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Mineurs : l’Assemblée vote une enquête pour évaluer les effets psychologiques de TikTok

En six lettres : son abus est dangereux pour la santé ?
Mineurs : l’Assemblée vote une enquête pour évaluer les effets psychologiques de TikTok

Les députés ont voté jeudi une proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête dédiée au réseau social TikTok. Objectif affiché : déterminer si l’application est susceptible de favoriser le développement de troubles psychologiques chez les jeunes publics.

Mécaniques d’addiction, politique de modération, amplification de l’exposition à des contenus sujets à caution : le fonctionnement de TikTok devrait faire l’objet d’un passage au crible au Palais Bourbon. L’Assemblée nationale a en effet adopté jeudi soir une proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête dédiée à l’étude des impacts psychologiques du célèbre réseau social chinois sur les mineurs.

« Nous faisons face à un paradoxe : alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’influence délétère des réseaux sociaux sur le bien-être psychique des jeunes, ces derniers sont de plus en plus exposés auxdits réseaux », a fait valoir jeudi Laure Miller, députée (Ensemble pour la République) et rapporteure du texte. « Dans ce contexte, le réseau social TikTok incarne un paradoxe particulièrement morbide puisqu’il confronte le public le plus vulnérable aux biais de fonctionnement les plus délétères ».

Spirales de contenus

Déposée le 16 janvier dernier, la proposition a été débattue en séance publique dans un hémicycle très clairsemé, mais les 23 votants l’ont approuvée à l’unanimité. Et s’il y a eu débat sur le périmètre exact de la commission, le constat relatif aux risques que ferait peser TikTok sur les enfants ou les adolescents est apparu consensuel, tous bords politiques confondus.

« Le défi est de taille, mais les bénéfices en valent la peine ; il y va du bien-être d’une génération qui grandit avec un flux vidéo infini dans la poche. Transformer ce flux en un allié plutôt qu’en un piège est un impératif sociétal », a par exemple estimé le député Jean Moulliere (Horizons & Indépendants).

« Vidéos ayant trait au suicide, faisant la publicité de moyens de se donner la mort, promouvant des produits supposés faire perdre du poids, contenus hypersexualisés et altérant irrémédiablement l’image de soi et la confiance, désinformation, sans compter la haine en ligne : telles sont les spirales de contenus auxquelles sont exposés les jeunes », a souligné Constance de Pélichy (LIOT).

« La désinformation constitue un autre fléau propre à cette application », ajoute Frédéric Maillot (Gauche Démocrate et républicaine). « En 2022, une analyse menée par NewsGuard a confirmé ces éléments en dévoilant que 20 % des vidéos d’actualité diffusées sur TikTok contenaient des informations trompeuses. »

« TikTok ne fait pas seulement le bruit d’une bombe à retardement. Il en est une », assène pour sa part Caroline Parmentier (Rassemblement national), en conclusion de la discussion générale.

Proposer des mesures concrètes

La résolution votée jeudi ouvre la voie à la création d’une commission d’enquête dont les trente membres devront étudier et quantifier « les dispositifs de captation de l’attention utilisés par TikTok ainsi que leurs effets psychologiques, notamment en termes de pensées et de comportements suicidaires et sur les relations sociales intrafamiliales et extrafamiliales, en particulier sur les mineurs ».

Elle devrait également s’attacher à examiner de façon plus large les risques liés à l’exposition des jeunes aux contenus dits « dangereux », puis proposer des « mesures concrètes visant à protéger les mineurs,
notamment en matière de régulation des contenus, de sécurité numérique et de modération des pratiques de la plateforme
 ».

Un amendement lui confère une mission supplémentaire : celle d’effectuer une analyse comparative de TikTok et de sa version réservée au marché chinois, Douyin. « La Chine, pays d’origine de TikTok, impose par exemple une limite de quarante minutes par jour aux utilisateurs de moins de 14 ans grâce à son application locale Douyin. À l’inverse, l’Europe reste encore en retard dans l’encadrement des usages, malgré l’adoption du règlement européen relatif à un marché unique des services numériques (DSA) qui vise à renforcer la transparence des algorithmes et des contenus promus », a fait valoir à ce sujet Jean Moulliere.

Aux États-Unis, TikTok fait depuis octobre 2024 l’objet d’une plainte à grande échelle, fondée elle aussi sur des accusations de pratiques préjudiciables à la santé des jeunes utilisateurs du réseau social.

OpenAI et Google demandent à Trump d’adoucir les lois qui encadrent l’entrainement des IA

OpenAI et Google demandent à Trump d’adoucir les lois qui encadrent l’entrainement des IA

S’appuyant sur la concurrence de la Chine, OpenAI a affirmé, en s’adressant à la Maison-Blanche, que « la course à l’IA est effectivement terminée » si les entreprises américaines d’IA générative ne peuvent pas utiliser les contenus copyrightés dans le cadre du « fair use » (usage raisonnable). Google plaide pour la reconnaissance d’exemptions pour l’entrainement des IA sur les données privées publiquement disponibles

Plusieurs entreprises de la tech américaine ont récemment publié des propositions d’orientation politique concernant leur domaine, répondant à la consultation entreprise par le gouvernement de Donald Trump sur un futur plan d’action pour l’IA, « AI Action Plan ».

Dans leurs recommandations, OpenAI et Google demandent au nouveau pouvoir en place aux États-Unis de leur assurer un futur juridique plus serein concernant l’utilisation des œuvres sous copyright pour entrainer leurs IA. Rappelons que les entreprises d’IA générative (dont Google et OpenAI) font face à divers procès pour violation du copyright aux États-Unis, justement dans le cadre de l’entrainement de leurs modèles.

Sans le fair use, « la course à l’IA est effectivement terminée » pour OpenAI

Dans le document envoyé par OpenAI [PDF], l’entreprise s’appuie sur la concurrence de DeepSeek pour implorer le gouvernement américain de faire pencher clairement la balance en faveur de l’application de la doctrine du « fair use » en faveur des entreprises de l’IA : « Les progrès rapides observés avec le DeepSeek de la RPC [République populaire de Chine], entre autres développements récents, montrent que l’avance de l’Amérique dans le domaine de l’IA d’avant-garde est loin d’être garantie ».

Et l’entreprise ajoute : « si les développeurs de la RPC [République populaire de Chine] ont un accès illimité aux données et que les entreprises américaines n’ont pas accès au fair use, la course à l’IA est effectivement terminée ».

Ce plaidoyer tranche avec celui que l’entreprise met en place dans son procès contre le New York Times. En effet, l’année dernière, pour sa défense, l’entreprise se montrait beaucoup plus confiante sur l’usage actuel du fair use dans le droit américain : « l’entraînement de modèles d’intelligence artificielle à l’aide de contenu Internet accessible au public constitue un usage raisonnable [« fair use » en anglais], comme le montrent des précédents anciens et largement acceptés ». Il semble que cette position ait besoin de renfort venant du nouveau pouvoir en place.

Google veut des exemptions sur les données privées publiquement disponibles

Du côté de Google, le discours appuie moins sur la peur de la concurrence chinoise. L’entreprise affirme, elle, dans son document [PDF] que les lois « équilibrées » en place sur le copyright permettent déjà de développer des modèles ou de faire de l’expérimentation scientifique. Mais l’entreprise propose de mettre en place des « lois équilibrées sur la protection de la vie privée qui reconnaissent des exemptions pour les informations accessibles publiquement [qui] éviteront les conflits involontaires avec l’IA ou les normes en matière de copyright, ou d’autres obstacles au développement des systèmes d’IA ».

L’entreprise plaide pour un « cadre réglementaire fédéral en matière de protection de la vie privée » qui « devrait définir des catégories de données accessibles publiquement et de données anonymes qui sont traitées différemment des données d’identification personnelle ».

RCS évolue avec le chiffrement de bout en bout, Apple et Google suivront

Argument marketing dans 3...2...1...
RCS évolue avec le chiffrement de bout en bout, Apple et Google suivront

La GSM Association vient d’annoncer que la prochaine version majeure du standard RCS intègrera le chiffrement de bout en bout. L’Universal Profile 3.0 sera non seulement pris en charge par Google, mais également par Apple, ce qui reste une surprise.

En France, le lancement d’iOS 18.4 dans quelques semaines rendra officiellement le RCS disponible sur l’ensemble des téléphones compatibles chez les quatre opérateurs principaux français. La bêta du système permet en effet une communication via RCS chez Orange et Sosh.

Dans notre précédent article, nous avons rappelé les bénéfices apportés par cette norme, qui prend la relève du SMS. Elle apporte de nombreuses capacités traditionnellement rattachées aux messageries « modernes », comme les statuts de lecture, les témoins de rédaction, le partage de la géolocalisation, la gestion des groupes ou encore l’envoi de photos et de vidéos dans une bien meilleure qualité que les vieux MMS.

