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Accident nucléaire de Fukushima : 0,7 gramme de débris radioactifs a été extrait

Si la quantité de matériaux extraits de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima paraît anecdotique, cette nouvelle est très importante pour les équipes de TEPCO, qui vont désormais mieux pouvoir préparer l’extraction des centaines de tonnes restantes au cœur des réacteurs. 

L’opération devait initialement avoir lieu en septembre, mais avait été reportée pour cause de défaillance d’une caméra. Finalement, c’est à la fin octobre que les équipes de TEPCO sont parvenues à guider un drone sous-marin, équipé d’un bras robotisé, jusqu’au cœur du réacteur n° 2 de la centrale de Fukushima pour y récupérer une infime portion de débris radioactifs.

Cet échantillon a ensuite été transporté dans un laboratoire de l’agence japonaise de l’énergie atomique, près de Tokyo. Celle-ci devrait procéder à son analyse afin de déterminer la nature des débris situés au cœur du réacteur, ainsi que leur niveau de radioactivité. Cette phase d’analyse pourrait prendre plusieurs mois.

Fukushima, deuxième accident nucléaire le plus grave de l’histoire

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 a généré une vague de près de 30 mètres de haut au large des côtes japonaises. Celle-ci a atteint la centrale nucléaire de Fukushima et mis hors service tous les systèmes de refroidissement de cette dernière, entraînant la fusion des cœurs de trois des quatre réacteurs. Il s’agit du deuxième accident nucléaire à être classé au niveau 7 de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), après la catastrophe de Tchernobyl. Selon le bilan officiel, 10 ans après l’accident, aucun cancer ou mort n’a été imputé directement à cet évènement. Néanmoins, cet accident est considéré comme une vaste catastrophe écologique, notamment dans l’océan Pacifique. Le démantèlement de la centrale devrait s’achever entre 2050 et 2060.

Extraire 880 tonnes de corium du coeur des réacteurs, un défi immense

Si cette opération était attendue avec impatience, c’est parce que le défi qui attend TEPCO dans la centrale de Fukushima est immense : les 3 réacteurs touchés par la catastrophe renfermeraient 880 tonnes de corium, un élément radioactif constitué d’un mélange de combustible fondu et de débris. C’est trois fois plus que ce qui a été estimé à Tchernobyl. Dans la centrale ukrainienne, le corium a créé des formations solides semblables à des coulées de lave, qui sont à « l’air libre », à l’intérieur du sarcophage. En 2021, des chercheurs ont, d’ailleurs, découvert que les radiations issues de ces formations avaient augmenté entre 2016 et 2021.

Pour revenir à Fukushima, cette opération constitue la première étape d’un (très) long processus d’extraction qui devrait durer plusieurs années. TEPCO s’est fixé comme objectif d’extraire l’ensemble des 880 tonnes de corium d’ici 2031.

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Des moteurs nucléaires électriques pour les sondes spatiales : ce n’est pas une utopie

Sur Terre, le débat est vif : faut-il alimenter les voitures électriques avec de l’énergie solaire ou nucléaire ? En fait, il en est tout à fait de même dans l’espace, même si les raisons ne sont pas strictement les mêmes. Pour y voir un peu plus clair, l’Union européenne a commandé une étude sur la propulsion électrique nucléaire, mais dans l’espace. Le consortium, mené par l’électricien belge Tractebel vient de rendre son rapport.

Dans l’espace, comme sur Terre, ce sont les combustibles chimiques qui dominent : dans les énormes fusées, des composés chimiques (hydrogène, méthane, ou kérosène, par exemple) sont mélangés avec de l’oxygène et leur combustion génère de colossales quantités de chaleur. Cette chaleur est utilisée pour comprimer pour accélérer les gaz de combustion au travers d’une tuyère, générant ensuite le mouvement du véhicule par le principe d’action-réaction (troisième loi de Newton).

Plus récemment, des moteurs plus efficaces sont apparus, appelés « moteurs ioniques ». Ces propulseurs équipent aujourd’hui de nombreux satellites ou sondes interplanétaires ; citons par exemple, la sonde japonaise Hayabusa qui, en 2005, s’est presque posée sur l’astéroïde Itokawa, et ramenant ensuite sur Terre un échantillon de quelques grammes. Les moteurs ioniques utilisent diverses manières d’ioniser et d’accélérer un gaz, à partir d’une source d’énergie électrique, typiquement celle fournie par des panneaux photovoltaïques ; on parle alors de « propulsion électrique solaire » (en anglais Solar electric propulsion, SEP).

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La propulsion nucléaire plus efficace que la propulsion chimique

Cette méthode de propulsion est bien plus efficace que la propulsion chimique, ce qui se traduit par une vitesse d’éjection des gaz plus élevée, et au total, une réduction très significative de la quantité de carburant qu’il est nécessaire d’emporter. À noter que ce type de moteur n’est utilisé aujourd’hui que dans l’espace, et pas au cours des lancements.

La SEP a deux inconvénients principaux. D’une part, elle génère une poussée très faible, ce qui se traduit par des accélérations lentes, et d’autre part, lorsque l’ensoleillement diminue sensiblement lorsqu’on s’éloigne du soleil, il est nécessaire de prévoir des panneaux beaucoup plus grands, qui alourdissent le véhicule. Au-delà de l’orbite de Mars, le concept touche sa limite technologique et les gains issus de la propulsion électrique solaire s’estompent progressivement.

Une solution : alimenter les propulseurs électriques non pas avec de l’énergie solaire, mais avec de l’énergie nucléaire. Il s’agit là du concept dit « propulsion électrique nucléaire » (en anglais Nuclear electric propulsion, NEP). Et l’Europe a décidé d’évaluer cette solution.

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Le projet européen RocketRoll

L’Union européenne a en effet lancé une étude de faisabilité sur la propulsion électrique nucléaire dans l’espace. Initié par le département Future Space Transportation Systems (STS-F), le projet s’appelle RocketRoll, qui est un acronyme quelque peu complexe pour pReliminary eurOpean reCKon on nuclEar elecTric pROpuLsion for space appLications.

Il est mené par l’énergéticien belge Tractebel et regroupe de nombreux partenaires : le Commissariat à l’énergie nucléaire et aux énergies alternatives (CEA), ArianeGroup et Airbus, bien sûr très impliqués dans les technologies spatiales, et l’entreprise Frazer Nash Consultancy. Des experts de différents pays européens ont également été impliqués : chercheurs de l’université de Prague et de l’université de Stuttgart, et des ingénieurs du fournisseur de systèmes spatiaux OHB (OHB Czechspace et OHB System à Brême).

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Un premier vol à moteur ionique d’ici 2035 ?

L’étude préliminaire a été lancée en 2023 et s’est terminée en octobre de cette année. Elle a conclu que la technologie de propulseur électrique nucléaire apportait bien les bénéfices escomptés en termes de vitesse, d’autonomie et de flexibilité. Cela concerne en particulier des concepts de remorqueur spatial (en anglais « in-orbit tug »), pour transporter de lourdes charges. Ce résultat n’est pas nouveau, admettons-le, car la NEP est étudiée depuis les années 1960. En revanche, elle a permis de produire une actualisation, en particulier dans le contexte technologique européen, ainsi qu’une feuille de route. Cette dernière indique la possibilité de faire voler un véhicule de test pour une mission dans l’espace d’ici 2035.

L’étude relève également les synergies avec d’autres aspects de missions spatiales. Des réacteurs nucléaires pourraient également produire de l’électricité pour les habitats de missions humaines sur Mars et sur la Lune, pour des missions robotisées plus loin (et plus ambitieuses) dans le système solaire, ou pour d’autres applications spatiales que la propulsion seule.

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Relance du nucléaire en France : un projet colossal semé d’incertitudes

La relance du nucléaire en France, annoncée à Belfort par Emmanuel Macron, vise la construction de six nouveaux réacteurs EPR. Les investissements sont déjà conséquents, mais EDF freine dans la contractualisation.

Le programme EPR 2 représente un investissement d’environ 67 milliards d’euros. Il suscite des espoirs, mais aussi de profondes inquiétudes chez les industriels français. Alors que 40 à 50 % des contrats ont déjà été attribués, le manque de visibilité sur le financement et la flambée des coûts freine les signatures.

Des contrats en milliards d’euros déjà engagés

Les entreprises françaises ont remporté des contrats substantiels dans le cadre de ce plan. En novembre 2023, le groupe Eiffage s’est distingué en décrochant un contrat de plus de 4 milliards d’euros pour construire deux des réacteurs de Penly, devançant Bouygues. En collaboration avec Spie et ABC, Eiffage a également obtenu un contrat de 900 millions d’euros pour équiper les six réacteurs en groupes diesel.

EDF a également confié à sa filiale Framatome la fabrication des principaux composants des réacteurs pour un montant total de 8 milliards d’euros. Ce contrat inclut la fourniture de cuves, générateurs de vapeur et pressuriseurs, destinés aux futures centrales de Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et Bugey (Ain). Ces chiffres montrent l’ampleur de ce « chantier du siècle », qui prévoit la création de 100 000 emplois sur dix ans, selon Les Echos.

