugĂ©nistes du dĂ©but du 20e siĂšcle.

En parallĂšle, dans la DĂ©fense, l’Aviation ou encore les Transports, Elon Musk tisse ses liens avec l’administration Ă©tats-unienne. Alors que s’ouvre la campagne prĂ©sidentielle pour l’élection de novembre 2024, le camp dĂ©mocrate pĂątit de la candidature d’un Joe Biden vieillissant, et, aux yeux de la tech, d’une politique trop agressive en termes de rĂ©gulation, incarnĂ©e notamment par la figure de la directrice de la Federal Trade Commission, Lina Khan.

Au lendemain de la tentative d’assassinat perpĂ©trĂ©e contre Donald Trump, lors d’un rallye tenu le 14 juillet 2024, Elon Musk et plusieurs venture capitalists se rallient ouvertement Ă  sa candidature. Ce faisant, ils rejoignent des figures de plus longue date, dont l’investisseur et (co-)fondateur de PayPal, Palantir, et de fonds comme Valar Ventures, Peter Thiel.

Le tournant politique d’Elon Musk, autrefois soutien dĂ©mocrate, est l’un des plus flamboyants et politiquement assumĂ©, lui qui se voit promettre un poste Ă  la tĂȘte d’un futur ministĂšre de l’efficacitĂ© gouvernementale.

Mais Ă  l’automne, il est rejoint par Jeff Bezos, qui empĂȘche notamment le journal Washington Post, dont il est propriĂ©taire, de publier son traditionnel article de soutien Ă  l’un ou l’autre des candidats, puis dĂ©cide de verser 1 million de dollars pour le financement de l’investiture de Donald Trump.

De mĂȘme, Mark Zuckerberg rejoint le mouvement, jusqu’à ses spectaculaires prises de parole de dĂ©but de janvier. À la surprise des usagers de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, comme celle de la plupart des employĂ©s de Meta, l’entrepreneur met fin aux services de fact-checking rendus disponibles aux États-Unis sur ses plateformes – quand bien mĂȘme le rĂŽle de la dĂ©sinformation promue sur ces rĂ©seaux dans l’inflammation de violences a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©, y compris en amont de l’attaque du Capitole, Ă  Washington, en janvier 2021.

Toute la Silicon Valley suit-elle la tendance impulsĂ©e par les figures que sont Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg ? Non, rappelle le sociologue Olivier Alexandre sur France Inter. Parmi tous les milliardaires qu’abrite la rĂ©gion, une majoritĂ© a mĂȘme soutenu le camp dĂ©mocrate, comme nous le rappelions dans les deux articles suivants :

À l’heure actuelle, ces derniers – de mĂȘme que le reste du camp dĂ©mocrate – restent cependant relativement inaudibles.

Intelligence artificielle : Stargate, le projet fou amĂ©ricain Ă  500 milliards de dollars

MAIGA
Intelligence artificielle : Stargate, le projet fou amĂ©ricain Ă  500 milliards de dollars

Donald Trump, arrivĂ© fraichement Ă  la Maison-Blanche, a annoncĂ© hier en grande pompe le projet Stargate. Pas question de science-fiction : plusieurs entreprises, OpenAI et Oracle en tĂȘte, vont investir jusqu’à 500 milliards de dollars en quatre ans pour construire des infrastructures destinĂ©es Ă  mettre dĂ©finitivement les États-Unis en premiĂšre place sur l’IA.

Stargate est un projet de grande ampleur rĂ©unissant SoftBank, OpenAI, Oracle et MGX comme principaux partenaires financiers. Arm, Microsoft, NVIDIA, Oracle et OpenAI sont les principaux partenaires techniques. Ces entreprises veulent unir leurs compĂ©tences et budgets pour bĂątir une sĂ©rie de centres de donnĂ©es, dont le premier est dĂ©jĂ  en construction au Texas, prĂšs d’Abilene. Masayoshi Son, l’actuel PDG de SoftBank, est nommĂ© prĂ©sident de cette nouvelle coentreprise. À terme, d’autres centres doivent ĂȘtre construits, aboutissant Ă  une nouvelle infrastructure.

Le budget mirobolant – jusqu’à 500 milliards de dollars – sera dĂ©ployĂ© sur quatre ans, dont 100 milliards sont investis immĂ©diatement. Le dĂ©coupage de la somme n’a pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© : ni qui investit quoi, ni quand. La prĂ©sence de SoftBank et la prĂ©sidence donnĂ©e Ă  Masayoshi Son constituent cependant un faisceau d’indices, tout comme la participation de MGX, un fonds d’investissement Ă©mirati crĂ©Ă© par le fils du fondateur des Émirats arabes unis.

OpenAI, l’acteur central

On remarque rapidement qu’OpenAI est le seul acteur dĂ©diĂ© Ă  l’IA dans le lot de partenaires. L’entreprise, pilotĂ©e par Sam Altman – qui s’était plaint rĂ©cemment du manque de puissance de calcul disponible dans le monde pour entrainer ses modĂšles – est d’ailleurs claire dans son communiquĂ© de presse :

« Le Projet Stargate est une nouvelle entreprise qui a l’intention d’investir 500 milliards de dollars au cours des quatre prochaines annĂ©es dans la construction d’une nouvelle infrastructure d’IA pour OpenAI aux États-Unis Â».

Il s’agit donc bien d’une infrastructure pour OpenAI, au sein d’un projet dont Donald Trump a fait l’éloge hier soir. Elon Musk n’a semble-t-il pas apprĂ©ciĂ© la nouvelle. Sous le tweet d’OpenAI annonçant Stargate, il a rĂ©pondu : « Ils n’ont pas l’argent nĂ©cessaire Â», avant de rajouter : « SoftBank a obtenu bien moins de 10 milliards de dollars. Je le sais de source sĂ»re Â».

Cette vaste promotion d’OpenAI et de ses modĂšles passe par un amĂ©nagement de l’accord liant la sociĂ©tĂ© Ă  Microsoft. « Pour soutenir davantage OpenAI, Microsoft a approuvĂ© la capacitĂ© d’OpenAI Ă  construire une capacitĂ© supplĂ©mentaire, principalement pour la recherche et la formation de modĂšles Â», indique la firme de Redmond dans un communiquĂ©.