Nous restions cependant sur plusieurs interrogations. Google a ajouté le chiffrement de bout en bout dans son application Messages, mais il s’agit d’une surcouche. On se demandait donc quand ce chiffrement allait faire partie du standard. Autre question : en cas d’évolution, Apple allait-elle suivre ?

Le chiffrement de bout en bout débarque dans RCS

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour avoir les réponses. Il y a quelques heures, la GSMA a annoncé que de nouvelles spécifications avaient été publiées hier. Le point d’orgue ? Le chiffrement de bout en bout dans RCS, basé sur le protocole Messaging Layer Security (MLS).

« Les nouvelles spécifications définissent notamment la manière d’appliquer le protocole MLS dans le contexte du RCS. Ces procédures garantissent que les messages et autres contenus, tels que les fichiers, restent confidentiels et sécurisés lorsqu’ils circulent entre les clients », indique Tom Van Pelt, directeur technique de l’association.

L’ajout du chiffrement de bout en bout est une composante majeure de la nouvelle version 3.0 de l’Universal Profile. Ce dernier, pour rappel, définit les capacités de RCS, le socle minimal de fonctions garantissant leur présence sur les appareils qui le prennent en charge. Ce qui fait dire à Tom Van Pelt que RCS sera le premier service de messagerie à grande échelle à supporter un chiffrement de bout en bout interopérable entre tous les clients qui l’implémentent.

L’Universal Profile 3.0 contient d’autres améliorations, notamment autour de la communication avec les entreprises. Le format de lien profond se veut plus souple, on trouve une action permettant de copier du texte dans le presse-papier de l’appareil, les messages permettent de s’abonner ou de se désabonner d’un service ou encore des codecs améliorés pour les messages audios.

Bien sûr, il s’agit de la disponibilité d’un nouveau standard, pas des fonctions proprement dites. Il va maintenant falloir attendre son implémentation dans les appareils concernés.

Google et Apple suivront

Sans surprise, Google mettra à jour son application Messages pour prendre en charge le chiffrement ajouté par l’Universal Profile 3.0. Comme la société l’indique à The Verge, elle propose ce type de chiffrement depuis des années dans son application, mais elle a participé aux travaux de la GSMA pour intégrer le chiffrement de bout en bout au sein du standard. Elle ajoute qu’elle travaillera « aussi rapidement que possible avec l’écosystème mobile pour mettre en œuvre et étendre cette importante protection de l’utilisateur à la messagerie RCS multiplateforme ».

Plus surprenant en revanche, on apprend qu’Apple a elle aussi participé aux travaux avec la GSMA. Dans une réponse donnée à 9to5Mac, la firme a déclaré : « Le chiffrement de bout en bout est une puissante technologie de confidentialité et de sécurité qu’iMessage prend en charge depuis le début, et maintenant nous sommes heureux d’avoir aidé à diriger un effort interprofessionnel pour apporter le chiffrement de bout en bout au profil universel RCS publié par la GSMA ».

Quand ? « Dans les prochaines mises à jour », sans plus de précision que Google. iOS, iPadOS, macOS et watchOS seront en tout concernés.

Le revirement d’Apple

Cette déclaration vient trancher le débat autour d’une éventuelle prise en charge des évolutions de RCS dans les produits de l’entreprise. Le support de RCS lui a été « arraché » après des années de demandes, notamment par la Chine et l’Europe. Google avait bâti une partie de sa communication sur les « moqueries » visant à ringardiser Apple et son service iMessage. De bonne guerre, puisqu’Apple se bornait aux SMS en dehors de son iMessage, avec les fameuses bulles vertes qui illustraient une discussion avec un appareil « non Apple ».

On ne sait pas ce qui a provoqué ce changement d’attitude chez Apple vis-à-vis du RCS, ni si l’entreprise continuera d’afficher des bulles vertes, ce qui empêche d’ailleurs toute forme de personnalisation à l’interface, alors que même WhatsApp a fini par s’y mettre.

Le support d’Universal Profile 3.0 et la participation aux travaux laissent supposer qu’Apple suivra désormais les évolutions du standard. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin après une participation à un aussi gros morceau ? D’autant que l’ajout du chiffrement de bout en bout vient retirer à iMessage l’un de ses plus précieux arguments face au SMS, puisqu’il dispose de cette protection depuis le début.

Qui sait, le support des dernières évolutions de RCS pourrait devenir un nouvel argument commercial dans la guerre opposant les deux entreprises. Au-delà, le renforcement de RCS pose la question d’une concurrence renouvelée dans le domaine des messageries. Affaire à suivre donc.

Wikimedia rejette les mises en demeure du Point qui contiennent « de graves erreurs »

Point final ?
Wikimedia rejette les mises en demeure du Point qui contiennent « de graves erreurs »

L’hebdomadaire le Point a envoyé deux mises en demeure à la Fondation Wikimedia demandant entre autres de supprimer deux sections de l’article de l’encyclopédie qui lui est consacré. Il accuse aussi de diffamation la lettre ouverte publiée par des bénévoles dénonçant les pressions subies par l’un de leurs membres. La fondation ne donnera pas suite, explique un de ses conseillers juridiques.

Ces dernières semaines, le magazine le Point a lancé une offensive médiatique et juridique contre l’édition en français de Wikipédia, notamment en envoyant des mises en demeure à la Fondation Wikimedia.

Phil Bradley-Schmieg, avocat et conseiller juridique détaché auprès de la Fondation Wikimedia, a posté un message sur la page du « Bistro » de Wikipédia confirmant que la Fondation a été « contactée par des avocats agissant pour Le Point ».

Il précise que la Fondation ne s’exprime pas d’habitude sur ce genre de mise en demeure, « cependant, celle-ci est inhabituelle, notamment en raison de la couverture médiatique (très sélective) dont elle a fait l’objet » et annonce que la Fondation Wikimedia ne fera pas suite à la demande du Point.

Comme nous l’évoquions, une première mise en demeure évoque « la mise en ligne manifestement malveillante d’informations partielles, partiales et erronées » à propos du Point sur l’article de l’encyclopédie qui lui est consacré.

Supprimer deux sections sur son traitement de l’Islam et ses condamnations et manquements à la déontologie professionnelle ?

Phil Bradley-Schmieg explique qu’une seconde mise en demeure, envoyée le 7 mars, étend la plainte du Point auprès de la Fondation à la lettre ouverte, publiée par des bénévoles de l’encyclopédie sur le site de Wikipédia, dans laquelle ils dénoncent les pressions subies par l’un de leurs membres, FredD :

« Nous, bénévoles contribuant à Wikipédia — en français ou en d’autres langues — apportons notre plein soutien à notre pair FredD, cible de courriels d’intimidation par un journaliste du magazine Le Point, menaçant de divulguer son identité et sa profession », écrivaient-ils.

Les avocats du Point qualifient dans la seconde mise en demeure cette lettre ouverte de « diffamatoire », selon Phil Bradley-Schmieg.

Il résume aussi dans ce message les demandes faites par le Point :

« – que la page fasse l’objet d’un bandeau de « désaccord de neutralité » et soit inscrite au sein de la « liste des articles non neutres ».

– que les deux sections « Traitement de l’Islam » et « Condamnations et manquements à la déontologie professionnelle », soient supprimés ou a minima fassent l’objet d’un bandeau « Section non neutre » afin d’informer les internautes qu’elles ne respectent pas la neutralité de point de vue.

– que les contributeurs ouvertement militants et qui travaillent à infléchir dans un sens systématiquement négatif et dénigrant la page consacrée au Point, ou violent les règles de neutralité et de sourçage, soient écartés.

– que la page soit mise sous protection. »

« De graves erreurs et malentendus »

Selon le conseiller juridique de la Fondation, « la mise en demeure est entachée d’un nombre surprenant de graves erreurs et malentendus ». Notamment, il pointe la confusion entre deux interventions de deux utilisateurs qui ont des noms d’utilisateur « superficiellement similaires ». Ainsi, les avocats du Point se seraient plaints d’un « biais systémique » contre Le Point en pointant, par exemple, les publications d’un utilisateur qui avait pourtant écrit :

« Le journal conteste toutefois ces accusations et affirme qu’une « poignée de radicalisés 2.0 » cherche à lui donner une mauvaise image via sa page Wikipédia ».

Cette phrase venait pourtant ponctuer le paragraphe précédent : « en 2023, une étude académique publiée dans la revue Réseaux. Communication – Technologie – Société centrée sur l’utilisation médiatique du mot « islamo-gauchisme » en France entre 2015 et 2021 place  »Le Point », en compagnie de  »Valeurs actuelles », au premier rang des hebdomadaires qui le mentionnent . Au vu des données statistiques, « nous observons, disent les auteurs, une politique de ‘matraquage’ de la part de quatre médias (« Le Figaro », « Le Point », « Valeurs actuelles » et « Marianne ») visant à imposer le terme dans le débat public ».

