J’aime bien Acer. J’aime surtout ce qu’est devenu Acer au fil des années. Parti de pas grand-chose en tant que marque du temps des eMachines. C’est devenu un fabricant respectable, innovant, impliqué dans le marché et proposant une gamme de PC réellement pertinents. Cet Acer Aspire 14 Ai semble tout à fait intéressant d’un point de vue technique, avec un équipement sobre et un prix correct. Mais c’est également un bon exemple de la déconnexion actuelle du marché des ordinateurs portables d’avec leur public.

799€, c’est le prix de ce 14 pouces très compétent. Construit avec une puce Intel Lunar Lake, ici un Intel Core Ultra 5 226V qui a la double particularité d’être gravé par TSMC en 3 nanomètres et d’embarquer la mémoire vive du système en son sein. 16 Go de LPDDR5x-8533 double canal qu’on ne pourra donc pas faire évoluer. Le stockage est, quant à lui, confié à un SSD beaucoup plus classique. Un M.2 2280 NVMe PCIE 4.0 en 512 Go. Cet ensemble apportera un très bon niveau de performances mobiles croisé avec une consommation très maitrisée pour assurer une bonne autonomie.
Tout ce petit orchestre travaillera à afficher des données sur un très bon écran OLED en 1920 x 1200 pixels de 14 pouces de diagonale. Une dalle fonctionnant à 60 Hz avec une luminosité de 400 nits en 16:10 adaptée à ce type de machine mobile. La partie graphique Intel ARC du processeur pourra gérer efficacement cet affichage et profiter de fonctions avancées comme une colorimétrie calibrée à 100% de la gamme DCI-P3, profiter d’un True Black 500 pour des noirs profonds et d’un temps de réponse de 1 ms.

Le reste de la machine est très pertinent également avec un châssis de 31.89 cm de large pour 22.51 cm de profondeur et d’une épaisseur variant de 1.5 à 2.5 cm suivant son profil pour un poids de 1.4 Kg. Le clavier choisi est un chiclets rétro éclairé qui sera bien entendu proposé en AZERTY en France. Il apparait au-dessus d’un large pavé tactile et semble comme enfoncé dans l’épaisseur châssis. Au-dessus de la charnière qui s’ouvre à 180°, un écran à bordures fines, une webcam FullHD avec infrarouge pour la prise en charge de la reconnaissance faciale, une paire d’enceintes et un micro.
Sur la gauche du châssis, une connectique assez classique des nouveaux appareils nomades, composée d’un double port USB4, d’une sortie vidéo HDMI et d’un USB 3.2 Type-A. Sur la droite, un second USB Type-A identique, un Antivol type Kensington Lock et un jack audio combo 3.5 mm. Le recours à un dock en mode sédentaire sera donc recommandé. La connexion aux réseaux sans fil se fera grâce à un module Intel Wi-Fi6E et Bluetooth 5.3
L’Acer Aspire 14 Ai proposera une batterie Lithium-Ion 65 Wh avec un chargeur externe USB Type-C en 65W. Son autonomie annoncée peut aller jusqu’à 22 heures, ce qui sera, hors d’un laboratoire, plus proche des 12-14 heures en usage réel. On a donc un engin passe partout classique et efficace avec un bon niveau de capacités techniques, de bonnes compétences de calcul et un prix tout à fait correct. Matériellement, à 799€ à la Fnac, c’est un portable tout à fait classique que la marque pousse en avant comme une solution compétente sur de nombreux postes. Logiciellement, c’est un engin sous Windows 11 très classique.

