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☕️ US : les réseaux sociaux utilisés pour tenter de déjouer les expulsions de Trump

« Ice cream truck in NYC » (« camion de glace à New-york ») : par ce jeu de mot relevant de l’algospeak (langage inventé pour contourner la modération des plateformes), une internaute états-unienne signale à ses followers avoir repéré des agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE).

Comme de nombreux autres usagers de TikTok, Reddit, YouTube ou X, elle participe à l’effort collectif renforcé ces dernières semaines pour éviter à toute personne immigrée, légalement ou non, les déportations ordonnées par Donald Trump et quelquefois menées en dehors des cadres légaux.

Si le phénomène n’est pas neuf, le Washington Post relève une multiplication par cinq des discussions relatives à l’ICE sur X, Reddit et YouTube depuis début mars.

De nombreuses fausses informations se glissent parmi les alertes. Des soutiens de la démarche de déportation promue par Trump ont aussi mis à mal certains réseaux d’alertes – le compte Instagram Libs of Reddit a par exemple publié le nom, le visage et l’adresse du modérateur de r/LaMigra, un subreddit dédié au partage d’informations sur la localisation des agents de l’ICE.

Cela n’a pas empêché les efforts de suivi des agents de se multiplier en ligne, prenant quelquefois la forme de cartographies collectives, comme dans le cas de People over Papers. Si le projet est devenu viral sur TikTok, explique sa créatrice au quotidien états-unien, « c’est parce qu’il répond à un réel besoin ».

Elle aussi a été visée par des violences numériques : le 14 février, le compte très suivi Libs of TikTok a partagé son nom et son handle à son public, déclarant qu’elle aidait des criminels à échapper aux forces de l’ordre.

☕️ US : les réseaux sociaux utilisés pour tenter de déjouer les expulsions de Trump

« Ice cream truck in NYC » (« camion de glace à New-york ») : par ce jeu de mot relevant de l’algospeak (langage inventé pour contourner la modération des plateformes), une internaute états-unienne signale à ses followers avoir repéré des agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE).

Comme de nombreux autres usagers de TikTok, Reddit, YouTube ou X, elle participe à l’effort collectif renforcé ces dernières semaines pour éviter à toute personne immigrée, légalement ou non, les déportations ordonnées par Donald Trump et quelquefois menées en dehors des cadres légaux.

Si le phénomène n’est pas neuf, le Washington Post relève une multiplication par cinq des discussions relatives à l’ICE sur X, Reddit et YouTube depuis début mars.

De nombreuses fausses informations se glissent parmi les alertes. Des soutiens de la démarche de déportation promue par Trump ont aussi mis à mal certains réseaux d’alertes – le compte Instagram Libs of Reddit a par exemple publié le nom, le visage et l’adresse du modérateur de r/LaMigra, un subreddit dédié au partage d’informations sur la localisation des agents de l’ICE.

Cela n’a pas empêché les efforts de suivi des agents de se multiplier en ligne, prenant quelquefois la forme de cartographies collectives, comme dans le cas de People over Papers. Si le projet est devenu viral sur TikTok, explique sa créatrice au quotidien états-unien, « c’est parce qu’il répond à un réel besoin ».

Elle aussi a été visée par des violences numériques : le 14 février, le compte très suivi Libs of TikTok a partagé son nom et son handle à son public, déclarant qu’elle aidait des criminels à échapper aux forces de l’ordre.

La suspension de TikTok en Nouvelle-Calédonie jugée illégale, mais pas impossible

Democracy
La suspension de TikTok en Nouvelle-Calédonie jugée illégale, mais pas impossible

Le Conseil d’État déclare illégal le blocage de TikTok imposé à la Calédonie en mai 2024. Il précise les conditions dans lesquelles une telle suspension pourrait être légale.

En pleines émeutes de contestation du projet gouvernemental de dégel électoral, en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence et suspendu l’accès à TikTok. À partir du 15 mai 2024 à 20 heures et pendant deux semaines, le réseau social n’était plus accessible depuis la collectivité d’outre-mer.

La Quadrature du Net, la Ligue des droits de l’homme, ainsi que des particuliers avaient rapidement attaqué la décision de blocage en justice, le qualifiant de « coup inédit et particulièrement grave à la liberté d’expression en ligne ». Ce 1ᵉʳ avril, le Conseil d’État a rendu sa décision, dans laquelle il annule le blocage de TikTok.

Il souligne notamment que l’autorité administrative ne peut normalement interrompre un tel service « que si la loi le prévoit compte tenu des atteintes qu’une telle mesure porte aux droits et libertés (notamment liberté d’expression, libre communication des pensées et des opinions, droit à la vie privée et familiale, liberté du commerce et de l’industrie). »

Trois conditions à la suspension

Au passage, l’institution précise les conditions dans lesquelles un Premier ministre pourrait légalement interrompre « provisoirement » l’accès à un réseau social, « même si la loi ne le prévoit pas ». Ces conditions sont au nombre de trois.

La suspension peut être décidée « si la survenue de circonstances exceptionnelles la rend indispensable ». Elle ne peut l’être « qu’à titre provisoire », à condition « qu’aucun moyen technique ne permette de prendre immédiatement des mesures alternatives moins attentatoires aux droits et libertés que l’interruption totale du service pour l’ensemble de ses utilisateurs ». Enfin, cette suspension ne peut être mise en œuvre que « pour une durée n’excédant pas celle requise pour rechercher et mettre en œuvre ces mesures alternatives ».

Durée indéterminée

En l’occurrence, si le Conseil d’État admet que la situation en Nouvelle-Calédonie relevait bien des « circonstances exceptionnelles », dans la mesure où les émeutes ont entraîné des décès et des atteintes aux personnes et aux biens « d’une particulière gravité », il souligne que la suspension de TikTok décidée par le Premier ministre d’alors, Gabriel Attal, l’a été sans indication de durée, et « sans subordonner son maintien à l’impossibilité de mettre en œuvre des mesures alternatives ».

Le Conseil d’État juge ce blocage illégal, car ayant porté « une atteinte disproportionnée aux droits et libertés invoqués par les requérants ».

La suspension de TikTok en Nouvelle-Calédonie jugée illégale, mais pas impossible

Democracy
La suspension de TikTok en Nouvelle-Calédonie jugée illégale, mais pas impossible

Le Conseil d’État déclare illégal le blocage de TikTok imposé à la Calédonie en mai 2024. Il précise les conditions dans lesquelles une telle suspension pourrait être légale.

En pleines émeutes de contestation du projet gouvernemental de dégel électoral, en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence et suspendu l’accès à TikTok. À partir du 15 mai 2024 à 20 heures et pendant deux semaines, le réseau social n’était plus accessible depuis la collectivité d’outre-mer.

La Quadrature du Net, la Ligue des droits de l’homme, ainsi que des particuliers avaient rapidement attaqué la décision de blocage en justice, le qualifiant de « coup inédit et particulièrement grave à la liberté d’expression en ligne ». Ce 1ᵉʳ avril, le Conseil d’État a rendu sa décision, dans laquelle il annule le blocage de TikTok.

Il souligne notamment que l’autorité administrative ne peut normalement interrompre un tel service « que si la loi le prévoit compte tenu des atteintes qu’une telle mesure porte aux droits et libertés (notamment liberté d’expression, libre communication des pensées et des opinions, droit à la vie privée et familiale, liberté du commerce et de l’industrie). »

Trois conditions à la suspension

Au passage, l’institution précise les conditions dans lesquelles un Premier ministre pourrait légalement interrompre « provisoirement » l’accès à un réseau social, « même si la loi ne le prévoit pas ». Ces conditions sont au nombre de trois.

La suspension peut être décidée « si la survenue de circonstances exceptionnelles la rend indispensable ». Elle ne peut l’être « qu’à titre provisoire », à condition « qu’aucun moyen technique ne permette de prendre immédiatement des mesures alternatives moins attentatoires aux droits et libertés que l’interruption totale du service pour l’ensemble de ses utilisateurs ». Enfin, cette suspension ne peut être mise en œuvre que « pour une durée n’excédant pas celle requise pour rechercher et mettre en œuvre ces mesures alternatives ».

