Vue lecture

☕️ OpenAI : o3 et o4-mini arrivent finalement, GPT-5 repoussé de quelques mois

Alors que l’actualité sur l’intelligence artificielle générative se déchaine avec les nouvelles versions de DeepSeek V3, Gemini 2.5 Pro ou encore le très récent Llama 4, OpenAI annonce du retard du GPT-5.

« Nous allons être en mesure de rendre le GPT-5 bien meilleur que ce que nous pensions au départ. Nous avons également constaté qu’il était plus difficile que nous le pensions de tout intégrer en douceur », a ainsi indiqué Sam Altman, CEO d’OpenAI, dans une publication sur X le 4 avril.

En conséquence, GPT-5 n’arrivera que dans quelques mois, donc avec du retard. Altman ajoute que l’entreprise veut s’assurer qu’elle disposera « d’une capacité suffisante pour répondre à ce [qu’elle prévoit] être une demande sans précédent ».

La société avait expliqué plus tôt dans l’année que son modèle serait disponible pour tous, mais que le degré de précision se ferait en fonction de la formule utilisée. Sans abonnement payant, le niveau d’intelligence sera ainsi « standard ». La formule ChatGPT Plus aura droit à « un niveau d’intelligence plus élevé », tandis que ChatGPT Pro donnera accès au niveau le plus élevé. On ignore concrètement à quoi correspondent ces paliers.

« L’un de nos principaux objectifs est d’unifier nos modèles en créant des systèmes capables d’utiliser tous nos outils, de savoir s’il faut réfléchir longtemps ou non, et d’être utiles pour un large éventail de tâches », précise également Sam Altman. GPT-5 sera un modèle unifié : il sera multimodal et intègrera la voix, Canvas, la recherche approfondie et d’autres outils.

Si GPT-5 sera en retard, il en va autrement des modèles « o ». Contrairement à ce qui avait été indiqué en février, o3 va finalement sortir « dans quelques semaines », accompagné d’un o4-mini. On apprend également qu’un modèle o3-pro est en préparation, sans plus de détails. Aucune précision technique n’a été donnée sur ces futurs modèles de raisonnement.

Meta dégaine ses Llama 4 multimodaux, dont un Behemot de 2 000 milliards de paramètres

It really kicks
Meta dégaine ses Llama 4 multimodaux, dont un Behemot de 2 000 milliards de paramètres

Dans la longue quête des modèles d’IA générative toujours plus puissants, c’est au tour de Meta de dégainer avec la quatrième version de son Llama. Il est décliné en trois versions, selon le cas d’usage, et tous sont multimodaux. Alors que Meta se lance pour la première fois dans les « mélanges d’experts », l’Europe continue d’être privée des nouveautés.

Meta veut frapper fort avec son modèle Llama 4. Dans son annonce, publiée samedi (c’est la première fois que l’entreprise lance un modèle majeur durant le week-end), Meta explique qu’il a été entrainé sur « de grandes quantités de textes, d’images et de données vidéo non étiquetés » et qu’il dispose d’une « large compréhension visuelle ».

Llama 4 est décliné en trois versions : Scout, Maverick et Behemot. Précisons d’emblée que si les deux premiers sont disponibles, ils ont été distillés depuis Behemot qui, lui, est toujours en cours d’entrainement.

Des paramètres et des experts

Llama 4 Scout est le plus petit modèle, avec 16 experts. Ces derniers représentent des sous-sections spécifiques du modèle, conçues pour traiter des tâches particulières. Ils sont la conséquence de l’approche MoE (Mixture of Experts), utilisée pour la première fois chez Meta. Chaque expert représente un réseau neuronal pouvant être entrainé séparément, permettant un entrainement global du modèle nettement plus rapide, comme l’expliquait déjà Hugging Face fin 2023.

En fonction de la tâche, c’est le modèle qui « décide » ensuite à quel expert envoyer les jetons. Conséquence, si Llama 4 Scout a 109 milliards de paramètres, 17 milliards « seulement » sont actifs en même temps.

Même cas de figure pour Maverick, le modèle principal. Cette fois, le nombre de paramètres est de 400 milliards, mais le modèle dispose de 128 experts, toujours avec la même technique. Comme pour Scout, le nombre de paramètres actifs est de 17 milliards.

Selon Meta, ces deux modèles sont tout simplement les meilleurs modèles multimodaux de leur catégorie respective. Scout fournit ainsi une fenêtre contextuelle de 10 millions de jetons, peut fonctionner sur un seul GPU H100 de NVIDIA et fournit de meilleurs résultats que Gemma 3, Gemini 2.0 Flash-Lite et Mistral 3.1 « dans une large gamme de tests de référence », selon Meta.

Maverick, qui doit devenir le principal modèle poussé par Meta, est présenté comme surpassant GPT-4o et Gemini 2.0 Flash. Sur LMArena, le modèle se classe deuxième avec un score de 1417. Point intéressant, Meta évoque directement DeepSeek, car les résultats obtenus par Maverick sont décrits comme « comparables » au dernier modèle chinois. Selon Meta, Maverick peut fonctionner sur un seul système H100 DGX de NVIDIA.

L’énorme Behemot toujours en formation

Dans la nouvelle trilogie de Meta, Scout et Maverick sont les étudiants. L’enseignant se nomme Behemot, à partir duquel ils ont été distillés. Le modèle porte a priori bien son nom : on ne joue plus du tout dans la même cour.

Ce mastodonte, dont l’entrainement est toujours en cours, affiche la bagatelle de 2 000 milliards de paramètres. Bien sûr, tous ne fonctionnent pas en même temps, mais le modèle, doté de 16 experts, dispose quand même 288 milliards de paramètres actifs. De fait, il est présenté comme le modèle « de pointe » pour tout ce qui touche aux mathématiques, au multilinguisme et aux images. Pour économiser les coûts, la distillation du modèle a été réalisée pendant la phase de pré-entrainement, précise Meta.

Évidemment, les performances d’un tel modèle sont annoncées comme supérieures à tout ce qui existe. Ou presque. Dans le tableau donné par Meta, on peut voir que les notes obtenues par son Behemot sont largement supérieures globalement que les modèles concurrents. Mais si Meta a fait combattre son modèle face à Claude Sonnet 3.7 et GPT-4.5 – qui sont effectivement les dernières versions des modèles – l’entreprise a choisi de se limiter à Gemini 2.0 Pro, alors que la 2.5 est disponible.

How to train a behemot

L’entrainement d’un tel modèle aurait « constitué un défi de taille ». Pendant celui de Maverick, Meta dit s’être aperçue de plusieurs problèmes, au point de changer toute sa chaine de traitements post-entrainement. Le réglage fin supervisé (SFT) et l’optimisation des préférences directes (DPO) ont ainsi été allégés. 50 % des données jugées « faciles » ont été supprimées, en se servant d’autres modèles Llama comme juges. L’étape intermédiaire d’apprentissage par renforcement (RL) est restée entière, bien qu’avec des prompts « plus difficiles ».

Concernant Behemot, Meta a appliqué une version extrême de cette recette, puisque 95 % des données « faciles » ont été élaguées pour la phase SFT. « Nous avons également constaté que l’exécution d’un SFT léger suivi d’un apprentissage par renforcement (RL) à grande échelle produisait des améliorations encore plus significatives dans les capacités de raisonnement et de codage du modèle », affirme Meta.

Même l’étape d’apprentissage par renforcement a nécessité des travaux. L’entreprise dit avoir dû passer par une refonte de son infrastructure : nouvelle conception de la parallélisation MoE pour des itérations plus rapides et un nouveau cadre asynchrone pour l’apprentissage par renforcement. Pour ce dernier, Meta dit avoir développé un système d’allocation flexible des modèles à des GPU distincts. Cette amélioration aurait « multiplié par 10 l’efficacité de l’entrainement », comparé à l’ancienne méthode qui consistait à « empiler tous les modèles en mémoire ».

Meta précise enfin que tous les entrainements de Llama 4 ont été réalisés en précision FP8. Dans le cas de Behemot, l’entreprise s’est servie de 32 000 GPU, avec un niveau de performances de 390 TFLOPS par GPU. La réserve de données, même après le fameux élagage, représentait 30 000 milliards de jetons, plus du double de ce qui avait été utilisé pour Llama 3.

Des réponses « utiles »

Les trois nouveaux modèles annoncés sont « classiques » : ils n’opèrent aucun raisonnement. Les comparaisons sont donc d’autant plus intéressantes, surtout dans le cas de Behemot sur des domaines comme les mathématiques et le développement logiciel. Reste à savoir bien sûr le type de coût qu’un modèle aussi volumineux peut engendrer. Surtout quand la concurrence, notamment DeepSeek-V3-0324, commence à mettre un accent plus prononcé sur l’efficacité.

Meta, en tout cas, indique avoir tout mis en œuvre pour que ses modèles fournissent des réponses utiles et « factuelles ». Toutes les variantes de Llama 4 auraient été réglées pour refuser moins souvent de répondre à des questions plus « litigieuses ». Une précision intéressante, et qui rejoint Anthropic dans sa communication : c’était l’un des changements mis en avant au lancement de Claude Sonnet 3.7 fin février. Deux semaines plus tôt, OpenAI annonçait des changements en ce sens dans la manière d’entrainer ses modèles. On pourrait y voir une influence de xAI et de son Grok, qui se veut effronté dans ses réponses.

« Vous pouvez compter sur [Llama 4] pour fournir des réponses utiles et factuelles sans porter de jugement. Nous continuons à rendre Llama plus réactif afin qu’il réponde à plus de questions, qu’il puisse répondre à une variété de points de vue différents […] et qu’il ne favorise pas certains points de vue par rapport à d’autres », a ainsi déclaré Meta à TechCrunch.

Quid de la disponibilité ?

Techniquement, les nouveaux modèles Llama 4 Scout et Maverick sont disponibles depuis le site dédié et Hugging Face. Plus précisément, ce sont les modèles Llama-4-Scout-17B-16E, Llama-4-Scout-17B-16E-Instruct, et Llama 4-Maverick-17B-128E-Instruct-FP8. Ces modèles alimentent même déjà Meta AI pour WhatsApp, Messenger et Instagram pour tout ce qui touche aux conversations (du moins, sur les conversations non chiffrées de bout en bout). Les nouveaux modèles sont également disponibles dans Azure AI Foundry de Microsoft.