Enfin, les avocats du Point reprocheraient à la Fondation Wikimedia l’absence de moyen pour la contacter et l’absence d’un « représentant » dans l’Union européenne. Pourtant, la Fondation a bien, sur son site internet, une page qui donne ces deux informations. D’ailleurs, Phil Bradley-Schmieg remarque qu’ils ont bien réussi à contacter formellement la Fondation puisque « leur lettre fait exactement cela ».

☕️ L’ICANN veut supprimer le nom de domaine .su datant de l’Union soviétique

L’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) a cessé officiellement d’exister le 26 décembre 1991. Elle a été remplacée par la fédération de Russie que l’on connait aujourd’hui, gardant au passage son siège au Conseil de sécurité des Nations unies.

Si vous vous posiez la question, le nom de domaine de premier niveau attribué à l’URSS, le .su, est toujours en activité. Or, l’ICANN a justement estimé qu’il était temps d’appliquer les règles de gestion habituelles, comme l’indique Domain Name Wire.

Ces règles stipulent que lorsqu’un pays est retiré de la norme ISO 3166 - 1 de codification des pays, le nom de domaine de premier niveau mondial (ccTLD) associé doit être supprimé également après une période de cinq ans, qui peut être étendue de cinq années supplémentaires sur demande et acceptation. Or, si le .su a été retiré de la norme ISO, il est toujours utilisé par environ 100 000 sites aujourd’hui.

Selon nos confrères, l’entité PTI (Public Technical Identifiers) de l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority) a envoyé un courrier au gestionnaire désigné du .su pour le prévenir : le nom de domaine sera supprimé de la liste officielle établie par la ccNSO (Country Code Names Supporting Organization) dans cinq ans. Il s’agit donc de rattraper un grand retard sur l’application des règles.

Pour autant, comme le note Domain Name Wire, le calendrier est particulier à cause des fortes tensions géopolitiques avec la Russie. La suppression pourrait valoir à l’ICANN une attention dont l’entité se passerait volontiers.

La dimension politique de l’ICANN revient régulièrement sur le devant de la scène, alors même que l’entité s’occupe, a priori, d’un aspect purement technique. Il s’agit avant tout d’une autorité de régulation basée aux États-Unis, plus spécifiquement en Californie. On a encore pu voir en octobre dernier toute la complexité du sujet des ccTLD avec la suppression potentielle du .io. Le cas des îles Tuvalu est emblématique, comme nous l’indiquions dans un LIDD en novembre 2023 : « L’extension .tv leur a permis de faire fortune, d’avoir une place à l’ONU et d’alerter sur le réchauffement climatique ».

Procès de Google et vente de Chrome : la position ambivalente de Mozilla

Corde raide
Procès de Google et vente de Chrome : la position ambivalente de Mozilla

Dans l’affrontement entre le ministère américain de la Justice et Google, la revente de Chrome occupe une position centrale. Une autre mesure envisagée est l’interdiction pour Google de nouer des accords de recherche avec d’autres sociétés. Mozilla s’insurge contre cette idée.

Le ministère américain de la Justice (DoJ) se penche depuis plusieurs mois sur le cas de Google, qui aurait abusé de sa position dominante dans le domaine de la recherche. Parmi les solutions proposées, la revente du navigateur Chrome et l’interdiction pour Google de nouer des partenariats pour promouvoir son moteur dans des produits tiers.

On aurait pu s’attendre à ce que le Department of Justice change d’orientation avec les élections américaines et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, mais il n’en est rien. Il y a quelques jours, on apprenait ainsi que le ministère gardait son cap, persistait et signait : le navigateur doit être vendu.

Apple est partie prenante dans le procès. La société n’a pas directement témoigné, mais a été autorisée à fournir un avis dans un document remis à la cour. La firme y aborde l’accord qui la lie actuellement à Google : 20 milliards de dollars par an pour configurer par défaut le moteur de recherche sur l’ensemble des appareils ayant Safari. L’argument est on ne peut plus simple : l’interdiction de promouvoir Google dans des produits tiers (donc les siens) porterait un coup dur à ses résultats financiers. Apple avait en conséquence demandé l’arrêt de la procédure.

Mozilla s’insurge

Il y a quelques jours, Mozilla a également communiqué sur le sujet. La position de la fondation est particulièrement ambivalente : « Cette affaire était censée promouvoir la concurrence dans le domaine de la recherche, mais le résultat menace d’écraser la concurrence entre les navigateurs, ce qui rendra encore plus difficile pour les concurrents de s’opposer aux acteurs dominants tels que Google, Apple et Microsoft ».

Les mesures proposées par le DoJ ne tiendraient ainsi pas compte « de la situation dans son ensemble ». Mark Surman, président de Mozilla, indique que les « petits navigateurs indépendants », dont fait partie Firefox, sont en « première ligne » pour stimuler l’innovation et offrir un « véritable choix ». Pourtant, les solutions du DoJ « feraient pencher le terrain de jeu encore plus vers les mains de quelques acteurs dominants ».

Moins d’argent, donc moins d’alternatives

Comment expliquer une telle dichotomie ? Mozilla donne plusieurs arguments. Le principal est que la coupure des accords n’aurait que peu d’influence sur les grandes entreprises comme Apple, alors qu’elle pourrait condamner les petits navigateurs, qui en « ont besoin pour survivre ». Le terme n’est pas anodin et renvoie à l’accord liant Google et Mozilla : l’utilisation du moteur de recherche par défaut dans Firefox représente l’écrasante majorité du chiffre d’affaires de Mozilla Corp.

« Punir les navigateurs indépendants ne résoudra pas le problème. Le juge Mehta a constaté que les navigateurs indépendants ne représentent que 1,15 % des requêtes de recherche aux États-Unis. Cela signifie que le fait de nous couper l’accès aux offres de recherche ne résoudra pas le problème de la domination des moteurs de recherche, loin s’en faut. Au contraire, cela nuit à la concurrence des navigateurs », affirme Mark Surman.

Le problème des moteurs de rendu

Pour Mozilla, le DoJ va donc trop loin sur les accords de recherche, mais pas assez sur d’autres sujets, notamment les moteurs de rendu. Mozilla relève ainsi dans son billet qu’il n’existe globalement que trois moteurs aujourd’hui : Blink pour Chromium, WebKit pour Safari et Gecko pour Firefox. Ce dernier est présenté comme la seule alternative multiplateforme à Chromium, puisque WebKit n’est essentiellement utilisé que par Apple pour ses propres produits.

« Si nous perdons notre capacité à maintenir Gecko, c’en est fini du web ouvert et indépendant. Microsoft – une entreprise de 3 000 milliards de dollars – a déjà abandonné son moteur de navigateur en 2019 et Opera a abandonné le sien en 2013. Si Mozilla est évincé, Chromium de Google deviendra le seul moteur de navigateur multiplateforme restant », résume Mark Surman.

Il faut pourtant rappeler que la gouvernance du projet Chromium est en train de changer. En janvier, la fondation Linux a annoncé qu’elle hébergeait désormais un grand groupe de soutien à Chromium pour mieux coordonner les efforts autour de la base open source et fluidifier les échanges. Mozilla n’aborde pas ce point dans sa communication.

Un rôle plus grand qu’une part de marché

L’éditeur résume la situation en expliquant que son « rôle dans un web ouvert est PLUS GRAND que [sa] part de marché ». Surman donne d’ailleurs des chiffres précis : 27 millions d’utilisateurs actifs mensuels aux États-Unis, 205 millions dans le monde. Malgré ces « petits » chiffres, Mozilla rappelle son rôle sur les normes du web, l’interopérabilité et la vie privée. « Ce n’est pas quelque chose que nous faisons parce que c’est rentable ou facile. Nous le faisons parce que c’est important », assène Mark Surman.

L’exercice de communication est délicat pour Mozilla, sous perfusion de l’argent de Google depuis de nombreuses années. Sa position consiste à promouvoir une plus grande concurrence sans toucher à cet approvisionnement. Pourtant, si Mozilla met en garde contre les dangers d’une décision trop radicale, l’entreprise ne propose pas vraiment d’alternatives. Elle n’est – bien sûr ! – pas contre la revente de Chrome, mais ne souhaite pas que l’on touche aux accords de recherche.

Alerte médias GenAI : des sites bloquent notre extension, nous la mettons à jour

Oh, quelle surprise ^^
Alerte médias GenAI : des sites bloquent notre extension, nous la mettons à jour

La version 2.0.6 de notre extension est en ligne. Nous avons changé la manière dont le message d’alerte est géré afin de contrer certains sites qui ont mis en place une ligne de code pour bloquer notre extension.