Durée indéterminée

En l’occurrence, si le Conseil d’État admet que la situation en Nouvelle-Calédonie relevait bien des « circonstances exceptionnelles », dans la mesure où les émeutes ont entraîné des décès et des atteintes aux personnes et aux biens « d’une particulière gravité », il souligne que la suspension de TikTok décidée par le Premier ministre d’alors, Gabriel Attal, l’a été sans indication de durée, et « sans subordonner son maintien à l’impossibilité de mettre en œuvre des mesures alternatives ».

Le Conseil d’État juge ce blocage illégal, car ayant porté « une atteinte disproportionnée aux droits et libertés invoqués par les requérants ».

☕️ Derrière la viralité d’une fausse vidéo du Figaro, une possible évolution de l’opération Matriochka

Diffusée le 20 mars, une fausse vidéo du Figaro a rencontré un écho inédit sur les réseaux X et TikTok. Alors qu’Emmanuel Macron et Vladimir Poutine s’opposent, la vidéo affirme que « 71 % des Français sont convaincus que leur vie serait meilleure si le président français était Poutine ».

Le logo, la charte éditoriale… la vidéo est en tout point similaire à une production du Figaro, mais tout est faux, comme le soulignera le journaliste en charge des réseaux sociaux du Figaro Jean-Baptiste Semerdjian.

Matriochka version Flock

Copier des médias installés pour diffuser de la désinformation, le modus operandi est typique de l’opération Matriochka, qui sévit depuis un an et demi dans l’espace informationnel français.

Mais le projet d’opposants russes Bot Blocker (@antibot4navalny / @antibot4navalny.bsky.social), qui œuvre régulièrement à documenter ces opérations, relève ici une spécificité : la réponse d’un internaute réel, trompé par la vidéo, est rapidement devenue plus virale que la publication initiale du faux.

En effet, « pour la première fois, la réponse d’un utilisateur en tant que telle a été amplifiée par les robots Matrioshka, alors qu’auparavant, ils se concentraient exclusivement sur les faux visuels qu’ils créaient eux-mêmes », indique @antibot4navalny.

En pratique, les bots liés aux comptes pilotant l’opération sont allés démultiplier l’audience de publication d’internautes légitimes sur Telegram, TikTok et Twitter, pour augmenter la portée de leurs réactions, entrainant à leur suite d’autres internautes légitimes.

☕️ Derrière la viralité d’une fausse vidéo du Figaro, une possible évolution de l’opération Matriochka

Diffusée le 20 mars, une fausse vidéo du Figaro a rencontré un écho inédit sur les réseaux X et TikTok. Alors qu’Emmanuel Macron et Vladimir Poutine s’opposent, la vidéo affirme que « 71 % des Français sont convaincus que leur vie serait meilleure si le président français était Poutine ».

Le logo, la charte éditoriale… la vidéo est en tout point similaire à une production du Figaro, mais tout est faux, comme le soulignera le journaliste en charge des réseaux sociaux du Figaro Jean-Baptiste Semerdjian.

Matriochka version Flock

Copier des médias installés pour diffuser de la désinformation, le modus operandi est typique de l’opération Matriochka, qui sévit depuis un an et demi dans l’espace informationnel français.

Mais le projet d’opposants russes Bot Blocker (@antibot4navalny / @antibot4navalny.bsky.social), qui œuvre régulièrement à documenter ces opérations, relève ici une spécificité : la réponse d’un internaute réel, trompé par la vidéo, est rapidement devenue plus virale que la publication initiale du faux.

En effet, « pour la première fois, la réponse d’un utilisateur en tant que telle a été amplifiée par les robots Matrioshka, alors qu’auparavant, ils se concentraient exclusivement sur les faux visuels qu’ils créaient eux-mêmes », indique @antibot4navalny.

En pratique, les bots liés aux comptes pilotant l’opération sont allés démultiplier l’audience de publication d’internautes légitimes sur Telegram, TikTok et Twitter, pour augmenter la portée de leurs réactions, entrainant à leur suite d’autres internautes légitimes.

US : le DOGE veut migrer le code de la Sécurité sociale en urgence. Il est écrit en COBOL.

Mainframe
US : le DOGE veut migrer le code de la Sécurité sociale en urgence. Il est écrit en COBOL.

Le DOGE veut migrer les systèmes de la Sécurité sociale des États-Unis en quelques mois. Ces derniers sont codés en COBOL, un langage ancien et désormais peu programmé, mais réputé pour sa robustesse.

Le « département de l’efficacité gouvernementale » des États-Unis (DOGE) est en train de constituer une équipe pour migrer l’intégralité des systèmes de la Sécurité Social locale en quelques mois. L’idée : se défaire des langages de programmation anciens sur lesquels ces systèmes reposent.

Le risque, comme le rapporte Wired : menacer l’intégrité de la totalité de l’architecture, et les allocations perçues par des dizaines de millions de personnes au passage. En pratique, le fidèle d’Elon Musk Steve Davis travaille déjà à sortir les systèmes de leur dépendance au langage COBOL.

COBOL : 66 bougies

À la suite des censures opérées par le gouvernement Trump, au moins un des sites qui saluait le travail de Grace Hopper est désormais hors ligne. Mais c’est bien cette docteure en mathématiques devenue informaticienne dans la Marine états-unienne qui a créé en 1959, avec les équipes du consortium sur les langages de systèmes de données (CODASYL), le COBOL (Common business oriented language). Comme son nom l’indique, il s’agissait de fournir un langage commun aux applications professionnelles.

Dans les vingt années qui suivent, le COBOL, standardisé en 1968, est adopté dans les administrations, le secteur bancaire, l’aviation, et ailleurs. 66 ans plus tard (et deux ans après sa dernière mise à jour ISO/IEC 1989:2023), il a été délaissé au profit de langages plus simples à manier pour quantités d’applications. Il garde toutefois de fidèles adeptes dans des secteurs critiques, dont les banques ou les administrations (y compris nos impôts ou notre Caisse d’Allocations familiales). En 2020, 80 % des transactions interpersonnelles réalisées aux États-Unis reposaient sur du COBOL, d’après Wealthsimple Magazine.

Les raisons du maintien du langage sont doubles : des enjeux de sécurité et de performance – COBOL a notamment été créé pour gérer rapidement de très grosses sommes de « transactions » – et son usage même, qui concerne généralement des applications centrales, vouées à rester en place une fois créées.

Le problème que cela pose : la pénurie de connaisseurs du COBOL force certaines entreprises à sortir d’anciens programmeurs de leur retraite pour les aider à faire évoluer leurs systèmes. Pour se représenter l’enjeu, des personnes qui sortaient du lycée en 1969 et devenaient programmeuses de COBOL partaient généralement à la retraite à la fin des années 2000, une fois la soixantaine atteinte.

5 ans pour le précédent projet de migration

C’est pour toutes ces raisons que le projet du DOGE soulève des questions. Auprès de Wired, de nombreux experts soulignent qu’une migration de l’ampleur prévue serait, de toutes manières, un projet énorme et risqué – l’infrastructure de la Sécurité sociale contient plus de 60 millions de lignes de codes en COBOL. Sa logique interne – c’est-à-dire les procédés qui fournissent des codes de Sécurité sociale, gèrent les paiements et calculent les montants à verser – est elle-même écrite en COBOL.

Dans le contexte actuel, la Sécurité sociale états-unienne est déjà sous pression : visée par des accusations de fraudes par Elon Musk lui-même – dont plusieurs des allégations se sont néanmoins prouvées, au mieux, trompeuses –, l’institution est spécifiquement visée par d’intenses coupes budgétaires. Depuis quelques semaines, son site web se retrouve fréquemment hors ligne, et l’attente téléphonique s’allonge, au point que le Washington Post parle de « chaos ».