Mais en Europe, la situation est plus complexe. La licence associée aux modèles Llama 4 n’exclut pas les utilisateurs finaux. Ces derniers devraient donc avoir les mêmes capacités sur Meta AI que dans les autres pays où l’assistant est présent. En revanche, les personnes physiques et morales (donc les entreprises) européennes n’ont pas le droit d’accéder aux modèles.

« En ce qui concerne les modèles multimodaux inclus dans Llama 4, les droits accordés en vertu de la section 1(a) de l’accord de licence communautaire Llama 4 ne vous sont pas accordés si vous êtes une personne physique domiciliée dans l’Union européenne ou une société dont le siège social se trouve dans l’Union européenne. Cette restriction ne s’applique pas aux utilisateurs finaux d’un produit ou d’un service qui intègre de tels modèles multimodaux », indique Meta.

On retrouve une fois de plus les tensions entre Meta et l’Europe, l’entreprise ayant largement critiqué cette dernière pour ses « incertitudes réglementaires ». Elle a fustigé plus d’une fois le DMA (notamment à cause de ses abonnements supprimant la publicité), mais s’en est également prise à l’AI Act, main dans la main avec Spotify. Mais en attendant que la situation se détende, malgré un contexte géopolitique toujours plus complexe, ni les entreprises ni les chercheurs européens ne peuvent officiellement mettre la main dessus.

Ajoutons enfin que, dans le reste du monde, les applications et services tirant parti de Llama 4 devront afficher une mention « Built with Llama ».

Batterie externe : attention à « l’arnaque » des mAh

Non, je ne ferai pas un T@LC de ton dessin @Flock !
Batterie externe : attention à « l’arnaque » des mAh

Votre smartphone a une batterie de 4 000 mAh et vous pensez qu’avec une batterie externe de 20 000 mAh, vous allez pouvoir le charger cinq fois ? Oubliez tout de suite, ce ne sera jamais le cas. Le problème ne vient pas que des pertes, mais de l’imprécision des mAh dans ce genre de situation (et ce n’est pas toujours mieux avec les Wh), on vous explique.

Dans un précédent article, nous avons posé les bases du fonctionnement du courant électrique, en expliquant notamment ce qu’étaient les mAh et les Wh. Aujourd’hui, nous allons nous attarder un peu plus sur les mAh (milliampère heure), une unité de charge électrique.

Petit rappel sémantique : l’Ah (ampère heure) n’est pas dans le Système international, mais cette unité est tout de même largement utilisée, d’autant qu’elle est en lien direct avec une autre unité du SI cette fois : le Coulomb, en hommage au physicien Charles-Augustin Coulomb. Larousse précise que 1 C est « équivalant à la quantité d’électricité transportée en une seconde par un courant d’un ampère ». Avec 3 600 secondes dans une heure, 3600 coulombs valent donc 1 Ah. Simple et il n’y a pas de piège.

Quand les Ah se marient avec les V, cela donne des Wh

Revenons aux Ah, qui permet donc de mesurer une quantité de charges électriques, ni plus ni moins. Il ne faut pas confondre les Ah avec le Wh (watt-heure) qui est une unité d’énergie, on parle de quantité d’énergie stockée. Il existe néanmoins une relation très simple entre Ah et Wh : Ah x V = Wh.

En clair, pour passer d’une quantité de charges électriques (Ah) à une quantité d’énergie (Wh), on multiplie le premier élément par la tension (V pour Volt). Corollaire, connaitre les Ah d’une batterie ne permet pas de déduire sa « capacité » en Wh si on ne connait pas sa tension.

Une batterie de 10 000 mAh sous 3,7 volts donnera 37 Wh. Une batterie de 10 000 mAh sous 5 volts donnera 50 Wh. Avez-vous remarqué que nous avons répété deux fois la phrase, sans mettre un « ou » pour passer de 3,7 à 5 volts ? Il y a une raison : on ne crée pas de la « capacité » simplement en augmentant la tension (cela se saurait, croyez-moi…).

On simplifie par l’exemple, avec une batterie de 20 000 mAh

Prenons un exemple concret d’une batterie externe de 20 000 mAh que nous utilisons lors de déplacements. Cela veut-il forcément dire que l’on a 100 Wh avec une tension de 5 volts (20 000 mAh x 5 volts) ? Bien évidemment… que non. Il faut regarder le détail (s’il est donné).

Dans notre cas, c’est 20 000 mAh sous 3,6 volts, soit 72 Wh. Le fabricant donne une autre valeur : 5 000 mAh sous 14,4 volts, soit toujours 72 Wh, jusqu’ici tout va bien. Les 14,4 volts ne sont pas choisi au hasard : c’est exactement 4x 3,6 volts, ce qui permet de garder un rendement maximal et donc d’arriver de nouveau à 72 Wh.

20 000 mAh pour 52 à 72 Wh selon les cas

Sur la boite de la batterie, d’autres valeurs sont données : 12 817 mAh sous 5 volts et 2 606 mAh sous 20 volts, soit respectivement 64 et 52 Wh. La perte est donc quasiment de 30 % dans ce dernier cas. Voici un résumé des chiffres annoncés par le fabricant :

  • 20 000 mAh avec 3,6 volts soit 72 Wh
  • 12 681 mAh avec 5 volts, soit 64 Wh
  • 5 000 mAh avec 14,4 volts, soit 72 Wh
  • 2 606 mAh avec 20 volts, soit 52 Wh

Problème, ces informations ne sont pas du tout présentes sur la fiche du revendeur chez qui nous l’avons achetée. Il est simplement précisé 20 000 mAh et 74 Wh… Oui 74 Wh, alors que le produit que nous avons reçu n’en affiche que 72 Wh. La raison : sur la fiche du revendeur, la tension prise en compte pour calculer les Wh est de 3,7 volts.

Il faudrait plus de transparence de la part des fabricants

Si vous souhaitez savoir combien de fois vous pouvez charger un smartphone et/ou un ordinateur, il faut donc regarder la tension de charge pour connaitre les Wh et comparer à ceux de vos terminaux mobiles. Si vous utilisez la batterie pour charger un ancien smartphone qui ne prend que du 5 volts, alors vous avez 64 Wh. Pour un ordinateur en 20 volts, on descend à 52 Wh. Si par contre votre machine est en 14,4 volts, alors vous avez droit au maximum : 72 Wh.

Communiquer uniquement sur les mAh est trompeur… comme le serait finalement la seule communication des Wh. Dans les deux cas, il faudrait toujours préciser la tension associée. Il faudrait que les fiches produits soient bien plus détaillées, avec au minimum les Wh en fonction de plusieurs tensions différentes, surtout pour des batteries Power Delivery, avec une plage de fonctionnement généralement comprise entre 5 et 20 volts (jusqu’à 48 volts dans la version 3.1).

Bref, on a commandé une batterie de 20 000 mAh et 74 Wh, pour se retrouver avec une 20 000 mAh et 72 Wh, mais « seulement » 52 Wh pour recharger notre ordinateur portable en 20 volts. Si ce dernier point est assez logique, nous n’avions pas moyen de connaitre cette valeur avant de passer commande, dommage.

Et encore, on parle ici de capacité théorique, dans la pratique, il y a toujours des pertes supplémentaires à prendre en compte. C’est parfaitement logique, mais à considérer lorsqu’il s’agit de choisir une batterie externe, surtout si vous avez besoin d’une quantité minimum de mAh/Wh.

100 Wh max en avion, ça fait combien de mAh ? Ça dépend…

Dans les avions, la limite pour embarquer une batterie est fixée en Wh, pour toutes les raisons que nous venons de détailler. Air France rappelle que les « batteries de rechange et batteries externes de moins de 100 Wh » peuvent être embarqué en cabine (mais pas en soute), sans accord préalable, alors que ce dernier sera nécessaire pour une batterie entre 100 et 160 Wh.

On parle aussi parfois de batterie de 27 000 mAh maximum pour une simple raison : les batteries lithium ont une tension de 3,6 ou 3,7 suivant les technologies, soit un maximum de… 99,9 Wh en 3,7 volts, juste en dessous des 100 Wh.

Mais là encore, ce n’est pas une règle et seuls les Wh comptent. Par exemple, Anker propose une batterie de 27 650 mAh et affirme qu’elle « répond aux exigences de la TSA (< 100 Wh) pour être emportée dans les avions comme bagage à main ». Le fabricant annonce, en effet, une capacité de 99,54 Wh, signifiant que la tension de base de la batterie est de 3,6 volts.

☕️ #LIDD : « Le Big Bang à portée de téléscope »

« Campagnes d’observation « grand format », méthodes d’analyse des données novatrices, développements théoriques tous azimuts » : le Journal du Centre national pour la recherche scientifique revient sur la nouvelle « ère de précision » de l’astrophysique et de la cosmologie. Elles permettraient de « percer tous les mystères du cosmos. Y compris celui de ses origines », c’est-à-dire le Big Bang.

Il y a tout d’abord le nouveau catalogue Cosmicflow (.pdf), avec la position et la vitesse de 56 000 galaxies, qui a permis de « cartographier les bassins d’attraction gravitationnelle de notre univers proche ». Les analyses semblent confirmer le modèle cosmologique standard : « il y a 13,8 milliards d’années, notre Univers a émergé d’un état extrêmement chaud et dense qui, sous l’effet de l’expansion, s’est ensuite refroidi et structuré, laissant petit à petit apparaître le gigantesque réseau de galaxies que l’on peut observer aujourd’hui ».

Euclid espace
Voie lactée et galaxies voisines par le satellite Gaia

Les scientifiques cherchent aussi à cartographier l’univers local en étudiant la vitesse d’un échantillon de Galaxie. Problème, il y a de très nombreux paramètres et hypothèses à confirmer. Les chercheurs utilisent donc une méthode d’inférence probabiliste : « Fondée sur l’intelligence artificielle, elle consiste à engendrer numériquement d’innombrables configurations et à assortir chacune d’elles d’une probabilité de compatibilité avec les observations ».

Le CNRS s’attaque ensuite aux paramètres du modèle standard, à l’inflation de l’Univers, aux soubresauts quantiques, à la toile cosmique et à la recherche du fond diffus gravitationnel. Un long format à lire pour les amateurs d’astronomie et d’origines de l’Univers.

