Vue lecture

Fallen Aces

À l'occasion de ce début d'année et des inévitables articles sur le thème « que président les astres pour 2025 ? », j'ai découvert avec fascination l'existence d'Athos Salomé, médium brésilien de 38 ans qui ressemble à un croisement entre un Bogdanov et le mème « Gigachad », et dont, paraît-il, les prédictions n'ont jamais été démenties. Pourtant, malgré ses puissants pouvoirs psi, Salomé n'a pas su prévoir que 2025 serait l'année du shooter cartoon rétro.

Télex

Le nom de Martyn Brown ne vous dit peut-être rien, pourtant vous avez sûrement joué à l'un des jeux qu'il a produits, comme Alien Breed, Superfrog, Project X ou Worms. C'est cette « légende » du jeu vidéo sur Amiga et PC, comme l'appellent ses anciens collègues, par ailleurs cofondateur de Team17, qui vient de nous quitter à seulement 57 ans. LFS.

Très vieux parchemins

Les journalistes d'IGN ont, semble-t-il, deux passions : compter les jours qui passent et écrire des phrases alambiquées. C'est pourquoi ils ont été heureux de nous apprendre que l'annonce de The Elder Scrolls 6 est aujourd'hui aussi vieille que l'était Skyrim lorsque ladite annonce a eu lieu. Ou, pour le dire autrement, qu'autant de temps s'est écoulé entre la sortie de Skyrim et l'annonce de TES 6 qu'entre cette dernière et aujourd'hui. Par ailleurs, a fait remarquer un petit rigolo dans les commentaires, si TES 6 devait sortir en 2028 (une hypothèse qui n'a rien de farfelu), il se sera écoulé autant de temps entre Skyrim et TES 6 qu'entre Arena (le premier Elder Scrolls, sorti en 94) et Skyrim. Voilà qui fait réfléchir, en tout cas quand on aime compter les jours qui passent et écrire des phrases alambiquées. LFS.

Quand la Chine s’armera…

Les États-Unis ont récemment ajouté Tencent dans la liste des « entreprises militaires chinoises », au motif qu'elle aurait des liens avec le complexe militaro-industriel chinois. Ce qui est très probable, sachant que Tencent, non contente d'être très proche du gouvernement chinois, est une boîte aussi énorme que tentaculaire, qui a des parts dans moult entreprises chinoises comme étrangères. Rien que dans le jeu vidéo, Tencent a des billes dans Funcom, Riot, Grinding Gear Games, Turtle Rock, Techland, Klei, Don't Nod, Epic Games, FromSoftware, Remedy, Paradox, Ubisoft et j'en passe. S'il est difficile de savoir quelles conséquences cela aura pour ces entreprises, l'action Tencent a dévissé de 7 % suite à son classement. Dans un monde de plus en plus protectionniste, les affrontements entre méga-conglomérats de la tech et du jeu vidéo risquent de devenir intéressants. LFS.

Passé recomposé

En tombant sur l'article de Felipe Pepe sur la « gentrification de l'histoire des jeux vidéo » (cpc.cx/gentrification), j'ai commencé à ricaner, pensant qu'il allait parler de la muséification des jeux vidéo, devenus objet d'étude à la mode dans les mêmes institutions culturelles qui jadis le méprisaient. Eh bien pas du tout, puisque c'est d'invisibilisation qu'il parle : pourquoi certains jeux sont-ils entrés dans l'histoire du jeu vidéo, font-ils aujourd'hui l'objet d'études et sont-ils cités dans les rétrospectives, et pas d'autres ? Sans surprise, ce sont les « vrais » jeux ou identifiés comme tels, souvent pratiqués par les joueurs masculins et occidentaux, qui sont privilégiés aux dépens de ceux qui ont été plus joués par des filles (Kim Kardashian : Hollywood) ou dans des pays non-occidentaux (comme les jeux de cricket, très populaires en Inde). LFS.

The Sinking City 2, Doom : The Dark Ages, Atomfall

Dans le jargon journalistique, un sujet qui revient régulièrement est appelé un marronnier. Cela, vous le savez, car à chaque rentrée scolaire, les journalistes parlent (1) de la rentrée, (2) du fait que c’est un marronnier. Dans le journalisme de jeu vidéo, on appelle plutôt ça un Geoff : l’un de ces moments de l’année où toute la profession, les doigts pleins de Doritos, se réunit autour de Geoff Keighley pour faire le point, parler des GOTY ou des sorties à venir. En ce début d’année, moment Geoff par excellence, voici donc mes attentes pour 2025.

Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer Unity

En 2021, par un beau matin de printemps, j'ai eu deux idées, ou plutôt une double idée. J'allais créer un jeu vidéo et, pour cela, développer mon propre moteur 3D. Trois ans plus tard, mon jeu est sorti sur Steam mais mon moteur n'a jamais vu le jour. C’est pourquoi j’ai souhaité témoigner et vous faire bénéficier de mon expérience : quels que soient les reproches légitimes qu’on puisse leur adresser, les moteurs 3D sont nos amis.

Comment les studios ukrainiens travaillent en temps de guerre

Lorsqu'on se rend à la BnF pour assister à une conférence consacrée aux studios de jeu ukrainiens, on s’attend à entendre parler de collègues partis au front et de développement interrompu par les coupures de courant et les alertes aériennes. Mais on découvre aussi que le jeu vidéo ukrainien, tiraillé entre tensions linguistiques, chaos politique et autorités peu coopératives, est une parfaite synthèse du pays lui-même.

Threshold

Amis chômeurs, sachez-le, quand on veut, on peut. Prenez le héros de Threshold. Il s’est bougé les fesses, a signé un mystérieux contrat et paf, à lui le boulot de rêve : chef de gare au sommet d’une haute montagne, où il doit siffler pour guider le conducteur d’un mystérieux train. Certes, il n’y a guère d’oxygène à cette altitude, mais son entreprise lui en fournit gracieusement sous forme de capsules en verre qu’il doit casser avec les dents. Mais c’est comme ça, dans la vie on n’a rien sans rien.

Télex

Pour changer un peu des chiffres de ventes, voici des chiffres de mods. Depuis la mise à jour finale de Baldur's Gate 3 en septembre, qui ajoutait au jeu des outils de modding, c'est plus de soixante dix millions de mods qui ont été downloadés. Alors que seulement 3000 ont été uploadés, bravo les gens, c'est toujours les mêmes courageux qui bossent pendant que les autres se laissent porter. LFS.

Vous avez dit Blizzard

En novembre dernier, Blizzard avait sorti deux remasters de Warcraft 1 et 2, vendus respectivement 10 et 15 euros. Un move étonnant, sachant qu'on se demande bien qui aura envie de payer ce prix pour rejouer à des jeux à l'UI d'un autre âge, même vaguement embellis par des graphismes cartoon dignes d'un jeu mobile. Sans doute pour convaincre les réticents, Blizzard a demandé à GoG de retirer de la vente les versions originales des premiers Warcraft. Manque de bol, les jeux venaient d'être intégrés au programme « préservation » de GoG, qui garantit que les jeux « culturellement importants » seront patchés pour continuer à tourner sur le hardware moderne. Bon joueur, CDProjekt a annoncé qu'il continuerait tout de même à patcher les jeux après leur retrait de sa boutique, et a même créé un code promo, « MakeWarcraftLiveForever », offrant une ristourne aux gens qui souhaitent les acheter avant leur retrait définitif le 13 décembre 2024. LFS.

Télex

Désolé de vous l'apprendre, mais la version 1.4.5 de Terraria ne sortira pas cette année, Re-Logic refusant de faire cruncher ses employés « pour respecter une deadline arbitraire ». Comportement scandaleux de la part d'un studio qui continue de fournir des mises à jour gratuites à un jeu que tout le monde a acheté dix balles il y a bientôt quinze ans. LFS.

Sanctuary cantonais

Vous êtes en retard dans vos cadeaux de Noël (et même très en retard si vous lisez cette news dans l'édition papier de Canard PC parue en janvier) ? Vous ne savez pas quoi offrir à votre petit cousin gamer qui a déjà tout (sauf une RTX 4090, mais bon faut pas pousser non plus) ? Bonne nouvelle, pour seulement 30 €, vous pouvez lui offrir Diablo IV : Dark Delicacies, un livre de recettes inspiré de l'univers de Diablo, car après tout pourquoi pas. Après avoir regardé la vidéo promotionnelle, deux conclusions : (1) ça va, ça a l'air mangeable et (2) on peine quand même à voir le rapport avec Diablo hormis le fait que les assiettes sont posées sur une sorte de nappe en toile de bure médiévale. J'attends bien davantage la sortie de Stalker 2 : cuisiner dans la Zone, avec cinquante recettes pour accommoder pain rassis et vieilles saucisses séchées. LFS.