En parallèle de la première partie de l’enquête de Jean-Marc, nous avons publié une extension pour Chrome et Firefox. Elle vous alerte lorsque vous visitez un site dont les contenus sont en totalité ou en partie générés par des intelligences artificielles. Nous avons également mis en ligne un récapitulatif de notre dossier (dont des éléments sont encore à venir).

1 000, 2 000 et maintenant 3 000 sites GenAI, en plus de cyberarnaques

Au cours des dernières semaines, nous avons publié plusieurs mises à jour. Premier changement, la possibilité de ne plus recevoir d’alerte pour certains sites, si vous le désirez. Second changement : la possibilité de mettre des sites en liste blanche de notre côté. Notre méthode de détection entraine parfois des faux positifs, dont la probabilité augmente avec la taille de la base de données et le nombre d’utilisateurs. Nous tentons de rajouter rapidement vos signalements de sites « flagués » à tort sur cette liste blanche.

Nous avons ensuite intégré d’autres listes. Celle de Red Flag Domains pour les noms de domaines présentant des risques de cyberattaques. Même chose avec les listes noires de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Pendant ce temps, Jean-Marc a identifié des centaines de sites supplémentaires, pour en arriver à plus de 3 000.

Certains sites bloquent le message de notre extension

Suite à la mise en ligne de notre enquête et de notre extension, nous avons rapidement reçu une première mise en demeure d’une personne mécontente que son site soit identifié par notre extension. Des sites ont également « riposté » pour rester sous le radar de notre extension. Ils ont ajouté une ligne de code (CSS) pour bloquer l’affichage du message d’alerte sur le site :

extension-host{display:none !important;visibility:hidden !important} 

Nous savions dès le début que c’était une possibilité. Nous en avons rapidement identifié la technique, utilisée par plusieurs sites : un lien vers un CSS dans le code source de la page. L’id est sans équivoque : « hide-extension-notification-css-css » :

<link data-optimized="1" rel='stylesheet' id='hide-extension-notification-css-css' href='/wp-content/litespeed/css/893960c08b2c14d7c54cef82b59223f8.css?ver=223f8' type='text/css' media='all' />

On déploie des contres mesures

Un aller-retour sur Claude.ai, l’IA qui nous a aidé à développer notre extension, pour lui expliquer la situation et plusieurs contre-mesures nous sont proposées. L’IA générative nous confirme, sans surprise, que « le code CSS […] cible précisément l’élément racine de votre notification avec l’ID extension-host et le rend invisible avec les propriétés display:none et visibility:hidden, toutes deux accompagnées de !important pour écraser vos propres styles ».

On vous laisse l’analyse de Claude.ai en bonus : « C’est une tentative délibérée de la part du site web pour bloquer les notifications de votre extension, probablement parce qu’ils sont conscients d’être sur votre liste et veulent éviter que les utilisateurs soient avertis ».

Claude.ai nous propose plusieurs solutions, qu’un lecteur nous avait également soumises il y a quelques jours (merci !). L’un des principaux changements concerne le changement de l’ID de l’élément avec l’ajout d’une variable aléatoire.

Viennent des lignes de codes pour modifier notre extension, sur Chrome et Firefox. Nous vérifions, intégrons et testons : ça marche. Les sites qui n’affichaient plus d’alerte GenAI sont de nouveau correctement identifiés.

Installez la version 2.0.6 de notre extension !

Pour profiter de cette nouveauté, vérifiez que vous avez bien la version 2.0.6 de l’extension, que ce soit sur Chrome ou Firefox, ou mettez-la à jour via vos modules de gestion des extensions. Vous pouvez également l’évaluer avec une note et/ou avis.

Pour rappel, cette extension est librement (et gratuitement) accessible à tout le monde, via les Stores officiels de Google et Mozilla (promis, le code source arrive très vite sur GitHub). Elle est financée grâce au soutien de nos abonnés Premium.

☕️ Bluesky a installé son siège social européen en Belgique

Le réseau social dirigé par Jay Graber a enfin officiellement installé un siège social au sein de l’Union européenne. Celui-ci est situé à Bruxelles, indique sa page de conditions d’utilisation mise à jour le 7 février dernier, comme l’a remarqué Euronews. L’entreprise a aussi ajouté plusieurs moyens (email et téléphone) de la contacter pour les sujets concernant le Digital Services Act (DSA).

La Commission européenne avait émis des critiques à l’égard de Bluesky en novembre dernier, expliquant qu’il ne respectait pas toutes les règles du DSA. Notamment, elle faisait remarquer que « toutes les plateformes de l’UE, même les plus petites qui sont en dessous du seuil, ce qui est le cas de Bluesky, doivent avoir une page dédiée sur leur site Web indiquant le nombre d’utilisateurs qu’elles ont dans l’UE et où elles sont établis d’un point de vue légal ».

Logo de Bluesky

Bluesky est donc maintenant en règle sur la deuxième partie de la critique. Le choix de Bruxelles est singulier par rapport à une bonne partie de ses concurrents comme X, Meta, TikTok ou Google, qui ont choisi d’implanter leur siège social européen en Irlande, pays qui a des politiques fiscales attrayantes pour ce genre d’entreprises et dont les instances de régulation ont tendance à être plus souples.

Reste encore au réseau social à indiquer le nombre de ses utilisateurs dans l’Union européenne.

Android 16 : les nouveautés de la bêta 3, qui sera proche de la version finale

Allez les devs, au boulot !
Android 16 : les nouveautés de la bêta 3, qui sera proche de la version finale

Avec le passage en état « Platform Stability », Android 16 est dans la dernière ligne droite avec la version finale. La balle est maintenant dans le camp des développeurs qui doivent préparer leurs applications. Une troisième bêta est en ligne, avec des nouveautés principalement axées sur l’accessibilité.

C’était attendu. Google vient de mettre en ligne la troisième bêta d’Android, avec une étape importante pour les développeurs : les API ne bougeront plus. Cela signifie que « les comportements liés aux applications sont définitifs », celles-ci peuvent donc être mises à jour pour cibler Android 16 sans risque de devoir s’adapter d’ici la version finale.

Accessibilité : du changement en audio et sur l’écran

Passons aux nouveautés. Google explique que sur les Pixel 9 avec Android 16, Auracast est désormais pris en charge pour les prothèses auditives. L’entreprise cite quelques exemples : « recevoir des flux audio directs depuis des lieux publics tels que les aéroports, les concerts et les salles de classe ». Cette fonctionnalité a pour rappel été ajoutée au Bluetooth LE et permet de partager de l’audio avec d’autres personnes. Auracast avait silencieusement été ajouté à Android 16 Developer Preview 1.

Toujours du côté de l’accessibilité, Android 16 « permet aux utilisateurs d’appareils auditifs LE Audio de basculer entre les micros intégrés de leurs appareils auditifs et le micro de leur téléphone pour les appels vocaux ».

Sur le plan visuel, Android 16 améliore le contraste du texte pour les utilisateurs malvoyants. Le système dessine désormais « une zone de contraste plus grande autour du texte pour améliorer considérablement la lisibilité ». Une image vaut mille mots :

Google introduit le Local Network Protection

Android 16 prépare le terrain à la prochaine version majeure en permettant de tester la fonction Local Network Protection (LNP) : « elle donne aux utilisateurs plus de contrôle sur les applications qui peuvent accéder aux appareils sur leur réseau local ».

Actuellement, toute application avec l’autorisation d’accéder à Internet peut discuter avec les appareils sur le réseau local. Avec LNP, ce ne sera plus forcément le cas.

Cette fonctionnalité est pour le moment en opt-in, il faut donc l’activer manuellement. De plus amples détails sont disponibles ici. « Il s’agit d’un changement important, et nous nous engageons à travailler avec vous pour assurer une transition en douceur », précise Google.

Comme toujours, des correctifs sont également de la partie.

État de la batterie, nouveau panneau de notification

Fidèle à leur habitude, 9to5Google a rapidement pris en main cette nouvelle version pour faire le tour du propriétaire et découvrir quelques nouveautés qui ne sont pas précisées dans le billet de blog. Il y a notamment l’état de santé de la batterie des Pixel. Cette fonctionnalité est présente depuis bien longtemps sur iOS.

Android Authority aussi y va de ses petites découvertes et présente en vidéo une refonte des panneaux de notifications ainsi que des paramètres. Selon nos confrères, le nouveau panneau est « plus beau que jamais ».

Version finale d’ici fin juin

La version finale de la prochaine version majeure d’Android est prévue pour deuxième trimestre. Google a pour rappel changé son fusil d’épaule et prévoit deux versions d’Android par an : une majeure (Android 16 cette année) et une mineure. Cette dernière arrivera au quatrième trimestre. Ensuite, un nouveau cycle sera lancé pour 2026.

Entre les deux, les mises à jour trimestrielles (aux premier et troisième trimestres) continueront d’être proposées. À ne pas confondre avec les Pixel Drop qui sont l’ajout de nouvelles fonctionnalités pour les smartphones de Google.