Dans les grandes lignes, les Ă©lĂ©ments restent les mĂȘmes, notamment la durĂ©e du partenariat, jusqu’en 2030. Microsoft garde bien ses droits exclusifs sur les technologies d’OpenAI pour ses propres produits (dont Copilot au premier rang) et l’API d’OpenAI reste exclusivement liĂ©e Ă  Azure. OpenAI obtient le droit de se servir d’autres infrastructures Ă  des fins de dĂ©veloppement et de recherche sur ses nouveaux modĂšles. En revanche, Microsoft obtient « un droit de premier refus Â» sur le dĂ©veloppement de nouvelles capacitĂ©s.

La couronne américaine

L’objectif du projet ne laisse aucune place au doute, comme en tĂ©moigne la dĂ©claration de Donald Trump : « Ces gĂ©ants mondiaux de la technologie annoncent la crĂ©ation de Stargate. Inscrivez ce nom dans vos livres, car je pense que vous en entendrez beaucoup parler Ă  l’avenir – une nouvelle sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine qui investira au moins 500 milliards de dollars dans l’infrastructure de l’IA aux États-Unis Â». Rappelons quand mĂȘme que SoftBank, qui dĂ©tient le plus gros fonds mondial d’investissement dans les nouvelles technologies (Vision Fund), est une sociĂ©tĂ© japonaise.

Les chefs d’entreprise ont pris soin de remercier Masayoshi Son, le nouveau prĂ©sident, en insistant sur le caractĂšre dĂ©terminant de sa victoire Ă©lectorale. « Nous ne serions pas en mesure de le faire sans vous, Monsieur le PrĂ©sident Â», a ainsi dĂ©clarĂ© Sam Altman. « Nous verrons les maladies guĂ©ries Ă  un rythme sans prĂ©cĂ©dent. Nous serons stupĂ©faits de voir Ă  quelle vitesse nous guĂ©rissons ce cancer ou un autre, ainsi que les maladies cardiaques Â», a-t-il ajoutĂ©, enthousiaste.

Une thĂ©matique sur laquelle a rebondi Larry Ellison, CEO d’Oracle : « Une fois que nous avons Ă©tabli le sĂ©quençage gĂ©nĂ©tique de la tumeur cancĂ©reuse, nous pouvons vacciner la personne – concevoir un vaccin pour chaque personne afin de la vacciner contre ce cancer. Ce vaccin Ă  base d’ARNm peut ĂȘtre fabriquĂ© de maniĂšre robotisĂ©e, toujours Ă  l’aide de l’IA, en 48 heures environ Â». Le mĂȘme Larry Ellison, en septembre, indiquait que l’IA allait ouvrir une nouvelle Ăšre de la surveillance, car elle permettrait que « les citoyens se comportent de la meilleure façon possible Â».

Un avenir brillant qui ne s’arrĂȘte pas Ă  la mĂ©decine, alors que Donald Trump a annoncĂ© le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la SantĂ©. Le prĂ©sident a dĂ©clarĂ© que le projet Stargate allait crĂ©er « presque immĂ©diatement 100 000 emplois Â». OpenAI, dans son communiquĂ©, Ă©voque mĂȘme « des centaines de milliers d’emplois Â».

L’investissement faramineux veut consacrer la toute-puissance amĂ©ricaine sur le terrain de l’IA, qui pourrait ĂȘtre remise en cause par d’autres pays, dont la Chine qui s’est rĂ©cemment fait remarquer avec son modĂšle open source DeepSeek R1.

Des questions en suspens

L’annonce, majeure, s’accompagne de multiples questions, tant sur le plan technologique qu’économique, ou mĂȘme Ă©nergĂ©tique. La construction d’infrastructures massives pose ainsi la question de leur alimentation en Ă©nergie, alors mĂȘme que le problĂšme est dĂ©jĂ  visible.

On ne sait pas prĂ©cisĂ©ment quel matĂ©riel va ĂȘtre utilisĂ©. Certes, la prĂ©sence de NVIDIA rĂ©pond en grande partie Ă  la question, mais il n’est pas impossible que d’autres entreprises se positionnent sur ce crĂ©neau, Microsoft dĂ©veloppant par exemple ses propres puces. En outre, comme le rappelle TechCrunch, OpenAI cherchait intensivement Ă  recruter pour se bĂątir sa propre Ă©quipe dĂ©diĂ©e Ă  la conception de puces, en lien avec Broadcom et TSMC.

L’annonce de Stargate peut Ă©galement faire le lien avec d’autres. Selon The Information par exemple, la direction d’OpenAI aurait Ă©tĂ© frustrĂ©e par le rythme de crĂ©ation des nouveaux serveurs chez Microsoft. OpenAI aurait donc Ă©tĂ© en pourparlers depuis 2024 avec Oracle en vue de crĂ©er un immense centre de donnĂ©es
 Ă  Abilene, au Texas, pour un budget de 100 milliards. Soit le montant prĂ©cisĂ©ment annoncĂ© pour le premier tronçon du financement du projet Stargate.

Pourquoi une annonce Ă  la Maison-Blanche ? Au dĂ©but du mois, dans une interview Ă  Bloomberg, Sam Altman indiquait cependant qu’il est « devenu extrĂȘmement difficile de construire des choses aux États-Unis. Les centrales Ă©lectriques, les centres de donnĂ©es, ce genre de choses. Je comprends comment la bureaucratie s’accumule, mais ce n’est pas utile pour le pays en gĂ©nĂ©ral Â». Il est probable que des tractations aient eu lieu pour aplanir le terrain.

Autre interrogation : le Texas. Le choix de l’État, dans lequel Elon Musk concentre une partie de ses activitĂ©s, est significatif. La Silicon Valley a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e, tout comme des États plus froids. Les centres de donnĂ©es, en plus de leur voracitĂ© en Ă©nergie, sont en outre trĂšs consommateurs d’eau, dont la prĂ©sence ne brille pas spĂ©cialement au Texas.