☕️ Donald Trump accorde de nouveau 75 jours pour la vente TikTok

Fin janvier, dans les premières heures suivant son investiture, Donald Trump signait un décret pour accorder 75 jours afin de mettre en place la vente ou l’interdiction de TikTok. Le 47ᵉ président des États-Unis vient d’accorder de nouveau 75 jours à la plateforme.

Il affirme que son administration a « fait d’énormes progrès » dans ce dossier, mais qu’un accord « nécessite plus de travail pour s’assurer que toutes les approbations nécessaires sont signées ». « Nous espérons continuer à travailler de bonne foi avec la Chine, qui, je le comprends, n’est pas très satisfaite de nos tarifs réciproques », ajoute le président. La Chine a pour rappel répondu du tac au tac avec 34 % de taxe sur les importations des États-Unis.

« Nous ne voulons pas que TikTok disparaisse », réaffirme Donald Trump. Plusieurs personnalités et sociétés sont sur les rangs, résume le Parisien : « le « Project Liberty » de l’entrepreneur Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, le youtubeur MrBeast ». Citons également Perplexity AI, Amazon, Blackstone, Microsoft, Walmart…

TikTok

☕️ Le gestionnaire de paquets APT 3.0 est disponible avec sa nouvelle interface

La version 3.0 du gestionnaire de paquets APT est désormais disponible. Annoncée par le projet Debian, elle propose une nouvelle interface se voulant nettement plus lisible que celle disponible jusqu’à présent.

APT 3.0 se distingue en particulier par son affichage en colonnes et son utilisation des couleurs. En rouge, par exemple, toutes les suppressions, et en vert les ajouts. La barre de progression est elle aussi révisée, avec un fonctionnement plus souple et l’utilisation d’Unicode.

APT 2.8 à gauche, APT 3.0 à droite

La nouvelle mouture ne revoit pas que sa lisibilité. On y trouve de nouvelles fonctions, comme un solveur permettant de revenir à des versions stables des paquets (via –solver), un autoremove plus efficace, le support de –target-release, une option –comment pour l’historique, la prise en charge des miroirs non compressés pour les miroirs partiels, le calcul correct de la taille du noyau dans /boot, le remplacement de GnuTLS et gcrypt par OpenSSL, ou encore le support des transactions et du comptage des mises à jour pour pkgDepCache.

On se souvient qu’APT 3.0 était présent dans Ubuntu 24.10, mais il s’agissait d’une préversion. Cette version finale devrait être graduellement disponible sur toutes les distributions basées sur Debian et Ubuntu. APT 3.0 sera présent dans Debian 13 et Ubuntu 25.04.

☕️ Tails 6.14.1 apporte un peu de souplesse à Tor Browser sur la gestion des fichiers

Nouvelle mouture pour la distribution Linux centrée sur la sécurité et la vie privée. Une version 6.14.1 qui peut surprendre, car la 6.14 n’a pas été publiée. L’équipe de développement s’en explique dans un billet, indiquant qu’un problème important a été découvert à la dernière minute, nécessitant un correctif.

Tails 6.14.1 se distingue surtout par un changement notable dans le navigateur Tor Browser. La technologie de confinement utilisée pour la sécurité est désormais plus souple. Ainsi, plutôt que de limiter l’écriture des fichiers dans le seul dossier Téléchargements et la lecture à quelques répertoires, les accès peuvent se faire maintenant sur l’ensemble des dossiers.

L’équipe indique que cette amélioration est permise par XDG Desktop Portal, qui fournit un accès à des fonctions standards d’un système comme les fenêtres de dialogue pour les fichiers, le presse-papiers ou encore l’ouverture des liens. Dans le cas présent, ce framework est utilisé pour Flatpak au sein de Tails, autorisant un « relâchement » du confinement opéré par AppArmor.

La nouvelle version corrige également deux problèmes d’accessibilité dans Tor Browser, qui empêchaient d’utiliser les fonctions de texte et de curseurs agrandis.

[Màj] : les sites de la NOAA temporairement sauvés, le contrat AWS prendra fin en juillet

[Màj] : les sites de la NOAA temporairement sauvés, le contrat AWS prendra fin en juillet

L’agence américaine NOAA, qui a en charge notamment des données sur le climat et la météorologie, s’apprête à supprimer une quantité importante de sites internet via une simple annulation d’un contrat avec des hébergeurs cloud.

Mise à jour du 7 avril : alors que la menace d’une disparition de plusieurs sites de la NOAA planait le week-end dernier, ceux-ci sont encore disponibles. L’agence a finalement affirmé à Bloomberg qu’ « il n’y aura pas d’interruption de service » et que « tous les sites de recherche de la NOAA resteront en ligne ». Selon Axios, l’arrêt du contrat avec AWS a été repoussé au 31 juillet 2025, ce qui doit permettre à l’agence de trouver une solution de repli.

Article originel publié le 4 avril à 17h28 :

De nombreux sites de la NOAA, l’agence d’observation océanique et atmosphérique qui s’occupe aussi des données météorologiques aux États-Unis, vont sans doute devenir inaccessibles dès ce week-end. En cause ? Un contrat de prestations d’hébergement dans divers cloud a été annulé par sa direction, selon Bloomberg.

Cette agence est, comme de nombreuses agences fédérales américaines et notamment les agences scientifiques, visée par le DOGE et l’administration de Donald Trump depuis son retour au pouvoir. Elle s’est déjà séparée de certains de ses locaux et par deux fois d’une partie de son personnel.

Elle semble aussi particulièrement visée pour son rôle extrêmement important dans l’information sur le climat et la météorologie. Bloomberg explique qu’un contrat signé pour l’ensemble du bureau de la recherche océanique et atmosphérique de l’agence a été visé pour une « résiliation anticipée », selon des documents internes que le média a pu consulter.

Les services d’Amazon, de Google et de WordPress sur le point d’être coupés

« En conséquence, la quasi-totalité des sites web externes dépendant des services d’Amazon, de Google et de WordPress sont sur le point de disparaître tôt samedi matin à Washington, effaçant ainsi de la vue du public l’essentiel du travail de l’unité, qui comprend la recherche en sciences du climat et de l’environnement », explique notre consœur Lauren Rosenthal. La NOAA n’a pas répondu à sa demande de commentaire.

Cette information fait mouche avec une alerte lancée sur le forum du projet Safeguarding Research & Culture. Celui-ci émane de la volonté de certains chercheurs, notamment l’historien allemand Henrik Schönemann de l’université de Humboldt à Berlin, de créer « une infrastructure alternative pour l’archivage et la diffusion du patrimoine culturel et des connaissances scientifiques ». L’alerte concerne une cinquantaine de sites de la NOAA et on y retrouve rien de moins que le site de l’agence dédié à la recherche : https://research.noaa.gov/.

« Ce qui est prévu d’être supprimé, ce sont les services basés sur AWS pour la NOAA », expliquent les chercheurs, évoquant une mise hors-ligne dès ce vendredi soir. Mais des questions se posent aussi sur les données ouvertes hébergées elles aussi sur AWS.

Selon une note interne obtenue par Bloomberg, la résiliation du contrat pourrait aussi affecter d’autres activités de recherche de l’agence : le laboratoire qui surveille les tempêtes « violentes » pour le pays (le National Severe Storms Laboratory) et celui chargé de l’innovation en climatologie (le Earth Prediction Innovation Center) utilisent des services de cloud computing externes pour un système de prévisions météorologiques à grande échelle.

Le réseau national de l’agence menacé aussi

Les chercheurs de l’agence ont d’autres raisons d’être préoccupés : deux autres contrats arrivent à leur fin concernant le support de N-Wave, son réseau national qui « s’étend sur toute la zone contiguë des États-Unis jusqu’à l’Alaska et Hawaï, atteignant les sites de terrain éloignés, les grands campus, les centres de données et les installations de supercalculateurs ». Ils sont déjà sous le coup d’une extension très brève de cinq jours qui doit se terminer samedi pour l’un et lundi pour l’autre, selon Bloomberg.

☕️ Amazon teste un agent IA pour acheter des produits sur d’autres sites

Amazon a présenté hier soir une fonction nommée « Buy for me », destinée à simplifier encore un peu plus les achats. Contrairement à d’autres agents IA que l’on a pu voir jusqu’à présent, notamment chez Opera, il n’est pas question cette fois d’écrire une demande et de laisser l’intégralité du processus de découverte et d’achat à un agent.

Cette fonction, disponible en bêta pour un petit groupe de personnes aux États-Unis, a un périmètre nettement plus restreint. Comme l’indique Amazon dans son billet, « Buy for me » veut simplifier les achats pour des produits présentés par la boutique Amazon, mais disponibles depuis d’autres, notamment les sites officiels des entreprises concernées.

La fonction, présente dans les applications Android et iOS, s’affiche sous forme d’un bouton dédié, accompagnant certains résultats. S’il est actionné par l’internaute, il lance une procédure d’achat sur le site officiel du fabricant, de manière automatisée.

Mais si cette fonction est plus restreinte dans ses cas d’usage, elle demande une grande confiance en Amazon. Car contrairement à ce que l’on a déjà pu voir, c’est toute la procédure d’achat qui se retrouve gérée par l’agent, y compris le paiement. Ce qui suppose que l’IA accède aux informations de la carte bancaire. L’achat est considéré comme externe. « La livraison, les retours et les échanges, ainsi que le service client sont gérés par la boutique de la marque », précise Amazon.

Le géant du commerce en ligne précise dans son billet que ces opérations sont chiffrées et qu’il n’accède pas aux données des autres sites. Il affirme qu’il ne tient aucun historique de ces actions et qu’il s’agit simplement d’apporter une commodité. En outre, la présence de cette fonction sur des produits se fait à la demande des fabricants et Amazon assure que les clients peuvent observer toutes les étapes d’un processus décrit comme « transparent ». Le tout repose sur Amazon Bedrock et utilise le modèle Nova maison, ainsi que les modèles Claude d’Anthropic (dont la version 3.7 est sortie fin février), sans plus de précision.

« Gagner la confiance est la pierre angulaire du succès des agents d’IA », déclare Amazon dans son billet. À voir désormais si la clientèle se laissera séduire par un processus automatisé impliquant des informations bancaires. Ajoutons que ce n’est pas la première fois qu’Amazon tente ce type d’approche automatisée. En 2018, nous avions ainsi testé la commande de pizza via Alexa, avec des résultats particulièrement décevants.

