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Produire de l’hydrogène vert moins cher que l’hydrogène fossile : ce pays y est arrivé

En Inde, l’hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables, devient moins cher que l’hydrogène dit « gris », fabriqué à partir de ressources fossiles. Plusieurs mécanismes permettent de l’expliquer.

Hygenco Green Energies Pvt Ltd. l’affirme : son hydrogène vert peut désormais être moins cher que l’hydrogène gris produit en Inde. Et c’est une excellente nouvelle pour soutenir les efforts de décarbonation d’un pays en pleine croissance et dont la demande énergétique ne cesse d’augmenter. Rappelons qu’Hygenco avait été à l’origine de la première centrale à hydrogène 100 % vert en Inde. Le projet « Heartland » avait été mis en service en mars 2022. Une centrale alimentée par 75 mégawatts (MW) de panneaux solaires photovoltaïques et 200 MW d’éoliennes.

Les différentes « couleurs » de l’hydrogène selon son mode de production / Infographie : Révolution Énergétique.

La hausse des prix du gaz fossile et des contrats à long terme

Pour proposer un hydrogène vert — celui qui est fabriqué à partir d’une énergie renouvelable — moins cher que l’hydrogène gris — que l’on produit à partir notamment de gaz fossile —, Hygenco profite d’abord d’une situation conjoncturelle favorable. La guerre en Ukraine a fait grimper les prix du gaz. Et comme l’Inde importe le gaz fossile dont elle a besoin pour produire de l’hydrogène, les coûts de fabrication de l’hydrogène gris ont également augmenté dans le pays. Ils varient désormais entre 2,7 et 4 dollars par kilogramme.

Si Hygenco est aujourd’hui en mesure de proposer des prix compétitifs pour son hydrogène vert, c’est aussi parce que la société propose des contrats à long terme qui permettent de stabiliser les prix. Le projet « Steel One » est de ceux-là. Une centrale solaire flottante, un électrolyseur et un contrat à prix fixe sur 20 ans pour une production qui devrait aller jusqu’à 250 tonnes d’hydrogène vert par an. Un hydrogène vert destiné à décarboner la fabrication d’acier de Jindal Stainless.

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Les prix de l’hydrogène vert tirés vers le bas par l’innovation

Mais pour proposer des tarifs si compétitifs, Hygenco a aussi travaillé sur l’efficacité de sa production. Son objectif est de ramener le prix de l’hydrogène vert à pas plus de 1 à 2 dollars le kilo. Comment ? Grâce à des technologies de pointe. Des électrolyseurs — ceux avec lesquels on produit l’hydrogène vert — sans cesse améliorés. Mais aussi l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (AI) et l’apprentissage automatique qui permettent de maximiser les rendements en temps réel. Ils permettent aussi d’optimiser productions d’énergies renouvelables et consommations. Le système a montré son efficacité dès le projet « Heartland ».

D’autres, comme Reliance Industries (RIL), Adani Group, Avaada Group ou encore Thermax, sont engagés sur la même voie. Une concurrence qui devrait encore favoriser un peu plus les innovations et les gains d’efficacité. Pour faire baisser encore les prix de l’hydrogène vert en Inde sans pour autant porter atteinte à la rentabilité de ceux qui en produisent.

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Le gouvernement joue lui aussi son rôle en la matière. Il a fixé un objectif de prix et de production pour l’hydrogène vert dans le pays d’ici 2030 de 1,50 dollar le kilo et 5 millions de tonnes. Pour y arriver, plusieurs incitations ont été mises en place comme la réduction des droits d’importation sur les machines nécessaires à la production. Mais des défis subsistent. L’investissement initial, notamment, reste élevé.

Hygenco prévoit de produire 75 000 tonnes d’hydrogène vert par an dès 2026 et d’investir quelque 2,5 milliards de dollars sur 3 ans pour développer ses projets dans tout le pays. D’ores et déjà, le spécialiste de la production d’hydrogène vert vient de lancer un appel d’offres pour quelque 1 125 mégawatts (MW) d’énergie renouvelable — 625 MW de solaire photovoltaïque et 500 MW d’éolien — destinés à alimenter une production d’ammoniac vert. Objectif : en produire 1,1 million de tonnes d’ici 2030. C’est Tata Steel, une entreprise indienne spécialisée dans la sidérurgie, qui en profitera.

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De l’hydrogène nucléaire pour décarboner le transport maritime

La décarbonation des transports lourds, et en particulier du secteur maritime, donne du fil à retordre aux chercheurs du monde entier. En France, deux startups ont décidé d’unir leur force pour trouver une solution commune à base d’hydrogène liquide et de nucléaire. 

Utiliser le nucléaire pour produire de l’hydrogène vert : voici, en résumé, comment Energy Observer espère décarboner le transport maritime mondial. L’entreprise vient, en effet, de conclure un partenariat avec Naarea, une startup travaillant sur le développement d’un XAMR (Extra Small Advanced Modular Reactor), un réacteur à sels fondus destiné à faciliter la décarbonation de nombreuses applications industrielles.