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Les petites et moyennes entreprises prudentes face à l’incertitude

Malgré ces succès, les PME et ETI impliquées restent prudentes. EDF a récemment annoncé une optimisation de ses contrats pour réduire les coûts, une démarche qualifiée de « travail sur les leviers de compétitivité ». Selon Les Échos, un dirigeant de PME témoigne que « les gros morceaux déjà signés l’ont été avec les filiales d’EDF comme Framatome ». Les petites et moyennes entreprises, en revanche, restent dans l’attente, et beaucoup ont déjà réduit leurs investissements pour éviter des risques financiers excessifs​.

Les industriels s’accordent à dire que l’absence de visibilité financière pourrait nuire à l’initiative de relance. André Einaudi, PDG du groupe Ortec, a déclaré aux Échos que si les appels d’offres prévus avaient été lancés, ils auraient embauché des centaines de personnes cette année. À ce rythme ralenti, il anticipe devoir recruter à l’étranger en urgence si les projets s’accélèrent sans préavis​.

Pour les sous-traitants, la poursuite du programme nucléaire, qui pourrait s’étendre à quatorze réacteurs à terme, représente un levier crucial de rentabilité. Chez Eiffage, un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros a déjà été engagé pour construire une réplique grandeur nature d’un anneau de bâtiment réacteur, nécessaire pour obtenir les qualifications aux normes de construction nucléaires. Or, cet investissement pourra être rentabilisé avec des commandes continues, au-delà du seul contrat de Penly​.

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Un mini réacteur modulaire s’installera-t-il dans la centrale nucléaire de Chinon ?

La centrale nucléaire de Chinon serait en passe d’accueillir un réacteur de la startup Newcleo. Un réacteur modulaire pourrait voir le jour, dans un territoire marqué par la centrale graphite-gaz.

Le site nucléaire de Chinon, en Indre-et-Loire, a récemment suscité l’intérêt de la start-up Newcleo, spécialisée dans les mini-réacteurs avancés. Ce site historique du nucléaire français, où le premier réacteur au graphite-gaz a été raccordé au réseau en 1963, pourrait accueillir le premier mini-réacteur modulaire avancé (AMR) de Newcleo, un projet novateur pour la startup basée à Paris, Londres et Turin.

Pourquoi le choix de Chinon ?

La centrale nucléaire de Chinon présente plusieurs atouts qui en font un candidat pour ce projet. « Chinon est éligible pour accueillir deux EPR 2 (Evolutionary Power Reactor de génération III) », a rappelé à Ouest-France le directeur de la centrale, Stéphane Rivas, en février 2024. Si la candidature de Chinon pour les EPR 2 est en cours, l’intérêt de Newcleo pour ce site s’ajoute aux ambitions nucléaires locales. Pour Jean-Luc Dupont, maire de Chinon et président de la communauté de communes Chinon Vienne et Loire, ce projet « pourrait permettre de fiabiliser cette filière et de passer ensuite au stade industriel », comme rapporté par Ouest-France.

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La commune et ses habitants sont intimement liés au nucléaire depuis près de 70 ans, un facteur qui renforce encore cette candidature. « Chinon est un territoire déjà acculturé à cette filière du nucléaire : cela fait quasiment 70 ans que le nucléaire est là, et toutes les familles sont concernées », souligne M. Dupont. Cet enracinement historique confère à Chinon un savoir-faire et une acceptabilité sociale rare, essentiels pour accueillir un projet de cette envergure.

En parallèle, les discussions avec Newcleo sont déjà en cours. La start-up italienne a rencontré les responsables locaux à trois reprises, exprimant un vif intérêt pour l’implantation d’un AMR de 30 MW sur les 10 hectares de terrain disponibles autour de la centrale. Cet espace, actuellement parc d’activités, est vu comme un futur centre d’ingénierie pour les mini-réacteurs de Newcleo, une installation qui pourrait générer environ 300 emplois dans le secteur de l’ingénierie.

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Le rôle de Newcleo dans le nucléaire de demain

Fondée en Italie, Newcleo s’engage à développer des réacteurs modulaires avancés (AMR), une technologie qui pourrait transformer la production d’énergie nucléaire. En utilisant des matériaux comme le plomb liquide pour le refroidissement, les AMR de Newcleo pourraient atteindre un rendement élevé tout en minimisant les déchets radioactifs.

Pour l’instant, le projet reste à l’état de proposition et dépendra des décisions de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui devra approuver le modèle proposé par Newcleo.

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EDF a-t-il encore une chance de construire les nouveaux réacteurs nucléaires en Tchéquie ?

L’agence anti-monopole tchèque a provisoirement rejeté les plaintes des groupes EDF et Westinghouse, opposés à la sélection du constructeur sud-coréen KHNP pour les négociations exclusives sur la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires à la centrale de Dukovany.

EDF et Westinghouse n’obtiennent pas gain de cause, enfin provisoirement. Les deux constructeurs de réacteurs nucléaires, évincés de l’appel d’offres mené par l’énergéticien tchèque CEZ, expriment depuis plusieurs mois leurs réserves concernant cette décision. Le refus de l’agence bloque, pour le moment, toute possibilité de remise en cause immédiate du choix du Sud-coréen KHNP, mais laisse aux deux groupes occidentaux une fenêtre de recours de deux mois.

Des subventions déguisées derrière l’offre sud-coréenne ?

Face à cette décision, EDF et Westinghouse avaient initialement saisi l’agence anti-monopole pour contester la procédure, mettant en avant plusieurs points. Westinghouse, notamment, a fait valoir que l’offre de KHNP nécessiterait l’exportation d’une licence d’exploitation vers la Corée du Sud, ce qui pourrait impliquer des décisions d’autorisation des autorités américaines, non consultées dans cette affaire. De son côté, EDF a pointé du doigt des incertitudes sur la transparence de l’offre sud-coréenne, qui pourrait, selon elle, bénéficier de garanties publiques du gouvernement sud-coréen en cas de dépassement de coûts, faussant ainsi les règles de la concurrence.

Pour EDF, ce soutien implicite de l’État coréen enfreindrait les règles d’équité commerciales et les principes de transparence qui doivent, selon l’énergéticien, structurer de tels projets. Cette position a également conduit EDF à saisir la Commission européenne dans le cadre d’une plainte formelle, sollicitant une enquête sur d’éventuelles subventions étrangères illicites, incompatibles avec le droit communautaire.

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Un contexte de concurrence exacerbée dans le nucléaire européen

Le projet de Dukovany cristallise une compétition accrue entre les grandes entreprises de construction de réacteurs nucléaires pour les marchés européens, marquée par des enjeux géopolitiques importants. Avec un coût estimé à 8,65 milliards de dollars par réacteur, l’offre de KHNP se révèle particulièrement compétitive. Une réalité qui, selon EDF, pourrait masquer des subventions indirectes de l’État sud-coréen, destinées à soutenir le groupe en cas de dépassement de budget.

Cette plainte s’inscrit dans une dynamique plus large, alors que la Commission européenne a intensifié ces dernières années son contrôle sur les subventions étrangères au sein du marché européen. En avril dernier, elle a ouvert plusieurs enquêtes contre des consortiums chinois pour des appels d’offres dans le domaine des énergies renouvelables en Roumanie. En adressant sa plainte à l’exécutif européen, EDF espère que des mesures similaires pourront être prises concernant KHNP, ce qui pourrait remettre en question les accords entre CEZ et le constructeur sud-coréen.

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Mini réacteurs nucléaires : Google, Amazon et Microsoft s’enflammeraient un peu trop vite

Aux États-Unis, les petits réacteurs nucléaires modulaires ont le vent en poupe auprès des géants de la tech, notamment les GAFAM (Google, Apple, Meta – anciennement Facebook -, Amazon et Microsoft). Bien que la technologie n’en soit qu’à ses débuts, des accords récemment signés par ces entreprises reflètent un avenir prometteur pour l’industrie. Cependant, malgré l’annonce de partenariats, la concrétisation des projets de réacteurs demeurerait incertaine, selon l’avis d’experts.

Les grandes entreprises technologiques américaines investissent massivement dans les centres de données pour répondre aux besoins associés à l’expansion rapide de l’intelligence artificielle et à la demande croissante de services numériques. Cependant, la consommation énergétique élevée de ces infrastructures risque de mettre à rude épreuve le réseau électrique vieillissant du pays, qui peine à suivre le rythme de cette croissance. De plus, l’approbation de nouvelles lignes de transmission est retardée, reportant la fermeture de certaines centrales fossiles. En réponse, certaines des GAFAM envisagent des solutions de production d’énergie locale afin de réduire leur dépendance aux réseaux existants et d’atteindre leur objectif de neutralité carbone dans les délais. Le mois dernier, elles ont particulièrement manifesté leur intérêt pour les petits réacteurs nucléaires modulaires (ou SMR pour small modular reactor).

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Des partenariats avec des entreprises spécialisées dans les SMR

En octobre, deux géants du Net ont signé de nouveaux accords avec des entreprises spécialisées dans les SMR. Google, l’un d’entre eux, a conclu un contrat d’achat d’énergie avec Kairos Power, qui prévoit de lancer son premier SMR de 500 MW d’ici 2030, suivi de plusieurs autres unités jusqu’en 2035. La société énergétique affirme avoir déjà franchi plusieurs étapes clés dans le développement de sa technologie et aurait déjà obtenu un permis de construction pour son réacteur de démonstration, un document délivré par la Commission de réglementation nucléaire américaine.