Surtout, de précédents projets de migration ont déjà été envisagés, et la tâche s’avérait alors bien plus ardue qu’un projet de quelques mois. En 2017, l’agence avait elle-même annoncé un projet de remplacement de son système cœur, pour lequel elle cherchait des financements de centaines de millions de dollars. La durée annoncée du chantier, remplacé par des projets plus orientés vers le public en raison de la pandémie, était de cinq ans.

Et puis vient la question de l’efficacité, comme le détaille le journaliste Clive Thompson. Si des acteurs bancaires ou administratifs maintiennent leurs activités en COBOL malgré son ancienneté, c’est bien qu’ils ont pesé les risques. Le langage, on l’a dit, est très rapide. Par ailleurs, un nouveau système créé en quelques mois pour la Sécurité sociale a toutes les chances d’être plein de bugs, donc de planter en de multiples endroits. L’ancienneté du COBOL, en la matière, joue en sa faveur : au fil des décennies, les programmeurs ont eu le temps de débuger régulièrement.

Chez Next, on aimerait bien discuter avec des mainteneurs de mainframes et autres adeptes de COBOL français ou européens. Des contacts à nous recommander ?

Obsolescence : 2 personnes sur 5 vivraient avec un smartphone dysfonctionnel en France

Right to repair
Obsolescence : 2 personnes sur 5 vivraient avec un smartphone dysfonctionnel en France

42 % des répondants à une étude menée par le projet Limites Numériques vivent avec un téléphone dysfonctionnel, le plus souvent à cause de problématiques d’obsolescence logicielle.

En France en 2023, 42 % des gens vivaient avec un smartphone dysfonctionnel, selon un sondage Médiamétrie mené auprès de 1 000 personnes « représentatives d’une population de 50 000 personnes au sein de la population française » pour Télécom Paris, l’Université de Toulouse, De Vinci Research Center et Limites Numériques, un projet qui s’intéresse « aux choix de conception, aux usages et aux fonctions d’un numérique s’inscrivant dans les limites planétaires ».

Dans près de deux cas sur trois, ces dysfonctionnements sont dus aux applications et logiciels installés sur les smartphones.

Des problèmes qui surviennent tôt

Constatant que la fabrication est à l’origine de la majeure partie de l’empreinte carbone des terminaux numérique, Limites Numériques s’est penché sur les raisons pour lesquelles nombre d’entre eux étaient remplacés dans les deux ans et demi suivant leur acquisition. En 2023, la designeuse Léa Mosesso contestait en effet, dans un mémoire de recherche, l’hypothèse selon laquelle ces smartphones cessaient brusquement de fonctionner en raison d’une panne unique.

Avec 87 % de détenteurs de smartphone de moins de 3 ans parmi les personnes interrogées, le présent sondage montre que les problèmes logiciels apparaissent tôt. Si 58 % des sondés n’ont rencontré aucun problème, 42 % déclarent donc subir des problématiques logicielles, 34 % des enjeux matériels, et 23 % des problèmes complexes à classer.

Les enjeux de batterie dégradée, de stockage saturé et de lenteur sont en tête des problèmes relayés par les répondants.

Surtout, ces problèmes surgissent tôt : parmi l’intégralité des problématiques relevées, la moitié est apparue dès la première année, près du quart dans la deuxième année. Au-delà de la quatrième année, où environ 50 % des répondants déclarent avoir rencontré au moins un problème de smartphone, la probabilité de subir de nouveaux dysfonctionnements n’évolue quasiment plus, relève encore Limites Numériques.

Des difficultés à réparer

Face à ces désagréments, les sondés semblent relativement désemparés : les propriétaires des smartphones n’ont pas tenté de résoudre 42 % des problèmes relevés. Dans 43 % des cas, ils ont tenté de résoudre leurs difficultés (le type d’enjeux que les usagers tentent le plus de résoudre sont ceux liés au stockage de leurs appareils). Dans plus de la moitié des cas, l’opération s’est soldée par un échec.

Enfin, 15 % des problèmes se sont résolus par eux-mêmes.

Des chiffres qui, en définitive, traduisent la résolution de seulement un tiers des problèmes rencontrés sur les smartphones des personnes interrogées. Parmi les plus complexes à résoudre : tous les enjeux liés à l’écran, à l’affichage et à la dégradation de la batterie.

14,7 % des téléphones remplacés réellement inutilisables

Si 32 % des répondants ayant rencontré au moins un problème qualifient ces désagréments qu’ils rencontrent de « très gênants » et 47 % de « plutôt gênants », beaucoup cohabitent avec. Principales raisons évoquées : vouloir faire durer l’appareil le plus longtemps possible, et des enjeux de coûts (trop élevés pour réparer ou remplacer l’appareil).

Cela dit, l’étude relève une chute marquée de la cohabitation des propriétaires de smartphone avec leur appareil au-delà d’un mois lorsqu’ils ont tenté de résoudre le problème sans y parvenir. Cela « peut signifier qu’une partie des smartphones sont remplacés, et pas réparés », écrivent les auteurs. Lorsque le téléphone finit par être remplacé, indiquent encore les répondants, il n’est totalement inutilisable que dans 14,7 % des cas.

En conclusion de son étude, Limites Numériques formule plusieurs recommandations, parmi lesquelles celle de demander aux fabricants une garantie logicielle de plusieurs années ; celle de produire des applications plus légères pour éviter la saturation du stockage des appareils ; proposer des paramètres permettant de contourner certains dysfonctionnements (comme les écrans en partie cassés), et faciliter maintenance et réparation matérielle et logicielle.

☕️ Recherchés par le FBI, deux informaticiens états-uniens disparaissent dans la nature

Xiaofeng Wang, un informaticien spécialisé depuis vingt ans dans la cryptographie, la cybersécurité et la protection de la vie privée a disparu des radars. 


Ses comptes et téléphones professionnels ont été supprimés par son employeur, l’université de l’Indiana.

L’université a aussi supprimé toutes les informations relatives à sa femme Nianli Ma, qui travaillait comme analyste système principale et programmeuse au département des Library Technologies. 


Le FBI s’est par ailleurs rendu à leur domicile le 28 mars, sans que les raisons n’en soient connues, rapporte Ars Technica.

« Nous avons mené des opérations de maintien de l’ordre, autorisées par le tribunal, dans des domiciles de Bloomington et de Carmel, a confirmé une porte-parole du bureau du FBI à Indianapolis, auprès d’une radio locale. Nous n’avons aucun autre commentaire à faire pour le moment. »

Une illustration d'aigle du FBI emportant clavier et souris

Xiaofeng Wang était doyen associé de la recherche à la Luddy School of Informatics, Computing and Engineering de l’université de l’Indiana, et fellow de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers et de l’American Association for the Advancement of Science.

Il a par ailleurs signé de nombreux articles de recherche en cryptographie, sécurité des systèmes, protection des données et protection des données génomiques.

Ce week-end, plusieurs des collègues du couple ont déclaré leur inquiétude sur les réseaux sociaux, et leur incompréhension de voir toutes les informations qui leur étaient relatives disparaître du site de leur employeur.

☕️ Recherchés par le FBI, deux informaticiens états-uniens disparaissent dans la nature

Xiaofeng Wang, un informaticien spécialisé depuis vingt ans dans la cryptographie, la cybersécurité et la protection de la vie privée a disparu des radars. 


Ses comptes et téléphones professionnels ont été supprimés par son employeur, l’université de l’Indiana.

L’université a aussi supprimé toutes les informations relatives à sa femme Nianli Ma, qui travaillait comme analyste système principale et programmeuse au département des Library Technologies. 


Le FBI s’est par ailleurs rendu à leur domicile le 28 mars, sans que les raisons n’en soient connues, rapporte Ars Technica.