Les smartphones supportés sont toujours les mêmes : les Pixel 6 à 9. Si vous êtes déjà sur la deuxième bêta d’Android 16, une mise à jour vous sera proposée. Comme toujours, vous pouvez aussi utiliser Android Studio, notamment pour tester vos applications.

Modération : Facebook se prépare à basculer vers ses Community Notes

Fake news world
Modération : Facebook se prépare à basculer vers ses Community Notes

Meta lancera lundi le mécanisme des « notes de la communauté  » grâce auquel la plateforme entend désormais lutter contre la désinformation. Le programme sera déployé sur Facebook, Threads et Instagram, d’abord sous forme de test réservé aux États-Unis. La formule s’inspire très directement des Community Notes telles que déployées sur X.

D’après Meta, 200 000 internautes américains se seraient déjà enregistrés pour participer au programme Community Notes (Notes de la communauté), qui fera ses débuts lundi 18 mars sur les plateformes Facebook, Threads et Instagram.

« Nous nous attendons à ce que les notes de communauté soient moins biaisées que le programme tiers de vérification des faits qu’elles remplacent, car elles permettent à davantage de personnes ayant plus de perspectives d’ajouter du contexte aux publications », affirme l’entreprise dans un billet dédié.

La mise en œuvre de cette nouvelle approche de lutte contre la propagation des fausses informations se fera de façon progressive. Meta explique que les utilisateurs inscrits sur liste d’attente seront intégrés au programme de façon progressive, après sélection aléatoire, et qu’une phase de rodage privée sera menée avant que les premières notes n’apparaissent publiquement.

Un système calqué sur celui de X

Les utilisateurs de X (ex-Twitter) ne seront pas dépaysés. Meta indique en effet avoir adopté la brique open source développée par le réseau social d’Elon Musk comme fondement pour son propre outil : « Cela nous permettra de nous appuyer sur ce que X a déjà créé et de l’améliorer au fil du temps ».

Comme X, Meta transfère la responsabilité de la validation des notes à la communauté, et promet qu’une note ne sera publiée que si plusieurs contributeurs « aux points de vue variés s’accordent largement » sur son contenu. « Peu importe le nombre de contributeurs qui s’accordent sur une note, elle ne sera pas publiée à moins que les personnes qui ne sont généralement pas d’accord décident qu’elle fournit un contexte utile ».

Pour mesurer, ou vérifier, cette diversité de point de vue, Meta évoque un système de notation capable de « prendre en compte l’historique de notation de chaque contributeur » et d’évaluer ceux « qui sont généralement en désaccord ».

Une vérification collective des informations (mais pas des pubs)

Dans cette phase de test, Meta limitera les notes à 500 caractères. Elles devront par ailleurs comporter un lien (la nature des sources susceptibles de faire autorité dans ce contexte n’est pas précisée) et ne seront pas signées. « Nous voulons que les notes soient évaluées en fonction de l’utilité du contexte qu’elles ajoutent, et non en fonction de la personne qui les a écrites », justifie l’entreprise.

Les publicités ne pourront pas faire l’objet de notes communautaires, mais il sera possible de soumettre un « élément de contexte » sur les publications de personnalités publiques, promet-elle encore. La question des publicités n’est pas neutre : elles constituent le coeur du modèle économique des plateformes de Meta. Or l’entreprise américaine s’est déjà vu reprocher sa politique relativement laxiste au sujet des messages véhiculés par les réclames diffusées sur ses réseaux.

La Commission européenne a d’ailleurs ouvert en avril dernier une procédure formelle à l’encontre de Meta, estimant que la prolifération des publicités trompeuses et de la désinformation « peut représenter un risque pour le discours civique, les processus électoraux et les droits fondamentaux, ainsi que pour la protection des consommateurs ».

L’introduction des Community Notes signe pour mémoire un virage radical dans l’approche de Meta en matière de lutte contre la désinformation. Mark Zuckerberg, fondateur et CEO du groupe, l’avait annoncé début janvier, dans un discours aux accents ouvertement politisés.

 « Après que Trump a été élu pour la première fois en 2016, les médias traditionnels n’ont pas arrêté d’écrire à quel point la désinformation était une menace pour la démocratie. Nous avons essayé de bonne foi de résoudre ces problèmes, sans devenir les arbitres de la vérité. Mais les fact-checkers sont devenus trop biaisés politiquement, et ils ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créée, particulièrement aux États-Unis », déclarait Zuckerberg.

Il annonçait dans le même temps la fin du vaste programme de vérification des informations lancé par Facebook en 2016 qui combinait des fact-checkers internes à l’entreprise et des partenariats conclus dans le monde entier avec des médias et des agences de presse.

Pas de pénalité au niveau de la visibilité

L’introduction des notes communautaires induit par ailleurs un changement dans la façon dont Meta gère la visibilité des contenus problématiques. Jusqu’ici, les publications considérées comme susceptibles de relever de la désinformation ou de la manipulation faisaient l’objet d’une visibilité réduite après signalement par les équipes dédiées. Ce ne sera plus le cas avec les notes.

« La diffusion des publications vérifiées sur nos plateformes était souvent réduite. Ce ne sera pas le cas des publications notées. Les notes fourniront un contexte supplémentaire, mais n’auront aucune incidence sur l’accès au contenu ni sur son partage », explique l’entreprise.

Nouvelle option de monétisation pour les stories Facebook

L’abandon des programmes de vérification (fact-checking) au profit d’une modération communautaire intervient alors même que Meta accentue ses efforts de séduction en direction des créateurs de contenu, avec des mécaniques d’incitation financière qui récompensent la viralité. S’il s’agit peut-être d’une rencontre fortuite de circonstances, le parallèle entre les deux annonces soulève quelques questions. Les contenus créés pour attiser les divisions politiques se révèlent par exemple très propices à l’engagement, et donc à la monétisation.

Sur ce volet, Meta vient d’ailleurs d’annoncer que tous les utilisateurs enrôlés dans son programme Facebook Content Monetization pourraient maintenant espérer la génération de revenus à partir des Facebook Stories.

☕️ Microsoft va rendre le TypeScript « 10x plus rapide »

Sur son blog dédié aux développeurs, Microsoft a annoncé que le TypeScript (un surensemble de JavaScript) avait un problème de performances. Sa base en JavaScript ne lui permet pas une mise à l’échelle : les performances ne suivent pas la taille des projets. L’éditeur travaillait donc à rendre le compilateur et ses outils natifs.

Microsoft a choisi le langage Go pour ce portage natif. Le projet est en cours, mais les premiers résultats semblent à la hauteur des attentes avec un temps de compilation moyen divisé par 10. Des gains très élevés ont également été observés dans le chargement des projets, la réactivité dans les éditeurs ou encore dans la consommation de mémoire vive, en moyenne divisée par deux.

L’arrivée de cette version native n’est pas pour tout de suite. La prochaine révision sera la 5.9, qui sera disponible « bientôt ». Après quoi, Microsoft passera à la branche 6.0, qui « introduira quelques dépréciations et ruptures pour s’aligner sur la base de code natif à venir ». Ce n’est que lorsqu’une parité « suffisante » aura été atteinte avec le TypeScript actuel que la version native sera lancée, en tant que TypeScript 7.0.

Le choix du Go peut bien sûr intriguer : Microsoft semblait ne jurer que par le Rust depuis quelques années. Sur X, le choix interroge. Comme le signale Analytics India Mag, Ryan Cavanaugh, responsable du développement de TypeScript, est venu expliquer ce choix sur Reddit.

Selon le développeur, c’est essentiellement une question de contraintes, dont la principale était la portabilité. Toutes les approches tentées auraient présenté des « compromis inacceptables (performances, ergonomie, etc.) », dont l’obligation d’écrire son propre ramasse-miettes (garbage collector). L’équipe se serait parfois approchée d’un résultat correct, mais au prix de nombreux pans de code non sécurisés. En définitive, un portage vers Rust aurait nécessité des années et aurait abouti à une version incompatible « que personne n’aurait pu utiliser ».

Son de cloche identique pour Anders Hejlsberg, auteur du billet de Microsoft et créateur de TypeScript, dans une interview donnée à la chaine Michigan TypeScript sur YouTube.

Les outils de recherche en ligne basés sur l’IA générative sont nuls pour citer l’actu

Les outils de recherche en ligne basés sur l’IA générative sont nuls pour citer l’actu

En étudiant huit moteurs de recherche s’appuyant sur l’IA générative, deux chercheuses ont observé qu’en moyenne, ceux-ci ont fourni des réponses incorrectes à plus de 60 % des demandes.