Électricité : « oubliez les datacenters, la climatisation est la véritable bête noire »

L’éléphant dans la pièce
Électricité : « oubliez les datacenters, la climatisation est la véritable bête noire »

Il n’y a pas que les datacenters qui façonnent le monde à cause de leur consommation électrique. La climatisation aussi est fortement consommatrice d’électricité… et cela ne va pas aller en s’arrangeant.

L’arrivée de l’IA générative a bousculé le numérique et soulève de nombreuses questions (droit d’auteur, éthique, biais, hallucinations…). Se pose aussi la question de l’empreinte écologique de datacenters toujours plus gros, partout dans le monde, avec des GPU toujours plus puissants.

La douce/triste « folie » de l’IA générative

Le tout avec une consommation électrique toujours plus importante, sur des zones bien précises. L’augmentation de la densité électrique par baie et l’expansion des datacenters posent d’ailleurs des contraintes sur le choix de l’emplacement physique alloué à ces derniers.

Avec les images et les vidéos de l’IA générative, on passe encore dans une autre dimension. Les chiffres de l’utilisation des IA peuvent donner le tournis, preuve en est encore récemment avec un tweet de Brad Lightcap (COO d’OpenAI) : « Première semaine de folie pour les images dans ChatGPT : plus de 130 millions d’utilisateurs ont généré plus de 700 millions (!) d’images ». Il se garde d’ailleurs bien de détailler l’empreinte environnementale d’une telle utilisation.

Bientôt 1 000 TWh pour les datacenters ?

Dans un rapport publié fin 2024, l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA, sous l’égide de l’ONU) expliquait que « les datacenters avaient consommé environ 460 TWh d’électricité en 2022. Cette consommation pourrait s’élever à plus de 1 000 TWh d’ici 2026, soit plus d’un tiers de l’électricité produite par les centrales nucléaires du monde entier l’année dernière, et à peu près l’équivalent de la consommation d’électricité du Japon ». À titre de comparaison, en 2023, la consommation d’électricité en France était de 445,4 TWh.

L’Agence donne quelques chiffres d’anticipation. En Chine, la demande devrait doubler pour atteindre 400 TWh en 2030. En Irlande, la consommation des datacenters (5,3 TWh) représentait 17 % du total du pays et devrait atteindre 32 % d’ici fin 2026. Elle ajoute au passage que la consommation cumulée d’Amazon, Microsoft, Google et Meta « a plus que doublé entre 2017 et 2021 pour s’établir à environ 72 térawattheures (TWh) ».

Par exemple, pour Meta, la consommation des datacenters était de 14,975 TWh en 2023, contre 6,966 TWh en 2020. Elle a donc quasiment doublé en trois ans.

« On devrait parler davantage de climatisation »…

Dans un article publié sur MIT Review, Casey Crownhart (journaliste spécialisée sur le climat et l’énergie) explique que l’on « devrait parler davantage de climatisation ». Elle met cette problématique (bien moins médiatisée) en balance avec la consommation des datacenters largement plus présente dans les débats. Avec ce sous-titre volontairement provocateur : « oubliez les datacenters, la climatisation est la véritable bête noire »

Elle commence par rappeler le cercle vicieux de la climatisation et du réchauffement climatique : « À mesure que les températures augmentent, le besoin en refroidissement augmente. De plus en plus de centrales électriques à combustibles fossiles sont alors mises en service pour répondre à cette demande, augmentant ainsi la température de la planète ».

…qui représente 2 000 TWh, et plus 5 000 TWh en 2050 ?

Selon une étude publiée mi-2024 par l’organisation à but non lucratif Our World in Data (qui travaille en partenariat avec l’université d’Oxford), sur l’année 2022 « la climatisation représentait 7 % de l’électricité mondiale et 3 % des émissions de carbone ». Sur la base d’une consommation mondiale de 29 000 TWh en 2022, la climatisation représenterait un peu plus de 2 000 TWh. À mettre en face des 460 TWh des datacenters.

Selon une projection de l’Agence internationale de l’énergie (IEA, une organisation internationale fondée à l’OCDE), le nombre de climatiseurs devrait fortement augmenter dans les années à venir. De 2 milliards d’unités à la fin des années 2010, elle prévoit près de 3 milliards en 2030 et plus de 5 milliards en 2050. À ce moment-là, la consommation électrique pourrait grimper entre 3 500 et 5 000 TWh.

La Chine dope la croissance, l’Europe n’est pas en reste

Comme le rappelle Le Monde, les évolutions sont variables selon les continents : « Le nombre de ménages africains équipés en climatisation n’a enregistré qu’une très faible hausse au cours des vingt dernières années, passant de 4 % à 6 % aujourd’hui. Dopée par la Chine, l’Asie a en revanche vu son taux d’équipement exploser de 19 % à 47 % sur la même période ». En Europe, la proportion de ménages équipés d’une climatisation pourrait doubler et atteindre 40 % (55 % en France) d’ici 2050.

Les climatiseurs, contrairement aux datacenters, ont tendance à s’allumer à peu près en même temps dans une zone. « Dans certaines régions des États-Unis, par exemple, les climatiseurs peuvent représenter plus de 70 % de la demande d’énergie résidentielle aux moments où le réseau est le plus sollicité », affirme Casey Crownhart. Les climatiseurs sont répartis un peu partout alors que les datacenters concentrent la consommation en certains points précis (nécessitant des lignes dédiées). Signalons aussi que certains datacenters ont recours à la climatisation.

Notre consœur termine quand même par une bonne nouvelle : « nous assistons à des innovations dans la technologie de refroidissement ». Elle explique que certains proposent par exemple un stockage de l’énergie pour se recharger lorsque l’énergie est disponible à bas coût, et de nouvelles technologies de refroidissement. Cela ne suffira certainement pas à combler la hausse prévue de la consommation de la climatisation.

C’est quoi cette histoire d’EU OS ?

Encore une bonne intention ?
C’est quoi cette histoire d’EU OS ?

Ces derniers temps, on parle beaucoup d’une initiative baptisée « EU OS ». Il s’agirait d’une distribution Linux développée par l’Union européenne pour ses propres besoins. EU OS n’est cependant pas un système existant, ni même un projet de l’Union.

EU OS est un nom générique, choisi à dessein par Robert Riemann, auteur de l’initiative. Ce physicien et informaticien travaille actuellement dans l’équipe du Contrôleur européen de la protection des données (CEPD), un organe indépendant établi par le Règlement général sur la protection des données (RGPD) pour veiller à son application cohérente au sein de l’Union. Riemann est en quelque sorte aux premières loges sur les questions de souveraineté numérique.

Son initiative est centrée sur ce thème. Elle est personnelle – dans le sens où elle n’émane pas officiellement d’une instance européenne – mais est conçue pour attirer l’attention. Elle est en outre suffisamment étoffée dans sa vision pour interroger les éventuelles bonnes volontés. Même si certains choix peuvent sembler curieux, voire bloquants.

De quoi parle-t-on ?

EU OS est présenté comme un projet. L’auteur est cependant transparent sur les objectifs : c’est un proof-of-concept (démonstration de faisabilité) visant à explorer l’idée d’un système d’exploitation souverain pour les instances publiques de l’Union européenne. Comme Robert Riemann l’indique, EU OS « n’est techniquement pas un nouveau système d’exploitation »

Les motivations à lancer un tel projet ne manquent pas, selon lui. L’expression « argent public – code public » est au cœur de sa démarche. L’investissement public doit ainsi profiter au plus grand nombre, l’argent des contribuables ne devant pas servir à payer des licences de produits propriétaires. Il estime que les « effets de synergie » permettront des économies puisqu’il ne sera plus question de payer des coûts de licence par siège.

Il est également beaucoup question d’indépendance. D’abord, à l’égard des entreprises du privé, qui ne pourraient plus dicter leurs conditions. Ensuite sur la manière dont les migrations sont envisagées, sur le logiciel comme sur le matériel. Bien que le cas ne soit pas nommé, il est probable que la fin de vie de Windows 10 serve ici d’exemple emblématique du problème pointé. Un organisme public pourra ainsi choisir quand et comment migrer.

Bien sûr, l’ouverture du code est centrale, permettant à chacun de se lancer dans sa propre analyse. Même chose pour l’utilisation de normes ouvertes. L’initiative bénéficierait aussi de la communauté mondiale du logiciel libre.

La faisabilité d’accord, mais sur quelle base ?

Le site du projet rappelle que ce type d’initiative n’a rien de nouveau, même si l’aventure n’a encore jamais été tentée au niveau européen. La distribution française Gendbuntu, basée sur Ubuntu et utilisée par la gendarmerie française, est citée en exemple. D’autres sont citées, comme LiMux à Munich, mais dont l’aventure s’est terminée en 2017, quand la municipalité a décidé de revenir à Windows.+ 1 Linux est également dans la liste, distribution développée par le land allemand Schleswig-Holstein, de même qu’Astra Linux pour la Russie et Kylin pour la Chine. Pour l’auteur de l’initiative, c’est la preuve évidente qu’un déploiement de Linux à grande échelle n’a rien d’impossible.

Et pour l’Europe, que propose Robert Riemann ? Une base Fedora accompagnée de l’environnement KDE. Le choix a de quoi surprendre : quitte à viser la souveraineté et donc l’indépendance, pourquoi promouvoir une distribution qui, si elle est effectivement libre, est le laboratoire à ciel ouvert de Red Hat, une société américaine ?

Robert Riemann s’en explique dans une FAQ. De 2007 à 2024, il a lui-même utilisé openSUSE, distribution soutenue par SUSE, une société allemande. Il indique également s’être servi de Debian au département universitaire, et de Scientific Linux dans un département de recherche. Pour son utilisation personnelle, il s’est penché en 2024 sur openSUSE Kalpa, mais a finalement choisi une variante spécifique de Fedora : Kinoite.

Kinoite, dont nous avons déjà parlé, est un système Linux immuable. Il estime que cet aspect du système est essentiel dans le cadre d’une distribution publique, car elle permet une sécurité accrue et offre une plus grande fiabilité dans la gestion des mises à jour. Les images déployées peuvent être signées, avec possibilité de contrôler finement ce qui est installé et quand.

Le choix de Fedora tient compte d’un ensemble de paramètres, dont l’utilisation de rpm-ostree, un système hybride images/paquets. On le retrouve dans des distributions immuables basées sur Fedora comme les spins Atomic, CentOS Stream, Alma Linux et Rocky Linux. Robert Riemann dit également avoir reçu des conseils de la communauté, du CERN, de la Commission européenne, du centre allemand pour la souveraineté numérique ou encore d’openSUSE (qui en a d’ailleurs fait un billet de blog le 26 mars).