« Nous avons mené des opérations de maintien de l’ordre, autorisées par le tribunal, dans des domiciles de Bloomington et de Carmel, a confirmé une porte-parole du bureau du FBI à Indianapolis, auprès d’une radio locale. Nous n’avons aucun autre commentaire à faire pour le moment. »

Une illustration d'aigle du FBI emportant clavier et souris

Xiaofeng Wang était doyen associé de la recherche à la Luddy School of Informatics, Computing and Engineering de l’université de l’Indiana, et fellow de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers et de l’American Association for the Advancement of Science.

Il a par ailleurs signé de nombreux articles de recherche en cryptographie, sécurité des systèmes, protection des données et protection des données génomiques.

Ce week-end, plusieurs des collègues du couple ont déclaré leur inquiétude sur les réseaux sociaux, et leur incompréhension de voir toutes les informations qui leur étaient relatives disparaître du site de leur employeur.

La Chine, principale menace cyber pour les États-Unis

Signal-INT
La Chine, principale menace cyber pour les États-Unis

La Chine reste la principale cybermenace pour les États-Unis, estiment les services de renseignement du pays, en pleine tempête relative à la publication d’informations hautement confidentielles dans une boucle Signal.

La Chine reste la plus grande menace cyber pour les États-Unis, selon le rapport d’ « évaluation annuelle des menaces » des renseignements états-uniens publié en amont de l’audition de leur directrice Tulsi Gabbard devant le Sénat du pays.

Le document précise que la Chine progresse de manière « régulière mais inégale » dans la constitution des capacités qui pourraient lui permettre de s’emparer de Taïwan, mais aussi que la Chine est en mesure de s’en prendre aux États-Unis tant avec des armes conventionnelles qu’en recourant à des cyberattaques pour détruire ses infrastructures.

Le pays, indiquent les services de renseignement, « est l’acteur le plus à même de menacer les intérêts des États-Unis au niveau mondial », quand bien même il se présente comme plus « prudent » que d’autres pays étudiés dans le rapport (dont la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord).

L’IA au service de la désinformation

Il souligne aussi la volonté de Pékin de devenir leader dans l’intelligence artificielle, devant les États-Unis, d’ici 2030. Du côté de ces technologies, les renseignements soulignent d’ailleurs la forte probabilité que l’armée de libération chinoise recoure à de grands modèles de langages pour créer de fausses informations, imiter des personnalités réelles ou en créer de toutes pièces afin de faciliter la création de réseaux d’attaques.

Le pays est par ailleurs en train de déployer « des moyens avancés tels que des missiles hypersoniques, des aéronefs furtifs, des sous-marins avancés, du matériel de guerre informatique et un arsenal croissant d’armes nucléaires ».

Sur le plan cyber, les conclusions du rapport des services de renseignement états-uniens sont relativement cohérentes avec les éléments relevés par l’ANSSI dans son panorama de la menace 2024. L’autorité française place cela dit la Chine aux côtés de la Russie, et de l’écosystème cybercriminel, dans son classement des « principales menaces tant pour les systèmes d’information les plus critiques que pour l’écosystème national de manière systémique ».

La fuite des plans d’attaque états-uniens, risque à part entière

Les conclusions du document ont été délivrées au Sénat des États-Unis, en pleine crise relative à l’intégration semble-t-il erronée d’un journaliste de The Atlantic à une boucle de discussion ultrasensible créée sur Signal.

Un accès à des informations aussi sensibles que les plans d’attaque états-uniens serait, évidemment, un avantage de taille pour des (cyber)attaquants du pays. En conséquence, des sénateurs démocrates se sont inquiétés qu’une telle faille de sécurité avait de quoi motiver la Chine et la Russie à redoubler d’efforts pour recruter des agents au sein de l’administration états-unienne, et notamment des équipes en charge du renseignement. 



Une inquiétude d’autant plus justifiée que le chercheur de la Foundation for Defense of Democracies Max Lesser et Reuters viennent d’identifier un réseau de fausses agences de conseils et faux cabinets de recrutement tentant d’embaucher les employés de l’administration états-unienne récemment licenciés. D’après Max Lesser, le mode opératoire suit des techniques « bien établies » utilisées dans de précédentes opérations de renseignement chinoises.

La Chine, principale menace cyber pour les États-Unis

Signal-INT
La Chine, principale menace cyber pour les États-Unis

La Chine reste la principale cybermenace pour les États-Unis, estiment les services de renseignement du pays, en pleine tempête relative à la publication d’informations hautement confidentielles dans une boucle Signal.

La Chine reste la plus grande menace cyber pour les États-Unis, selon le rapport d’ « évaluation annuelle des menaces » des renseignements états-uniens publié en amont de l’audition de leur directrice Tulsi Gabbard devant le Sénat du pays.

Le document précise que la Chine progresse de manière « régulière mais inégale » dans la constitution des capacités qui pourraient lui permettre de s’emparer de Taïwan, mais aussi que la Chine est en mesure de s’en prendre aux États-Unis tant avec des armes conventionnelles qu’en recourant à des cyberattaques pour détruire ses infrastructures.

Le pays, indiquent les services de renseignement, « est l’acteur le plus à même de menacer les intérêts des États-Unis au niveau mondial », quand bien même il se présente comme plus « prudent » que d’autres pays étudiés dans le rapport (dont la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord).

L’IA au service de la désinformation

Il souligne aussi la volonté de Pékin de devenir leader dans l’intelligence artificielle, devant les États-Unis, d’ici 2030. Du côté de ces technologies, les renseignements soulignent d’ailleurs la forte probabilité que l’armée de libération chinoise recoure à de grands modèles de langages pour créer de fausses informations, imiter des personnalités réelles ou en créer de toutes pièces afin de faciliter la création de réseaux d’attaques.

Le pays est par ailleurs en train de déployer « des moyens avancés tels que des missiles hypersoniques, des aéronefs furtifs, des sous-marins avancés, du matériel de guerre informatique et un arsenal croissant d’armes nucléaires ».

Sur le plan cyber, les conclusions du rapport des services de renseignement états-uniens sont relativement cohérentes avec les éléments relevés par l’ANSSI dans son panorama de la menace 2024. L’autorité française place cela dit la Chine aux côtés de la Russie, et de l’écosystème cybercriminel, dans son classement des « principales menaces tant pour les systèmes d’information les plus critiques que pour l’écosystème national de manière systémique ».

La fuite des plans d’attaque états-uniens, risque à part entière

Les conclusions du document ont été délivrées au Sénat des États-Unis, en pleine crise relative à l’intégration semble-t-il erronée d’un journaliste de The Atlantic à une boucle de discussion ultrasensible créée sur Signal.

Un accès à des informations aussi sensibles que les plans d’attaque états-uniens serait, évidemment, un avantage de taille pour des (cyber)attaquants du pays. En conséquence, des sénateurs démocrates se sont inquiétés qu’une telle faille de sécurité avait de quoi motiver la Chine et la Russie à redoubler d’efforts pour recruter des agents au sein de l’administration états-unienne, et notamment des équipes en charge du renseignement. 



Une inquiétude d’autant plus justifiée que le chercheur de la Foundation for Defense of Democracies Max Lesser et Reuters viennent d’identifier un réseau de fausses agences de conseils et faux cabinets de recrutement tentant d’embaucher les employés de l’administration états-unienne récemment licenciés. D’après Max Lesser, le mode opératoire suit des techniques « bien établies » utilisées dans de précédentes opérations de renseignement chinoises.

Désinformation : comment Viginum lutte contre les ingérences numériques étrangères

Sel sur les plaies
Désinformation : comment Viginum lutte contre les ingérences numériques étrangères

Portal Kombat, Matriochka, Olympia… En matière d’opérations de désinformation, Next relaie régulièrement les travaux de Viginum. Mais comment fonctionne réellement ce service placé sous les ordres du Premier ministre ?