Dans les faits, ce réacteur de 80 MWth et 40 MWe, dont les premières unités pourraient démarrer avant 2030, servirait à produire de l’hydrogène liquide. Ce dernier serait alors utilisé pour propulser EO2, un navire cargo de 160 mètres de long. D’une capacité de 1 100 conteneurs, ce navire serait ainsi équipé de piles à combustibles capables de transformer cet hydrogène liquide en électricité, pour une puissance totale de 4,8 MW. Selon Energy Observer, ce cargo pourrait parcourir près de 1800 milles nautiques avec une autonomie de 14 jours.

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Un partenariat 100 % français

Fondée en 2017 à Saint-Malo, la startup Energy Observer a pour vocation de participer à la décarbonation du secteur maritime grâce au recours à des énergies décarbonées. Pour mettre en avant l’intérêt technologique des énergies renouvelables dans le secteur maritime, le premier navire de la société, sobrement baptisé Energy Observer, a réalisé un tour du monde de plus de 7 ans, uniquement grâce à des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrolien), ainsi qu’à de l’hydrogène.

De son côté, la startup Naarea, crée en 2020, est spécialisée dans le développement de réacteurs nucléaires compacts. Elle s’inscrit dans la dynamique actuelle qui a replacé le nucléaire sur le devant de la scène avec le développement massif de nombreux projets de SMR. Grâce à sa technologie, la startup françilienne vise principalement à décarboner les applications d’industrie lourde. Preuve de cet attachement français, Naarea vient également de s’associer avec le CNRS et l’université de Paris-Saclay pour la mise en place d’un laboratoire commun sur la chimie des sels fondus, une technologie utilisée dans le réacteur de Naarea.

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Pourquoi il n’y aura finalement pas de pipeline à hydrogène entre la Norvège et l’Allemagne

Le projet avait été annoncé en fanfare il y a presque deux ans. Mais les parties prenantes viennent de faire machine arrière.La compagnie pétrolière norvégienne Equinor juge la construction d’un pipeline à hydrogène pour rallier l’Allemagne trop risquée financièrement.

En janvier 2023, les gouvernements norvégien et allemand avaient annoncé leur ambition de construire un pipeline entre leurs deux pays pour convoyer de l’hydrogène du nord vers le sud. Un projet de plusieurs milliards d’euros. Une première mondiale portée par la compagnie pétrolière norvégienne Equinor et l’électricien allemand RWE. Tous les deux viennent d’annoncer leur décision d’abandonner le projet. « Le pipeline à hydrogène ne s’est pas avéré viable. Cela implique que les plans de production d’hydrogène sont également mis de côté », a déclaré un porte-parole d’Equinor.

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Un pipeline et une production d’hydrogène bleu qui tombent à l’eau

Rappelons que le projet comportait plusieurs parties. La construction d’un pipeline, d’abord. Pour un coût de 3 milliards d’euros. Il devait, en premier lieu, servir à transporter du gaz fossile de Norvège en Allemagne. Puis, le pipeline devait servir à envoyer jusqu’à 10 gigawatts (GW) d’hydrogène bleu vers l’Allemagne chaque année. Finalement, l’objectif était d’en arriver à transporter de l’hydrogène vert.

Une autre partie du projet consistait en la mise en œuvre d’une production d’hydrogène bleu du côté de la Norvège. L’hydrogène bleu, c’est celui que l’on peut produire à partir de gaz fossile. Mais pour lequel on est contraint de capter et de stocker les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Des opérations qui coûtent encore très cher aujourd’hui. Et le pétrolier norvégien n’a pas souhaité, « par manque de demande et sans accord à long terme » investir les « dizaines de milliards d’euros » estimés nécessaires à lancer la production dans son pays de cet hydrogène bleu.

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Produire de l’hydrogène bleu en Europe

La partie du projet visant à construire 3 GW de centrales électriques au gaz « hydrogen ready » — comprenez, « prêtes pour l’hydrogène » — en Allemagne d’ici 2030 reste quant à elle d’actualité. L’hydrogène en question n’arrivera toutefois pas de Norvège. Il devra être produit sur le continent européen. Le ministère des Affaires économiques et de l’action climatique allemand assure d’ailleurs qu’il existe déjà un projet visant à convertir le gaz fossile norvégien en hydrogène bleu aux Pays-Bas. Le CO2 capté serait alors renvoyé vers la Norvège pour y être stocké. Problème : il n’existe pour l’heure pas de gazoduc direct entre les deux pays…

Notons pour conclure qu’Equinor s’est engagé dans d’autres projets de ce type. Avec le Royaume-Uni par exemple. Et… les Pays-Bas. Des projets-là se poursuivront-ils ?

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