De plus en plus d’internautes utilisent des outils d’IA générative pour chercher de l’information en ligne. Mais sont-ils fiables ? Pas tant que ça apparemment, d’après les chercheuses du Tow Center for Digital Journalism de Columbia, Klaudia Jaźwińska et Aisvarya Chandrasekar. Elles ont évalué huit d’entre eux : ChatGPT Search, Perplexity, Perplexity Pro, DeepSeek Search, Copilot, Grok-2 Search, Grok-3 Search et enfin Gemini.

On savait déjà que les chatbots comme ChatGPT hallucinaient régulièrement des citations, mais on aurait pu espérer que les outils de recherche basés sur l’IA auraient de meilleurs garde-fous dans ce domaine notamment, grâce par exemple au RAG (Retrieval-Augmented Generation).

Mais comment faire pour vérifier ?

Elles ont mis en place un protocole assez simple pour contrôler si chacun des outils testés attribuait bien au texte d’un article d’actualité les métadonnées comme l’URL, le titre, l’éditeur original et la date. Ainsi, la méthode vérifierait si, oui ou non, ils étaient au moins fiables dans leur capacité à faire correctement le lien entre une source et son extrait.

Les deux chercheuses ont donc sélectionné aléatoirement 10 articles de 20 sites d’information américains comme TechCrunch, Time, le Wall Street Journal, ProPublica, National Geographic ou encore le Boston Globe. Elles en ont tiré des extraits manuellement, puis ont vérifié qu’en collant ces extraits dans le moteur de recherche traditionnel de Google, la source originale apparaissait bien dans les trois premiers résultats.

Elles ont ensuite fourni à l’outil testé chaque extrait et lui ont demandé d’identifier le titre de l’article correspondant, l’éditeur original, la date de publication et l’URL.

Enfin, elles ont évalué la réponse en six catégories : correcte, correcte mais incomplète, partiellement incorrecte, complètement incorrecte, sans réponse et crawler bloqué (quand le site interdit le crawler du chatbot dans son fichier robots.txt).

Plus de 60 % de réponses incorrectes

Elles ont publié leurs résultats dans un article du magazine Columbia Journalism Review. En moyenne, les outils de recherche ont donc donné plus de 60 % de réponses incorrectes. « Le niveau d’inexactitude varie d’une plateforme à l’autre : Perplexity a répondu de manière incorrecte à 37 % des requêtes, tandis que Grok 3 a enregistré un taux d’erreur beaucoup plus élevé, répondant de manière incorrecte à 94 % des requêtes », expliquent les chercheuses.

Elles font remarquer que Copilot est le seul à avoir décliné plus de questions qu’il n’a apporté de réponses. Pendant ce temps-là, tous les autres ont fourni plus de réponses incorrectes que de non-réponses.

Elles soulignent un élément particulièrement frappant. Lorsque qu’on compare les outils Grok et Perplexity, testés dans leurs versions gratuites et payantes, les tests montrent « que si les deux [modèles payants] ont répondu correctement à un plus grand nombre de questions que leurs équivalents gratuits correspondants, ils ont paradoxalement aussi montré des taux d’erreur plus élevés ». Grok-3 Search et Perplexity Pro ont tendance à livrer une réponse coûte que coûte.

Certains récupèrent des informations de sites qui les bloquent

Comme les moteurs de recherche ordinaires, ces outils utilisent des robots d’indexation qui parcourent le web. Trois d’entre eux (DeepSeek, Grok 2, et Grok 3) n’ont pas révélé publiquement le nom de leurs robots. Les éditeurs ne peuvent donc pas bloquer l’indexation de leurs sites par ces outils.

Mais les cinq autres (ChatGPT Search, Perplexity, Perplexity Pro, Copilot et Gemini) les ont rendus publics. Les éditeurs peuvent théoriquement interdire qu’ils parcourent leurs sites en l’indiquant dans le fichier robots.txt.

En analysant les résultats ci-dessous, on remarque que Copilot est le seul à n’être bloqué par aucun des éditeurs. Cela s’explique facilement par le fait que l’outil de Microsoft utilise BingBot, le robot d’indexation du moteur de recherche de l’entreprise. S’ils le bloquent, les éditeurs se coupent donc aussi de l’indexation dans Bing. Paradoxalement, Copilot a le plus haut taux de non-réponse.

Mais les autres ont parfois correctement attribué toutes les métadonnées d’un article alors qu’ils n’étaient pas censés l’indexer.

« Perplexity Pro a été le plus mauvais élève à cet égard, identifiant correctement près d’un tiers des quatre-vingt-dix extraits d’articles auxquels il n’aurait pas dû avoir accès », expliquent les chercheuses. Elles ajoutent : « étonnamment, la version gratuite de Perplexity a correctement identifié les dix extraits d’articles payants du National Geographic que nous avons partagés, bien que l’éditeur ait interdit les robots d’indexation de Perplexity et n’ait aucune relation formelle avec la société d’IA ».

Du côté de Google, qui a créé un robot spécifique pour Gemini, « son crawler a été autorisé par dix des vingt éditeurs que nous avons testés, mais Gemini n’a fourni une réponse totalement correcte qu’à une seule occasion ». Les chercheuses expliquent notamment que, lorsqu’il s’agissait d’extraits d’articles liés à la politique, l’outil donnait des réponses comme : « Je ne peux pas vous aider à répondre aux questions sur les élections et les personnalités politiques pour le moment. Je suis entrainé pour être aussi précise que possible, mais il m’arrive de faire des erreurs. Pendant que je travaille à améliorer la façon dont je peux parler des élections et de la politique, vous pouvez essayer la recherche sur Google ».

Plus en détail, en regardant s’ils ont correctement identifié l’article dont provient la source, les chercheuses ont remarqué que DeepSeek Search se trompait pour 115 des 200 articles présentés.

Même lorsque l’article était bien identifié, l’URL proposée n’était souvent pas la bonne. À certaines occasions, les outils les « ont dirigé vers des versions syndiquées d’articles sur des plateformes telles que Yahoo News ou AOL plutôt que vers les sources originalessouvent même lorsque l’éditeur était connu pour avoir conclu un accord de licence avec la société d’IA ».

Et avoir conclu un accord avec l’entreprise qui édite l’outil de recherche n’augmente pas la qualité des réponses :

Bouygues Telecom attaque Free et son Wi-Fi 7

Bouygues Telecom attaque Free et son Wi-Fi 7

Bouygues Telecom accuse Free d’avoir revendiqué la compatibilité de sa Freebox Ultra avec le Wi-Fi 7 alors que cette dernière n’a jamais fait l’objet d’une certification officielle. Une nouvelle passe d’arme entre deux groupes habitués à s’échanger des amabilités par tribunaux interposés.

Nouvelle pomme de discorde judiciaire entre les deux opérateurs : d’après l’Informé, qui a révélé l’information jeudi, Bouygues Telecom a assigné en septembre dernier Free devant le tribunal de commerce de Paris. En cause, une communication de Xavier Niel, largement déclinée depuis par la filiale du groupe Iliad, selon laquelle la Freebox Ultra, présentée en grande pompe le 30 janvier 2024, adoptait le Wi-Fi 7.

Accusation de communication mensongère sur le Wi-Fi 7

Sur scène, Xavier Niel revendiquait alors une box à la pointe de la technologie, avec plusieurs premières sur le marché français, dont la disponibilité nationale d’une connexion fibre à 8 Gb/s symétriques, des accords commerciaux inédits avec de grands réseaux de contenus… et l’intégration du Wi-Fi 7 quad band via deux puces Qualcomm, avec la promesse de débits sans fil capables d’atteindre les 6 Gb/s.

Interrogé par Next, Free avait à l’époque reconnue que la Freebox Ultra n’avait fait l’objet d’aucune certification auprès de la Wi-Fi Alliance. L’opérateur admettait même qu’il n’était même pas certain de se lancer dans le processus de certification, pourtant ouvert quelques jours avant l’annonce de la Freebox Ultra.

Free n’est pas une exception, de nombreux produits ne sont pas « Wi-Fi Certified », notamment car le programme de certification arrive généralement en retard par rapport à la commercialisation des produits. Notez que Free n’a aucune certification pour aucune de ses box, que ce soit en Wi-Fi 7 ou inférieurs.

Alors que les composants intégrés à la box (deux puces identiques Networking Pro 820 de Qualcomm) autorisent théoriquement cette dernière à exploiter l’ensemble des bandes prévues par la norme Wi-Fi 7 (2,4 GHz, 5 GHz et 6 GHz), nous relevions à l’époque que les répéteurs commercialisés par Free aux côtés de la Freebox Ultra se limitaient aux bandes des 2,4 et 5 GHz.

Ce sont ces différents points qui motivent l’action en justice initiée par Bouygues Telecom, lequel estimerait donc que son concurrent a mené une campagne de communication mensongère. Les saillies de Xavier Niel, adressées à ses concurrents pendant la présentation du 30 janvier dernier, auraient contribué à mettre de l’huile sur le feu, rapporte par ailleurs l’Informé.