Sauver les donnĂ©es du climat tant qu’il est encore temps

NASA Rogue Two
Sauver les donnĂ©es du climat tant qu’il est encore temps

Les chercheurs et militants Ă©cologistes amĂ©ricains ont peur d’une nouvelle suppression de donnĂ©es concernant le climat stockĂ©es par les agences publiques amĂ©ricaines alors que Trump entame son deuxiĂšme mandat.

Donald Trump vient d’ĂȘtre investi ce lundi 20 janvier. Ne perdant pas de temps, il a dĂ©jĂ  pris plusieurs dĂ©crets dont l’un repousse de 75 jours la vente ou l’interdiction de TikTok. Des informations publiĂ©es par des agences institutionnelles sont menacĂ©es de dĂ©publication. Le site reproductiverights.gov, dĂ©diĂ© Ă  la contraception et Ă  l’avortement, n’est dĂ©jĂ  plus accessible.

La question est d’autant plus problĂ©matique qu’une partie importante des donnĂ©es scientifiques mondiales sont stockĂ©es et gĂ©rĂ©es par des institutions amĂ©ricaines. En biologie, par exemple, le National Center for Biotechnology Information (NCBI) hĂ©berge des outils comme PubMed. Concernant l’environnement et le climat, les agences amĂ©ricaines comme la NASA, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ou encore l’Environmental protection Agency (EPA) jouent aussi un rĂŽle trĂšs important tout autant pour les donnĂ©es Ă  propos de l’AmĂ©rique du Nord que celles concernant la planĂšte entiĂšre.

Sous le premier mandat de Donald Trump, la suppression d’informations publiĂ©es par les agences amĂ©ricaines

Le sujet n’est pas thĂ©orique alors que Donald Trump vient de retirer de nouveau les États-Unis de l’accord de Paris issu de la COP21, le considĂ©rant comme une « arnaque unilatĂ©rale et injuste Â». Il avait fait de mĂȘme lors de son premier mandat et avait imposĂ© la suppression de certaines pages ou sites des diffĂ©rentes agences du pays.

Comme le montraient en 2021 des chercheurs dans la revue scientifique PLOS One, 20 % du site de l’EPA avait Ă©tĂ© supprimĂ©. Notamment, la page qui rassemblait les ressources d’informations sur le changement climatique, le climat, les mesures d’attĂ©nuation et d’adaptation : epa.gov/climatechange.

« Sa suppression a marquĂ© un tournant important dans les efforts dĂ©ployĂ©s pour influencer la comprĂ©hension de la science climatique par le public : la propagation du dĂ©ni climatique par l’intermĂ©diaire de l’agence fĂ©dĂ©rale chargĂ©e de la protection de l’environnement », expliquent ces chercheurs.

Rogue NASA and co

À l’époque, les informations sur le changement climatique de la NASA ont moins Ă©tĂ© touchĂ©es. L’ancien responsable de l’EPA, Stan Meiburg, expliquait d’ailleurs en 2018 cette diffĂ©rence de traitement par le fait que la NASA Ă©tait une agence de recherche alors que l’EPA est avant tout une agence de rĂ©gulation, rĂ©digeant et ayant pour mission de faire appliquer la rĂ©glementation sur l’environnement. Et donc une cible importante pour les climato-nĂ©gationnistes.

En rĂ©action, Ă  la pression mise par la premiĂšre administration Trump sur les agences, certains de leurs employĂ©s avaient crĂ©Ă© des comptes Twitter « rebels Â», comme Rogue NASA ou Alt NOAA pour s’assurer que « les informations factuelles sur le changement climatique et d’autres recherches scientifiques continuent d’ĂȘtre partagĂ©es pendant l’administration Trump Â».

Des chercheurs qui travaillent sur ces sujets s’étaient regroupĂ©s, en 2016, autour d’un collectif nommĂ© Environmental Data and Governance Initiative (EDGI) afin d’organiser des « Ă©vĂ©nements de guĂ©rilla Â» d’archivage pour « sauver les donnĂ©es environnementales de Trump Â». 200 To de donnĂ©es avaient Ă©tĂ© sauvĂ©s Ă  l’époque.

Archivage préventif

Voyant Donald Trump revenir pour un second mandat, chercheurs et militants américains veulent cette fois prémunir les informations et données des agences de leur suppression, explique The Verge, notamment en archivant autant que possible les données déjà publiées avant toute action du gouvernement.

« Le financement, les personnes, les connaissances culturelles associĂ©es Ă  ces outils et Ă  ces donnĂ©es sont tout aussi importants, sinon plus, que les donnĂ©es elles-mĂȘmes », souligne Gabriel Watson, responsable « data science Â» Ă  l’Environmental Policy Innovation Center.

Gretchen Gehrke, cofondatrice d’EDGI et responsable du programme de surveillance des sites web, a peur que les Ă©quipes de Trump soient mieux prĂ©parĂ©es cette fois : « Je pense que la menace est beaucoup plus grande cette fois-ci [
] Nous pourrions assister Ă  des suppressions massives de donnĂ©es, mais aussi Ă  leur dĂ©tĂ©rioration parce qu’elles ne seront plus gĂ©rĂ©es ou qu’elles deviennent inaccessibles Â», explique-t-elle Ă  The Verge.

EDGI travaillent maintenant avec une autre initiative nommĂ©e End of Term Web Archive qui s’est donnĂ© pour mission d’archiver les sites des diffĂ©rentes agences amĂ©ricaines via Internet Archive.

Si les outils dĂ©veloppĂ©s par ces agences restent en ligne mais ne sont pas mis Ă  jour, ils vont peu Ă  peu perdre de leur intĂ©rĂȘt informatif.

L’Europe exige la documentation interne de X pour comprendre ses algorithmes

Les mains dans le cambouis
L’Europe exige la documentation interne de X pour comprendre ses algorithmes

Le 17 janvier, dans le cadre de son enquĂȘte sur la conformitĂ© du rĂ©seau social au Digital Services Act, la Commission europĂ©enne a officiellement demandĂ© Ă  X de lui fournir des documents. Elle veut notamment savoir comment fonctionnent les recommandations et la modĂ©ration.