Ses travaux ont permis de mieux comprendre les campagnes de déstabilisation opérées pendant les Jeux Olympiques, de détailler l’ingérence russe dans l’espace informationnel depuis le début de la guerre en Ukraine, ou encore de comprendre qui accentue la promotion des discours indépendantistes d’outre-mer. Mais comment fonctionne Viginum, le service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères créé en 2021 ?

Pour répondre à cette question, Next s’est rendu dans les bureaux de ce service dépendant du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) un après-midi de mars, dans l’un de ces immeubles anonymes où se logent étage après étage des plateaux de bureaux. « Notre mission est de réaliser de l’investigation pour détecter et caractériser de l’ingérence numérique étrangère » explique Anne-Sophie Dhiver, ancienne de Google et cheffe de service adjointe de Viginum depuis mai 2024.

Et d’expliquer que les acteurs de la menace informationnelle « nous connaissant très bien en tant que société : ils cherchent nos lignes de fracture, ils mettent du sel sur les plaies » — une logique bien illustrée par l’affaire des étoiles de David, peintes sur les murs de Paris peu après l’attaque du Hamas en Israël, très probablement par des acteurs pro-russes, pour attiser les conflits.

En termes de désinformation, Viginum identifie « deux niveaux de pression. Un stratégique, lié au contexte géopolitique, aux conflits en cours », qui font par eux-mêmes peser une menace sur le débat, et un « systémique, lié aux évolutions technologiques, en particulier au fonctionnement des plateformes ».


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☕️ Silicon Valley : les inégalités créent les « conditions de l’instabilité et de la révolte »

Dans le berceau de la tech occidentale, les inégalités de richesse n’ont jamais été aussi fortes, selon le Silicon Valley Index.

Produit par Joint Venture Silicon Valley, un think tank qui s’intéresse depuis 1993 à la santé économique de la région californienne, le document constate que 9 milliardaires possèdent 15 fois plus de liquidités que la moitié de la population de cette zone de 200 km².

À eux neuf (parmi lesquels Mark Zuckerberg, patron de Meta, Larry Page et Sergey Brin, fondateurs de Google, Jan Koum, cofondateur de WhatsApp, Jensen Huang, patron de NVIDIA, ou Laurene Powell Jobs, philanthrope et veuve du fondateur d’Apple), ils détiennent 150 milliards de dollars, quand 447 000 foyers voisins s’en partagent 10 milliards.

Au total, la péninsule compte 56 milliardaires et 145 000 millionnaires, et 1 % des ménages les plus aisés (9 000 foyers) détiennent 42 % de la richesse de la région.

À l’opposé du spectre, 30 % des foyers ont besoin d’une aide extérieure pour vivre, et 10 % vivent avec moins de 5 000 dollars par an.

Un contexte qui crée « les conditions de l’instabilité et de la révolte », a alerté le président du Joint Venture Silicon Valley début mars.

☕️ Silicon Valley : les inégalités créent les « conditions de l’instabilité et de la révolte »

Dans le berceau de la tech occidentale, les inégalités de richesse n’ont jamais été aussi fortes, selon le Silicon Valley Index.

Produit par Joint Venture Silicon Valley, un think tank qui s’intéresse depuis 1993 à la santé économique de la région californienne, le document constate que 9 milliardaires possèdent 15 fois plus de liquidités que la moitié de la population de cette zone de 200 km².

À eux neuf (parmi lesquels Mark Zuckerberg, patron de Meta, Larry Page et Sergey Brin, fondateurs de Google, Jan Koum, cofondateur de WhatsApp, Jensen Huang, patron de NVIDIA, ou Laurene Powell Jobs, philanthrope et veuve du fondateur d’Apple), ils détiennent 150 milliards de dollars, quand 447 000 foyers voisins s’en partagent 10 milliards.

Au total, la péninsule compte 56 milliardaires et 145 000 millionnaires, et 1 % des ménages les plus aisés (9 000 foyers) détiennent 42 % de la richesse de la région.

À l’opposé du spectre, 30 % des foyers ont besoin d’une aide extérieure pour vivre, et 10 % vivent avec moins de 5 000 dollars par an.

Un contexte qui crée « les conditions de l’instabilité et de la révolte », a alerté le président du Joint Venture Silicon Valley début mars.

La dématérialisation réduit l’accès aux droits, alerte (encore) la Défenseure des droits

Possible de parler à un agent, svp ?
La dématérialisation réduit l’accès aux droits, alerte (encore) la Défenseure des droits

Augmentation des discriminations et dématérialisation mal déployée, telle sont les deux tendances contre lesquelles la Défenseure des droits alerte dans son rapport annuel sur l’activité 2024.

Un « sursaut collectif ». C’est ce que voudrait susciter la Défenseure des droits, pour prévenir et lutter contre l’ « augmentation préoccupante » des discriminations en France et renverser le « renoncement face à la promesse républicaine d’égalité » qu’elle constate sur le terrain.

Dans son rapport annuel publié ce 25 mars, la Défenseure des droits déclare son inquiétude devant l’augmentation du nombre de victimes de discrimination, principalement visées en raison de leur origine et de leur religion. En parallèle, elle relève la baisse du nombre de saisines liées à ces motifs, et alerte contre la tendance selon laquelle de nombreuses victimes « renoncent à faire-valoir leurs droits en raison de la complexité des démarches, de la peur des représailles, d’une méconnaissance de leurs droits, ou encore d’un sentiment de découragement ».

Outre l’essoufflement des politiques publiques concernant la lutte contre les discriminations « depuis une vingtaine d’années », elle souligne le rôle très clair de la dématérialisation, déploiement d’outils algorithmiques compris, dans les difficultés croissantes des usagers. Elle constate notamment « l’incapacité des solutions entièrement dématérialisées à s’adapter aux spécificités des situations individuelles ».

Réclamations démultipliées avec le déploiement de l’administration numérique pour les étrangers

Plus d’une réclamation sur trois (37 %) sont désormais liées aux difficultés rencontrées par les usagers ressortissants étrangers, lorsqu’ils essaient d’obtenir ou de renouveler leurs titres de séjour en ligne. L’autorité précise avoir vu les difficultés « nettement aggravées depuis le déploiement de l’Administration numérique pour les étrangers en France (ANEF) » – en 2019, ce sujet spécifique ne représentait que 10 % du total des réclamations reçues.

En pratique, la plateforme ne permet ni de corriger, ni de modifier la demande. Quant aux délais de réponse opaque, ils ont conduit des milliers de personnes à perdre leurs droits sociaux ou leur travail à cause d’un renouvellement ou d’une obtention trop lente du fameux sésame qu’est le titre de séjour, comme le détaillait plus précisément un rapport de décembre 2024.

Dérivatif à l’impossibilité de contacter un agent du service public

Dans ce rapport-ci, l’institution précise que plus de 90 % des réclamations reçues concernent les questions de relations des usagers au service public. L’augmentation continuelle de ces demandes, explique-t-elle, « montre que l’institution supplée de plus en plus à la difficulté à entrer en contact avec un agent de service public doté des prérogatives nécessaires pour résoudre les litiges ou les blocages ».

Elle souligne par ailleurs le rôle du déploiement de systèmes algorithmiques dans les problématiques observées. Dans un travail publié en novembre 2024, l’autorité soulignait déjà la nécessité de préserver l’intervention humaine dans les prises de décision, et celle de rendre ces décisions transparentes vis-à-vis des usagers et principaux concernés.

Le rapport 2024 de la Défenseure des droits est enfin l’occasion de revenir sur les effets concrets du changement climatique sur la population française. L’autorité a en effet eu à traiter plusieurs réclamations sur le sujet, notamment relatives aux questions d’usages de l’eau ou de lutte contre les incendies et les inondations. En novembre, elle se penchait par ailleurs sur les risques spécifiques auxquels les enfants sont exposées en raison de la crise climatique.

La dématérialisation réduit l’accès aux droits, alerte (encore) la Défenseure des droits

Possible de parler à un agent, svp ?
La dématérialisation réduit l’accès aux droits, alerte (encore) la Défenseure des droits

Augmentation des discriminations et dématérialisation mal déployée, telle sont les deux tendances contre lesquelles la Défenseure des droits alerte dans son rapport annuel sur l’activité 2024.