Bouygues revendique le premier « vrai » Wi-Fi 7 du marché

Une chose est sure : Bouygues Telecom avait bien ces subtilités en tête début janvier, quant il a, à son tour, annoncé sa Box compatible avec le Wi-Fi 7… d’ailleurs baptisée « Bbox Wi-Fi 7 ». Le FAI insistait alors bien sur la première que constituait, en France, le lancement d’une box certifiée par la Wi-Fi Alliance. Nos recherches de l’époque confirmaient la légitimité de cette affirmation, qui se vérifie toujours aujourd’hui : la Bbox et ses répéteurs sont bien référencés par la Wi-Fi Alliance, là où le terme Freebox ne remonte pas dans le programme de certification.

Bouygues devrait dans ce contexte chercher à obtenir réparation du préjudice d’image subi auprès du tribunal de commerce. Cette fois, Xavier Niel n’a pas proposé de régler le différend devant un Lidl, et iliad n’a pas officiellement réagi.

Il faut dire que les deux FAI entretiennent depuis plus de dix ans un complexe passif judiciaire, fait de multiples procédures croisées pour pratiques commerciales trompeuses, concurrence déloyale, manquement à des obligations légales, etc.

Utilisation d’œuvres sous droits : auteurs et éditeurs français assignent Meta

Le comte Almaviva désespère
Utilisation d’œuvres sous droits : auteurs et éditeurs français assignent Meta

Les auteurs et les éditeurs font l’union sacrée face à l’utilisation faite par les géants de l’IA de leurs œuvres, protégées par le droit, dans le cadre de l’entraînement de leurs modèles. Ils assignent en justice Meta, à Paris, et réclament notamment le retrait complet des répertoires de données créés sans autorisation.

Dans un rare mouvement d’union, le Syndicat national de l’édition (SNE), la Société des Gens de Lettres (SGDL) et le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (SNAC) ont annoncé mercredi avoir assigné en justice le groupe Meta. Ils dénoncent une « utilisation massive d’œuvres sous droits, sans autorisation de leurs auteurs et éditeurs ».

« Alors que nous avons constaté la présence de nombreuses œuvres éditées par des membres du Syndicat national de l’édition dans les corpus de données utilisés par Meta, nous saisissons aujourd’hui le juge pour faire reconnaître le non-respect du droit d’auteur, le parasitisme », précise Vincent Montagne, président du SNE, dans un communiqué.

Accusations de parasitisme

D’après l’AFP, la procédure ciblerait particulièrement l’utilisation faite par Meta de la base de données Books3. Issue du tracker bittorrent bibliotik, celle-ci est notoirement connue pour réunir, au format txt, l’équivalent de près de 200 000 livres, dont beaucoup sont protégés par le droit d’auteur.

Meta, comme NVIDIA et OpenAI, ont déjà fait l’objet de poursuites, initiées en 2023 puis début 2024 par des détenteurs de droit américains, pour avoir exploité le corpus de Books3 à des fins d’entraînement de leurs grands modèles de langage.

À l’époque, Meta avait admis que des portions de Books3 avaient été utilisées, entre autres jeux de données, pour procéder à l’entraînement de ses modèles Llama 1 et Llama 2. La société se défendait cependant de toute infraction au droit d’auteur, invoquant une « utilisation raisonnable » (fair use).

Un argument que récusent par avance les trois organisations du livre. « Cette action en justice s’inscrit dans un contexte de régulation au niveau européen, l’AI Act ayant rappelé la nécessité pour les sociétés éditrices de solutions d’intelligence artificielle générative de respecter le droit d’auteur et d’assurer la transparence sur les sources utilisées pour développer des modèles de fondation », rappellent-elles de façon opportune, alors que l’exécutif devra bientôt préparer la mise en œuvre des dispositions du règlement européen sur l’IA.

Appel à un cadre légal et à un dédommagement

L’appel adressé à Meta se révèle quant à lui plus pragmatique, dans une logique de droits voisins similaire à celle qui sous-tend déjà les accords passés au sujet de l’exploitation des œuvres de l’esprit sur les réseaux sociaux ou les moteurs de recherche.

« L’action que nous entamons doit aussi faire naître une volonté sérieuse des IA de tenir compte de la création, d’en respecter le cadre juridique et le cas échéant de trouver des contreparties pour l’utilisation d’œuvres dont ils se nourrissent. C’est essentiel pour préserver un écosystème fragile qui doit sa richesse à la diversité éditoriale », estime ainsi Christophe Hardy, président de la SGDL.

Début février, 38 organisations internationales représentant l’ensemble des secteurs créatifs et culturels soulignaient déjà, à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’IA, la nécessité de concilier « le développement de l’IA avec le respect des droits d’auteurs et des droits voisins ».

☕️ Niantic (Pokémon Go) vend sa branche jeux vidéo à Scopely pour 3,5 milliards de dollars

Pokémon Go, Pikmin Bloom et Monster Hunter Now changent de main. Le studio américain Scopely, propriété du géant saoudien Savvy Games, a annoncé mardi l’acquisition de la branche jeu vidéo du groupe Niantic Inc. Objet de rumeurs depuis mi-février, la transaction valorise les titres et les équipes de Niantic, nés dans le giron de Google, à hauteur de 3,5 milliards de dollars.

Scopely, qui revendique déjà le titre d’éditeur numéro un du jeu vidéo sur mobile aux États-Unis avec des titres comme Monopoly Go, Stumble Guys ou Marvel Strike Force, met ainsi la main sur le célèbre Pokémon Go, qui aurait réuni plus de 100 millions de joueurs uniques en 2024. « L’activité jeux de Niantic ravit plus de 30 millions d’utilisateurs actifs par mois, et a généré plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2024 », se réjouit l’acquéreur dans un communiqué. Il promet par ailleurs qu’il poursuivra le développement des jeux Niantic, avec les mêmes équipes et sous la houlette des patrons historiques du studio Ed Wu (Pokémon Go) et Kei Kawai.

Via cette acquisition, Scopely met également la main sur un trésor de guerre qui ne dit pas son nom : l’immense gisement de données relatives aux utilisateurs de Pokémon Go dont dispose Niantic, remarque 404 Media.

Niantic, historiquement spécialisée dans la réalité virtuelle, annonce de son côté de nouveaux développements du côté de Niantic Spatial, sa branche dédiée à la géolocalisation et à la visualisation spatiale. L’activité, dont les outils sous-tendent les fonctions de réalité virtuelle et de localisation de Pokémon Go, devient une filiale à part entière, dotée de 250 millions de dollars de fonds, dont 50 millions émanent de Scopely.

☕️ Espionnage, intox’ : la directrice de la DGSI alerte contre les ingérences numériques

« La menace en matière d’espionnage et d’ingérence peut paraître moins mortelle » que celle du terrorisme, mais elle n’en est pas moins « dangereuse pour notre démocratie », a expliqué la directrice générale de la sécurité intérieure Céline Berthon sur Franceinfo le 12 mars.

Interrogées sur les ingérences étrangères, la cheffe de la DGSI indique que ces dernières prennent principalement trois formes : de la déstabilisation « de faible intensité, mais amplifiée par leur médiatisation », des actes de repérage « sur des industries, qui contribuent par exemple à l’effort de guerre » vis-à-vis de l’Ukraine, et des tentatives de pression sur des opposants réfugiés présents sur notre territoire.

Quant à leurs auteurs, ils ont dans certains cas été identifiés comme liés à la Russie, par exemple dans l’affaire des pochoirs d’étoiles de David, taguées sur les murs de Paris, « pris en photo et amplifiés artificiellement sur les réseaux sociaux pour faire monter le débat et opposer en France des idées politiques, fracturer la population française » juste après l’attaque d’Israël par le Hamas, ou encore dans celle des punaises de lit.

Cela dit, ces actions peuvent « valoir aussi pour d’autre pays », déclare la dirigeante – une enquête de l’Œil du 20 h revenait par exemple début mars sur les tentatives de l’Algérie de faire taire des opposants présents en France. Céline Berthon précise que les relations sécuritaires entre la France et l’Algérie sont « réduites à leur plus simple expression ».

De l'huile russe sur le feu RN selon Flock
Flock

Sur la question des manipulations en ligne, Céline Berthon insiste : si les réseaux sociaux sont la principale source d’information de beaucoup de personnes, leurs algorithmes peuvent être manipulés par leurs propriétaires, « ce qui est très visible sur X », quand Elon Musk « fait en sorte que ses tweets soient visibles par le monde entier ». 
Moins visible, mais tout aussi pernicieux : « On a aussi des manipulations par des utilisateurs, qui connaissent les algorithmes, qui savent les utiliser, et font artificiellement naître des sujets. »

Interrogée sur la probabilité de voir se dérouler en France le même scénario que celui constaté en Roumanie, où le candidat d’extrême-droite a surgi en tête du premier tour des élections présidentielles à la surprise générale, Céline Berthon répond : « Le scénario de manipulation de l’information sur les réseaux sociaux, par amplification, via algorithmes, évidemment qu’il est possible », même si elle espère que le système politique français soit « plus établi », donc mieux à même de résister.