De son côté, Amazon dit avoir investi 500 millions de dollars via un tour de table chez l’entreprise X-Energy. Cet investissement soutiendra la finalisation de la conception d’un SMR de 80 MW, ainsi que la construction de la première phase d’une usine de production de combustible. En parallèle, Amazon a également signé un accord avec Energy Northwest pour financer la construction de quatre SMR de X-Energy, soit un total de 320 MW, et prévoit déjà cinq autres unités dans le futur. D’ici 2039, le roi du e-commerce espère exploiter 5 GW d’énergie provenant des SMR.

Microsoft, pour sa part, a également déjà manifesté son intérêt pour le nucléaire, mais en revanche, l’entreprise s’oriente davantage vers les systèmes traditionnels. Aux dernières nouvelles, la firme envisage de relancer un des réacteurs du Three Mile Island aux États-Unis, qui a été mis à l’arrêt en 2019. Toutefois, une annonce de recrutement de l’année dernière suggère que la firme pourrait aussi s’intéresser aux SMR. La société était à la recherche d’un gestionnaire de programme de technologie nucléaire, dont les missions comprenaient l’intégration de petits réacteurs modulaires.

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Une solution énergétique non viable pour les firmes de la tech ?

Étant donné la nature émergente des SMR, la décision de ces grandes enseignes ne manque pas de soulever des questionnements quant à la concrétisation des projets et aux délais de livraison. En effet, la technologie est encore principalement en phase de développement. De plus, le processus de concrétisation d’un projet SMR est relativement long. La conception technologique, les approbations réglementaires et la construction peuvent prendre énormément de temps. Deux experts interrogés par le média Montel pensent, d’ailleurs, que les délais visés par ces entreprises sont trop ambitieux compte tenu des défis techniques et réglementaires. L’un d’eux souligne également le risque lié aux coûts élevés pouvant rendre les projets non viables économiquement pour ces géants de la technologie. Il recommande de concentrer les efforts sur le développement d’un ou deux modèles standardisés de SMR. L’effet d’échelle pourrait, selon ce spécialiste, être significatif à partir de 700 unités d’un même modèle.

Certains observateurs craignent même que les annonces de Google et Amazon ne soient une simple stratégie d’amélioration d’image de marque, en réponse aux attentes des consommateurs et investisseurs en matière de responsabilité environnementale. Quoi qu’il en soit, ces récentes nouvelles constituent un vrai coup de levier pour l’industrie du SMR, qui est désormais mise en avant par des acteurs de renommée mondiale.

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Pastilles d’iode : quelle est leur utilité et à qui s’adressent-elles ?

Quand on pense accident nucléaire, on a souvent le réflexe d’évoquer les pastilles d’iode, ces comprimés que l’État distribue autour des centrales nucléaires françaises. Si elles ne protègent pas directement contre la radioactivité, elles permettent tout de même d’en limiter l’impact dans le corps. Voici comment. 

Depuis 1997, en France, des pastilles d’iode sont régulièrement distribuées dans les communes à proximité directe des centrales et grands sites nucléaires. Ils constituent l’une des premières mesures de protection de la population en cas d’accident nucléaire majeur, lorsqu’il y a un rejet d’éléments radioactifs dans l’environnement. Ces campagnes de distribution préfectorales, financées par EDF, n’ont d’abord concerné que les habitants situés dans un rayon de 10 km autour des centrales nucléaires. Depuis 2019, le rayon de distribution est passé à 20 km autour des centrales.

D’ailleurs, depuis la mi-septembre 2024, une nouvelle campagne de distribution vient de commencer avec la mise à disposition gratuite de pastilles dans les pharmacies concernées. Les habitants vivant à moins de 20 km d’un site nucléaire (centrale, site de recherche ou de stockage) peuvent aller récupérer leurs boites. Mais en quoi l’iodure de potassium peut nous protéger en cas d’accident nucléaire ?

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Protéger le corps contre l’iode radioactif

En réalité, cet iode stable que l’on ingère a un rôle protecteur indirect en cas de présence de nuage radioactif. Pour mieux comprendre pourquoi, faisons un peu de biologie. Dans le corps humain, on retrouve une glande de la forme d’un papillon située à la base du cou : la thyroïde. Celle-ci joue un rôle essentiel, en synthétisant des hormones indispensables au bon fonctionnement du corps. Pour produire ces hormones, elle a besoin d’iode, un élément que l’on retrouve principalement dans l’alimentation.

Revenons à notre potentiel accident nucléaire. Celui-ci peut engendrer le rejet d’éléments radioactifs dans l’atmosphère, et en particulier d’une forme radioactive de l’iode. Sous forme de gaz, cet iode radioactif peut être inhalé et entrer facilement dans le corps. C’est là que ça se complique : la thyroïde ne sait pas faire la différence entre l’iode stable (iode 127) et l’iode radioactif (iode 131). Ainsi, en cas d’exposition, l’iode radioactif qui se trouve dans l’air peut venir se fixer sur la thyroïde à la place de l’iode stable. Ce mécanisme peut avoir de graves implications sur la santé, en particulier pour les enfants, et peut entraîner un risque accru de cancer de la thyroïde.

Pour empêcher ce phénomène, les comprimés d’iode, qui contiennent environ 1 000 fois la dose journalière d’iode normalement recommandée, permettent de venir saturer la thyroïde en iode, ce qui a pour effet d’empêcher l’iode 131 de se fixer.

Des comprimés fabriqués en France

Les comprimés d’iode sont fabriqués par la pharmacie centrale des armées. Chaque boîte comprend des comprimés désormais dosés à 65 mg d’iodure de potassium, ce qui représente 50 mg d’iode stable. En général, la dose recommandée pour les adultes est de 2 comprimés, soit 1000 fois plus que les besoins quotidiens de la thyroïde. La validité de ces comprimés est d’environ 7 ans.

Une question de timing

Pour que la prise d’iode soit réellement efficace, la gestion du timing est néanmoins particulièrement importante. Celle-ci a un effet temporaire. Pour que son effet soit maximal, les équipes d’EDF sont capables d’évaluer l’évolution et la progression du potentiel nuage radioactif pour estimer au mieux le moment idéal de la prise de pastille.

En cas d’alerte nucléaire, le gouvernement et EDF ont également mis en place une procédure à suivre pour la population. Celle-ci se résume à se mettre à l’abri, se tenir informer, et prendre de l’iode lorsqu’on en reçoit l’instruction, par ordre du préfet. D’ailleurs, lorsqu’un risque est avéré, la sirène diffuse le signal d’alerte commun à tous les types de risques, à savoir un son montant et descendant. Celui-ci se compose de 3 séquences d’1 minute et 41 secondes, diffusées à 5 secondes d’intervalle.

La thyroïde, une glande indispensable au bon fonctionnement du corps

Située à la base du cou, la thyroïde a de nombreuses fonctions. Grâce à la production d’hormones dites thyroïdiennes, elle permet la régulation du métabolisme. Elle joue un rôle dans la régulation de la température corporelle, du rythme cardiaque, de la croissance ou encore du système nerveux. Enfin, elle influe sur la digestion. Un déséquilibre thyroïdien peut avoir de nombreuses conséquences néfastes sur l’équilibre du corps.

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Pastilles d’iode : l’enjeu de leur distribution

L’intérêt de l’iode en cas d’incident nucléaire a été démontré pour la première fois dans les années 60. Dès les années 70, des scientifiques ont commencé à recommander l’administration de comprimés d’iode en cas d’accidents nucléaires. Néanmoins, la gestion des stocks de comprimés d’iode et leur distribution a souvent été problématique. Lors de la catastrophe de Tchernobyl, les autorités soviétiques avaient bien organisé une distribution d’iode à la population, mais cette distribution n’a pas été suffisamment rapide et étendue pour être réellement efficace.

Ce manque d’organisation a eu des conséquences désastreuses, puisqu’à l’issue de la catastrophe, on a détecté environ 6 500 cas de cancers de la thyroïde chez des enfants. Chez l’adulte, la thyroïde a un développement naturel très lent, ce qui limite le risque de cancer. Depuis Tchernobyl, les comprimés d’iodes ont été adoptés par de nombreux pays dans le plan de préparation aux accidents nucléaires. Lors de l’accident de Fukushima, de l’iode a ainsi été distribué à la population locale.

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L’iode ne fait pas tout

Si l’iode stable permet de protéger la population de l’iode 131, elle n’est pas un rempart à la radioactivité. En cas d’accident nucléaire, les premiers gestes à suivre consistent à se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur, de fermer portes et fenêtres ainsi que de couper la ventilation. Il est important de ne pas toucher aux objets situés dehors, et encore moins aux objets qui pourraient être touchés par la pluie. En fonction de la gravité de l’incident, une évacuation d’urgence pourrait être organisée. Dans ces situations, il est nécessaire de rester à l’abri tout en se tenant informé de la situation grâce aux médias, aux réseaux sociaux et surtout grâce à une radio à piles.

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Si elle n’avait pas abandonné le nucléaire, quel serait le bilan carbone de l’Allemagne ?

