Sanctions US : YouTube a supprimé 700 vidéos d’ONG palestiniennes en lien avec la CPI
Broadcast Yourself, mais pas à Gaza
YouTube a supprimé les comptes de trois ONG palestiniennes début octobre, et par la même occasion plus de 700 vidéos sur les conséquences de l’invasion de Gaza par Israël. Cela fait suite aux sanctions décidées par Donald Trump contre la Cour pénale internationale, les trois ONG l’ayant aidée dans ses enquêtes.
Début octobre, YouTube a supprimé, sans les prévenir, les chaines de trois organisations non gouvernementales, le Centre Al-Mezan pour les droits humains, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits humains. Selon The Intercept qui a révélé cette suppression, plus de 700 vidéos ont disparu avec ces trois chaines, compilant des heures d’images documentant la situation à Gaza et les suspicions de crimes de guerre d’Israël sur lesquels la Cour pénale internationale devra se prononcer.
Toutes les vidéos ne sont pas perdues. Ainsi, par exemple, on peut voir sur la Wayback Machine d’Internet Archive la vidéo d’une analyse sur la mort de la journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh. On peut aussi retrouver cette vidéo sur la page Vimeo de l’ONG. Mais ces plateformes pourraient elles aussi être contraintes par les États-Unis de supprimer ces contenus.
YouTube suit des sanctions ciblées prononcées par Marco Rubio
Car YouTube (dont la maison mère est Google) a suivi la décision de sanctions prises par l’administration Trump envers ces trois ONG. « Google s’engage à respecter les sanctions applicables et les lois en matière de conformité commerciale », a affirmé YouTube dans un communiqué envoyé en réponse à The Intercept.
Comme plusieurs juges de la Cour pénale internationale visés nommément par l’administration Trump, les trois ONG ont été l’objet d’une décision du secrétaire d’État américain, Marco Rubio début septembre.
« Ces entités ont directement participé aux efforts déployés par la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter, arrêter, détenir ou poursuivre des ressortissants israéliens, sans le consentement d’Israël », affirmait Marco Rubio dans un communiqué annonçant la désignation du Centre Al-Mezan pour les droits humains, d’Al-Haq et du Centre palestinien pour les droits humains. Le secrétaire d’État américain n’évoque aucune autre raison que leurs liens avec l’autorité judiciaire internationale pour justifier cette désignation.
La CPI sanctionnée depuis février
Rappelons qu’en février dernier, Donald Trump a publié un décret imposant « des sanctions à l’encontre de la Cour pénale internationale » en réaction à l’émission des mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Nétanyahou et de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. C’est sur la base de ce décret que s’appuie Marco Rubio pour sanctionner les trois ONG accusées de collaborer avec la CPI.
Selon The Intercept, c’est la première fois que les États-Unis prennent de telles sanctions contre des ONG qui accumulent des informations pour d’éventuelles poursuites en justice.
« Je suis très choquée que YouTube fasse preuve d’un tel manque de courage », explique à The Intercept la responsable de l’association états-unienne Democracy for the Arab World Now, Sarah Leah Whitson. « Il est vraiment difficile d’imaginer un argument sérieux selon lequel le partage d’informations provenant de ces organisations palestiniennes de défense des droits humains violerait d’une manière ou d’une autre les sanctions. Il est décevant et assez surprenant que YouTube cède à cette désignation arbitraire de ces organisations palestiniennes et décide désormais de les censurer. »

