Navigation en eaux troubles

« Comment diable regarder quelque chose dans son navigateur tout en jouant à un jeu vidéo ? » À cette insoluble question, que se posent régulièrement tous les gens qui n'ont jamais entendu parler du concept de deuxième écran ni de celui d'alt+tab, Microsoft apporte une réponse : le Edge Game Assist. Derrière ce nom qui ressemble à celui d'un sextoy se cache une idée pas si bête : un navigateur (Edge, en l'occurrence) qui s'affiche par-dessus le jeu, permettant de consulter, par exemple, un wiki ou une soluce lorsqu'on est bloqué. Et pas grand-chose de plus pour le moment, puisque le joueur doit effectuer lui-même la recherche sur l'élément qui l'intéresse, le navigateur étant incapable de tirer la moindre information contextuelle du jeu. LFS.

Subnautica 2

Désolé de vous le dire de façon aussi sèche – sans mauvais jeu de mots –, mais je suis beaucoup plus qualifié que vous pour juger Subnautica 2. Non que je sois un spécialiste des jeux de survie (mon record absolu dans DayZ est de cinq minutes avant de mourir) ou parce que je suis journaliste spécialisé en jeu vidéo (ça n'existe pas, c'est un faux métier) mais tout simplement parce que, contrairement à vous, j'ai relancé l'original il y a trois mois. Et qu'il ne ressemble pas du tout, mais alors du tout, au souvenir que vous en avez.

Take a woke on the wild side

Si vous trouvez que le jeu vidéo est devenu la poubelle idéologique de développeurs wokistes, vous serez heureux d'apprendre que Shibetoshi Nakamoto, créateur du Dogecoin et membre éminent de la cour d'Elon Musk sur X, est du même avis. Également obsédé par cette question, Musk a immédiatement répondu au message de Nakamoto en expliquant que X AI allait lancer son studio de jeux vidéo générés par IA pour « make videogames great again » et proposer une alternative aux grands éditeurs devenus woke, car il est bien connu que personne n'est plus gauchiste qu'une multinationale. Vu la tendance de Musk à l'histrionisme et les succès de la génération de jeux par IA, les chances que ce studio voie vraiment le jour sont bien sûr infimes. D'ailleurs je prends ici le pari : si ce machin sort un jour le moindre jeu, je m'engage à acheter un abonnement X premium. LFS.

Stalker 2 : Heart of Chornobyl

La plupart du temps, quand j'ai fini d'écrire sur un jeu, je le désinstalle. Mais pas toujours. Il existe une petite douzaine d'exceptions, des jeux qui n'ont jamais quitté mon SSD, que je conserve au cas où je serais saisi d'une brusque envie d'errance (Euro Truck Simulator) ou de fusillades (Ready or Not). Mais après ces quelques jours passés dans la Zone, je les ai tous effacés. Pas faute de place, pour libérer les 160 Go nécessaires à Stalker 2, non. Simplement parce je sais que je n'en aurai plus jamais besoin. Désormais, j'ai Stalker 2, le jeu vidéo ultime. Ce qui n'est pas forcément un compliment.

Worshippers of Cthulhu

J'ai encore fait ce rêve étrange et pénétrant. J'étais un bébé, assis sur une chaise haute. Devant moi se tenaient mes deux papas, ackboo et Izual, qui essayaient en vain de me faire avaler un médicament dégoûtant sur lequel était écrit « city-builder ». Puis ackboo a eu une idée : cacher la gélule dans le contenu d'un petit pot orné du signe des Anciens. Miracle, je l'avalais goulûment. « Comme quoi il suffisait d'ajouter du Lovecraft pour qu'il s'y mette ! », s'exclamait alors Izual, juste avant que je me réveille.

Straftat

« Tu as les yeux qui brillent quand tu parles de Straftat, ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu comme ça ! », me dit Ellen Replay, ce qui fait plaisir. D’habitude, quand je montre Straftat aux gens, tout ce qu’ils trouvent à dire est « mais c’est quoi ce truc tout moche ? ». Oui, « tout moche », rien que ça. Alors qu’ils sont devant le meilleur FPS de 2024.

Sea Power : Naval Combat in the Missile Age

C'est fou comme une petite précision peut tout changer. Si « bataille navale » évoque de tranquilles parties de jeu de société en famille, « bataille navale à l'ère des missiles » convoque des images d'épouse et d'enfants terrifiés par un gros nerd qui les oblige à jouer chaque week-end à un wargame où il faut apprendre par cœur les différences de charge militaire entre les ogives du RGM-84 et du SS-N-2. Sans surprise, Sea Power : Naval Combat in the Missile Age tombe dans la deuxième catégorie, celle des jeux qu'on qualifie pudiquement d'exigeants.
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