Depuis le 15 avril 2023, plus aucune centrale nucléaire ne génère de l’électricité en Allemagne. L’abandon prématuré de ce mode de production bas-carbone avant même la fin de l’exploitation des centrales au charbon et au gaz font débat. Un chercheur s’est intéressé au coût et aux émissions de CO2 du secteur Allemand de l’électricité si le pays avait gardé et ajouté du nucléaire.

Depuis vingt ans, l’Allemagne poursuit une politique de transition énergétique. Traduction : l’Energiewende. Son objectif : supprimer progressivement les énergies fossiles et nucléaires au profit des énergies renouvelables. Cependant, cette transition exigeante en ressources et en infrastructures suscite un questionnement croissant. Une étude menée par Jan Emblemsvåg pose la question suivante : que se serait-il passé si, à la place de cette transition renouvelable, l’Allemagne avait fait le choix de maintenir et développer son parc nucléaire ?

Méthodologie et hypothèses de l’étude

Pour comparer ces deux voies énergétiques, M. Emblemsvåg s’appuie sur deux hypothèses principales. La première postule que l’Allemagne aurait pu conserver ses réacteurs nucléaires en activité dès 2002, au lieu de les fermer progressivement. La seconde envisage un investissement continu dans la construction de nouvelles centrales nucléaires pour renforcer la capacité de production nationale. Ces hypothèses servent de base à une comparaison chiffrée avec l’Energiewende, permettant d’évaluer les coûts financiers et les bénéfices en termes de réduction des émissions de CO₂. L’auteur utilise une méthode de triangulation des données, qui croise plusieurs sources fiables – comme l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) – pour s’assurer de la robustesse des estimations malgré le caractère hypothétique de cette approche.

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Un résultat favorable au nucléaire

L’étude révèle que l’Energiewende aurait coûté à l’Allemagne 696 milliards d’euros de 2002 à 2022, ce montant comprenant 387 milliards d’euros d’investissements directs et 310 milliards d’euros en subventions et autres coûts de gestion du réseau. En comparaison, le scénario nucléaire, selon lequel l’Allemagne aurait conservé ses centrales nucléaires en 2002 et ajouté de nouvelles capacités, aurait permis de réduire les dépenses de moitié, pour un coût total de 364 milliards d’euros. En termes de réduction des émissions, l’étude estime que le choix du nucléaire aurait permis une baisse de 73 % des émissions de CO₂ par rapport aux niveaux actuels, soit bien plus que les 25 % de réduction obtenus avec l’Energiewende.

Sur le plan énergétique, le scénario nucléaire présente des avantages notables. D’abord, il aurait permis de maintenir une production fiable en charge de base – c’est-à-dire en fournissant une quantité d’énergie stable et constante. Cette capacité est cruciale pour éviter la dépendance accrue au gaz naturel, devenue essentielle pour l’Allemagne dans les périodes où le vent ou le soleil sont absents.

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Les limites de ce scénario hypothétique

Cependant, bien que ce scénario apparaisse favorable en termes de coût et de réduction des émissions, il se heurte à des obstacles notables, pratiques et politiques. L’Allemagne a fait de la sortie du nucléaire un pilier de sa politique énergétique, particulièrement après les accidents de Tchernobyl et de Fukushima, qui ont renforcé la méfiance du public à l’égard du nucléaire. Ce contexte politique a fait de l’abandon de l’énergie nucléaire un point presque irrévocable pour les responsables allemands. Dès lors, envisager une expansion nucléaire en 2002 aurait nécessité un soutien politique et social difficilement réalisable. Aussi, l’étude ne prend pas suffisamment en compte les coûts liés à la gestion des déchets nucléaires, problématique complexe et coûteuse pour tout pays utilisateur de cette technologie.

Enfin, la comparaison n’intègre pas les risques financiers associés aux grands projets nucléaires, souvent coûteux et nécessitant des garanties publiques pour attirer des investisseurs. Ces projets peuvent également être affectés par les fluctuations des coûts comme en témoigne l’EPR de Flamanville. Ignorer ces aspects limite l’exactitude du modèle financier proposé par l’étude et peut en réduire la faisabilité en conditions réelles.

Bien que l’étude d’Emblemsvåg présente un cadre hypothétique, elle met en lumière la complexité des choix énergétiques et les implications d’une transition reposant uniquement sur les énergies renouvelables. L’avenir nous dira qui de l’Allemagne ou de la France (avec un mix plus équilibré) aura fait un choix payant.

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De nouvelles centrales nucléaires en Suisse ?

La Suisse envisage de relancer le nucléaire, sept ans après la décision de sortir progressivement de cette source d’énergie.

En 2017, les Suisses avaient voté à 58 % en faveur de cette transition, influencés par la catastrophe de Fukushima. Mais aujourd’hui, selon le ministre suisse de l’Énergie, Albert Rösti, la situation a « radicalement changé », en raison des tensions géopolitiques et de la crise énergétique. En août 2024, le Conseil fédéral suisse a donc proposé d’ouvrir de nouveau le débat sur le nucléaire, souhaitant faire preuve de « pragmatisme énergétique » dans un contexte de demande croissante en électricité.

Pour les partisans de ce retour, la démarche suisse témoigne d’un nécessaire pragmatisme. Selon le journal centre-gauche suisse Le Temps, rouvrir la porte au nucléaire est « une bonne décision de principe », qui pourrait permettre au pays de renforcer son indépendance énergétique. La même source insiste néanmoins sur le fait qu’il ne s’agit pas de revenir à une dépendance excessive envers le nucléaire, mais plutôt de maintenir cette énergie en tant qu’« option de repli. » La Neue Zürcher Zeitung souligne que ce pragmatisme s’explique par des circonstances « inimaginables il y a peu », avec des défis énergétiques exacerbés par le conflit ukrainien.

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Une opposition remontée

Si l’argument de l’indépendance énergétique trouve écho, la question nucléaire reste fortement controversée en Suisse. Le débat est décrit comme « émotionnel et clivant » par Romain Clivaz, éditorialiste au Temps. Ce dernier reconnaît le « courage politique » du gouvernement de réengager cette discussion. Cependant, les opposants estiment que cela constitue un retour en arrière dangereux. Mario Stäuble, du Tages-Anzeiger, parle même de « gâchis d’énergie politique », affirmant que les efforts du gouvernement seraient mieux employés dans le développement des énergies renouvelables, qui bénéficient d’un soutien populaire plus large.

Une option temporaire ou un tournant durable ?

Albert Rösti, qui défend cette révision législative, insiste sur la nécessité d’anticiper un avenir incertain : « on ne dit pas qu’il y aura une nouvelle centrale dans dix ans, mais il faut laisser la porte ouverte », déclarait-il en août dernier, rappelant que la dépendance au gaz, un temps envisagée pour pallier l’intermittence du renouvelable, est devenue « impensable » pour atteindre la neutralité carbone. Pour rappel, la moitié de l’électricité helvète provient des barrages et le tiers des trois centrales nucléaires (vieilles de plus de 50 ans).

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Les doutes sur la faisabilité

Malgré ces arguments, les obstacles restent nombreux. D’une part, construire une nouvelle centrale exigerait de lourds investissements, souvent risqués. De plus, les entreprises suisses se montrent réticentes à financer ces projets coûteux. Comme le rapporte la SRF, « aucun producteur d’électricité suisse n’envisage sérieusement de construire une nouvelle centrale ». L’énergie atomique ne représente pas une solution immédiate aux tensions actuelles sur le marché, alors que les besoins en énergie augmentent, portés par une population en croissance.

De surcroît, la question de la gestion des déchets radioactifs et de la sécurité des installations inquiète. « Il suffirait d’un accident ailleurs dans le monde pour relancer les oppositions au nucléaire », met en garde le Tages-Anzeiger.

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Google veut des mini réacteurs nucléaires pour alimenter ses datacenter

L’intelligence artificielle est en train de se transformer en véritable gouffre énergétique. Preuve de cette croissance massive, les acteurs majeurs du secteur se tournent, un à un, vers le nucléaire pour alimenter leurs centres de données dans les 10 prochaines années. Dernier exemple en date : Google, qui vient de s’associer avec la startup américaine Kairos Power. 

Face à la croissance estimée de l’intelligence artificielle, les géants du secteur cherchent sans relâche des solutions pour alimenter leurs futurs datacenter, et la réponse est souvent nucléaire. Cette fois, c’est au tour de Google d’annoncer un partenariat avec un acteur du secteur nucléaire, à savoir Kairos Power. La startup américaine travaille actuellement sur le développement d’un Small Modular Reactor (SMR), dont la taille réduite faciliterait une installation à proximité directe de futurs datacenter.

Chaque centrale développée par Kairos Power devrait être composée de deux réacteurs à sels fondus de 75 MWe de capacité. Si les détails financiers du contrat n’ont pas été dévoilés, il semblerait que celui-ci porte sur l’installation de 6 à 7 SMR, dont le premier pourrait être mis en service à partir de 2030.

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Le nucléaire destiné à décarboner le monde ou alimenter des centres de données ?