La situation est tendue entre l’Europe et les grandes entreprises amĂ©ricaines. Apple et Meta ont dit et redit leur agacement face aux cadres lĂ©gislatifs du Vieux continent, tout particuliĂšrement le DMA et le DSA. L’AI Act est venu s’ajouter au lot, contrariant les projets de croissance irrĂ©frĂ©nĂ©e des titans de l’industrie de la tech. En ordre de marche derriĂšre Donald Trump, fraichement revenu Ă  la Maison-Blanche, elles verbalisent plus intensĂ©ment leurs griefs.

X, tout particuliĂšrement. La prĂ©sence d’Elon Musk au gouvernement, Ă  la tĂȘte du fameux DOGE (Department of Government Efficiency, ministĂšre de l’efficacitĂ© gouvernementale), interrogeait sur l’attitude que la Commission europĂ©enne allait adopter. La question des enquĂȘtes en cours a largement Ă©tĂ© abordĂ©e, des Ă©chos Ă©voquant leur ralentissement (voire leur pause) en attendant de mieux cerner la position du Bureau ovale.

Dans son communiquĂ© du 17 janvier, la Commission se veut claire : les enquĂȘtes continuent. L’institution annonce plusieurs dĂ©cisions dans le cadre de l’investigation sur la conformitĂ© de X au DSA, ouverte en dĂ©cembre 2023.

Des documents Ă  fournir

X doit fournir avant le 15 fĂ©vrier la documentation interne de son systĂšme de recommandation. La Commission veut savoir comment il fonctionne, quels types de contenus sont mis en avant et comment la modĂ©ration s’applique.

En outre, la Commission a Ă©mis une ordonnance de conservation. Tous les documents internes et informations sur les modifications qui seront apportĂ©es Ă  ce systĂšme de recommandation entre la date du communiquĂ© (17 janvier) et le 31 dĂ©cembre de cette annĂ©e doivent ĂȘtre conservĂ©s. La Commission ne veut donc pas seulement savoir ce qui a Ă©tĂ© fait jusqu’à prĂ©sent : elle veut rĂ©pertorier et comprendre toutes les modifications Ă©ventuelles des prochains mois. Ce type d’ordonnance a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utilisĂ©, notamment contre TikTok dans le sillage des Ă©lections roumaines.

Enfin, la Commission europĂ©enne demande un accĂšs « Ă  certaines API commerciales de X, des interfaces techniques avec son contenu qui permettent d’établir directement les faits sur la modĂ©ration du contenu et la viralitĂ© des comptes Â».

Ces mesures doivent permettre « de prendre en compte tous les faits pertinents dans l’évaluation complexe, au titre du DSA, des risques systĂ©miques et de leur attĂ©nuation Â».

« Ă‰quitable, sĂ»r et dĂ©mocratique Â»

Henna Virkkunen, vice-prĂ©sidente gĂ©nĂ©rale chargĂ©e de la souverainetĂ© technologique, de la sĂ©curitĂ© et de la dĂ©mocratie, s’est voulue claire dans les objectifs poursuivis par la Commission europĂ©enne avec cette enquĂȘte :

« Aujourd’hui, nous prenons de nouvelles mesures pour faire la lumiĂšre sur la conformitĂ© des systĂšmes de recommandation de X avec les obligations du DSA. Nous nous engageons Ă  veiller Ă  ce que chaque plateforme opĂ©rant dans l’UE respecte notre lĂ©gislation, qui vise Ă  rendre l’environnement en ligne Ă©quitable, sĂ»r et dĂ©mocratique pour tous les citoyens europĂ©ens Â», a-t-elle ainsi dĂ©clarĂ©.

La ligne se veut ainsi tracĂ©e dans le sable, alors que la colĂšre gronde en Europe face aux rĂ©centes dĂ©clarations et prises de position d’Elon Musk. C’est particuliĂšrement le cas avec l’Allemagne, oĂč sa proximitĂ© avec Alice Weidel (qu’il a interviewĂ©e sur X), chef du parti AfD (Alternative fĂŒr Deutschland) d’extrĂȘme droite, crispe particuliĂšrement. La situation est d’autant plus tendue que des Ă©lections lĂ©gislatives fĂ©dĂ©rales se tiendront chez nos voisins de l’Est le 23 fĂ©vrier.

Selon le Financial Times cependant, les derniĂšres demandes de Bruxelles ne sont pas directement liĂ©es aux prises de position d’Elon Musk. MĂȘme son de cloche chez Politico, auquel Thomas Regnier, porte-parole de la Commission, a dĂ©clarĂ© : « Ces mesures sont totalement indĂ©pendantes de toute considĂ©ration politique ou de tout Ă©vĂ©nement spĂ©cifique rĂ©cent. Â»

Rappelons que la Commission avait rendu en juillet dernier ses conclusions prĂ©liminaires sur X. Elle dĂ©clarait que le rĂ©seau Ă©tait en infraction avec le DSA, qu’il avait trompĂ© ses utilisateurs avec la coche bleue de « vĂ©rification Â» et manquait de transparence sur la gestion des publicitĂ©s. En cas d’infraction avĂ©rĂ©e, l’amende pourrait aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial.

☕ Journaliste cyberharcelĂ©e : Le Monde porte plainte



CiblĂ©e par une active campagne de violence numĂ©rique menĂ©e depuis des rĂ©seaux d’extrĂȘme-droite, la journaliste Ivanne Trippenbach a dĂ©posĂ© plainte devant le pĂŽle national de lutte contre la haine en ligne.

Le 11 janvier, la journaliste avait Ă©tĂ© dĂ©pĂȘchĂ©e par le quotidien pour faire le compte rendu des funĂ©railles de Jean-Marie Le Pen, dĂ©cĂ©dĂ© trois jours plus tĂŽt Ă  l’ñge de 96 ans. ‹

D’abord autorisĂ©e Ă  y assister, elle a Ă©tĂ© mise Ă  l’écart au bout d’une quinzaine de minutes.

Depuis, un militant du mĂ©dia FrontiĂšres (auparavant Livre noir) a initiĂ© une campagne rapidement reprise par plusieurs sites d’extrĂȘme droite et appelant Ă  la violence, au viol, voire au meurtre de la journaliste.