Le problème n’est donc pas matériel ni logiciel mais bien plutôt dans l’enrobage de l’ensemble. Poussés par la folie qui entoure ce que tout le monde appelle « intelligence artificielle » en ce moment, Acer présente son engin comme le champion de cet usage. Présenté comme un PC Copilot+, avec une compétence de calcul dédiée de 47 TOPS, cette machine serait un véritable assistant virtuel.
Acer explique que son 14 pouces permettrait de gagner du temps et de renforcer sa productivité en confiant des tâches à l’IA de Microsoft. Copilot+ suffirait à pallier vos pannes d’inspiration, vous aiderait à reformuler vos textes, à organiser votre travail. Avec une promesse idéalisée, celle de ne plus avoir à faire d’efforts. Outre le fait qu’il faut n’avoir jamais essayé Copilot pour y croire, cette idée d’un portable autonome avec IA embarquée est basée sur une annonce précédente de Microsoft, celle d’un LLM plus simple, au nom de code « Phi Silica » qui pourrait tourner vite et bien sûr une « petite » machine avec 16 Go de mémoire et 47 TOPS de NPU au total.
Le souci de Phi Silica, c’est que tout entrainée qu’elle soit à faire certaines tâches, cette IA est ridiculement petite. Avec 3.3 milliards de paramètres quand les solutions en ligne en agrègent régulièrement jusqu’à 200 milliards, elle ne fera pas face aux usages déjà adoptés par le grand public. L’IA sera donc ici surtout reléguée à des usages secondaires comme du sous-titrage ou de l’amélioration de visioconférence. Microsoft promet que Copilot pourra faire un résumé de texte, même s’il ne le fera sans doute pas aussi bien en local qu’une application d’IA ne pourrait le faire en ligne. Et c’est tout le problème de l’éditeur aujourd’hui. Apporter des services locaux intégrés à Windows est un objectif compréhensible sur ce segment, mais penser qu’une machine mobile pourrait concurrencer des Data Center de plusieurs centaines de millions d’euros parait un peu illusoire. Et comme le public s’est habitué au niveau de qualité de réponse de ces Data Center, il y a peu à parier que celui-ci encaisse une dégradation aussi forte du service.

Micheline va à la bibliothèque pour demander ce qu’il y a dans les livres à Copilot
D’un point de vue plus secondaire, encore qu’il soit peut-être plus important, mais moins dans mon spectre d’analyse, ces annonces me font assez froid dans le dos. Microsoft pousse tous les potards à fond pour vanter son IA et ne pas rater une nouvelle révolution technologique. Et cela passe par ce genre de discours pro Intelligence Artificielle à 1000%. Annoncer qu’avec son IA Copilot on pourra profiter d’un travail réalisé sans effort annonce également un travail qui n’aura bientôt plus aucune « valeur ». Si une machine peut trouver une idée à votre place, rédiger un texte autour de cette idée et l’adapter à son public. Si elle peut résumer un texte, le paraphraser et l’expédier par email avec un minimum d’intervention de votre part, où est l’intérêt de vous faire travailler ?
Cette mise en avant d’une IA qui viendrait au secours de l’utilisateur pour lui mâcher le travail jusqu’à le rendre facile c’est la négation même de ce travail. C’est la dévalorisation des compétences de chacun, l’annulation des diplômes et même de l’enseignement. Un détail d’autant plus douloureux que cette machine cible d’ores et déjà « les étudiants, les designers et les créateurs de contenus. »
La promesse forte de ces engins sous Copilot c’est d’avoir un assistant productif toujours avec soi. Mais le corollaire de cette assistance, c’est bien la dévaluation rapide de la valeur de vos propres compétences. Si c’est une IA qui mâche votre boulot alors celui-ci pourrait logiquement être confié à n’importe qui avec assez de jugeote pour faire une série de copiés collés. Je ne suis pas foncièrement anti-IA, l’outil peut avoir beaucoup d’intérêt pour certaines tâches et certains défis techniques, scientifiques et médicaux. Mais comme tous les outils de mon quotidien, je préférerais pouvoir le choisir. Et pas le retrouver implanté de force dans mon prochain PC. Or c’est précisément la volonté de Microsoft aujourd’hui. L’éditeur conjugue son futur avec Copilot et tord le bras des constructeurs pour qu’ils en fassent la promo jusqu’à graver une touche avec son logo. Et moi j’ai de plus en plus la sale impression de me retrouver comme une grosse dinde que les géants de la tech veulent gaver de cette bouillie de mots creux autour de cette fameuse intelligence. Et cela absolument contre mon gré.
Avec Copilot, Microsoft s’offre une touche de publicité
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