Des spécifications précises

Ce billet est intéressant, car l’équipe y estime le projet EU OS comme « mature » par son approche et la liste des caractéristiques. Le choix de Fedora Kinoite est à la fois considéré comme argumenté et présentant des risques. Pour openSUSE, il serait plus judicieux de prendre tout de suite en compte des alternatives comme Aeon (GNOME) ou sa propre distribution Kalpa, qui poursuit les mêmes objectifs que Kinoite. Le critère commun ? L’immuabilité.

Sur le site d’EU OS, d’autres spécifications sont d’ailleurs données. Il faut pouvoir par exemple proposer des dossiers synchronisés, qu’ils soient partagés ou spécifiques à l’utilisateur. Une attention particulière doit être portée à la gestion des e-mails et calendriers. Ce peut être à travers le tandem KOrganizer-Kmail (donc KDE), Thunderbird ou un webmail comme OpenExchange.

Parmi les autres spécifications, il y a également l’intégration avec des services d’impression, une gestion des mots de passe avec intégration dans le navigateur, un outil de compression multiformat (7zip est proposé), la possibilité de déployer des applications depuis un catalogue (comme Flathub), une gestion centralisée des appareils (notamment pour le traitement des correctifs), une intégration avec un service d’annuaire, un déploiement automatique des certificats personnalisés, un système automatisé pour les sauvegardes, la prise en charge du chiffrement intégral du disque, la compatibilité avec SELinux, et ainsi de suite.

La liste est longue, d’autant qu’elle contient aussi des exigences non fonctionnelles. Elles concernent surtout la philosophie du projet, avec des conséquences concrètes sur la sécurité. Par exemple, le caractère open source du projet ou l’utilisation de méthodes DevOps modernes, « pour des constructions reproductibles ». Le système doit répondre aux besoins de l’Union européenne et doit pouvoir fonctionner sur du matériel datant de Windows 7.

Et, bien sûr, EU OS doit prendre en compte dès le départ l’ensemble des cadres juridiques européens pertinents et normes associées : RGPD, NIS 2, Cyber Resilience Act, ISO 27001. SecNumCloud, la certification de l’ANSSI, est même mentionnée, « si applicable ».

Un vieux sujet

Il semble que l’ouverture du dépôt GitLab associé ait été faite aux alentours de Noël dernier. Pourquoi à ce moment-là ? Une question de contexte, sans doute, entre les dernières élections européennes et la pétition lancée en novembre dernier pour faire réagir les instances européennes.

Cette pétition, enregistrée sur le site du Parlement européen, enjoignait l’Europe à se doter de sa propre distribution souveraine. Les avantages d’une telle solution étaient considérés comme « évidents », comme l’indépendance, les économies réalisées, la transparence du processus, la sécurité associée, etc. Pour en finir avec la dépendance aux solutions propriétaires. Sujet relancé en France ces derniers temps, notamment avec le contrat signé par Polytechnique avec Microsoft.

Pour autant, comme nous le rappelait alors l’ingénieur Stéphane Bortzmeyer, la souveraineté par le système d’exploitation est un vieux sujet, sans que rien n’ait jamais vraiment bougé au niveau étatique. Et ce, malgré des réussites comme la migration de la gendarmerie française vers une version modifiée d’Ubuntu pour 70 000 postes.

L’initiative, cette fois, émane d’une personne clairement identifiée et ayant une expérience réelle avec le monde Linux. Le site donne de nombreux détails et pose une vision claire. Dans un contexte de guerre commerciale ouverte avec les États-Unis, déclenchée par le gouvernement américain via des droits de douane massifs, le projet est à suivre de près. Sinon, il aura eu le mérite de donner un aperçu plus précis de ce que devrait être une distribution européenne.

☕️ Datacenter : iliad finalise la vente de 50 % d’OpCore à InfraVia

L’acquisition de 50 % du capital d’OpCore par le fonds d’infrastructure français InfraVia est désormais finalisée. « À travers ce partenariat, le Groupe iliad et Infravia vont doter OpCore d’une structure financière à même de libérer ses perspectives d’hypercroissance par le développement de nouveaux datacenters de plusieurs centaines de mégawatts en France et en Europe. Plusieurs projets de construction sont déjà en cours », indiquent les deux entreprises, déjà partenaires de longue date dans les investissements autour de la fibre, dans un communiqué commun.

L’opération, initialement annoncée le 4 décembre dernier, valorise l’entreprise à hauteur de 860 millions d’euros. Elle confère à OpCore (anciennement Scaleway Datacenter) une structure financière et un accès à de nouveaux fonds propres qui doivent permettre à l’entreprise d’aller plus facilement lever de la dette bancaire pour financer la création de ses futurs centres de données. Elle permet dans le même temps à iliad de réduire son endettement, sans perdre le contrôle d’une activité considérée comme stratégique.

« Nous allons investir avec notre partenaire InfraVia 2,5 milliards d’euros dans notre plateforme de datacenters OpCore pour devenir la première plateforme indépendante européenne », promettait à cette occasion Thomas Reynaud, directeur général du groupe iliad.

En France, OpCore revendique à ce stade plus de 50 MW de capacités opérées à ce jour sur cinq datacenters en région parisienne, ainsi que deux en région lyonnaise et un en région marseillaise, commercialisés sous la marque Free Pro.

Les nord-coréens de Lazarus ciblent le monde de la crypto via de faux entretiens d’embauche

Pwnd
Les nord-coréens de Lazarus ciblent le monde de la crypto via de faux entretiens d’embauche

Le groupe de pirates Lazarus, lié à l’état nord-coréen, a mis en place un système de piratage visant le monde de la cryptomonnaie, notamment en organisant de faux entretiens d’embauche et en poussant à l’installation de logiciels malveillants via des techniques de social engineering.

En octobre dernier, nous nous étions faits l’écho de la propagation d’une arnaque au recrutement qui cible les développeurs amateurs de crypto. Les soupçons se tournaient vers Lazarus, groupe de pirates nord-coréen auquel est aussi attribué l’immense vol de cryptoactifs, d’une valeur approchant 1,5 milliard de dollars, révélé en février dernier.

L’éditeur de logiciel de cybersécurité français Sekoia confirme dans un rapport que le groupe de pirates est à l’origine d’une campagne d’arnaque au recrutement de ce type. « Il utilise des sites web d’entretiens d’embauche légitimes pour exploiter la tactique ClickFix et installer des portes dérobées pour Windows et macOS », explique l’entreprise française.

Le ClickFix est une tactique d’ingénierie sociale qui « consiste à afficher de faux messages d’erreur dans les navigateurs web pour tromper les utilisateurs et les inciter à copier et à exécuter un code PowerShell malveillant donné, ce qui finit par infecter leurs systèmes », expliquait Sekoia en octobre dernier. Détectée en mai 2024, cette tactique est déjà qualifiée de « tristement célèbre » par Sekoia.

Windows et MacOS, deux variantes

Selon l’entreprise de sécurité, la chaine d’infection utilisée par Lazarus ciblerait les systèmes d’exploitation Windows et MacOS de deux façons différentes. Sur le premier, le groupe de pirates passerait par un script VBS puis un script NodeJS et sur le second via un script Bash puis le malware FrostyFerret pour récupérer le mot de passe système. Mais à la fin, ils utiliseraient un virus, nommé GolangGhost par Sekoia, écrit en GO. Ce code a déjà été partiellement étudié par les spécialistes de cybersécurité Sonatype et dmpdump. Sekoia explique que GolangGhost est prévu pour fonctionner sur Windows et macOS et permet de mettre en place une porte dérobée puis de voler des données via Chrome.

Sous MacOS, FrostyFerret affiche une fausse fenêtre indiquant que le navigateur web Chrome a besoin d’accéder à la caméra ou au microphone. Ensuite, le malware demande à l’utilisateur de saisir le mot de passe du système. Celui-ci est ensuite récupéré et envoyé vers un espace Dropbox.

Essentiellement des acteurs de la CeFi utilisés comme appâts

En analysant cette attaque, Sekoia a récupéré 184 invitations différentes pour des entretiens d’embauche. Parmi ces invitations, elle a trouvé 14 noms d’entreprises utilisés pour inciter la victime à compléter le processus de demande. Parmi elles, Coinbase est celle dont le nom est le plus utilisé par Lazarus pour attirer l’attention de ses proies :

Sekoia fait remarquer que 9 des 14 entreprises « proposent des services financiers centralisés (CeFi), c’est-à-dire des services financiers construits autour des crypto-monnaies qui s’appuient sur des intermédiaires, tels que des échanges et des plateformes de prêt, pour faciliter les transactions ». L’entreprise de sécurité rappelle que « ces plateformes sont dites « centralisées » car elles obligent les utilisateurs à faire confiance à une entité centrale pour gérer les fonds, traiter les transactions et assurer la sécurité ». Archblock est la seule plateforme de services financiers décentralisés (DeFi) détectée par Sekoia comme cible de Lazarus.

Lazarus vise des profils moins tech

Mais si les développeurs amateurs de crypto sont ciblés, l’analyse de Sekoia montre qu’ils ne sont ni les seuls, ni la principale cible. En effet, l’entreprise explique qu’ « il s’agit principalement de postes de responsables axés sur le développement commercial, la gestion des actifs, le développement de produits ou de spécialistes de la finance décentralisée ». Et elle explique que c’est un changement important s’agissant des attaques de Lazarus qui, jusque-là, « visaient principalement les développeurs et les ingénieurs en informatique ».

Sekoia livre une liste des faux sites d’entretiens que l’entreprise a détectés :

IA : OpenAI et Anthropic ciblent les étudiants

Aie confiance, crois en moi, que je puisse veiller sur toi
IA : OpenAI et Anthropic ciblent les étudiants

OpenAI et Anthropic viennent tous deux de lancer une offensive en direction du monde universitaire outre-Atlantique. Le premier choisit de rendre son abonnement ChatGPT Plus gratuit pour tous les étudiants aux États-Unis et au Canada jusqu’au mois de mai. Le second mise sur la création d’une offre dédiée, Claude for Education.

Les étudiants d’aujourd’hui sont les professionnels de demain, et cette logique, qui explique en partie pourquoi des éditeurs comme Microsoft courtisent le monde de l’éducation, n’a pas échappé aux ténors de l’intelligence artificielle générative, comme l’illustrent deux annonces quasi simultanées.