CitĂ© dans la plainte, le dĂ©putĂ© Union des droites pour la RĂ©publique (UDR, le parti d’Éric Ciotti ralliĂ© au RN) Alexandre Allegret-Pilot a participĂ© Ă  la campagne.

Le Monde indique porter plainte aux cÎtés de sa journaliste.

☕ Trump rĂ©voque le dĂ©cret de Biden sur les risques de l’intelligence artificielle



Parmi les multiples dĂ©crets pris au premier jour de son second mandat, Donald Trump a rĂ©voquĂ© celui de Joe Biden pour rĂ©duire les risques posĂ©s par l’intelligence artificielle.

SignĂ© en 2023, ce texte obligeait les dĂ©veloppeurs de systĂšmes d’IA posant des risques Ă  la sĂ©curitĂ© nationale des États-Unis, la santĂ© publique ou l’économie de partager les rĂ©sultats de leurs tests de sĂ©curitĂ© avec le gouvernement avant d’ĂȘtre mis sur le marchĂ©.

Il obligeait par ailleurs ses agences à créer des standards pour ces audits, dans lesquels les risques chimiques, biologiques, radiologiques, nucléaires et de cybersécurité seraient pris en compte, rappelle Reuters.

En 2024, le Parti rĂ©publicain appelait au rejet de ce texte, qu’il considĂ©rait comme un frein Ă  l’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Une Ă©cole privĂ©e d’ingĂ©nieurs ouvre une voie de recrutement fĂ©minine

50/600
Une Ă©cole privĂ©e d’ingĂ©nieurs ouvre une voie de recrutement fĂ©minine

Alors que la part de femmes dĂ©croĂźt dans les filiĂšres françaises de sciences, technologies, ingĂ©nierie et mathĂ©matiques, l’EPF engineering school ouvre une filiĂšre de recrutement 100 % fĂ©minine.

La part de femmes dans les filiĂšres mathĂ©matiques et scientifiques continue de dĂ©croĂźtre en France : Ă  la rentrĂ©e 2024, elles ne reprĂ©sentaient que 16 % des admis contre 21 % en 2023.

En France, malgrĂ© les dispositifs mis en place pour tenter de les attirer, la proportion de femmes diplĂŽmĂ©es dans les sciences, technologies, ingĂ©nierie et mathĂ©matiques a baissĂ© de 6 % entre 2013 et 2020 alors qu’elle augmentait de 19 % dans le reste de l’Europe.

Pour tenter de pallier le problĂšme, l’EPF Engineering School vient d’obtenir l’accord du ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur pour ouvrir sur Parcoursup 50 places supplĂ©mentaires Ă  ses 600 places ouvertes sur concours. ‹

Ces 50 places seront attribuĂ©es selon un recrutement distinct, rĂ©servĂ© Ă  de futures bacheliĂšres (qui ont jusqu’au 13 mars pour soumettre leur candidature pour rejoindre l’un des quatre campus, Ă  Paris-Cachan, Troyes, Montpellier ou Saint-Nazaire).

Mission historique

Juridiquement, des universités ou de grandes écoles publiques ne pourraient pas mettre en place de telles mesures, rappelle Le Monde.

‹Mais l’EPF (anciennement École polytechnique fĂ©minine) engineering school, gĂ©rĂ©e depuis 1991 par une fondation reconnue d’utilitĂ© publique dĂ©diĂ©e Ă  la formation des femmes dans le domaine scientifique et technique, bĂ©nĂ©ficie d’une « protection constitutionnelle Â» dĂ» Ă  son historique, explique son directeur gĂ©nĂ©ral Emmanuel Duflos au quotidien.

CrĂ©Ă©e en 1925 par Marie-Louise Paris, l’École polytechnique fĂ©minine avait dĂ©jĂ  permis d’ouvrir ce champ d’étude Ă  une plus grande diversitĂ©, alors que la quasi-totalitĂ© des Ă©coles d’ingĂ©nieurs françaises restaient rĂ©servĂ©es aux garçons.

Devenue mixte en 1994, ses Ă©quipes pensaient que « le chemin Ă©tait acquis pour atteindre la paritĂ© Â».
Loin s’en faut : les Ă©coles d’ingĂ©nieurs n’accueillent actuellement que 29 % des filles. L’EPF en compte de son cĂŽtĂ© 33 %, contre 40 % en 2011. ‹Elle se fixe un objectif de paritĂ© Ă  2028.

☕ L’application France IdentitĂ© va permettre la vĂ©rification des titres de transport



France IdentitĂ© et la SNCF tentent une expĂ©rience depuis hier : pouvoir vĂ©rifier, dans l’application France IdentitĂ©, la validitĂ© d’un titre de transport. Comme la plupart des fonctions liĂ©es Ă  l’application, il faut possĂ©der la derniĂšre carte d’identitĂ©, au format carte bancaire et munie d’une puce.

« Plus besoin de prĂ©senter votre billet de train et un titre d’identitĂ©, vous pourrez prĂ©senter votre application France IdentitĂ©, notamment si vous avez un abonnement TGV INOUI ou une carte avantage SNCF Voyageurs Â», vante ainsi le communiquĂ©.

Dans la derniĂšre version bĂȘta de l’application, une nouvelle fonction fait ainsi son apparition. En appuyant sur la carte d’identitĂ© prĂ©sente sur l’écran d’accueil. Un encadrĂ© « ExpĂ©rimentation SNCF Â» apparaĂźt, avec un bouton « Commencer Â». Il faut ensuite accepter la transmission de certaines donnĂ©es : nom, prĂ©nom et date de naissance.

AprĂšs quoi, il faudra saisir le code personnel et scanner la carte d’identitĂ©. Un lien est alors Ă©tabli avec les services de la SNCF, mais seulement si les donnĂ©es ont Ă©tĂ© transmises. Cette mise en relation permet, lors d’un contrĂŽle dans le train, de prĂ©senter un code QR spĂ©cifiquement gĂ©nĂ©rĂ© par l’application France IdentitĂ©. Ce code permet la vĂ©rification simultanĂ©e du titre de transport et de l’identitĂ©.