Les acteurs majeurs de la tech et du cloud computing misent énormément sur le nucléaire pour leurs installations. Si on parle aujourd’hui de Google, Microsoft vient d’en faire autant en signant un contrat permettant la remise en service du réacteur n° 1 de la centrale de Three Miles Island, tandis qu’Amazon s’apprête à installer un vaste data center de 960 MW au pied de la centrale Susquehanna Steam Electric Station.

Au train où vont les choses, il n’est pas impossible qu’une grande part de cette relance du nucléaire ne soit pas dédiée à la décarbonation des usages, mais plutôt à assouvir les besoins énergétiques de plus en plus gigantesques associés à l’intelligence artificielle. Selon une étude menée par Epoch AI, les capacités de calcul dédiés aux Large Language Models (LLM) comme GPT-4, LaMDA ou LLAMA, ont été multipliées par 4 à 5 par an depuis 2010. À ce sujet, l’Agence Internationale de l’Energie a indiqué qu’en 2026, les besoins en électricité de l’ensemble des data center dans le monde pourraient tout simplement doubler par rapport à 2022, et atteindre plus de 1000 TWh. C’est deux fois plus que la production électrique annuelle de la France !

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ASTRID, ce méga-projet de surgénérateur nucléaire abandonné par la France

Des siècles d’énergie bas-carbone dorment dans nos stocks d’uranium appauvris. Pourtant, la France a abandonné ASTRID, un projet de réacteur nucléaire surgénérateur qui aurait permis d’exploiter ce potentiel. Pourquoi ce choix surprenant ? Explorons les raisons derrière cet échec.

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de parler du projet avorté ASTRID, il est essentiel de comprendre le principe des réacteurs à neutrons rapides (RNR), et en particulier ceux classés comme « surgénérateurs ». Plongeons ensemble au cœur du fonctionnement de ces réacteurs.

Lorsqu’un noyau d’actinide (comme l’uranium ou le plutonium) subit une fission, les neutrons libérés sont très rapides, ce qui réduit leur chance de provoquer une nouvelle fission, et donc de maintenir une réaction en chaîne. Pour optimiser ce processus, deux approches sont possibles :

  • Ralentir les neutrons à l’aide d’un modérateur (comme de l’eau ou du graphite). Cela augmente les chances de fission, et donc le rendement. C’est le principe dit de “fission par neutrons thermiques” que l’on retrouve au sein des réacteurs traditionnels utilisés aujourd’hui (REP ou REB).
  • Ou encore ne pas utiliser de modérateur, comme c’est le cas dans les RNR. Bien que cela augmente la perte de neutrons hors du cœur, réduisant ainsi la probabilité de fission, cette absence de modérateur permet aux neutrons à haute énergie de fissurer des noyaux plus lourds. En récupérant ces neutrons, on peut ainsi « transmuter » des matériaux initialement non fissiles (mais fertiles) en combustibles fissiles. Cette capacité à « sur-générer » du combustible, tout en produisant de l’énergie, est ce qui donne son nom au surgénérateur.

    Transmutation de l’uranium 238 en plutonium 239 / Source : energyencyclopedia.com.

 

 

 

 

 

 

 

 

Parlons maintenant du projet nommé ASTRID, acronyme d’«Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration », un surgénérateur nucléaire, conçu pour représenter une nouvelle génération de réacteurs à neutrons rapides et refroidis au sodium (RNR-Na). Lancé en 2010, ce prototype de 600 MWe fait suite aux réacteurs expérimentaux Rapsodie, Phénix (250 MWe) et Superphénix (1 240 MWe) et vise à démontrer la faisabilité d’une exploitation industrielle de cette technologie qui apparaît comme très prometteuse.

Le projet ASTRID est piloté par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), avec la participation de plusieurs partenaires industriels majeurs. Parmi eux, on retrouve EDF, principal exploitant du parc nucléaire français, ainsi qu’Areva (devenue Orano), acteur clé de l’industrie du cycle du combustible nucléaire. ASTRID bénéficie également de collaborations internationales, notamment avec le Japon, qui a mené des efforts similaires avec le réacteur de Monju.

Pourquoi la France a-t-elle lancé le projet ASTRID ?

Dans les années 2000, la France est encore un leader mondial en matière de nucléaire civil, avec plus de 70 % de son électricité provenant de réacteurs nucléaires à eau pressurisée (REP). Toutefois, cette période est marquée par une montée des préoccupations environnementales et économiques, notamment concernant la gestion des déchets nucléaires et l’épuisement potentiel des ressources en uranium.

ASTRID est alors présenté comme le projet s’inscrivant, au-delà d’une perspective historique d’indépendance énergétique, dans un objectif de durabilité de la filière. Pour saisir l’ampleur de cette révolution, voici les trois évolutions majeures que ce projet pourrait apporter au secteur nucléaire.

➡️ Boucler le cycle du plutonium

L’un des principaux atouts des RNR est leur capacité à recycler de manière récurrente le plutonium. Actuellement, le plutonium provenant des combustibles usés est partiellement réutilisé sous forme de MOX (Mixed Oxide Fuel). Toutefois, après un cycle d’utilisation, sa composition évolue et le rend inutilisable pour les réacteurs classiques. Les RNR, en revanche, peuvent continuer à exploiter ce plutonium. En fermant ainsi la boucle du cycle du plutonium, ASTRID contribuerait à réduire la dépendance à l’extraction d’uranium.

Représentation d’un cycle de combustible fermé / Source : Clefs CEA, 2016.

 

 

 

 

 

 

 

➡️ Exploiter pleinement le potentiel de l’uranium

ASTRID en tant que réacteur de VIᵉ génération aurait également permis de produire 50 à 100 fois plus d’électricité qu’une centrale actuelle pour la même quantité d’uranium. Comment est-ce possible ? En extrayant jusqu’à 100 % du potentiel énergétique de l’uranium. En effet, il est essentiel de comprendre que l’uranium lorsqu’il est extrait du sol contient 2 isotopes : l’U238, en grande majorité (plus de 99 %), qui est non fissile par les réacteurs actuels et l’U235, isotope fissile, mais présent en très faible quantité. Or, comme vu précédemment, les surgénérateurs comme ASTRID ont la capacité de transformer l’U238 en plutonium (Pu239), exploitable pour produire de l’énergie. Cela aurait non seulement permis une production d’énergie bien plus élevée, mais également rendu possible l’exploitation des stocks d’U238 déjà disponibles en France, estimés à 250 000 tonnes. De quoi alimenter le parc nucléaire pendant des centaines de milliers d’années, le rêve.

Potentiel énergétique de l’uranium, lorsque ce dernier est utilisé par le parc actuel (à gauche) et multirecyclé avec le plutonium en RNR (à droite) / Source : A/EA, Red Book, édition 2014.

 

 

 

 

 

 

 

➡️ Réduire la quantité et la dangerosité des déchets nucléaires

Enfin, c’est une conséquence directe des révolutions citées plus tôt, l’un des objectifs majeurs d’ASTRID était de réduire de manière significative la quantité de déchets radioactifs générés par la filière nucléaire. Les RNR peuvent « brûler » une partie des déchets, notamment les actinides mineurs (américium, neptunium, curium…) problématiques en raison de leur longue durée de vie. Cela permettrait de limiter l’enfouissement en profondeur des déchets ultimes et de réduire l’empreinte écologique du nucléaire.

Mais alors, qu’a bien pu provoquer l’annulation d’un projet si prometteur ?

Les raisons de l’abandon du projet ASTRID

➡️ Sécurité accrue et innovations techniques

Avec les événements marquants tels que la catastrophe de Fukushima en 2011, les exigences de sûreté pour les réacteurs nucléaires ont été considérablement renforcées. Ainsi, pour se conformer aux nouvelles normes, le projet proposait plusieurs ruptures technologiques par rapport à ces prédécesseurs, telles qu’un cœur à faible coefficient de vidange et un récupérateur de cœur fondu, pour n’en citer que deux.

Ces innovations devaient permettre, comme on pouvait le lire dans la note de présentation du projet par le CEA, d’assurer : « Une sûreté améliorée, au moins identique à celle d’un réacteur de 3ᵉ génération de type EPR et prenant en compte les spécificités des réacteurs à neutrons rapides ». C’est précisément cette seconde partie qui va poser problème au cours du développement du projet.

➡️ Défis technologiques liés au sodium

L’un des plus grands défis technologiques auxquels ASTRID a dû faire face réside dans l’utilisation du sodium liquide comme fluide caloporteur. Le sodium présente des avantages indéniables : il permet un transfert de chaleur plus efficace que l’eau et n’absorbe presque pas les neutrons, ce qui est essentiel pour maintenir la réaction nucléaire.

Cependant, ses inconvénients sont nombreux et ont constitué un obstacle majeur à la poursuite du projet. Tout d’abord, le sodium est par nature très opaque, ce qui rend l’inspection visuelle des structures internes difficile, tandis que sa corrosivité impose de lourdes contraintes sur les tuyauteries, augmentant ainsi les risques de ruptures. Ensuite, le sodium tolère mal les mélanges avec d’autres substances. En contact avec l’eau, il réagit violemment, produisant de l’hydrogène inflammable et de la soude, comme l’a tristement illustré l’accident de Chevtchenko en URSS. Exposé à l’air, il peut également s’enflammer spontanément, un danger observé lors de l’incident de Monju au Japon en 1995. Enfin, après utilisation, le sodium devient lui-même radioactif, ce qui complique non seulement sa manipulation, mais aussi le démantèlement des installations.