ChatGPT Plus gratuit pour les étudiants… pendant deux mois

La première émane d’OpenAI, qui vient de lancer une offre d’essai promotionnelle dédiée à son abonnement payant, ChatGPT Plus. L’entreprise dirigée par Sam Altman offre aux étudiants deux mois d’accès gratuits (valables jusqu’au 31 mai 2025), sous réserve qu’ils soient inscrits dans un établissement supérieur, aux États-Unis ou au Canada. Le statut d’étudiant sera vérifié au travers du système SheerID, indique OpenAI.

Il appartiendra ensuite aux étudiants ayant souscrit l’abonnement de résilier avant le 31 mai ou, à défaut de s’acquitter du montant de l’abonnement, soit 20 dollars par mois. « Votre abonnement se renouvelle automatiquement au tarif mensuel standard de ChatGPT Plus, sauf résiliation. Si vous ne souhaitez plus continuer, veuillez résilier avant la première date de facturation suivant la période promotionnelle », avertit l’éditeur.

OpenAI cible ici directement l’utilisateur final, alors que l’entreprise mène en parallèle une politique de conquête commerciale tournée vers les établissements supérieurs avec une offre dédiée, ChatGPT Edu, qui propose notamment des possibilités plus poussées en matière d’administration, de sécurité et de création d’agents personnalisés.

Anthropic lance Claude for Education

Concurrent d’OpenAI avec ses modèles Claude, Anthropic lance justement sa propre offensive en la matière. L’entreprise a en effet annoncé mercredi le lancement de Claude for Education, une offre qui vise à fournir aux établissements supérieurs un accès personnalisé à ses outils d’IA générative. Anthropic promet notamment une « nouvelle expérience Claude qui guide le processus de raisonnement des élèves plutôt que de fournir des réponses, contribuant ainsi à développer des compétences de pensée critique ».

En attendant de voir ce que recouvre cette dernière, Anthropic ne cache pas son ambition de contribuer à améliorer le taux de pénétration de ses IA parmi le public des étudiants. Le lancement de Claude for Education s’accompagne ainsi d’accords commerciaux avec plusieurs grands campus (Northeastern University à Boston, London School of Economics and Political Science (LSE), Champlain College au Canada), dont les étudiants accèderont gratuitement aux outils d’Anthropic.

La société présente également un programme d’étudiants ambassadeurs, à qui elle promet un accès privilégié à ses équipes, mais aussi une formule de crédits gratuits pour les étudiants qui souhaiteraient élaborer leurs projets d’étude grâce à Claude. Anthropic annonce par ailleurs rejoindre à cette occasion le consortium Internet2 et collaborer avec la ed tech américaine Instructure pour interfacer Claude avec la plateforme d’apprentissage Canvas LMS.

Études : les bénéfices de l’IA toujours contestés

« L’IA change ce que signifie être paré à l’emploi et, en tant qu’établissement tourné vers l’avenir, Champlain offre aux étudiants la possibilité d’utiliser l’IA afin qu’ils puissent être opérationnels dès l’obtention de leur diplôme », se réjouit Alex Hernandez, président du Champlain College, cité par Anthopic.

Si la capacité à utiliser l’IA générative, comprendre leurs atouts et se prémunir de leurs limites constitue assurément un atout, plusieurs études alertent déjà sur les risques associés à l’omniprésence de ces outils dans les cursus étudiants. Des chercheurs de Microsoft, en partenariat avec l’université de Carnegie Mellon, ont par exemple récemment conclu que l’utilisation de l’IA générative contribuait à une diminution de l’esprit critique.

☕️ Le CNRS se demande ce qu’est la conscience et si l’IA peut y accéder

Dans son Journal, le CNRS se pose des questions existentielles autour de la conscience : « Quand commence-t-elle et où finit-elle ? Comment la mesurer ? Et l’IA en est-elle douée ? ». De quoi ouvrir de nombreux débats…

L’article s’articule autour de cinq questions avec des réponses de plusieurs chercheurs, notamment Catherine Tallon-Baudry, (directrice de recherche CNRS au Laboratoire de neurosciences cognitives computationnelles à Paris) et Jean-Rémy Hochmann (directeur de recherche CNRS à l’Institut des sciences cognitives Marc-Jeannerod).

La question des intelligences artificielles est évidemment abordée par le CNRS : « une intelligence artificielle (IA) pourrait-elle, à terme, être consciente ? Si l’on définit la conscience uniquement par la capacité à traiter l’information et à raisonner, certaines intelligences artificielles pourraient déjà être considérées comme conscientes. Mais si la conscience implique nécessairement une dimension organique, subjective et sensible, alors les machines en sont encore très loin ».

Boite de conserve avec du faux cerveau en cube pixelisé par Flock

D’après le Journal, les chercheurs suggèrent que, chez les humains, « les structures de base, cognitives et neuronales, qui permettent la conscience sont déjà en place très tôt, peut-être dès la naissance ». Mais la conscience est-elle seulement dans le cerveau ? Catherine Tallon-Baudry soutient l’idée que « la conscience résulte d’une interaction complexe entre le cerveau et le corps – un aspect souvent négligé par les théories classiques », explique le CNRS.

Quoi qu’il en soit, n’attendez pas une réponse tranchée (il faudrait déjà s’accorder sur le sens précis de la question et des mots utilisés). L’article termine par une autre question : « une intelligence artificielle pourrait-elle un jour devenir consciente ? ». Vous avez deux heures.

Les crawlers des IA deviennent un sérieux problème pour le web, même pour Wikimédia

DDoS généré pour IA
Les crawlers des IA deviennent un sérieux problème pour le web, même pour Wikimédia

Pour entrainer et tenir à jour leurs intelligences artificielles, les crawlers des entreprises d’IA parcourent le web en permanence et sont suspectés de ne pas respecter les fameux robots.txt censés permettre leur blocage. Leur activité va jusqu’à mettre en péril des sites web de projets de logiciels libres ou toucher fortement les activités de Wikimédia.

Les entreprises qui ont mis en place des IA génératives comme OpenAI, Meta, Anthropic, Mistral ou encore Amazon, Google et Microsoft ont besoin d’indexer des contenus sur le web en permanence pour entrainer leurs grands modèles de langage (LLM), récupérer les nouvelles informations afin que leurs outils soient capables de répondre aux demandes de leurs utilisateurs.

Un trafic difficile à gérer, même pour la fondation Wikimédia

Mais en venant en permanence sur les sites web, ils ajoutent du trafic important à leur bande passante, au point de saturer certains. La fondation Wikimédia a publié un billet pour expliquer à quel point ces robots ont un impact sur ses projets : « Notre infrastructure est conçue pour supporter des pics soudains de trafic d’origine humaine lors d’événements très intéressants, mais le volume de trafic généré par les robots scrapeurs est sans précédent et présente des risques et des coûts croissants ».

En effet, ces entreprises récupèrent ces contenus à l’aide de « crawlers », des robots d’indexation, ou plutôt ici de récupération de données. OpenAI a officiellement donné le nom de son robot, GPTBot, en aout 2023, suscitant immédiatement la réaction de RSF qui a rapidement invité « tous les médias à configurer leurs sites pour éviter qu’OpenAI ne récupère leur contenu gratuitement ». C’est ce qu’ont fait beaucoup de sites web.

Un blocage pas si efficace

Pour cela, il « suffit » de lister dans le fichier robots.txt de son site les robots dont on ne veut pas. Mais, comme l’ont démontré récemment des chercheuses, certains robots récupèrent des informations de sites qui, pourtant, les ont ajoutés dans leurs listes. De plus, l’outil d’IA générative de Microsoft, Copilot, utilise BingBot, le robot d’indexation du moteur de recherche de l’entreprise. Un site qui voudrait bloquer l’IA de Microsoft ne serait plus indexé dans le moteur de recherche Bing.

Et, comme on l’a vu récemment, certains sites peuvent être visités 2 millions de fois par un bot en un trimestre. Il est déjà difficile pour des infrastructures comme celles de la Fondation Wikimédia de faire face à cet afflux « artificiel » pour gérer sa bande passante, mais ça l’est encore plus pour des projets qui ont moins de moyens.

Certains expriment leur ras-le-bol

Plusieurs responsables de projets de logiciels libres se sont plaints du problème, expliquait récemment ArsTechnica. Le développeur Xe Iaso a, par exemple, exprimé son ras-le-bol en janvier face au crawler d’Amazon : « À la personne qui gère AmazonBot, veuillez ajouter git.xeserv.us à votre liste de domaines bloqués. Si vous connaissez quelqu’un chez Amazon, merci de lui transmettre ce message et de lui demander de le transmettre à l’équipe d’AmazonBot » alors qu’il avait radicalement bloqué tous les robots dans son fichier robots.txt.

TheLibre.News a aussi recensé plusieurs infrastructures de logiciels libres touchés par ce problème. Le GitLab des développeurs de KDE a, par exemple, été touché par des crawlers ayant des IP détenues par Alibaba, ce qui l’a rendu temporairement inaccessible. L’un des administrateurs systèmes du projet Pagure de Fedora a, lui aussi, constaté un afflux massif de robots de récupération de données venant du Brésil. Il explique avoir décidé de bloquer temporairement toutes les IP brésiliennes pour en venir à bout tout en sachant bien que ce n’était pas une solution de long terme.

Gergely Orosz, qui publie la newsletter The Pragmatic Engineer, explique sur LinkedIn que le site d’un de ses projets personnels qui déclinait a reçu récemment un trafic important « lorsque le crawler AI de Meta et d’autres bots comme Imagesiftbot ont commencé à crawler le site sans réfléchir : ça a poussé le trafic à plus de 700Go par mois » alors qu’il était aux alentours de 100Go par mois un peu avant.

« Le site est hébergé sur Render où 500Go/mois sont inclus, au-delà c’est 30 $ pour 100Go. Ce mois-ci, je paie donc 90 $ pour l’entrainement de ces LLM », commente-t-il. Et lui aussi pointe que « l’ironie est que les robots – y compris Meta ! – ignorent manifestement le fichier robots.txt du site qui leur dit de « s’il vous plait, restez à l’écart » ».