L’expĂ©rience doit durer quelques semaines. À son terme, la fonction devrait ĂȘtre diffusĂ©e dans la version stable. Notez que l’expĂ©rience est pour l’instant limitĂ©e en possibilitĂ©s. Seuls les TGV INOUI sont ainsi concernĂ©s pour l’instant. En outre, si le code QR remplace celui du billet dans les transports, les portiques d’accĂšs ont toujours besoin du code habituel. Enfin, les abonnements INOUI et la carte avantage Voyageurs sont pris en charge.

La SNCF avait fait parler d’elle ces derniers mois suite Ă  des amendes Ă  des voyageurs prĂ©sentant une piĂšce d’identitĂ© numĂ©risĂ©e (ici par exemple). Sur cette page, la SNCF prĂ©cise, en effet, que « les piĂšces d’identitĂ© dĂ©matĂ©rialisĂ©es (photo ou scan sur votre tĂ©lĂ©phone, photocopie en papier, etc.) ne sont pas acceptĂ©es ». Le site indique dĂ©sormais que « vous pouvez dĂ©sormais nous prĂ©senter votre piĂšce d’identitĂ© dans l’application France IdentitĂ© Â».

☕ Disques durs : Seagate passe Ă  36 To en HAMR



Cela fait maintenant plusieurs mois que Seagate a annoncĂ© ses disques durs Exos M dans la sĂ©rie Mozaic 3 + exploitant la technologie HAMR. Deux versions sont de 30 To et 32 To sont de la partie, la premiĂšre en CMR, la seconde en SMR.

Le fabricant annonce aujourd’hui un nouveau modĂšle de 36 To. dont les premiers Ă©chantillons sont livrĂ©s Ă  des partenaires triĂ©s sur le volet. Le disque dur dispose de 10 plateaux, chacun de 3,6 To.

Le constructeur ne donne pas de prĂ©cision, mais son disque dur de 36 To utilise certainement la technologie SMR. Elle permet pour rappel d’augmenter la densitĂ© en superposant un peu les pistes, mais au prix d’une amplification en Ă©criture.

Ce n’est que le dĂ©but du HAMR, avec une montĂ©e en puissance prĂ©vue pour les prochaines annĂ©es avec l’objectif de 50 To, toujours dans un format de 3,5 pouces.

Trump signe un dĂ©cret repoussant de 75 jours la vente ou l’interdiction de TikTok

La mÚche rallongée
Trump signe un dĂ©cret repoussant de 75 jours la vente ou l’interdiction de TikTok

DĂšs son investiture, Donald Trump a pris la dĂ©cision de repousser l’échĂ©ance d’une Ă©ventuelle fermeture de TikTok aux États-Unis en signant un dĂ©cret. 75 jours de rĂ©pit pour ByteDance et pour le gouvernement du nouveau prĂ©sident amĂ©ricain pour gĂ©rer ce dossier brulant.

Donald Trump l’avait promis, dimanche, alors que TikTok venait d’annoncer la suspension de son service aux États-Unis : une fois Ă  la Maison blanche, il signerait, dĂšs le jour de son investiture, un dĂ©cret visant Ă  crĂ©er un dĂ©lai nĂ©cessaire Ă  la recherche d’une solution relative Ă  l’interdiction programmĂ©e du rĂ©seau social d’origine chinoise.

Le DOGE en place

Le dĂ©cret en question a bien paru lundi, au milieu d’une salve de textes visant Ă  imprimer, dĂšs les premiĂšres heures, la marque du nouvel occupant de la Maison blanche sur l’administration et les politiques publiques des États-Unis.

Outre l’installation confirmĂ©e du ministĂšre de l’efficacitĂ© (DOGE), confiĂ© Ă  Elon Musk, Donald Trump a signĂ©, en date du 20 janvier, un executive order (dĂ©cret) revenant sur l’entrĂ©e en vigueur de la loi « Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act Â» (loi sur la protection des AmĂ©ricains contre les applications contrĂŽlĂ©es par des adversaires Ă©trangers).

Délai nécessaire

Le dĂ©sormais 47ᔉ prĂ©sident des États-Unis invoque, dans le texte du dĂ©cret, la nĂ©cessitĂ© de disposer d’un dĂ©lai nĂ©cessaire pour l’application de cette loi vis-Ă -vis de TikTok.

« J’ai l’intention de consulter mes conseillers, notamment les responsables des dĂ©partements et agences concernĂ©s, sur les prĂ©occupations de sĂ©curitĂ© nationale posĂ©es par TikTok, et de rechercher une solution qui protĂšge la sĂ©curitĂ© nationale tout en sauvant une plateforme utilisĂ©e par 170 millions d’AmĂ©ricains. Mon administration doit Ă©galement examiner les renseignements sensibles liĂ©s Ă  ces prĂ©occupations et Ă©valuer la suffisance des mesures d’attĂ©nuation prises par TikTok Ă  ce jour Â», Ă©crit Donald Trump.

Le dĂ©lai s’applique aussi aux magasins d’applications

Il enjoint par consĂ©quent au Procureur gĂ©nĂ©ral de ne prendre aucune mesure visant Ă  faire appliquer la loi dans un dĂ©lai de 75 jours, et avertit le dĂ©partement de la Justice que ce dĂ©lai de 75 jours concerne Ă©galement les partenaires tels qu’Apple ou Google (via leurs magasins d’applications) qui pourraient ĂȘtre visĂ©s par la loi, au titre de leur participation Ă  la fourniture d’accĂšs Ă  TikTok. Il prononce par ailleurs un effet rĂ©troactif au 19 janvier, date de l’entrĂ©e en vigueur programmĂ©e de la loi.

Dimanche, Donald Trump avait exprimĂ© le souhait que la sortie de crise se fasse par l’intermĂ©diaire de la crĂ©ation d’une coentreprise englobant TikTok associant Ă  50% les États-Unis avec un autre actionnaire potentiel. « Sans l’approbation des États-Unis, il n’y a pas de TikTok. Avec notre accord, (TikTok) vaut des centaines de milliards de dollars, voire des milliers de milliards Â», affirmait-il, sans prĂ©ciser plus avant la nature du montage financier imaginĂ©.