En termes de lutte anti-terroriste, la directrice de la DGSI souligne que le « défi majeur » consiste à enrayer les radicalisations en ligne – en droite ligne de la sonnette d’alarme tirée il y a quelques mois par Europol et les services anti-terroristes anglo-saxons.

☕️ Pionnier français des librairies en ligne, Chapitre.com a fermé ses portes

Implantée à Lamnay, à 7 km de la Ferté-Bernard, dans la Sarthe, Chapitre.com a fermé ses portes.

Créée en 1997, cette société spécialisée dans la vente de livres d’occasion, quelquefois qualifiée d’ « Amazon français » à ses débuts, n’a pas résisté aux évolutions du marché.

Propriétaire du Furet du Nord et de Decitre, le groupe Nosoli avait racheté chapitre.com en 2022 lors d’un redressement judiciaire.

Gros plan de tas de livres chez un bouquiniste.

Décision a été prise de supprimer la marque chapitre.com – qui redirige désormais vers lalibrairie.com –, d’internaliser la gestion des livres d’occasions, et de se renforcer du côté des librairies indépendantes, rapportent nos confrères de Clubic.

Au passage, l’entrepôt de Lamnay a fermé et ses treize salariées ont été licenciées.

Lip-Bu Tan est le nouveau CEO d’Intel

« Rester humble. Travailler dur. Ravir nos clients »
Lip-Bu Tan est le nouveau CEO d’Intel

Intel a annoncé hier soir s’être trouvé un dirigeant : Lip-Bu Tan. Le nouveau CEO entrera en fonction le 18 mars. Il aura un vaste chantier à poursuivre sur les activités de fonderie, en plus d’un bilan financier calamiteux à redresser.

L’ancien CEO d’Intel, Pat Gelsinger, a été licencié le 1ᵉʳ décembre dernier, après plusieurs trimestres de pertes. Le nouveau venu, Lip-Bu Tan, a été membre du conseil d’administration de l’entreprise ainsi que d’autres (notamment HP et Semiconductor Manufacturing International Corporation). Il reprend toutefois le flambeau dans une période bien difficile.

Un vaste chantier

C’est peu dire qu’Intel vit une période complexe de transition, après plusieurs vagues de licenciements. Les plans de Pat Gelsinger étaient de renforcer les activités de fonderie pour traiter les commandes d’autres entreprises, via la filiale Intel Foundry. Le projet est en bonne voie. Les deux CEO par intérim, David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus, avaient indiqué poursuivre dans cette direction. Le premier restera d’ailleurs vice-président et directeur financier, la seconde gardera la tête d’Intel Products.

Les travaux qui attendent le nouveau CEO sont nombreux. La barre financière doit être redressée, après des pertes de 18,74 milliards de dollars en 2024. Une partie de ces pertes est directement compensée par le gouvernement américain via le CHIPS Act, mais ce dernier est dans le collimateur de Donald Trump.

Intel devrait également lancer cette année son nouveau processus de gravure 18A, grâce auquel l’entreprise entend rapatrier une portion de la production de ses propres puces en interne, TSMC s’occupant aujourd’hui d’une bonne partie de ses produits. Le processus permettra aussi de produire des puces personnalisées pour AWS (Amazon Web Services), comme nous l’indiquions en septembre dernier. La firme doit également se faire une place dans le domaine de l’IA.

Vers une coentreprise menée par TSMC ?

« Intel dispose d’une plateforme informatique puissante et différenciée, d’une vaste base installée de clients et d’une empreinte industrielle robuste qui se renforce de jour en jour à mesure que nous reconstruisons notre feuille de route en matière de technologie des processus. Je suis impatient de rejoindre la société et de m’appuyer sur le travail accompli par l’ensemble de l’équipe d’Intel pour positionner notre entreprise pour l’avenir », a indiqué Lip-Bu Tan dans le communiqué d’Intel.

Dans un message publié à part, le nouveau CEO dit souscrire « à une philosophie simple : Rester humble. Travailler dur. Ravir nos clients ». Il assure qu’en ancrant ces « trois convictions fondamentales, les choses se passent bien ».

C’est dans ce contexte tendu qu’une rumeur vient d’apparaitre chez Reuters. TSMC aurait approché AMD, Broadcom et surtout NVIDIA en vue de créer une coentreprise. Celle-ci serait chargée de gérer et d’exploiter les usines d’Intel. Ce plan serait la conséquence d’une demande de la Maison-Blanche à TSMC : aider Intel à redresser la barre. Le fondeur taïwanais verrait sa part dans la coentreprise limitée à un maximum de 50 %.

Ni les entreprises concernées ni la Maison-Blanche n’ont commenté l’information. Entre la nomination du nouveau CEO et la rumeur, la bourse a bien réagi, avec un petit bond de 10,66 % après clôture. La journée s’était déjà bien passée pour Intel, avec une hausse de 4,55 % de l’action. Le titre a cependant perdu plus de la moitié de sa valeur sur les douze derniers mois.

☕️ Le budget scientifique de la NASA pourrait être réduit de 50 %

La Maison-Blanche pourrait proposer une réduction de 50 % du budget des activités scientifiques de la NASA, selon la Planetary Society, une association très connue dans le milieu de l’astrophysique et regroupant plus de 60 000 membres.

« Un tel effondrement du financement pourrait faire perdre à l’Amérique son leadership dans le domaine de l’exploration scientifique de l’espace. Elle pourrait également briser la filière d’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) et décimer la main-d’œuvre scientifique et d’ingénierie la plus compétente et la plus accomplie au monde », affirme l’association.

Interrogée par ArsTechnica sur le sujet, la responsable des missions scientifiques de la NASA, Nicola Fox, a répondu : « nous n’avons pas encore reçu d’informations sur le budget, et je déteste planifier quelque chose sur la base de rumeurs et de spéculations ». Et d’ajouter, « nous continuerons à faire de la bonne science. Nous continuerons à avoir un portefeuille scientifique équilibré, c’est certain. Nous serons reconnaissants de ce que nous recevrons, et nous ferons de grandes choses avec cela ».

Ces réductions sont prévues par le directeur du bureau de la gestion et du budget de Donald Trump, Russell Vought. Comme l’expliquent nos confrères, elles sont en adéquation avec le budget « fantôme » qu’il avait proposé en 2022 pour l’année 2023, lorsque le camp Républicain était dans l’opposition :

« Le budget propose également une réduction de 50 % des programmes et des dépenses scientifiques de la NASA, en réduisant les dépenses du système de réduction des émissions de carbone et les programmes sur le changement climatique mondial, qui sont malavisés », proposait-il [PDF].

« Si ces réductions devaient se concrétiser, il en résulterait rien de moins qu’une extinction des sciences et de l’exploration spatiales aux États-Unis », commente Planetary Society.

☕️ En Syrie, la désinformation accroît la violence

La Syrie a été traversée ce weekend par la pire explosion de violence depuis la chute de Bachar al-Assad, fin décembre. Plus de 1 300 personnes, principalement de la minorité alaouite, ont été tuées, dans une vague alimentée par une explosion de désinformation en ligne, détaille Deutsche Welle.

L’activité d’acteurs malveillants en ligne a explosé depuis jeudi, en lien direct avec les actions visibles sur le terrain, explique Zouhir al-Shimale, chercheur de l’organisation de fact-checking Verify-Sy, au média allemand.

Les « contenus très explicites et provocants » ont aussi explosé, quelquefois réels, quelquefois générés par intelligence artificielle, quelquefois représentant des exactions passées, précise-t-il.

Fin janvier, le chercheur détaillait déjà auprès de France 24 la prolifération de messages alertant sur des « nettoyages » des populations alaouites ou chrétiennes, « pour les inciter à se défendre et créer une pression sociale », voire « un sentiment d’urgence et de panique au sein de ces groupes ».

Cette explosion de désinformation et de discours de haine « alimente la violence et accroît les divisions » internes au pays, explique la directrice de The Syria Campaign à Deutsche Welle.

Certains intérêts étrangers, dont la Russie ou Israël, participent par ailleurs à amplifier le phénomène.

Zouhir al-Shimale souligne aussi le rôle d’internautes états-uniens très suivis, parmi lesquels Elon Musk et Tucker Carlson, dont la surface en ligne participe directement à amplifier la désinformation constatée en Syrie dès lors qu’ils décident de la commenter – comme ils ont pu le faire dans d’autres contextes.

Deutsche Welle relève aussi l’activité de membres des Forces de mobilisation populaire irakiennes, payés pour diffuser divers messages, notamment contre le nouveau gouvernement syrien.

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