Drew DeVault, le fondateur de la plateforme d’outils open source Source Hut, a publié un billet de blog le 17 mars dernier demandant aux entreprises d’IA génératives d’ « arrêter d’externaliser [leur] coûts directement sur [lui] ». « Au lieu de travailler sur nos priorités à SourceHut, j’ai passé entre 20 et 100 % de mon temps à atténuer les crawlers LLM hyper-agressifs », s’y lamente-t-il. Il explique que Source Hut subit des « dizaines de brèves pannes par semaine » et qu’il doit chercher tous les jours de nouvelles solutions pour ne pas voir la situation empirer. Le même jour, son entreprise expliquait que des crawlers de LLM continuaient à provoquer un DDoS sur SourceHut.

Des solutions pour piéger les crawlers d’IA

Elle expliquait avoir décidé de déployer Anubis pour essayer de bloquer les bots des entreprises d’IA. « Ce logiciel présente à certains utilisateurs un défi de preuve de travail qui est résolu par le navigateur de l’utilisateur à l’aide de JavaScript », explique SourceHut. C’est en fait une solution qu’a développée Xe Iaso après avoir publié son ras-le-bol.

D’autres solutions commencent à être développées, notamment en essayant de piéger les IA dans un labyrinthe de liens. Nepenthes, par exemple. Sa documentation explique que le logiciel « fonctionne en générant des séquences infinies de pages, chacune contenant des dizaines de liens, qui retournent simplement dans un piège ». Nepenthes ajoute des petits détails comme un délai ou une fausse apparence de fichiers statiques pour tromper le crawler.

De son côté, Cloudflare a aussi pensé à une solution de labyrinthe, explique-t-elle dans un billet de blog. Celle-ci « utilise du contenu généré par l’IA pour ralentir, embrouiller et gaspiller les ressources des AI Crawlers et d’autres robots qui ne respectent pas les directives « no crawl » ». L’entreprise, connue pour vendre des solutions pour augmenter la sécurité et les performances des sites internet, propose pour le moment à tous ses utilisateurs la possibilité d’activer gratuitement cette fonctionnalité.

☕️ Le noyau Linux 6.15 permet à exFAT de supprimer les fichiers bien plus vite

exFAT est un système de fichier créé par Microsoft en 2006 pour les supports amovibles, particulièrement les cartes SD, avec un accent mis sur la gestion des métadonnées. Il s’agissait alors d’un système de fichiers propriétaire. Les spécifications ont finalement été ouvertes en 2019 et la propriété des brevets transférée à l’Open Invention Network. Ce n’est cependant pas une technologie ouverte.

Son support dans Linux a toujours été bancal, malgré des améliorations notables de temps en temps. La version 6.15 du noyau devrait cependant donner un gros coup de fouet, notamment lors de la suppression de fichiers, quand l’option de montage « discard » est active. Cette dernière signifie qu’une opération informe le périphérique de stockage que les blocs sous-jacents ne sont plus utilisés. Supprimer un fichier envoie ainsi un signal pour passer ces blocs du statut « occupé » à « libre ».

Disque dur

C’est un ingénieur de Sony, Yuezhang Mo, qui a apporté la modification. Il explique ainsi qu’en mode discard, les clusters sont éliminés un par un quand l’utilisateur déclenche une suppression de fichiers. Plus le nombre et le poids des fichiers augmente, plus l’opération prend de temps. Au point que ce dernier peut devenir excessif et entrainer un plantage des composants logiciels impliqués, jusqu’au blocage parfois de la machine. Sa modification a donc consisté à permettre le traitement par lots des clusters impliqués, comme le rapporte notamment Phoronix.

Pour donner un ordre d’idée, la suppression d’un fichier unique de 80 Go prenait la bagatelle de 286 secondes, un temps que l’on peut considérer comme « fou ». Avec le noyau Linux 6.15, la même opération prend… 1,6 seconde.

Les droits de douane Trump relancent l’hypothèse d’une taxe GAFAM européenne

Seul contre tous
Les droits de douane Trump relancent l’hypothèse d’une taxe GAFAM européenne

Donald Trump a tenu parole, en annonçant, mercredi, de nouveaux droits de douane exceptionnels, censés favoriser selon lui la réindustrialisation des États-Unis. Si la sidération domine encore sur les marchés financiers, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. L’Europe et la France défendent déjà l’idée de contre-mesures, parmi lesquelles l’hypothèse d’une taxe GAFAM, appliquée sur les flux financiers des géants du numérique, risque de s’imposer comme une évidence.

L’incertitude a duré jusqu’aux dernières heures : jusqu’où Donald Trump allait-il mettre à exécution ses menaces de droits de douane ? Le président des États-Unis n’a finalement pas mis d’eau dans son vin. Il a annoncé mercredi, à l’occasion de ce qu’il qualifie de « Liberation Day », un jeu de mesures exceptionnelles, qui instaurent des droits de douane particulièrement lourds pour les marchandises importées aux États-Unis. La Chine et les autres pays de l’Asie manufacturière sont particulièrement touchés, tout comme l’Union européenne.

Outre une taxe plancher sur les importations de 10 %, valable pour tous les pays – une approche systématique qui conduit à introduire des droits de douane sur des archipels peuplés uniquement de manchots et d’oiseaux, Trump prévoit des droits de douane individualisés et réciproques plus élevés pour les pays avec lesquels les États-Unis entretiennent une balance commerciale déficitaire.

Présentés à grands renforts de tableaux pendant une conférence de presse, ces droits de douane se montent à 20 % pour l’Union européenne, 54 % pour la Chine (en intégrant les précédentes taxes de 20 % entrées en vigueur début mars), 32 % pour Taïwan, 24 % pour le Japon, 49 % pour le Cambodge ou 46 % pour le Vietnam, 48% pour le Laos, 47% pour Madagascar, 44% pour le Sri Lanka, etc.

Ils ne préjugent pas, par ailleurs, d’éventuelles taxes spécifiques, comme les 25 % désormais prélevés sur l’importation de véhicules produits en dehors des États-Unis.

Une méthodologie qui interroge

Outre les cas particuliers comme le Canada, le Mexique ou la Chine, pourquoi de telles variations entre, disons, le Vietnam et le Cambodge ? Après analyse des chiffres, l’économiste américain James Surowiecki a remarqué une corrélation entre le déficit commercial des États-Unis avec le pays concerné et le niveau de droits de douane appliqué. Une hypothèse qu’a partiellement confirmée le bureau du représentant américain au commerce (USPTR), en publiant, jeudi, l’équation ayant soi-disant présidé au calcul.

Si les modalités de ce calcul interrogent, c’est aussi parce que Donald Trump parle de droits de douane réciproques, comme si les États-Unis ne faisaient que réagir aux pressions commerciales que lui font subir les autres pays du monde. L’Europe est dans ce contexte accusée de taxer à hauteur de 39 % les importations venues de l’autre côté de l’Atlantique, mais d’où vient ce chiffre ?

De façon empirique, un journaliste de Wired vérifie, sur 182 des 185 pays concernés, l’hypothèse de Surowiecki : « pour chaque pays, ils ont simplement pris notre déficit commercial avec ce pays et l’ont divisé par les exportations de ce pays vers nous ». En 2024, l’Union européenne a, par exemple, exporté l’équivalent de 605 milliards de dollars vers les États-Unis, mais importé uniquement 370 milliards de dollars, soit une balance déficitaire de 236 milliards de dollars… qui représente 39 % de ce que les États-Unis ont consommé en provenance de l’Europe.

Quel impact sur le secteur de la tech ?

Jeudi matin, les marchés européens ont vu rouge, très rouge, et l’ouverture de Wall Street s’annonce difficile. Bien que Trump défende l’impact positif de ses mesures pour l’économie américaine, ces droits de douane risquent en effet de soulever de nombreuses difficultés pour les sociétés qui produisent ou s’approvisionnent dans le reste du monde. Apple, qui fabrique massivement en Asie (Chine, Inde, Vietnam) ou Amazon, dont les rayons virtuels débordent de produits manufacturés à l’étranger, figurent parmi les acteurs de premier plan les plus exposés.

Les répercussions à plus long terme sont toutefois difficiles à mesurer. D’abord, parce que l’économie de la tech repose sur une infinité d’interdépendances entre composants, technologies, logiciels et flux financiers mondialisés. Ensuite, parce que la manœuvre de Donald Trump recèle une part variable non négligeable.

« Ces droits de douane resteront en vigueur jusqu’à ce que le président Trump détermine que la menace posée par le déficit commercial et le traitement non réciproque sous-jacent est satisfaite, résolue ou atténuée », expose clairement la Maison blanche. Le président ne s’en cache pas : il cherche à faire pression sur les états comme sur les acteurs économiques, pour obtenir des mesures favorables à l’économie des États-Unis, et ramener sur son sol des investissements, des usines et des emplois.

Vers une guerre commerciale ?

Droits de douane contre droits de douane, l’hypothèse laisse supposer une hausse généralisée des prix avec, à la clé, un risque de récession de l’économie américaine, dont la consommation des ménages représente près de 70 %. Un risque assumé par Donald Trump. « Ce que nous faisons est grand, nous rapportons la richesse à l’Amérique, et il y aura une période de transition. Il faut du temps », déclarait-il le 9 mars dernier, au micro de NBC.

En attendant, une forme de riposte s’organise, même si les contours en sont encore flous. Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a rappelé jeudi matin que l’Union préparait déjà un lot de mesures visant à taxer les marchandises venues des États-Unis, en réponse aux droits de douane déjà instaurés par Donald Trump sur les produits contenant de l’acier et de l’aluminium. « Et nous nous préparons maintenant à de nouvelles contre-mesures pour protéger nos intérêts et nos entreprises si les négociations échouent », a-t-elle ajouté lors de sa déclaration.

Le retour d’une taxe GAFAM européenne ?

Il est toutefois probable que d’autres mesures, moins « réciproques », soient aussi envisagées, et l’hypothèse d’une taxe GAFAM suscite déjà, dans ce contexte, de premières déclarations. Elle apparaît en effet comme une mesure de rétorsion relativement évidente, du fait de la part prépondérante des services, et donc de l’économie numérique, dans la balance commerciale états-unienne. Un point que Donald Trump omet sciemment dans ses propres chiffres et déclarations, qui ne raisonnent que sur la base des biens matériels.

En 2023, l’Europe exportait par exemple 503 milliards d’euros de marchandises vers les États-Unis, et en importait 347 milliards d’euros. Or la situation s’inverse quand on regarde les services : l’Union européenne exportait l’équivalent de 319 milliards d’euros vers les États-Unis, alors que ces derniers génèraient 427 milliards d’euros à partir du marché européen. En matière de services, les États-Unis bénéficient donc d’un excédent commercial significatif vis à vis de l’Europe.