TikTok, dont le directeur gĂ©nĂ©ral assistait lundi Ă  l’investiture de Donald Trump Ă  Washington, s’était rĂ©joui que le nouveau prĂ©sident intercĂšde en faveur de ses activitĂ©s amĂ©ricaines. Le rĂ©seau social n’a en revanche pas communiquĂ© sur le projet de cession imaginĂ© par la nouvelle administration.

[Édito] Windows 11 : la radicalitĂ© de Microsoft est un sĂ©rieux problĂšme

Road to disaster
[Édito] Windows 11 : la radicalitĂ© de Microsoft est un sĂ©rieux problĂšme

Microsoft a un problĂšme avec Windows 11. Ce qui veut dire que, tĂŽt ou tard, nous en aurons un aussi. Les qualitĂ©s (parfois discutables) du systĂšme ne sont pas en cause. C’est le choix de l’éditeur de claquer la porte de Windows 10 dans neuf mois, sa volontĂ© de passer en force et son aveuglement face Ă  une rĂ©alitĂ© plus que tangible qui risque de lui exploser Ă  la figure.

Le 14 octobre prochain, le support technique de Windows 10 prendra fin. Ce n’est pas la premiĂšre fois que cela arrive, ni mĂȘme qu’une fin de support pose des difficultĂ©s. Windows XP et 7 ont posĂ© problĂšme en leur temps, toujours pour la mĂȘme raison : le nombre d’ordinateurs qui les utilisaient encore.

MĂȘme joueur joue encore

Quand un systĂšme perd son support technique, il n’est plus entretenu. On peut continuer Ă  l’utiliser, en thĂ©orie, tant que le matĂ©riel ne rend pas l’ñme. En revanche, les failles de sĂ©curitĂ© ne sont plus corrigĂ©es. Or, des vulnĂ©rabilitĂ©s sont dĂ©couvertes en permanence. Souvent, une mĂȘme faille couvre plusieurs versions d’un composant, d’une application, d’un systĂšme, car de vastes tronçons de code sont communs. Une faille trouvĂ©e dans Windows 11 a de bonnes chances de pouvoir ĂȘtre exploitĂ©e dans Windows 10.

Actuellement, le plus gros problĂšme de Microsoft rĂ©side dans la part de marchĂ© de Windows 10. Que l’entreprise le veuille ou non, l’ancien systĂšme reprĂ©sente toujours prĂšs des deux tiers du parc Windows, ce qui reprĂ©senterait environ un milliard d’ordinateurs. Un chiffre vertigineux face Ă  l’arrĂȘt du support qui approche, et trois fois plus Ă©levĂ© que ne l’était Windows 7 au moment de sa propre « mort Â».

Pour Ă©viter un dĂ©sastre de sĂ©curitĂ© sur le parc Windows, il faudrait que ces centaines de millions d’ordinateurs soient remplacĂ©s ou mis Ă  jour dans les neuf mois. La tĂąche est impossible, pour plusieurs raisons.

La barriĂšre technologique

Le principal facteur bloquant, c’est le choix de Microsoft sur le matĂ©riel compatible. Il faut certes un processeur rĂ©cent, mais surtout une puce TPM 2.0. Sur le parc Windows 10 existant, on ne sait pas exactement quelle proportion de machines est compatible, mais beaucoup ne peuvent pas ĂȘtre mises Ă  jour vers Windows 11.

C’est la premiĂšre fois que le passage Ă  une nouvelle version de Windows est aussi complexe. Jusqu’à prĂ©sent, il suffisait surtout d’avoir assez de puissance sous le capot. Et encore, cet argument n’a pratiquement pas Ă©voluĂ© depuis Vista, les configurations Ă©tant depuis longtemps largement suffisantes pour assurer le minimum. Quand Vista est sorti, c’était loin d’ĂȘtre le cas.

Cette fois cependant, mĂȘme des configurations que l’on pourrait encore qualifier de puissantes peuvent ne pas y avoir droit. Des ordinateurs Ă©quipĂ©s de multiples cƓurs, de 32 ou 64 Go de RAM, d’un SSD et ainsi de suite. Si la puce TPM 2.0 n’est pas lĂ , la machine est jugĂ©e incompatible. MĂȘme chose si le processeur est jugĂ© trop ancien.

Contrairement aux Windows prĂ©cĂ©dents, on ne peut pas simplement forcer la mise Ă  jour. On peut tricher avec des outils dĂ©sactivant ces vĂ©rifications, mais on s’expose Ă  un ordinateur pouvant arrĂȘter de fonctionner suite Ă  une mise Ă  jour.

Il suffit de tout changer

La solution la plus simple, la voie royale pour Microsoft, c’est bien sĂ»r l’achat d’un nouvel ordinateur. L’éditeur pousse en ce sens, affichant sur les PC Windows 10 des messages d’avertissement pour prĂ©venir de la fin prochaine du support. Et parmi ces messages, d’authentiques publicitĂ©s pour des PC Copilot+, prĂ©sentĂ©s comme la relĂšve idĂ©ale, Windows 11 Ă©tant prĂ©sentĂ© comme le grand vaisseau de l’intelligence artificielle.

Qu’ils le soient ou non, ils reprĂ©sentent surtout un achat. De nombreuses personnes ne peuvent pas remplacer si facilement un ordinateur. D’ailleurs, Microsoft devrait s’expliquer sur la nĂ©cessitĂ© de remplacer un matĂ©riel encore fonctionnel pour un nouveau, quand le message sur la consommation responsable autour du numĂ©rique devient si prĂ©gnant. L’impact Ă©cologique d’une telle transition forcĂ©e serait phĂ©nomĂ©nal. Et que dire de l’impact majeur dans certaines parties du monde, notamment en Afrique, comme l’a soulignĂ© trĂšs justement Pascal Cohet dans une tribune le 7 janvier ?