Un « sursaut collectif ». C’est ce que voudrait susciter la Défenseure des droits, pour prévenir et lutter contre l’ « augmentation préoccupante » des discriminations en France et renverser le « renoncement face à la promesse républicaine d’égalité » qu’elle constate sur le terrain.

Dans son rapport annuel publié ce 25 mars, la Défenseure des droits déclare son inquiétude devant l’augmentation du nombre de victimes de discrimination, principalement visées en raison de leur origine et de leur religion. En parallèle, elle relève la baisse du nombre de saisines liées à ces motifs, et alerte contre la tendance selon laquelle de nombreuses victimes « renoncent à faire-valoir leurs droits en raison de la complexité des démarches, de la peur des représailles, d’une méconnaissance de leurs droits, ou encore d’un sentiment de découragement ».

Outre l’essoufflement des politiques publiques concernant la lutte contre les discriminations « depuis une vingtaine d’années », elle souligne le rôle très clair de la dématérialisation, déploiement d’outils algorithmiques compris, dans les difficultés croissantes des usagers. Elle constate notamment « l’incapacité des solutions entièrement dématérialisées à s’adapter aux spécificités des situations individuelles ».

Réclamations démultipliées avec le déploiement de l’administration numérique pour les étrangers

Plus d’une réclamation sur trois (37 %) sont désormais liées aux difficultés rencontrées par les usagers ressortissants étrangers, lorsqu’ils essaient d’obtenir ou de renouveler leurs titres de séjour en ligne. L’autorité précise avoir vu les difficultés « nettement aggravées depuis le déploiement de l’Administration numérique pour les étrangers en France (ANEF) » – en 2019, ce sujet spécifique ne représentait que 10 % du total des réclamations reçues.

En pratique, la plateforme ne permet ni de corriger, ni de modifier la demande. Quant aux délais de réponse opaque, ils ont conduit des milliers de personnes à perdre leurs droits sociaux ou leur travail à cause d’un renouvellement ou d’une obtention trop lente du fameux sésame qu’est le titre de séjour, comme le détaillait plus précisément un rapport de décembre 2024.

Dérivatif à l’impossibilité de contacter un agent du service public

Dans ce rapport-ci, l’institution précise que plus de 90 % des réclamations reçues concernent les questions de relations des usagers au service public. L’augmentation continuelle de ces demandes, explique-t-elle, « montre que l’institution supplée de plus en plus à la difficulté à entrer en contact avec un agent de service public doté des prérogatives nécessaires pour résoudre les litiges ou les blocages ».

Elle souligne par ailleurs le rôle du déploiement de systèmes algorithmiques dans les problématiques observées. Dans un travail publié en novembre 2024, l’autorité soulignait déjà la nécessité de préserver l’intervention humaine dans les prises de décision, et celle de rendre ces décisions transparentes vis-à-vis des usagers et principaux concernés.

Le rapport 2024 de la Défenseure des droits est enfin l’occasion de revenir sur les effets concrets du changement climatique sur la population française. L’autorité a en effet eu à traiter plusieurs réclamations sur le sujet, notamment relatives aux questions d’usages de l’eau ou de lutte contre les incendies et les inondations. En novembre, elle se penchait par ailleurs sur les risques spécifiques auxquels les enfants sont exposées en raison de la crise climatique.

Accidents, burn-out : ce que les plateformes numériques font peser sur les livreurs

gefärlich
Accidents, burn-out : ce que les plateformes numériques font peser sur les livreurs

Accidents, risques psychosociaux, incertitude des revenus… L’Anses livre un rapport dans lequel elle détaille les risques sanitaires élevés qui pèse sur les livreurs travaillant pour les plateformes de l’économie numérique.

« Vent, pluie, escalier… Tout ça pour 2,63 € ? » Tel était l’un des slogans des livreurs de plateformes comme Uber Eats, Stuart ou Deliveroo, qui manifestaient le 18 mars dans plusieurs villes de France. À l’appel de l’Union des livreurs indépendants, de la CGT Livreurs, de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs et de Sud Livreurs, des travailleurs de plateformes de livraison ont manifesté dans plusieurs villes de France pour réclamer de meilleures conditions de travail.

À leur appui, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier un avis (.pdf) et un rapport de 268 pages (.pdf) sur les risques sanitaires que ces livreurs – majoritairement des hommes – rencontrent dans leur travail. Depuis octobre 2023, estime Union indépendants, les livreurs ont subi une perte de 25 % de chiffre d’affaires.

Des sociétés qui se considèrent simples intermédiaires

L’avis rendu par l’Anses répond, lui, à une saisine initiée par la CGT en 2021. S’appuyant sur la littérature académique, la littérature grise et l’audition d’acteurs concernés, l’Anses a étudié les risques subis par les livreurs. Elle s’est penchée aussi bien sur les modèles économiques des plateformes utilisées que sur les facteurs extérieurs (notamment relatifs à l’environnement urbain) et l’interaction entre les deux.

En termes de modèle économique et de positionnement, l’Anses commence par constater que les plateformes d’emploi, type Uber, Deliveroo ou autre, « se sont toujours revendiquées comme de simples intermédiaires numériques, des « places de marché », facilitant des transactions entre tiers ». Ce cadrage leur permet de se considérer « déchargées de toute réelle responsabilité, que ce soit dans le déroulement de la prestation ou vis-à-vis des conditions de travail des livreurs ».

Pour attirer des forces vives, l’agence rappelle aussi comment, à leur lancement, « soutenues par d’importantes levées de fonds », ces plateformes ont commencé par proposer « des conditions de rémunération attractives aux livreurs afin de constituer une « flotte » indispensable à leur fonctionnement. » Une fois le marché stabilisé, elles ont modifié leurs pratiques pour ne plus payer à l’heure, mais à la course, rendre la rémunération variable en fonction de la distance, voire découper les tâches (récupération de la commande, livraison). Autant d’éléments qui sont venus créer une incertitude dans les revenus que les livreurs pourraient percevoir.

En parallèle, trois générations de livreurs se sont enchaînées : aux individus relativement sportifs et cherchant à éviter le travail de bureau des débuts, ont succédé des personnes ayant des difficultés à s’insérer sur le marché de l’emploi. À l’heure actuelle, la troisième « génération » de livreurs est essentiellement composée de travailleurs sans-papiers, surtout dans les grandes agglomérations.

Management algorithmique, le cœur du problème

La captation de données sur laquelle s’appuient les entreprises pour faire évoluer leur service leur a permis de déployer « massivement » des logiques de management algorithmique, notamment en « pilotant » les travailleurs « à distance via la géolocalisation ». L’Anses critique l’opacité de ce système, qu’elle estime non « justifiée par la nécessité d’éviter les fraudes ».

Conçu pour fonctionner via les smartphones des livreurs, le système l’est aussi « pour fonctionner sans interaction humaine, ni possibilité de discussion ou négociation entre le travailleur et la plateforme. Cette absence d’interaction humaine est parfois présentée comme offrant une plus grande neutralité. Dans les faits, les outils numériques sont aussi porteurs de multiples biais ».

Et l’Anses rappelle que de multiples travaux ont démontré que ces techniques supprimaient le management de proximité, provoquaient une asymétrie d’information exacerbée entre plateformes et livreurs. Le management algorithmique est par ailleurs source d’un « écart important entre le travail prescrit et le travail réel », la simplicité de l’activité décrite par les plateformes étant loin des conditions vécues sur le terrain.

De fait, outre les enjeux algorithmiques, les activités des livreurs les placent dans des situations de risques d’accidents. Plus d’un quart des répondants à une enquête menée en région parisienne ont ainsi déjà subi un accident. En outre, 17 morts et 14 blessés graves ont été rapportés dans la presse entre 2019 et 2023 en France. Elles les exposent aussi, en milieu urbain, à diverses problématiques liées à l’effort, aux nuisances sonores et thermiques, etc.