La France semble déjà pencher en faveur de l’idée d’une taxe GAFAM, comme l’a laissé entendre Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, sur RTL. Rappelant le premier volet de la riposte européenne relative à l’aluminium et à l’acier, elle évoque un second volet, plus large, « probablement prêt à la fin du mois d’avril sur l’ensemble des produits et des services, et j’insiste bien sur les services, avec de nouveaux outils » réglementaires, dits anti-coercition.

Spam : l’Arcep confirme une explosion des appels et messages abusifs en 2024

Oui allo ? Alors je sais, vous avez sûrement…
Spam : l’Arcep confirme une explosion des appels et messages abusifs en 2024

En 2024, comme les années précédentes, le nombre de plaintes envoyées à l’Arcep est en hausse. Les alertes concernant la fibre optique sont sans surprise les plus importantes. Sur le mobile, on note aussi une explosion des spams téléphonique. Dans le même temps, l’Observatoire de la satisfaction client 2025 est aussi disponible.

L’Arcep (régulateur des télécoms) vient de publier le bilan annuel de sa plateforme J’alerte l’Arcep. Lancée fin 2017, elle permet à tout un chacun (particuliers et professionnels) de lui signaler un problème. « Les alertes recueillies permettent de suivre en temps réel les difficultés rencontrées par les utilisateurs, d’identifier les dysfonctionnements récurrents ou les pics d’alertes », explique l’Autorité.

En 2024, le gendarme des télécoms a reçu plus de « 57 000 [+ 8% par rapport à 2023, ndlr] alertes dont environ 49 000 directement sur la plateforme ». Sans surprise, « l’utilisation de j’alerte l’Arcep, en hausse constante, reflète les évolutions des problèmes rencontrés depuis 2018 ».

Le nombre d’alertes sur les réseaux hors fibre décroit (sauf un petit rebond en 2023), tandis que celui sur la fibre optique représente désormais plus de la moitié des signalements. On peut également voir (zone rose) une forte hausse des appels/messages non sollicités ou abusifs sur le mobile, nous allons y revenir.

Signalements : Free (en tête) vs les trois autres opérateurs

Au niveau des opérateurs, Free se démarque à la fois sur le fixe et sur le mobile, mais pas de la meilleure des manières :

« Les signalements reçus concernant les opérateurs Orange, SFR et Bouygues sont en baisse en 2024 et compris entre 75 et 100 pour 100 000 utilisateurs, ceux pour Free sont stables aux alentours de 150 pour 100 000 utilisateurs.

Sur le marché mobile, les signalements reçus concernant les opérateurs Bouygues, Orange et SFR sont plutôt stables depuis 3 ans et sont compris entre 5 et 10 pour 100 000 utilisateurs, ceux pour Free sont en hausse et sont compris entre 10 et 15 pour 100 000 utilisateurs ».

Satisfaction client : Free aussi en tête

Si Free arrive premier sur le nombre de signalements, l’opérateur est aussi en tête sur les notes de satisfaction attribuées par les utilisateurs au service client, avec 2,8/5. Bouygues Telecom et Orange sont deuxièmes avec 2,4/5 et SFR dernier avec 2,2 sur 5.

Autre indicateur : la satisfaction globale des abonnés à un réseau fixe et/ou mobile. Elle « est en légère hausse, pour l’ensemble des opérateurs, par rapport à l’année précédente ». Free est en tête avec 8,1 sur 10, Orange deuxième avec 8,0, Bouygues Telecom troisième avec 7,8 et SFR encore dernier avec 7,5.

« La satisfaction des utilisateurs vis-à-vis des opérateurs mobiles (notés 7,9/10 en moyenne) est
équivalente à celle vis-à-vis des fournisseurs d’accès à internet fixe (notés 7,8/10 en moyenne)
 », ajoute l’Arcep.

Le bilan complet de la satisfaction des utilisateurs vis-à-vis des opérateurs mobiles et Internet est disponible ici. Le document (PDF) fait pas moins de 111 pages. C’était un questionnaire en ligne auto-administré d’une quinzaine de minutes réalisé entre le 23 septembre et le 11 octobre sur un échantillon de 4 006 consommateurs âgés de 18 ans et plus.

Grogne sur les déploiements

Les alertes sur le fixe sont encore et toujours majoritaires avec 85,4%, contre 14,6 % pour le mobile. Néanmoins, « les signalements relatifs au marché fixe ont, pour la première fois depuis le début du lancement de la plateforme de « J’alerte », diminué en 2024 », avec presque deux points de moins.

Dans le détail, sur le fixe chez le grand public, le déploiement des réseaux et la qualité de services et du SAV représentent 94,7 % des signalements. Entre 2023 et 2024, il y a eu un fort mouvement : les plaintes sur les déploiements ont augmenté de presque 50 %, tandis que celles sur la qualité de service ont baissé de 67 %.

Spam téléphonique : explosion des alertes

Cela ne surprendra personne : « en 2024, le volume des signalements relatifs au phénomène d’usurpation de numéro a été multiplié par 16 passant approximativement de 500 alertes en 2023 à 8500 en 2024 ». L’Arcep note une forte fluctuation durant l’année, avec un pic au mois de septembre avec près de 1 500 alertes.

Au global, c’est l’ensemble de la catégorie des alertes liées aux appels et messages non sollicités ou abusifs qui est en très forte augmentation : de 2 029 alertes en 2023, l’Arcep en a reçu 10 973 en 2024, soit plus de cinq fois plus.

Quasiment tous les indicateurs sont en très forte hausse par rapport à 2023 si on se base sur le nombre d’alertes. Par exemple, le démarchage téléphonique abusif est passé de 1 094 à 1 517 alertes, mais ne représentent plus que 13,8 % de l’ensemble à cause de l’explosion du nombre d’usurpations de numéro.

Les opérateurs mettent en place des protections… encore partielles

La lutte s’est intensifiée fin 2024 et début 2025 avec le Mécanisme d’Authentification des Numéros (MAN) en place depuis 1ᵉʳ octobre sur le fixe et sur le mobile chez les quatre opérateurs depuis le début de l’année. Cela pourrait expliquer l’intensification de septembre, avec un dernier tour « d’honneur » ?

Il faudra attendre le prochain observatoire pour juger d’éventuels effets sur le mobile, mais il reste un important trou dans le filet de protection du MAN, comme nous l’expliquions récemment : « les appels en roaming (depuis l’étranger) avec un numéro français ne sont pas concernés ».

Sur le graphique de droite ci-dessous, ne vous fiez pas uniquement à la longueur des barres qui représentent la répartition des alertes (en pourcentage), pas le nombre de signalements.

L’Agence spatiale européenne alerte encore sur la prolifération des débris

Dirty space
L’Agence spatiale européenne alerte encore sur la prolifération des débris

Le rapport annuel de l’ESA sur l’environnement spatial alerte sur l’augmentation toujours plus importante du nombre de débris. Et l’orbite terrestre basse est de plus en plus encombrée. Pourtant, l’agence européenne constate une meilleure prise en compte des directives de réduction des débris spatiaux par les différents acteurs. Mais celle-ci va moins vite que l’augmentation du nombre de lancements.

L’ESA a publié son rapport annuel sur l’environnement spatial [PDF]. L’agence spatiale européenne y explique que le monde du spatial commence à prendre en compte le fait que « l’environnement orbital de la Terre est une ressource limitée » comme l’indiquait l’ONU en 2019 dans ses recommandations sur la durabilité de l’espace extra-atmosphérique.

Trop lents

Mais cette prise en compte est encore beaucoup trop lente. Nous augmentons moins rapidement le nombre d’objets en orbite autour de la Terre, mais nous l’augmentons toujours : « si la croissance exponentielle du nombre de nouvelles charges utiles s’est ralentie en 2024, le nombre de lancements a continué d’augmenter et, en termes de masse et de superficie, le nombre de lancements est toujours le plus élevé jamais enregistré jusqu’à présent ».

De la même façon, les directives établies pour pousser au désorbitage sont de mieux en mieux suivies mais ça ne va pas encore assez vite :

« Alors que l’adoption et le respect des pratiques de réduction des débris spatiaux au niveau mondial augmentent lentement, il est important de noter que la mise en œuvre réussie de l’un ou l’autre des seuils de durée de vie est encore trop faible pour garantir un environnement durable à long terme. Notamment, une partie de l’augmentation de l’adoption des mesures de réduction […] comme les rentrées contrôlées de corps de fusée ou les taux de réussite de l’élimination des charges utiles en orbite terrestre basse après la mission, est liée au déploiement et à la mise hors service de grandes fusées et d’engins spatiaux de grande taille », explique l’agence européenne.

Des politiques mises en place mais un futur incertain aux États-Unis

C’est d’ailleurs en ce sens qu’elle a augmenté ses exigences en 2023, avec un objectif « zéro débris » d’ici à 2030. L’ESA s’engageait à :

  • limiter la quantité de débris spatiaux créés par les opérations normales ;
  • réduire au minimum le risque de désintégration en orbite ;
  • prévenir les collisions en orbite ;
  • mettre en œuvre l’élimination après la mission.

Du côté américain, la FCC infligeait en 2023 sa première amende pour mauvais désorbitage. Mais la nouvelle administration Trump et la suppression de l’indépendance de l’agence américaine qui régule les satellites risquent de changer la donne.

Autant de débris que de satellites actifs sur l’orbite terrestre basse

« Le nombre de débris spatiaux en orbite continue d’augmenter rapidement. Environ 40 000 objets sont actuellement suivis par les réseaux de surveillance de l’espace, dont environ 11 000 sont des charges utiles actives », explique l’agence.

Elle ajoute qu’il y en a beaucoup en orbite qui pourraient causer des accidents : « le nombre réel de débris spatiaux d’une taille supérieure à 1 cm – suffisamment grands pour être capables de causer des dommages catastrophiques – est estimé à plus de 1,2 million, dont plus de 50 000 objets d’une taille supérieure à 10 cm ».

L’orbite terrestre basse est celle qui inquiète le plus l’agence. Elle fait remarquer qu’ « à environ 550 km d’altitude, le nombre de débris constituant une menace est aujourd’hui du même ordre de grandeur que celui des satellites actifs ».

❌