Ainsi, en raison du caractère trop instable du sodium et malgré l’important retour d’expérience de la filière française, de nombreuses technologies soutenues par le projet n’ont pas atteint un niveau de maturité suffisant pour garantir une sûreté adéquate, rendant sa réalisation trop risquée.

Le site du surgénérateur Superphénix à Creys-Malville, en démantèlement / Image : Révolution Énergétique – HL.

➡️Retards et viabilité économique

Évidemment les problèmes ne viennent pas seuls. En réaction aux lacunes techniques, le projet prend du retard et ses prévisions initiales sont revues à la baisse. La date de mise en service du projet est reportée à 2025 et le réacteur voit sa puissance réduite à 200 MW, soit 3 fois moins que ce qui était prévu initialement.

En parallèle, la rentabilité du projet questionne. Tout d’abord, parce que son budget a été revu à la hausse (plus 2 milliards d’euros par rapport à l’hypothèse initiale) mais aussi, car les enjeux autour du recyclage de l’uranium s’avèrent moins pressants que prévu. En tout cas, c’est ce que déclare l’administrateur général du CEA pour justifier l’abandon du projet : « On le verra venir avec la construction de nouveaux réacteurs dans le monde. Nous aurons le temps de nous retourner », en référence au prix de l’uranium. La situation est claire, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Enfin, d’un point de vue économique…

➡️ Un contexte défavorable

Malheureusement pour ASTRID, déjà en difficulté, la filière nucléaire traverse une période particulièrement délicate à cette époque. En France, le discours politique autour du nucléaire a changé après la catastrophe de Fukushima en 2011 et sous l’influence croissante des mouvements environnementaux. Bien que le pays reste un acteur majeur du nucléaire, les préoccupations sur la sécurité et les déchets radioactifs ont renforcé le soutien populaire aux énergies renouvelables (ENR), considérées comme plus sûres et durables. À cela, s’ajoute une autre source d’inquiétude : la production de plutonium, destinée aux réacteurs civils, pourrait potentiellement être détournée à des fins militaires pour la fabrication d’armes nucléaires.

Au niveau européen, les quotas imposés par l’UE pour l’intégration des ENR ont poussé la France à adapter sa politique énergétique, accélérant la mise en place de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), qui exerce une pression supplémentaire sur la filière nucléaire. Enfin, à l’échelle mondiale, le ralentissement, voire l’abandon de projets similaires, comme le réacteur Monju au Japon, a également fragilisé la viabilité d’ASTRID.

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ASTRID, trop en avance sur son temps ?

Le projet ASTRID était destiné à transformer la filière nucléaire en proposant des solutions aux défis de gestion des ressources et des déchets nucléaires. Cependant, il semble que ce projet était peut-être trop en avance sur son temps sur le plan technologique et n’ait pas bénéficié du contexte adéquat, ce qui conduit finalement à son abandon par le CEA en 2019. De nombreux spécialistes continuent de considérer aujourd’hui cette décision comme une erreur historique, tant pour l’environnement que pour l’innovation technologique et l’indépendance énergétique de la France.

Dans le reste du Monde, la Chine et la Russie poursuivent leurs recherches sur les RNR de VIe génération avec leurs projets respectifs, le CEFR et le BN-1200. Qui sait, peut-être que le succès de nos voisins et un climat plus favorable finiront par nous relancer dans cette voie et qu’un projet ASTRID 2.0 verra le jour ?

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Ce royaume de l’uranium a voté pour la construction de sa première centrale nucléaire

On dit souvent que les cordonniers sont les plus mal chaussés, c’est également valable dans le nucléaire. Le Kazakhstan, premier producteur d’uranium au monde, n’avait jusqu’à présent aucune centrale nucléaire en service. Néanmoins, cette situation est sur le point de changer puisque le pays a dit oui au nucléaire lors d’un référendum portant sur la construction d’une centrale nucléaire. 

Annoncé depuis presque un an, le référendum sur le nucléaire a enfin eu lieu, au Kazakhstan, et le résultat est sans appel : les Kazakhstanais ont dit oui au nucléaire à près de 71 %. Il faut dire que le gouvernement a fait les choses en grande pour tenter de convaincre son peuple de l’intérieur d’une telle centrale. Outre une vaste campagne pronucléaire, le gouvernement a mis en place la gratuité des bus dans les grandes villes pour s’assurer un taux de participation élevé. Dans la même dynamique, il n’était pas nécessaire d’être inscrit sur les listes électorales pour participer à ce référendum. À l’inverse, une dizaine d’opposants à l’atome auraient été arrêtés par le régime du président Kassym-Jomart Tokaïev.

Dans le plus vaste pays intérieur au monde, le recours au nucléaire pourrait apparaître comme une évidence, puisque le pays est le premier producteur incontesté d’uranium. Mais l’ère soviétique y a laissé de profondes séquelles, par le biais de plus de 450 essais nucléaires entre 1949 et 1989. Ces essais auraient eu des répercussions sur près de 1,5 million d’habitants. Néanmoins, le pays est dans une situation délicate d’un point de vue énergétique, et les coupures de courant sont régulières. Pour renouveler son parc vieillissant de centrales thermiques, le gouvernement en place préfère le nucléaire aux énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole, malgré d’immenses réserves souterraines.

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Le russe Rosatom, en pôle position pour construire la centrale

La future centrale nucléaire du pays devrait être construite à Ülken, sur la côte ouest du lac Balkhach. Le village a d’ailleurs une longue histoire avec le nucléaire. En 1997 déjà, un projet de centrale avait été envisagé. Mais du fait d’une très forte opposition locale, le gouvernement de l’époque avait finalement changé son fusil d’épaule. Plus que jamais, Ülken reste l’option n° 1 du fait des besoins électriques importants de la région, et des importantes infrastructures électriques existantes.

Reste désormais à savoir qui sera chargé de la construction de la centrale. Si EDF compte bien tenter sa chance, la Russie et la Chine semblent être les mieux positionnées pour remporter la mise, sans compter la Corée du Sud. De son côté, le président Kassym-Jomart Tokaïev a déclaré vouloir un « consortium international composé d’entreprises dotées des technologies de pointe ». Affaire à suivre.

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De l’hydrogène nucléaire pour décarboner le transport maritime

La décarbonation des transports lourds, et en particulier du secteur maritime, donne du fil à retordre aux chercheurs du monde entier. En France, deux startups ont décidé d’unir leur force pour trouver une solution commune à base d’hydrogène liquide et de nucléaire. 

Utiliser le nucléaire pour produire de l’hydrogène vert : voici, en résumé, comment Energy Observer espère décarboner le transport maritime mondial. L’entreprise vient, en effet, de conclure un partenariat avec Naarea, une startup travaillant sur le développement d’un XAMR (Extra Small Advanced Modular Reactor), un réacteur à sels fondus destiné à faciliter la décarbonation de nombreuses applications industrielles.

Dans les faits, ce réacteur de 80 MWth et 40 MWe, dont les premières unités pourraient démarrer avant 2030, servirait à produire de l’hydrogène liquide. Ce dernier serait alors utilisé pour propulser EO2, un navire cargo de 160 mètres de long. D’une capacité de 1 100 conteneurs, ce navire serait ainsi équipé de piles à combustibles capables de transformer cet hydrogène liquide en électricité, pour une puissance totale de 4,8 MW. Selon Energy Observer, ce cargo pourrait parcourir près de 1800 milles nautiques avec une autonomie de 14 jours.

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Un partenariat 100 % français

Fondée en 2017 à Saint-Malo, la startup Energy Observer a pour vocation de participer à la décarbonation du secteur maritime grâce au recours à des énergies décarbonées. Pour mettre en avant l’intérêt technologique des énergies renouvelables dans le secteur maritime, le premier navire de la société, sobrement baptisé Energy Observer, a réalisé un tour du monde de plus de 7 ans, uniquement grâce à des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrolien), ainsi qu’à de l’hydrogène.

De son côté, la startup Naarea, crée en 2020, est spécialisée dans le développement de réacteurs nucléaires compacts. Elle s’inscrit dans la dynamique actuelle qui a replacé le nucléaire sur le devant de la scène avec le développement massif de nombreux projets de SMR. Grâce à sa technologie, la startup françilienne vise principalement à décarboner les applications d’industrie lourde. Preuve de cet attachement français, Naarea vient également de s’associer avec le CNRS et l’université de Paris-Saclay pour la mise en place d’un laboratoire commun sur la chimie des sels fondus, une technologie utilisée dans le réacteur de Naarea.

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Les futurs réacteurs nucléaires EPR2 de Gravelines risquent-ils vraiment la submersion ?

Dans son dernier rapport, Greenpeace France met en lumière la vulnérabilité des centrales nucléaires face à la montée des eaux, un risque accru par le dérèglement climatique. Un risque à tempérer selon une spécialiste et le lobby nucléaire.