Et si Linux Ă©tait la solution ? Quand bien mĂȘme, cela dĂ©pendrait fortement des usages et des compĂ©tences des personnes concernĂ©es. Ou de leur entourage. Et pour toutes celles et ceux qui se servent d’un ordinateur comme d’un appareil Ă©lectromĂ©nager – n’ont-ils pas raison ? – il faudrait encore expliquer l’intĂ©rĂȘt de la dĂ©marche et pourquoi toutes leurs habitudes s’apprĂȘtent Ă  changer. L’évidence des uns est rarement celle des autres.

Inciter, coûte que coûte

Jusqu’à prĂ©sent, Microsoft a dit et redit qu’elle ne transigerait pas sur les prĂ©requis de Windows 11 : la puce TPM 2.0 doit ĂȘtre prĂ©sente, entre autres critĂšres (il peut arriver que la puce TPM 2.0 soit prĂ©sente, mais que le processeur soit trop ancien). On comprend l’intĂ©rĂȘt pour la sociĂ©tĂ© de Redmond : le parc Windows 11 est, dans ses rĂ©glages par dĂ©faut, plus sĂ©curisĂ© qu’avec toutes les versions prĂ©cĂ©dentes, oĂč ces sĂ©curitĂ©s Ă©taient optionnelles.

Si l’entreprise a raison dans l’absolu, sa radicalitĂ© pourrait s’avĂ©rer contre-productive. Outre ces messages incitant Ă  l’achat de nouvelles machines, elle repart dans ses vieilles techniques pour motiver les retardataires Ă  migrer, y compris pour les machines compatibles mais n’ayant pas fait le grand saut.

DĂ©but janvier, Microsoft dĂ©clarait ainsi que 2025 Ă©tait l’annĂ©e du grand renouvellement des PC sous Windows 11. Quelques jours plus tard, la fiche d’information sur « Comment mettre Ă  jour vers Windows 11 Â» Ă©tait remaniĂ©e pour ĂȘtre plus simple, renvoyant notamment vers l’application ContrĂŽle d’intĂ©gritĂ© du PC. Celle-ci permet de vĂ©rifier certains aspects du systĂšme, mais surtout d’indiquer si la machine utilisĂ©e peut passer Ă  Windows 11. ParallĂšlement, au CES, Microsoft a dĂ©clarĂ© que le renouvellement d’un ancien PC Windows 10 Ă©tait plus important cette annĂ©e qu’une nouvelle tĂ©lĂ© ou qu’un nouveau smartphone.

Jusqu’à l’écƓurement

Il y a quelques jours, la sociĂ©tĂ© publiait un autre billet, cette fois pour indiquer que la mise Ă  jour vers Windows 11 Ă©tait gratuite pour un temps limitĂ©, comme s’il s’agissait d’une nouveautĂ©. Ça n’en Ă©tait pas une, et le billet a d’ailleurs Ă©tĂ© supprimĂ©. Microsoft y indiquait notamment que l’opĂ©ration ne serait plus proposĂ©e sitĂŽt la date de fin de support de Windows 10 atteinte. Peut-ĂȘtre quelqu’un chez Microsoft s’est-il rendu compte du peu d’intelligence dans la proposition, entrainant la suppression.

En revanche, Microsoft a bel et bien dĂ©clarĂ© que sa suite 365 ne serait plus supportĂ©e sur Windows 10 une fois le 14 octobre atteint. LĂ  encore, le billet n’existe plus, mais l’éditeur y prĂ©cisait que le fonctionnement de la suite bureautique ne serait plus garanti. En d’autres termes, s’il y a des problĂšmes, dĂ©brouillez-vous. Une attitude logique face Ă  une fin de support, la problĂ©matique ayant Ă©tĂ© la mĂȘme avec Windows XP et 7 en leur temps.

La dĂ©cision est d’autant plus troublante que Microsoft propose au grand public une annĂ©e supplĂ©mentaire de support technique contre un paiement de 30 dollars. Pour les entreprises, ce sont mĂȘme trois ans de plus, avec un prix croissant chaque annĂ©e.

Et pendant ce temps, Microsoft rĂ©pĂšte Ă  longueur de temps que son systĂšme est celui de toutes les nouveautĂ©s, entre explosion de l’IA, offre croissante de PC Copilot+ et plateforme idĂ©ale pour les jeux. Des affirmations tenant surtout du marketing et qui ne se vĂ©rifient pas forcĂ©ment dans la pratique, comme l’ont montrĂ© TechSpot en aoĂ»t dernier sur les performances des jeux.

La route du désastre

La radicalitĂ© de Microsoft ne peut mener qu’à une catastrophe. Si l’entreprise reste droite dans ses bottes et assume sa dĂ©cision, des centaines de millions de machines se retrouveront sans support technique du jour au lendemain.

Si l’on se souvient des Ă©vĂšnements autour de Windows XP et 7, il est impossible que les gouvernements ne rĂ©agissent pas, tout du moins une partie d’entre eux. Pour les deux systĂšmes (particuliĂšrement XP), Microsoft avait repoussĂ© la date plusieurs fois, Ă  cause d’une trop grande part de marchĂ© rĂ©siduelle et de gouvernements mĂ©contents. Entre temps, certains cadres lĂ©gislatifs ont Ă©voluĂ© et l’entreprise pourrait ĂȘtre tenue responsable d’un vaste dĂ©faut de sĂ©curisation sur le systĂšme le plus utilisĂ© au monde.

Microsoft rĂ©pĂšte pour l’instant qu’elle ne pliera pas. Si elle devait le faire, cela mettrait Ă  mal toute sa stratĂ©gie, en plus de reconnaitre implicitement qu’elle a eu tort jusqu’ici. Et n’en dĂ©plaise Ă  l’entreprise et Ă  ses prises de position obstinĂ©es, la question va rester ouverte tous les prochains mois.

En l’état, il est peu probable que Microsoft change son fusil d’épaule. Maintenir la situation actuelle est virtuellement impossible, tant elle enverrait au casse-pipe une montagne de PC. Au point d’assouplir les conditions d’accĂšs Ă  Windows 11 ? Probablement pas. En revanche, repousser la date serait la solution toute trouvĂ©e, au risque de crĂ©er un nouveau sursaut sur la souverainetĂ© numĂ©rique, particuliĂšrement en Europe.

❌