Déplacement de la responsabilité

La conjonction du travail indépendant, en milieu urbain et sous management algorithmique a, en définitive, une multiplicité d’effets, allant de la non prise en charge systématique des frais de santé liés aux accidents – ni même de la reconnaissance de ces accidents – au risque de burn-out.

L’absence de visibilité sur les critères de fixation des revenus et leur variabilité en fonction des heures pleines et heures creuses, de l’horaire ou d’autres facteurs crée en effet « une pression constante » qui amène les travailleurs « à élaborer des stratégies « d’auto-accélération » » (en prenant plus de risques sur la route, en limitant les échanges avec les clients, voire avec la sphère familiale, etc). Participant au phénomène, les horaires morcelés, souvent de nuit, des cycles de livraisons, ont des effets concrets sur la qualité du sommeil, la santé mentale et physique et la vie sociale, familiale et affective des travailleurs, détaille l’Anses.

Le tout est renforcé par l’organisation du travail de livraison lui-même. Le modèle de plateformisation délègue en effet toute la partie administrative du travail aux livreurs eux-mêmes, en même temps qu’elle met chaque livreur en concurrence. « Par ailleurs, souligne l’agence, la pratique de la location de compte à des personnes migrantes sans papiers par des livreurs en règle sur le territoire français pose des questions éthiques, comme le fait qu’elle puisse s’apparenter à la traite de personnes. »

Bien sûr, la régulation a évolué au cours de la période décrite : la France s’est dotée de la Loi Travail en 2016, l’Union européenne d’une directive sur les travailleurs de plateformes en avril 2024 – texte qui vise notamment à corriger le statut de « faux travail indépendant ».

Cela dit, l’Anses recommande un renforcement des obligations légales des plateformes, que ce soit en termes de protection des travailleurs, d’ouverture de leurs données, ou d’ouverture du dialogue social. 

Parmi ses autres recommandations, l’Anses argumente en faveur de l’amélioration de la prévention, de multiplier les travaux d’études et de recherche pour mieux suivre les effets concrets des travaux de livraison sur ceux qui les effectuent, et de sensibiliser les consommateurs « à l’importance de soutenir des pratiques équitables, en les informant sur l’ensemble des risques associés à l’activité de livraison ».

Accidents, burn-out : ce que les plateformes numériques font peser sur les livreurs

gefärlich
Accidents, burn-out : ce que les plateformes numériques font peser sur les livreurs

Accidents, risques psychosociaux, incertitude des revenus… L’Anses livre un rapport dans lequel elle détaille les risques sanitaires élevés qui pèse sur les livreurs travaillant pour les plateformes de l’économie numérique.

« Vent, pluie, escalier… Tout ça pour 2,63 € ? » Tel était l’un des slogans des livreurs de plateformes comme Uber Eats, Stuart ou Deliveroo, qui manifestaient le 18 mars dans plusieurs villes de France. À l’appel de l’Union des livreurs indépendants, de la CGT Livreurs, de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs et de Sud Livreurs, des travailleurs de plateformes de livraison ont manifesté dans plusieurs villes de France pour réclamer de meilleures conditions de travail.

À leur appui, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier un avis (.pdf) et un rapport de 268 pages (.pdf) sur les risques sanitaires que ces livreurs – majoritairement des hommes – rencontrent dans leur travail. Depuis octobre 2023, estime Union indépendants, les livreurs ont subi une perte de 25 % de chiffre d’affaires.

Des sociétés qui se considèrent simples intermédiaires

L’avis rendu par l’Anses répond, lui, à une saisine initiée par la CGT en 2021. S’appuyant sur la littérature académique, la littérature grise et l’audition d’acteurs concernés, l’Anses a étudié les risques subis par les livreurs. Elle s’est penchée aussi bien sur les modèles économiques des plateformes utilisées que sur les facteurs extérieurs (notamment relatifs à l’environnement urbain) et l’interaction entre les deux.

En termes de modèle économique et de positionnement, l’Anses commence par constater que les plateformes d’emploi, type Uber, Deliveroo ou autre, « se sont toujours revendiquées comme de simples intermédiaires numériques, des « places de marché », facilitant des transactions entre tiers ». Ce cadrage leur permet de se considérer « déchargées de toute réelle responsabilité, que ce soit dans le déroulement de la prestation ou vis-à-vis des conditions de travail des livreurs ».

Pour attirer des forces vives, l’agence rappelle aussi comment, à leur lancement, « soutenues par d’importantes levées de fonds », ces plateformes ont commencé par proposer « des conditions de rémunération attractives aux livreurs afin de constituer une « flotte » indispensable à leur fonctionnement. » Une fois le marché stabilisé, elles ont modifié leurs pratiques pour ne plus payer à l’heure, mais à la course, rendre la rémunération variable en fonction de la distance, voire découper les tâches (récupération de la commande, livraison). Autant d’éléments qui sont venus créer une incertitude dans les revenus que les livreurs pourraient percevoir.

En parallèle, trois générations de livreurs se sont enchaînées : aux individus relativement sportifs et cherchant à éviter le travail de bureau des débuts, ont succédé des personnes ayant des difficultés à s’insérer sur le marché de l’emploi. À l’heure actuelle, la troisième « génération » de livreurs est essentiellement composée de travailleurs sans-papiers, surtout dans les grandes agglomérations.

Management algorithmique, le cœur du problème

La captation de données sur laquelle s’appuient les entreprises pour faire évoluer leur service leur a permis de déployer « massivement » des logiques de management algorithmique, notamment en « pilotant » les travailleurs « à distance via la géolocalisation ». L’Anses critique l’opacité de ce système, qu’elle estime non « justifiée par la nécessité d’éviter les fraudes ».

Conçu pour fonctionner via les smartphones des livreurs, le système l’est aussi « pour fonctionner sans interaction humaine, ni possibilité de discussion ou négociation entre le travailleur et la plateforme. Cette absence d’interaction humaine est parfois présentée comme offrant une plus grande neutralité. Dans les faits, les outils numériques sont aussi porteurs de multiples biais ».

Et l’Anses rappelle que de multiples travaux ont démontré que ces techniques supprimaient le management de proximité, provoquaient une asymétrie d’information exacerbée entre plateformes et livreurs. Le management algorithmique est par ailleurs source d’un « écart important entre le travail prescrit et le travail réel », la simplicité de l’activité décrite par les plateformes étant loin des conditions vécues sur le terrain.

De fait, outre les enjeux algorithmiques, les activités des livreurs les placent dans des situations de risques d’accidents. Plus d’un quart des répondants à une enquête menée en région parisienne ont ainsi déjà subi un accident. En outre, 17 morts et 14 blessés graves ont été rapportés dans la presse entre 2019 et 2023 en France. Elles les exposent aussi, en milieu urbain, à diverses problématiques liées à l’effort, aux nuisances sonores et thermiques, etc.

Déplacement de la responsabilité

La conjonction du travail indépendant, en milieu urbain et sous management algorithmique a, en définitive, une multiplicité d’effets, allant de la non prise en charge systématique des frais de santé liés aux accidents – ni même de la reconnaissance de ces accidents – au risque de burn-out.

L’absence de visibilité sur les critères de fixation des revenus et leur variabilité en fonction des heures pleines et heures creuses, de l’horaire ou d’autres facteurs crée en effet « une pression constante » qui amène les travailleurs « à élaborer des stratégies « d’auto-accélération » » (en prenant plus de risques sur la route, en limitant les échanges avec les clients, voire avec la sphère familiale, etc). Participant au phénomène, les horaires morcelés, souvent de nuit, des cycles de livraisons, ont des effets concrets sur la qualité du sommeil, la santé mentale et physique et la vie sociale, familiale et affective des travailleurs, détaille l’Anses.