Selon l’ONG Greenpeace, les centrales situées à proximité des côtes, soit environ 41 % du parc nucléaire mondial, sont particulièrement exposées au phénomène de submersion marine. En France, cinq sites sont concernés, dont celui de Gravelines, situé dans le Nord. Ce site, qui abrite déjà six réacteurs, devrait accueillir deux réacteurs EPR2 de nouvelle génération.

Greenpeace s’est appuyée sur les projections climatiques du GIEC, prévoyant une hausse de la température mondiale de 4 °C d’ici 2100, pour modéliser l’impact de la montée des eaux à Gravelines. Selon le rapport, le niveau de la mer pourrait s’élever de 0,63 à 1,01 mètre d’ici la fin du siècle, exposant ainsi l’ensemble du site à un risque de submersion lors des marées hautes couplées à une surcote centennale. Greenpeace souligne que cette menace reste sous-estimée, alors qu’elle s’accentuera avec l’aggravation des événements climatiques extrêmes.

L’ONG demande qu’EDF documente « comment elle a évalué la hauteur d’eau maximale possible dans le prochain siècle » et « démontrer qu’elle peut protéger la centrale contre cette hauteur d’eau maximale pendant toute la durée de vie de l’infrastructure ».

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Une élévation de la centrale contre la submersion marine

Les réacteurs seront bâtis sur une plateforme de 11 mètres de haut, avec une exploitation prévue à partir de 2040. Emmanuelle Galichet, chercheuse en physique nucléaire au Cnam, affirme auprès de Franceinfo qu’une « réévaluation de sûreté et une veille climatique » sont effectuées régulièrement, tous les dix ans, et les réacteurs pourront résister à une hausse des températures de 2 à 3 °C d’ici la fin du siècle.

La chercheuse insiste sur le fait que si des ajustements sont nécessaires, comme une surélévation de la plateforme, ils seront pris en compte lors des prochaines visites décennales des réacteurs.

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Des retours d’expérience et une robustesse de l’installation

La Société française d’énergie nucléaire (Sfen) se montre plus confiante quant à la résilience des centrales face aux risques climatiques. « En bord de mer du Nord, de Manche ou d’Atlantique, si une telle situation se produisait, elle ne serait d’ailleurs que temporaire, car elle suppose la conjonction d’une marée haute de très fort coefficient et d’une très violente dépression. » À la suite des Évaluations complémentaires de sûreté (ECS) réalisées après Fukushima, des investissements conséquents ont été réalisés entre 2020 et 2022 pour renforcer la protection contre les inondations et les événements climatiques extrêmes.

Par ailleurs, une source froide diversifiée, indépendante de la mer, a été mise en place pour garantir une redondance en cas de défaillance. EDF a également prévu des marges de sécurité importantes, avec des hypothèses climatiques allant jusqu’à un réchauffement de 8 °C, ce qui dépasse les scénarios les plus pessimistes.

La Sfen rappelle que les centrales nucléaires peuvent fonctionner en mode « îlotage » en cas de coupure du réseau, comme cela s’est produit lors de la tempête Ciaran en 2023. La centrale de Flamanville, isolée du réseau électrique, a réussi à maintenir son fonctionnement, illustrant la capacité des centrales à s’adapter à des situations extrêmes.

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Nucléaire : les plus grandes banques mondiales s’engagent à financer la filière

Plusieurs gouvernements se sont récemment engagés à augmenter leur production d’énergie nucléaire. Et aujourd’hui, ce sont les 14 plus grandes banques du monde qui annoncent leur intention de soutenir la filière.

Le Rockefeller Center. Un symbole de New York. Un symbole aussi de l’argent brassé par les géants du pétrole. Mais, alors que la semaine du climat vient tout juste d’être lancée dans la ville « qui ne dort jamais », 14 des plus grandes banques du monde, Bank of America, BNP Paribas, Goldman Sachs, Rothschild & Co, entre autres, s’y sont donné rendez-vous pour présenter un engagement sans précédent pour l’énergie nucléaire.

L’énergie nucléaire, de « mal nécessaire » à « véritable solution »

Jusqu’ici, les banques hésitaient à afficher leur soutien à l’énergie nucléaire. Une énergie jugée « très controversée ». Sûrement trop controversée. Mais l’accord signé par les États-Unis et 24 autres pays à la fin de la COP28, à Dubaï, en décembre 2023, a sans doute aidé à rebattre les cartes. Celui-ci vise en effet un triplement de la production nucléaire mondiale d’ici 2050. Et le tout nouvel investissement des banques dans cette énergie bas-carbone pourrait, selon les experts, la faire passer du statut de « mal nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique » à celui de « solution de choix ». D’autant que les industriels et les entreprises technologiques américaines semblent s’inquiéter de plus en plus de trouver des sources qui répondraient à leurs besoins 24/24 et 7/7. Ce qui n’est pas le cas des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien, en l’absence de système de stockage suffisamment dimensionné.

Il y a quelques mois, Microsoft avait déjà embauché un « directeur des ressources nucléaires ». Et les choses semblent vouloir s’accélérer dans le secteur. Ces derniers jours, Amazon a fait savoir qu’il recrutait un ingénieur nucléaire principal, pour évaluer l’opportunité de répondre à ses demandes croissantes en énergie grâce à des « centrales nucléaires modulaires (SMR) opérationnellement efficaces et sûres ».

Récemment, Microsoft, toujours, a annoncé un accord avec Constellation Energy pour relancer dès 2028 l’unité 1 de la centrale nucléaire de Three Mile Island (Pennsylvanie) mise à l’arrêt en 2019 pour des raisons économiques. Objectif : alimenter ses centres de données. Coût de l’investissement : 1,6 milliard de dollars. La demande d’autorisation officielle pour le redémarrage n’a pas encore été déposée à la Nuclear Regulatory Commission (NRC) qui se dit toutefois d’ores et déjà prête à des discussions.

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Plus de financements, plus facilement pour le nucléaire

Certains observateurs estiment que ce pourrait être là l’un des bénéfices collatéraux du nouvel engagement des plus grandes banques du monde en faveur de la filière nucléaire. Les institutions financières pourraient aussi apporter leur expérience internationale, leurs services et leurs solutions pour soutenir les industriels du nucléaire. De manière plus directe encore, les banques devraient choisir d’augmenter les prêts et le financement de projets, d’organiser des ventes d’obligations ou de présenter les entreprises à des fonds de capital-investissement ou de crédit.

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Centrale nucléaire sur la Lune : la Chine, l’Inde et la Russie lancent le projet

Une centrale nucléaire sur la Lune, vraiment ? L’annonce de tels projets a émaillé l’actualité de l’exploration spatiale au cours des dernières décennies. Il n’en reste pas moins que le concept repose sur des besoins bien identifiés pour tout concept base lunaire. Voici quelles en sont les raisons.

C’est en 2021 que la Chine et la Russie ont annoncé leur projet conjoint de construction d’une base habitée sur la Lune. Ce projet, baptisé International Lunar Research Station (ILRS), envisage une mise en service entre 2035 et 2045. De son côté, l’Inde capitalise sur la réussite de son atterrisseur lunaire Chandrayaan-3, qui s’est posé sur la Lune le 23 août 2023. Dans la foulée de ce succès, en effet, le Premier ministre indien Modi a annoncé son ambition de poser des astronautes sur notre satellite à l’horizon 2040.

L’Inde joue un jeu diplomatique équilibré entre les grandes puissances, nouant des partenariats notamment avec les États-Unis et la Chine, en fonction des opportunités. Il n’était donc qu’une question de temps avant qu’une grande collaboration de l’Inde avec l’un ou l’autre bloc apparaisse dans le paysage mondial. C’est aujourd’hui chose faite : c’est par le biais de Rosatom, le constructeur et opérateur de centrales nucléaires russe, qu’est annoncé le partenariat entre la Russie, la Chine et l’Inde pour la construction d’une centrale nucléaire sur la Lune, dans le cadre du projet de base lunaire ILRS.

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Le mix électrique sur la Lune est une affaire corsée

Les enjeux du mix électrique sur la Lune présentent certaines similitudes avec ceux du mix électrique sur Terre. Pour là-haut aussi, le débat fait rage : nucléaire ou photovoltaïque ? Les conditions d’ensoleillement de jour sont très favorables sur la Lune, car il n’y a pas là-haut d’atmosphère, et donc de perturbation d’ordre météorologique. En revanche, la nuit y dure 14 jours, c’est-à-dire la moitié du temps qu’il faut à la Lune pour faire le tour de la Terre – on parle en l’occurrence de rotation synchrone de sa rotation sur elle-même et de sa rotation autour de la Terre.

Dans le cas d’un approvisionnement solaire, cela rend plus ardu encore la continuité de l’approvisionnement électrique pendant les deux semaines de nuit, exigeant d’énormes systèmes de stockage de l’électricité, par exemple, par batterie ou par volants d’inertie. Pour le projet de base lunaire ILRS, qui réunit la Russie, la Chine, et l’Inde, il semble donc que ce soit l’énergie nucléaire qui ait été choisie. Peu de détails ont encore filtré sur sa conception ; nous savons pour le moment que la puissance de la centrale nucléaire serait de l’ordre de 500 kW, ce qui correspondrait donc à un très petit réacteur.

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Pourquoi Microsoft va acheter la totalité de la production de ce réacteur nucléaire ?