Le tout est renforcé par l’organisation du travail de livraison lui-même. Le modèle de plateformisation délègue en effet toute la partie administrative du travail aux livreurs eux-mêmes, en même temps qu’elle met chaque livreur en concurrence. « Par ailleurs, souligne l’agence, la pratique de la location de compte à des personnes migrantes sans papiers par des livreurs en règle sur le territoire français pose des questions éthiques, comme le fait qu’elle puisse s’apparenter à la traite de personnes. »

Bien sûr, la régulation a évolué au cours de la période décrite : la France s’est dotée de la Loi Travail en 2016, l’Union européenne d’une directive sur les travailleurs de plateformes en avril 2024 – texte qui vise notamment à corriger le statut de « faux travail indépendant ».

Cela dit, l’Anses recommande un renforcement des obligations légales des plateformes, que ce soit en termes de protection des travailleurs, d’ouverture de leurs données, ou d’ouverture du dialogue social. 

Parmi ses autres recommandations, l’Anses argumente en faveur de l’amélioration de la prévention, de multiplier les travaux d’études et de recherche pour mieux suivre les effets concrets des travaux de livraison sur ceux qui les effectuent, et de sensibiliser les consommateurs « à l’importance de soutenir des pratiques équitables, en les informant sur l’ensemble des risques associés à l’activité de livraison ».

Corruption au Parlement européen : de quoi Huawei est-elle soupçonnée ?

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Corruption au Parlement européen : de quoi Huawei est-elle soupçonnée ?

Plusieurs lobbyistes de Huawei ont été interpellés et quatre personnes ont été placées sous mandat d’arrêt, dans le cadre d’une enquête sur des cadeaux de valeur, voire des pots-de-vin versés à des employés du Parlement européen. Retour sur le scandale de corruption qui secoue le Parlement européen depuis une dizaine de jours.

Depuis la mi-mars, le Parlement européen est au centre d’une nouvelle affaire de corruption. Après le « Qatargate », qui avait secoué l’institution fin 2022, puis l’enquête conjointe de Follow the Money et 24 médias européens révélant que près d’un quart des parlementaires européens ont été impliqués, de près ou de loin, dans des affaires allant de la corruption au harcèlement, voici qu’une nouvelle enquête a été ouverte pour soupçon de corruption par le géant technologique chinois Huawei.

Premiers à révéler l’affaire, la plateforme d’enquête Follow the Money, le quotidien belge Le Soir et le média flamand Knack rapportaient le 13 mars la perquisition de 21 adresses en Belgique et au Portugal.

Après plusieurs mois d’enquête, une centaine d’officiers de police judiciaire, menés par l’Office central belge pour la répression de la corruption, ont finalement interpellé plusieurs lobbyistes œuvrant pour Huawei. Ces derniers sont soupçonnés de « corruption », « faux et usage de faux », « blanchiment » et « organisation criminelle ».

Opérations « régulières » et « très discrètes »

Cible principale du coup de filet : Valerio Ottati, 41 ans. Depuis 2019, détaille Le Soir, il était directeur des affaires publiques du bureau de Huawei auprès de l’Union européenne. Le parquet le soupçonne d’avoir lancé de multiples « invitations à des événements » totalement légaux, mais dont la tenue aurait permis de réaliser les opérations de corruption présumée.

Pas de valise de cash comme dans le cas du Qatargate, mais plutôt des cadeaux de valeur (smartphones Huawei inclus), des frais de bouche, des voyages, des places à des matchs de football et des virements de plusieurs milliers d’euros. Le code de conduite des parlementaires européens les oblige normalement à déclarer dans le registre des cadeaux tout bien d’une valeur supérieure à 150 euros qui leur aurait été fourni par un tiers.

Dans la foulée des interpellations, les bureaux de deux assistants parlementaires soupçonnées d’être impliqués dans l’affaire – un de la délégation italienne du Parti populaire européen (PPE), Fulvio Martusciello, et un autre de la délégation bulgare au sein de Renew – ont été scellés.

Les financements et cadeaux versés par Huawei ont notamment servi à motiver des eurodéputés à signer une lettre qualifiant de « racisme technologique » l’exclusion des sociétés chinoises des réseaux 5G, explique Follow the Money. D’après le mandat d’arrêt, « une somme de 15 000 euros pourrait avoir été proposée à l’auteur de la lettre, tandis que chaque cosignataire pourrait s’être vu proposer une somme de 1 500 euros ».

Au Portugal, les perquisitions se sont concentrées sur une des sociétés soupçonnées d’avoir reçu des virements à destination d’eurodéputés. D’après la justice belge, les opérations de corruption auraient été menées « régulièrement et très discrètement » depuis 2021, mais la « lettre 5G » concentre une partie des accusations : « les expéditeurs de cette lettre auraient été rémunérés de manière indirecte et déguisée par [le consultant portugais] Nuno W.M., qui aurait envoyé deux factures fictives » à deux sociétés d’événementiel, depuis lesquelles il aurait pu redistribuer les fonds liés à la rédaction et la signature de la lettre.

Le 18 mars, quatre personnes ont été placées sous mandat d’arrêt et une cinquième libérée sous caution. Nuno W.M. a été interpellé en France. De même, l’assistante parlementaire Lucia S. a été interpellée sur la base d’un mandat d’arrêt européen. En parallèle, de nouvelles perquisitions étaient menées au Parlement européen, à Bruxelles.

Contrer l’opposition de Washington

Objectif présumé de la corruption : contrer le lobbying de Washington, dont l’hostilité envers les produits chinois s’est intensifiée depuis six ans. L’entreprise a notamment cherché à contre-attaquer les accusations d’espionnage, qui ont accompagné les pressions à réduire la dépendance des États occidentaux aux équipements 5G de sociétés comme Huawei ou ZTE. Il s’agissait, aussi, de plaider en faveur de l’ouverture du marché aux investissements chinois.

D’après les registres de transparence de l’Union européenne, Huawei a déclaré un travail de lobbying auprès de 24 députés européens depuis 2020, dont près du quart viennent d’Espagne. Le Point décrit une stratégie d’influence concentrée dans les pays du sud et de l’est de l’Europe.

Côté Commission européenne, la société a enregistré 76 réunions avec des représentants de l’exécutif depuis 2014, relativement loin derrière Google (362 réunions), Meta (198 réunions) ou Apple (104 réunions).

Perte d’influence

Mais au cours des deux dernières années, Huawei a déjà perdu de son influence, alors que les gouvernements européens ont précisément adopté une approche plus prudente à son égard. En réaction à l’affaire actuelle, le Parlement et la Commission ont interdit aux lobbyistes d’entrer dans leurs locaux. Le groupe d’influence Digital Europe a suspendu l’adhésion de la société chinoise, mais d’autres groupes de pression continuent de le représenter.

Dans la journée du 13 mars, Huawei a indiqué prendre « ces allégations au sérieux », détaillait Politico, et prévoir de communiquer « de manière urgente avec les enquêteurs pour mieux comprendre la situation » :

« Huawei applique une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption et d’autres actes répréhensibles, et nous nous engageons à respecter à tout moment l’ensemble des lois et réglementations applicables. »

D’après les mandats d’arrêt vus par Follow the Money, les dirigeants de l’entreprise, et notamment le vice-président à la région Europe Abraham Liu, auraient approuvé les transferts d’argents organisés via le Portugal pour dissimuler leur nature de pots-de-vin.

L’épisode relance le sujet de la lutte anticorruption au sein de l’Union, alors qu’un groupe d’eurodéputés de droite a freiné la création d’un comité d’éthique commun. Sur Franceinfo, la députée Nathalie Loiseau (Renew) s’est ainsi déclarée « dans une colère noire, si la cupidité de quelques-uns jette l’opprobre sur tous les autres ». Certains de ses collègues ont adressé deux lettres à Ursula von der Leyen et Roberta Metsola, respectivement présidentes de la Commission et du Parlement, pour leur demander d’interdire l’usage d’appareils Huawei dans le cadre professionnel des institutions.

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