Pour alimenter ses activités liées à l’intelligence artificielle, le mastodonte de l’informatique vient de s’approprier la future production électrique du réacteur n° 1 de la centrale Three Mile Island, arrêté en 2019 pour des raisons économiques.

Depuis quelques mois, une rumeur circulait sur la possible remise en service du réacteur n° 1 de la tristement célèbre centrale de Three Mile Island, où s’est produit le plus grave accident nucléaire de l’histoire des États-Unis en 1979. Un de ses réacteurs de 802 mégawatts électriques (MWe), non concerné par l’accident, avait été arrêté en 2019 pour des raisons économiques. Mais depuis, le monde a bien changé et le nucléaire est revenu sur le devant de la scène.

Désormais, nous savons que c’est Microsoft qui devrait acheter l’intégralité de la production électrique du réacteur, auprès de l’entreprise Constellation Energy, par le biais d’un contrat d’achat de gré à gré. Le géant de l’informatique y voit une source d’énergie décarbonée idéale pour ses projets liés à l’intelligence artificielle. Pour parvenir au redémarrage de la centrale, la route reste encore longue. Le projet de relance, appelé Crane Clean Energy Center devrait mobiliser pas moins de 3 400 personnes. Si tout se passe bien, le réacteur produira de nouveau de l’énergie à partir de 2028, et pour au moins 20 ans.

Avec ce redémarrage, la Pennsylvanie va pouvoir se frotter les mains puisqu’elle devrait toucher 3 milliards de dollars d’impôts supplémentaires par an, et son PIB devrait augmenter de 16 milliards de dollars.

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L’intelligence artificielle, élément déclencheur de la relance du nucléaire ?

Et si le nucléaire devait son retour en grâce à l’intelligence artificielle ? C’est en tout cas ce que pense Joe Dominguez, le CEO de Constellation Energy. Selon lui, c’est la combinaison de l’électrification des usages et du développement de l’intelligence artificielle qui ont contribué à remettre le nucléaire au premier plan. Et pour cause, cette technologie qui « est là pour rester » nécessite de très grandes quantités d’énergie. Toujours selon lui, ces besoins énergétiques ne pourront reposer uniquement sur des énergies renouvelables intermittentes.

Le contrat signé entre Constellation Energy et Microsoft témoigne de l’enjeu que constitue l’accès à ces grandes quantités d’énergies décarbonées. En effet, selon Jefferies, l’accord-cadre signé entre Constellation et Microsoft prévoirait un prix compris entre 110 et 115 dollars par MWh d’électricité, alors que le marché actuel de l’électricité pour ce type de contrat se situe plutôt aux alentours de 100 $/MWh. Une prime élevée, qui devrait permettre à Microsoft de sécuriser son approvisionnement en électricité.

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Stockage profond des déchets nucléaires : un premier test réussi en Finlande

Une étape importante vient d’être franchie pour le stockage géologique des déchets nucléaires en Finlande. Un conteneur de combustibles usés d’essai a été transféré sur le site d’Onkalo avec succès.

En Finlande, l’île d’Olkiluoto est connue pour deux choses. D’abord parce qu’elle abrite le plus puissant réacteur nucléaire d’Europe. L’EPR Olkiluoto 3 mis en service en mai 2023. D’une puissance de 1 600 mégawatts électrique (MWe). Ensuite parce qu’à plus de 400 mètres de profondeur, l’île cache un site d’enfouissement des déchets nucléaires de haute activité. De son petit nom, Onkalo – pour « caverne », en finlandais.

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Un premier conteneur de combustible nucléaire usé transféré avec succès

Sur place, cela fait maintenant plusieurs années que les travaux ont débuté. Et la société finlandaise de gestion des déchets nucléaires Posiva vient tout juste d’annoncer que la première phase des essais, celle de la mise en place de conteneurs de stockage dans le dépôt de combustible nucléaire usé d’Onkalo, a été achevée avec succès. L’opération visait à transporter un conteneur d’essai – vides de tout combustible nucléaire – de leur site de stockage provisoire du côté de la centrale nucléaire voisine jusqu’à l’usine d’encapsulage de Posiva. Le tout, encadré de personnels de sécurité et à pas plus de 5 km/h. Une fois le site de stockage en fonctionnement, ce type de transfert aura lieu toutes les quelques semaines. Avec pour ambition d’enfouir là tout le combustible usé par les cinq réacteurs nucléaires finlandais. L’équivalent de 6 500 tonnes d’uranium.

Le succès de ce premier essai intervient alors que l’instruction de la demande d’exploitation jusqu’en 2070 est toujours en cours. L’Autorité finlandaise de radioprotection et de sûreté nucléaire (STUK) devrait se prononcer fin 2024. En attendant, les essais vont se poursuivre pendant plusieurs mois sur le site d’Onkalo avec, prochainement, la mise à l’épreuve de l’étape de remplissage et de fermeture des capsules.

Des précautions à prendre pour le stockage des déchets nucléaires à vie longue

Au cours des opérations d’essai planifiées par Posiva, 4 conteneurs – des capsules en fonte enfermées dans des capsules en cuivre -, hermétiquement clos seront placés dans des trous de dépôt de 8 mètres de profondeur creusés le long d’un tunnel de stockage de 70 mètres de long. Chaque tunnel de stockage compte entre 30 et 40 trous de dépôt. Pour un total de quelque 3 250 trous. L’idée, c’est qu’une fois tous les trous d’un tunnel remplis d’un conteneur de déchets radioactifs et fermés avec de l’argile bentonite, ledit tunnel soit remblayé, lui aussi avec de l’argile. Puis scellé d’un bouchon en béton.

Même s’il restera toujours des questions en suspens, stocker les déchets nucléaires à vie longue dans une formation géologique profonde, c’est aujourd’hui la solution privilégiée par les spécialistes de la question. La France travaille d’ailleurs à la construction de son propre site de stockage Cigéo. La Suède a également fait ce choix. Et selon Posiva, le dispositif d’Onkalo est conçu pour résister à tous les changements qui pourraient intervenir autour de l’île d’Olkiluoto sur les 250 000 années à venir. Car c’est le temps qu’il faudra pour que la radioactivité des déchets nucléaires qui seront enfouis là retombe à un niveau naturel. Pour se faire une idée, il y a 250 000 ans, Homo sapiens venait juste de faire son apparition en Afrique…

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Énergies renouvelables : la France se fait encore taper sur les doigts par l’Union Européenne

Il n’y a toujours pas de terrain d’entente entre l’Union européenne (UE) et la France, concernant la stratégie de décarbonation du mix énergétique. Tandis que la France veut faire valoir sa stratégie de décarbonation incluant le nucléaire, l’UE, elle, ne jure que pas les énergies renouvelables, créant des tensions entre les deux. 

À l’occasion de la présentation d’un rapport annuel sur le déploiement des énergies renouvelables en Europe, la commissaire européenne à l’énergie, Kadri Simson, a une nouvelle fois rappelé que la France n’avait pas encore rempli ses objectifs pour espérer atteindre les 42,5 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030. Et pour cause, la France, qui s’était fixée, en 2009, un objectif de 23 % d’énergies renouvelables d’ici à 2020 ne l’a toujours pas etteint 4 ans après.

À l’inverse, Kadri Simson a mis en avant plusieurs pays faisant figure de bons élèves dans la transition énergétique, comme la Suède (66 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique), la Finlande (47,9 %) ou encore la Lettonie (43,3 %). « Certains membres dont la France n’ont pas encore rempli les objectifs. La Commission continue de dialoguer avec les autorités françaises afin de combler ce retard et que la France respecte ses engagements » a déclaré la commissaire.

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Au coeur du débat, la différence entre énergie renouvelable et énergie décarbonée

Cette querelle entre l’Union européenne et la France n’est pas nouvelle, l’UE a rappelé plusieurs fois à la France qu’elle était tenue de respecter ses engagements en matière d’énergies renouvelables. Mais voilà : la France a changé son fusil d’épaule depuis 2009, et vise la décarbonation grâce au nucléaire, plutôt que le recours exclusif aux énergies renouvelables. D’ailleurs, c’est ce moyen de production d’énergie qui permet à l’hexagone d’avoir l’un des plus faibles impacts carbone de l’Europe.

Pour témoigner de ses ambitions, la France a remis à Bruxelles, en juillet derrière, son plan national intégré énergie-climat (PNIEC), dans lequel elle dévoile sa stratégie pour atteindre ses objectifs à l’horizon 2030. Dans ces 300 pages, la France explique viser une réduction de 30 % de sa consommation énergétique finale, et précise vouloir atteindre 58 % d’énergie décarbonée en 2030, et 71 % en 2035. Malgré ces arguments, l’Europe reste insensible, et continue de prôner le déploiement des énergies renouvelables sans tenir compte des autres moyens de décarbonation. Un surprenant aveuglement, d’autant que le taux de déploiement d’énergies renouvelables n’est pas nécessairement corrélé à un faible niveau d’émission de CO2. L’Allemagne en est un exemple : avec 59 % de production électrique renouvelable en 2023, son intensité carbone s’est élevée à 400 g eq.CO2/kWh. À l’inverse, la France, avec un taux de production d’origine renouvelables de 28 %, revendiquait 58 g eq.CO2/kWh.

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